Partie II. La bonne foi et les compétences
p. 395-499
Texte intégral
La notion de compétence
1Ce que sont au droit privé les droits subjectifs des individus, les compétences des organes investis de puissance publique le sont au droit public. La compétence est avant tout un pouvoir juridique : « une compétence », dit Bourquin, « c’est le pouvoir d’accomplir certains actes »1. En droit international la compétence s’analyse comme un ensemble de pouvoirs juridiques reconnus à un Etat pour lui permettre d’accomplir dans un espace déterminé les fonctions étatique2 ou à un autre sujet de droit international pour remplir les fonctions et les buts spécifiques en vue desquels il existe ou a été créé. Mais la compétence, à la différence du droit subjectif, est aussi un devoir juridique. La compétence est une notion fonctionnelle, un pouvoir dont sont investis certains organes non pour l’exercer selon leur bon plaisir, mais pour réaliser certains buts extérieurs à lui, résidant dans l’intérêt général3. Cette corrélation entre pouvoir et devoir avait déjà été dégagée par M. Huber en l’affaire de Palmas (1928) dans les termes suivants : « La souveraineté territoriale implique le droit exclusif d’exercer les activités étatiques. Ce droit a pour corollaire un devoir : l’obligation de protéger à l’intérieur du territoire les droits des autres Etats… »4.
2La compétence est donc une fonction d’ordre social. Par cela elle suppose comme elle postule l’existence d’une communauté juridique dépositaire de buts et de valeurs communs. C’est vers le début du siècle que divers auteurs, hostiles à l’idée de souveraineté, de pouvoir absolu et incontrôlable, l’ont étendue du droit public interne aux rapports internationaux5. Un vent de réforme soufflait sur le droit international comme il avait soufflé sur le droit interne où la conception du pouvoir absolu et de l’irresponsabilité des pouvoirs publics était traitée comme des dogmes inadmissibles. L’Etat-personne n’était plus considéré comme la notion première de tout droit : il devenait un tissu de relations humaines considéré sous l’angle des fonctions d’intérêt public qu’il avait mission d’accomplir. « L’Etat n’y est plus considéré comme investi d’un pouvoir absolu » écrivait Politis, « mais comme chargé d’une mission sociale qu’il doit remplir d’après des règles de droit »6. Le paradigme changeait : la puissance7 cédait la place à la considération de la fonction. La théorie de la compétence faisait aussi de la puissance publique externe un pouvoir réglementé et soumis au droit. C’est la raison pour laquelle on a pu parler de souveraineté du droit. L’essentiel du droit international n’était donc plus un simple système d’organisation de libertés, mais un système de régulation de compétences dévolues à chaque Etat. La fonction primaire et originaire du droit international, disait Kelsen, c’est de déterminer les différents domaines de validité des ordres juridiques étatiques de façon à garantir une coordination dans un système juridique universel8.
3Les implications inhérentes au choix de la notion de compétence touchent à l’idée même que l’on se fait de l’ordre juridique. C’est prendre le parti que le droit international n’a pas pour unique rôle de limiter une liberté originaire et inaliénable des Etats, mais qu’au contraire, tout pouvoir étatique dérive d’une autorisation du droit international au regard, au moins, des nécessités de la communauté internationale9.
4Ce choix ne relève pas des méthodes empiriques. Il prend racine dans le souci d’accommoder la notion de souveraineté avec celle de l’existence d’un ordre juridique objectif. Les fonctions essentielles, consubstantielles à l’idée de droit, ne peuvent dépendre de la volonté des Etats mais doivent lui être supérieures. D’où la nécessité d’un droit supérieur ordonné à l’intérêt général. Il n’exclut pas que la production du droit positif (subordonné) relève de la volonté souveraine des Etats. Nécessité au sommet, liberté à la base, telle est la devise de cette conception. On a beau tourner et retourner le problème comme on veut, c’est l’unique moyen qui permette au droit international d’être un véritable ordre juridique. C’est en cela que tiennent, en un mot, les raisons de ce choix. Comme nous le verrons, l’interdiction de l’abus de droit assure au niveau de l’exercice des innombrables prérogatives étatiques concrètes un regard minimal des exigences d’intérêt commun que l’ordre juridique se doit de protéger s’il ne veut pas mettre en péril ses buts essentiels.
5La compétence est donc une notion finaliste : elle s’exerce certes pour des intérêts particuliers (nationaux), mais aussi au bénéfice et au regard de buts d’intérêt général. La bonne foi en subit la gravitation ; elle se rattache au volet communautaire. Elle vise à garantir que l’exercice d’un pouvoir juridique ne soit pas détourné des finalités en vue desquelles il a été concédé. Afin de protéger des intérêts communs et supérieurs dont la méconnaissance risque de troubler l’entente au sein de la société, la bonne foi peut interdire l’exercice d’un droit ou d’une liberté là où à un intérêt limité de ce faire correspond un dommage disproportionné pour un autre sujet ou pour la collectivité entière. C’est là le cœur de l’interdiction de l’abus de droit et de l’exercice raisonnable des compétences qui se présentent comme concrétisations du principe de bonne foi. D’une notion en premier lieu interindividuelle (confiance) la bonne foi devient ici une notion spécifiquement sociale (finalités d’intérêt commun).
SECTION I. L’ÉTABLISSEMENT ET LA PERTE DES COMPÉTENCES
L’attribution de compétence et la théorie du lien raisonnable
6Il est une question que nous ne pouvons qu’effleurer. Elle se situe à cheval entre le droit international public et le droit international privé (conflit des lois). L’attribution de compétences à une pluralité de sujets, en une pluralité de matières et en un monde de plus en plus interdépendant, mène à des chevauchements. Ils découlent de la pluralité de points de rattachement d’un événement. Ils reposent sur des intérêts concurrents de plusieurs sujets. Afin de tempérer la projection illimitée de la souveraineté10, on a postulé l’existence de quelques règles de droit limitatives. Elles cherchent à assurer une meilleure coordination entre les sujets investis de pouvoirs. Suivant Oxman il est nécessaire « to establish limits of jurisdiction that protect the independence and sovereign equality of States by balancing each State’s interest in exercising jurisdiction to advance its own policies with each State’s interest in avoiding interference with its policies resulting from the exercise of jurisdiction by foreign States »11. Cette nécessité est traduite par le principe selon lequel un titre de compétence est relatif en ce sens que son existence dépend d’une connexion suffisamment forte, raisonnable, d’un genuine link, d’un lien de bonne foi, entre l’événement de rattachement et la compétence. Il est fait appel à une pesée des intérêts en présence (balancing of interest) susceptible de justifier qu’un titre l’emporte sur l’autre alors que l’un et l’autre sont fondés sur la souveraineté formellement égale12. L’importance de cette doctrine du « lien raisonnable » s’accroît à mesure qu’il s’agit de faire valoir des compétences dans des matières fortement imprégnées d’intérêts de tiers. C’est le cas en matière de compétence extraterritoriale13. L’exercice d’une telle compétence a quelque chose d’inhéremment exorbitant dans un système fondé sur la compétence territoriale.
7La construction faisant appel au lien de rattachement raisonnable (ou bona fide) dans l’attribution de compétences n’est pas restée incontestée14. Aux fins de notre propos, il suffit de garder à l’esprit le rôle que peut avoir dans ce contexte la bonne foi en tant que standard juridique.
Chapitre I. La prescription acquisitive
1. Généralités
8Il est peu de domaines du droit international où la pensée reste autant prisonnière d’incertitudes terminologiques et d’imprécisions conceptuelles qu’en celui de la prescription. Les éléments du principe sont incertains. Son fondement juridique ne l’est pas moins. Le rôle des ordres juridiques internes prête à controverse. L’influence du droit privé et du droit romain, souvent mal connus, augmente la confusion. La pratique est difficile à classer, plus difficile encore à analyser. Au confluent de tant d’incertitudes, on vient à s’interroger sur l’existence de la prescription en droit international. Loin de pouvoir embrasser toutes ces questions, il doit s’agir ici, en principe, de dégager le lien qui unit la prescription à la bonne foi, tant objective (confiance) que subjective (ignorance du défaut juridique au niveau du titre). Mais pour expliquer ce rôle de la bonne foi il est inévitable de serrer de plus près la notion de prescription à raison même de sa complexité et des incertitudes qui l’entourent.
9Suivant le Dictionnaire de la terminologie du droit international la prescription acquisitive (usucapion) est utilisée en droit international « pour désigner l’acquisition de la souveraineté par voie d’exercice continu et pacifique de l’autorité étatique sur un territoire »15. En droit international, la prescription est généralement considérée sous l’aspect de droits territoriaux ou de droits sur des espaces maritimes16.
2. Aspects historiques
a) Les auteurs classiques du droit international
10La doctrine de la prescription a tenu une place considérable dans les écrits des classiques du droit international17. Gentili18, grotius19, Pufendorf20, Wolff21, Zouche22, Vattel23 ou encore Burlamaqui24 l’ont reconnue. La majorité des auteurs du siècle dernier se sont ralliés à cette façon de voir : Bluntschli, Audinet, Calvo, Despagnet, Fiore, Hall, Hyde, Hershey, De Louter, Pradier-Fodéré, Lawrence, Nys, Phillimore, Ralston, Westlake, Wheaton, etc.25 Une minorité s’est exprimée en sens inverse : Heffter, Klüber, Von Liszt, F. De Martens, F.G. De Martens, Mérignhac, Ullmann26. Le recours fréquent aux doctrines romanistes est source d’ambiguïtés. C’est que certains des auteurs cités semblent rejeter toute idée de prescription parce qu’ils rejettent l’analogie de droit privé avec l’usucapion, tributaire de conditions inconnues en droit international27. Ils admettent cependant qu’un titre territorial naît de la possession immémoriale28. Ainsi, Grotius rejetait l’application de l’usucapion romaine au droit international, mais acceptait la prescription immémoriale29. Vattel acceptait l’une et l’autre30. Un problème de définition et de terminologie recouvre l’aspect substantiel.
b) L’héritage du droit romain et l’analogie avec le droit interne
11La racine du problème tient à la dépendance de la prescription internationale de la notion de prescription du droit interne. Les règles du droit interne sont influencées par le droit romain31. Son importance en la matière ne saurait être surestimée. Or la notion de prescription du droit romain a été soumise à une longue genèse et n’est pas sans complexité32.
12a) Il y a d’abord le droit de l’époque rurale, de la Rome exclusivement italique, de l’époque des Douze Tables. Selon la disposition 6,3 des Douze Tables, la possession ininterrompue pendant deux ans d’un bien-fonds ou la possession ininterrompue pendant un an d’un bien meuble procure au possesseur un titre indépendant des titres obtenus par cession régulière33. Cette règle connaît deux exceptions : l’étranger n’en bénéficie pas34 ; un bien volé ne peut procurer un titre prescriptif35.
13b) L’époque du principat connaît surtout l’usucapio. Les conditions de l’acquisition du titre sont strictes. Elles sont au nombre de cinq36.
14– Il faut une possession de fait, avec corpus et animus37. Pour cela il est nécessaire d’exercer une puissance de fait sur la chose, accompagnée d’une volonté d’en disposer.
15– Il faut ensuite une res habilis. Les biens ouverts à usucapion ne sont que ceux susceptibles d’être détenues en propriété quiritienne. Ce type de propriété est réservé aux citoyens romains et ne porte que sur les biens meubles ainsi que sur des biens-fonds italiques38. La chose volée ne peut être acquise par usucapion39.
16– Il faut encore un iustus titulus (iusta causa usucapionis). Le titre ne doit certes pas être parfait, car l’usucapion serait alors sans objet. Il est nécessaire qu’il y ait une raison d’acquisition valable. C’est le cas pour une acquisition pro derelicto, pro herede, pro dote, pro legato, pro donato, pro soluto, etc. La bonne foi subjective a parfois mené à l’adoucissement de cette condition pour des cas de titre putatif, c’est-à-dire pour des cas où l’acquéreur a cru de bonne foi à l’existence d’un titre en réalité absent40.
17– Il faut aussi la bonne foi subjective du possesseur. Ce critère a été développé aux débuts de la République en connexion avec la juste cause et vise à empêcher de pourvoir l’usurpation du sceau de la légalité. La mauvaise foi procède de la connaissance des circonstances qui s’opposent à l’acquisition de la propriété, par exemple de l’absence de titre du vendeur. Il paraît que la bonne foi subjective avait surtout valeur procédurale. Elle renversait le fardeau de la preuve (par rapport à la règle générale mala fides non praesumitur). La bonne foi doit exister au moment de la tradition de l’objet (mala fides superveniens non nocet)41.
18– Il faut enfin l’écoulement du temps. Les délais des Douze Tables, respectivement de deux ans pour les biens-fonds et d’un an pour les biens meubles, ont été maintenus. La perte ou l’interruption de la possession interrompt aussi l’usucapion42.
19A partir de l’époque du principat des Sévères (fin du IIe siècle)43 une forme particulière de prescription est créée en faveur des étrangers pour les biens-fonds provinciaux. Celui qui possède un bien ex iusta causa et probablement aussi bona fide peut s’opposer à la vindication du propriétaire après l’écoulement d’un certain temps à l’aide de l’exception de la longi temporis praescriptio. Si le possesseur et le propriétaire ont domicile dans la même commune44 le délai est de dix ans (inter praesentes), dans le cas contraire de vingt ans (inter absentes)45. Dans le droit vulgarisé du IVe siècle, la distinction entre usucapion et prescription disparaît. Les conditions sont simplifiées : la praescriptio, comme on l’appelle désormais, suppose possession pendant trente à quarante ans. La bonne foi n’est plus une condition, ni le titulus. Justinien retourne vers la distinction, l’usucapion étant désormais limitée aux biens meubles, la prescription aux biens immeubles. La bonne foi et le juste titre sont à nouveau requis. A côté de ces notions traditionnelles une nouvelle catégorie de prescription est créée (longissimi temporis praescriptio). Elle suppose bonne foi subjective mais non une iusta causa possessionis et couvre aussi les choses volées46.
20d) Cet exposé révèle qu’il n’y a pas une notion unique de prescription dans le droit romain et par la suite dans le droit civil. Elle révèle aussi la technicité et complexité des solutions données au regard des différents objets soumis à son empire47.
21L’analogie avec le droit interne est par conséquent particulièrement difficile. On ne pourra pas transporter vers le droit international plus qu’une idée juridique fondamentale, dépouillée de tout accident, et qui se ramène en définitive à l’ordre et à la stabilité sociales.
3. Analyse du concept de prescription acquisitive en droit international
22Les auteurs qui admettent l’existence de la prescription acquisitive dans l’ordre juridique international l’estiment indispensable aux fins des intérêts d’ordre, de stabilité et de sécurité juridique48. Dépouillé des lourds habits qui le parent en droit interne, le principe se ramènerait en droit international à son idée de base : Interest rei publicae ut sit finis litium ; ne dominia rerum diutius in incerto essent. Tout ordre juridique se doit, disent-ils, de concilier le dangereux antagonisme entre fait et droit49. Le droit ne saurait éternellement et complètement ignorer le fait établi contre lui, car il ne remplirait plus la fonction de réglementation sociale pour laquelle il existe50. Il n’aurait plus de prise sur la réalité. D’un autre côté le droit ne saurait faire déférence systématique au fait établi, car il n’existerait plus comme ordre normatif51. Il deviendrait l’instrument servile de la puissance. Au Scylla d’un devoir être sans égard aux données empiriques correspond le Charybde d’un être sans égard au devoir. Il s’agit là du problème cardinal propre au phénomène juridique. C’est de la synthèse, toujours précaire, des préceptes ex facto oritur ius et ex iniuria ius non oritur que vit le droit52. Validité et effectivité sont deux moments différents et parfois antagonistes inhérents à la norme juridique ; ce sont deux longueurs d’onde propres à son spectre53. La prescription est un vecteur de synthèse entre la validité et l’effectivité. C’est par voie d’une norme, assortie de conditions juridiques, qu’elle valide le fait. Elle tient compte des équités que la possession prolongée d’un bien ne manque pas de créer chez celui qui le détient54.
23Les conditions spécifiques requises pour l’opération du principe en droit international reflètent et accusent davantage qu’en droit interne la finalité d’ordre et de stabilité. Cela s’avère en sens positif (présence de conditions) et en sens négatif (absence de conditions)55. La prescription en droit international est une notion peu technique qui recouvre beaucoup de situations. Leur point commun se trouve dans la consolidation de titres imparfaits dans le temps.
a) L’exercice continu, pacifique et public de prérogatives de souveraineté sur un territoire.
24En règle générale, il n’y a que les actes de souveraineté, c’est-à-dire l’exercice de la puissance publique, qui rentre en ligne de compte. Comme l’a dit M. Huber dans l’affaire de Palmas (1928), « practice as well as doctrine, recognizes (…) that the continuous and peaceful display of territorial sovereignty (…) is as good as a title »56. L’exercice de fonctions étatiques se manifeste dans divers actes tels que par exemple la législation, la conclusion de traités à propos d’un territoire, l’octroi de concessions57, l’administration locale, la perception de taxes, l’exercice de la justice y compris pénale, l’inscription des biens-fonds aux registres, la pratique des recensements, l’établissement de la douane, les visites officielles périodiques, etc.58 Les activités de puissance publique peuvent être onéreuses pour l’Etat qui les entreprend. Dans l’affaire Grisbadarna (1909) le Tribunal arbitral tint compte du fait que la Suède avait entrepris divers mesurages géographiques de la mer et doté l’espace litigieux d’installations de sécurité protégeant la navigation59. S’ils sont entrepris de bonne foi, de tels actes peuvent accélérer le processus de prescription et rendre l’intensité et le nombre des protestations requises pour s’y opposer plus élevés. La consolidation juridique d’un pouvoir de fait sur un territoire reste fortement marquée par des considérations d’espèce60.
25L’exercice d’autorité publique doit porter sur un territoire sur lequel il existe déjà des titres juridiques, quoique incomplets (inchoate)61. Dans la mesure où il s’agit d’une terra nullius l’acte unilatéral d’occupation suffît à conférer un titre valide, bien que cette occupation doive à son tour être effective62. Cette distinction n’empêche pas qu’un titre prescriptif puisse être avancé, afin de dispenser l’Etat en possession d’établir la validité de l’occupation. Dans la célèbre affaire de l’île de Palmas (1928), l’arbitre estimait que, « if the contestation is based on the fact that the other Party has actually displayed sovereignty, it cannot be sufficient to establish the title by which territorial sovereignty was validly acquired at a certain moment ; it must also be shown that the territorial sovereignty has continued to exist and did exist at the moment which for the decision of the dispute must be considered as critical »63. La conduite subséquente à l’établissement du titre d’occupation est donc essentielle. Elle peut couvrir les vices d’une occupation irrégulière comme elle peut effacer ses effets et faire perdre le titre. En tant qu’exercice continu et effectif du pouvoir, cette conduite est pertinente pour une éventuelle prescription64.
26L’exercice de la souveraineté doit être public, officiel et notifié. L’exercice clandestin de puissance ne peut valoir titre65. L’exercice de la souveraineté doit être ininterrompu66. L’exigence de continuité n’est pas rigoureuse. Elle comporte une double limitation, ratione loci et ratione temporis. D’abord elle dépend de la nature du territoire en question ; ensuite, elle ne saurait être parfaite et sans lacune dans le temps. L’arbitre Huber disait dans l’affaire de Palmas précitée : « Although continuous in principle, sovereignty cannot be exercised in fact at every moment on every point of a territory. The intermittence and discontinuity compatible with the maintenance of the right necessarily differ according as inhabited or uninhabited regions are involved, or regions enclosed within territories in which sovereignty is incontestably displayed… »67. L’espace et le temps étant inextricablement liés, la même relativité caractérise la continuité temporelle. Comme le rappelle Schwarzenberger, « display of jurisdiction must be reasonably continuous »68. Ce qui compte est le temps social plus que le temps physique ; il est nécessaire que le territoire en question demeure globalement soumis au pouvoir de l’Etat en tant que société politiquement organisée. Les critères pour en juger sont ceux du maintien de l’effectivité en général.
27L’Etat doit exercer ses compétences publiques avec un animus domini, c’est-à-dire à titre de souverain69. Tant que l’Etat administre en fait le territoire mais reconnaît le titre juridique d’autrui il ne peut pas prescrire. C’était le cas des protectorats, des mandats internationaux ou des territoires sous tutelle70. Aussi, le Royaume-Uni qui occupait Chypre en vertu du Traité du 4 juin 1878 ou l’Autriche qui occupait la Bosnie-Herzégovine en vertu du Traité de Berlin du 13 juillet 1878, ne pouvaient acquérir ces territoires par prescription en invoquant leur exercice de souveraineté71. Il en va de même pour les territoires sous bail72. La situation est analogue quand une organisation internationale est chargée d’administrer un territoire.
28Il ne peut y avoir exercice de souveraineté que si les actes en question sont le fait d’agents étatiques, c’est-à-dire peuvent lui être imputés73. La Réplique du Royaume-Uni dans l’affaire des pêcheries norvégiennes (1951) portait que les actes d’individus privés ne sauraient fonder un titre à la souveraineté74. Quelques années auparavant, le Danemark, par l’entremise de Ch. De Visscher, avait soutenu que son absence de protestation contre l’activité privée des chasseurs norvégiens au Groënland ne pouvait valoir forclusion, attendu que « rien, dans cette activité purement privée, ne pouvait être considéré par lui comme attentatoire à ses droits souverains »75. C’était affirmer la non-pertinence des actes privés pour l’établissement du titre. La Cour a implicitement accepté la thèse danoise : « Il est peut-être opportun d’indiquer qu’une prétention de souveraineté fondée, non pas sur quelque acte ou titre en particulier, tel qu’un traité de cession, mais simplement sur un exercice continu d’autorité, implique deux éléments dont l’existence, pour chacun, doit être démontrée : l’intention et la volonté d’agir en qualité de souverain, et quelque manifestation ou exercice effectif de cette autorité »76. Plus récemment, dans l’affaire de l’île Kasikili/Sedudu (Botswana/Namibie) (1999), la Namibie prétendit avoir exercé son autorité publique sur une île sise dans un fleuve à travers l’allégeance d’une tribu autochtone. La Cour internationale de Justice écarta ce moyen parce qu’il n’avait pas été prouvé que la tribu occupait l’île à titre de souverain, c’est-à-dire en exerçant des attributs de puissance publique au nom des autorités namibiennes. Au contraire, cette tribu utilisait l’île d’une manière intermittente au gré de leurs besoins agricoles77. Cette règle n’est toutefois pas rigide. Ainsi, dans l’affaire des pêcheries norvégiennes (1951), la Cour, raisonnant en termes de prescription et de titres historiques, a tenu compte des activités de pêche pratiquées de date reculée par les pêcheurs norvégiens dans certaines eaux proches des côtes de leur pays78. De telles activités peuvent créer un lien particulier de certains espaces avec un territoire et, sans être décisives en elles-mêmes, constituer un élément important dans la croissance de titres prescriptifs79.
b) L’absence d’opposition80
29L’exercice de puissance publique doit être mesuré à l’aune des réactions qu’il provoque chez les autres sujets, compte tenu des intérêts qu’ils peuvent avoir sur les espaces en jeu. Une possession maintenue par la violence ou contre les protestations d’un prétendu ayant-droit, ou encore contre les protestations de la communauté des Etats au regard des principes du droit de la Charte des Nations Unies81, ne saurait avoir la même valeur juridique qu’une possession pacifique et incontestée. Dans l’affaire Chamizal (1911) la Commission arbitrale rappelait qu’une prescription ne peut pas régulariser une possession maintenue en dépit de constantes oppositions82. Cette affaire mettait aux prises les Etats-Unis d’Amérique et le Mexique à propos de territoires formés par le déplacement vers le sud d’un fleuve, le Rio Grande. Les Etats-Unis réclamaient la souveraineté sur les parcelles ainsi formées, entre autres argument pris de la possession paisible, ininterrompue et incontestée depuis le Traité de 1848 portant sur la frontière entre les deux pays. Loin d’écarter la prescription en général, les arbitres se bornèrent à relever que ses conditions n’étaient pas réunies en l’espèce du fait de protestations répétées de la part du Mexique.
30La condition de l’absence d’oppositions est source de difficultés.
31(1) On s’interroge, en premier lieu, quant à la nature exacte du rapport entre les éléments objectifs et subjectifs dans le processus prescriptif. Le fait (effectivité) s’impose-t-il à partir d’une certaine consolidation sociale et temporelle contre la protestation, forme particulière de l’opinio iuris ? Ou au contraire est-ce que l’opposition peut prévenir saecula saeculorum l’adéquation du fait au droit ? Comment la prescription opère-t-elle l’équilibre entre l’exigence de stabilité (objective) et la protection des intérêts du titre (subjectifs) ?
32A ce propos la doctrine se partage83. Pour une école de pensée, la prescription est un acte juridique. L’élément volontaire domine. Ainsi, selon Wengler, un titre nouveau ne peut naître que par voie de renonciation tacite ou de reconnaissance expresse de la part de l’ayant-droit supposé84. Parfois les auteurs se contentent d’un acquiescement85. Une ancienne doctrine construit la prescription comme équivalant à une renonciation présumée de la souveraineté par inaction. L’élément volontaire, quoique adouci par une présomption, y prévaut86. D’autres auteurs mettent plus généralement l’accent sur les réactions de l’Etat dépossédé ; on peut citer en ce sens H. Lauterpacht87, Pinto88, Sørensen89 ou Hyde90.
33Cette position volontariste réduit la prescription à un terme commode pour désigner l’effet provoqué en toute indépendance par un acte juridique unilatéral. Loin d’être un processus de consolidation des faits et de stabilité, l’Etat ayant un titre juridique ancien reste seul maître. Sa volonté en cas de reconnaissance ou son comportement en cas d’acquiescement seuls transforment juridiquement la situation91.
34Contre ce courant doctrinal se dressent les auteurs qui perçoivent la prescription comme un processus objectif dont la finalité première est de dégager la situation du subjectivisme des volontés. De ce fait la stabilité inhérente à l’effectivité prime la volonté : ex factis oritur ius. C’est l’opinion de Dahm92, Charpentier93 ou Touscoz94.
35La majorité des auteurs choisissent une position intermédiaire en assignant une place tant à l’élément objectif qu’aux réactions des intéressés, tout en laissant aux espèces le soin de les départager selon le poids relatif qu’ils peuvent y tenir95. Les limites entre ces conceptions ne sont pas nettes car il ne s’agit que d’une pondération différente des deux facteurs. Au regard de la dépendance de la prescription internationale des circonstances historico-politiques toujours particulières, la doctrine intermédiaire semble préférable.
36La prédominance de l’élément objectif ou subjectif dépend aussi de critères plus généraux. Ainsi, compte tenu du droit de la Charte et en particulier de l’interdiction du recours à la force, une possession obtenue par la coercition militaire ne pourra être validée par voie d’effectivité qu’aux conditions les plus restrictives et après un laps de temps très long. C’est dire que les éléments subjectifs, la réaction de la communauté des sujets du droit international a ici un poids considérablement accru et l’emporte haut la main sur l’effectivité du pouvoir étatique96. En progression inverse, l’écoulement du temps augmente très lentement l’importance de l’effectivité et, par contrecoup, diminue le poids des réactions, en particulier si elles ne sont pas suivies de mesures susceptibles de modifier l’état de fait97.
37(2) Une deuxième difficulté concerne la détermination des sujets ayant qualité de s’opposer et de protester. Le sort des territoires est-il erga omnes dans le sens que tout Etat peut émettre des protestations ou est-ce seulement l’ayant-titre dont la réaction est pertinente ? A supposer que toute protestation soit juridiquement pertinente, quel est son poids relatif selon qu’elle émane d’un Etat tiers ou de l’ayant-titre ?
38L’idée que la distribution du territoire et du pouvoir est chose d’intérêt commun98 a poussé une partie de la doctrine à confronter l’exercice de puissance publique aux réactions de la communauté internationale dans son ensemble. Diverses éditions de l’Oppenheim définissent la prescription comme « the acquisition of sovereignty over a territory through continuous and undisturbed exercise of sovereignty over it during such a period as is necessary to create under the influence of historical development the general conviction that the present condition of things is in conformity with international order »99. Selon Roche, la prescription valide une situation objectivement illicite et dispense en ce sens de l’application d’une norme de droit international. Comme tous les Etats ont intérêt au respect du droit international, tous possèdent un titre pour protester et prévenir la validation juridique d’une possession irrégulière100.
39Pour d’autres auteurs la qualité pour protester est liée à un dommage particulier, si bien qu’uniquement l’Etat dépossédé peut s’opposer à l’acquisition de droits sur « son » territoire par un autre Etat, comme lui seul aussi peut les valider101. L’Etat dispose de son territoire comme il l’entend, ses réactions et non celle des autres fixent le sort de celui-ci.
40Pour éviter toute équivoque il convient de distinguer en premier lieu selon qu’il s’agit d’espaces communs tels que la haute mer, ou d’espaces qui étaient déjà soumis à la souveraineté d’un Etat. Quand il s’agit de prescrire sur des espaces auparavant communs, il est évident que chaque Etat en tant qu’il y jouit de libertés a titre pour s’opposer à ce que cet espace passe sous la compétence exclusive d’un seul Etat ou d’un nombre restreint d’Etats102. L’affaire des pêcheries norvégiennes (1951) témoigne de cet aspect des choses. La Cour ne manque pas de faire référence, outre qu’aux comportements britanniques, à la « tolérance générale de la communauté internationale »103. Quand il s’agit de territoires soumis à la souveraineté, l’attitude de l’ayant-titre a un poids et une pertinence accrus. Une riche jurisprudence éclaire cet aspect : l’affaire Lübeck c. Mecklenburg Schwerin (1925)104, l’affaire Palmas (1928)105, l’affaire du Groënland Oriental (1933)106, l’affaire du Temple de Préah Vihéar (1962)107, l’affaire relative à la souveraineté sur certaines parcelles frontalières (1959)108, l’affaire Grisbadarna (1909)109, l’affaire du différend frontalier entre l’Argentine et le Chili (1966)110 ou encore l’affaire Rann de Kutch (1968)111. Nul ne peut cependant méconnaître le poids croissant de l’attitude d’Etats tiers. L’irrégularité de la possession territoriale subit de plus en plus la gravitation du droit de la Charte des Nations Unies et se voit entraînée au niveau de l’ordre public international. Elle est fréquemment liée au maintien de la paix car elle trouble l’ordre social. Elle tombe ainsi dans les attributions suprêmes des organes de l’Organisation des Nations Unies. Qu’il suffise de mentionner à ce propos la crise des îles Falkland/Malouines112. Dans ce domaine les progrès de la solidarité internationale tendent à l’affaiblissement des intérêts privatifs ou bilatéraux au profit des intérêts globaux en fonction directe de valeurs communautaires. Il n’en va autrement que pour les litiges territoriaux de portée strictement locale comme par exemple en l’affaire Chamizal précitée. Il faut donc distinguer deux situations : (1) les possessions territoriales en violation de normes fondamentales du droit international et du droit de la (Charte où la qualité pour protester est généralisée ; (2) les possessions territoriales contraires à la légalité inter partes où la qualité pour protester revient (surtout) à l’Etat directement affecté.
41(3) Quels sont les actes qui empêchent ou interrompent l’opération de la prescription ? Il s’agit en premier lieu de protestations113. Le problème est de savoir si des protestations répétées, mais non suivies d’action et de ce fait ineffectives (paper protests) peuvent indéfiniment empêcher l’établissement d’un titre prescriptif. La majorité de la doctrine refuse de donner ce pouvoir à l’ancien ayant-titre114. Cet aspect ramène à la divergence entre conceptions subjectives (volonté) et objectives (effectivité) de la prescription.
42Une autre manière d’interrompre l’effet de la prescription, c’est de porter action en justice115. Toutefois, la disponibilité d’une instance judiciaire est exceptionnelle en droit international. Des efforts, des propositions, des notes diplomatiques sérieux tendant à l’établissement d’un tribunal ou d’une autre instance de règlement du différend doivent de ce fait équivaloir à la saisine de tels organes. La saisine des organes politiques d’une organisation internationale, tels que l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité des Nations Unies, interrompt analogiquement la prescription116. Enfin, la conclusion d’une convention qui cherche à fixer les titres des Etats en litige sur un territoire peut s’opposer eo ipso, selon ses contenus, à l’argument de la prescription117.
43La fréquence et la force des actes d’opposition s’apprécient corrélativement à l’intensité de l’exercice de la puissance publique par l’Etat possesseur. L’élément subjectif s’évalue au regard de l’élément objectif et vice versa. Ils forment des vases communicants. Plus l’élément objectif sera faible et plus la prescription tendra à être un acte juridique ou s’évaluera en fonction de l’acquiescement. Plus à l’inverse l’élément subjectif sera absent et plus il faudra apprécier l’effectivité du pouvoir exercé. Ainsi, moins l’effectivité est accusée, moins l’autorité étatique s’étend sur un territoire, du fait par exemple de son caractère peu habité, et plus, corrélativement, les protestations ou les silences des autres prétendants auront du poids118. La doctrine d’acquiescement tendra alors à remplacer la prescription au sens strict, la réaction des autres Etats créera le titre en palliant les défectuosités ou les insuffisances de l’exercice d’autorité publique. Les affaires du Temple de Préah Vihéar (1962) et Rann de Kutch (1968)119 en fournissent de saisissants exemples.
44C’est à travers la présence ou l’absence de protestation, que la prescription est ramenée au giron des doctrines d’acquiescement et éventuellement d’estoppel, et que le lien avec la bonne foi-confiance s’établit. Le cœur de la prescription se situe alors dans un exercice prolongé d’autorité étatique sans contestations, de manière à faire naître la confiance légitime que l’état des choses présent a été validé et se trouve conforme au droit120. Vattel avait déjà attiré l’attention sur le fait qu’une négligence prolongée à faire valoir ses droits contrevient aux intérêts de confiance. Des tiers sont amenés à prendre des dispositions de bonne foi, sur la base de la situation factuelle, dont ils pourraient par la suite se trouver lésés121. Pour cette même raison, une protestation n’est pas nécessaire si l’attitude de la partie adverse n’est pas consistante, par exemple si elle est contredite par de nombreux autres actes officiels, y compris des cartes122.
c) Le facteur temps
45Le facteur temps123 représente le point d’achoppement de la prescription. De nombreux auteurs postulent une équation de simplicité désarmante : pas de délai fixe, pas de prescription. Un délai fixé par voie législative et opérant eo ipso l’extinction ou la réallocation des droits serait donc essentiel pour l’existence d’une notion de prescription124. A cette argumentation a été opposée l’observation qu’il ne faut pas confondre principe et modalités d’application, ou, comme le dit Fauchille125, « droit de prescription » et « loi de prescription126. Il s’agirait d’une transposition inadéquate d’exigences propres aux droits internes sur le plan international.
46Les internationalistes qui se sont penchés favorablement sur la prescription se contentent généralement de dire que le laps de temps requis dépend des espèces et devra être dégagé par l’opérateur juridique en tenant compte des impératifs de stabilité et de légalité127. La dernière édition de l’Oppenheim résume l’opinion générale : « No general rule could be laid down as regards the length of time (…). Everything depended upon the individual case »128. Cette position est le reflet du caractère particulariste de l’ordre juridique international où prédominent les situations historico-politiques peu généralisables129. Cet aspect distingue le droit international du droit interne où la norme régit un grand nombre de cas dont la particularité est moins marquée. Le traitement circonstanciel et non abstrait du facteur temps en porte la trace. De ce fait le temps vient former un triptyque en s’ajoutant à l’effectivité et aux réactions. Il participe à la règle de relativité dégagée précédemment pour eux.
47La règle essentielle qu’il convient d’avoir à l’esprit c’est que le temps dont il s’agit n’est pas le temps des horloges césium mais le temps social130. La notion de temps propre au concept de prescription n’est pas isomorphe. L’éminent juriste qu’était P. Reuter parlait de la densité du temps en ces termes : « Le temps des hommes n’est pas le temps des astres. Ce qui fait le temps des hommes, c’est la densité des événements réels ou des événements éventuels qui auraient pu y trouver place. Et ce qui fait la densité du temps humain apprécié sur le plan juridique, c’est la densité, la multitude des actes juridiques qui y ont trouvé ou qui y auraient pu trouver place. Dans la vie des nations comme dans la vie des individus, il y a des années légères, des années heureuses où il n’arrive rien et où il ne peut rien arriver. Mais il y a aussi des années lourdes, pleines de substance »131. Il est une exception à ces préceptes. Il se peut qu’un traité ou une coutume spéciale déterminent pour des cas particuliers, entre parties, un délai approximatif ou fixe. Aux fins de l’arbitrage en l’affaire de la Guyane britannique (1897) portant sur un différend de délimitation, la Grande-Bretagne et le Venezuela se mirent d’accord par Traité du 2 février 1897132 que : « adverse holding or prescription during a period of fifty years shall make a good title »133. Mis à part les cas de stipulation expresse, une limite temporelle minimale résulte de la nécessaire publicité de l’exercice de puissance publique. Le problème est susceptible de se poser notamment dans le contexte de territoires reculés ou insulaires, difficilement accessibles ou faiblement habités. Max Huber, dans l’affaire de l’île de Palmas (1928), s’exprimait comme suit à ce propos : « It may suffice that such display existed (…) and had already existed as continuous and peaceful before that date long enough to enable any power who might have considered herself as possessing sovereignty over the island, or having a claim to sovereignty, to have, according to local conditions, a reasonable possibility for ascertaining the existence of a state of things contrary to her real or alleged rights »134.
48Suivant le principe de relativité déjà exposé, le temps nécessaire pour l’établissement d’un titre prescriptif dépend notamment des facteurs suivants.
49(1) Moins l’exercice de l’autorité publique sera effectif, continu et intense et plus de temps il faudra pour le consolider en titre juridique135. Dans le cas de territoires clairsemés en population ou inhabités, quelques auteurs postulent la possibilité d’abréger les délais136 ; d’autres estiment que la nécessité d’ordre social induit à abréger les délais précisément dans le cas de territoires plus développés et peuplés137. Il est difficile d’adhérer à ces thèses dans l’abstrait parce qu’en la matière le rôle des réactions sera de grande importance. Pour le cas de territoires peu habités, la publicité de l’exercice de puissance publique requiert un certain délai afin que les Etats intéressés aient connaissance de la situation et puissent, le cas échéant, y objecter.
50(2) Dans les cas où l’élément de l’acquiescement l’emporte en importance sur réflectivité138, le temps nécessaire pourra être moins long139. Quand au contraire la prescription est construite en fonction de la reconnaissance140, l’élément temporel ne joue plus aucun rôle. C’est toutefois une construction qui quitte le giron de la prescription au sens strict, car la prescription n’est pas un acte juridique. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la remarque de Sir Eric Beckett qui rappelait que « it takes a long time before a prescriptive case can be built up on the basis of mere silence »141.
