L’investissement direct étranger dans le développement inégal des pays en transition
p. 127-152
Texte intégral
1L’investissement direct étranger est analysé ici comme un des vecteurs d’intégration des pays en transition dans la mondialisation. Sous cet angle, les pays en développement sont aussi, d’une certaine manière, en transition vers leur intégration à la mondialisation. Mais cette intégration est inégale, basée sur leur degré de développement économique, rappelant que l’on est en présence d’une mondialisation du capital qui discrimine les différents pays du monde selon un processus de développement inégal. Aujourd’hui, les pays en transition se trouvent dans une situation similaire à celle des pays en développement en ce que l’investissement direct étranger à la fois intègre les plus développés dans la mondialisation et marginalise les moins avancés par rapport à celle-ci. L’explication proposée est que ce processus est amplifié par les stratégies globales des firmes multinationales qui s’appuient désormais sur l’évaluation qu’elles font des pays d’accueil de leurs investissements. Selon le mode d’entrée qu’elles choisissent dans les pays en transition, leur présence a plus ou moins d’incidence sur la restructuration économique, sur le transfert de technologie et sur le commerce extérieur de ces pays. Un dernier indice de l’intégration (inégale) des pays en transition dans la mondialisation par le biais de l’investissement étranger consiste en ce que ces pays commencent, à leur tour, à investir à l’étranger, comme l’ont fait avant eux les nouveaux pays industriels du tiers-monde.
Mondialisation et développement inégal : le rôle de l’investissement direct étranger
2L’entrée du capitalisme dans une phase de mondialisation du capital, depuis une vingtaine d’années, n’a pas réduit les écarts de développement économique entre pays, contrairement à ce qu’annonçaient les propagandistes de la globalisation et de la mondialisation. Cette dernière étend le développement inégal inhérent à l’économie de marché capitaliste et l’approfondit en submergeant une à une les régulations économiques nationales. Mesuré a minima par les PNB par tête, l’écart de niveau de développement entre le pays le plus pauvre du monde – l’Ethiopie – et les Etats-Unis est de 1 à 293 en 1998 (fin du tableau 1a1). L’un des vecteurs de la mondialisation est l’accélération sans précédent de l’expansion des firmes multinationales (FMN) sur la base de l’investissement direct étranger (IDE) réalisé, de plus en plus, dans le cadre de stratégies globales menées par ces firmes (Andreff 1996b). On doit donc s’attendre à l’existence d’une relation précise entre le niveau de développement économique des pays et leur pénétration par l’IDE entrant. Une première évidence allant dans ce sens est que les trois quarts du stock d’IDE mondial sont accueillis dans les pays développés de la Triade (Europe, Amérique du Nord, Japon). Cependant, le développement inégal dont la mondialisation est porteuse ne s’arrête pas aux frontières du tiers-monde, tout au contraire. Les IDE des FMN sont nettement plus attirés par les pays en développement aux niveaux de PNB par tête les plus élevés – nouveaux pays industriels, paradis fiscaux – que par les pays les moins avancés et les pays en développement à revenu intermédiaire, ces derniers se retrouvant plutôt en marge de la mondialisation par la voie de l’IDE.
3On peut vérifier ce rôle de l’IDE dans le développement inégal mondialisé de manière simple, à partir du tableau 1a. La régression linéaire du stock d’IDE entrant par tête sur le PNB par tête des 136 pays en développement et en transition donne un coefficient de corrélation ajusté de 0,40. Il est habituel, dans la plupart des études, que la corrélation directe entre IDE et niveau de développement ne montre pas des coefficients de corrélation très élevés, car la relation entre les deux variables est perturbée par l’effet de taille des pays, ainsi que par le fait que certains pays en développement sont des paradis fiscaux ou des zones franches et que la dotation en ressources naturelles attire les FMN même dans des pays moins avancés. Il est donc courant d’estimer plutôt une corrélation de rang entre l’IDE par tête et le PNB par tête (Andreff M. & Andreff W. 1997), c’est-à-dire de calculer un coefficient de corrélation de rang de Spearman donné par :
4où di est la différence des rangs de classement d’un pays selon les deux variables, et n la taille de l’échantillon. On conclut à une concordance entre les deux variables quand le coefficient de Spearman est proche de 1, à une discordance lorsqu’il est proche de –1 et à l’absence de relation entre les variables quand il est égal à zéro. Calculé sur les 136 pays en développement et en transition (tableau 1a), sa valeur est de 0,74, soit une bonne concordance entre l’IDE et le niveau de développement économique, malgré les perturbations introduites par les paradis fiscaux, les zones franches, etc. Les mêmes calculs sur l’échantillon des 24 pays en transition figurant dans le tableau 1b donnent les résultats suivants :
un meilleur coefficient de corrélation ajusté (0,51) pour la régression de l’IDE par tête sur le PNB par tête ;
une corrélation de rang un peu moins bonne (0,65) entre les deux variables.
5On peut en conclure que l’intégration des pays en transition dans la mondialisation par le biais de l’IDE est en relation avec (le maintien de) leur développement inégal.
6Cependant corrélation n’est pas raison, et deux causalités peuvent sous-tendre la relation établie ci-dessus. Selon une interprétation économique libérale de la relation entre IDE et développement économique, ce dernier est dû à l’accueil des investisseurs étrangers, au moins en partie. Soulignons bien ce que cette interprétation signifie : l’abstention des investisseurs étrangers est la cause du sous-développement des pays moins avancés, ce dont les libéraux ne sont pas toujours conscients. La mondialisation n’est pas bonne pour tout le monde, ce qui met directement en cause les stratégies des FMN. Une interprétation alternative soutient, au contraire, que seuls les pays ayant déjà atteint un certain niveau de développement économique sont susceptibles d’attirer un montant non négligeable d’IDE cependant que les FMN désertent (et ainsi « désertifient » économiquement) les pays les plus pauvres. Cette interprétation est retenue ici dans la mesure où elle est tout à fait cohérente avec les stratégies globales des FMN (Andreff 1996b), contemporaines de la mondialisation, et avec leurs méthodes d’évaluation des pays d’accueil avant de décider éventuellement d’y investir.
L’intégration des pays en transition dans la mondialisation par l’investissement direct étranger
7Considérons d’abord que l’IDE est aujourd’hui offert sur le marché mondial par les firmes multinationales (FMN). La demande d’IDE provient des pays d’accueil. Jusque dans les années 1970, dans une période qualifiée d’internationalisation du capital, le marché mondial de l’IDE était en excès d’offre, car les FMN cherchaient à pénétrer les pays en développement nouvellement indépendants et, plus encore, les nouveaux pays industriels du tiers-monde. D’autre part, l’économie mondiale était en excès de liquidité sous le double effet des politiques économiques d’inspiration keynésienne et des chocs pétroliers ; le financement de l’IDE était aisé. Nombre de pays en développement affichaient des politiques restrictives face à l’entrée de l’IDE, au nom de l’indépendance nouvellement conquise ou pour d’autres motifs. En utilisant les termes de l’économie du déséquilibre, on peut dire que les pays d’accueil en développement étaient du côté court2 du marché mondial de l’IDE ; dans les termes de l’économie politique, leurs Etats-nations étaient de ce fait même capables d’imposer un certain pouvoir de négociation aux investisseurs étrangers.
8Dans les années 1980, et davantage encore dans la dernière décennie, avec la tendance à la mondialisation du capital, le déséquilibre du marché mondial de l’IDE est devenu un excès de la demande. En proie à l’endettement extérieur et au sous-emploi, la très grande majorité des pays en développement ainsi que la plupart des pays développés ont commencé à se faire une sévère concurrence pour attirer l’IDE, espérant en obtenir des emplois et du capital sans endettement. Ils ont donc adopté des politiques d’attractivité de plus en plus accueillantes envers les FMN, dans le contexte de politiques économiques de plus en plus libérales. D’autre part, dans une économie mondiale ayant une moindre liquidité, du fait des politiques monétaires et budgétaires restrictives, les FMN ont réagi aux diverses restrictions imposées à l’IDE par les Etats des pays d’accueil dans les années 1970, telles que les TRIMs (trade-related investment measures), l’exigence de contenu local, l’interdiction d’investir dans certains secteurs, la participation nécessaire du capital local dans des joint-ventures avec les FMN et, surtout, les nationalisations de filiales étrangères dans de nombreux pays en développement. La réaction des FMN a consisté à réduire leur offre d’IDE envers les pays d’accueil qui leur étaient les plus hostiles (dans le tiers-monde) et à la concentrer dans les pays les plus accueillants, à savoir les pays développés et les nouveaux pays industriels. En termes d’économie du déséquilibre, les FMN se sont placées du côté court du marché de l’IDE et, en termes d’économie politique, elles se sont mises en situation d’attiser la concurrence entre les pays d’accueil et de leur imposer leurs arbitrages. Une telle stratégie des FMN a renforcé la répartition inégale du capital, via l’IDE, et en conséquence le développement inégal au détriment des pays en développement, en particulier des moins avancés d’entre eux.
9C’est dans un tel contexte que les pays en transition ont fait leur entrée sur le marché mondial de l’IDE, avec un niveau de développement qui – à l’exception de la Slovénie, qui est au niveau de la Grèce et du Portugal – les situe (tableaux 1a et 1b) entre les nouveaux pays industriels (République tchèque, Hongrie) et, à l’autre extrême, les pays moins avancés (le Kirghizstan et le Tadjikistan ont un PNB par tête de 350 dollars). De plus, leur entrée a aggravé le déséquilibre en augmentant la demande d’IDE sur le marché mondial, de sorte qu’ils ont immédiatement été contraints à se concurrencer entre eux, et à concurrencer les pays d’accueil du tiers-monde, pour attirer les IDE. Etant donné l’industrialisation distordue, le sous-développement des services commerciaux et la faible productivité de l’agriculture que les pays en transition ont hérités de la planification centralisée, on ne peut que s’étonner des anticipations initiales – au début des années 1990 – très optimistes formulées quant à leur capacité d’attirer d’importants volumes d’IDE, susceptibles de les aider dans leur processus de transition.