51(3) Il est des cas où un Etat investit des sommes importantes pour l’amélioration du territoire, pour assurer la sécurité de la navigation le long de ses côtes, pour établir des caries, etc. Quelle que soit l’incertitude du critère, il peut abréger le temps requis et appeler à des protestations plus rapides et massives pour celui qui veut protéger des droits affectés142. Cet aspect des choses a influencé la sentence dans l’affaire Grisbadarna (1909)143.
52(4) Si la bonne foi subjective n’est pas une condition pour la prescription cela ne signifie pas qu’elle est sans pertinence juridique. Elle peut influer sur la longueur du temps nécessaire à la prescription, l’abrégeant si elle est présente, l’allongeant si elle est absente144. Aucune des rares sentences internationales qui font référence à la bonne foi subjective en la matière n’est explicite sur ce point.
53(5) Les réactions favorables ou hostiles de la population installée sur le territoire peuvent influer sur le délai prescriptif145.
d) La bonne foi subjective n’est pas une condition de la prescription
54L’écrasante majorité de la doctrine écarte la bonne foi subjective comme condition de la prescription146. En droit international les besoins de stabilité l’emporteraient sur les exigences de la bonne foi subjective. Politis écrit : « Si des conquêtes, même parmi les plus immorales, ont été légitimées par l’effet d’une prescription plus large, plus tolérante que celle du droit privé qui suppose toujours la bonne foi, c’est que dans la communauté internationale, le besoin de repos et d’équilibre est tel, que pour le satisfaire, on passe par dessus toutes les difficultés »147. Et Hall ajoute : « Instead of being directed to guard the interests of persons believing themselves to be lawful owners, though unable to prove their title, or of persons purchasing in good faith from others not in fact in legal possession, the object of prescription as between states is mainly to assist in creating a stability of international order which is of more practical advantage than the bare possibility of an ultimate victory of right »148.
55D’autres auteurs invoquent la jurisprudence qui ne retient pas la bonne foi subjective149. La bonne foi subjective n’est mentionnée ni dans l’affaire Grisbadarna (1909)150, ni dans l’affaire Palmas (1928)151, ni dans l’affaire du Groënland Oriental (1933)152, ni dans l’affaire des Minquiers et Écréhous (1953)153, ni dans l’affaire du Temple de Préah Vihéar (1962)154, ni dans l’affaire du différend frontalier entre le Chili et l’Argentine (1966)155, ni dans l’affaire Rann de Kutch (1968)156, ni dans l’affaire du Sahara occidental (1975)157, ni dans l’affaire Dubai/Sharjah (1981)158, ni dans l’affaire du différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras) (1992)159, ni, en particulier, dans l’affaire de l’île Kasikili/Sedudu (Botswana c. Namibie) (1999)159a (qui, sans que toutes ne touchent à la prescription, concernaient toutefois l’attribution du territoire en contradiction au moins partielle aux titres juridiques formels). L’office du contentieux et de la législation italien formulait en 1916 l’avis que la bonne foi subjective n’est jamais requise pour acquérir des droits de quelque nature que ce soit en droit international160. Dans l’affaire relative au différend frontalier colombo-vénézuélien (1891)161, la Reine Régente d’Espagne chargée d’autorité arbitrale mentionnait la bonne foi (subjective) du Venezuela mais attribuait les zones en litige à la Colombie. Elle ne le fit pas, comme il a été dit162, en vertu de l’effectivité, mais en tenant compte d’une frontière naturelle réputée exprimer de plus près l’uti possidetis163 que les parties lui avaient donné mission d’appliquer. Il n’en demeure pas moins que la jurisprudence internationale ne recourt pratiquement jamais à la bonne foi subjective en la matière ; cette attitude équivaut à sa condamnation implicite.
56Rares sont les auteurs qui requièrent la bonne foi subjective afin de prescrire164. Suivant Kohen165 la bonne foi a toutefois en la matière une série de conséquences collatérales. Les délais pour prescrire sont différents selon la bonne foi du possesseur ; l’acquiescement ou la présomption de consentement de l’ayant-titre pourront plus facilement être admis en cas de bonne foi du possesseur ; la bonne foi préside à l’interprétation des traités portant règlement territorial ; la bonne foi peut commander l’application de l’équité infra legem dans l’appréciation des titres166.
57Si la bonne foi subjective n’est pas une condition à la prescription, elle est un élément d’appréciation ou d’interprétation plus ou moins secondaire selon les espèces.
58La jurisprudence confirme cette manière de voir. Certes, de rares opinions individuelles émises par des juges de la Cour semblent postuler l’exigence de la bonne foi subjective. Ainsi le juge Moreno Quintana disait dans l’affaire relative à la souveraineté sur certaines parcelles frontalières (1959) : « Il s’agit d’une possession exercée en toute bonne foi avec l’animus domini qui caractérise une situation de cette nature et à laquelle donne sa protection le droit »167. Loin d’ériger la bonne foi subjective en condition de prescription, le juge argentin constatait obiter la bonne foi incontestée des Pays-Bas. Cet état des choses renforçait la conclusion que les territoires lui revenaient de droit. Il est une chose de dire qu’un élément incline davantage la balance dans un sens, il est une autre de dire qu’en son absence il eût fallu trancher en sens opposé. Dans l’affaire de la Namibie (1971), le juge De Castro qualifiait l’occupation rerum dominii du Sud-Ouest africain par l’Afrique du Sud comme usurpation de mauvaise foi168. Or le contexte était celui d’un mandat international auquel la Résolution 2145 (XXI) de l’Assemblée générale des Nations Unies avait mis fin, sans que l’Etat mandaté, l’Afrique du Sud, ne se soit retiré. Ce refus équivalait à l’inexécution d’une obligation internationale. Le juge espagnol dégageait certaines conséquences juridiques collatérales de la mauvaise foi sud-africaine, dont notamment la responsabilité du possesseur mala fide pour la restitution des biens et des fruits perçus par le contrôle du territoire. Plus récemment, le juge Torres Bernardez dans l’affaire relative au différend frontalier territorial, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras) (1992) estimait que la prise en compte d’une effectivité d’Etat169 dépend de la bonne foi subjective de celui qui l’invoque170. Les effectivités ne sont qu’un élément de preuve parmi d’autres et obtiennent un poids plus considérable dans le cas de l’obscurité des frontières selon l’uti possidetis. De ce fait, la bonne foi subjective n’est pas un élément déterminant ici non plus. Elle est, une fois de plus, un élément d’appréciation.
59L’affaire la plus intéressante est celle relative à la frontière entre le Honduras et le Guatemala (1933)171. L’article 5 du compromis arbitral précisait que le tribunal se devait de dégager la ligne uti possidetis de 1821. Il y était précisé : « If the Tribunal finds that either Party has during its subsequent development acquired beyond this line interests which must be taken into consideration in establishing the final frontier, it shall modify as it may consider suitable the line of uti possidetis of 1821… »172. Ce passage équivaut à autoriser le Tribunal à trancher en équité en tenant compte des « intérêts » (equities). Dans une région où il n’était pas possible d’identifier la ligne uti possidetis, le Tribunal a eu recours, entre autres, à la bonne foi subjective :
« In view of the nature of the territory, long uninhabited and unknown, and of the lack of authoritative delimitation, it was natural that there should have been conflicting conceptions of the extent of jurisdiction and that each Party should believe that it was entitled to advance into the unoccupied zone as its interest seemed to require. Such advances in good faith, followed by occupation and development, unquestionably created equities which enterprises subsequently undertaken would be bound to consider. When it appears that the two Parties, seeking to extend their area of possession, have come into conflict, the question of priority of occupation necessarily arises. Priority in settlement in good faith would appropriately establish priority of right »173.
60La présente affaire ne peut être citée comme précédent pour ce qui est de la nécessité de bonne foi subjective afin de prescrire. Le compromis arbitral demandait au Tribunal de dégager la ligne uti possidetis, tout en l’autorisant à tenir compte de simples intérêts créés par voie de possession. Pour accomplir cette fonction équitable, le Tribunal estima ne pouvoir tenir compte que des avancées effectuées de bonne foi, là où la ligne uti possidetis était incertaine. L’équité même et l’importance de la ligne uti possidetis, dont les juges n’estimaient pouvoir se départir que ratione lacunae, commandaient d’écarter une possession de mauvaise foi. En premier lieu, l’équité s’accommode mal de mauvaise foi. En deuxième lieu, puisque les parties avaient demandé au Tribunal de statuer surtout en fonction du titre (ligne uti possidetis) on voit mal comment le Tribunal aurait pu tenir compte des avancées de mauvaise foi. Il eût sanctionné une violation flagrante de la ligne uti possidetis alors que sa mission première était précisément d’appliquer celle-ci aussi pleinement que possible. Il s’ensuit que peu de conclusions générales peuvent être tirées d’une sentence reposant sur un compromis qui donnait un mandat exceptionnel aux arbitres.
4. L’autonomie de la prescription par rapport à d’autres concepts du droit international
61Une prescription telle que présentée, dominée non par des effets juridiques découlant automatiquement de conditions temporelles ou d’autres critères précis, mais représentant une conception générale de la consolidation de titres de fait dans le temps, est acceptée par la majorité des internationalistes174. L’incertitude maîtresse quant à l’existence du principe en droit international est celle qui a trait à son autonomie par rapport à d’autres notions. D’aucuns la considèrent superflue parce qu’elle n’ajouterait rien au principe d’effectivité175 ; qu’elle n’opérerait qu’en cas de reconnaissance explicite ou tacite176 ; qu’elle se confond à la formation d’une coutume particulière177 ; surtout, enfin, qu’elle ne comporte pas de différence spécifique par rapport à l’acquiescement et à l’estoppel178.
62Parmi les innombrables exemples qui illustrent le rôle capital de l’acquiescement et de l’estoppel en matière de litiges territoriaux et de possession contestée, nous citerons une seule affaire, celle du différend frontalier et territorial entre Dubai et Sharjah (1981)179. Il s’agissait en l’espèce d’apprécier les conséquences juridiques des activités du Dubai face à l’inactivité et au silence de la part du Sharjah. Le Tribunal commence par invoquer l’absence de protestation du Sharjah ; il conclut à l’acquiescement :
« What appears decisive to the Court is not that Sharjah did not assert its authority over an un-populated region by some positive action, but that it offered no opposition to the Government of Dubai treating the Al Mamzer peninsula as its own territory »180.
63Cette passivité a des conséquences juridiques :
« The Court observes that there is a substantial body of case law which indicates that, when one State engages in activity, by means of which it seeks to acquire a right or to change an existing situation, a lack of reaction by another State at whose expense such activity is carried out, will result in the latter forfeiting the rights which it could have claimed »181.
64Quant aux délais de protestation, le Tribunal précise que :
« The State whose rights are threatened by the actions of another State does not necessarily have to make its protest as soon as it learns about the action giving rise to the complaint, but it must be made as soon as the State realizes that these actions may be prejudicial to its rights »182.
65Ajoutons que la Chambre en l’affaire du différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras) (1992) a estimé que l’acquiescement peut modifier une ligne résultant de l’uti possidetis. De fait, elle ne s’est pas privée d’appliquer l’acquiescement183. Ce n’est que très rarement que le rôle de l’acquiescement a été contesté clans le contexte de l’attribution d’espaces en droit international184.
66Que penser des rapports entre l’acquiescement et la prescription ? Le premier rend-il la deuxième superflue ?
67Si l’acquiescement joue souvent un rôle moteur dans la consolidation graduelle de titres, la prescription reste une notion autonome. A la différence de l’acquiescement qui rattache des conséquences à certains silences, elle porte sur l’acquisition d’un titre, le plus souvent territorial. La prescription se distingue spécifiquement par les autres facteurs qui doivent par conséquent s’ajouter à la tolérance autrui afin d’en rendre possible l’application. C’est le cas de l’effectivité, c’est-à-dire de l’exercice de puissance publique sur une partie de territoire suffisant à certaines conditions autonomes de continuité, d’intensité, etc.
68Il faut probablement d’ailleurs distinguer deux phénomènes de prescription internationale : une prescription relative (ex patientia) et une prescription absolue (ex facto). Cette distinction peut réconcilier la tension entre l’effectivité pure et l’opinio iuris manifestée par les réactions des ayants-titre. Une modalité de prescrire, c’est au regard de l’absence de réactions suffisantes. Ici, l’acquiescement joue un rôle primordial. C’est ce que nous appelons prescription relative. Elle constitue une sanction des rapports entre les Etats immédiatement intéressés. Elle requerra généralement moins de temps que la prescription absolue. L’acquiescement ne jouera en revanche plus aucun rôle pour la prescription absolue. Celle-ci obéit à l’effectivité seule en écartant tout égard à la persistance de protestations impuissantes à modifier l’état de fait. Comme l’écrit Pinto, le fait tend à produire des effets juridiques même quand il est dépourvu de toute légitimité185. Pour cela il faudra l’écoulement de beaucoup plus de temps, car la situation se caractérise par la tare de l’établissement contra legem. Une telle prescription ne peut être reconnue qu’au bénéfice de l’inévitable186. Il demeure cependant l’inéluctable nécessité de ne pas accélérer le divorce du droit et du fait dans l’évolution historico-politique de la société internationale quand, inévitablement, séculairement, une situation s’est établie sine spe revertendi et fait partie de la vie internationale.
Chapitre II. La prescription extinctive
La prescription extinctive ou libératoire et la bonne foi objective
a) Nature et fonctions de la prescription extinctive
69La protection de la confiance légitime joue un rôle aussi en matière de prescription extinctive ou libératoire (limitation, laches, lapse of time)187. Le Dictionnaire de la terminologie du droit international définit la prescription libératoire comme « le mode d’extinction d’une obligation ou d’un droit résultant du fait de son inexécution ou de son non-exercice pendant longtemps »188. Parfois la prescription libératoire se borne à faire pendant à la prescription acquisitive. A la perte d’un droit chez un sujet (territoire soumis à souveraineté unique) ou plusieurs sujets (espaces communs) correspond l’acquisition d’un droit chez un autre. Mais les deux notions ne sont pas nécessairement jumelles. Un Etat peut perdre un droit d’action devant une instance judiciaire internationale par son inaction propre ou celle du ressortissant qu’il veut diplomatiquement protéger. Dans ces cas de figure la perte du droit est compensée non par la naissance d’un droit chez un autre sujet mais par la simple jouissance, de la part du sujet libéré, de ne plus pouvoir faire l’objet d’une réclamation.
70Divers aspects justifient l’admission d’une prescription libératoire. Il y va, tout d’abord, de la sécurité et de la stabilité juridiques189. Une raison importante réside dans la difficulté du défendeur d’obtenir des preuves après l’écoulement d’un temps très long par rapport aux événements générateurs190. Il y a dans ce cas aussi des intérêts de bonne administration de la justice. La protection de la confiance légitime est un autre aspect qui a été dégagé notamment par Müller et Dahm191. Dans la mesure où la passivité d’un sujet par rapport à des réclamations crée une confiance légitime en l’inexistence ou la renonciation de faire valoir le droit, une apparence juridique est née. Elle empêche le sujet de revenir sur son abstention et de faire valoir son droit. Celui-ci sera déclaré procéduralement irrecevable192 ; alternativement l’extinction du droit subjectif sera constatée193. Le mécanisme est proche de celui de l’estoppel194.
b) Existe-t-il une notion autonome de prescription libératoire du droit international par rapport à la prescription interne ?
71La prescription extinctive a été fréquemment appliquée par des commissions et des tribunaux arbitraux dans le contexte de réclamations privées (claims) endossées par des Etats au moyen de la protection diplomatique195.
72Il a été prétendu que le droit international se bornait alors à tenir compte des dispositions du droit interne sans connaître lui-même une notion de prescription libératoire indépendante196. Une juridiction devrait tenir compte d’une éventuelle prescription du droit interne, car, dans la mesure où elle est établie, elle « enlève la base même au droit de protection de l’Etat »197. Cette règle a été insérée dans le Traité Jay du 19 novembre 1794198 où il est dit que toute réclamation irrecevable en droit interne devra être réputée également irrecevable devant les Commissions internationales dont le Traité prévoyait la constitution. La règle a été appliquée dans les affaires Fame (1797)199 et Cadix (1885)200.
73L’analyse de la très riche jurisprudence révèle que les commissions internationales ne se sont pas bornées à donner effet aux dispositions du droit interne201. Les intérêts protégés et les considérations pertinentes ne sont pas en droit international les mêmes que dans un droit interne déterminé (ou dans les droits internes en général). C’est d’après le droit international, que ces organes avaient mission d’appliquer, qu’ont été appréciés les raisons et l’effet des retards. Cette appréciation n’aurait eu d’objet s’il se fût agi d’appliquer exclusivement le droit interne. Il aurait alors suffi de faire référence aux délais fixés avec précision par les dispositions internes. Mais c’est au regard du droit international que ces divers retards ont été considérés : 26 ans pour l’affaire Brand (1863), 16 ans pour l’affaire Horatio (1869), 10 ans pour l’affaire Canada (1870), 17 ans pour l’affaire Selkirk (1872), 16 ans pour l’affaire Mossman (1875), 28 ans pour l’affaire Yeaton (1885), 39 ans pour l’affaire Mechanic (1885), 32 ans pour l’affaire Roberts (1903), 31 ans pour l’affaire Tagliaferro (1903), etc.202
74En dehors du contexte de la protection diplomatique, il est assez rare qu’une revendication d’Etat à Etat soit déclarée prescrite. Mais de tels exemples existent et sont complètement indépendants d’une quelconque prescription interne. L’affaire relative à la sentence arbitrale rendue par le Roi d’Espagne le 23 décembre 1906 (1960)203 peut être interprétée en ce sens204. Le Nicaragua, ayant omis pendant six ans de contester la validité d’une sentence arbitrale ne pouvait plus être admis à s’en plaindre. La prescription est ici liée à l’acquiescement et à l’estoppel. Suivant le juge Oda, dans son opinion jointe à l’affaire de certaines terres à phosphates à Nauru (Exceptions Préliminaires) (1992), le silence de Nauru pendant plus de quinze ans sur ses revendications quant à la remise en état des terres exploitées par des puissances administrantes (en l’espèce l’Australie) rendait cette demande irrecevable205. La Cour s’est refusée de traiter cet aspect au stade de la recevabilité. Elle constate que l’attitude de Nauru ne constitue pas un abus de procédure et renvoie l’appréciation du retard au fond206.
c) Le facteur temps
75C’est notamment dans la concrétisation du délai que la bonne foi-confiance joue un rôle207. Le retard dans la présentation de la réclamation doit être injustifié (undue delay)208. Le critère doit être le suivant : celui qui induit un autre par son abstention à croire qu’il ne fera plus valoir sa prétention et détériore ainsi les moyens de défense dont ce tiers dispose, ne pourra plus être entendu, ou, alternativement, aura perdu le droit subjectif allégué209. L’opération se ramène à une forclusion210. Le leading case en la matière211, l’affaire Gentini (1903), porte que : « The claimant has so long neglected his supposed rights as to justify a belief in their non-existence »212. Dans un arrêt ancien, le Tribunal fédéral suisse dégageait plus généralement le rapport de la prescription libératoire avec la bonne foi objective. Il y était dit que la partie qui voulait se prévaloir d’un changement fondamental de circonstances (doctrine rebus sic stantibus) devait le faire valoir « dans un délai raisonnable à compter du moment où il a pu être constaté avec certitude ». Le Tribunal poursuit : « En revanche, en permettant au rapport en cause de subsister durant des décennies, la partie grevée donne à entendre qu’elle n’attribue pas elle-même aux changements intervenus la signification d’une condition conventionnelle tacite (…). Dès lors, les principes de la bonne foi, qui doivent également gouverner les relations entre Etats, ne lui permettent pas d’y revenir postérieurement »213.
d) L’incidence de la faute
76En droit international la prescription libératoire relève davantage de la sanction d’une faute que de l’écoulement d’un délai fixe, au demeurant inexistant. La prescription libératoire n’intervient pas si les retards ne sont pas fautifs, ou s’ils sont dus à celui qui essaye de s’en prévaloir214. Elle intervient en revanche si les retards sont dus à celui qui essaie de l’écarter. La prescription libératoire touche ici à la maxime nemo commodum capere potest de sua propria iniuria. La bonne foi s’oppose à ce que l’on tienne compte d’un retard provoqué par celui qui s’en prévaut. Dans l’affaire Williams (1890) le principe a été clairement énoncé : « If such situation be fairly imputable to a claimant’s laches in withholding his demand, or, in Vattel’s phrase “when by his own fault he has suffered matters to proceed to such a state that there would be danger of mistaking the truth”, prescription operates and resolves such facts against him »215. Toutefois : « But where there is valid reason for the withholding the case is different (…). Incapacity, disability, want of legal agencies, prevention by war, well-grounded fear, and the like »216constituent des raisons de retard non fautives.
77Il n’y a pas de prescription si le retard est dû aux comportements du gouvernement qui essaye de s’en prévaloir. L’affaire Cook (1927) en témoigne. Un citoyen des Etats-Unis d’Amérique, G. Cook, réclame le montant de chèques postaux émis en 1913-4. Les autorités postales mexicaines lui refusent le paiement, invoquant la prescription du droit interne. Plusieurs années s’écoulent. Le Tribunal international écarta le moyen de la prescription internationale soulevée par le Mexique, car Cook avait été empêché de faire valoir ses prétentions plus tôt du fait de la mauvaise volonté du gouvernement mexicain217. Dans l’affaire Roberts (1903) un délai de 32 ans ne fut pas retenu aux fins de la prescription étant donné que le retard était dû à la faute du Gouvernement vénézuélien218.
78Des délais encourus pour privilégier la négociation, la conciliation ou d’autres moyens de résolution du différend n’ont pas pour conséquence une perte de droits par voie de prescription219. Une telle attitude équivaudrait à inciter les Etats à presser au maximum leurs revendications tout en créant des obstacles aux opportunités d’entente directe qu’offrent les moyens politiques de solution de conflits220. Le droit international privilégie les contacts directs et l’entente par accord. La Cour permanente a pu rappeler que le règlement judiciaire « n’est qu’un succédané au règlement direct et amiable de ces conflits entre les parties »221.
SECTION II. L’EXERCICE DES COMPÉTENCES
La doctrine du sudden change
79Avant d’en venir au principe qui domine la matière, l’interdiction de l’abus de droit, il convient de dire quelques mots sur la doctrine du sudden change. Elle illustre que la bonne foi-confiance ne cède pas entièrement la place à la bonne foi-finalité quand il s’agit de l’exercice de compétences. La doctrine du sudden change fait obligation à un sujet de droit international d’annoncer une modification de sa politique, notamment en matière d’application de sa législation ou dans toute autre matière où des positions et des intérêts d’Etats ou d’individus étrangers sont en jeu, quand une confiance légitime dans la continuité s’est créée222. Comme le dit Bin Cheng : « Ordinarily a State is free to pursue its own policy, domestic and foreign, and to alter it as it deems fit. In certain circumstances, however, a State may be obliged by the principle of good faith to notify another of a proposed change in policy (…). What the principle of good faith protects is the confidence that State B may reasonably place in State A »223. Le jurisconsulte chilien Bello avait perçu cet aspect : « Quand on édicte des prohibitions ou des restrictions nouvelles, l’équité exige qu’on en donne avis préalablement, car autrement on pourrait occasionner au commerce étranger de graves préjudices »224. Ici encore la bonne foi tempère une liberté au regard des exigences élémentaires de solidarité.
80La jurisprudence ne s’est pas fait faute de consacrer le principe. Tel est en premier lieu le sens profond de l’affaire relative à la fermeture du port de Portendick (1843). La France était en 1834-35 en guerre avec une tribu locale qui occupait la baie de Portendick, dépendance de la colonie française du Sénégal. Par un traité la France avait garanti à l’Angleterre la liberté de commerce dans cette région. Certains commerçants britanniques en profitèrent pour livrer armes et munitions aux indigènes. Aussi, le gouvernement français décida de procéder à la fermeture du port comme mesure de police alors que des assurances contraires avaient précédemment été données. Des navires anglais partis de l’Europe dans l’ignorance de la mesure en ont subi préjudice. L’absence de notification a été condamnée par l’arbitre225.
81Diverses affaires ont porté sur les dommages causés par des changements imprévus dans la législation douanière226. Dans l’affaire Limon (1884) le Congrès du Costa-Rica a adopté une loi déclarant le port de Limon port franc pour dix ans. Un an plus tard cette loi est abrogée sans préavis. Sur réclamation des Etats-Unis d’Amérique le Costa-Rica s’abstient d’appliquer à ses ressortissants la loi d’abrogation227. Dans l’affaire des zones franches de Guatemala (1888) les faits sont sensiblement identiques228. Dans l’affaire du Montijo (1875) un navire n’avait pas obtenu une permission administrative nécessaire selon les lois de la Colombie pour entreprendre un certain commerce. Le navire fut confisqué pour ne pas être muni d’une telle permission. Le surarbitre condamna la Colombie car la loi colombienne portant sur la matière n’avait pas été appliquée pour une série d’années fondant ainsi une confiance légitime229. Dans l’affaire David J. Adams (1921) les faits sont similaires : un navire de pêche étranger avait contrevenu pendant un certain temps à des lois internes canadiennes en matière de pêcheries. Suivant le Conseil des Etats-Unis d’Amérique : « As a matter of international law, where for a long continued period a Government has, either contrary to its laws or without having any laws in force covering the case, permitted aliens a certain course of action, it can not, under the principles of international law, suddenly change that course and make it affect those aliens already engaged in forbidden transactions as the result of that course and deprive aliens of their property so acquired, without rendering themselves liable to an international reclamation »230. Le Tribunal arbitral cite cet argument sans s’en démarquer, mais l’écarte pour la raison que le capitaine du navire n’était pas de bonne foi subjective, c’est-à-dire qu’il connaissait l’interdiction231.
82Ce dernier aspect est d’importance plus générale : la mauvaise foi exclut la légitimité de la confiance232. Il reste évidemment la question de savoir si la connaissance de la prohibition suffit, ou s’il faut aussi, selon les circonstances, une connaissance du changement d’attitude quant à la mise en œuvre de cette prohibition. En effet, la confiance peut porter précisément sur la pratique d’abstention tenue de longue date. Cette confiance mérite protection en elle-même si elle n’est pas fautive. De plus, l’absence de notification doit avoir été la cause du dommage. En d’autres termes il faut un lien de causalité au sens impropre du terme233 entre l’abstention et le dommage : la notification aurait dû pouvoir l’empêcher (conditio cum qua non)234.
Chapitre I. L’interdiction de l’abus de(s) droit(s)
1. Aspects historiques
a) Le concept d’interdiction de l’abus de droit
83Le Dictionnaire de la terminologie du droit international donne de l’abus de droit la définition suivante : « Exercice par un Etat d’un droit d’une manière ou dans des circonstances qui font apparaître que cet exercice a été pour cet Etat un moyen indirect de manquer à une obligation internationale lui incombant ou a été effectué dans un but ne correspondant pas à celui en vue duquel ledit droit est reconnu à cet Etat »235. Comme le dit remarquablement P. Reuter, la théorie de l’abus de droit a pour objet de sanctionner les éléments téléologiques inhérents à une règle de droit236.
84La notion est imprégnée d’aristotélisme. C’est avec Aristote, puis avec Saint thomas d’Aquin que la pensée finaliste trouve son expression achevée, la science moderne, imprégnée d’empirisme, lui substituera la méthode causale237. Le désaccord d’Aristote avec son maître Platon portait sur l’enseignement des idées. Pour Platon les idées, la valeur, le général, sont éternels, immuables, étanchement séparés du monde réel qui n’en est qu’un reflet précaire et incomplet238. Selon Aristote, l’idée est au contraire une forme qui est inhérente d’innombrables façons à la matière concrète. Matière (υλη ; causa materialis) et forme (єιδos ; causa materialis) se conditionnent239. Le dualisme fait place au monisme. Habitées toutes par cette essence qui maintient leur fondamentale unité, les choses s’ordonnent en un cosmos.
85Mais les choses ne sont pas stables : elles sont soumises à la loi du temps, elles évoluent. Comment dès lors maintenir leur unité, comment ne pas sombrer dans l’empirisme ? C’est que, dit Aristote, l’évolution des choses n’est pas arbitraire, l’évolution dans le temps dévoile l’entéléchie (єντєλєχєια ; causa efficiens)240. Toute chose porte sa finalité en elle-même ; son évolution, malgré tous les accidents, n’est qu’une évolution vers l’accomplissement de ce but. Ainsi chaque être vivant cherche à réaliser sa nature, à épanouir ses capacités, selon l’empreinte de sa forme (єιδos) ; la graine que l’on sème porte déjà en elle le programme du blé mûr qu’elle deviendra, le transit des choses dans le temps n’a donc rien d’arbitraire mais tend au contraire à réaliser les finalités inhérentes aux êtres241. L’arbitraire, l’abus, le décisionisme, la fameuse maxime de Juvénal (sic volo, sic iubeo, sit pro ratione voluntas), ne sauraient trouver aucune place dans une telle conception. En application de ces préceptes, droit et Etat sont liés par les fins humaines du pouvoir. ils n’existent pas pour réaliser des buts quelconques et des volontés arbitraires242. Dans la conception aristotélo-thomiste qui s’opposera pendant des siècles aux tendances nominalistes et positivistes, le droit est un phénomène final qui réalise une notion de justice définie par l’être et les besoins sociaux de l’homme243.
86Au regard de ces explications, il n’est guère étonnant de voir que la philosophie et la rhétorique grecques ont influencé considérablement la doctrine de l’abus de droit dès le temps des Romains244. On sait d’ailleurs l’influence de l’hellénisme et notamment de la Stoa sur l’évolution du droit romain en général245. Cicéron nous apprend que l’expression summum ius summa iniuria était devenue classique en son temps246. Songeons aussi à Eschyle qui tirait de la légende de Prométhée l’enseignement que le droit se déplace : celui qui le possède et en abuse le voit passer à son adversaire247.
87C’est dans cette mouvance des idées finalistes que se creusera le sillon de la théorie de l’abus de droit.
b) Le droit romain248
88Le droit romain classique ne connaissait pas une doctrine générale de l’abus de droit comme il ne connaissait guère de principes généraux de droit au sens moderne du terme. Le droit romain se caractérisait par une pensée casuistique ; l’analyse juridique se fait par analogie et association d’arguments, par actions ou exceptions à admettre. La systématique et l’abstraction lui sont encore étrangères. Aussi, c’est dans des considérations éparses et circonstancielles qu’une trace de l’abus de droit peut être trouvée. C’est à travers la rénovation juridique entreprise du temps de la République par voie du ius honorarium (ius praetorium) que diverses institutions équitables pénétrèrent le corps du droit romain ; tel est le cas des bonae fidei iudicia ou de considérations s’apparentant à l’abus de droit249. L’application de l’interdiction d’abus se fait notamment dans le droit de propriété, par exemple quand il y a concurrence entre plusieurs droits réels sur un bien-fonds (droit de passage, usufruit, etc.)250 ou sur la personne d’un esclave251 ; dans le contexte d’excès de violence envers des esclaves252 ; dans le droit de voisinage253. Parfois, sous l’influence stoïcienne, l’interdiction prend de la hauteur, semble se généraliser. Celse reprend la critique cicéronienne du comportement malicieux et formule la maxime : « Malitiis non est indulgendum »254. Gaius, dans ses Institutions, admet que « male enim nostro iure uti non debemus »255. Celui qui use de son droit de manière excessive commet un acte illicite couvert par la lex Aquilia256.
89Ces mêmes jurisconsultes ont pu, dans d’autres contextes, écrire des phrases qui accréditent la thèse du caractère absolu des droits. Gaius avait formulé que « nullus videtur dolo facere, qui suo iure utitur »257, et Paulus écrivait que « nemo videtur vim facere, qui iure suo utitur et ordinaria actione experitur »258. S’agissant de casuistique, il est impératif de replacer les passages dans le flux du raisonnement concret. Il apparaît que les lieux extraits du Digeste ad 50, 17 (de regulis iuris) visaient l’interprétation de certaines expressions de l’édit et d’interdits aux fins de l’officium iudicis en droit strict259. Même sur ce plan, il a pu être dit avec raison que ces lieux ne visaient que les dommages issus d’une exploitation normale d’un terrain, de l’exercice ordinaire d’un droit, et ne couvraient pas des cas de dol ou de comportements dépourvus de tout scrupule au détriment d’autrui260. Ces aspects n’appelaient simplement pas de commentaire dans l’espèce.
90Procéduralement – le droit romain était un droit d’actions – la doctrine de l’abus de droit trouva son expression dans l’actio et l’exceptio de dolo261. L’actio de dolo touche à la fraude. Sur conseil du jurisconsulte C. Aquilius Gallus elle était concédée par le préteur de manière subsidiaire à celui qui avait été lésé par toute forme de fraude ou de dol262. L’exceptio de dolo avait une portée plus générale. L’exceptio doli specialis vise les cas de dol dans la conclusion des contrats. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un cas d’abus de droit. L’exceptio doli generalis vise tout manquement à la bonne foi, tout abus : « si in ea re nihil dolo malo [factum sit] neque fiat »263. Le juge détient désormais un pouvoir d’appréciation comparable à celui que détient le préteur en matière de bonae fidei iudicia.
c) Le ius commune : l’aemulatio et l’exceptio doli generalis
91La doctrine de l’abus de droit s’est édifiée à un niveau plus général dès l’époque de la renaissance médiévale du droit romain (ius commune). La doctrine s’y nourrit désormais à deux mamelles : celle de l’aemulatio et celle de l’exceptio doli generalis264.
92La doctrine de l’aemulatio265 a été développée notamment par Cine et Balde, suite au passage suivant : « Opus novum privato etiam sine principis auctoritate facere licet, praeterquam si ad aemulationem alterius civitatis pertineat »266. Le contexte était celui de l’autorisation impériale pour des ouvrages publics destinés à concurrencer des villes voisines267. Les glossateurs et postglossateurs utilisent l’autorité de ce passage en l’étendant à des actes dont le seul but est de nuire à autrui et qu’ils frappent du sceau de l’opprobre juridique. Une expression classique de ces idées se trouve chez Bartole : « Quilibet potest facere in suo quod vult, dummodo faciat non animo nocendi alteri »268.
93L’exceptio doli generalis269 prend une ampleur des plus considérables. Il s’agit désormais d’un instrument de gestion juridique courante représentant l’ultima ratio pour faire respecter la bonne foi, voire l’équité270. L’exception permet d’opposer à une prétention tout abus de droit271. C’est dans cette acception large qu’elle sera développée encore par les Pandectistes de l’usus modernus et du siècle dernier272. La généralité de la doctrine lui permet d’ailleurs d’offrir fondement à certaines maximes dérivées, dont celle du « venire contra factum proprium » (estoppel) ou celle de « dolo petit qui contra pactum petat »273.
94Dans le droit canonique, Henricus de Segusio (Hostiensis, 1200-1271), monarque des deux droits, auteur de la Summa aurea, contribua fortement à l’évolution de la doctrine d’équité dans le sillage de laquelle s’avançait traditionnellement l’interdiction de l’abus de droit. Sensible aux faits sociaux de son époque, peu enclin à l’autorité absolue du Pape, il combattit en maints commentaires l’application rigoureuse du droit (neminem leadit qui suo iure utitur) en faveur d’une application faisant place à l’équité et à l’interdiction de l’abus de droit274.
95L’honneur fait au principe ne se limite pas aux canonistes. Fernando Vazquez de Menchaca (1512-1569), docteur utriusque ius, juge, puis Professeur dans le cercle de l’école de Salamanque dont il était le seul membre laïque275, a formulé le principe comme suit : « Legis imperium esse ad meram civium utilitatem, non ad eorum laesionem, sicque quo casu ea lex uni civi noceret, et reliquis non prodesset, non potest non cessere ex naturali ratione ; aliter enim ea lex inofficiosa esset, hoc est, suae destinationi contraria ». D’où il déduit : « Iure et libertate nostra uti non possumus cum id nemine prodest et alteri nocet »276.
96L’abus de droit en tant que principe de droit autonome n’apparaît qu’avec les codifications modernes277. Auparavant, son contenu juridique, loin d’être négligé ou inconnu, se trouvait encore dispersé en une série de concepts plus spécifiques. L’évolution de l’abus de droit révèle une généralisation et un renforcement progressifs. Topos juridique plus ou moins circonstanciel en droit romain classique, le concept s’ordonne autour de deux pôles stables au Moyen Âge (aemulatio ; exceptio doli generalis). Après un instant de repos il prend son envol pour devenir dans une série de pays un principe général de droit codifié. Comme des boules de mercure qui se réunissent, la doctrine a ainsi atteint son unité.
2. Abus de droit et communauté juridique internationale
97Admettre l’interdiction de l’abus de droit en droit international revient toujours quelque part à reconnaître l’existence d’une communauté juridique internationale278. Les auteurs qui affirment la prédominance de l’Etat individuel sur le droit de la société globale, ceux qui pensent que le droit international n’est que le produit de volontés isolées et changeantes, s’interdisent par cela même toute sympathie et, s’ils sont rigoureux, toute possibilité de reconnaître la doctrine de l’abus de droit. Opposée à l’individualisme étatiste, la notion est essentiellement solidariste279. Cette finalité œcuménique qui nourrit l’abus de droit se reflète à plusieurs niveaux.
a) L’Etat et la communauté juridique nécessaire
98L’Etat est subordonné au droit commun ; il est donc subordonné à la communauté internationale. Cette notion de communauté n’est que le reflet de l’existence d’un droit objectif commun (communauté nécessaire). Elle ne repose pas sur la notion de communauté internationale plus courante, plus ambitieuse, qui fait dépendre son existence de facteurs empiriques dont surtout l’esprit communautaire, c’est-à-dire la disposition effective des collectivités particulières à conformer leur action au bien supérieur de la communauté (communauté spécifique)280. L’Etat réalise sa destinée et remplit ses fonctions dans une autonomie seulement relative, limitée par son appartenance à une communauté nécessaire garante de ce bien commun supérieur qu’est l’égal respect des droits de chacun281. C’est pourquoi on peut dire que les droits, les facultés et les libertés internationaux dérivent de la société internationale. Cela doit être compris dans le sens que l’existence et l’exercice de ces droits et facultés suppose une coordination nécessairement supérieure aux entités composantes. Sinon il n’y aurait que désordre. Les nécessités de coexistence imposent eo ipso une dépendance minimale des positions juridiques particulières de l’intérêt juridique commun car il est impossible de prétendre exercer un droit sans tenir compte des exigences existentielles du système qui garantit les droits de chacun, y compris des autres. Un ordre juridique uniquement individualiste n’a jamais existé parce que c’est une contradiction dans les termes. Malgré une considérable marge de discrétion les Etats ne peuvent donc utiliser leurs droits, facultés et libertés au gré d’une incontrôlable volonté, car cette utilisation affecte les autres. C’est pourquoi une position juridique n’est conférée qu’au regard de certaines finalités dont le minimum commun est que leur exercice ne doit pas être antisocial, c’est-à-dire nuire aux intérêts fondamentaux de la communauté dont ils dépendent (ou simplement à ceux d’un autre sujet). L’ordre juridique ne peut conférer des positions prêtant à sa propre négation. De plus l’ordre juridique composé doit pouvoir l’emporter sur les ordres juridiques composants quand des intérêts importants sont en jeu. Sans cela il cesse d’exister. C’est d’ailleurs une conception de justice que l’intérêt (ou le bien) de la société plus large l’emporte sur l’intérêt (ou le bien) d’une société plus restreinte282.