10Un tel optimisme était beaucoup plus fondé sur une volonté politique et des vœux pieux que sur une analyse approfondie des stratégies des FMN et de la forte concurrence à laquelle elles soumettent aujourd’hui les pays d’accueil de l’IDE. En outre, il ne faisait aucun cas du fait que l’IDE est un amplificateur du développement inégal en se concentrant dans les zones plus développées (l’Europe centrale) et en désertant les moins avancées (les Balkans et l’ex-URSS)3. Cette dernière évidence se vérifie statistiquement (tableau 2). En 1998, l’Europe centrale (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie) concentre 58 % des 99 milliards de dollars de stock d’IDE entrant dans les pays en transition et les dix PECO 69 %, alors que l’ensemble de la CEI – Russie comprise – n’en attire que 29 % et les Balkans 2 %. Cela est confirmé par le fait que, à part la Slovaquie, les cinq pays d’Europe centrale, ainsi que l’Estonie, présentent les plus forts stocks d’IDE par tête (tableau 3) de toute la zone. Pour le ratio IDE / PIB, ils sont dépassés par des pays (Azerbaïdjan, Kazakhstan) dont les dotations en ressources naturelles et énergétiques attirent beaucoup les FMN.
Les stratégies des firmes multinationales à l’égard des pays en transition
11On peut styliser quatre types de stratégies des FMN (Andreff 1996b) en cette phase de mondialisation : 1) une stratégie d’approvisionnement ; 2) une stratégie de recherche des marchés ou orientée vers la demande ; 3) une stratégie de délocalisation de la production pour tirer parti de coûts de production plus faibles à l’étranger ; 4) une stratégie globale, mixant les trois stratégies précédentes et arbitrant entre les trois selon les circonstances et les localisations, afin d’atteindre la localisation la plus flexible possible à l’échelle mondiale, celle qui permet la mise en réseau mondial des activités (global networking), la délocalisation relocalisation permutation des activités entre divers points du monde (global switching) et la veille permanente pour découvrir des localisations intéressantes (global focusing).
12Face à des FMN menant une stratégie d’approvisionnement, l’avantage comparatif des pays d’accueil repose essentiellement sur une capacité d’offre des intrants recherchés à faible coût. Parmi les pays en transition, un bon exemple est celui de la Russie dont la dotation en ressources énergétiques est à l’origine de 13 % du stock d’IDE entrant dans ce pays (tableau 4), alors que le secteur primaire n’attire guère plus de 2 % de l’IDE dans la plupart des PECO. Les FMN dont la stratégie est orientée vers la demande recherchent des localisations dans les pays dont le marché a une grande taille ou dont la population a un niveau de consommation assez élevé. Plusieurs études (Andreff M. & Andreff W. 1997 ; Maroudas & Rizopoulos 1995 ; Meyer 1998) ont confirmé que la demande potentielle sur le marché a été le facteur déterminant de l’IDE dans les pays en transition, soit que les FMN y aient perçu de nouveaux débouchés à conquérir, soit qu’elles aient voulu, dans le contexte d’une concurrence oligopolistique mondiale, y assurer une présence en réponse aux stratégies d’entrée des concurrents. Lorsque la « richesse » relative du marché d’un pays d’accueil est estimée par le PNB ou le PIB par tête, on retrouve la réalité selon laquelle les FMN sont attirées par les marchés les plus développés. Tel est assurément le cas dans les pays en transition, où l’IDE se concentre dans les industries alimentaires, l’automobile, la distribution de l’eau et de l’électricité, le commerce, les hôtels et restaurants et l’immobilier, soit 40 % de l’IDE ou plus en Hongrie, en Pologne, en République tchèque et en Slovénie.
13Lorsque la stratégie des FMN est de délocaliser la production, elles sélectionnent des pays d’accueil à faibles coûts de production, en particulier à faibles coûts unitaires du travail. A cet égard, les pays en transition, même les PECO, ont offert de faibles coûts unitaires du travail dans les premières années de la transition en raison de l’effondrement bien plus fort des salaires réels que de la productivité du travail. Un tel avantage comparatif a pu attirer l’IDE, et plus encore la sous-traitance internationale, vers les PECO au début des années 1990. Il l’attire encore aujourd’hui dans les pays de la CEI et des Balkans, mais depuis la reprise économique dans la plupart des PECO (hormis la Roumanie), les hausses de salaires sont devenues souvent plus rapides que la croissance de la productivité du travail, si bien que l’avantage du coût unitaire du travail se rétrécit et à la longue pourrait bien disparaître. Le calcul d’une corrélation de rang entre le stock d’IDE entrant et un indice du coût unitaire du travail, pour les PECO, donne un résultat non significatif (Andreff 1999). Quelques études ont cependant trouvé une relation plus révélatrice entre ces deux variables (Lansbury, Pain & Smidkova 1996). Les branches les plus concernées par la délocalisation de la production dans les pays en transition sont le textile, le cuir, l’habillement, la construction mécanique (machines, équipements) et l’équipement électrique.
14Quant aux stratégies globales, elles se traduisent par le fait que les FMN cherchent à articuler les trois avantages comparatifs précédents (approvisionnement, demande, coût du travail) en jouant simultanément sur plusieurs localisations et en intégrant leur implantation locale dans un pays en transition dans leur réseau mondial de filiales. Les FMN de l’industrie automobile opérant dans ces pays sont caractéristiques de cette stratégie, mais on l’observe aussi dans la mécanique, l’électronique, les instruments de précision et les services. Avec cette stratégie globale, une FMN peut menacer de quitter un pays d’accueil si l’avantage comparatif qu’il offre disparaît (Andreff 1996a). Les désinvestissements déjà réalisés par des FMN dans quelques pays en transition fournissent une preuve de l’existence des stratégies globales menées dans cette zone, même si la décision de désinvestir a parfois été précipitée par des difficultés de gestion et de gouvernement d’entreprise dans la filiale locale ou dans les rapports avec l’Etat du pays d’accueil.
15Outre les avantages comparés des pays d’accueil, les FMN évaluent aussi leur attractivité, c’est-à-dire le climat d’investissement, le risque pays et le traitement loyal des investisseurs étrangers qui résultent en fin de compte de la politique économique d’ensemble de chaque pays. L’évaluation du climat d’investissement repose sur l’observation des principales variables macroéconomiques du pays : son taux d’inflation, son taux de croissance, son taux d’intérêt, son taux de chômage, son compte courant, les variations de son investissement intérieur. Plusieurs de ces variables sont supposées s’améliorer quand le pays suit une politique économique recommandée ou conditionnée par le FMI ; c’est pourquoi l’attitude du pays envers les programmes de cette organisation est aussi prise en compte dans l’évaluation. On a testé une bonne corrélation entre le stock d’IDE par tête entrant dans les pays en transition et un indice agrégé du climat d’investissement rassemblant les variables précédentes (Andreff 1999). La corrélation est encore meilleure quand on retarde d’une année la variable « stock d’IDE » par rapport à l’année de l’indice du climat d’investissement, ce qui signifie que l’IDE réagit à ce dernier avec un délai d’un an environ.
16Le risque pays s’est amélioré pendant les années 1990 pour presque tous les pays en transition bien qu’il reste élevé pour les pays de la CEI et des Balkans, dont la plupart ne figurent pas parmi les 100 meilleurs risques pays du monde, leur risque étant évalué comme proche de, ou semblable à celui des pays en développement. La Slovénie, la République tchèque, la Hongrie et, un peu en retrait, la Pologne se classent parmi les 40 meilleurs risques pays et jusqu’à présent sont (avec l’Estonie) les pays en transition qui attirent le plus important stock d’IDE par tête. Les autres PECO se situent entre le 50e et le 80e rang pour le risque pays, au niveau des nouveaux pays industriels, derrière les pays développés, mais devant les pays en développement. Le traitement de l’IDE, en particulier les dispositifs juridiques et fiscaux, a été libéralisé tout au long des années 1990 dans les pays en transition et s’est de plus en plus adapté aux exigences des investisseurs étrangers. Les incitations et les exemptions fiscales, l’amortissement accéléré du capital investi, le libre rapatriement des profits, la garantie des droits de propriété privée ainsi qu’un traitement juridique loyal de l’investisseur étranger – c’est-à-dire aussi avantageux que celui dont bénéficient les firmes locales – ont été introduits dans la plupart des pays de la zone.
17Au sein des mesures traduisant un bon traitement de l’IDE, une place de choix revient à l’ouverture des programmes de privatisation aux investisseurs étrangers. Au début des années 1990, seules la Hongrie puis l’Estonie ont largement ouvert le capital des entreprises privatisées aux intérêts étrangers. Même la République tchèque et la Pologne, pourtant considérées parmi les plus avancées dans la transition, ont pris du retard dans ce domaine en raison des techniques de privatisation non standards (privatisation de masse, vente de l’entreprise aux salariés) qu’elles ont utilisées, celles-ci ne laissant pas de place aux intérêts étrangers. La Hongrie et l’Estonie, en procédant à une privatisation liée à une véritable vente des actifs, ont permis une rapide pénétration des investisseurs étrangers dans le capital des firmes privatisées et ont donc à la fois les plus forts stocks d’IDE par tête et les plus forts ratios entre le stock d’IDE entrant et le PIB (tableau 3). Par exemple en Hongrie, en 1997, le nombre total d’entreprises ayant une participation étrangère à leur capital était de 34’000, dont 150 parmi les 200 plus grandes firmes du pays. L’attractivité plus faible des pays de la CEI et des Balkans se traduit, en moyenne, par un classement inférieur à celui des PECO pour le stock d’IDE par tête et pour le ratio entre le stock d’IDE et le PIB (tableau 3), à l’exception des deux importants producteurs d’hydrocarbures que sont l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan.