99Dans le contexte de l’abus de droit cette idée a été exprimée de diverses manières. S. Séfériades a pu dire que les droits que l’on reconnaît aux Etats « n’existent qu’à raison de leur vie en commun »283 ; c’est dire qu’ils doivent être limités par les intérêts généraux de la communauté internationale284. E.C. Stowell établit à son tour le lien entre la doctrine de la relativité des droits et l’abus de droit : « The exercise of every right is subject to the proviso that it be not abusive so as to interfere unduly with the exercise of the rights of others or cause them undue inconvenience or injury. This rule against the abusive use of rights lies at the foundation of every system of law. It may be called the rule of the relativity of rights »285. Il ajoute : « As international law has as object the preservation and prosperity of the society of nations, it follows that all granted rights are subject to the proviso of not being used to the detriment of others »286. Sir Hersch Lauterpacht est particulièrement clair à ce propos : « The essence of the doctrine [de l’abus de droit] is that, as legal rights are conferred by the community, the latter cannot countenance their anti-social use by individuals (…) ; there is such an abuse of rights each time the general interest of the community is injuriously affected as the result of the sacrifice of an important social or individual interest to a less important, though hitherto legally recognized, individual right »287. La liberté individuelle n’est pas absolue ; elle est reconnue au regard du bénéfice qu’on s’en promet pour la société288.
b) La relativité des droits
100L’idée d’une souveraineté absolue et de droits absolus est une conception négatrice du droit, une contradiction dans les termes289. Un droit absolu est inconcevable parce que l’ordre juridique a pour objet de répartir et de délimiter les compétences, facultés, libertés ou droits subjectifs. Cela avait déjà été relevé par Kant qui dans une phrase célèbre estimait que le droit est la somme des conditions propres à faire coexister en une règle générale la liberté de l’un avec la liberté de l’autre290. C’est donc dans une certaine mesure comme conception nécessaire de tout droit que peut s’établir l’interdiction de l’abus de droit.
101Cette règle s’applique plus particulièrement encore aux droits publics qui ne reposent pas sur l’autonomie individuelle mais sont conférés en vue d’un but d’intérêt commun291. L’exposé vigoureux en a été fait par G. Scelle : « Une décision arbitraire, c’est la négation du droit, c’est le caprice. L’utilisation d’une compétence discrétionnaire, c’est l’application d’un pouvoir juridique. Les deux choses sont essentiellement incompatibles (…). [Cette technique de l’abus de droit] s’applique dans tout ordre juridique, parce qu’elle est simplement l’expression d’une technique nécessaire de la règle de droit »292. Ailleurs il écrivait que « la conception d’un droit absolu est une conception anarchique »293 et qu’une « compétence non liée n’est autre chose que l’arbitraire, c’est-à-dire le non-droit »294. L’arbitraire (c’est-à-dire la volonté absolue et incontrôlable) et le droit sont antinomiques et irréductibles l’un à l’autre.
102Ce qui est vrai, c’est que l’interdiction de l’abus ou du détournement de pouvoir « is inherent in the concept of discretionary powers ; for, were it absent, it would mean (…) that discretions which were intended to be limited, de facto became unlimited »295. La Cour internationale a appuyé ce constat dans le contexte du droit administratif international : « Un pouvoir discrétionnaire n’autorise certes pas son titulaire (…) à “user” de ce pouvoir “de façon arbitraire ou capricieuse”… »296. Si le constat vaut pour les pouvoirs discrétionnaires, il vaut a fortiori pour d’autres règles dont les finalités sont dégagées de manière plus contraignante.
c) Le droit comme règle d’ajustement nécessaire
103Une autre façon d’aborder le problème consiste à dire que le droit vise essentiellement à résoudre des conflits sociaux par voie d’une série de règles adaptables aux espèces. L’ordre juridique contient pour l’opérateur des critères en fonction desquels il peut ajuster les intérêts en cause et produire les effets pacifiques vitaux pour l’ordre social. La fonction juridique et plus encore la fonction judiciaire étant des fonctions d’ordre social, l’intérêt supérieur de la communauté et les exigences de la justice ne sauraient être absent tant théoriquement que pratiquement de ces critères d’ajustement. Il découle de ce qui précède que l’exercice fondamentalement antisocial d’un droit ne saurait trouver protection juridique297.
104Tous ces aspects sont complémentaires. Ils postulent une limitation des droits ou des facultés afin de prévenir, en garantissant la supériorité des intérêts généraux fondamentaux, la dégénération de l’ordre juridique international. En ce sens, la doctrine de l’abus de droit paraît dans l’organisme du droit international tenir le rôle régulateur du foie et des reins.
3. Le rapport entre abus de droit et bonne foi
105Les notions de bonne foi et d’abus de droit sont très proches de manière que fréquemment leur champ d’action est confondu. Parfois on utilise la bonne foi pour signifier l’abus de droit298. Souvent on affirme que les deux principes se correspondent, soit en niant l’existence autonome de l’abus de droit299 soit en admettant l’existence de l’un et de l’autre, mais comme principes plus ou moins confondus300.
106Les exemples jurisprudentiels ne manquent pas. L’interdiction de l’abus de droit s’y présente comme exercice « de bonne foi » de droits ou comme utilisation « raisonnable » de facultés qui, pour autant qu’ils se rattachent à des instruments conventionnels, passent sous forme des règles développées à propos de l’interprétation de bonne foi301. Dans l’affaire relative à certains intérêts allemands en Haute-Silésie polonaise (fond, 1926) ayant trait au pouvoir discrétionnaire allemand de disposer de certains biens situés sur un territoire dont le Traité de Versailles prévoyait le transfert à la Pologne, il en a résulté que, selon la Cour, « l’Allemagne a conservé jusqu’au transfert effectif de la souveraineté le droit de disposer de ses biens, et ce n’est qu’un abus de droit ou un manquement au principe de bonne foi qui pourraient donner à un acte d’aliénation le caractère d’une violation du Traité »302. Dans l’affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies (1948) il s’agissait de déterminer de quel type de conditions les Etats devant voter l’admission d’un nouveau membre à l’Organisation pouvaient faire dépendre leur vote. La Cour internationale, dans un passage souvent cité sous le chef de l’abus de droit303, s’est exprimée comme suit : « L’article 4 [de la Charte] n’interdit la prise en considération d’aucun élément de fait qui, raisonnablement et en toute bonne foi, peut être ramené aux conditions de cet article »304. Dans l’affaire relative aux droits des ressortissants des Etats-Unis d’Amérique au Maroc (1952) où il s’agissait de l’évaluation douanière des marchandises par les autorités françaises en vertu de l’article 95 de l’Acte d’Algésiras, la Cour a précisé, à l’extrême fin de son arrêt : « le pouvoir d’évaluer appartient aux autorités douanières, mais elles doivent en user raisonnablement et de bonne foi »305. La pratique des tribunaux arbitraux a apporté sa pierre à cet édifice. L’affaire du Lac Lanoux (1957) touchait au détournement et à l’utilisation des eaux d’un fleuve306. Le Tribunal a élaboré un tissu de droits et de devoirs pour concilier les intérêts respectifs des parties autour de la notion de bonne foi307. La notion d’abus des droits sur le propre territoire est sous-jacente à tous ces développements et le Tribunal invoque la notion sans la nommer308. Les arbitres ont essayé de dégager un schéma de conciliation entre les principes sic utere tuo ut alienum non laedas et neminem laedit qui suo iure utitur. Bonne foi et abus de droit y paraissent inextricablement liés. Dans l’affaire relative au filetage dans le Golfe de Saint Laurent (1985) certains privilèges étaient concédés par une convention franco-canadienne du 27 mars 1972 aux navires de pêche français immatriculés à St. Pierre et Miquelon. Le gouvernement canadien s’était ému de la possibilité de voir « metropolitan trawlers disguised as local or even trawlers manned by foreign crews but registered in St. Pierre might (…) take advantage of any privilege which Canada might be willing to concede but only in favour of authentic Saint-Pierre vessels »309. A cela le Tribunal répondait « que l’immatriculation des chalutiers visés à l’article 4b), faite en conformité avec les dispositions de la législation française, a été considérée par les Parties, ensemble avec le principe de bonne foi (…) comme formant une garantie suffisante contre tout risque d’exercice abusif de ses droits par la Partie française »310.
107Parfois il est précisé, et c’est aussi notre opinion, que l’abus de droit dérive du principe général de bonne foi en ce sens qu’il en constitue l’une des concrétisations311. L’abus de droit est en quelque sorte un grand vassal du principe général de la bonne foi. Le rapport qui relie les deux principes est souvent décrit comme celui entre le versant positif et le versant négatif d’une même médaille312. Dans cette optique, l’abus de droit couvre le flanc négatif en ordonnant l’abstention d’un certain type d’exercice de droits313. Sous l’angle de l’abus de droit on n’établit pas le comportement dû. On se borne à constater une limite reculée qu’il ne doit pas franchir. Au lieu de dire ce que le comportement doit être, on dit ce qu’il ne doit pas être. Cette démarche est illustrée par l’affaire des pêcheries norvégiennes (1951) quand elle touche au tracé de lignes de base en droit de la mer. La liberté que garde l’Etat côtier dans le tracé de lignes droites lorsque les conditions de leur application sont réunies reste largement discrétionnaire. La règle est que la ligne retenue doit suivre la « configuration générale de la côte »314. Ce critère est trop général et trop vague pour fournir une base de sanction des différentes lignes pouvant raisonnablement être sélectionnées. Dès lors, la Cour a entériné la pratique norvégienne à défaut d’apercevoir dans le tracé « un abus manifeste ». A ce propos elle ajoutait : « Dans l’espèce, l’écart entre la ligne de base et les formations terrestres n’est pas tel qu’il défigure la direction générale de la côte norvégienne »315. Comme presque toujours en matière de pouvoirs discrétionnaires, l’accent juridique est placé sur l’aspect négatif (abus manifeste) plus que sur l’aspect positif (tracé ayant des qualités déterminées). Cette limitation de l’abus de droit facilite son maniement, car le déraisonnable manifeste est plus facile à connaître que ce qui, eu égard aux circonstances, est raisonnable. En ce sens la doctrine de l’abus de droit permet à l’ordre juridique international d’étendre son empire à des espaces qui autrement échapperaient à tout contrôle. L’interdiction de l’abus de droit, c’est la dernière balise du droit avant l’anoikouméné.
108Plus rarement l’abus de droit est relié à la notion de confiance légitime qui est au cœur de la bonne foi316. Ainsi, dans le Mémoire Suisse en l’affaire Losinger (1936) il est écrit que l’abus de droit peut être défini par « l’usage d’un droit contrairement aux règles de la bonne foi, c’est-à-dire d’une manière incompatible avec la confiance mutuelle qu’exigent l’exercice des droits et l’exécution des obligations »317. Il n’en demeure pas moins que la protection de la confiance interindividuelle s’efface en la matière, le plus souvent, devant la protection de certains aspects téléologiques inhérents au pouvoir juridique conféré.
4. La place de l’abus de droit en droit international positif
109Il est d’usage d’affirmer que la place de l’abus de droit en droit international est incertaine, que la pratique ne livre guère de certitudes et que la doctrine est divisée au point de ne fournir qu’un spectre aux reflets multiples et aux nuances impalpables318. A force d’être répétées, ces allégations ont fini par impressionner. Ecartant les professions de foi, on s’aperçoit que les controverses ne sont point plus vives que pour d’autres principes ou sujets importants du droit international public. La difficulté de classification de ces positions tient à ce que les études consacrées au sujet ne se comptent plus et qu’avec leur nombre s’accroît leur disparité. L’écrasante majorité de la doctrine admet l’interdiction de l’abus de droit comme norme de droit positif. C’est l’étendue du principe qui varie, parfois son champ d’application. Voici un certain nombre d’auteurs qui admettent qu’il existe en droit international une interdiction des actes abusifs : Politis319, Kiss, Leibholz, Schwarzenberger, Taylor, Van Bogaert, Van der Molen, Trifu, Iluyomade, Paul, Laun, Casanovas y la Rosa320, Gestri, Schindler, Voss, Bondil, Fawcett, Spiropoulos321, B. Cheng, H. Lauterpacht, Siorat, Jovanovic, Salvioli, Guggenheim322, Scelle, Dahm, Benedek, Verhoeven, Ch. De Visscher323, Carreau324, Gounelle, Zoller, Härle, Oppenheim/Jennings/Watts, Rolin, Garcia-Amador, Meng, Reuter325, Stowell326, Menzel327, O’Connell328, Rousseau329, Berber330, Seidl-Hohenveldern331, Virally332, Cançado Trinidade333, Fachiri334, Sibert335, Sauer336, Verdross/Simma337, Jacqué338, Habicht339, Le Fur340, Scheuner341, De Boeck342, Makarov343, Yasseen344, Kaufmann345, François346, Fenwick347, Fitzmaurice348, Brierly349, Friedmann350, Cot351, Cavaré352, Quéneudec353, Schachter354, Emanuelli355, Zemanek356, Seferiades357, Bernhardt358, Hartwig359, Polter360, Green361, Schücking362, Ripert363, Cassese364, Poucantzas365, Kewenig366, Reinhardt367, Jänicke368, Von der Heydte369, Combacau/Sur370, Nguyen Quoc Dinh/Dailler/Pellet371, Van Panhuys372, Mann373, Leanza374, Degan375, Doehring376, McLean377, Nuñez-Müller378, Truyol y Serra379, Delbez380, Gowlland-Debbas381, Hassan382, Kimminich383, Fouilloux384, Wortley385, Caflisch386, Bernad y Alvarez de Eulate387, P. De Visscher388, Goodwin-Gill389, Monaco390, Handl391, Capotorti392, etc. S’y ajoutent les auteurs qui n’admettent que l’interdiction des actes émulatifs, c’est-à-dire caractérisés par une intention subjective de nuire : Schlochauer, Scerni, Ripert, Miaja de la Muela, Randelzhofer, Lessing, Klein, Lammers, Rauschning ; diverses plaidoiries présentées à la Cour vont en même sens393. Il y a aussi d’anciens auteurs qui donnent leur autorité au principe. Suivant Westlake aucun principe n’est mieux établi dans la science juridique que celui du sic utere tuo ut alienum non laedas394. Eduard Creasey, Professeur à l’University College de Londres, écrivait dès 1876 que le principe sic utere tuo s’appliquait au droit des gens et opérait un renversement du fardeau de la preuve. Il rapporte en plus une affaire du Conseil privé du Roi, l’affaire Madras Railway Company, où il a été jugé que ce principe exprimait un principe général de droit des nations civilisées395.
110Un bon nombre de plaidoiries tenues à l’intention de la Cour consacrent la notion d’abus de droit. Parmi elles, il convient de faire référence en particulier aux arguments développés en l’affaire Mavrommatis (1924/5)396, en l’affaire relative à certains intérêts allemands en Haute-Silésie polonaise (1926)397, en l’affaire du Lotus (1927)398, en l’affaire relative à l’interprétation du Statut du territoire de Memel (1932)399, en l’affaire du Prince de Pless (1933)400, en l’affaire Oscar Chinn (1934)401, en l’affaire des phares franco-helléniques (1934)402, en l’affaire Losinger (1936)403ou en l’affaire relative à la Compagnie d’électricité de Sofia et de Bulgarie (1939)404. Devant la Cour actuelle des conclusions fondées sur l’abus de droit ont été présentées en l’affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies (1948)405, en l’affaire du droit d’asile (1950)406, en l’affaire Haya de la Torre (1951)407, en l’affaire de l’Anglo-Iranian Oil Company (1952)408, en l’affaire Ambatielos (1953)409, en l’affaire des effets de jugements du TANU accordant indemnité (1954)410, en l’affaire Nottebohm (1955)411, en l’affaire relative aux jugements du TAOIT sur requêtes contre l’UNESCO (1956)412, en l’affaire relative à certains emprunts norvégiens (1957)413, en l’affaire de l’Interhandel (1959)414, en l’affaire de la composition du Comité de la sécurité maritime de l’OMCI (1960)415, en l’affaire du Sud-Ouest Africain (1966)416, en l’affaire de la Barcelona Traction (1970)417, en l’affaire des Essais nucléaires (1974)418, en l’affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (1984)419, en l’affaire de la demande en réformation du jugement no 333 du TANU (Yakimetz) (1987)420, en l’affaire des actions armées frontalières et transfrontalières (Nicaragua c. Honduras) (1988)421, en l’affaire de l’Elettronica Sicula (ELSI) (1989)422, en l’affaire relative à la sentence arbitrale du 31 juillet 1989 (Guinée-Bissau c. Sénégal) (1991)423, en l’affaire de certaines terres à phosphates à Nauru (Nauru c. Australie) (Exceptions préliminaires) (1992)424, en l’affaire relative à l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c. Yougoslavie (Serbie et Monténégro) (Mesures conservatoires)) (1993)425, puis au cours de la même affaire au stade des Exceptions préliminaires (1996)426, en l’affaire de l’incident aérien du 10 août 1999 (Pakistan c. Inde) (2000)426a et sans doute dans d’autres affaires qui auraient pu être mentionnées si l’index alphabétique en matière de mémoires et de plaidoiries n’avait pas été aboli dès le début des années 1960.
111Les opinions individuelles et dissidentes des juges de la Cour font souvent place à l’interdiction de l’abus de droit. Les opinions favorables au principe sont celles des juges Alvarez427, Ecer428, Krylov429, Azevedo430, Tanaka431, Forster432, Ammoun433, Gros434, Read435, Wellington Koo436, Spiropoulos437, De Castro438 ; pour la Cour permanente on peut éventuellement ajouter les juges Huber et Anzilotti439. En sens inverse on peut citer le même juge Anzilotti qui doutait de l’applicabilité du principe dans le contexte limité de l’établissement de la compétence de la Cour440.
112Les sceptiques peuvent être classés en cinq catégories.
113(1) Quelques auteurs, au fond favorables à l’abus de droit, pensent que n’étant pas encore une règle positive du droit international, il est sur le point de le devenir. L’abus de droit serait en quelque sorte une goutte suspendue à l’extrême rebord d’une feuille, prête à se détacher et à rejoindre la terre ferme du droit commun441.
114(2) Il est ceux qui cloutent de l’applicabilité de l’abus de droit en droit international. Mais par cela même ils réservent leur position et ne le condamnent pas définitivement442.
115(3) Il est d’autres pour qui le principe demeure une « policy abstraction » ayant un rôle tantôt législatif (genèse de nouvelles règles) tantôt équitable (assouplissement de règles existantes). En tout cas, il n’est pas une règle de droit positif443.
116(4) Il est encore d’autres qui récusent l’abus de droit en droit international mais semblent prêts à l’admettre dans des cas tout à fait exceptionnels444.
117(5) Enfin, dans cette nébuleuse d’hostilité à l’abus de droit se détachent les auteurs dont la négation est totale et irréductible : Ago445, Sereni446, Quadri447, Cavaglieri448, Dupuis449, Wengler450, Roulet451, Lester452 et surtout, extrême parmi les extrêmes, Neuhaus453. Balladore Pallieri ne peut pas être ajouté à cette liste454.
118L’éternel constat du caractère très controversé de l’abus de droit en droit international relève par conséquent peut-être d’un mythe. Paradoxalement, si l’on met les choses en proportion, probablement la notion de souveraineté, cette pierre angulaire du droit international455, est plus contestée que le principe de l’abus de droit456.
5. Les objections soulevées contre l’abus de droit en droit international
119Les objections soulevées contre l’abus de droit en droit international se ramènent à huit arguments principaux.
a) L’argument de la logomachie
120La première objection semble à première vue relever de la terminologie. Elle est cependant étroitement liée à un redoutable problème de fond. Il est utile de prendre le temps de la considérer de près.
121L’abus de droit, dit-on, n’est qu’un abus de mot et pire encore, une impossibilité logique. Comment ce qui est un « droit », c’est-à-dire une position que le système juridique reconnaît, peut-il en même temps relever de l’abus, c’est-à-dire ne plus être protégé ? Comment un droit pourrait-il être à la fois licite (« droit ») et illicite (« abus de droit ») ? En réalité il ne pourrait y avoir abus de droit au sens strict parce que, suivant la formule saisissante de Planiol, le droit cesse où l’abus commence457. L’opérateur qui prétendument abuse de son droit agit hors des limites de ce droit tel que correctement interprété. Si l’opérateur agit en dehors du droit, il lui est impossible d’en abuser pour la simple raison qu’un tel droit n’existe pas. Seara Vazquez exprime cette idée avec concision : « The theory of the abuse of rights seems absurd to us, because as soon as there is an abuse, the right no longer exists »458. Cet argument est parfois tempéré pour servir non à la négation, mais à la restriction de la portée du principe459.
122L’argument de la logomachie a été fréquemment critiqué460. Si, pour paraphraser une formule ironique, l’argument paraît trop logique pour être juridiquement convaincant, il rappelle toutefois que le recours à l’abus de droit doit être subsidiaire461. Quand un droit est suffisamment circonscrit, il est possible que l’on puisse par voie d’interprétation écarter certains comportements comme étant situées en dehors des facultés par lui concédées. Cela dépend aussi de la formulation d’un droit. Plus un droit est formulé en termes rigides ou absolus et plus l’abus de droit pourra paraître nécessaire pour en circonscrire les justes limites. Plus un droit est au contraire formulé en termes flexibles, s’attachant dans son texte même aux critères du raisonnable, et davantage une action déterminée pourra paraître incompatible avec le droit concédé462. Mais cette explication n’est pas encore entièrement satisfaisante. Les deux termes du dilemme ne paraissent pas aussi distincts que la formule le suggère, car si dans un premier cas la norme formulée de manière trop rigide est corrigée par un principe général extérieur (l’abus de droit), dans l’autre cas ce même principe général se convertit en petite monnaie et pénètre la règle elle-même (« mesures raisonnables », etc.). Dès lors, il se peut bien que l’un et l’autre cas relèvent de l’application de l’abus de droit, une fois de manière générale, l’autre fois de manière spéciale.
123Dans un passage empreint d’une lucidité saisissante, G. Salvioli463 pose le problème dans les termes suivants :
« Lorsqu’une règle de droit concède un droit subjectif, elle protège un intérêt déterminé (…). Or, si le sujet déploie une activité poursuivant un but différent, on peut à la rigueur dire qu’il ne s’agit plus là de l’exercice de l’activité que la règle visait »464.
124En serrant davantage la question, Salvioli conclut qu’aucune différence de fond n’existe dans la majorité des cas entre les tenants d’une théorie générale de l’abus de droit et les tenants d’une interprétation spécifique des règles déterminées :
« Ceux qui sont partisans de l’interdiction de l’abus des droits subjectifs internationaux argumentent de la manière suivante par rapport à des cas concrets ; il n’est pas licite d’exercer de façon abusive le droit subjectif x ; donc ils admettent l’existence d’un type abstrait de droit subjectif x, mais ils affirment l’illicéité de son abus. Or les adversaires de l’interdiction de l’abus peuvent arriver aux mêmes conclusions (…). En effet, si, par rapport à un cas concret ils nient l’existence d’un droit subjectif donné (…), non – ainsi que déclarent les autres – à raison de l’abus qui en est fait par le titulaire, mais simplement parce qu’un tel droit subjectif n’existe pas, on s’aperçoit aisément que les deux écoles ne divergent pas dans leurs conclusions »465.
125Arrivé à ce point, l’auteur s’interroge s’il existe des droits subjectifs illimités ou absolus. Dans la mesure où il faudrait admettre leur existence les thèses des deux écoles pourraient diverger, car les tenants de la théorie de l’abus de droit les soumettraient à son empire, alors que les tenants de la théorie de l’interprétation en reconnaîtraient l’exercice illimité. Or un droit illimité est une contradiction dans les termes. Il est impossible de renoncer à déterminer les limites d’un droit :
« On a dit que, lorsque le droit international concède un droit subjectif, en principe il n’impose pas de limitations au titulaire pour l’exercice du droit subjectif concédé ; mais on tourne alors dans un cercle vicieux, parce qu’il s’agit précisément de déterminer quel est le droit subjectif que la règle a concédé, et que tout droit subjectif implique nécessairement une détermination des facultés d’agir du titulaire, donc une limitation »466.
126Dès lors on touche au fond du problème. Les limites effectives d’un droit seront déterminées dans les deux cas eu égard au critère de l’abus de droit467. Selon les pourfendeurs de l’argument logomachique, l’opérateur agit en de tels cas en dehors du droit subjectif, tel que correctement interprété. Or, cette interprétation ne se fait pas in vacuo. C’est au critère de l’abus qu’elle aura recours pour déterminer les limites précises du droit subjectif. L’unique différence est donc que pour les « généralistes » l’abus de droit constitue un principe général de droit, indépendant d’une règle déterminée, tandis que pour les « spécialistes » l’abus de droit constitue une règle d’interprétation applicable aux divers droits subjectifs468. Une différence réduite n’existera que dans la mesure où les « spécialistes » entendraient limiter l’opération de ces critères aux normes formulées en termes flexibles. Mais la précision terminologique est de toute manière affaire toujours graduelle.
127Ajoutons encore que l’appréciation de l’action « hors du droit subjectif » n’équivaut pas automatiquement à la situation juridique issue de l’application de la doctrine de l’abus de droit. En effet, agir hors de son droit ne signifie pas automatiquement agir contre le droit. Il peut y avoir des lacunes. Pour déterminer si une conduite est licite ou non il faudra alors recourir à des considérations praeter legem. Celles-ci supposent un critère extrinsèque. Et il est fort probable que pour conclure à l’illicite on ait besoin de recourir à la doctrine de l’abus de droit qu’on croyait avoir contournée. Il ne faut pas oublier que quels que soient les mérites de la terminologie, la doctrine de l’abus de droit adresse une question de fond, celle de l’exercice antisocial des droits.
b) Le caractère individualiste de la société internationale
128Une deuxième objection s’appuie sur le caractère individualiste du droit international469 ou sur sa structure coordinative, dépourvue d’un pouvoir supraétatique régulier470. Cette manière de voir a été développée avec force et talent particuliers par Mario Scerni. Positiviste, il estime que le droit international découle des volontés étatiques et qu’il n’existe que dans cette mesure. Aussi la liberté précède le droit. La présomption doit être en faveur de la liberté. Cet individualisme de la société internationale, faisant que le droit international réglemente des sphères de liberté souveraine plus que d’être un tissu de droits et devoirs sociaux, exclut l’existence positive de l’abus de droit. Dans la société primitive des Etats, les libertés ne peuvent être contrôlées sous l’angle des finalités ou des intérêts de la communauté, encore trop rudimentaire. De plus, sur le plan des faits, les Etats n’auraient jamais accepté la limitation de leur liberté par la notion d’abus de droit471. Et M. Scerni de conclure : « [L’abus de droit] è certamente inaccettabile per l’organizzazione giuridica della vita internazionale tuttora informata al principio individualistico di libertà e di indipendenza »472. Suivant la formule plus récente de Henkin : « In the international system there is little Gesellschaft, and surely no Gemeinschaft »473. Derrière le paravent de l’abus de droit, c’est au fond au droit lui-même qu’une telle société reste réfractaire.
129L’argument de l’individualisme est utile pour mesurer la portée que l’interdiction de l’abus de droit peut avoir dans une société donnée. Comme instrument de négation, il ne résiste guère si on le serre de plus près. Il est profondément équivoque.
130En premier lieu, une société exclusivement individualiste ne peut pas exister : ce ne serait pas une société mais simplement l’anarchie. Puisque la question doit être posée en termes graduels, aucun empêchement a priori ne saurait s’opposer à l’abus de droit auquel il faut réserver le bénéfice d’inventaire. On ne saurait, sous peine de pétition de principe, tirer des conclusions quant à la possibilité d’existence de normes positives à partir de postulats structurels du droit international. Ceux-ci ne se justifient pas a priori, mais en tant que reflet du corpus normatif à un instant donné. Pur reflet de l’état du droit positif, ils ne peuvent s’ériger en critère de sa composition et de son étendue, ni s’opposer à son évolution. Par conséquent, on ne peut pas dresser contre l’évolution du droit – dont le constat se porte en analysant son état effectif – le spectre d’une abstraction : celle de l’individualisme.
131Mais il y a plus. C’est, en deuxième lieu, que l’argument repose sur une équivoque. Il oublie que le rapport juridique est un rapport bilatéral ou social. Comme le dit Salvioli : « Si le rapport international est lui aussi un rapport entre deux sujets, son caractère est nécessairement de nature sociale »474. Dès lors, admettre la liberté ou, ce qui fait encore moins de sens, « l’individualisme », en relation à l’un des sujets du rapport en cause, c’est ipso facto enfreindre l’égale liberté ou l’individualisme pat-rapport à l’autre sujet. Suivant la formule très exacte de Salvioli :
« On parle de caractère individualiste, mais le rapport international est un rapport entre deux sujets : auquel de ces deux sujets faut-il alors assigner la prépondérance quant à ce caractère individualiste ? Pourquoi devrait-on affirmer le principe individualiste seulement en faveur d’une de ces Parties, le titulaire du droit ?475
132Toute société connaît des conflits d’intérêts et des différends juridiques entre ses membres. Dans la mesure où les conflits d’intérêt affectent l’intérêt général leur règlement est à la fois l’objet et l’objectif du droit. Cet ajustement doit être possible aussi dans des cas où les intérêts qui s’opposent sont abstraitement légitimes l’un et l’autre ; car ce n’est guère que dans les cas d’école que s’affrontent les extrêmes d’une illégitimité complète et d’une légitimité absolue. Il faut au droit des critères d’ajustement. Un critère nécessaire est la considération des conséquences sociales (interindividuelles et globales) d’un comportement. C’est ici qu’ont leur place certains contenus de la théorie de l’abus de droit476. Sa fonction ne varie qu’en étendue, non dans son existence qui est nécessaire en tant qu’il y a société. Le droit ne peut être l’amplification d’une unilatéralité ; c’est nécessairement une mesure d’ajustement de conflits qu’il doit considérer dans leur bi- ou multilatéralité ; le droit est toujours tourné vers l’autre (altérité ; ius est ad alterum). Renvoyer à l’individualisme, c’est au mieux laisser ces problèmes cruciaux sans solution possible477, au pire donner le primat à la force.
133Plusieurs auteurs ont même estimé que la fonction régulative de l’abus de droit est d’autant plus importante en droit international que des mécanismes d’ajustement institutionnels lui font défaut478. Härle a relevé que la théorie joue un rôle prophylactique utile dans la mesure où il peut inciter à la modération dans la revendication et l’exercice de droits479. Un tel rôle lui paraît particulièrement recommandable en droit international. C’est dire l’ambiguïté des arguments structurels.
c) L’éclatement idéologique de la société internationale
134Une troisième objection s’appuie sur celle que nous venons d’analyser. Evoquée par Wengler480, elle a été poussée jusqu’au paroxysme par Neuhaus481. L’abus de droit supposerait un jugement de valeur aux fins d’ajustements équitables482. La société internationale serait traversée d’un tel relativisme culturel, politique et idéologique que tout critère commun pour entreprendre ce jugement de valeur ferait défaut. L’abus de droit ne pourrait s’imposer que dans une société imprégnée de l’homogénéité des valeurs, c’est-à-dire dans des sociétés étatiques.
135Cette objection rappelle les limites que rencontre le droit dans une société internationale pluraliste et inorganique. Pour le surplus, il suffit de rappeler, outre ce qui a déjà été dit, que tout droit repose sur des valeurs communes dont il est l’expression. L’étendue de ces valeurs communes est variable de société en société, mais celles-ci ne sont jamais absentes. Si l’on suivait l’objection présentée, aucun principe général de droit, aucun standard ne pourrait exister en droit international483. Mais aucun système juridique ne peut fonctionner sans ces normes souples. La propension du droit international de recourir à des normes vagues est d’ailleurs assez remarquable. Il suffit de rappeler le rôle très étendu qu’y joue dans de très nombreux domaines l’équité. Celle-ci requiert un jugement de valeur bien plus important que la théorie de l’abus de droit. De plus, l’application d’une règle juridique quelconque comporte nécessairement une fraction de jugement de valeur.
136Cette objection exagère aussi les différences entre le droit international (société internationale) et le droit interne (société étatique)484. La société interne présente un éventail de valeurs et de divergences idéologiques au moins aussi accusé que la société internationale. De surcroît, il ne faut pas oublier que la vie des relations internationales est, qu’on le veuille ou non, articulée par une élite de personnalités et de diplomates ayant reçu une éducation souvent similaire (sinon identique), parlant un même langage et développant un sentiment de solidarité au fil de leurs multiples rencontres.
d) Le caractère a-final des normes juridiques internationales
137Une quatrième objection soutient que les normes du droit international diffèrent de celles du droit interne sur un point essentiel. Les dispositions internes, notamment celles du droit public, sont édictées en vue d’un but précis servi par une fonction publique préposée à sa réalisation. Au contraire, les normes du droit international n’agenceraient que des libertés sans prescrire leur exercice en vue d’un but déterminé. Pour cela il manquerait une communauté suffisamment intégrée. Dès lors, les normes internationales n’ont pas de but déterminé, elles sont « a-causales » ou « a-finales »485. Souvent les défenseurs de tels droits « a-finaux » admettent que c’est une question d’espèce. Ils admettent par exemple que dans le cadre de rapports spécifiques (rapports conventionnels ; organisations internationales) les droits, fonctions ou compétences peuvent être empreints de finalités précises486. Mais ils nient qu’il en soit ainsi en droit international général.
138Une telle façon de voir se situe dans le prolongement des objections sur l’individualisme et sur l’absence de valeurs communes dont serait caractérisée la société internationale. A ce propos il suffira de renvoyer aux développements précédents. Il est cependant deux aspects qui méritent une réponse spécifique. En premier lieu, le berceau de la théorie de l’abus de droit n’est pas le droit public mais le droit privé avec ses droits subjectifs. Ceux-ci reposent sur l’autonomie privée sans que cela n’ait jamais été considéré un obstacle à l’application de l’abus de droit. En second lieu, l’activité humaine en général et le droit en particulier sont des phénomènes finaux. On crée des normes sous l’influence d’un contexte socio-politique pour répondre à des besoins particuliers. Une norme « a-finale » est au fond une contradiction, car, n’ayant pas de sens, elle serait un jeu de l’esprit. Pour s’en convaincre, il suffît de penser aux fonctions que l’on attribue à l’interprétation des normes. L’un des moyens les plus essentiels de l’interprétation est l’interprétation téléologique, c’est-à-dire l’interprétation faite à la lumière de l’objet et du but d’une disposition, qu’elle soit écrite ou non487. C’est admettre l’aspect final inhérent à toute norme. Jamais n’a-t-on songé à limiter ou à éliminer la méthode téléologique d’interprétation en droit international, motif pris de l’a-téléologie de ses droits ou facultés.
e) L’absence de fonction judiciaire régulière en droit international
139Une cinquième objection s’appuie sur l’absence d’une fonction judiciaire régulière en droit international. L’abus de droit serait un instrument propre essentiellement au juge. Le principe ne saurait par conséquent trouver de place en droit international où la fonction judiciaire est précaire, voire absente488.
140La question est graduelle, puisque le juge n’est pas absent des rapports internationaux bien que le recours au règlement juridictionnel ne soit pas institutionnalisé. L’objection ne saurait cependant accréditer l’inexistence de l’abus de droit. Ce principe général, comme la bonne foi, est fort dans les mains du juge, mais il ne dépend pas de lui. Il le précède en tant que technique juridique nécessaire. La raison de son existence tient au besoin social incontournable d’ajustement de conflits ayant leur fondement dans l’exercice de droits subjectifs ou de compétences.
f) L’insécurité juridique due au caractère vague du principe
141Une sixième objection s’en prend au caractère vague du principe de l’abus de droit qui serait facteur d’insécurité juridique489. Du même chef il aboutirait au totalitarisme et à l’arbitraire du juge490.
142Tel est toutefois le vice et la vertu de tous les principes généraux de droit et de tous les standards. Aucun ordre juridique ne peut être composé que de normes spécifiques, rigides, mécanistes et précises. Tous doivent se compléter de normes générales, flexibles491, équitables et vagues492. La réalité totale d’un système opératif est fait de plusieurs couches de fonctions qui se complètent et sont toutes indispensables à sa survie.
143De plus, la sécurité juridique n’est pas l’unique valeur poursuivie par le droit493. D’ailleurs, la notion d’insécurité est elle-même une notion incertaine et variable, car elle dépend d’une série de facteurs objectifs. L’ampleur de l’insécurité juridique dépend de la définition et de la portée plus ou moins vastes qu’on attribue à l’abus de droit ainsi que de la distribution du pouvoir et de l’intégration d’une société à un moment donné. La société internationale est composée de multiples sociétés particulières, par exemple des sociétés conventionnelles ou des organisations internationales. L’effet de l’abus de droit en rapport à la sécurité juridique diffère de l’une des sociétés à l’autre. Il est cependant certain que les définitions larges de l’abus de droit donnent au juge une latitude d’appréciation considérable et opèrent de ce fait, comme c’est le cas pour d’autres principes généraux, un transfert d’attributions matériellement législatives494.
144Puisque l’application du droit comporte nécessairement des aspects de création juridique, l’attribution de pouvoirs plus larges, susceptibles de concrétisation jurisprudentielle, ne saurait pour le moins dérouter495. Que l’on pense à la jurisprudence inscrite sous la bannière de l’équité. Le fond du problème réside plutôt dans la prudence, la pondération et la retenue dont le juge doit faire preuve dans l’application de tels concepts496. La restrictivité dans l’application du principe et son existence sont toutefois sur des plans différents. Dans ce contexte aussi vaut l’ancien adage que la possibilité d’applications contestables ne saurait condamner l’existence d’un principe : ab abusu ad usum non valet consequentia. Autrement, aucun principe de droit ne pourrait se maintenir.
g) L’inutilité de l’abus de droit dans un ordre juridique composé de règles vagues et flexibles
145Une septième objection postule l’inutilité de la théorie de l’abus de droit dans un ordre juridique avant tout coutumier. Le droit international serait composé très largement de normes indéterminées et de principes suffisamment flexibles pour être interprétées de manière équitable sans avoir besoin de recourir à la notion d’abus de droit497.