18On conclut donc que les variables d’attractivité expliquent bien la concentration de l’IDE, d’abord dans les cinq pays d’Europe centrale, puis dans les autres PECO et, au dernier rang, dans les pays de la CEI et des Balkans, c’est-à-dire selon la ligne de pente du développement inégal, mais aussi selon les variables qui importent aux FMN dans leur sélection stratégique des pays d’accueil. On notera enfin que les firmes allemandes sont les plus présentes en Hongrie, en Pologne, en République tchèque, en Slovaquie et au Bélarus, et encore très présentes en Bosnie-Herzégovine, en Bulgarie, en Roumanie, en Russie et en Slovénie. La présence des firmes américaines est surtout marquée en Croatie, en Russie, en Ukraine, en Lituanie et en Hongrie. Les firmes hollandaises ont une part importante de l’IDE en République tchèque, au Bélarus, en Pologne, en Roumanie et en Hongrie, les firmes anglaises en Slovaquie, en Hongrie et en Lettonie, les firmes françaises en Pologne, en Slovénie, en Roumanie et en Slovaquie, les firmes suisses en Croatie, en Ukraine et en Moldova, les firmes finlandaises et suédoises en Estonie et en Lituanie, et les firmes danoises en Lettonie.
Mode d’entrée et impact des multinationales sur les pays en transition
19Trois modes d’entrée principaux des FMN dans les pays étrangers sont habituellement distingués : 1) l’investissement dans une implantation nouvelle (greenfield investment) ; 2) la fusion ou l’acquisition d’une firme étrangère existante ; 3) lesdites « nouvelles formes d’investissement », dans le langage de l’OCDE, qui incluent les joint-ventures, les filiales minoritaires, l’assistance technique, la cession de licences, la sous-traitance internationale, le franchisage, la coopération industrielle et les usines clés en main. Les FMN préfèrent former des joint-ventures plutôt que d’acquérir des firmes locales quand les coûts irrécupérables sont importants, quand elles peuvent accéder ainsi au savoir-faire ou à des actifs tangibles détenus par les firmes locales et quand leur avantage technologique ou organisationnel est décisif. Dans les pays en transition, les acquisitions de firmes locales sont pour l’essentiel liées au processus de privatisation et sont réalisées par des FMN qui ont une forte capacité à restructurer les anciennes unités de production héritées de l’économie planifiée. L’IDE lié aux privatisations a culminé en 1995, lorsque sa part a atteint 60 % de l’IDE total dans la zone (73 % en Hongrie). Cette part a ensuite diminué et la tendance majeure est devenue, du moins dans les PECO, la croissance du greenfield investment, contrastant avec la tendance mondiale au développement de l’IDE par voie de fusions et d’acquisitions transnationales (Meyer 1998 ; UNCTAD 2000). En particulier, les FMN disposant d’actifs spécifiques et de compétences uniques sont davantage tournées vers le greenfield investment ; la montée de ce dernier dans les PECO indique donc probablement un apport de compétences et d’actifs visant à adapter ces économies en transition aux exigences de la mondialisation.
20Même s’il ne s’agit pas d’un mode d’entrée à proprement parler, il faut dire un mot de l’IDE brownfield. Cette appellation désigne l’acquisition d’une firme locale par une FMN, ou la formation d’un joint-venture entre les deux, en vue de fermer une ancienne usine, d’établir à sa place des installations complètement neuves et d’utiliser l’ancienne unité de production comme un réservoir de main-d’œuvre qualifiée. Ce type de projet s’explique à la fois par la faible attraction des actifs physiques obsolètes de nombreuses usines léguées par le régime communiste et par la qualité de la main-d’œuvre des pays en transition, mais on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le caractère quelque peu prédateur de cette forme de pénétration des investisseurs étrangers.
21Quant aux joint-ventures et à la sous-traitance internationale, ils sont principalement considérés par les FMN comme un dispositif temporaire et 136 sont privilégiés dans les pays d’accueil paraissant plus risqués. Modes d’entrée transitoires, ils peuvent être abandonnés après quelque temps pour quitter le pays si les risques augmentent, ou ils peuvent être remplacés par une filiale majoritaire si le climat d’investissement s’améliore. Ces deux formes sont plus répandues, pour l’heure, dans les pays de la CEI que dans les PECO, et dans les moins avancés de ces derniers que dans les pays d’Europe centrale. Les joint-ventures se concentrent surtout dans l’industrie automobile, la construction, la production et la distribution d’énergie, dans les pays en transition. Les FMN ont recours à la sous-traitance principalement dans le textile, l’équipement électrique et la construction mécanique de ces pays ; les firmes allemandes et italiennes sont en pointe pour ce mode d’entrée qu’elles ont utilisé afin de profiter des exemptions douanières dont a bénéficié, dans l’Union européenne, le trafic de perfectionnement passif avec les pays en transition jusqu’en 1999, dans le cadre des accords d’association. Cet exemple démontre à l’envi que le mode d’entrée choisi par les FMN est fortement influencé par les arrangements institutionnels et la réglementation en vigueur.