146Cet argument n’est pas décisif. En premier lieu, l’abus de droit restera même dans ces cas un élément d’interprétation déterminant, car dans tout ordre juridique, quel que soit son caractère, il y a possibilité d’abus, d’arbitraire et de déraisonnable. S’y ajoute que l’objection présentée peut aisément être retournée. H. Lauterpacht estime qu’il serait éventuellement plus facile d’imaginer un rôle plus restreint de l’abus de droit dans les ordres juridiques internes à raison de leur développement caractérisé par l’existence d’innombrables règles spécifiques498.
147Mais il y a plus. Un grand nombre d’auteurs relient la notion d’abus de droit au domaine des droits discrétionnaires. Ainsi Taylor écrit : « Any rule against abuse of rights is based upon, and cannot exist apart from the existence of discretion in some person »499. Dans un document de la FAO on peut lire : « The doctrine [of abuse of rights] is more likely to find grounds for application where a right is broadly defined, and no express limitations are established to its exercise »500. Cet aspect a aussi été mis en relief dans diverses plaidoiries de la Cour internationale de Justice501. L’opinion inverse a très rarement été soutenue. J. Verhoeven estime cependant, non sans pertinence, que la doctrine de l’abus de droit sied mieux aux compétences réglementées où les finalités peuvent être définies avec plus de certitude502. L’une et l’autre de ces manières de voir semblent trop absolues. Aucune norme n’est déterminative telle que peut l’être une loi de la nature. Toute norme contient à un degré variable des éléments de contrainte et des éléments de discrétion, une zone centrale, bien définie, et une zone périphérique, plus floue. Comme le dit G. Scelle une compétence peut être plus ou moins discrétionnaire ou liée, mais jamais complètement discrétionnaire (ce serait l’arbitraire), ni complètement liée (ce serait un automatisme)503. Dès lors l’abus de droit est appelé à régir tous les droits subjectifs ou facultés quelconques. Il est une technique inhérente an droit subjectif ou à la compétence, non à la discrétion ou à la limitation de celle-ci.
h) L’abus de droit ne peut pas être considéré comme un principe général tiré des ordres juridiques internes faute de concordance de ceux-ci
148Une huitième et dernière objection est de portée empirique. Elle se borne à relever que l’abus de droit ne peut pas être considéré comme un principe de droit reconnu par les nations civilisées à défaut d’uniformité suffisante dans les ordres juridiques internes504. Il se pourrait alors que l’abus de droit doive être considéré comme un principe général du droit international, indépendant des ordres juridiques internes. Kiss l’a soutenu505. Pour répondre à cette éventualité, les négateurs avancent l’absence de pratique internationale pouvant conforter l’abus de droit en tant que principe autonome de droit international506.
149Cette argumentation est inexacte : la pratique internationale est au contraire riche507.
150Les différentes objections à la théorie de l’abus de droit ont été discutées dans le détail parce que récemment encore des auteurs ayant écrit sur elle maintiennent à son propos soit l’hostilité soit l’incertitude. Au terme de cette entreprise il faut conclure qu’aucune des réfutations ne mérite d’être retenue.
6. L’abus de droit relève-t-il du droit international général ou seulement du droit international particulier
151Il a été soutenu que l’abus de droit n’aurait de place que dans des rapports spéciaux où les solidarités et finalités se trouvent beaucoup plus étroitement circonscrites que dans les rapports interétatiques généraux. De telles relations à intensité accrue existeraient dans l’organisation internationale508 ou dans les liens conventionnels509. On a conclu qu’en dehors de tels rapports spéciaux la place et la portée de l’abus de droit demeurent incertaines510.
152Il n’est point douteux que la force du principe de l’abus de droit varie en proportion directe à la spécialité des finalités inhérentes à un régime normatif. Il sera renforcé dans des rapports où prédominent les buts communs, précisés par les textes, et où se font sentir des besoins accrus de confiance. A ce niveau, l’abus de droit aura tendance à s’approcher de la bonne foi jusqu’à entrer dans sa sphère la plus intime : il s’identifie alors à l’interprétation de bonne foi. Les affaires des Conditions d’admission, des ressortissants des Etats-Unis ou du Filetage dans le Golfe de St-Laurent précitées en témoignent511.
153Mais ces finalités spéciales ne doivent pas faire conclure à l’absence de finalités sur le plan des normes du droit international général. Il a déjà été dit qu’une norme « a-finale » est une contradiction dans les termes512. En réalité les finalités se diluent en allant du spécial vers le général en une gamme des moins tranchées. La pratique internationale confirme l’inanité d’une distinction rigide entre droit international particulier et général à propos de l’abus de droit. Le principe a été fréquemment appliqué en droit international général, par exemple en matière de l’octroi ou du retrait de la nationalité, de l’expropriation de biens étrangers, de l’expulsion, etc.
154Il faut tenir compte aussi des évolutions du droit international. A. Bleckmann s’est posé l’éternelle question touchant à la primauté de la liberté étatique ou des compétences reçues de la communauté juridique. Il conclut qu’une réponse générale est de peu d’utilité : la réponse doit varier selon les nombreux domaines du droit international qui reposent sur des degrés d’intégration sociale différents. Cependant, la tendance générale est une évolution de la liberté originaire (individualisme) vers un tissu croissant de compétences limitées (interdépendance)513. Le corollaire de telles évolutions est le renforcement de l’aspect finaliste du droit international général.
7. La définition de l’abus de droit
155L’un des problèmes les plus ardus est celui de la définition de l’abus de droit. On a souvent approché ce problème avec un apriorisme : celui de trouver dans les développements de la théorie ainsi que dans les dédales de la pratique un objet précis et unique de l’abus de droit. Cela n’a pas été possible. On a alors déclaré qu’il n’y a guère de pratique sur l’abus de droit parce que les affaires où il aurait pu jouer un rôle ne le mentionnaient pas eo nomine. En même temps on a constaté que l’abus de droit est souvent présenté sous la forme de concepts variés, par exemple l’interdiction de l’arbitraire, le détournement de pouvoir, l’abus de pouvoir ou de discrétion, les actes émulatifs, les actes ultra vires, le principe sic utere tuo ut alienum non laedas dans l’ajustement de compétences, les actes de mauvaise foi, les actes déraisonnables, etc. Déroutés par un spectre aussi multiple, par une ligne aussi brisée, nombre d’auteurs ont cru la notion insaisissable514. Dès lors, ils ont recouru à une logique par soustraction. Chacune des notions particulières a été perçue comme parfaitement autonome. Commençant à soustraire de la notion générale de l’abus de droit toutes les notions particulières raison prise de leur autonomie, on a fini par rendre l’abus de droit une notion fantôme dont il est difficile d’apercevoir encore un contenu effectif515. Cette attitude a été encouragée par des travaux qui ont attribué à l’abus de droit une portée très vaste et parfois probablement excessive516.
156Il n’en demeure pas moins que la démarche de la soustraction empêche tout accès au fond du problème. L’abus de droit est un principe général de droit. Les principes généraux n’ont pas, à leur niveau d’abstraction, un contenu très précis ; ils sont porteurs surtout d’une idée ou d’une valeur juridiques. Afin de rendre celles-ci opérationnelles ils se décomposent en règles plus spécifiques. Ces règles spécifiques ont certes une certaine autonomie ; mais elles portent le code génétique du principe général qui continue à les régir ; elles s’inscrivent dans une finalité juridique plus large dont elles sont les messagers. Pour circonscrire la notion de l’abus de droit il faut analyser la pratique et la théorie afin de voir quels aspects ont en fait été considérés comme expression de l’idée juridique générale. Par conséquent, il faut additionner, non soustraire517.
157En droit interne, avec l’évolution et la capillarisation progressive des ordres juridiques, la notion de l’abus de droit s’est circonscrite à certaines acceptions déterminées. Elle a libéré de son orbite d’autres concepts tels que l’arbitraire ou l’abus de pouvoir. Chacun de ces concepts s’est armé de ses conditions d’application propres, élisant domicile parfois dans certains domaines spécifiques de l’ordre juridique. Rien de tel en droit international. L’abus de droit y a gardé toute la richesse protéiforme d’un principe de droit composite, couvrant nombre d’aspects assez différents entre eux. C’est un exemple de plus de la moindre évolution technique du droit international par rapport aux ordres juridiques internes.
(1) Les quatre acceptions de l’abus de droit en droit international
158Il apparaît que le dénominateur commun des diverses facettes de l’abus de droit tient à quatre aspects. Ceux-ci constituent à proprement parler le corps de l’abus de droit en droit international512.
a) Intention de nuire
159Quelques auteurs accordent une importance déterminante à l’intention de nuire à autrui. Le droit international interdirait les actes dits émulatifs513. Certaines conventions consacrent expressément la prohibition d’actes émulatifs. Ainsi, les articles 4 et 20 du Statut sur les échanges internationaux par chemin de fer (Statut de Genève de 1923) portent interdiction, en matière de trafic (art. 4) ou de tarifs (art. 20), de toute mesure de « discrimination qui aurait un caractère de malveillance… »514. L’interdiction des actes émulatifs ou malicieux a été consacrée aussi dans la jurisprudence. Dans l’affaire des phoques à fourrure de la mer Behring (1892) l’agent anglais, Sir Charles Russell, admettait en réponse à une question du Président du Tribunal arbitral, que l’exercice malicieux d’un droit fonderait une réclamation515. Tel est, en quelque sorte, le degré minimum de la doctrine de l’abus de droit. Au-delà de ce cercle le plus réduit d’autres ont été placés. Se limiter aux actes émulatifs équivaut pratiquement à éliminer le principe de l’abus de droit des affaires internationales516.
b) Détournement de pouvoir
160Une autre conception relie l’abus de droit au détournement de pouvoir. C’est aujourd’hui la conception dominante517. L’abus de droit est alors une norme servant à sanctionner la téléologie d’autres normes. Il préserve le but au regard duquel ces normes ont été créées contre les détournements qui le menacent. Le détournement de pouvoir a été défini comme « illégalité consistant, pour une autorité administrative, à utiliser ses pouvoirs dans un but autre que celui que lui permet de poursuivre la compétence qu’elle exerce »518. L’aspect du détournement s’est fréquemment posé en matière d’expulsion, d’expropriation, d’octroi de pavillons, etc. Dans les plaidoiries de l’affaire de l’Anglo-Iranian Oil Company (1952) le mémoire du Royaume-Uni s’était élevé contre une nationalisation, raison prise du motif de celle-ci : elle n’aurait pas visé à conférer des bénéfices à l’économie iranienne, mais uniquement à détruire une entreprise étrangère mal tolérée519. Dans l’affaire Tacna Arica (1925) l’arbitre a reconnu que l’appel de conscrits péruviens sous les drapeaux chiliens n’avait eu autre but que de les empêcher de voter lors du plébiscite qui devait déterminer le sort du territoire520. Dans l’affaire Fletcher Smith (1929) une expropriation a été condamnée par l’arbitre parce qu’elle n’avait pour objet que la satisfaction d’intérêts d’investisseurs privés et non l’intérêt public521. Dans l’affaire Lalanne Ledour (1902), le chef de la douane du port de Ciudad Bolivar avait refusé l’embarquement de bovins que Ledour expédiait en Guyane française. Il lut établi que cette décision avait été motivée par une intervention du Président de l’Etat de Guyane qui avait d’importants intérêts dans une entreprise concurrente. Les arbitres conclurent à l’abus de pouvoir (abuse of authority)522. Les exemples pourraient être multipliés523.
c) Disproportion manifeste des intérêts (balancing of interests)
161Un troisième cercle de l’abus de droit vise à l’ajustement de droits liés à la souveraineté par un processus de mise en balance des intérêts respectifs524. Le droit admet qu’au-delà d’un seuil donné l’intérêt du tiers ou l’intérêt social n’ont plus à se plier devant l’intérêt individuel. L’ordre juridique y recherche un équilibre entre des exercices en soi légitimes de droits dont le conflit est dû aux données objectives de la géographie et de la vie en commun ; il cherche à trouver un point de stabilité entre les principes concurrents de neminem laedit qui suo iure utitur et sic utere tuo ut alienum non laedas. C’est le domaine du voisinage, de l’utilisation dommageable du territoire, de la pollution, de l’utilisation des fleuves ou des lacs communs, de l’utilisation d’espaces communs tels que la haute mer ou l’espace extra-atmosphérique, etc.
162L’interdiction de l’abus de droit est un critère très général pour l’ajustement des intérêts tant que des réglementations plus spécifiques, normalement conventionnelles, n’ont pas été mises en place525. Tant qu’un régime spécifique n’a pas été développé, l’abus de droit opère comme suit : « There is such an abuse of right each time the general interest of the community is injuriously affected as the result of the sacrifice of an important social or individual interest to a less important, though hitherto legally recognised individual right »526.
163Il existe dans les Etats fédéraux une riche jurisprudence d’ajustements de voisinage entre Etats fédérés, développée par les tribunaux suprêmes sur la base de principes tirés du droit international public527. Sur le plan international, dans les affaires du détroit de Corfou (1949)528 et de la fonderie du Trail (1941)529, l’obligation d’un Etat de ne pas utiliser ou laisser utiliser son territoire aux fins d’actes contraires aux droits d’autres Etats a été canonisée, fournissant la base à la recherche d’un équilibre des intérêts. L’affaire du Lac Lanoux (1957) s’inspire de cette démarche530. D’autres fois le principe est appliqué aux conflits de compétences territoriales et extraterritoriales. Ainsi, dans l’affaire Philip Morris les autorités allemandes ont envisagé puis rejeté l’application du principe d’abus de droit dans le contexte d’une législation anti-trust à effets extraterritoriaux531. Le rejet s’expliquait par l’absence d’une disproportion manifeste entre les intérêts législatifs et ceux de l’investissement privé532.
164La question du damnum sine iniuria (ou sic utere tuo…) constitue aujourd’hui une branche entière du droit de la responsabilité internationale533. Elle montre comment, selon l’observation de Politis534, le principe de l’abus de droit permet aux règles de droit de se manifester et de se développer ; elle montre son rôle dynamique535. Il n’est guère d’exemple plus saisissant que les projets de la CDI à propos de la responsabilité pour activités licites. L’abus de droit a été la tête de pont, préparant et servant à l’élaboration de tout un complexe normatif des plus détaillés.
d) L’arbitraire, le déraisonnable, la fraude (Rechtsumgehung)
165Dans un dernier cercle, l’abus de droit comprend l’arbitraire, c’est-à-dire les actes manifestement injustifiés au regard des faits536, l’exercice « objectivement et manifestement choquant d’un droit »537, les actes « violant la conscience juridique »538, les actes en fraude à la loi ou au droit539, certains exercices discriminatoires de droits540 ou leur exercice déraisonnable541. Suivant la formule de F.A. Mann dans l’affaire de la Barcelona Traction (1970), il est inutile d’investir de grands efforts à une distinction rigoureuse de ces concepts : « I am not going to weary the Court with the somewhat unprofitable problem of drawing the line between abuse, arbitrariness and discrimination. These terms are often used interchangeably and all of them indicate the same idea, the same principle… »542. L’abus de droit approche ici le plus d’une fonction-standard.
(2) L’élément du dommage
166La doctrine affirme que pour être constitutif d’un abus de droit, un dommage doit s’ajouter à l’acte abusif543. Le dommage moral devrait suffire, conformément aux règles générales544. Les considérations développées à ce propos dans le contexte de l’estoppel s’appliquent mutatis mutandis à l’abus de droit.
167Il se pose toutefois la question de savoir si le dommage fait partie de la définition de l’abus de droit ou s’il est une condition qui s’ajoute à lui quand il s’agit de l’abus en tant que fait illicite. Il s’y ajouterait sur le fond, pour la mise en œuvre de la responsabilité internationale, et procéduralement, pour la justification de la qualité ou de l’intérêt pour agir. Le dommage tiendrait donc du régime de la responsabilité internationale et non du concept de l’abus de droit lui-même.
168Le dommage n’est probablement pas requis quand il ne s’agit pas de la réparation de l’illicite. C’est le cas pour la nullité d’un acte ou s’il s’agit simplement de formuler ou d’écarter une exception. C’est ce qu’avait pressenti le Guatemala en l’affaire Nottebohm (1955) : « L’existence [de la notion du dommage] n’est requise que comme condition du droit à réparation, mais non lorsqu’il s’agit seulement de réclamer l’application à l’acte incriminé de la sanction habituelle de l’excès de pouvoir ou du détournement de compétence, à savoir la nullité de l’acte »545.
169Peut-être la réponse à donner dépend de l’exécution ou non de l’acte incriminé : l’abus de droit constituerait un acte nul tant qu’il n’est pas exécuté ; une fois exécuté il revêtirait le caractère d’un acte illicite546. Il se peut aussi que le critère soit uniquement subjectif : tout dépendrait alors des moyens – en nullité ou en responsabilité – soulevés par le sujet affecté. Il est vraisemblable que ces deux aspects se cumulent. La réponse dépend aussi de l’acception de l’abus de droit qu’on vise : le dommage est toujours requis pour le damnum sine iniuria, car il fait partie de la définition de la notion ; il n’est pas requis, sous le chef de la nullité, pour des actes malicieux ou arbitraires qui se condamnent par eux-mêmes. La réponse, comme on le voit, dépend de plusieurs facteurs.
8. Jurisprudence, pratique diplomatique et traités (sélection)
170Il ne peut pas être question de donner un aperçu général de la jurisprudence ou de la pratique à cette place547. Il conviendra néanmoins de mentionner quelques arrêts et textes particulièrement importants avant de tenter une synthèse de la matière permettant d’embrasser à vol d’oiseau l’ensemble des aspects couverts habituellement, en pratique et en théorie, par l’abus de droit.
a) La Cour internationale (CPJI, CIJ)
171Au niveau de la Cour internationale, un arrêt important en la matière a été rendu par la CPJI en l’affaire relative à certains intérêts allemands en Haute-Silésie polonaise (1926)548. La Pologne avait accusé l’Allemagne d’avoir commis un abus de droit en aliénant certains de ses biens publics, dont l’usine de Chorzów, situés en territoire haut-silésien. En application du Traité de Versailles (article 88) le territoire devait passer à la Pologne. L’article 256 du Traité prévoyait l’acquisition des biens publics allemands par la Pologne au moment du transfert territorial, alors que le Protocole de Spa de 1918 interdisait à l’Allemagne de diminuer son bien public. La Cour permanente écarta le Protocole de Spa qu’à son avis la Pologne n’avait pas qualité d’invoquer à son profit549. Quant au Traité de Versailles, la Cour estima qu’il n’avait pas pour objet d’immobiliser les biens allemands au point de les soustraire aux exigences d’une gestion ordinaire. Elle admit cependant l’exception de l’abus de droit dans les termes suivants :
« L’Allemagne a conservé jusqu’au transfert effectif de la souveraineté le droit de disposer de ses biens et ce n’est qu’un abus de droit ou un manquement au principe de la bonne foi qui pourrait donner à un acte d’aliénation le caractère d’une violation du Traité ; un tel abus ne se présume pas, mais il incombe à celui qui l’allègue de fournir la preuve de son allégation »550.
172Il a parfois été soutenu que l’importance du passage était diminuée par le fait qu’il fût obiter551. C’est inexact552. La Cour procède en effet à l’examen de la question sur le fond : y a-t-il en l’espèce eu abus de droit ? Voici son raisonnement :
« Il reste toutefois à examiner la possibilité, pour la Pologne, de se prévaloir vis-à-vis de l’Allemagne d’un abus du droit qu’avait cette dernière d’aliéner des biens situés dans le territoire plébiscité, avant le transfert de la souveraineté. De l’avis de la Cour l’hypothèse d’un tel abus ne se vérifie pas dans le cas actuel. Il s’agit d’un acte ne sortant pas du cadre de l’administration normale des biens publics, et d’un acte qui n’était pas destiné à procurer à une des Parties intéressées un avantage illicite et à priver l’autre d’un avantage auquel elle avait droit. La résiliation du contrat (…) paraît, en effet, avoir répondu à un but légitime de l’administration, savoir, l’abandon par le Reich d’une exploitation gravement déficitaire… »553.
173M. Scerni a critiqué l’exposé de la Cour pour défaut de précision dans l’exposé des critères déterminants de l’abus de droit554. Il croit cependant pouvoir interpréter les dicta de la Cour comme exprimant uniquement une condamnation des actes émulatifs555. En cela la Cour aurait répondu aux plaidoiries des parties qui s’étaient placées sur ce terrain556. Cette interprétation n’est pas convaincante. Elle repose probablement sur la conviction a priori de l’auteur qui n’admet pour l’abus de droit aucun autre contenu en droit international que celui des actes émulatifs557. Il convient de relever aussi que les plaidoiries des parties ne se sont nullement limitées à l’abus de droit-émulation558.
174Les motifs de la Cour ne portent aucune trace de la théorie de l’émulation. La Cour, peut-être par prudence judiciaire, n’a pas précisé dans l’abstrait les critères fondant un abus de droit. Sans doute n’était-ce pas nécessaire en l’espèce, car les actes incriminés ont semblé manifestement justifiés. En se penchant un peu plus sur les passages susmentionnés, on peut toutefois conclure à deux critères opératoires. En premier lieu, la Cour semble relever l’absence d’arbitraire et de déraisonnable. Cela ressort de la phrase portant « [qu’]il s’agit d’un acte ne sortant pas du cadre de l’administration normale… ». C’est se placer dans le quatrième cercle de notre analyse559. En deuxième lieu, la Cour paraît faire appel à la théorie du détournement. Cela ressort de la phrase portant que « la résiliation du contrat paraît (…) avoir répondu à un but légitime de l’administration… ». C’est se placer dans le deuxième cercle de notre analyse560.
175Dans l’affaire des Zones franches de Haute-Savoie et du Pays de Gex (1930 et 1932)561, la Cour permanente revint à l’abus de droit. La France avait l’obligation conventionnelle issue du Congrès de Vienne (1815) de maintenir dans certaines zones frontalières avec la Suisse un régime franc, c’est-à-dire exonéré de douane. Pour toute autre matière, sa souveraineté restait entière. En conséquence elle pouvait créer un « cordon de surveillance » et prélever des taxes de nature fiscale. Tout en le constatant, la Cour s’empressa d’y apporter une limite :
« Une réserve doit être faite pour le cas d’abus de droit, car il est certain que la France ne peut échapper à l’obligation de maintenir les zones, en créant, sous le nom de cordon de surveillance, un cordon douanier. Mais la Cour ne saurait présumer l’abus de droit »562.
176Contrairement à l’affaire relative à certains intérêts allemands précitée, il s’agit bien en l’espèce d’un obiter dictum. Il a toutefois été répété, car il figure aussi bien dans l’ordonnance de 1930 que dans l’arrêt de fond de 1932. Les termes du dictum sont sans équivoque. Ils relèvent très certainement du détournement de but en cela qu’il ne saurait être tolérable que la France utilise le cordon de surveillance comme moyen d’atteindre un but interdit. Ils relèvent sans doute aussi d’un autre aspect de l’abus de droit, la fraude à la « loi ».
177D’autres affaires importantes, telles que celles des Conditions d’admission (1948), des Ressortissants américains au Maroc (1952) ou des Pêcheries norvégiennes (1951), ont déjà été évoquées563.
b) Les juridictions internes
178Les tribunaux internes ont fréquemment appliqué l’abus de droit en matière de droit international564. Nous nous bornerons ici à évoquer deux exemples relativement peu connus. Dans l’affaire Italie c. X (1985) tranchée par le Tribunal fédéral suisse, il s’agissait de certaines tablettes de pierre ayant valeur historique que la Suisse avait remises à l’Italie comme pièces à conviction dans le contexte d’une procédure pénale. Ces tablettes ne furent pas restituées. Des procédures lurent instituées. Sur la question de l’immunité de l’Italie le conseil du requérant avait soutenu que la demande d’entraide judiciaire de ce pays avait été une manœuvre astucieuse pour s’assurer, quant à ses prétentions sur ces tablettes, la position plus avantageuse du défendeur ; qu’une telle attitude était constitutive d’abus de droit et qu’en conséquence l’immunité devait être refusée. Cette allégation ne paraît pas avoir été dénuée de tout fondement, puisque la Cour d’appel de Bâle-Ville l’accueillit favorablement en mentionnant la bonne foi. Cet arrêt fut cassé par le Tribunal fédéral, non pour vice de droit, mais parce qu’il n’estima pas prouvés les faits avancés565.
179Dans l’affaire Handelskwekerij GJ Bier BV c. Mines de Potasse d’Alsace SA (1979) il s’agissait d’une pollution saline du Rhin causée par une société française et provoquant des dommages aux Pays-Bas. La Cour de district de Rotterdam fit application des règles non écrites du droit international public dont notamment les principes généraux de droit. La Cour cite l’affaire de la fonderie du Trail. Parmi les principes invoqués il fit place à l’interdiction de l’abus de droit et à la maxime qui en dérive, sic utere tuo ut alienum non laedas566.
c) La pratique diplomatique
180La pratique diplomatique n’est pas moins riche. Dans l’affaire des touristes polonais refoulés à Beyrouth (1934) il s’agissait d’un refoulement arbitraire. La note du Service juridique du Ministère des affaires étrangères français s’exprimait comme suit : « Contrairement à ce qui a été indiqué dans la note du 13 avril, en l’absence des précisions fournies par le Consul de France à Varsovie, il apparaît donc que la mesure prise par le Haut Commissaire de France à l’égard des ressortissants polonais dont il s’agit a nettement le caractère d’une mesure arbitraire qui engage la responsabilité internationale des Etats du Levant sous mandat français »567. Le même principe a été affirmé dans l’affaire des propriétaires français du Mont-Cenis (1938). Les autorités françaises accusaient les autorités italiennes de procéder à des expropriations vexatoires, ayant pour unique but de chasser les propriétaires français du Mont-Cenis568. Une note du service juridique du Ministère des affaires étrangères en date du 2 juin 1938 accréditait la thèse de l’abus de droit et du détournement de pouvoir comme principe de droit international : « L’existence d’un droit ne saurait légitimer des abus de ce droit ». Après avoir cité l’affaire des Zones franches, la note poursuit : « L’ampleur des expropriations en cours (…), le fait que malgré l’urgence décrétée, les pâturages occupés sont offerts en location à des fermiers italiens, le respect des propriétés italiennes enclavées dans les biens-fonds français, autant de faits allégués par les intéressés qui, s’ils sont vérifiés, étayeraient sérieusement la thèse de l’abus de droit »569. L’abus de droit prend en l’espèce la forme du détournement de pouvoir et d’une discrimination abusive.
181En réponse à des dénationalisations abusives ayant cours dans les années 1930 à l’initiative des gouvernements autoritaires et créant des situations d’apatridie affectant les intérêts des tiers, M. Massigli (France) intervint comme suit à la séance du Conseil de la S.d.N. du 24 janvier 1936 : « Sans doute, est-ce un des droits souverains des Etats de retirer, dans des cas déterminés, la nationalité à leurs ressortissants. Mais il y a, en toute matière, le droit et l’abus de droit »570. Des interventions similaires ont été faites à l’ONU à propos du droit de veto570a. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a eu aussi l’occasion d’affirmer le principe. Dans une Résolution en date du 1er septembre 1951 il demandait à l’Egypte de lever les mesures limitant le passage de navires commerciaux à destination d’Israël par le Canal de Suez, raison prise que ces mesures n’étaient pas nécessaires à la légitime défense et surtout que « such practice is an abuse of the exercise of the right of visit, search and seizure »571.
d) La Convention de Montego Bay sur le droit de la mer
182Le principe de l’abus de droit a reçu une application importante dans ce qu’on a pu appeler la nouvelle « constitution des océans »572, c’est-à-dire dans la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer (1982)573. Il s’y trouve étroitement lié au principe de la bonne foi. L’article 300 dispose :
« Les Etats parties doivent remplir de bonne foi les obligations qu’ils ont assumées aux termes de la Convention et exercer les droits, les compétences et les libertés reconnus dans la Convention d’une manière qui ne constitue pas un abus de droit ».
183Cet article complète d’autres dispositions ayant trait à l’abus de procédure (art. 294)574, à des actes arbitraires (art. 297)575ou au détournement de pouvoir (art. 187)576. Ce régime est trop complexe pour être examiné ici. On peut dire, très sommairement, que les articles 300, 294 et 297, c’est-à-dire ceux indépendants du régime particulier des fonds marins, sont issus d’une suprême tentative de concilier les intérêts de liberté de la mer, défendus par les grandes puissances maritimes, avec les droits très étendus et largement discrétionnaires que la Convention se proposait de reconnaître aux Etats côtiers sur la zone économique exclusive577.
184Le contenu de l’article 300 émane de la jonction des propositions du Mexique et des Etats-Unis d’Amérique. Il a son origine dans la proposition mexicaine laite à la septième séance à Genève en 1978. Il y était prévu que les Etats se devraient, en mettant en œuvre la Convention, de respecter certains principes. Tandis que la bonne foi était mentionnée expressis verbis, l’abus de droit ne figurait que sous la forme suivante : « [Les Etats Parties à la présente Convention s’engagent à] (1) exercer les droits et juridictions reconnus dans la présente Convention de manière telle qu’ils ne portent pas atteinte de manière injustifiée ou arbitraire aux droits d’autres Etats ou aux intérêts de la communauté internationale dans son ensemble »578. Cette formule accrédite la thèse selon laquelle l’abus de droit retenu par l’article 300 de la Convention ne vise pas uniquement le détournement de pouvoir. Il vise surtout la recherche d’un équilibre des intérêts légitimes579 supposant à cause de l’exercice de divers droits assez larges reconnus sur un espace unique et indivisible. Il fait écho en cela aux articles 2 de la Convention de Genève sur la haute mer (1958)580 et 87(2) de la présente Convention581 mais étend l’idée d’équilibrage des intérêts à tous les droits et facultés conventionnelles exercés sur la mer ou à propos de la mer (droits de transit, etc.). C’est un pouvoir très étendu et quasi législatif dont est doté l’opérateur juridique qui en fait application.
185Pour être efficace, cette distribution de compétences a dû être liée à un système contraignant de règlement des différends. C’est ce qu’on a pu réaliser dans le cadre de la Convention selon ce qu’on a appelé la formule de Montreux582. Suivant ce système, les Etats sont obligés à se soumettre à une procédure judiciaire de leur choix583. Certaines exceptions à cette obligation sont admises, par exemple pour les décisions d’interdire la recherche scientifique dans la zone économique exclusive, pour les droits de pêche dans la même zone, pour des activités militaires, pour la délimitation, etc.584 Même dans ces cas il y a généralement (sauf pour ce qui est des activités militaires et pour l’activité du Conseil de Sécurité des Nations Unies) une procédure de conciliation obligatoire585.
186L’idée législative sous-jacente à l’équilibrage des intérêts (due regard-clause) pourra trouver pleine application dans les mains de magistrats internationaux opérant sur la base d’une juridiction obligatoire. Elle contribuera, à la mesure d’une administration sage et prudente, à la solution des conflits et au développement du droit international de la mer. Il convient de rappeler que la proposition mexicaine préfigurant l’article 300 était inscrite dans le contexte du règlement des différends. Ainsi, l’abus de droit était dès le début au cœur d’un régime institutionnel de règlements et de décisions586.
9. Exemples d’activités soumises à l’interdiction de l’abus de droit selon la doctrine et/ou la pratique
187Pour conclure cette longue fresque sur l’abus de droit nous dresserons une liste des diverses applications du principe. Cette liste, est-il besoin de le dire, n’a rien d’exhaustif. Mais elle permet de se rendre compte de l’extraordinaire portée de l’abus de droit. Afin d’augmenter l’utilité de cette liste, des renvois seront effectués aussi bien à la doctrine qu’à la pratique587.
(1) Activités liées aux espaces et au territoire étatique
188a) L’interdiction de l’abus de droit constitue un principe d’ajustement pour l’exercice de libertés concurrentes sur la haute mer (due regard)588 ou dans d’autres espaces plurifonctionnels, tels que la zone économique exclusive589.
189b) L’abus de droit s’applique en matière d’exercice du droit d’intervention en haute mer afin de prévenir des dangers de pollution menaçant des côtés590.
190c) L’abus de droit intervient dans la distinction juridique entre les îles et les rochers aux sens de l’article 121 de la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer591.
191L’abus de droit intervient aussi :
192d) Dans la fixation de la largeur de la mer territoriale ou d’autres zones maritimes en l’absence de dispositions conventionnelles ou d’une coutume établie592.
193e) En matière de pêcheries pour des besoins de conservation, des devoirs de négociation, etc.593
194f) Dans la fermeture des ports594.
195g) Dans l’exercice de compétences juridictionnelles dans les eaux intérieures595.
196h) Dans l’octroi du pavillon (genuine link)596.
197i) Dans le transfert du pavillon à un pays neutre avant l’ouverture d’hostilités afin de contourner les effets des législations de guerre sur les pays ennemis597.
198j) Dans le droit de hot pursuit en mer598, voire même sur terre599.
199k) Dans la construction d’un pont sur un détroit servant à la navigation internationale600.
200l) Dans les restrictions de transit sur le territoire étatique en l’absence de règlement conventionnel601.
201m) Dans les droits de passage concédés sur un territoire602.
202n) Dans la fermeture ou la limitation du trafic dans un canal interocéanique603.
203o) Dans la fermeture ou la limitation du trafic dans un fleuve604.
204p) Dans l’exercice d’une fonction internationale telle qu’un mandat, une tutelle, etc.605
205q) Dans l’utilisation du territoire en général (sic utere tuo ut alienum non laedas), d’un fleuve606, ou d’un lac607.
206r) La règle du due regard (sic utere tuo…) a trouvé aussi application dans l’espace extra-atmosphérique608.
207s) Dans l’espace aérien609.
208t) Dans l’utilisation et l’interférence avec des fréquences radioélectriques en l’absence d’obligations conventionnelles précises610.
(2) Activités liées à la vie d’un traité
209L’interdiction de l’abus de droit s’appliquerait :
210a) Pour limiter la liberté de refuser la ratification611.
211b) Pour limiter les erreurs invocables comme viciant le consentement612.
212c) Pour une éventuelle lésion613.
213d) Pour apprécier la validité d’une réserve à un traité multilatéral614.
214e) Pour apprécier les conditions d’application de la doctrine rebus sic stantibus615.
(3) Activités liées aux rapports intergouvernementaux et interétatiques
215L’interdiction de l’abus de droit s’appliquerait :
216a) Pour limiter la liberté de ne pas reconnaître un gouvernement, un Etat, une situation de droit ou de fait616.
217b) Pour la reconnaissance d’actes juridiques étrangers en droit international privé617.
218c) Pour l’application extraterritoriale des lois618.
219d) Pour la jouissance de droits et de privilèges diplomatiques619. Il en va de même pour la nomination d’une personne jouissant de privilèges diplomatiques : la nomination ne doit pas avoir pour unique but de soustraire un individu à des procédures pénales ou autres620.
220e) Dans le cas d’une nouvelle invocation de l’immunité, après y avoir formellement renoncé621.
221f) Pour la limitation du droit de représailles (proportionnalité)622. Il en va de même pour les rétorsions623.
222g) La demande d’une restitutio in integrum particulièrement onéreuse à la suite d’un acte illicite peut se heurter au principe de l’abus de droit624.
223h) Pour l’octroi de l’asile diplomatique ou politique625.
224i) Dans le contexte de la coercition économique626 ou de la subordination d’une assistance non obligatoire à une certaine orientation économique ou politique627.
225j) En matière de politique monétaire, de dévaluations, etc.628
226k) L’abus de droit interdit la modification de la finalité non publique d’un objet afin de le soustraire à l’exécution forcée dans un pays étranger629. Le transfert fictif et à des fins détournées de propriété publique peut être contrôlé sous l’angle de l’abus de droit630.
227l) Il a été dit que la distinction entre des actes publics (iure imperii) et privés (iure gestionis) en matière d’immunité reposerait en partie sur la bonne foi. La bonne foi et l’abus de droit seraient donc des critères de distinction très généraux631. L’abus se manifesterait dans des considérations de réciprocité. Il est mesuré à l’aune d’un argument quam in suis : « Each State member of the international community must provide for the same treatment in its own legal system for other States as that reserved for itself »632.
228m) L’abus de droit peut justifier de lever le voile (piercing the veil) d’une entreprise publique en cas de fraude à la loi, par exemple en cas de nationalisations camouflées afin de donner effet extraterritorial à des actes de nature publique633.
229n) La violation d’un contrat internationalisé peut enfreindre l’interdiction de l’abus de droit634.
230o) Dans le droit de la guerre, l’exercice de compétences en tant que puissance occupante serait limité par l’interdiction de l’abus de droit635.
(4) Activités liées à la condition des étrangers
231Compte tenu de la position traditionnellement faible de l’individu en droit international, les règles largement discrétionnaires quant à la situation de l’étranger sur un territoire ont de longue date été soumises à la tentative de tempéraments en faveur de la protection de la personne humaine. Ces tempéraments se sont condensés en une série de règles dont la somme est communément appelée le standard minimum international (minimum standard of treatment). L’idée générale du standard international a été exprimée par la Commission des réclamations américano-mexicaine en l’affaire Harry Roberts (1926) : « But such equality [with respect to nationals] is not the ultimate test of the propriety of the acts of authorities in the light of international law. That test is, broadly speaking, whether aliens are treated in accordance with ordinary standards of civilization »636. Dans ce standard l’exercice arbitraire et abusif de droits forme une limite fréquente à laquelle sont soumises les discrétions des Etats637. Quant à l’abus de droit, les applications les plus importantes en la matière sont les suivantes :
232a) L’admission des étrangers sur le territoire638 ainsi qu’à plus forte raison leur expulsion639.
233b) L’octroi et le retrait (dénationalisations) de la nationalité640.
234c) Dans l’exercice du droit d’expropriation la question est souvent liée à l’existence d’une utilité publique (détournement de pouvoir)641.
235d) La taxation et la fiscalité642.
236e) La bonne foi (ou l’abus de droit) peuvent limiter la discrétion643 d’extrader un individu644.
237f) Le choix d’accorder la protection diplomatique est un droit étatique discrétionnaire645 pour autant que le droit interne n’en dispose pas autrement646. La discrétion serait toutefois limitée par l’interdiction d’abus de droit (refus arbitraire)647.
238g) Parfois l’intervention humanitaire ou d’humanité est construite comme pendant à l’abus du droit de souveraineté648. A ce titre la plus grande prudence s’impose.
(5) Activités au sein des organisations internationales
239Abus de droit de veto, droit administratif des organisations internationales, etc., infra, partie III.
(6) Procédure de la Cour internationale de Justice
240Abus de procédure, contrôle judiciaire des réserves automatiques, infra, partie V, sect. II, chapitres III et IV.
241L’interdiction de l’abus de droit couvre le droit international dans son ensemble et limite en particulier les droits discrétionnaires. Certains diront que l’obligation qui en est issue reste vague, impalpable, très peu contraignante. Qu’on nous garde qu’il en soit autrement. C’est dans la nature des droits discrétionnaires de rester largement indéterminés. Le principe général de l’abus de droit ne se propose pas de les soumettre à un régime détaillé mais d’éviter qu’ils ne plongent dans un vide juridique. Le choix est donc celui entre un minimum et le rien, non entre le tout et le rien. Le système juridique connaît des normes à différents échelons de généralité. Elles ont des fonctions différentes. Mesurer leur qualité en prenant comme base d’induction uniquement le degré de précision, c’est faire preuve d’analphabétisme juridique. Comme Aristote l’avait sagement écrit, il faut rechercher dans chaque matière la précision qui correspond à sa nature et à ses fonctions649.
Chapitre II. La maxime nemo ex propria turpitudine commodum capere potest
242Dans l’affaire du Montijo (1875), le surarbitre disait à propos d’un service de cabotage entrepris sans licence à cause d’une loi laissée inappliquée pendant très longtemps par des fonctionnaires colombiens : « Personne ne peut être autorisé à tirer avantage de ses propres fautes »650. Cette maxime proche de l’abus de droit et de l’estoppel651 dérive du principe général de bonne foi. Ainsi que l’a relevé le juge Urrutia Holguín « l’exception de bonne foi qui existe dans presque tous les systèmes juridiques (…) interdit de tirer profit de ses propres torts »652.
1. L’origine de la maxime
243Inconnue des sources de droit romain classique en tant que règle autonome653, la maxime apparaît vaguement dans les décrets des Empereurs Alexandre Sévère et Dioclétien654. Dans le dernier titre du Digeste, « de diversis regulis iuris antiqui », c’est déjà comme maxime qu’elle est produite655. Elle devient une regula iuris sous l’impulsion des décrétistes (canonistes) et davantage encore sous celle des glossateurs dont notamment Azon et Accurse656. Deux décrétales de Grégoire IX et les gloses annexés portent sur la question : la Décrétale « de concessione praebendae et ecclesiae non vacantis », ainsi que la Décrétale « de donationibus »657. Divers passages de la glose civiliste font de même658. La terminologie utilisée est variable : elle oscille entre nemo auditur propriam turpitudinem allegans, nemo commodum capere potest de sua iniuria propria, commodum ex iniuria non oritur, dolus suus neminem relevat659, ex dolo malo non oritur actio660, ex iniuria ius non oritur, ex malitia nemo commodum habere debet, nemo ex suo delicto lucratur661, fraus et dolus nemini debent patrocinari662, nemo ex suo delicto meliorem suam conditionem facete potest663 ; etc. Cette terminologie éclaire la substance identique du principe en déplaçant légèrement les accents.
2. Le fondement de la maxime ; son caractère de maxime
244La justification du principe confine à l’évidence morale universelle. On a pu dire que l’idée qui s’y incarne découle de l’essence même du droit664. La maxime exprime tant une vérité analytique qu’un enseignement de l’expérience juridique. Toutefois il s’agit d’une maxime plus que d’un principe de droit au sens technique du terme665. Nemo auditur est un topos de l’argumentation juridique plus qu’une norme d’application précisément circonscrite. Son poids varie selon les circonstances, selon le degré de turpitude, selon l’attitude correcte ou non des autres parties en cause, selon les normes violées et leur importance sociale, selon le degré de créativité judiciaire qu’il implique, etc. Dans une constellation de faits favorables, la règle nemo commodum pourra permettre d’écarter en droit l’acquis escompté d’une prétention ou l’effet ordinaire d’un comportement.
3. Exemples d’application de la maxime en droit international
245Le caractère de maxime de nemo commodum… se dévoile par la ponctualité de ses applications. Pour en rendre compte il est utile d’adopter la méthode casuistique tout en regroupant les espèces dans certaines catégories plus générales.
(1) Exemples en matière de traités, de contrats ou d’autres textes internationaux
246a) L’auteur d’un dol dans la conclusion du traité ne peut demander restitution on élimination des effets de l’acte vicié666.
247b) Le refus de ratifier un traité signé peut être inadmissible s’il relève d’une faute de l’Etat qui l’a émis667. Cette limitation prononcée par la doctrine à une époque où la ratification venait à peine d’acquérir un caractère discrétionnaire ne peut être admise aujourd’hui que par celui qui admet que la liberté de ratifier ou de ne pas ratifier n’est pas juridiquement illimitée668. L’application de notre maxime reposerait sur un cas-type de refus de ratification abusif. Il s’agira de cas très rares où des actes tendant à rendre la ratification illusoire ou superfétatoire sont en contravention à des assurances ou des comportements ayant fondé une confiance légitime. Il peut aussi s’agir de cas où la ratification est liée à une condition juridique non potestative et celle-ci est précipitée ou empêchée par des actes délibérés de l’Etat obligé.
248c) Si un Etat a connaissance que son consentement à être lié par un traité a été donné en violation d’une disposition fondamentale de sa constitution touchant à la matière, il doit invoquer ce vice dans un délai raisonnablement bref. Il ne peut attendre l’instant où l’exécution du traité ne lui convient plus, aux fins de s’en libérer669.
249d) Un Etat ne peut invoquer le fait de ne pas avoir correctement introduit des dispositions d’un traité international dans le droit interne comme il était obligé à le faire, afin d’opposer une exception à l’exécution du traité670.
250e) Un sujet n’est pas fondé à faire valoir l’absence d’une déclaration formelle de résiliation d’un contrat international quand il refuse avec persistance l’exécution de celui-ci671.
251f) Il n’est pas permis d’invoquer l’invalidité d’un contrat de concession quand on est soi-même (co)responsable de la violation des lois internes quant à son octroi et à son maintien672.
252g) La violation substantielle d’un traité (article 60 CV) ne peut être invoquée comme motif de suspension ou de retrait si l’Etat en cause y a contribué ou en a été complice673. La Cour internationale de Justice l’a rappelé dans un obiter dictum en l’affaire du Projet Gabcíkovo-Nagymaros (Hongrie c. Slovaquie) (1997). Elle opposa à la Hongrie qui invoquait la violation substantielle du Traité par l’ex-Tchécoslovaquie pour justifier sa dénonciation et sa non-exécution de ce traité, sa propre-faute : « La Hongrie par son comportement [fautif], avait porté atteinte à son droit de mettre fin au traité »674.
253h) Il en va de même pour d’autres motifs de mettre fin au traité. Une partie ne peut pas se prévaloir de l’impossibilité d’exécution d’un traité (article 61 CV) si celle-ci découle de sa propre faute ou de sa propre violation du traité675. La Cour l’a rappelé dans l’affaire relative au Projet Gabcíkovo-Nagymaros précitée676.
254Une partie ne peut pas invoquer un changement fondamental de circonstances (article 62 CV) comme motif de mettre fin au traité si ce changement résulte d’une violation du traité imputable à cette partie677 ; ou, plus généralement, si ce changement résulte d’un comportement de cette-partie contraire à la bonne foi678.
255i) Quand une conséquence juridique dépend de la réalisation d’une condition non potestative prévue par un texte, la partie intéressée ne doit pas en favoriser ou en provoquer l’avènement en contradiction avec la bonne foi et la partie adverse ne doit pas en contrarier ou en empêcher l’accomplissement en contrevenant à la même bonne foi679.
256j) Dans l’affaire relative à l’admissibilité de l’audition de pétitionnaires par le Comité du Sud-Ouest Africain (1956), Sir Hersch Lauterpacht a tiré de notre maxime des conséquences plus dynamiques. Elle devint la base d’une projection fortement téléologique proposée à titre d’interprétation. Il s’agissait du statut du territoire mandaté du Sud-Ouest Africain en vertu de divers textes et de l’avis donné par la Cour le 11 juillet 1950. L’attitude peu conciliante de l’Etat mandataire, l’Union sud-africaine, empêchait d’appliquer pleinement ce statut international. Suivant H. Lauterpacht, toutes modifications possibles devaient être apportées à l’application de ce statut, afin de le rendre aussi pleinement opérationnel que faire se pouvait : « C’est un principe sain de droit que si un instrument juridique de validité continue ne peut s’appliquer littéralement, du fait de la conduite de l’une des parties, il faut, sans permettre à celle-ci de se prévaloir de sa propre conduite, l’appliquer d’une manière s’approchant le plus possible de son but primitif »680. La maxime nemo commodum devient ici un vecteur de révision judiciaire des traités.
257La Cour internationale de Justice a eu l’occasion de revenir sur ce point quarante ans après, en l’affaire du Projet Gabcíkovo-Nagymaros (Hongrie c. Slovaquie) (1997). Pour justifier l’adoption d’une solution provisoire unilatérale après que la Hongrie eut abandonné les travaux qui lui incombaient en vertu d’un Traité de 1977, la Tchécoslovaquie plaida un « principe d’application par approximation » consubstantiel au considérant interprétatif de H. Lauterpacht. La Cour a évité de prendre nettement position sur ce point. Elle se borne à dire, à titre éventuel, que le principe avancé, s’il existait, ne pourrait s’appliquer « que dans les limites du traité en cause »681. Or en l’espèce le projet provisoire unilatéral serait clairement incompatible avec le régime conjoint prévu par le traité682. La maxime se transforme dans tous ces considérants en un principe autonome, détaché de l’interprétation judiciaire d’effet utile, donnant compétence à tout Etat s’estimant lésé de procéder lui-même à la mise sur pied d’un régime parallèle. La maxime glisse ici vers un statut normatif autonome. Il est douteux que le droit positif lui accorde une telle ampleur. Si par hypothèse on l’admet, le raisonnement de la Cour présente cependant de graves faiblesses. La Cour parle des limites du traité que la solution retenue doit respecter, limites interprétées de manière assez littérale. Mais il faut alors s’interroger s’il reste encore une sphère d’application à la règle. La solution originale du traité est rendue par hypothèse impossible par l’attitude de l’une des parties. Dès lors une solution par approximation doit nécessairement se situer au moins partiellement en dehors des limites de la solution prévue par le traité. C’est en cela seulement que réside son effet utile. D’autres critères proposés ne sont pas plus satisfaisants. L’exigence de consentement de l’autre partie683 donne à la partie qui a délibérément choisi d’empêcher la réalisation du régime conventionnel un moyen d’achever l’effet de son blocage ; c’est donner plein effet à sa turpitude. D’un autre côté, l’objet et le but du traité684 sont une base d’induction trop large, C’est faire la part trop belle à l’Etat lésé ; elle permet à celui-ci de réaliser, en profitant de la violation antérieure du traité, une projection excessivement dynamique des finalités du texte pour le pousser au delà des équilibres et contrepoids du texte arrêté. Un tel procédé n’est pas approprié à l’auto-interprétation et à l’action unilatérale d’un Etat685. L’unité de mesure adéquate pour l’exécution par approximation ne peut être trouvée que dans le rapprochement maximal de la solution de rechange à celle retenue par le traité dans son esprit tel qu’il se manifeste à travers les dispositions qui y figurent. L’idée régulative est qu’aucune partie ne doit tirer avantage de la situation pour améliorer sa position respective. Il faudrait dès lors écarter l’application de la maxime selon un critère de l’aliud : que la solution s’éloigne trop de la solution du traité, non qu’elle est située hors de ses limites textuelles.
(2) Exemples en matière de l’exercice de compétences en général
258Trois exemples suffiront pour illustrer notre propos.
259a) Dans l’affaire Tattler (1920) le Tribunal arbitral a dit : « It is difficult to admit that a foreign ship may be seized for not having a certain document when the document has been refused to it by the very authorities who required that it should be obtained »686. Le permis avait été refusé par erreur.
260b) Un hot pursuit maritime n’est pas admissible si l’Etat qui l’invoque est lui-même responsable de la violation du droit justifiant en apparence la poursuite687.
261c) Notre maxime peut aussi fournir support à une argumentation par hypothèse. Dans l’affaire relative au Droit de passage sur territoire indien (1960) le juge ad hoc portugais Fernandes fait valoir un argument éventuel en estimant que si l’Inde invoque une excuse dont elle est responsable pour s’opposer au transit du Portugal sur son territoire vers ses enclaves, l’excuse ne saurait être reçue en droit en vertu de la maxime nemo allegat turpitudinem suam688.
(3) Exemples en matière de responsabilité internationale
262a) Il est diverses circonstances excluant l’illicéité d’un fait imputable à un sujet de droit international689. Ces circonstances peuvent être provoquées fautivement ou en opposition avec la bonne foi par le sujet cherchant à s’exonérer de la responsabilité. Il ne saurait alors les invoquer avec succès. C’est par exemple une règle reconnue qu’un sujet ne peut faire valoir la force majeure comme cause exonératoire s’il a contribué, même paraît-il par seule négligence, à son avènement690. De ces situations il faut distinguer celles qui relèvent en droit d’une interruption de la chaîne de causalité, voire de celles où la négligence concourante paraît bien trop légère pour exclure le recours à un titre justificatif. Le propre tort peut aussi s’opposer à une diminution des indemnités dues.
263Dès le XVIIIe siècle, dans l’affaire de la Betsy (1797), le Commissaire Pinkney faisait remarquer qu’il est « the most exceptionable of all principles, that he who does wrong shall be at liberty to plead his own illegal conduct on other occasions as a partial excuse »691. Deux siècles plus tard, la Cour internationale est revenue sur cette question en l’affaire du Projet Gabcíkovo-Nagymaros (Hongrie c. Slovaquie) (1997). La Hongrie avait invoqué l’état de nécessité pour justifier l’arrêt des travaux sur le projet. Cet état de nécessité était fondé essentiellement sur des considérations écologiques. La Cour a émis à ce propos un obiter dictum qui touche à notre maxime. En 1989, alors qu’elle était en possession de toutes les connaissances scientifiques sur l’impact environnemental du projet, la Hongrie avait sollicité l’accélération des travaux, avant de décider trois mois après de les suspendre, puis de les abandonner. La Cour conclut que « même s’il avait été établi qu’il existait en 1989 un état de nécessité lié à l’exécution du traité de 1977, la Hongrie n’aurait pas été admise à s’en prévaloir pour justifier le manquement à ses obligations conventionnelles, car elle aurait contribué, par son action ou omission, à sa survenance »692.
264b) Un Etat ne peut invoquer l’absence d’épuisement de recours internes quand elle relève de son propre fait693. Il en est ainsi si les recours auxquels il en appelle sont illusoires ou ineffectifs694, notamment à raison de délais excessifs695, en cas de dépendance des tribunaux internes de l’exécutif, ou s’il y a mauvaise foi ou xénophobie des juges696. Comme G. Schwarzenberger l’a dit : « If a State lacks effective local remedies, this accounts to a breach of the minimum standard. This omission itself constitutes an international tort and, in good faith, precludes the tortfeasor from invoking the local remedies rule »697.
265c) Une requête formulée suite à des dommages subis par un ressortissant à l’étranger peut être irrecevable en droit si l’Etat en question a négligé d’indiquer la vraie nationalité, s’il l’a cachée ou s’il a fait d’autres communications trompeuses698.
266d) La doctrine des clean hands est parfois présentée comme relevant de notre maxime699.
267e) La maxime nemo commodum intervient aussi dans le calcul des indemnités à verser, voire des intérêts à retenir. Dans l’affaire Tippetts, Abbett, McCarthy, Stratton c. Iran (1984) tranchée par le Tribunal de réclamations irano-américain, le problème a été abordé en ces termes : « If payments for work on the TIA project have been wrongfully withheld by an Agency of the Government of the Islamic Republic of Iran and if for the lack of such payment the Tribunal did not include such moneys in the dissolution value of TAMS-AFFA [il s’agissait d’une expropriation], then the Respondent Agency would profit by its own wrong. Conversely, if TAMS-AFFA wrongfully failed to pay tax and social security obligation and if the Tribunal did not deduct such obligations, then TAMS-AFFA would profit by its own wrong. It is a well recognized principle in many municipal systems and in international law that no one should be allowed to reap advantages from their own wrong, Nullus Commodum Capere De Sua Injuria Propria »700.
(4) Exemples en matière de prescription extinctive
268La prescription extinctive de droits pour délai inexcusable dans leur exécution touche parfois à notre maxime701. C’est le cas si le sujet qui s’en prévaut a empêché par ses propres actes la possibilité d’exécution du droit702. C’est le cas aussi si les délais sont dus à des faits imputables au sujet en question703. Les délais encourus de bonne foi, pour faire place aux négociations ou pour arriver à mettre en marche le processus de protection diplomatique704, ne peuvent pas porter extinction des droits.
(5) Exemples en matière de procédure
269a) Une conduite illicite peut s’opposer à la reconnaissance d’un droit d’action : ex delicto non oritur actio705.
270b) Dans un passage devenu classique la Cour permanente de Justice internationale a donné une expression très achevée à notre maxime : « C’est, du reste, un principe généralement reconnu par la jurisprudence arbitrale internationale, aussi bien que par les juridictions nationales, qu’une Partie ne saurait opposer à l’autre le fait de ne pas avoir rempli une obligation ou de ne pas s’être servi d’un moyen de recours, si la première, par un acte contraire au droit, a empêché la seconde de remplir l’obligation en question, ou d’avoir recours à la juridiction qui lui aurait été ouverte »706. Ce principe a depuis reçu un certain nombre d’applications. Dans l’affaire de la Philips Eindhoven c. RFA (1958) tranchée par la Commission arbitrale sur les biens, droits et intérêts en Allemagne, il a été plaidé que « it would be contrary to the principles of good faith for the defendant now to rely on the lack of qualification of Philips Eindhoven, since it was due to the arbitrary refusal of the custodians appointed by the German authorities and acting under their influence that Philips Eindhoven had been prevented from acquiring such qualification »707. Le Tribunal considéra le principe sous le chef de l’équité708.
271c) Un Etat ne peut se prévaloir d’une objection qui équivaudrait à se fonder sur la non-exécution d’une obligation internationale. Dans l’affaire de la Compétence des Tribunaux de Dantzig (1928), la Cour a rappelé que la Pologne ne pouvait pas plaider l’incompétence des ses tribunaux à connaître des requêtes des fonctionnaires ferroviaires dantzickois du fait que les dispositions de l’accord du 22 octobre 1921 entre Dantzig et la Pologne n’avaient pas été introduites régulièrement dans le droit interne. Ce serait permettre à la Pologne d’invoquer son propre tort, à savoir la non-exécution de ses engagements internationaux709.
272d) Une constellation de faits particulièrement propice à l’application de la maxime s’est présentée en l’affaire de l’interprétation des Traités de paix conclus avec la Bulgarie, la Hongrie et la Roumanie (1950).
273Suite notamment à des mesures de nationalisation et de confiscation opérées après la dernière guerre, les Etats-Unis d’Amérique et la Grande-Bretagne accusèrent les gouvernements communistes des Etats mentionnés de ne pas respecter les dispositions des Traités de paix leur imposant des devoirs en matière de droits de l’homme et de libertés fondamentales. Les puissances occidentales demandèrent à ce que soit mis en œuvre le mécanisme de conciliation prévu par ces Traités. Les gouvernements communistes refusèrent de désigner leurs représentants en bloquant ainsi le cours de la procédure. Le 22 octobre 1949, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution priant la Cour internationale de Justice de donner un avis consultatif sur la question. La Cour était priée, entre autres, de répondre à la question de savoir si le Secrétaire général des Nations Unies pouvait procéder, malgré le refus des pays socialistes de nommer leurs représentants, à désigner le tiers membre. Elle était priée aussi de dire si la Commission composée de deux membres satisferait aux conditions des traités et pourrait fonctionner à défaut des représentants socialistes. Lors des plaidoiries, les représentants des Etats-Unis et du Royaume-Uni avaient rappelé que la violation des Traités ne saurait profiter aux Etats socialistes en leur permettant d’obtenir le résultat recherché : de bloquer la procédure. Ils firent valoir que ces Etats seraient forclos (estoppel) de contester la composition et les avis rendus par une commission bipartite, car ce faisant ils plaideraient la propre faute710.
274La Cour ne s’est pas prononcée sur cet argument. Elle a répondu par la négative aux questions posées711 en précisant que son pouvoir d’interpréter les traités n’allait pas jusqu’à les réviser712. Dès lors, la violation flagrante des Traités par les Etats socialistes ne pouvait donner lieu qu’à des réclamations et non à la substitution d’une commission essentiellement différente à celle prévue par les textes. Le Juge Read, dans son opinion dissidente, reprit à son compte l’argumentation fondée sur notre maxime : « Si le défaillant soulevait une exception, au cours d’une instance devant la Cour internationale de Justice, celle-ci, qui n’est pas un organe législatif, serait tenue d’appliquer les principes juridiques existants et de reconnaître qu’en vertu d’un “estoppel” le défaillant n’est pas recevable de faire valoir, à l’appui de sa propre thèse, l’infraction du traité commise par lui. Pour moi, siégeant en qualité de juge dans une affaire consultative, je ne puis soulever cette exception, qu’il ne serait pas loisible au gouvernement défaillant de soulever dans toute procédure où seraient reconnus des principes de justice. Le point de droit, ici, n’est pas douteux. Il a été réglé par la Cour permanente dans l’arrêt no 8 : Série A, no 9, Usine de Chorzów (indemnités) (compétence), page 31 »713.
275Cette prise de position a trouvé quelque soutien doctrinal. Des auteurs aussi peu susceptibles d’idéalisme que G. Schwarzenberger lui ont donné leur appui714 : « If on no other ground, tins right [of law-abiding States to see the procedure continue] rested on the estoppel of the treaty-breakers to plead their own default in order to defeat such a request. As Judge Read justly pointed out, it was not for the Court to raise this objection, which the defaulting government itself would be prevented from raising in any proceedings which recognised the principles of justice »715.
(6) Exemples en matière de droit administratif international
276Il sera question du droit administratif international dans le chapitre consacré à l’organisation internationale. Notre maxime s’y trouve parfois appliquée. En l’affaire Conrad (1977) il s’agissait de savoir si l’Organisation en cause pouvait se prévaloir d’une disposition indiquant qu’elle n’accepterait aucune requête plus de douze mois après le moment où l’indemnité était due, lorsque l’Organisation avait, par sa propre faute, donné à croire au fonctionnaire qu’il n’avait aucun droit à l’indemnité en question. Le tribunal a statué que l’Organisation ne pouvait pas se prévaloir de son propre tort, mais que celui-ci était insuffisamment démontré en l’espèce716.
(7) Le devoir de non-reconnaissance : ex iniuria ius non oritur
277Notre maxime s’est condensée en une norme dans le domaine de la non-reconnaissance de situations territoriales acquises par l’utilisation de la force ou en violation de normes fondamentales du droit international. Dans le droit international moderne ce principe, exprimé par l’adage ex iniuria ius non oritur et dérivé de notre maxime, a limité l’empire du principe concurrent de l’effectivité, exprimé par l’adage ex facto oritur ius717.
4. Limites et exceptions à l’application de la maxime
278Trois limites paraissent les plus importantes en droit international public717a.
a) Ordre public international
279Dans la mesure où existe et croît un ordre public international, la norme porteuse d’un tel intérêt contraignant devra en règle générale l’emporter sur l’application d’une maxime de régulation à effet relatif (inter partes)718. La difficulté tient au fait que l’application de notre maxime peut elle-même participer d’un intérêt général. La communauté toute entière est intéressée à ce que la violation du droit et la turpitude ne soient pas récompensées. Ce problème est parfois évoqué quand on affirme que permettre à une partie d’invoquer la nullité d’un traité à raison d’une contrariété au ius cogens serait immoral : la partie a bien consenti à s’engager ; pourquoi lui permettre pour des raisons d’intérêt propre et au moment choisi par elle de s’en délier ?719 Mais, peut-on imaginer que cette argumentation prévale, si le traité contient un accord d’agression ou d’esclavage ? Tout tient en cette matière en une pesée des circonstances de l’espèce, mais l’ordre public devra souvent prévaloir.
b) Turpitude de part et d’autre
280L’application de la maxime pourrait être écartée si la turpitude de l’autre partie est supérieure à celle du demandeur et si dès lors son application pourrait mener à ce qu’une situation plus immorale encore ne soit entérinée. C’est encore un problème difficile et qui a donné lieu à de longs débats en droit interne. Comme H. Merz720 nous croyons qu’un ajustement par rapport aux torts respectifs se recommande pour autant que les règles juridiques applicables à la matière le permettent. C’est ce qui se fait en droit international comme en droit interne dans tout calcul d’indemnité. Les règles de droit régissant la responsabilité le requièrent. Mais il est d’autres cas de figure où l’opérateur juridique serait amené à constater que pour le moins elles ne s’y opposent pas. Il a alors une certaine marge pour des considérations d’équité, c’est-à-dire d’ajustement. L’opérateur pourra surtout éviter l’application d’une règle rigide telle que le refus d’action in limine litis répandue dans les droits internes. Le problème est souvent fort difficile : le droit se meut toujours difficilement dans un milieu d’immoralité généralisée.
c) La maxime comme moyen de révision de situations juridiques
281La maxime nemo commodum est hybride. Elle peut se présenter comme un moyen de conservation (aspect négatif) ou comme un moyen de révision (aspect positif). Cette dualité, voire duplicité, de la maxime peut poser de graves difficultés en droit international où le pouvoir judiciaire est dépourvu de l’intégration et de la puissance institutionnelles propres aux juridictions du droit interne. Voici de quoi il s’agit : il est des cas où l’effet de la maxime se limite à rendre irrecevable un argument, une requête ou un moyen de preuve. L’opération de la maxime est négative : le juge écarte le moyen. Mais la maxime peut aussi demander que le juge adopte certaines mesures afin d’éviter qu’une partie tire avantage d’un fait accompli qu’elle a provoqué. Ecarter un moyen ne suffit plus : il faut défaire un régime par des actions positives. En suivant l’interprétation qu’en donne la Cour, telle était la situation dans l’affaire des Traités de Paix précitée. Ce serait aussi le cas d’une « exécution par approximation » ordonnée par le juge en cas de violation préalable du traité.
282Sur le plan des principes une telle application dynamique de la maxime peut se justifier sans difficultés. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’exercice d’un pouvoir de cette nature dépend des circonstances, de l’intégration du milieu social dans lequel le juge a été institué, de sa dépendance des parties, de son pouvoir de persuasion et de son autorité, du caractère diplomatique ou technique de l’affaire soumise à son attention, etc. A cet égard les conditions ne sont pas très propices en droit international général. L’institution judiciaire y est précaire721, les juges conscients que des précautions prises dans leurs sentences dépend pour beaucoup la place que consentiront à leur faire les Etats en l’avenir722. Dans une société décentralisée et à distribution du pouvoir très inégale la courbe de l’évolution judiciaire est souvent fonction inverse de l’intrépidité jurisprudentielle. La prudence s’impose, sans rien interdire.
Notes de bas de page
1 Bourquin, p. 112.
2 C. Rousseau, Droit international public, t. III, Paris, 1977, p. 9. Dictionnaire de la terminologie du droit international, Paris, 1960, p. 132.
3 N. Politis, « Le problème des limitations de la souveraineté et la théorie de l’abus des droits dans les rapports internationaux », RCADI 1925-I (6), p. 16, 18. Cette notion fonctionnelle du pouvoir a été mise en avant par l’école sociologique française (Duguit, Jèze, Scelle) et par la doctrine du droit naturel (Le Fur) ; cf. G. Bonnecase, La pensée juridique française, t. I, Bordeaux, 1933, p. 546ss ; t. II, Bordeaux, 1933, p. 46ss. Cf. aussi l’Exposé de G. Scelle (France), affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies (Article 4 de la Charte), CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 75ss.
4 RSA, vol. II, p. 839. Texte français, RGDIP 1935 (42), p. 164.
5 H. Krabbe, The Modern Idea of the State, New York/Londres, 1927, partic. p. 233ss. H. Kelsen, Das Problem der Souveränität und die Theorie des Völkerrechts, 2e éd., Tübingen, 1928, p. 22ss. G. Scelle, Précis de droit des gens, t. I, Paris, 1932, p. 7-8, 81ss. Politis, Problème, p. 10ss. Cf. A. Truyol y Serra, « Souverainete », Archives de philosophie du droit, t. 35, Paris, 1990, p. 321ss. Truyol y Serra, Cours, p. 15lss.
6 Politis, Problème, p. 16.
7 L’œuvre de Carré de Malberg est encore inspirée de l’Etat-puissance, cf. R. Capitant, « L’œuvre juridique de R. Carré de Malberg », Archives de philosophie du droit et de sociologie juridique, 1937 (7), p. 81ss. Brimo, p. 265ss.
8 H. Kelsen, « Théorie générale du droit international public », RCADI 1932-IV (42), p. 180, 182. Scelle, Précis, p. 27ss.
9 Bourquin, p. 101ss. En perspective historique, voir Truyol y Serra, Cours, p. 145ss. Les auteurs positivistes ont reproché à la construction compétentielle de ne pas correspondre à la réalité politique et historique de la société internationale ; de devancer les faits ; de faire du juriste un politique ou un prophète ; d’introduire un divorce dangereux entre la science qui se doit d’être le reflet des réalités et celles-ci mêmes. E. Giraud écrivait encore récemment que la théorie des compétences est factice : « Les Etats, en effet, sont antérieurs au droit international et ne tiennent pas leurs pouvoirs d’une délégation du droit international (…). C’est un des cas assez fréquents où les juristes se font propagandistes, ils font la théorie de ce qui devrait être… ». Giraud, p. 584. Cf. aussi, dans le même sens, Anzilotti, Cours, p. 51. Ch. De Visscher, Théories, p. 127-8 (« vue de l’esprit anti-historique »). Réflexion systématique et éléments historiques sont cependant sur des plans différents.
10 Selon la CPJI la base du titre de compétence se trouve dans la souveraineté ; affaire du Lotus, sér. A, no 10, p. 19.
11 B. Oxman, « Jurisdiction of States », EPIL, vol. 10, p. 278.
12 Cf. F.A. Mann, « The Doctrine of Jurisdiction in International Law », RCADI 1964-I (111), p. 44ss, 82ss. Meng, p. 587ss. Henkin (1989), p. 293ss. Schachter, p. 240ss, 249ss. Oppenheim, p. 457-8. D.W. Bowett, « Jurisdiction : Changing Patterns of Authority over Activities and Resources », BYIL 1982 (53), p. 24ss. Restatement of the Law Third, section 403, p. 244ss (basé sur le principe du reasonableness).
13 Voir la note précédente et Oppenheim, p. 472ss. W. Meng, dans : EPIL, vol. 10, p. 155ss. Brownlie, Principles, p. 307ss.
14 W.W. Cook, The Logical and Legal Bases of the Conflict of Laws, Cambridge (Massachusetts), 1949, p. 71ss. M. Akehurst, « Jurisdiction in International Law », BYIL 1972/3 (46), p. 182-187.
15 Dictionnaire de la terminologie du droit international, Paris, 1960, p. 634.
16 D.H.N. Johnson, « Acquisitive Prescription in International Law », BYIL 1950 (27), p. 332ss. M. Sørensen, « La prescription en droit international », NTIR 1932 (3), p. 146. Ce lien avec le territoire n’a toutefois rien de nécessaire, car comme le dit Johnson, la prescription est une doctrine générale « whereby legal validity can be given to titles to property that are either originally invalid or whose original validity it is impossible to prove » (Johnson, op. cit., p. 332). Le lien avec le territoire découle du fait que le droit international public n’a que rarement trait à des droits de nature réelle autres que le territoire. L’acquisition d’un titre sur un bien meuble pourra s’établir en des délais plus brefs que la souveraineté sur un espace.
17 D.H.L. Von Ompteda, Litteratur des gesammten sowohl natürlichen als positiven Völkerrechts, vol. II, Regensburg/Berlin, 1785, p. 512-14, donne un aperçu général sur la doctrine ancienne. Cf. aussi Johnson, p. 334ss. Schnitzer, p. 87ss. Fauchille, t. I/2, p. 754-5.
18 De iure belli, lib. I, cap. XXII.
19 De iure belli ac pacis, lib. II, cap. IV, para. 1, 7, 9.
20 Le droit de la nature et des gens, lib. IV, cap. XII, paras. 7ss et lib. VII, cap. VII, para. 4. Voir aussi, Elementorum jurisprudentiae universalis (1672), lib. II.
21 Jus gentium methodo scientifica pertractatum (1749), pars. III, cap. VII, paras. 358-9, 366.
22 Juris et judicii fecialis sive iuris inter gentes…, pars. II, sect. III, para. 7 : « Possessiones publicas, non minus quam privatas, multo tempore ita firmari, ut revelli nequeant, cum ex longo tempore derelictio praesumatur ».
23 Le droit des gens, liv. II, cap. XI, paras. 147ss.
24 Principes du droit de la nature et des gens, pars. II, cap. III, para. 4 et pars. IV, cap. VIII, para. 4.
25 Pour les références, voir Fauchille, t. I/2, p. 755, note 1.
26 Ibid., p. 754, note 4.
27 F. De Martens, Traité de droit international, t. I, Paris, 1883, p. 460. A. Rivier, Principes du droit des gens, vol. I, Paris, 1896, p. 182-3. E. Nys, Le droit international. Les principes, les théories, les faits, t. II, Bruxelles, 1912, p. 34-5, 39.
28 De Martens, op. cit., p. 461. Rivier, op. cit., p. 183. Cf. Johnson, p. 335.
29 Grotius, De iure belli ac pacis, lib. II, cap. IV, paras. 1, 9. Cf. Johnson, p. 336.
30 Vattel, Le droit des gens, liv. II, chap. XI. Johnson, p. 336-7.
31 H. Lauterpacht, Règles, p. 332. Oppenheim, p. 708.
32 Cf. M. Kaser, Das römische Privatrecht, 2e éd., t. I, Munich, 1971, p. 134ss, 418ss ; t. II, Munich, 1975, p. 285ss. M. Kaser, Römisches Privatrecht, 14e éd., Munich, 1986, p. 116ss. Cf. aussi J. Partsch, Die longi temporis praescriptio im klassischen römischen Rechte, Leipzig, 1906. D. Nörr, Die Entstehung der longi temporis praescriptio : Studien zum Einfluss der Zeit im Recht und zur Rechtspolitik in der Kaiserzeit, Cologne/Opladen, 1969. F. De Visscher, « Les origines de l’usucapion et le domaine premier de l’action publicienne », Revue historique de droit français et étranger, 1957 (35), p. 445ss. E. Seidl, « Zur Vorgeschichte der Ersitzung », Studia et documenta historiae et iuris, 1973 (39), p. 47ss. P.F. Girard, Manuel élémentaire de droit romain, 7e éd., Paris, 1924, p. 311ss. W.W. Buckland, A Text-Book of Roman Law from Augustus to Justinian, 2e éd., Cambridge, 1932, p. 241ss. A. Guarino, Diritto privato romano, 9e éd., Naples, 1992, p. 698ss.
33 Article 6, 3 D.T. : Usus auctoritas fundi biennium, ceterarum rerum annus esto. Kaser, Römisches, p. 117.
34 Art. 3, 7 D.T. : Adversus hostem aeterna auctoritas esto. C’est là un trait de la morale close qui caractérise les sociétés primitives : H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, 18e éd., Paris, 1937, chapitre 1er. M. Ginsberg, « On the Diversty of Morals », dans : M. Ginsberg, Essays in Sociology and Social Philosophy, vol. 1, Melbourne/Londres, 1956, p. 120.
35 Art. 8. 17 D.T. : Quod subruptum erit, eius rei aeterna auctoritas esto. Voir aussi la Lex Atinia.
36 Kaser, Römisches, p. 118-9. Johnson, p. 334-5.
37 Dig. 41, 2, 3, para. 1. Dig. 41, 3, partic. 3 et 25. Kaser, Römisches, p. 98-9.
38 Kaser, Römisches, p. 118, 106.
39 Leges Atinia, Iulia, Plautia ; cf. Gaius, Institutiones, lib. II, tit. 45, 49ss.
40 Kaser, Römisches, p. 118. Sur le titre putatif, Dig. 41, 4, 2, para. 15-6 (Ulpien) et 41, 3, 27 (Celse/Ulpien).
41 Kaser, Römisches, p. 118-9. Cf. aussi E. Moscati, « Mala fides superveniens non nocet ? (Per la rilettura di un dogma) », Rivista di diritto civile, 1990 (36), p. 323ss. Le droit canonique postule le principe inverse ; Décrétale Quoniam Omne d’Innocent III : « Quoniam omne, quod non est ex fide, peccatum est (…) ut nulla valeat absque bona fide praescriptio tam canonica quam civilis… » ; cf. L. Scavo Lombardo, Il concetto di buona fede nel diritto canonico, Rome, 1944. M. Kaiser, Der gute Glaube im Codex Iuris Canonici, Munich, 1975. Dans le contexte de la prescription, voir particulièrement G. Le Bras, « Canon Law », dans : C.G. Crump/E.F. Jacob, The Legacy of the Middle Ages, Oxford, 1926 (réimprimé en 1951), p. 351-2. Sur le droit romain, J. Denoyez, « La bonne foi dans l’usucapion en droit romain », Mélanges A. Simonius, Bâle, 1955, p. 41ss. P. Meylan, « Le rôle de la bonae fidei possessio dans l’histoire de l’usucapion », Revue historique de droit français et étranger, 1954 (32), p. 455ss.
42 Kaser, Römisches, p. 119.
43 Sur cette époque, cf. Van Kan, p. 350ss.
44 A partir de l’époque justinianienne, dans la même province.
45 Kaser, Römisches, p. 119.
46 Kaser, Römisches, p. 120. Pour le droit canon, cf. R.M. Helmholz, « Legal Formalism, Substantive Policy and the Creation of a Canon Law of Prescription », Mélanges S. Summers, Berlin, 1994, p. 265ss.