22La législation sur les sociétés par actions et les lois de privatisation ont aussi une influence dans le cas de l’IDE par acquisition partielle d’une firme locale. Dans les pays en transition, elles débouchent souvent sur des structures dites faibles de gouvernement d’entreprise (corporate governance), dans lesquelles la FMN doit affronter un important pouvoir de décision resté aux mains soit des anciens managers, soit du personnel, soit de l’Etat, comme par exemple dans le cas de la raffinerie de sucre acquise par Feruzzi en Hongrie. En clair, les structures de contrôle de sa filiale étrangère comptent beaucoup pour une FMN. Selon une enquête réalisée pour la BERD sur un échantillon d’IDE dans les pays en transition (Lankes & Venables 1996), en 1996, en moyenne, les filiales majoritaires forment 38 % des cas observés, les joint-ventures 51 % et la sous-traitance et les cessions de licences 11 %. Dans les pays d’Europe centrale, les FMN avaient déjà entamé la substitution de l’IDE aux formes de pénétration transitoires, et la part des filiales majoritaires y atteignait 58 % des cas observés.
23On peut également tirer quelques enseignements de l’abondante littérature économique sur les privatisations et les restructurations dans les pays de l’Est (Andreff 2001, à paraître). Les entreprises privatisées au moyen de ventes d’actifs à des investisseurs étrangers sont celles dont les résultats se sont le plus améliorés en termes de productivité et de profitabilité, et qui ont procédé aux plus nombreux licenciements de la main-d’œuvre, lorsqu’on les compare aux entreprises restées dans le secteur d’Etat et aux entreprises privatisées qui sont passées sous le contrôle des insiders (managers, personnel) ou sous le contrôle d’outsiders (actionnaires ne travaillant pas dans l’entreprise) locaux. L’IDE par acquisition, lors des privatisations, est donc censé faciliter la restructuration stratégique des pays en transition, au niveau microéconomique ; en d’autres termes, il les met aux normes de la concurrence dans les conditions de la mondialisation.
24D’autre part, le secteur des services attire plus de 50 % de l’IDE entrant dans la plupart des PECO et une part appréciable de l’IDE dans les autres pays en transition (tableau 4). Il est vrai que les services marchands étaient particulièrement sous-développés dans l’ancienne économie planifiée, et que ce secteur offrait de nombreuses opportunités de greenfield investment. Ce dernier mode d’entrée a aussi permis la création de toutes pièces d’industries jusque-là peu développées en Europe de l’Est, telles que l’industrie automobile civile, l’industrie agroalimentaire de type occidental ou la restauration rapide. Si le changement du mode de vie et de consommation qui en est résulté a été très apprécié par les citoyens des pays en transition ayant les moyens financiers d’en profiter, ce changement s’est produit dans un accroissement des inégalités de revenus tel qu’il a provoqué, dans de nombreux pays de la zone, un ressentiment social et politique à l’encontre des investisseurs étrangers et des décideurs ayant favorisé leur entrée massive (Sinn & Weichenrieder 1997). En particulier, la privatisation par cession aux investisseurs étrangers a souvent été ressentie comme la vente des « joyaux de la couronne » et critiquée, bien qu’elle soit celle qui, pour l’heure, a donné les résultats les plus tangibles quant à la restructuration de l’appareil de production en partie obsolète des pays en transition.
25La critique s’est aussi tournée vers l’insuffisant transfert de technologie, de savoir-faire et de connaissances tacites par les FMN, du moins par rapport aux espoirs (sans doute un peu naïfs) caressés au début de la transition. Ce transfert n’a pas suffi, en effet, à moderniser en une décennie les technologies dépassées encore utilisées dans bien des entreprises est-européennes. Pourtant, on ne peut nier que des transferts de technologie ont eu lieu. Le problème est que dans bien des cas, les FMN ont été attirées par les possibilités d’écrémer (cherry picking) les meilleures entreprises locales en termes de niveau technologique (Radice 1993). Pour le reste, la stratégie technologique des FMN dans les pays en transition a été très variable, entre libérale et très restrictive. Dans le premier cas, la filiale étrangère ou le sous-traitant est autorisé par la société mère ou le donneur d’ordre à utiliser librement, sinon gratuitement, leur technologie ; dans le second cas, la FMN cherche à minimiser le transfert technologique vers le pays d’accueil par le biais de restrictions imposées à la filiale ou au sous-traitant. De plus, on trouve peu d’exemples précis, dans la littérature sur l’IDE dans les pays en transition, d’importantes retombées et d’effets d’entraînement majeurs engendrés par la présence des FMN (Radosevic 1998). La plupart des FMN sont de grande taille, comparées à celle des économies en transition qui les accueillent, et elles ont parfois abusé de leur pouvoir monopolistique de marché dans un tel contexte. Cela est particulièrement avéré lorsqu’elles offrent au personnel très qualifié et aux scientifiques des pays en transition des salaires qui paraissent satisfaisants par rapport au niveau des salaires locaux, mais qui sont une misère d’après les normes de rémunération occidentales ; de même lorsqu’elles utilisent les pays en transition comme base d’un dumping écologique (Dyker 1998).