47 Pour ne prendre que l’exemple du droit suisse, la prescription acquisitive de biens-fonds se décompose en prescription ordinaire (Article 661 Code Civil) et extraordinaire (Article 662 C.C.) selon que la parcelle et son propriétaire sont ou ne sont pas enregistrés dans le registre foncier. La prescription extraordinaire requiert trente ans de possession incontestée et continue ; la bonne foi subjective et le titulus n’en sont pas condition. La prescription ordinaire suppose possession du même genre et bonne foi subjective sur une durée de dix ans. Pour les biens meubles une possession pendant cinq ans avec bonne foi subjective mais sans titre vaut propriété. De tels exemples pourraient être multipliés. Sur la diversité des institutions du common law et celles du droit civil, cf. Sereni, t. III, p. 1285.
48 Voir déjà Grotius, De iure belli ac pacis, lib. II, cap. IV, paras. 1, 9. Vattel, Le droit des gens, liv. II, cap. XI, paras. 147, 149. R. Phillimore, Commentaries upon International Law, 3e éd., vol. I, Londres, 1879, p. 361-2. Cf. aussi Audinet, (BS), p. 315-6. H. Lauterpacht, Règles, p. 333 ou H. Lauterpacht, Collected, vol. I, p. 378. Schnitzer, p. 87. Fauchille, t. I/2, p. 757. Politis, Morale, p. 149. Sørensen, Prescription, p. 146, 149-50. Johnson, p. 333. Oppenheim/Lauterpacht, t. I, p. 576ss. Oppenheim, p. 707. Verykios, p. 23ss. Pinto, p. 391-2, 400. A.P. Sereni, Diritto internazionale, t. II, Milan, 1958, p. 605 (selon cet auteur le principe d’effectivité remplace celui de la prescription en droit international).
49 Dans le contexte de la prescription, cf. Pinto, p. 391ss.
50 Ch. De Vissecher, Théories, p. 164ss.
51 Brierly, Règles, p. 112. Ch. De Visscher, Cours, p. 551.
52 A. Verdross, « Die allgemeinen Rechtsgrundsätze als Völkerrechtsquelle », Mélanges H. Kelsen, Vienne, 1931, p. 358 écrit très bien : « Zur vollen Erfassung des positiven Völkerrechts ist es somit notwendig, sowohl die Ideen zu ergründen die dem Faktum des Völkerrechts zugrundeliegen, als auch die Handlungen zu erforschen, in denen sich jene auswirken. Ohne diese Handlungen wären die Ideen lahm, ohne die Ideen aber die Handlungen blind. Erst durch ihre Synthese entsteht positives Völkerrecht ».
53 Pinto, p. 402.
54 Pinto, p. 400. Johnson, p. 333. Verykios, p. 28ss.
55 Cf. Johnson, p. 343ss. Verykios, p. 73ss. Zimmer, p. 47ss. Schnitzer, p. 90-1. Sørensen, Prescription, p. 155ss. Schwarzenberger, Fundamental, p. 259. Oppenheim, p. 706ss. Fauchille, t. I/2, p. 760ss.
56 RSA, vol. II, p. 839, italiques ajoutées.
57 Affaire relative au Statut du Groënland Oriental, CPJI, sér. A/B, no 53, p. 28ss.
58 Affaire des Minquiers et des Écréhous, CIJ, Rec., 1953, p. 60ss. Cf. A.G. Roche, The Minquiers and Ecrehos Case, these, Genève, 1959, p. 119ss. Voir aussi l’affaire relative à la souveraineté sur certaines parcelles frontalières (Belgique c. Pays-Bas), CIJ, Rec., 1959, p. 227ss.
59 RSA, vol. XI, p. 161-2. Cf. Müller, Vertrauensschutz, p. 42-3. Sørensen, Prescription, p. 152-3. Blum, p. 20-1.
60 Oppenheim, p. 707.
61 A.S. Keller/O. Lissitzyn/F.J. Mann, Creation of Rights of Sovereignty through Symbolic Acts (1400-1800), New York, 1938.
62 R. Ago, Il requisito dell’effettività dell’occupazione in diritto internazionale, Rome, 1934. En perspective historique, cf. W.G. Grewe, Epochen der Völkerrechtsgeschichte, 2e éd., Baden-Baden, 1988, p. 462ss, 640ss. Sur l’occupation, cf. F.A. Von Der Heydte, « Discovery, Symbolic Annexation and Virtual Effectiveness in International Law », AJIL 1935 (29), p. 448ss. H. Waldock, « Disputed Sovereignty in the Falkland Island Dependencies », BYIL 1948 (25), partic. p. 319ss. H. Lauterpacht, « Sovereignty over Submarine Areas », BYIL 1950 (27), p. 415ss. A.L.W. Munkman, « Adjudication and Adjustment – International Judicial Decision and the Settlement of Territorial and Boundary Disputes », BYIL 1972/3 (46), p. 22-3, 26ss. Jennings, Acquisition, p. 22ss. Oppenheim, p. 686ss. Verdross/Simma, p. 752ss. Sur la distinction entre occupation et prescription, cf. Johnson, p. 318ss. E. Beckett, « Les questions d’intérêt général au point de vue juridique dans la jurisprudence de la CPJI (juillet 1932-juillet 1934), RCADI 1934-IV (50), p. 218ss. La prescription suppose l’occupation (possession). Elle requiert une preuve plus stricte et l’écoulement d’un temps plus long, car il s’agit d’une possession opposée à un titre. De plus, l’occupation est limitée au territoire alors que la prescription est susceptible de conférer souveraineté aussi sur les espaces maritimes (cf. l’affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Rec., 1951, p. 132ss).
63 RSA, vol. II, p. 839.
64 Ch. De Visscher, Théories, p. 226-7 parle de la « consolidation de titres historiques » par l’exercice continu de pouvoir, l’absence de réactions, etc.
65 Johnson, p. 347. Fauchille, t. I/2, p. 761. Audinet, (BS), p. 321. Selon Verykios, p. 75, ce critère est inutile en droit international « où on ne peut concevoir une possession clandestine ». Une telle affirmation ne peut être faite a priori mais seulement sous bénéfice d’inventaire ; elle confond des éléments de définition avec la probabilité de leur application.
66 Johnson, p. 345ss. Zimmer, p. 47. Fauchille, t. I/2, p. 760-1. Verykios, p. 75. Sørensen, Prescription, p. 156-7.
67 RSA, vol. II, p. 840. Cf. aussi l’affaire Clipperton, RSA, vol. II, p. 1110. Affaire du Groënland oriental, sér. A/B, no 53, p. 46. Affaire Rann de Kutch, ILR, vol. 50, p. 329ss, 386 (territoire qui se transformait en marécages et en flaques d’eau pendant la saison de la Mousson). Sur cette dernière affaire, Müller, Vertrauensschutz, p. 48ss. Cf. en général, Pinto, p. 406ss. G. Schwarzenberger, « Title to Territory : Response to a Challenge », AJIL 1957 (51), p. 315-6.
68 Schwarzenberger, Fundamental, p. 259.
69 Johnson, p. 344-5. Fauchille, t. I/2, p. 760. Audinet, (BS), p. 323. Zimmer, p. 47. M. Satow, « Die Ersitzung in der völkerrechtlichen Theorie und Praxis », Internationales Recht und Diplomatie, 1964, p. 79.
70 A l’argument de l’Afrique du Sud que le territoire mandaté de la Namibie devait désormais être considéré partie intégrante du territoire sud-africain, la Cour internationale de Justice répondit laconiquement qu’il s’agissait d’une administration territoriale internationale au nom de la Société des Nations selon les termes de l’accord de mandat ; les actes de souveraineté accomplis dans le territoire appelé alors le Sud-ouest africain ne pouvaient donc pas fonder un titre pour l’Afrique du Sud. Affaire du statut international du Sud-Ouest Africain, CIJ, Rec., 1950, p. 131-3, 142-3. Op. ind. Mc Nair, ibid., p. 155ss, 159-60. Op. ind. Read, ibid., p. 168. Op. diss. Alvarez, ibid., p. 183.
71 Fauchille, t. I/2, p. 760. Sur l’annexion autrichienne de la Bosnie-Herzégovine en 1908, cf. Zimmer, p. 111ss. D.S. Koyitch, L’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine et le droit international public, thèse, Paris, 1910. B. Krunsky, L’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine en 1908, Paris, 1912. J. Blociszewski, « L’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine – Etude historique et juridique », RCDIP 1910 (17), p. 417ss. A. Cavaglieri, « L’annessione della Bosnia-Erzegovina », RDI 1909 (4), p. 387ss.
72 Verzijl, vol. III, Leyden, 1970, p. 397ss. Oppenheim, p. 568-71.
73 Johnson, p. 344-5. Cf. en général L. Condorelli, « L’imputation à l’Etat d’un fait internationalement illicite », RCADI 1984-VI (189), p. 9ss.
74 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1951, vol. II, p. 657-8.
75 Affaire relative au statut du Groënland Oriental, CPJI, sér. C, no 66, p. 2870.
76 CPJI, sér. A/B, no 53, p. 45-6, italiques ajoutées.
77 CIJ, Rec., 1999, para. 98.
78 CIJ, Rec., 1951, p. 142. Cf. Blum, p. 25.
79 Affaire de la délimitation de la frontière maritime dans la région du Golfe du Maine, CIJ, Rec., 1984, p. 342, para. 237 (contrôle de l’équité du résultat) ; pour la règle générale, ibid., p. 278, para. 59. Cf. en même sens l’affaire de la délimitation des espaces maritimes entre le Canada et la France (St. Pierre et Miquelon), RGDIP 1992 (96), p. 704-5. On peut rappeler au passage que la Cour a déclaré pouvoir tenir compte d’une extraordinaire dépendance d’un territoire en matière de pêcheries afin de corriger une ligne de délimitation obtenue par les principes et règles ordinaires du droit. En ce sens des activités privées deviennent la source d’une attribution d’espaces. La Cour semble avoir récemment étendu la portée de cette jurisprudence en matière de délimitation. En l’affaire de la délimitation maritime dans la région située entre le Groënland et Jan Mayen (Danemark c. Norvège, 1993) la Cour fait référence à l’arrêt du Golfe du Maine où il était dit qu’une ligne de délimitation peut être corrigée afin d’éviter des répercussions catastrophiques pour la subsistance et le développement économique des populations intéressées (CIJ, Rec., 1993, p. 71, para. 75). En se départissant de cette approche négative, elle ajoute désormais qu’un accès équitable aux pêcheries est une circonstance pertinente (CIJ, Rec., 1993, p. 72, para. 75. Cf. aussi, en sens encore plus libéral, l’Op. diss. Fischer, ibid., p. 309-10, para. 14. Voir E. Decaux, « Affaire de la délimitation maritime dans la région située entre le Groënland et Jan Mayen (Danemark c. Norvège) », AFDI 1993 (39), p. 507-8). Quoiqu’il s’agisse d’un facteur abstrait, il est probable que l’accès équitable dépendra des activités historiques des pêcheurs en question.
80 Johnson, p. 345ss. Sørensen, Prescription, p. 155ss. Pinto, p. 411ss. Verykios, p. 75. Fauchille, t. I/2, p. 760-1. Zimmer, p. 48ss. Schnitzer, p. 90-1.
81 Oppenheim, p. 702ss, avec de nombreux renvois
82 AJIL 1911 (5), p. 806-7. Cf. Johnson, p. 345-6 et 340-1. Blum, p. 21-2. H. Woolsey, « Boundary Disputes in Latin America », AJIL 1931 (25), p. 326.
83 Zimmer, p. 48ss.
84 W. Wengler, Völkerrecht, t. II, Berlin, 1964, p. 981, note 3.
85 Jennings, Acquisition, p. 22-3, 39.
86 Voir déjà Grotius, De iure belli ac pacis, lib. II, cap. IV, para. 7. Vattel, Le droit des gens, liv. II, chap. XI, para. 140. Cf. aussi Reuter, Droit, p. 206, 256 (prescription libératoire). Sur cette position, cf. Verykios, p. 26ss.
87 H. Lauterpacht, Recognition in International Law, Cambridge, 1948, p. 428. H. Lauterpacht, « Sovereignty over Submarine Areas », BYIL 1950 (27), p. 393ss, 395. Voir cependant aussi H. Lauterpacht, Règles, p. 333.
88 Pinto, p. 411ss.
89 Sørensen, Prescription, p. 157. Sørensen, Principes, p. 147.
90 Hyde, t. I, p. 387-8.
91 Sur l’inutilite de la doctrine de prescription dans ces cas, cf. Zimmer, p. 56, 58. Quadri, Diritto, p. 715. Sereni, t. II, p. 604-8. Charpentier, p. 155.
92 Dahm, t. I, p. 588ss.
93 Charpentier, p. 157-8.
94 J. Touscoz, Le principe d’effectivité dans l’ordre international, Paris, 1964, p. 148ss, 231-2.
95 Verykios, p. 75. Johnson, p. 344ss. Berber, t. I, p. 365-6. O’Connell, t. I, p. 423ss.
96 Cf. J. Crawford, « The Criteria for Statehood in International Law », BYIL 1976/7 (48), p. 144ss.
97 L’aspect politique de l’absence de réactions contre l’agression est dégagé par Giraud, p. 529ss (attitude de la Société des Nations) et p. 690ss.
98 Voir déjà, pour le ius publicum europaeum promu par les Puissances européennes au XIXe siècle, Abbé G. De Mably, Droit public de l’Europe fondé sur les traités depuis la paix de Westphalie (éd. Genève, 1776). A. Randelzhofer, Völkerrechtliche Aspekte des Heiligen Römischen Reiches nach 1648, Schriften zum Völkerrecht, vol. 1, Berlin, 1967. Oppenheim, p. 128ss. Grewe, p. 501ss.
99 Oppenheim/Lauterpacht, t. I, p. 576. Oppenheim, p. 706. Dans le même sens par exemple Monaco, Manuale, p. 410.
100 Roche, (BS), p. 39, 45-6. Cf. aussi K. Von Schuschnigg, International Law – An Introduction to the Law of Peace, Milwaukee, 1959, p. 152-3. Sur la qualité pour agir et les intérêts erga omnes, cf. Bollecker-Stern, partic, p. 31ss. K. Mbaye, « L’intérêt pour agir devant la Cour internationale de Justice », RCADI 1988-II (209), p. 295ss.
101 Johnson, p. 351.
102 Johnson, p. 351.
103 CIJ, Rec., 1951, p. 139.
104 Staatsgerichtshof allemand ; A.D., vol. 3 (1925/6), p. 114 : « In view of the long undisturbed possession and exercice of the rights by Lübeck and the absence of any protest by Mecklenburg-Schwerin… ».
105 RSA, vol. II, p. 851, 867-8, 870-1.
106 CPJI, sér. A/B, no 53, p. 44, 46, 54, 56ss.
107 CIJ, Rec., 1962, p. 22ss.
108 CIJ, Rec., 1959, p. 227ss.
109 RSA, vol. XI, p. 161.
110 ILR, vol. 38, p. 76ss.
111 ILR, vol. 50, p. 99ss. Op. ind. Lagergren, ibid., p. 495ss. Op. diss. Bebler, ibid., p. 409ss. Cf. Müller, Vertrauensschutz, p. 48ss. Munkman, p. 70ss, 74, 76-78, 80.
112 Voir les Rés. 502 (1982) et 505 (1982) du Conseil de Sécurité. R. Dolzer, The Territorial Status of the Falkland Islands (Malvinas) – Past and Present, New York/Londres, 1993. Voir aussi le conflit autour de la République turque de Chypre du Nord ; cf. Oppenheim, p. 189-190.
113 Suy, p. 71ss. Jacqué, p. 343-4. Sørensen, Prescription, p. 157. Fauchille, t. I/2, p. 760. Verykios, p. 99ss. McGibbon, Protest, p. 293ss, partic. p. 306ss. McGibbon, Acquiescence, p. 143ss, partic. p. 152ss. I.C. McGibbon, « Customary International Law and Acquiescence », BYIL 1957 (33), p. 124. Johnson, p. 345-6. Munkman, p. 45-6, 67-8, 74, 76ss, 80, 95ss, 104ss. Oppenheim, p. 706-7. Berber, t. I, p. 366. Schnitzer, p. 91. Cf. aussi la Réplique du Royaume-Uni dans l’affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1951, vol. II, p. 403, 601ss, 648ss ; Déclaration Sir Franck Soskice (Royaume-Uni), ibid., vol. IV, p. 136. Affaire de l’île Kasikili/Sedudu (Botswana c. Namibie), CIJ, Rec., 1999, para. 98.
114 Cf. Johnson, p. 346. Vkrykios, p. 101. Schnitzer, p. 91. McGibbon, Protest, p. 310ss. Fitzmaurice, The Law (1953), p. 28ss. Zimmer, p. 55, 58.
115 Verykios, p. 102ss. Johnson, p. 346, 353.
116 Johnson, p. 346, 353. Verykios, p. 105-7 (pour la Société des Nations).
117 Affaire Chamizal (1911), AJIL 1911 (5), p. 806-7.
118 Müller, Vertrauensschutz, p. 58.
119 CIJ, Rec., 1962, p. 22ss (Préah Vihéar) ; ILR, vol. 50, p. 99ss (Rann de Kutch), commentées chez Müller, Vertrauensschutz, p. 48ss.
120 Müller, Vertrauensschutz, p. 54ss. Zimmer, p. 55. Pinto, p. 393-4. Reuter, Droit, p. 24.
121 Vattel, Le droit des gens, liv. II, cap. XI, para. 141. Le propriétaire n’a pas le droit « de négliger entièrement une chose qui lui appartient, de la laisser, pendant un long espace de temps, sous toutes les apparences d’un bien abandonné (…) et d’en venir enfin dépouiller un possesseur de bonne foi, qui l’aura peut-être acquise à titre onéreux (…). Loin de donner un pareil droit, la loi naturelle prescrit au propriétaire le soin de ce qui lui appartient, et lui impose l’obligation de faire connaître ses droits, pour ne point induire les autres en erreur. (…). Voilà ce qui forme la présomption absolue, ou iuris et de iure, de l’abandonnement, et sur laquelle un autre se fonde légitimement pour s’approprier la chose abandonnée ».
122 Affaire relative à la frontière entre le BP 62 et le Mount Fitzroy (Laguna del Desierto) (Argentine c. Chili) (1994), ILR, vol. 113, p. 78-9.
123 Johnson, p. 347-8. Sørensen, Prescription, p. 159-60. Verykios, p. 85ss. Pinto, p. 393. Fauchille, t. I/2, p. 761-2. Zimmer, p. 52-3. Schnitzer, p. 89-90.
124 En ce sens p.e. Cavaglieri, Règles, p. 406. A. Cavaglieri, « Alcune osservazioni sul concetto di rinuncia nel diritto internazionale », RDI 1918 (12), p. 15ss. A.P. Sereni, Diritto internazionale, t. II, Milan, 1958, p. 604 et t. III, Milan, 1962, p. 1281-2. Tommasi di Vignano, Rinuncia, p. 104-5. Pfluger, p. 275 (pour la prescription extinctive). Strupp, Règles, p. 554. Cfr. déjà F. De Martens, p. 460-1. Rivier, p. 182-3. G.F. De Martens, p. 196. Heffter, p. 40, note 3. F. Von Holtzendorff (éd.), Handbuch des Völkerrechts, t. II, Hambourg, 1887, p. 255.
125 Fauchille, t. I/2, p. 755.
126 Cf. déjà R. Phillimore, Commentaries upon International Law, 3e éd., vol. I, Londres, 1879, p. 363ss. Cf. aussi Johnson, p. 334. Verykios, p. 45, 85, 138. Zimmer, p. 52. H. Lauterpacht, Private, p. 117, note 4. Schnitzer, p. 89-90. Cheng, p. 376. Diena, p. 257.
127 Oppenheim, p. 706. Sørensen, Prescription, p. 159-60. Johnson, p. 347-8, 354. Verykios, p. 85, 173. Zimmer, p. 52. Fauchille, t. I/2, p. 762. Audinet, (BS), p. 323-4. Monaco, Manuale, p. 411. Verdross/Simma, p. 758. Sperduti, Prescrizione, p. 3ss. O’Connell, t. I, p. 423. Müller, Vertrauensschutz, p. 54ss. Dahm/Delbrück/Wolfrum, p. 367. McGibbon, Acquiescence, p. 166-7. Blum, p. 60ss, 80ss. Fitzmaurice, The Law (1953), p. 30-1. Ch. De Visscher, Théories, p. 226-7. L. Olivi, Diritto internazionale pubblico e privato, 2e éd., Milan, 1911, p. 284-5.
128 Oppenheim, p. 706.
129 Schnitzer, p. 89-90.
130 Pinto, p. 393.
131 Plaidoirie de P. Reuter pour le Cambodge, affaire du Temple de Préah Vihéar, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1962, vol. II, p. 203.
132 C. Parry, The Consolidated Treaty Series, vol. 184, New York, 1974, p. 189ss.
133 Cf. H. Lauterpacht, Private, p. 229ss. Johnson, p. 340. M.F. Lindley, The Acquisition and Government of Backward Territory in International Law, Londres, 1920, p. 152ss. Pour d’autres exemples cf. Monaco, Manuale, p. 411 ou Balladore Pallieri, Diritto, p. 457-8.
134 RSA, vol. II, p. 867.
135 Diena, p. 257.
136 S. Von Rabenau, Völkerrechtliche und staatsrechtliche Möglichkeiten der Heilung der Rechtswidrigkeit von Annexionen und der sie begleitenden Rechtsbrüche, thèse, Hambourg, 1961, p. 60.
137 Charpentier, p. 158.
138 Supra, b) (4).
139 Müller, Vertrauensschutz, p. 58. Zimmer, p. 52.
140 W. Wengler, Völkerrecht, t. II, Berlin, 1960, p. 981, note 3.
141 Affaire des pêcheries norvégiennes, Réplique du Royaume-Uni, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1951, vol. IV, p. 376.
142 Dahm, t. I, p. 594-5. Zimmer, p. 52-3. Müller, Vertrauensschutz, p. 55. P.K. Menon, « Title to Territory : Traditional Modes of Acquisition by States », Revue de droit international, de sciences diplomatiques et politiques, 1994 (72), p. 16.
143 RSA, vol. XI, p. 161. Cf. Müller, Vertrauensschutz, p. 42-3. Blum, p. 20-1.
144 Verykios, p. 74, 80-1. Pinto, p. 393. Sørensen, Prescription, p. 154. Johnson, p. 338. Plus réservé, Kohen, p. 383-4, 386.
145 Cf. Verykios, p. 95, 101. Von der Heydte, Völkerrecht, p. 254. Verdross, Völkerrecht, p. 289, note 7, transférée de la p. 288. S. Von Rabenau, Völkerrechtliche und staatsrechtliche Möglichkeiten der Heilung der Rechtswidrigkeit von Annexionen und der sie begleitenden Rechtsbrüche, thèse, Hambourg, 1961, p. 67-8. Contra, Blum, p. 152, note 1.
146 Cf. en ce sens Zoller, La bonne foi, p. 98-101. Zoller, La bonne foi, p. 571. Sørensen, Prescription, p. 151. Johnson, p. 337-8. Verykios, p. 74-5. Pinto, p. 433. Hall, p. 143. Oppenheim, p. 706, note 6 ; p. 707. Oppenheim/Lauterpacht, t. I, p. 576. Dahm, t. I, p. 595. Dahm/Delbrück/Wolfrum, p. 367. Sereni, t. II, p. 605. Blum, p. 18-9. Berber, t. I, p. 365. Roche, (BS), p. 35. Politis, Morale, p. 123. Schnitzer, p. 90. H. Lauterpacht, Règles, p. 333. Accioly, t. II, p. 225. Monaco, Manuale, p. 410. Bouchez, p. 252-3. Jiménez de Aréchaga, p. 183-5. Kohen, p. 29. P. Morré, Die Änderung der staatlichen Gebietshoheit nach sowjetischer Völkerrechtslehre und Völkerrechtspraxis mit besonderer Berücksichtigung des Annexionsverbots, thèse, Münster, 1967, p. 20. Cf. aussi M. Whiteman, Digest of International Law, vol. 2, Washington, 1963, p. 1063.
147 Politis, Morale, p. 123.
148 Hall, p. 143. Cf. aussi Sørensen, Prescription, p. 151. H. Lauterpacht, Règles, p. 333.
149 Zoller, La bonne foi, p. 98ss. Jiménez de Aréchaga, p. 183ss.
150 RSA, vol. XI, p. 155ss.
151 RSA, vol. II, p. 829ss.
152 CPJI, sér. A/B, no 53, p. 22ss.
153 CIJ, Rec., 1953, p. 47ss.
154 CIJ, Rec., 1962, p. 6ss.
155 ILR, vol. 38, p. 16ss.
156 ILR, vol. 50, p. 14ss.
157 CIJ, Rec., 1975, p. 12ss, 42ss.
158 ILR, vol. 91, p. 550ss.
159 CIJ, Rec., 1992, p. 351ss, partic. 401, 408-9, 437, 469, 525.
159a 159a CIJ, Rec., 1999, paras. 90ss.
160 Ago/Toscano, Seconda Serie, vol. I, New York, 1979, p. 41, no 1338 : [Un tel argument] implica un’applicazione ai rapporti internazionali dei principi che regolano nei rapporti di diritto interno la buona fede, la legittimità del possesso, la rivendicazione delle cose sostratte, ecc. – applicazione non suffragata da alcuna precisa norma di diritto positivo, né facilmente sostenibile in base ai principi generali ». Avis du 28.9 1916, aux soins de Ricci-Busatti.
161 RSA, vol. I, p. 292ss ou H. La Fontaine, Pasicrisie internationale (1794-1900), Berne, 1902, p. 513ss. Cf. Zoller, La bonne foi, p. 101. Kohen, p. 384-5.
162 Zoller, La bonne foi, p. 101.
163 Sur cette notion, cf. F. Wooldridge, « Uti possidetis doctrine », EPIL, vol. 10, p. 519-521. M.G. Kohen, « L’uti possidetis », RGDIP 1993 (97), p. 940ss. G. Nesi, L’uti possidetis iuris nel diritto internazionale, Padoue, 1996. L.I. Sanchez Rodriguez, « L’uti possidetis et les effectivités dans les contentieux territoriaux et frontaliers », RCADI 1997 (263), p. 149ss.
164 Cf. Nguyen, p. 511. Bentz, p. 89. L. Olivi, Diritto internazionale pubblico e privato, 2e éd., Milan. 1911, p. 286. V.D. Degan, L’équité et le droit international, La Haye, 1970, p. 138. Peut-être aussi Reuter, Principes, p. 488 : « Aucun titre ne saurait naître de la mauvaise foi ».
165 Kohen, p. 383ss.
166 Kohen, p. 383-4, 386.
167 Op. diss. Moreno Quintana, CIJ, Rec., 1959, p. 255.
168 Op. ind. De Castro, CIJ, Rec., 1971, p. 218.
169 Sur cette notion, cf. l’affaire du différend frontalier Burkina Faso/Mali, CIJ, Rec., 1986, p. 586, para. 63 et pour la présente affaire, CIJ, Rec., 1992, p. 398, para. 61.
170 Op. ind. Torres Bernardez, CIJ, Rec., 1991, p. 707-8, para. 166.
171 RSA, vol. II, p. 1307ss. Cf. Zoller, La bonne foi, p. 99-101. Kohen, p. 385.
172 RSA, vol. II, p. 1311.
173 Ibid., p. 1359. Zoller, La bonne foi, p. 100 in fine-101, tire de cet arrêt des conclusions peu claires.
174 Cf., en plus des auteurs cités en bibliographie, p.e. Berber, t. I, p. 365-6. Dahm, t. I, p. 593ss. Verdross/Simma, p. 757ss. Monaco, Manuale, p. 410-1. Balladore Pallieri, Diritto, p. 457. Nguyen, p. 511. Von der Heydte, Völkerrecht, p. 252ss. Jennings, Acquisition, p. 23ss. O’Connell, t. I, p. 422ss. H. Lauterpacht, Private, p. 116ss. Hyde, t. I, p. 386ss. Brownlie, Principles, p. 153ss. Oppenheim, p. 705ss. Diena, p. 257. Bishop, p. 278. Schwarzenberger, Fundamental, p. 257ss. Shaw, p. 290ss. F. Despagnet, Cours de droit international public, 4e éd., Paris, 1910, p. 567. E. Menzel, « Gebietserwerb », dans : Strupp/Schlochauer, t. I, p. 620-1. S. Verosta, « Gebietshoheit und Gebietserwerb im Völkerrecht », Österreichische Juristenzeitung 1954 (9), p. 241ss. J.L. Brierly, The Law of Nations, 6e éd., Oxford, 1963, p. 167ss. L. Cavaré, Droit international public positif, 3e éd., t. II, Paris, 1969, p. 692-3. M.P. Strohl, The International Law of Bays, La Haye, 1963, p. 323ss. N. Hill, Claims to Territory in International Law and Relations, Londres/New York/Toronto, 1945, p. 156ss. M. Sahovic/W.W. Bishop, « The Authority of the State : Its Range with Respect to Persons and Places », dans : Sørensen, Manual, p. 324. H. Lammasch, Die Rechtskraft internationaler Schiedssprüche, Kristiana, 1913, p. 72ss ; etc.
Contra, p.e. Cavaglieri, Règles, p. 405. Strupp, Règles, p. 554. Strupp, Éléments, p. 261. Anzilotti, Cours, p. 337. Sereni, t. II, p. 603ss. Zimmer, p. 58ss, 66-7. Giraud, p. 425. Quadri, Diritto, p. 715. Diez de Velasco, p. 318. Combacau/Sur, p. 409. Kohen, p. 30-4. Cf. aussi Reuter, Droit, p. 206. Selon le juge Alvarez l’opération du principe est limitée à d’autres droits que ceux liés au territoire, Op. ind. Alvarez, affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Rec., 1951, p. 151. Pour la jurisprudence et la pratique étatique, cf. Blum, p. 20ss. McGibbon, Acquiescence, p. 154ss. Müller, Vertrauensschutz, p. 42ss. Sørensen, Prescription, p. 152-3. Johnson, p. 340ss. Schnitzer, p. 92ss.
175 Diez de Velasco, p. 318. Quadri, Diritto, p. 715. Charpentier, p. 157-8. Zimmer, p. 66-8. Voir aussi J. Touscoz, Le principe d’effectivité dans l’ordre international, Paris, 1964, p. 231-2.
176 Cf. Reuter, Droit, p. 206.
177 Pinto, p. 428ss, 449. Les deux notions ne se confondent pas. La coutume peut avoir un objet juridique quelconque ; la prescription vise l’établissement d’un titre sur une chose du fait d’une possession prolongée. La coutume est liée au processus de la création de règles alors que la prescription vise des situations subjectives ayant qualité de statut. La prescription est liée à l’idée de stabilité (quieta non movere) ; cette préoccupation est absente de la coutume.
178 Müller/Cottier, Acquiescence, p. 6. Müller, Vertrauensschutz, p. 54ss. Brownlie, Principles, p. 155-6. La prescription acquisitive est souvent rapprochée de l’acquiescement et de l’estoppel, cf. Schwarzenberger, Fundamental, p. 257ss, 259 : « Its foundation [of the title by prescription] is acquiescence. (…). Acquiescence provides an alternative to recognition and, likewise, creates an estoppel ». Schwarzenberger, Manual, p. 121. Verdross/Simma, p. 758. Dahm/Delbrück/Wolfrum, p. 368. Blum, p. 162. Sperduti, Prescrizione, p. 8. Jennings, Acquisition, p. 36ss. McGibbon, Acquiescence, p. 152ss. McGibbon, Protest, p. 306ss. A.O. Cukwurah, The Settlement of Boundary Disputes in International Law, Manchester, 1967, p. 213-4. Cf. aussi la Réplique du Royaume-Uni, affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1951, vol. II. p. 403, 601ss, 648ss ; ibid., vol. IV, p. 136, 376. Pour la Norvège, ibid., vol. III, p. 484ss ; ibid., vol. IV, p. 218-9. Plaidoirie P. Reuter (Cambodge), affaire du Temple de Préah Vihéar, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1962, vol. II, p. 194ss ; ibid., vol. I, p. 462ss. Pour la Thaïlande, ibid., vol. II, p. 294ss. En jurisprudence, voir les affaires des pêcheries norvégiennes, du Temple de Préah Vihéar, de la souveraineté sur certaines parcelles frontalières, des Minquiers et Écréhous, du différend entre le Chili et l’Argentine (cf. Müller, Vertrauensschutz, p. 33) ; cf. Blum, p. 20ss ; voir cependant aussi l’affaire de l’île Kasikili/Sedudu (Botswana c. Namibie), CIJ, Rec., 1999, paras. 90ss.
179 ILR, vol. 91, p. 550ss, p. 621-625. Sur cette affaire, cf. D.W. Bowett, « The Dubai/Sharjah Boundary Arbitration of 1981 », BYIL 1994 (65), p. 103ss.
180 Ibid., p. 622. Le Tribunal évoque ensuite les occasions où il y a eu absence d’opposition.
181 Ibid., p. 622. Le tribunal cite les affaires Grisbadarna, Palmas, Pêcheries norvégiennes, Temple de Préah Vihéar.
182 Ibid., p. 624.
183 CIJ, Rec., 1992, p. 408-9. Voir E. Decaux, « Le différend frontalier terrestre, insulaire et maritime (El Salvador/Honduras) », AFDI 1992 (38), p. 412.
184 Le juge Bedjaoui est allé en ce sens dans l’opinion jointe à l’affaire opposant la Guinée-Bissau au Sénégal : « Where the issue concerns a frontier – whether a maritime boundary or a land frontier – and one which is officially recognized as such, the requirements must necessarily be more strict because of the political importance of the operation. In any case, the establishment of a frontier must be the result of an agreement, and not be based on the fragile element of the absence of opposition on the part of one of the parties » (Op. diss. Bedjaoui, affaire relative à la frontière maritime entre la Guinée-Bissau et le Sénégal (1989), ILR, vol. 83, p. 81, para. 70). Cette opinion qui ne trouve aucun appui dans la doctrine et encore moins dans la jurisprudence doit être écartée.
185 Pinto, p. 423ss. Cf. aussi Ch. De Visscher, Théories, p. 226-9, 318ss.
186 Comme le disent Verdross/Simma, p. 760, l’application généralisée d’un tel principe équivaudrait à la négation du droit international (« würde zur Aufhebung des Völkerrechts führen »).
187 Müller, Vertrauensschutz, p. 67ss. Dahm, t. III, p. 171-2. Sur la prescription extinctive, en plus des auteurs cités en bibliographie, cf. Cavaré, t. II. p. 442ss. Schnitzer, p. 146ss. Lammasch, p. 72ss. H. Lauterpacht, Private, p. 118-9. Mosler, Course, p. 140-1. Oppenheim, p. 526-7. Verdross/Simma, p. 873 et note 19. Brownlie, Principles, p. 504-5. Sereni, t. III, p. 1281ss. Schwarzenberger, International, t. I, p. 565ss. C. Rousseau, Droit international public, t. V, Paris, 1983, p. 178ss. O. Hoijer, Les traités internationaux, t. II. Paris, 1928, p. 466ss.
188 Dictionnaire de la terminologie du droit international, Paris, 1960, p. 469.
189 N. Politis/Ch. De Visscher, Ann. IDI, 1925 (32), p. 1ss. Cheng, p. 377, 379, citant l’affaire Gentini (1903).
190 Oppenheim, p. 527. Brownlie, Principles, p. 505. Cheng, p. 380. Sereni, t. III, p. 1283. Affaire Stevenson (1903), RSA, vol. IX, p. 385-6. Affaire Gentini (1903), RSA, vol. X, p. 557 (cf. Müller, Vertrauensschutz, p. 70). Affaire Ambatielos (1956), RSA, vol. XII, p. 104.
191 Müller, Vertrauensschutz, p. 67ss. Dahm, t. III, p. 171-2.
192 Pinto, p. 442.ss.
193 Dahm, t. III, p. 171-2. Müller, Vertrauensschutz, p. 70, 74. Cheng, p. 375, citant l’affaire Williams (1885).
194 Müller, Vertrauensschutz, p. 70.
195 Sur la protection diplomatique, cf. W.K. Geck, « Diplomatic Protection of Foreign Nationals », EPIL, vol. 10, p. 99ss. Rousseau, t. V, p. 97ss (avec de nombreux renvois). Voir déjà E.M. Borchard, The Diplomatic Protection of Citizens Abroad or the Law of International Claims, New York, 1915 (réimpression, 1970).
196 Tommasi di Vignano, Rinuncia, p. 114ss. Pinto, p. 445ss. Sur la question, cf. Verykios, p. 161ss. Ann. IDI, 1925 (32), p. 24ss. Cavaglieri, Decorso, p. 178.
197 Ann. IDI, 1925 (32), p. 10 (L. Strisower).
198 Articles 6 et 7, cf. Verykios, p. 41-2.
199 A. De la Pradelle/N. Politis, Recueil des arbitrages internationaux, t. I, Paris, 1905, p. 120-1.
200 J.B. Moore, History and Digest of International Arbitrations to which the United States have been a Party, t. IV, Washington, 1898, p. 4199.
201 Selon Ralston, l’attitude négative des arbitres à propos de la prescription dans l’affaire des Fonds Pieux de Californie (1902) (RSA, vol. IX, p. 13) s’expliquait par le refus d’admettre qu’une demande des Etats-Unis d’Amérique pouvait être tenue en échec par une loi mexicaine imposant des limites temporelles aux réclamations internes : affaire Gentini (1903), RSA, vol. X, p. 556. Cf. Cheng, p. 374. J.H. Ralston avait été l’agent des Etats-Unis dans l’affaire des Fonds Pieux.
202 Sur toutes ces affaires, cf. Verykios, p. 154ss.
203 CIJ, Rec., 1960, p. 210ss, 213.
204 Dahm, t. III, p. 171.
205 CIJ, Rec., 1992, p. 324.
206 CIJ, Rec., 1992, p. 255, para. 38. Pour d’autres exemples, voir aussi infra, partie V, sect. II, chap. III.
207 Müller, Vertrauensschutz, p. 73ss. O’Connell, t. II, p. 1066.
208 Par exemple le Harvard Draft, art. 26, AJIL 1961 (55), p. 580, cité en bibliographie.
209 Müller, Vertrauensschutz, p. 70.
210 Müller, Vertrauensschutz, p. 70. Reisman, p. 383ss.
211 Pour une revue générale de la jurisprudence, cf. Verykios, p. 145ss. Müller, Vertrauensschutz, p. 67ss. Cheng, p. 373ss. Cf. aussi les Plaidoiries du Royaume-Uni dans l’affaire Ambatielos (1953), CIJ, Memoires, Plaidoiries et Documents, 1953, p. 432-3, 497. Pour l’arbitrage Ambatielos (1956), ILR, vol. 23, partic, p. 313ss.
212 RSA, vol. X, p. 561
213 P. Guggenheim (éd.), Répertoire suisse de droit international public, vol. I, Berne, 1975, p. 183
214 Reisman, p. 392ss. Cheng, p. 379, 381ss. Verykios, p. 150, 159, 170-1. Oppenheim, p. 527, note 5 (affaire des Indiens Cayuga (1926)).
215 Moore, History, t. IV, p. 4196. Coussirat-Coustère/Elsemann, t. I (1989), p. 439. Cheng, p. 381.
216 Moore, History, t. IV, p. 4195. Coussirat-Coustère/Eisemann, t. I (1989), p. 439. Cheng, p. 384.
217 AJIL 1928 (22), p. 189. Cf. Verykios, p. 150-1.
218 « The contention that this claim is barred by the lapse of time would, if admitted, allow the Venezuelan Government to reap advantage from its own wrong in failing to make just reparation to Mr Quirk at the time the claim arose ». RSA, vol. IX, p. 207. Cf. Cheng, p. 150. Reisman, p. 392-3.
219 Reisman, p. 392 : « A delay in good faith that aims at either direct resolution of the dispute or an attempt to another process of decision cannot be considered as barring a subsequent demand for arbitration ».
220 Comme la Cour l’a rappelé par la suite, dans l’affaire Nottebohm (1955) : « Ce serait entraver l’ouverture de négociations en vue de régler un différend international ou de conclure un compromis d’arbitrage, ce serait gêner l’emploi des méthodes de règlement recommandées par l’article 33 de la Charte des Nations Unies, que d’interpréter l’offre d’y recourir, le consentement à y prendre part ou le fait d’y participer comme impliquant renonciation à tel moyen de défense qu’une partie croit avoir… » (CIJ, Rec., 1955, p. 19-20). Ce raisonnement s’applique mutatis mutandis à la prescription libératoire.
221 Affaire des Zones Franches (ordonnance du 19 août 1929), CPJI, sér. A, no 22, p. 13.
222 Cheng, p. 137ss. Dahm, t. III, p. 171, note 12. Müller, Article 2 (2), p. 97. Ch. De Visscher, Equité, p. 39-40. E.C. Stowell, International Law, New York, 1931, p. 134ss, 171 : « The same rule applies to any modification of the conditions and privileges of aliens which is made without due notice, that is, any modification of so arbitrary a nature as to cause aliens unnecessary suffering and loss. Such conduct violates two important rules of international law (…) : 1st the obligation to observe good faith ; 2nd the obligation not to use sovereignty in an abusive manner ». Contra, Zoller, La bonne foi, p. 288-9
223 Cheng, p. 137, italiques ajoutées. Cf. aussi, ibid., p. 139.
224 Cité par Ch. De Visscher, Equité, p. 40. Pour le droit interne, voir par exemple B. Weber-Dürler, Vertrauensschutz im öffentlichen Recht, Bâle/Francfort-sur-le-Main, 1983.
225 Sur cette affaire, Politis, Problème, p. 96ss. Cheng, p. 137ss. Pour le texte de la sentence, De la Pradelle/Politis, t. I, p. 512ss.
226 A.C. Kiss, L’abus de droit en droit international, Paris, 1953, p. 78-80.
227 Moore, History, t. II, p. 67-8.
228 Ibid., p. 68.
229 De la Pradelle/ Politis, t. III, Paris, 1954, p. 672. Coussirat-Coustère/Eisemann, t. I (1980), p. 45.
230 RSA, vol. VI, p. 92. A.D., vol. I (1919-22), p. 237-8.
231 RSA, vol. VI, p. 92.
232 Cheng, p. 137.
233 Parce qu’une abstention n’est pas stricto sensu causale.
234 Affaire Portendick, cf. Cheng, p. 139.
235 Dictionnaire de la terminologie du droit international, Paris, 1960, p. 4.
236 Reuter, Droit, p. 253.
237 A. Verdross, « Die Erneuerung der materialen Rechtsphilosophie », dans : H. Klecatsky/R. Marcic/H. Schambeck (éds), Die Wiener rechtstheoretische Schule, Vienne, 1968, p. 744.
238 Aristote, Métaphysique, 1078-1080.
239 Saint Thomas d’Aquin dira : « Forma rei est intra rem », Summa theologica, I, 105, 5.
240 Ce terme dérive de « telos » (objet, but, finalité) et de « en » (en soi-même).
241 Aristote, Politique, I, 1252 b. Aristote, Métaphysique, 1032 a. Saint Thomas d’aquin, Summa theologica, I, 5 ; II.I.1 et 6ss. 1. Cf. W.D. Ross, Aristotle, Londres, 1923, p. 78ss [6e éd., Londres/New York, 1995]. A. Burchard, Der Entelechiebegriff bei Aristoteles und Driesch, thèse, Münster, 1928. A. Sandoz, « Le rôle de la cause finale dans l’explication chez Aristote », Revue de philosophie, 1934 (34), p. 46ss, 156ss, 271ss et 1937 (37), p. 104ss, 210ss. A. Verdross, Abendländische Rechtsphilosophie, Vienne, 1958, p. 39-40. U. Arnold, Die Entelechie, Vienne, 1965. R. Spaemann, Die Frage Wozu. Geschichte und Wiederentdeckung des teleologischen Denkens, Munich, 1981. E. Mayr, « The Idea of Teleology and Reduction », Philosophical Review 1992 (101), p. 791ss. M.D. Boeri, « Chance and Teleology in Aristotle’s Physics », International Philosophical Quarterly 1995 (35), p. 87ss.
242 Verdross, Erneuerung, p. 748. A. Verdross, « Der klassische Begriff des “bonum commune” und seine Entfaltung zum “bonum commune humanitatis” », ÖZöRV, 1977 (28), p. 143ss. Pour Saint Thomas, cf. Summa theologica, II, I, 90, 4 : « Lex est quaedam rationis ordinatio ad bonum commune ab eo qui curam communitatis habet, promulgata ». Voir aussi, ibid., II, I, 90, 2 et II, I, 2, 4. Telle est la racine du droit naturel classique. La volonté ne peut s’activer que pour réaliser et concrétiser l’idée du droit, non pour la contredire. Voir H. Rommen, Le droit naturel, Paris, 1945, p. 33ss. Que de larges marges étaient ainsi laissées à l’œuvre des hommes et à leur volonté était reconnu par Saint Thomas : S.T., II, I, 95, 2.
243 Par cela le droit réalise l’ordre dont Saint Augustin a pu dire : « Ordo est parium dispariumque rerum sua cuique loca tribuens dispositio » (De civitate Dei, cap. XIX).
244 J. Stroux, « Summum ius, summa iniuria, Ein Kapitel aus der Geschichte der interpretatio iuris », dans : J. Stroux, Römische Rechtswissenschaft und Rhetorik, Potsdam, 1949, p. 7ss. S. Riccobono, « La definizione del ius al tempo di Adriano », Bullettino dell’Istituto di diritto romano, 1948-II, Milan, p. 41ss. G. Eisser, « Zur Deutung von “Summum ius summa iniuria” im römischen Recht », Faculté de droit de l’Université de Tübingen (éd.), Summum ius summa iniuria, Tübingen, 1963, p. 1ss.
245 M. Kaser, Römisches Privatrecht, 14e éd., Munich, 1986, p. 3. M. Kaser, Römische Rechtsgeschichte, 2e éd., Göttingen, 1982, p. 74ss.
246 De officiis, 1, 10, 33.
247 N. Politis, La morale internationale, Neuchâtel, 1943, p. 70.
248 Sur l’abus de droit dans la tradition romaniste : V. Scialoja, « Aemulatio », Studi giuridici, vol. III, Rome, 1932, p. 216ss. G. Broggini, « L’abus de droit et le principe de la bonne foi – Aspects historiques et comparatifs », dans : P. Widmer/B. Cottier (éds), Abus de droit et bonne foi, Fribourg, 1994, p. 3ss. H. Kreller, « Die Theorie des Missbrauchs der Rechte in der römischen Rechtslehre », dans : Deutsche Landesreferate zum II. Internationalen Kongress für Rechtsvergleichung, volume spécial de la Zeitschrift für ausländisches und internationales Privatrecht, Berlin, 1937, p. 1ss. M. Rotondi, L’abuso di diritto, Padoue, 1979, p. 5ss.
249 Broggini, p. 4-5. Kreller, p. 4-5. Sur le ius honorarium, cf. Kaser, Römisches, p. 18-9. Kaser, Rechtsgeschichte, p. 138ss. M. Kaser, Das römische Privatrecht, 2e éd., t. I, Munich, 1971, p. 205ss. A. Guarino, Diritto privato romano, 9e éd., Naples, 1992, p. 117ss.
250 Dig. 8, 1, 9 (Celse) ; Dig. 7, 1, 15. para. 1 (Ulpien) ; voir Kreller, p. 8ss.
251 Dig 7, 1, 17 para. 1 et 2 (Ulpien). Kreller, p. 10.
252 Dig. 7, 1, 15, para. 3 (sur Labéon).
253 Dig. 39, 2, 24, para. 12, 26 (Ulpien) (cautio damni infecti) ; Dig. 39, 3, 1, para. 11 (Ulpien) (en sens négatif), mais aussi Dig. 39, 3, 1, para. 12 (Ulpien) ; Dig. 39, 3, 2, para. 6 (Paulus) (actio acque pluviae arcendae) ; Dig. 11, 7, 12 (viam ad sepulchrum) ; cf. Kreller, p. 6-7, 17ss.
254 Dig. 6, 1, 38, De rei vindicatione (à propos de l’acquisition d’un immeuble de bonne foi). Quand on lit le passage, la réserve du comportement malicieux paraît générale, comme si elle rappelait, obiter, une limite s’appliquant à tout exercice de droits : « Neque malitiis indulgendum est ; si tectorium puta, quod induxerit, picturasque corradere velis, nihil laturus nisi ut officias » (« En outre, il ne faut admettre aucune chicane ; par exemple, si tu voulais racler le mur pour en éloigner le stuc ou les peintures murales, tu ne pourrais obtenir rien d’autre que de nuire »).
255 Institutiones, liv. I, tit. 53.
256 Broggini, p. 6.
257 Dig. 50, 17, 55.
258 Dig. 50, 17, 155, para. 1.
259 Kreller, p. 5.
260 Kreller, p. 18-9.
261 Kaser, Römisches, p. 56, 157. Cf. aussi A. Burdese, « Exceptio doli », Novissimo Digesto italiano, vol. VI, Turin, 1960, p. 1072ss (droit romain). A. Palermo, Studi sull’exceptio nel diritto classico, Milan, 1956, p. 131ss. Voir déjà F. Milone, La exceptio doli (generalis), Naples, 1882, partic. p. 151ss. E. Costa, L’exceptio doli, Bologne, 1897, partic. p. 146ss.
262 Dig. 4, 3, 1, para. 1ss (Ulpien). Dig. 4, 3, 1, para. 18 (Paulus).
263 Kaser, Römisches, p. 157.
264 Broggini, p. 11ss. B. Huwiler, dans : Widmer/Cottier, p. 35-38.
265 M. Rotondi, L’abuso di diritto, Padoue, 1974, p. 36ss. H. Trueb, Der Rechtsmissbrauch (Schikane) im modernen Recht, thèse, Berne, 1909, p. 27ss. K. Huber, Über den Rechtsmissbrauch, thèse, Berne, 1909, p. 11ss. S. Perozzi, « Il divieto d’atti d’emulazione », Archivio giuridico (Filippo Serafini), vol. 53 (1895), p. 350ss. C. Salvi, « Abuso del diritto, diritto civile », dans : B. Paradisi (éd.), Enciclopedìa giuridica, vol. I, Turin, 1988, p. 2, 5-6.
266 Dig. 50, 10, 3.
267 Aemulatio, dont dérive le mot émule, émuler, faire comme quelqu’un d’autre.
268 Commentaria, ad Dig. 39, 3, 1, para. 12.
269 O. Wendt, « Die exceptio doli generalis im heutigen Recht oder Treu und Glauben im Recht der Schuldverhältnisse », Archiv für die civilistische Praxis, 1906 (100), p. 1ss. F. Ranieri, « Eccezione di dolo generale », Digesto delle discipline privatistiche, Sezione civile, vol. VII, Turin, 1991, p. 311ss. G. Eisser, « Zur Deutung von “Summum ius summa iniuria” im römischen Recht », dans : Université de Tübingen (éd.), Summum ius, Summa Iniuria : Individualgerechtigkeit und der Schutz allgemeiner Werte im Rechtsleben, Tübingen, 1963, p. 15ss. F. Ranieri, « Bonne foi et exercice du droit dans la tradition du civil law », Revue internationale de droit comparé, 1998 (50), p. 1058-1060.
270 Gothofredus en parle dans ces termes : « Doli exceptionem proposuit praetor ne cui dolus suus per occasionem iuris civilis prodesset contra aequitatem naturalem : doli exceptio generalis est competens si qui petit id quod qualibet exceptione elidi potest ». Cf. D. Gothofredus, Dissertatio de exceptionibus, Argentorati, 1603, p. 11, n. 63, cité par Broggini, p. 13.
271 Huwiler, dans : Widmer/Cottier, p. 36.
272 Broggini, p. 13. Huwiler, dans : Widmer/Cottier, p. 36.
273 Broggini, p. 13.
274 K. Pennington, « Henricus de Segusio (Hostiensis) », dans : K. Pennington, Popes, Canonists and Texts, 1150-1550, Aldershot, 1993, texte no XVI (pas de numérotation continue des pages). Cf. aussi P.G. Caron, Aequitas romana, misericordia patristica ed epieichia aristotelica nella dottrina dell aequitas canonica, Milan, 1971, p. 8-9, 17, 50 (« rigor non est ius, sed est iuris excessus in auctoritate », Summa Aurea (1586), lib. V, de dispensationibus), 56ss, 76-7.
275 Sur Vazquez, cf. K. Seelmann, dans : M. Stolleis (éd.) Juristen, Munich, 1995, p. 632-3.
276 Controversiarum illustrium aliarumque usu frequentium (1564), lib. I, cap. 46, para. 4.
277 Pour une analyse de ces codifications, outre les auteurs de droit comparé cités en bibliographie sous c), cf. Scerni, Abuso, p. 11ss. Neuhaus, p. 134ss. Rollet, p. 13ss. Gestri, p. 6ss. Iluyomade, p. 53ss. Paul, p. 119ss. Schlochauer, p. 376.
278 Sur la Communauté internationale, cf. R.J. Dupuy, « Communauté internationale et disparités de développement. Cours général », RCADI 1979-IV (165), p. 1ss. R.J. Dupuy, La Communauté internationale entre le mythe et l’histoire, Paris, 1986. M. Laghs, « Quelques réflexions sur la Communauté internationale », Mélanges M. Virally. Paris, 1991, p. 349ss. P.M. Dupuy, « Humanité, Communauté et efficacité du droit », Mélanges R.J. Dupuy, Paris, 1991, p. 133ss. G. Abi-Saab, « “Humanité” et “Communauté” dans l’évolution de la doctrine et de la pratique du droit international », Mélanges R.J. Dupuy, Paris, 1991, p. 1ss. G. Abi-Saab, « International Law and the International Community : The Long Road to Universality », Mélanges W. Tieya, Dordrecht/Boston, 1994, p. 31ss. H. Mosler, « International Legal Community », EPIL, vol. 7, p. 309ss. Mosler, Course, p. 17ss. M. Giuliano, La comunità internazionale e il diritto, Padone, 1950. G. Vedovato, La Comunità internazionale, Florence, 1950. G. Maturi, Il problema giuridico della Comunità internazionale, Milan, 1956. A. Migliazza, Il fenomeno dell’organizzazione e la Comunità internazionale, Milan, 1958. L. Legaz y Lacambra, « Völkerrechtsgemeinschaft, Ideologie, Utopie und Wirklichkeit », Mélanges C. Schmitt, Berlin, 1959 (réimprimé en 1989), p. 123ss. G.C. McGhee, International Community : A Goal for a New World Order, Lanham, 1992. G. Herczegh, « The International Community of States », Questions of International Law (Budapest), 1991 (5), p. 75ss. Triyol y Serra, Cours, p. 53ss. Ch. De Visscher, Théories, p. 110ss.
279 E. McWhinney, dans : Bedjaoui, t. I, p. 449-50.
280 Cf. par exemple Ch. De Visscher, Théories, p. 110ss.
281 Suivant les mots de N. Politis, « l’Etat [n’est] plus considéré comme investi d’un pouvoir absolu, mais comme chargé d’une mission sociale qu’il doit remplir d’après des règles de droit ». Politis, Problème, p. 16. Cf. aussi H. Krabbe, « L’idée moderne de l’Etat », RCADI 1926-III (13), p. 559ss, 576ss.
282 Cette doctrine a été développée avec vigueur particulière par G. Scelle sous les titres de la « hiérarchie des ordres juridiques » et du « fédéralisme normatif » ou du « fédéralisme juridique universel ». Cf. G. Scelle, Précis de droit des gens, t. I, Paris, 1932, p. 31ss ; t. II, Paris, 1934, p. 5-6. Scelle, Règles, p. 350ss. Scelle, Manuel, p. 21ss, 52-3.
283 S. Seferiades, « Principes généraux du droit international de la paix », RCADI 1930-IV (34), p. 392.
284 Ibid., p. 405. N. Politis, Les nouvelles tendances du droit international, Paris, 1927, p. 41 : suivant N. Politis, les droits des Etats, « jadis absolus, ne rencontrant que les limites imposées par des accords volontaires, (…) sont maintenant relatifs, n’ayant que la portée indispensable pour répondre au but social qui les a créés ; en d’autres termes, tandis qu’autrefois on les fondait sur l’individualisme, on les base désormais sur la solidarité ».
285 E.C. Stowell, International Law, New York, 1931, p. 122.
286 Ibid., p. 123 ; cf. aussi, p. 129.
287 H. Lauterpacht, The Function of Law in the International Community, Oxford, 1933, p. 286.
288 Comme le dit Hyde : « If a State is unhampered in its activities that affect the interest of any other, it is due to the circumstance that the practice of nations has not established that the welfare of the international society is adversely affected thereby ». Hyde, t. I, p. 7.
289 Cf. R.J. Alfaro, « The Rights and Duties of States », RCADI 1959-II (97), p. 113-4, 103 : « There are no absolute rights. All are relative, within the Community of States. All are limited by the rights of others ». Cf. déjà A. Alvarez, Le droit international de l’avenir, Washington, 1916, p. 126. Pour le lien avec l’abus de droit, voir l’Op. ind. Azevedo, affaire relative à l’admission d’un Etat aux Nations Unies, CIJ, Rec., 1947/8, p. 79-80. Op. ind. Alvarez, affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Rec., 1951, p. 152. Op. ind. Alvarez, affaire relative à l’admission d’un Etat aux Nations Unies, CIJ, Rec., 1947/8, p. 69. Plus généralement, voir Truyol y Serra, Souveraineté, p. 319ss. Truyol y Serra, Cours, p. 150ss. Pour la conception orientale, voir K.N. Jayatilleke, « The Principles of International Law in Buddhist Doctrine », RCADI 1967-I (120), p. 534ss (rejet de la souveraineté absolue ; primat du Droit (Dhamma)). Cf. aussi C.W. Jenks, The Common Law of Mankind, Londres, 1958, p. 123ss. C.W. Jenks, Law in the World Community, Londres, 1967, p. 31ss.
290 I. Kant, Metaphysik der Sitten (1797), Doctrine du droit, Introduction, lettre C : « Inbegriff der Bedingungen, unter denen die Willkür [i.e. Handlungsfreiheit] des einen mit der Willkür des anderen nach einem allgemeinen Gesetz der Freiheit zusammen vereinigt werden kann ».
291 La question de savoir si les droits que confère le droit international correspondent davantage à la notion de droits publics (compétences) ou de droits privés subjectifs ne peut être poursuivie ici. En dernière analyse ils contiennent des éléments de l’un et de l’autre : l’un par leur nature et leurs fonctions publiques, l’autre par la place de la souveraineté (faisant pendant à l’autonomie individuelle).
292 Exposé de G. Scelle (France), affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 76, italiques ajoutées. Cf. aussi A. Schnitzer, Staat und Gebietshoheit, Zurich/Leipzig, 1935, p. 7 : « [Das Recht] steht damit in einem logischen Gegensatz zur Willkür ». C’est pourquoi le terme de droit arbitraire (ou ius arbitrarium) parfois utilisé – p.e. par Domat dans son ouvrage sur « Les lois civiles dans leur ordre naturel », t. I, Paris, 1689, chapitre XI – est à strictement parler une contradiction dans les termes.
293 Scelle, Règles, p. 408.
294 Ibid., p. 417.
295 Déclaration de M. Weeks (Libéria), affaire relative à la composition du Comité de la Sécurité maritime de l’Organisation intergouvernementale consultative de la navigation maritime, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 406.
296 Affaire relative à la demande de réformation du Jugement no 333 du TANU (Yakimetz), CIJ, Rec., 1987, p. 45.
297 Dahm, t. I, p. 194 : « Kein Recht ist ganz unbeschränkt. Keines darf auf gemeinschaftswidrige, antisoziale Weise ausgeübt werden ». H. Lauterpacht, Function, p. 286, 295-6, 298. Stowell, p. 122ss. Härle, Entscheidungsgrundlagen, p. 184-5 : « La théorie de l’abus de droit repose sur cette idée qu’on outrepasse son droit, non seulement lorsqu’on en franchit les limites matérielles ou objectives, mais encore quand restant dans ces limites, on en fait un usage antisocial » (p. 185, le renvoi à De Boeck étant inexact). Cf. aussi Ch. De Visscher, Equité, p. 35-37. Cette idée est exprimée sur un plan plus pratique par une correspondance diplomatique entre M. Delayanni, chargé d’affaires grec à Constantinople, et M. Rangabé, chargé d’affaires grec à Paris : « Il en est des règles du droit des gens », trouve-t-on écrit, « comme de celles du droit privé. Quelquefois leur observation absolue est aussi injuste et dangereuse que leur violation même ». V. Bruns, Fontes Iuris Gentium, sér. B, sect. 1, t. I (1856-1871), Berlin, 1932, p. 117, no 405.
298 Cf. Balladore Pallieri, Diritto, p. 232-3 : « Questo principio, per cui l’azione statuale deve essere rigorosamente rivolta allo scopo per il quale solo è concessa (…) si è denominato principio della buona fede ».
299 Strupp, Règles, p. 559.
300 Oppenheim, p. 408. Roulet, p. 109, 123ss. Gestri, p. 51ss. Cot, La bonne foi, p. 3, 8. D. Casanovas y la Rosa, « Abuso de derecho, desviación de poder y responsabilidad internacional. Notas sobre la acusación de abuso de derecho y desviación de poder en el asunto de la Barcelona Traction, Light and Power Company, Ltd. », REDI 1970 (23), p. 469ss. C.C. Emanuelli, « Les principes généraux de droit et la protection des Etats côtiers contre le risque de pollution des eaux navigables », CYIL 1975 (13), p. 233. Polter, p. 40. Grossen, p. 56ss. Cassese, p. 157.
301 Parfois l’abus de droit est présenté comme une règle d’interprétation, cf. Siorat, p. 310.
302 CPJI, sér. A, no 7, p. 30.
303 Cf. Gestri, p. 21. Jovanovic, p. 185. Kiss, L’abus, p. 177-8. Gowlland-Debbas, p. 663.
304 CIJ, Rec., 1947/8, p. 63.
305 CIJ, Rec., 1952, p. 212. Ce passage est fréquemment cité sous le chef de l’abus de droit, cf. p.e. Gestri, p. 21-2. Iluyomade, p. 63. Jovanovic, p. 159, 186.
306 Parry, Consolidated, vol. 132 (1865-66), New York, 1969, p. 359ss.
307 RSA, vol. XII, p. 314ss. Cf. A. Gervais, « L’affaire du Lac Lanoux », AFDI 1960 (6), p. 422ss, 431ss. F. Duléry, « L’affaire du Lac Lanoux », RGDIP 1958 (62), p. 513.
308 « Mais il n’est pas allégué que les travaux dont il s’agit aient pour but, en dehors de la satisfaction des intérêts français, de créer un moyen de nuire aux intérêts espagnols » (ibid., p. 305). Ailleurs le Tribunal se réfère au « principe interdisant à l’Etat d’amont d’altérer les eaux d’un fleuve dans des conditions de nature à nuire gravement à l’Etat d’aval » (RSA, vol. XII, p. 308), ce qui constitue une invocation du principe de l’abus de droit dépouillé de la condition de malveillance.
309 RGDIP 1986 (90), p. 733.
310 Ibid., p. 733, para. 27. Texte anglais dans ILR, vol. 82, p. 614. Cf. Gestri, p. 27.
311 Cf. Verdross/Simma, p. 48. Verdross, Principes (RCADI), p. 242-3. Cheng, p. 121ss. Bernhardt, Auslegung, p. 25. Truyol y Serra, Cours, p. 88. Hassan, p. 448. Paul, p. 127-8. Kimminich, p. 318. K. Zemanek, dans : Neuhold/Hummer/Schreier, p. 65. Fitzmaurice, Law, t. I, p. 12. Benedek, p. 384. N.M. Poulantzas, The Right of Hot Pursuit in International Law, Leyden, 1969, p. 209, note 7. W.A. Kewenig, Die Anwendung wirtschaftlicher Zwangsmassnahmen im Völkerrecht, Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, vol. 22, Heidelberg, 1982, p. 18. Contra : Neuhaus, p. 67. Zoller, La bonne foi, p. 109ss, 115-6, 120-1 (sous l’angle de la bonne foi uniquement subjective). G. Schwarzenberger reconnaît l’abus de droit dans des limites strictes, c’est-à-dire pour « the arbitrary or unreasonable exercise of absolute rights or discretions » (G. Schwarzenberger, « Uses and Abuses of the “Abuse of Rights” in International Law », Transactions of the Grotius Society, 1956 (42), p. 167). L’interdiction de l’abus de droit a sa place dans les rapports conventionnels entre Etats, branche que l’auteur qualifie de ius aequum ; c’est le cas notamment dans le cadre des organisations internationales (ibid., p. 175ss ; Schwarzenzerger, International, t. I, p. 49). Ainsi limité, l’abus de droit peut être censé découler du principe général de la bonne foi (Schwarzenberger, Fundamental, p. 304ss). Toutefois, la bonne foi ne fonde pas un principe général de l’interdiction de l’abus de droit valable pour l’ensemble du droit coutumier. Le droit coutumier représente pour cet auteur par excellence le ius strictum où des considérations de bonne foi, de reasonableness ou d’équité ne sauraient prévaloir. Aussi, commentant l’arrêt de la Cour permanente de Justice internationale relatif à certains intérêts allemands en Haule-Silésie polonaise (sér. A, no 7, p. 30), il écrit : « As such, the established and limited rule on treaty law forming part of the jus aequum of international law [duties of good faith] is hardly a sufficient basis for sweeping generalisations on a general prohibition of abuse of rights in international customary law » (Schwarzenberger, International, t. I, p. 449).
312 J.P. Cot parle (le l’abus de droit comme du « revers indissociable de la bonne foi » (Cot, La bonne foi, p. 3). Suivant F.A. Mann, « good faith is simply the positive form of a principle which, in the negative form, involves the prohibition of abuse, arbitrariness and discrimination » (Réplique F.A. Mann pour la Belgique, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, affaire de la Barcelona Traction, vol. X, p. 46). L’article 2 du Code civil suisse a codifié ensemble, dans le paragraphe 1 la bonne foi objective, et dans le paragraphe 2 l’interdiction de l’abus de droit. Le lien ainsi établi a souvent été interprété comme exprimant un aspect positif et un aspect négatif d’une même médaille. Cf. I. Tuor/H. Deschenaux, Le code civil suisse, Exposé systématique, 2e éd. française, Zurich, 1950, p. 44 : « Le bref mais célèbre alinéa second de l’article 2 exprime de façon négative, sous la forme d’une défense, le principe énoncé de façon positive, sous la forme d’un ordre, à l’alinéa premier (…). Le droit ne doit servir qu’à la satisfaction d’intérêts légitimes ; s’il sert à autre chose, il perd sa raison d’être ». Cf. aussi A. Egger, Kommentar zum schweizerischen Zivilgesetzbuch, Einleitung, Artikel 1-10, Zurich, 1930, p. 73 (Gebots-/Verbotsnorm). H. Deschenaux, Traité de droit civil suisse, t. II/1, Fribourg, 1969, p. 139 attribue au paragraphe 1 une fonction interprétative et complétive ; au paragraphe 2 une fonction corrective. Roulet, p. 124.
313 Ce lien entre la bonne foi et l’abus de droit était déjà connu du ius commune. Cf. Broggini, p. 11-13.
314 CIJ, Rec., 1951, p. 140-1.
315 CIJ, Rec., 1951, p. 142.
316 D.M. Polter, Auslandsenteignungen und Investitionsschutz, Schriften zum Völkerrecht, t. 41, Berlin, 1975, p. 41 : « Diese Formen des détournement de pouvoir [en matière d’expropriation] gelten als völkerrechtswidrig weil sie gegen die Gebote der Rechtssicherheit und des Vertrauensschutzes Verstossen ». Cf. aussi Huwiler, dans : Widmer/Cottier, p. 35. A. Perrochet, Essai sur la théorie de l’abus de droit (article 2 du Code civil suisse), Lausanne, 1920, p. 237ss.
317 CPJI, sér. C, no 78, p. 36-7.
318 Cf. Neuhaus, p. 36ss, 44ss.
319 Voir cependant aussi N. Politis, La morale internationale, Neuchâtel, 1943, p. 71 où l’auteur estime que la doctrine de l’abus de droit est en partie encore seulement morale. Tous les auteurs cités, de Politis à Spiropoulos, ont leur référence complète dans la bibliographie spéciale, sous la lettre a). Les références des auteurs cités entre B. Cheng et Reuter se trouvent à la même place, sous la lettre b).
320 Op. cit. (bibliographie), partic, p. 474.
321 Voir aussi J. Spiropoulos, Die allgemeinen Rechtsgrundsätze im Völkerrecht, Kiel, 1928, p. 35.
322 Voir aussi P. Guggenheim, « Les principes de droit international public », RCADI 1952-1 (80), p. 67.
323 Voir aussi Ch. De Visscher, « La codification du droit international », RCADI 1925-I (6), p. 361.
324 Voir aussi D. Carreau, Droit international, 3e éd., Paris, 1991, p. 281, 296.
325 Voir aussi P. Reuter, Droit international public, 6e éd., Paris, 1983, p. 119.
326 E.C. Stowell, International Law, New York, 1931, p. 122ss, 171.
327 E. Menzel, Völkerrecht, Munich/Berlin, 1962, p. 98.
328 D.P. O’connell, International Law, 2e éd., vol. 1, Londres, 1970, p. 13.
329 C. Roussau, Droit international public, t. I, Paris, 1970, p. 51, 382-3.
330 F. Berber, Lehrbuch des Völkerrechts, 2e éd., t. I, Munich, 1975, p. 71. Plus restrictif dans F. Berber, Rivers in International Law, Londres/New York, 1959, p. 205ss. F. Berber, Die Rechtsquellen des internationalen Wassernutzungsrechts, Munich, 1955, p. 138-9.
331 I. Seidl-Hohenveldern, Völkerrechts. 7e éd., Cologne, 1992, p. 128.
332 M. Virally, dans : M. Sørensen (éd.), Manual of Public International Law, Londres/New York, 1968, p. 148.
333 A.A. Cançado Trinidade, Princίpios do direito internacional contemporâneo, Brasίlia, 1981, p. 19.
334 A.P. Fachiri, The Permanent Court of International Justice, 2e éd., Oxford/Londres, 1932, p. 103.
335 M. Sibert, Traité de droit international public, t. I. Paris, 1951, p. 311 ; t. II, Paris, 1951, p. 204-5.
336 W. Sauer, Völkerrecht und Weltfrieden, Stuttgart, 1948, p. 155 et W. Sauer, System des Völkerrechts, Bonn, 1952, p. 407.
337 A. Verdross/B. Simma, Universelles Völkerrecht, 3e éd., Berlin, 1984, p. 48, 281-2.
338 J.P. Jacqué, Éléments pour une théorie de l’acte juridique en droit international public, Paris, 1972, p. 171ss.
339 M. Habicht, « Le pouvoir du juge international de statuer ex aequo et bono », RCADI 1934-III (49), p. 350, note 1.
340 L. Le Fur. « Règles générales du droit de la paix », RCADI 1935-IV (54), p. 208. Cet auteur était plus réservé lors de la Session de Lausanne de l’IDI : Ann. IDI, 1927, p. 784ss.
341 U. Scheuner, « L’influence du droit interne sur la formation du droit international », RCADI 1939-II (68), p. 119, 154, 165.
342 Ch. De Boeck, « L’expulsion et les difficultés internationales qu’en soulève la pratique », RCADI 1927-III (18), p. 627ss.
343 A.N. Makarov, « Règles générales du droit de la nationalité », RCADI 1949-I (74), p. 300.
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373 F.A. Mann, Studies in International Law, Oxford, 1973, p. 70. F.A. Mann, The Legal Aspect of Money, 5e éd., Oxford, 1992, p. 471ss.
374 U. Leanza, Nuovi saggi di diritto del mare, Turin, 1988, p. 203.
375 V.D. Degan, L’équité et le droit international, La Haye, 1970, p. 33, 157-8.
376 K. Doehring, « The State », EPIL, vol. 10, p. 424.
377 R. McLean, Public International Law, 15e éd., Londres, 1993, p. 235ss.
378 M. Nuñez-Müller, Die Staatszugehörigkeit von Handelsschiffen im Völkerrecht, Schriften zum Völkerrecht, vol. 113, Berlin, 1994, p. 118-9.
379 A. Truyol y Serra, « Cours général de droit international public », RCADI 1981-IV (173), p. 88.
380 L. Delbez, Les principes généraux du droit international public, 3e éd., Paris, 1964, p. 43.
381 V. Gowlland-Debbas, « The Relationship between the ICJ and the Security Council in the Light of the Lockerbie Case », AJIL 1994 (88), p. 663.
382 T. Hassan, « Good Faith in Treaty Formation », Virginia J.I.L., 1981 (21), p. 448.
383 O. Kimminich, Einführung in das Völkerrecht, 3e éd., Munich, 1987, p. 318.
384 G. Fouilloux, La nationalisation et le droit international public, Paris, 1962, p. 230ss.
385 B.A. Wortley, Expropriation in Public International Law, Cambridge, 1959, p. 102ss.
386 L. Caflisch, « The Law of International Waterways and Its Sources », Mélanges W. Tieya, Dordrecht/Boston/Londres, 1993, p. 125.
387 M. Bernad y Alvarez de Eulate, « La coopération transfrontalière régionale et locale », RCADI 1993-VI (243), p. 399.
388 P. De Visscher, « Cours général de droit international public », RCADI 1972-II (136), p. 47.
389 G.S. Goodwin-Gill, « The Limits of the Power of Expulsion in Public International Law », BYIL 1974/5 (47), p. 79ss. G.S. Goodwin-Gill, International Law and the Movement of Persons between States, Oxford, 1978, 209ss.
390 R. Monaco, « Cours général de droit international public », RCADI 1968-III (125), p. 187-8.
391 G. Handl, « Territorial Sovereignty and the Problem of Transnational Pollution », AJIL 1975 (69), p. 56ss.
392 F. Capotorti, « Cours général de droit international public », RCADI 1994-IV (248), p. 251-2.
393 Pour les références des auteurs et des plaidoiries cités, infra, note 513.
394 J. Westlake, International Law, vol. II, Londres, 1907, p. 322. P. Heilborn, System des Völkerrechts, Berlin, 1896, p. 358ss. Voir H. Lauterpacht, Function, p. 287.
395 E.S. Creasey, First Platform of International Law, Londres, 1876, p. 344-5.
396 CPJI, sér. C, no 13, vol. III, p. 153, Mémoire hellénique.
397 CPJI, sér. C, no 11, vol. I, p. 136, 227-8, 375-6 et no 11, vol. II, p. 632, Mémoire allemand et Plaidoiries de E. Kaufmann. La Pologne s’est placée sur le terrain des obligations préconventionnelles et du principe de la bonne foi sans mentionner l’abus de droit : CPJI, sér. C, no 11, vol. II, p. 631ss (Contre-mémoire du Gouvernement polonais) ; ibid., p. 954ss (Duplique polonaise) ; ibid., no 11, vol. I, p. 182ss (Discours Mrozowski) ; ibid., p. 273-4 (Duplique Mrozowksi).
398 CPJI, sér. C, no 13, vol. II, p. 401-2, Consultation de M. Mercier.
399 CPJI, sér. C, no 59, p. 36ss, Mémoire des quatre gouvernements (France, Grande-Bretagne, Italie, Japon) ; ibid., p. 360-1, Réplique Pilotti (Italie). Contra, ibid., p. 150-1 (Contre-mémoire lithuanien ; ibid., p. 368-70, Réplique Sidzikauskas (Lithuanie).
400 CPJI, sér. C, no 70, p. 72, 86-7, 115-6, Mémoire allemand (but social des compétences et droits).
401 CPJI, sér. C, no 75, p. 39-40, 304, Réplique Beckett (Royaume-Uni) (fraude à la loi ; pouvoirs discrétionnaires et reasonableness). Contra, ibid., p. 114-5, Contre-mémoire belge (neminem laedit qui suo jure utitur).
402 CPJI, sér. C., no 74, p. 126, Mémoire hellénique.
403 CPJI, sér. C, no 78, p. 26, 35ss, Mémoire suisse, ibid., p. 295, Exposé Sauser-Hall (Suisse). La partie adverse, la Yougoslavie, admit l’existence de l’interdiction de l’abus de droit en droit international mais en contesta l’applicabilité en l’espèce : ibid., p. 185, Contre-mémoire du Gouvernement yougoslave.
404 CPJI, sér. C., no 88, p. 400, Exposé Ruelle (Belgique) ; ibid., p. 431, Exposé Rolin (Belgique).
405 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 75ss, Exposé G. Scelle ; ibid., p. 109, Déclaration M. Lachs (limitant l’abus de droit aux actes émulatifs).
406 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1950, p. 142-3, Contre-mémoire péruvien.
407 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1951, p. 92, Contre-mémoire péruvien.
408 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1952, p. 98, Mémoire du Royaume-Uni.
409 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1953, p. 432-3, 497, Argument oral de Fawcett et Réplique de Evans pour le Royaume-Uni (abus de procédure à cause de délais injustifiables).
410 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1954, p. 40-1, Exposé du Gouvernement français ; ibid., p. 119, Exposé du Gouvernement hellénique ; ibid., p. 351, Exposé Spiropoulos pour la Grèce.