26Les capacités de recherche (R&D) des FMN sont directement entrées en concurrence avec les laboratoires des pays en transition et ont précipité l’effondrement des institutions scientifiques et technologiques locales (Andreff 1998). Les FMN détiennent aujourd’hui une part majoritaire du marché de la recherche civile dans la plupart de ces pays. En outre, certaines FMN ont favorisé l’« exode des cerveaux » des ingénieurs, des scientifiques et du personnel très qualifié. Ici encore, on trouve matière à ressentiment et à une mise en question de la responsabilité sociale des investisseurs étrangers, mais le plus grave est sans doute, à long terme, le creusement de l’écart technologique entre les pays en transition et les pays développés qui pourrait résulter de ces stratégies des FMN. Des experts locaux réclament la mise en place d’une politique industrielle et technologique beaucoup plus soutenue pour aborder les étapes ultérieures de la transition (Farkas 1996).
27Le transfert de connaissances par les FMN vers les pays en transition renvoie à des flux d’information, de brevets, de marques commerciales, de savoir-faire, de qualifications, mais aussi à la transmission de structures organisationnelles et sociales ainsi que de connaissances tacites et de savoirs spécifiques quant à la manière d’utiliser les mécanismes de marché, de gérer l’entreprise, de la financer et de développer son marketing. Ce dont ont terriblement besoin les anciennes entreprises socialistes, du moins si elles doivent s’adapter aux contraintes de la mondialisation, c’est d’importer une autre pratique et une autre culture de gestion basées sur la transparence comptable, les techniques financières les plus modernes, le contrôle de qualité, le management de projet et ainsi de suite. Nul doute que les FMN sont expertes dans ces domaines : elles ont d’ailleurs beaucoup plus nettement transféré cette technologie « douce » de management dans les pays en transition que les technologies dures dérivées de la recherche scientifique et technique. Cependant, ce transfert de technologie « douce » n’a permis de créer ni de nouveaux actifs ni des savoirs technologiques spécifiques, si bien qu’il n’a modifié ni la dotation en ressources existantes ni les avantages comparatifs des pays en transition sur leurs marchés d’exportation (Dyker 1999).
28On en arrive ainsi aux relations entre l’IDE entrant et le commerce extérieur des pays en transition. Il y a tout d’abord une forte relation entre la sous-traitance internationale et le trafic de perfectionnement passif (Naujoks & Schmidt 1995). D’autre part, la croissance des exportations des pays en transition coïncide avec une forte présence de l’IDE dans certains secteurs manufacturiers (Lemoine & Freudenberg 1999). Ces observations soulèvent à nouveau la question de savoir si le commerce et l’IDE sont complémentaires ou substituables, notamment dans le contexte des pays en transition. Si l’IDE est entrepris dans une stratégie tournée vers le marché, orientée par la demande, on doit s’attendre à ce que les exportations et l’IDE soient des substituts. Ils doivent être complémentaires si, dans une stratégie de minimisation des coûts, les FMN délocalisent leur production ou sous-traitent et font du commerce de perfectionnement passif. De récents calculs économétriques (Alessandrini & Bosco 1998) ne sont pas parvenus à démontrer que globalement la complémentarité l’emporte sur la « substituabilité », ou vice versa, dans les pays en transition. La complémentarité prévaut dans des branches telles que l’industrie chimique et l’équipement électrique, d’après les tests économétriques. La « substituabilité » s’impose dans l’industrie agroalimentaire et laitière, dans la métallurgie et dans les industries du caoutchouc et des plastiques. On ne peut départager les deux effets dans le cas de la construction mécanique, du textile et de l’habillement. Ces résultats mettent en évidence la non-linéarité de la relation entre le commerce et l’IDE dont on retient souvent l’hypothèse hors du contexte des pays en transition (Markusen & Venables 1995).
29Il n’en reste pas moins que la plupart des FMN sont, en moyenne, plus orientées vers l’exportation que les firmes locales (Paas & Varblane 1999). Cependant, on ne trouve pas de corrélation significative entre la part de capital étranger investi dans chaque secteur et ses performances à l’exportation dans les pays en transition (Hoekman & Djankov 1997). Une telle évidence empirique semble confirmer que les FMN sont attirées par le marché intérieur des pays en transition, plutôt que par leur faible coût unitaire du travail en vue d’en faire une base d’exportation. Dans le pays le plus ouvert à l’IDE, la Hongrie, l’IDE orienté vers l’exportation ne représente qu’un cinquième de l’IDE entrant total, et ce malgré les zones franches industrielles qui ont été établies pour l’accueillir. D’autre part, aucune étude n’a pu observer une corrélation entre l’IDE et un excédent commercial, au niveau sectoriel, dans les pays en transition. Par conséquent, même si les FMN sont des exportateurs majeurs, elles ont aussi une forte propension à importer et ainsi à créer du déficit commercial pour les pays d’accueil. Une part importante des importations engendrées par les FMN dans les pays en transition consistent en pièces détachées et en composants qui circulent dans le commerce intrafirme de ces FMN. Les échanges intrafirme offrent des opportunités pour les FMN d’utiliser les prix de transfert internes. Pour l’heure, peu d’études se sont intéressées à ce problème dans les pays en transition. Les trois seules analyses existantes concernent la Hongrie et montrent que les firmes à participation étrangère augmentent leurs prix d’exportation plus lentement que leurs prix d’importation, ce qui tend à prouver que les FMN cherchent à rapatrier leurs profits réalisés en Hongrie par le biais des prix de transfert (Sass 1999).
L’investissement direct des pays en transition à l’étranger
30Avant le début de la transition, il avait été observé que les économies planifiées disposaient d’un stock d’IDE sortant, certes d’un montant modeste. A ce stock correspondaient donc des entreprises soviétiques, hongroises, polonaises, etc., ayant réalisé des investissements directs à l’étranger. Ces « multinationales rouges », comme on les a parfois nommées, ont fait l’objet d’études (Hamilton 1986 ; McMillan 1987) montrant qu’elles se comportaient comme de véritables FMN, rejoignant ainsi une conclusion également obtenue pour les multinationales du tiers-monde. Dans les deux cas, économies planifiées et nouveaux pays industriels, le stock d’IDE sortant était très inférieur au stock d’IDE entrant, mais l’existence de FMN telles que Slava, Tungsram, Balkancar, Skoda ou Bata n’était pas plus mythique que celle de Daewoo, Bunge y Borne, Petrobras, Hyundai, Vale do Rio Doce, Tatung ou Samsung. L’austérité financière des premières années de la transition a asséché les flux d’IDE sortant des pays en transition, sans les faire totalement disparaître. Ainsi, au plus bas, ils étaient encore de 100 millions de dollars en 1992 (tableau 5).
31Depuis lors, les flux d’IDE sortant de la zone ont augmenté, avec une nette accélération depuis 1995. Ils proviennent principalement de Russie et des pays les plus avancés dans les réformes et dans le niveau de développement économique, qui, de ce fait, disposent en 1998 des plus importants stocks d’IDE sortant. On est en présence d’une évolution similaire à celle observée dans le tiers-monde, où ce sont les nouveaux pays industriels dont certaines firmes ont commencé à investir à l’étranger, il y a plus de vingt ans. On a peu d’information sur les FMN des pays en transition. Des firmes russes telles que Gazprom, Lukoil, Sidanco ou Yukos possèdent des réseaux de gazoducs, d’oléoducs et d’usines à l’étranger, et en premier lieu dans les autres pays de la CEI. Les flux d’IDE hongrois sont en général attribués à de grandes firmes telles que MOL, Richter Gedeon, Pharmavit ou Zalakeramia (Csaki 1998). Il s’ouvre là un nouveau champ d’investigation pour les économistes. Les premières hypothèses expliquant l’IDE sortant des pays en transition (UNCTAD 1998) sont que, opérant sur des marchés intérieurs de petite taille, leur IDE s’est orienté vers la conquête de nouveaux marchés et que le retour à une compétitivité de certaines firmes est-européennes, souvent à l’issue de restructurations, les rend désormais capables d’investir à l’étranger. Dans le cas de la Russie, l’IDE résulte aussi de la volonté des investisseurs russes de diversifier leurs actifs afin de se protéger contre les risques et l’instabilité de leur marché d’origine.
32Quels que soient les résultats des recherches futures sur l’IDE sortant des pays en transition, son développement même est un indice sérieux de l’intégration de ces pays à la mondialisation, tout comme l’apparition des FMN originaires des nouveaux pays industriels avait été un signe de leur intégration croissante à l’économie mondiale en formation. N’oublions pas cependant que cette intégration obéit au développement inégal coextensif à la mondialisation et donc qu’une partie des pays en transition est exposée, comme la plupart des pays en développement, à une possible marginalisation par rapport à l’économie mondiale.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Les tableaux se trouvent à la fin de l’article.
2 Un marché est en déséquilibre s’il y a soit un excès d’offre, soit un excès de demande. Dans le premier cas, l’offre est plus grande (« longue ») que la demande (qui est « courte ») ; le côté « court » du marché 130 est la demande. En cas d’excès de demande, le côté « court » du marché est l’offre.
3 Nous distinguons dans ce qui suit trois groupes de pays en transition : les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) rassemblent la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ; les pays de la CEI sont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Moldova, l’Ouzbékistan, la Russie, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ukraine ; on compte dans les Balkans l’Albanie, la Croatie et la Macédoine (la Bosnie Herzégovine et la Yougoslavie n’attirent quasiment pas d’IDE pendant notre période d’observation).
Auteur
Professeur à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne (France) ; directeur honoraire du Research Centre on Transition Economics (ROSES, CNRS, France).
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