411 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 54 (Mémoire du Liechtenstein) ; ibid., p. 190 (Contre-mémoire du Guatemala) ; ibid., p. 384-5 (Réplique du Liechtenstein) ; ibid., p. 510-1, 538, 543 (Duplique du Guatemala) ; ibid., vol. II, p. 91ss (Plaidoirie Sauser-Hall pour le Liechtenstein) ; ibid., p. 184ss, 196 (Plaidoirie Rolin pour le Guatemala) ; ibid., p. 349 (Réplique Sauser-Hall) ; ibid., p. 408 (Duplique Rolin). Les parties reconnaissaient toutes deux l’existence du principe de l’interdiction de l’abus de droit en droit international mais différaient quant à son application à l’espèce.
412 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1956, p. 203 (Déclaration écrite des Etats-Unis d’Amérique).
413 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1957, vol. I, p. 131, Exceptions norvégiennes.
414 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1959, p. 579-80, Plaidoirie P. Guggenheim pour la Suisse.
415 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 74ss, partic. p. 77ss (Déclaration écrite du Libéria) ; ibid., p. 193ss (Déclaration écrite du Panama) ; ibid., p. 249, 439 (Déclaration écrite des Pays-Bas et Réplique de Riphagen) ; ibid., p. 406ss (Déclaration de M. Weeks pour le Libéria) ; ibid., p. 418 (Déclaration de M. Faberga pour le Panama). Contra, ibid., p. 345ss (Exposé de R. Monaco (Italie) cherchant à limiter le détournement de pouvoir au droit administratif international). L’affaire avait trait à la question du détournement de pouvoir par voie de vote dans une organisation internationale.
416 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1966, vol. II, p. 386ss, 391-2 (Contre-mémoire de l’Afrique du Sud) ; ibid., vol. IX, p. 491ss (Réplique De Villiers pour l’Afrique du Sud). Cf. aussi, ibid., vol. V, p. 157ss (Réplique de l’Afrique du Sud) ; ibid., vol. VIII, p. 620ss, 627-8 (Plaidoirie De Villiers). L’Afrique du Sud, partie défenderesse, admit que sa discrétion dans l’administration du mandat international sur le Sud-Ouest Africain était limitée par l’interdiction de l’abus de droit (détournement de pouvoir). Elle tenta de démontrer cependant que l’intention et la mauvaise foi sont en règle générale nécessaires pour établir l’abus et qu’en l’espèce un tel élément subjectif faisait défaut. En ce sens aussi l’Op. ind. Van Wyk, CIJ, Rec., 1966, p. 150ss. Admettent l’abus de droit sans intention malveillante l’Op. diss. Forster, ibid., p. 481. Op. diss. Tanaka, ibid., p. 301.
417 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1970, vol. VIII, p. 35ss (Plaidoirie Rolin pour la Belgique) ; ibid., vol. X, p. 44 (Réplique Rolin) ; ibid., vol. X, p. 46 (Réplique Mann pour la Belgique). L’Espagne ne contestait pas l’existence de l’interdiction de l’abus de droit en droit international (exception faite du détournement de pouvoir) ; cf. ibid., vol. VII, p. 794. Cf. aussi, ibid., vol. IX, p. 98-9 (Plaidoirie Guggenheim pour l’Espagne).
418 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1974, vol. I, p. 187ss (Plaidoirie Ellicott pour l’Australie : sic utere tuo ut alienum non laedas) ; ibid., p. 495ss (Plaidoirie Byers pour l’Australie : sic utere… and abuse of rights).
419 CR 84/10, p. 73ss. Cf. aussi l’Op. diss Schwebel, CIJ, Rec., 1986, p. 391ss (abus de procédure). M.F. Labouz, « Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats-Unis d’Amérique) », AFDI 1984 (30), p. 349-50.
420 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, p. 174-5 (abuse of discretion), Argument écrit des Etats-Unis d’Amérique ; ibid., p. 212-3, Commentaires de M. Yakimetz.
421 Abus de procédure : Mémoire du Honduras, p. 4 et CR 88/4, p. 16. Cf. E. Decaux, « L’arrêt de la CIJ dans l’affaire des actions armées frontalières et transfrontalières (Nicaragua c. Honduras), (Compétence et recevabilité) », AFDI 1988 (34), p. 156-7.
422 La notion analysée est celle de l’arbitraire dans le contexte du Traité d’Amitié, de Commerce et de Navigation italo-américain du 2 février 1918 ; cf. CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, vol. I, p. 75ss (Mémoire des Etats-Unis) ; ibid., vol. II, p. 43-4 (Contre-mémoire italien) ; ibid., vol. III, p. 229 (Plaidoirie Capotorti pour l’Italie).
423 Abus de procédure ; cf. CIJ, Rec., 1991, p. 63 et Op. ind. Lachs, ibid., p. 92 ; Op. diss. Aguilar Mawdsley et Ranjeva, ibid., p. 120 ; Op. diss. Weeramantry, ibid., p. 130.
424 Abus de procédure, cf. pour l’instant CIJ, Rec., 1992, p. 255 et Op. diss. Oda, ibid., p. 323-4. Sous l’angle de la prescription libératoire, cf. B. Conforti, « L’arrêt de la CIJ dans l’affaire de certaines terres à phosphates à Nauru (Exceptions préliminaires) », AFDI 1992 (38), p. 463-4.
425 Exception à l’indication de mesures conservatoires pour cause d’abus de droit (abus de procédure) : CIJ, Rec., 1993, p. 336 (Conclusions de la Yougoslavie). La Cour n’a fait aucun développement sur la question.
426 CIJ, Rec., 1996, para. 15, à la fin (Argument de la Bosnie-Herzégovine : « de dire et de juger que la République fédérative de Yougoslavie a abusé du droit de soulever des exceptions préliminaires que prévoient le paragraphe 6 de l’article 36 du Statut de la Cour et l’article 79 de son Règlement » (abus de procédure). Au paragraphe 46 la Cour rejette à juste titre ce grief dans les conditions de l’espèce : « [La Cour] n’en considère pas pour autant que la Yougoslavie aurait, en présentant ces exceptions, abusé des droits qu’elle tire en la matière du paragraphe 6 de l’article 36 du Statut de la Cour et de l’article 79 de son Règlement ». L’affirmation, dépourvue de toute démonstration probablement au regard de la liquidité de la situation, paraît cependant trop courte.
426a 426a CIJ, Rec., 2000, para. 40.
427 Op. ind. Alvarez, affaire relative à l’admission d’un Etat aux Nations Unies, CIJ, Rec., 1947/8, p. 69. Op. ind. Alvarez, affaire du détroit de Corfou, CIJ, Rec., 1949, p. 46ss. Op. diss. Alvarez, affaire relative à la compétence de l’Assemblée générale pour l’admission d’un Etat aux Nations Unies, CIJ, Rec., 1950, p. 14-5 (de lege ferenda ?). Op. diss. Alvarez, affaire relative au statut du Sud-Ouest Africain, CIJ, Rec., 1950, p. 183. Op. ind. Alvarez, affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Rec., 1951, p. 149-50, 152. Op. diss. Alvarez, affaire relative aux effets de jugements du TANU accordant indemnité, CIJ, Rec., 1954, p. 70, 74.
428 Op. diss. Ecer, affaire du détroit de Corfou, CIJ, Rec., 1949, p. 130.
429 Op. diss. Krylov, ibid., p. 75.
430 Op. diss. Azevedo, affaire relative à la compétence de l’Assemblée générale pour l’admission d’un Etat aux Nations Unies, CIJ, Rec., 1950, p. 26 (interdiction de l’arbitraire).
431 Op. diss. Tanaka, affaires du Sud-Ouest Africain, CIJ, Rec., 1966, p. 301.
432 Op. diss. Forster, ibid., p. 481-2.
433 Op. ind. Ammoun, affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Rec., 1970, p. 325. Op. ind. Ammoun, affaires du plateau continental de la mer du Nord, CIJ, Rec., 1969, p. 137. Op. ind. Ammoun, affaire de la Namibie, CIJ, Rec., 1971, p. 88.
434 Op. diss. Gros, affaire relative à la demande de réformation du jugement no 158 du TANU, CIJ, Rec., 1973, p. 271 (droit administratif international). Cf. aussi l’Op. ind. Gros, affaire relative à l’interprétation de l’accord du 25 mars 1951 entre l’OMS et l’Egypte, CIJ, Rec., 1980, p. 101ss, 107.
435 Op. diss. Read, affaire Nottebohm, CIJ, Rec., 1955, p. 37-8. Voir aussi l’Op. diss. Read, affaire relative aux Jugements du ТАОГТ sur requêtes contre l’UNESCO, CIJ, Rec., 1956, p. 151ss (il conclut qu’en l’espèce le tribunal administratif, à défaut d’un texte clair, n’avait pas compétence pour examiner le grief de détournement de pouvoir). Voir en même sens l’Op. diss. Badawi, ibid., p. 138ss. Cette argumentation a été à juste titre critiquée par Verzijl ; cf. J.H.W. Verzijl, The Jurisprudence of the World Court, vol. II, Leyden, 1966, p. 250ss, partic. p. 252-4, 257.
436 Op. ind. Wellington Koo, affaire relative à la Convention de 1902 concernant la tutelle des mineurs, CIJ, Rec., 1958, p. 115.
437 Op. ind. Spiropoulos, affaire Ambatielos, CIJ, Rec., 1952, p. 56.
438 Op. ind. De Castro, affaire relative à la compétence en matière de pêcheries (Grande-Bretagne c. Islande), CIJ, Rec., 1974, p. 96.
439 Op. diss. conjointe, affaire du Wimbledon, CPJI, sér. A., no 1, p. 40-1 (actes arbitraires).
440 Op. ind. Anzilotti, affaire relative à la Compagnie d’électricité de Sofia et de Bulgarie, CPJI, sér. A/B, no 77, p. 98 : « La théorie de l’abus de droit est extrêmement délicate, et j’hésiterais beaucoup à l’appliquer dans une matière telle que la juridiction obligatoire de la Cour. Le vieil adage, si en harmonie avec l’esprit du droit international : Qui iure suo utitur neminem laedit, me semble ici tout à fait à sa place ».
441 Cf. A. Schüle, « Rechtsmissbrauch », dans : K. Strupp/H.J. Schlochauer, Wörterbuch des Völkerrechts, t. III, Berlin, 1962, p. 71. P. Fedozzi, Introduzione al diritto internazionale e parte generale, dans : P. Fedozzi/S. Romano (éds), Trattalto di diritto internazionale, vol. I, 3e éd., Padoue, 1940, p. 529-533, partic. p. 533.
442 En ce sens par exemple W. Rudolf, « Territoriale Grenzen der staatlichen Rechtssetzung », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, t. 11, Karlsruhe, 197.3, p. 19-21. H.C. Gutteridge, « Comparative Law and the Law of Nations », dans : W. Butler (éd.), International Law in Comparative Perspective, Alphen, 1980, p. 19.
443 I. Brownlie, Principles of Public International Law, 4e éd., Oxford, 1990, p. 445-6. I. Brownlie, System of the Law of Nations : State Responsibility, partie I, Oxford, 1983, p. 51-2. B.D. Smith, State Responsibility and the Marine Environment, Oxford, 1988, p. 85 (« policy abstraction »).
444 J.H.W. Verzijl, International Law in Historical Perspective, vol. I, Leyden, 1968, p. 316ss. A la page 320 l’auteur concède cependant : « There are, however, perhaps – relatively rare – cases in which a State could correctly be accused of exercising a right abusively. A standard example of this is the casting of a negative vote in the Security Council or the General Assembly of the United Nations by a Member State, on the occasion of the request of a State for admission to the Organization on the ground (…) that other applicants for membership should be admitted simultaneously ». K. Strupp, « Le droit du juge international de statuer selon l’équité », RCADI 1930-III (33), p. 475 (l’abus de droit ne fait pas encore partie du droit des gens). Strupp, Règles, p. 558-9 (l’abus de droit est contenu dans le principe de bonne foi). Ailleurs l’internationaliste allemand semble admettre l’existence du principe, au moins pour le régime des cours d’eau ; cf. K. Strupp, Eléments du droit international public universel, européen et américain, 2e éd., t. I, Paris, 1930, p. 189. La conception de G. Schwarzenberger est très souvent rapportée avec inexactitude. On le fait alors figurer parmi les négateurs de la notion d’abus de droit en droit international (cf. Ann. CDI, 1971, vol. II-l, p. 233, note 111. Smith, op. cit., p. 84. Lammers, General, p. 572, etc.). Mais sa pensée ne s’apprécie qu’au regard d’une connaissance de la théorie juridique générale de l’auteur et d’une lecture coordonnée de ses publications. Un bon aperçu de sa conception peut être trouvé dans G. Schwarzenberger, Uses, p. 147ss. Il faut d’abord rappeler que pour Schwarzenberger le droit international est scindé en deux corps concurrents rigoureusement antagonistes : le ius strictum (droit coutumier, domaine des power politics) et le ius aequum (droit conventionnel, domaine où prévalent des considérations de bonne loi et de reasonableness). L’interdiction de l’abus de droit n’a sa place que dans le second. Mais même dans ce domaine du ius aequum, l’abus de droit est invoqué dans une série de contextes où il est superflu et donc inapplicable (loc. cit., p. 153ss). La doctrine de l’abus de droit doit être limitée à des situations très spécifiques (« a hard core of cases ») où il s’agit de l’exercice arbitraire ou déraisonnable de discrétions (loc. cit., p. 167ss). Ailleurs, et de manière étonnante pour un esprit empreint de positivisme empiriste et de la notion de power politics, l’auteur nous livre le cœur de sa pensée sur le sujet. L’abus de droit doit être limité aux situations « in which it constitutes the only alternative to manifest injustice and iniquity » (Schwarzenberger, Fundamental, p. 307). Dans des sociétés internationales intégrées – p.e. les organisations internationales – l’abus de droit pourra être appliqué plus aisément et de manière plus extensive (Schwarzenberger, Uses, p. 175ss. Schwarzenberger, International, t. I, p. 49).
445 R. Ago, « Le délit international », RCADI 1939-II (68), p. 442-4. Il a par la suite assoupli son opinion. Ainsi, dans son Troisième Rapport sur la responsabilité des Etats présenté à la CDI, tout en restant très hésitant, Ago écrit : « On peut comprendre les raisons de ces hésitations étant donné les dangers que pourrait comporter aussi bien la négation absolue que l’affirmation générale du principe » (Ann. CDI 1971, vol. II-l, p. 232, para. 67).
446 A.P. Sereni, Diritto internazionale, t. I, Milan, 1956, p. 118 et t. III, Milan, 1962, p. 1514
447 R. Quadri, Diritto internazionale pubblico, 5e éd., Naples, 1968, p. 222-224.
448 A. Cavaglieri, « Règles générales du droit de la paix », RCADI 1929-I (26), p. 543-545.
449 C. Dupuis, « Règles générales du droit de la paix », RCADI 1930-II (32), p. 92-95.
450 W. Wengler, Völkerrecht, t. I, Berlin, 1964, p. 392-394.
451 J.D. Roulet, Le caractère artificiel de la théorie de l’abus de droit en droit international public, Neuchâtel, 1958, partic. p. 143ss.
452 A. Lester, « Pollution », dans : A.H. Garretson/D. Hayton/C.J. Olmstaed, The Law of International Drainage Basins, New York, 1967, p. 97.
453 R.K. Neuhaus, Das Rechtsmissbrauchsverbot im heutigen Völkerrecht, Schriften zum Völkerrecht, vol. 80, Berlin, 1984, partic. p. 183-4, 185ss.
454 Dans la troisième édition de son manuel (G. Balladore Pallieri, Diritto internazionale pubblico, 3e éd., Milan, 1941, p. 277) l’auteur nie l’existence du principe en droit international positif. Cela est souvent relevé, cf. p.e. Quadri, Diritto, p. 224. Dans la dernière édition de son manuel Balladore Pallieri est revenu sur son opinion : il admet désormais l’existence d’une norme interdisant l’abus de droit en droit international (G. Balladore Pallieri, Diritto internazionale pubblico, 8e éd., Milan, 1962, p. 233).
455 A. Bleckmann, « Das Souveränitätsprinzip im Völkerrecht », AVR, 1985 (23), p. 450s.s. E.N. Van Kleffens, « Sovereignty in International Law », RCADI 1953-I (82), p. 4ss.
456 Elle a été soumise aux sévères critiques d’un Duguit, Politis, Scelle, Krabbe, Kelsen, Rousseau, et de bien d’autres auteurs.
457 M. Planiol, Traité élémentaire de droit civil, 11e éd., t. II, Paris, 1932, p. 298, no 871. M. Planiol/G. Ripert, Traité élémentaire de droit civil, 3e éd., t. II, Paris, 1949, p. 336. L. Duguit, Traité de droit constitutionnel, 3e éd., t. I, Paris, 1928, p. 176. Cette formule peut d’ailleurs être lue aussi comme impliquant l’existence d’un principe interdisant l’abus.
458 M. Seara Vazquez, Cosmic International Law, Detroit, 1965, p. 121, note 38. Cf. aussi, en même sens, Dupuis, p. 92-3. Roulet, p. 37, 39-40, 104, 114. K. Wolff, « Les principes généraux du droit applicables dans les rapports internationaux », RCADI 1931-II (36), p. 518-9. C. Parry, « Plural Nationality and Citizenship with Special Reference to the Commonwealth », BYIL 1953 (30), p. 254-5.
459 J.H.W. Verzijl, International Law in Historical Perspective, vol. I, Leyden, 1968, p. 317-8. A. D’Amato, « Good Faith », EPIL, vol. 7, p. 108. Schwarzenberger, Fundamental, p. 309-10.
460 Neuhaus, p. 107ss. Salvioli, p. 66-68. Reuter, Principes, p. 599-600. Fitzmaurice, General, p. 54-5. Siorat, p. 400-402. Oppenheim, p. 407, note 1. Polter, p. 39-40. A.C. Kiss, « Abuse of Rights », EPIL, vol. 7, p. 1.
461 Lammers, Pollution, p. 577. Meng, p. 618-9
462 Oppenheim, p. 407, note 1 : « To some extent, the matter may be one of formulation. If a right is formulated in absolute terms (“a State may expel aliens”), arbitrary and precipitate action may involve an abuse of that right ; if the right is formulated in qualified terms (“a State may take reasonable measures to expel aliens”) such action would be wrongful not so much as an abuse of rights but as being outside the scope of the claimed right (…). That doctrine [abuse of rights] is a useful safeguard in relatively undeveloped or over-inflexible parts of a legal system pending the development of precise and detailed rules ».
463 Salvioli, p. 66-69.
464 Ibid., p. 67.
465 Ibid., p. 67-8. Cette manière de voir a été contestée par Verzijl, p. 317-8 : « This criticism is far from being a mere play on words. For the pretended necessity of the supplementary “general principle” of the inadmissibility of an “abuse of rights” has an inevitable tendency to weaken the positive rules of law… ». Cette critique ne nous paraît pas exacte pour autant que les droits sont grevés de limites telles que le « raisonnable », le « nécessaire », etc. Dans ce cas, que le principe soit général ou particulier, il faudra en définir les termes de la même manière. Une différence peut en revanche exister si l’on postule un droit subjectif ayant caractère absolu. (Voir ci-après dans le texte.)
466 Ibid., p. 68.
467 Neuhaus, p. 107.
468 Siorat, p. 310. Salvioli, p. 68 : « On voit donc que tout se réduit à un problème d’interprétation des règles de droit ». En ce sens l’on a pu dire avec raison que les arguments logiques avancés contre l’abus de droit tiennent à un trompe-l’œil de la connaissance humaine, considérant d’abord l’octroi et puis les limites du droit alors qu’il faudrait les considérer uno re. Cf. Polter, p. 40. Siorat, p. 400ss.
469 En ce sens M. Scerni, L’abuso di diritto nei rapporti internazionali, Rome, 1930, p. 69ss, 73ss et partic. 79ss. Cavaglieri, Règles, p. 543-4. A. Cavagleri, Corso di diritto internazionale, 3e éd., Naples, 1934, p. 508.
470 Ago, Délit, p. 443. En sens moins absolu, Verhoeven, p. 627.
471 Cf. aussi A. Cavaglieri, Nuovi studi sull’intervento, Rome, 1928, p. 42ss.
472 Scerni, L’abuso, p. 80.
473 L. Henkin, « General Course : International Law, Politics, Values and Functions », RCADI 1989-IV (216), p. 137.
474 Salvioli, p. 69.
475 Ibid., p. 69.
476 H. Lauterpacht, Function, p. 286ss. H. Lauterpacht, Règles, p. 340ss.
477 Suivant la très juste observation de G. Scelle, « aucune solution n’est possible dans un conflit entre deux gouvernements résultant du heurt de deux “droits” également absolus, également respectables, exercés en vertu de “pouvoirs” également discrétionnaires ». G. Scelle, Précis de droit des gens, t. II, Paris, 1934, p. 39.
478 H. Lauterpacht, Development, p. 162 : « … particularily important in the international society in which the legislative process by regular organs is practically non-existent ». H. Lauterpacht, Function, p. 298-9. Fitzmaurice, General, p. 54. Dahm, t. I, p. 195 : « … bildet es gerade in der gegenwärtigen Übergangslage ein schwer entbehrliches Gegengewicht gegen die Überspannung der staatlichen Hoheitsgewalt ». Contra, Schlochauer, p. 382-3.
479 Härle, Entscheidungsgrundlagen, p. 183-4.
480 Wengler, t. I, p. 392.
481 Neuhaus, partic. p. 187ss, 198 ; p. 182-3.
482 Nauhaus, p. 98-9 : « Wertkorrektiv fur den Einzelfall ».
483 En effet, selon Neuhaus, la bonne foi ne peut pas être un principe juridique en droit international, car elle fait appel aux valeurs et donc à la morale. Neuhaus, p. 67.
484 Pour une étude des convergences de cette société, voir C.W. Jenks, The Common Law of Mankind, Londres, 1958, p. 123ss. P. De Visscher relevait cette exagération dans le contexte de l’obéissance au droit. Il stigmatisait la conception qui voit dans le droit interne un droit parfaitement respecté parce que muni de sanctions et dans le droit international un droit constamment violé parce que dépourvu de sanctions centralisées. P. De Visscher, Cours, p. 137ss.
485 Gestri, p. 11. Jacqué, p. 173. Wengler, t. I, p. 393. Neuhaus, p. 83ss. Scerni, L’abuso, p. 73-4.
486 Cf. Gestri, p. 51ss. Scerni, L’abuso, p. 84ss.
487 Voir p.e. l’article 31 (1) de la Convention de Vienne sur le droit des traités (1969). L’interprétation téléologique vaut pour toute norme, car elle est une méthode fondamentale de compréhension.
488 Dupuis, p. 94 : « Entre les Etats, il n’y a pas – en principe – de juge qui s’impose, et c’est raison de plus, sans doute, de bannir la théorie de l’abus de droit du droit international, sous peine d’y multiplier les controverses irritantes et les contestations sans fin ». Wengler, t. I, p. 394. Neuhaus, p. 191-194. Cf. aussi la remarque plus mesurée de Ch. De Visscher, Equité, p. 37.
489 Verzijl, t. I, p. 317 : « It has such a wide scope and is so completely impossible to define that it bristles with dangers to the certainty of the law in the international Community ». W. Rudolf, « Territoriale Grenzen der staatlichen Rechtssetzung », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, t. 11, Karlsruhe, 1973, p. 21. H. Lessing, « Das Recht der Staatsangehörigkeit und die Aberkennung der Staatsangehörigkeit zu Straf- und Sicherungszwecken », Bibliotheca Visseriana, vol. 12, Leyde, 1937, p. 86 : « Es fehlt den Sätzen die Determinierbarkeit auch nur in Umrissen ». Scerni, L’abuso, p. 83. Brownlie, Principles, p. 440.
490 Dupuis, p. 94 : « La théorie de l’abus de droit a le défaut d’ouvrir largement et trop largement la porte à l’arbitraire du juge, car s’il suffit au juge de dire qu’il y a abus de droit pour écarter le droit, il lui est trop aisé de substituer dans ses jugements l’équité, c’est-à-dire son équité, celle qui, pour bien intentionnée qu’elle soit, justifie l’ancien proverbe français : Dieu nous garde de l’équité des Parlements ». Roulet, p. 144. Scerni, L’abuso, p. 83. Cf. aussi Quadri, Diritto, p. 223.
491 Sur la souplesse de l’abus de droit, cf. Kiss, L’abus, p. 196.
492 Ainsi que le dit le juge De Castro : « La sécurité juridique serait bien sûr mieux servie s’il existait une règle mathématique. Mais le droit a aussi des “règles soupapes” qui donnent de la flexibilité aux règles juridiques, et permettent de trouver aux dépens de la sécurité juridique des solutions plus justes aux cas en question ». Op. ind. De Castro, affaires de la compétence en matière de pêcheries, CIJ, Rec., 1974, p. 96. Le juge cite parmi ces « règles soupapes » l’abus de droit.
493 Verdross, Erneuerung, p. 737ss. Voir aussi le système proposé par G. Radbruch : l’idée du droit est composée des catégories de la justice matérielle (y compris l’égalité), de la finalité (Zweckmässigkeit) et de la sécurité juridique, entre lesquelles il y a tension irréductible mais non incompatibilité : G. Radbruch, Rechtsphilosophie, 8e éd., Stuttgart, 1973, p. 164ss.
494 Dahm, t. I, p. 195 (« rechtspolitische Funktion »). Brownlie, Principles, p. 445. Verhoeven, p. 626. E. Rehbinder, Extraterritoriale Wirkungen des deutschen Kartellrechts, Baden-Baden, 1965, p. 56. Cf. surtout H. Lauterpacht, Function, p. 286-7, 299-300. H. Lauterpacht, Règles, p. 340ss, 389ss. Scerni, L’abuso, p. 83.
495 L’abus de droit peut être une arme puissante dans les mains d’un organe ayant des attributions politiques ; l’abus de droit peut alors devenir un instrument limité du peaceful change. Cf. H. Lauterpacht, Development, p. 165, note 17 et H. Lauterpacht, Règles, p. 389ss.
496 Les auteurs suivants mettent à juste titre l’accent sur cette prudence : H. Lauterpacht, Règles, p. 312. H. Lauterpacht, Development, p. 164 : « [The doctrine of abuse of rights] is full of potentialities and (…) places a considerable power, not devoid of a legislative character, in the hands of a judicial tribunal. (…). The doctrine of abuse of rights is therefore an instrument which, apart from other reasons calling for caution in the administration of international justice, must be wielded with studied restraint ». H. Lauterpacht, Function, p. 304-306. Dahm, t. I, p. 197. H.C. Gutteridge, « Comparative Law and the Law of Nations », dans : W. Butler (éd.). International Law in Comparative Perspective, Alphen, 1980, p. 19.
497 Roulet, p. 114. Scerni, L’abuso, p. 57-8.
498 H. Lauterpacht, Function, p. 287, 298.
499 G.S. Taylor, « The Content of the Rule against Abuse of Rights in International Law », BYIL 1972/3 (46), p. 350. Cf. aussi Schlochauer, p. 374. Jovanovic, p. 172-3. Schwarzenberger, Uses, p. 167. De manière moins absolue H. Lauterpacht, Règles, p. 390. Guggenheim, Traité, t. I (1967), p. 186, 302. Guggenheim, Validité, p. 250. Yasseen, p. 394. Goodwin-Gill, p. 79. Scelle, Précis, t. II, Paris, 1934, p. 37ss. Dahm, t. I, p. 195. Ch. De Visscher, Equité, p. 36ss. Ann. CDI, 1960-II. p. 56 [Garcia-Amador].
500 Doc. no FI/HSF/TC/92/8 : « Legal Issue concerning High Sea Fishing », June 1992, dans : The Netherlands Institute for the Law of the Sea (éd.), International Organizations and the Law of the Sea, Documentary Yearbook, vol. 8 (1992), p. 530. Cf. aussi Oppenheim, p. 407, note 1.
501 Cf. la Duplique du Guatemala, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 538. Exposé Monaco (Italie), affaire relative à la composition du Comité de la sécurité maritime de l’OMCI, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 348.
502 Verhoeven, p. 626. Cf. aussi Gestri, p. 51ss (l’abus de droit serait applicable surtout dans le cadre de rapports conventionnels ; voir ci-après, 6).
503 Scelle, Manuel, p. 16.
504 Cf. Scerni, L’abuso, p. 52 (sauf pour les actes émulatifs). Gestri, p. 6-9. Neuhaus, p. 177ss. Roulet, p. 105-6 et p. 13ss. Ago, Délit, p. 443. Wengler, t. I, p. 392. Schwarzenberger, Manual, p. 106. Schwarzfnberger, Uses, p. 150. Gutteridge, p. 19. Elkind, Interim, p. 17. Quadri, Diritto, p. 223. Siorat, p. 310. En sens contraire, voir Menzel, O’Connell, Rousseau, Reuter, Carreau, Berber, Seidl-Hohenveldern, Virally, Dahm, Cançado Trinidade, Fachiri, cités supra, notes 327ss. Cf. aussi H. Lauterpacht, Règles, p. 340-1. H. Lauterpacht, Function, p. 292ss. Oppenheim, p. 408. Iluyomade, p. 55s, 61. Op. ind. Ammoun, affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Rec., 1970, p. 325. Plaidoirie Guggenheim (Suisse), affaire Interhandel, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1959, p. 580. Déclaration Weeks (Libéria), affaire relative à la composition du Comité de la sécurité maritime de l’OMCI, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 406. Pour la thèse que le droit anglo-saxon connaît des concepts permettant d’arriver aux mêmes résultats qu’avec l’abus de droit : H. Lauterpacht, Function, p. 292ss. M.A. Millner, « Contrasts in Contract and Tort », Current Legal Problems, 1963 (16), p. 80-1. Cheng, dans : Roulet, p. 7. Pour le droit musulman, voir entre autres M. Fathy, La doctrine musulmane de l’abus de droit, Lyon, 1913. S.A. Aldeeb Abu-Sahlieh, « L’abus du droit en droit musulman et arabe », dans : Widmer/Cottier, p. 89ss (en sens favorable) ; Neuhaus, p. 173ss (en sens négatif). Pour des études de droit comparé, voir dans la bibliographie spéciale, sous la lettre c).
505 Kiss, L’abus, p. 179, 188ss. Cf. aussi Taylor, p. 352. Leibholz, p. 119.
506 Neuhaus, p. 117ss, 183. Schüle, Rechtsmissbrauch, p. 70-1. Ago, Délit, p. 443. Quadri, Diritto, p. 223. Rudolf, p. 21. Scerni, L’abuso, p. 95ss.
507 Infra, nos 7, 8 et 9.
508 Schwarzenberger, Uses, p. 175ss. Kiss, Abuse, p. 3-4.
509 Gestri, p. 51ss.
510 Gestri, p. 57 : « In conclusione, al di fuori delle relazioni di carattere convenzionale, la rilevanza della teoria dell’abuso di diritto risulta incerta ».
511 Supra, 3.
512 Supra, 5.d.
512 Cela a été perçu par Roulet, p. 64ss. G. Van der Molen, Misbruik van recht in het volkenrecht, Amsterdam, 1949, p. 270. Cf. aussi M. Markovitch, La théorie de l’abus des droits en droit comparé, Paris, 1930, partic. p. 445.513 A. Bleckmann, « Die Handlungsfreiheit der Staaten, System und Struktur der Völkerrechtsordnung », ÖzöRV, 1978 (29), p. 173ss. Cf. aussi A. Bleckmann, « Die Völkerrechtsordnung als System von Rechtsvermutungen », Mélanges H.M. Scupin, Berlin, 1983, p. 407ss.
513 Dans le sens que seuls les actes émulatifs sont interdits par l’abus de droit, voir Schlochauer, p. 375. Léssing, p. 87. Lammers, Pollution, p. 575-6. Scerni, I.’abuso, p. 52, 81-2, 113-4. Scerni, Principî, p. 131-2. Ripert, p. 618-9. A. Miaja de la Muela, « Les principes directeurs des règles de compétence territoriale des tribunaux internes en matière de litiges comportant un élément international », RCADI 1972-I (135), p. 40. A. Randelzhofer, « Probleme der völkerrechtlichen Gefährdungshaftung », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, t. 24, Heidelberg, 1984, p. 45. E. Klein, Umweltschutz im völkerrechtlichen Nachbarrecht, Schriften zum Völkerrecht, vol. 50, Berlin, 1976, p. 113-4. D. Rauschning, « Allgemeine Völkerrechtsregeln zum Schutz gegen grenzüberschreitende Umweltbeeinträchtigungen », Mélanges H.J. Schlochauer, Berlin/New York, 1981, p. 561. International Law Association (ILA), Report of the 58th Conference (1978), p. 40. Declaration Lachs, affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 109. Plaidoirie Sauser-Hall (Liechtenstein), affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. II, p. 91 : « Pour qu’on puisse parler d’abus de droit, il est indispensable que le titulaire du droit s’en serve par méchanceté, dans un esprit de vexation, dans le seul dessein de nuire à autrui, de lui causer un dommage ».514 Neuhaus, p. 32ss, 44ss.
514 L. Le Fur/G. Chklaver, Recueil de textes de droit international public, 2e éd., Paris, 1934, p. 653, 658.515 Cf. Neuhaus, partic. p. 44ss. Brownlie, Principles, p. 445-6. Gestri, p. 10ss. Cf. aussi Iluyomade, p. 80ss qui ne conclut cependant pas à l’inutilité de l’abus de droit.
515 Moore, History, t. II, vol. I, p. 889-90. Reproduit par Cheng, p. 122.516 A.C. Kiss, L’abus de droit en droit international, Paris, 1953.
516 Jovanovic, p. 178.517 A.C. Kiss, « Abuse of Rights », EPIL, vol. 7, p. 1. Roulet, p. 64ss.
517 Cf. Salvioli, p. 66-7. E. Kaufmann, p. 523. H. Lauterpacht, Règles, p. 340. Guggenheim, Validité, p. 250, 253. Politis, Problème, p. 79ss. Sibert, t. II, p. 205. Rousseau, t. I, p. 383. Reuter, Droit, p. 253. Reuter, Quelques, p. 179ss. Scelle, Précis, t. II, Paris, 1934, p. 38. Scelle, Règles, p. 369. G. Scelle, « La guerre civile espagnole et le droit des gens », RGDIP 1938 (45), p. 293. Dahm, t. I. p. 194, 197. Verhoeven, p. 623-4. Polter, p. 41ss. Ch. De Visscher, Equité, p. 36ss. Gounelle, p. 221-2. Verdross/Simma, p. 281. McLean, p. 237ss. Nuňez-Müller, p. 118. Siorat, p. 103. Iluyomade, p. 48. Jovanovic, p. 179ss, 200. Kiss, L’abus, p. 186. Kiss, Abuse, p. 1. Truyol y Serra, Cours, p. 88. Delbez, Droit, p. 43. Seidl-Hohenveldern, Völkerrecht, p. 361-2. Van Bogaert, p. 53ss.Cf. aussi le Mémoire allemand, affaire relative à l’administration du Prince von Pless, CPJI, sér. C, no 70, p. 86-7. Mémoire suisse, affaire Losinger, CPJI, sér. C, no 78, p. 37. Mémoire de la Grande-Bretagne, France, Italie et du Japon, affaire relative à l’interprétation du statut du territoire de Memel, CPJI, sér. C., no 59, p. 36. Exposé Scelle, affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 76-7. Contre-mémoire péruvien, affaire du droit d’asile, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1950, vol. I, p. 142. Duplique du Pérou, ibid., p. 403-4. Duplique du Guatemala, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 511. Plaidoirie Rolin (Guatemala), ibid., vol. II, p. 181-5. Plaidoirie Guggenheim (Suisse), affaire Interhandel, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1959, p. 579. Document écrit du Libéria, affaire de la composition du Comité de la Sécurité maritime de l’OMCI, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 77ss. Plaidoirie Rolin, affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1970, vol. VIII, p. 35ss.
512 Supra, 5.d.
512 Cela a été perçu par Roulet, p. 64ss. G. Van der Molen, Misbruik van recht in het volkenrecht, Amsterdam, 1949, p. 270. Cf. aussi M. Markovitch, La théorie de l’abus des droits en droit comparé, Paris, 1930, partic. p. 445.513 A. Bleckmann, « Die Handlungsfreiheit der Staaten, System und Struktur der Völkerrechtsordnung », ÖzöRV, 1978 (29), p. 173ss. Cf. aussi A. Bleckmann, « Die Völkerrechtsordnung als System von Rechtsvermutungen », Mélanges H.M. Scupin, Berlin, 1983, p. 407ss.
513 Dans le sens que seuls les actes émulatifs sont interdits par l’abus de droit, voir Schlochauer, p. 375. Léssing, p. 87. Lammers, Pollution, p. 575-6. Scerni, I.’abuso, p. 52, 81-2, 113-4. Scerni, Principî, p. 131-2. Ripert, p. 618-9. A. Miaja de la Muela, « Les principes directeurs des règles de compétence territoriale des tribunaux internes en matière de litiges comportant un élément international », RCADI 1972-I (135), p. 40. A. Randelzhofer, « Probleme der völkerrechtlichen Gefährdungshaftung », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, t. 24, Heidelberg, 1984, p. 45. E. Klein, Umweltschutz im völkerrechtlichen Nachbarrecht, Schriften zum Völkerrecht, vol. 50, Berlin, 1976, p. 113-4. D. Rauschning, « Allgemeine Völkerrechtsregeln zum Schutz gegen grenzüberschreitende Umweltbeeinträchtigungen », Mélanges H.J. Schlochauer, Berlin/New York, 1981, p. 561. International Law Association (ILA), Report of the 58th Conference (1978), p. 40. Declaration Lachs, affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 109. Plaidoirie Sauser-Hall (Liechtenstein), affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. II, p. 91 : « Pour qu’on puisse parler d’abus de droit, il est indispensable que le titulaire du droit s’en serve par méchanceté, dans un esprit de vexation, dans le seul dessein de nuire à autrui, de lui causer un dommage ».514 Neuhaus, p. 32ss, 44ss.
514 L. Le Fur/G. Chklaver, Recueil de textes de droit international public, 2e éd., Paris, 1934, p. 653, 658.515 Cf. Neuhaus, partic. p. 44ss. Brownlie, Principles, p. 445-6. Gestri, p. 10ss. Cf. aussi Iluyomade, p. 80ss qui ne conclut cependant pas à l’inutilité de l’abus de droit.
515 Moore, History, t. II, vol. I, p. 889-90. Reproduit par Cheng, p. 122.516 A.C. Kiss, L’abus de droit en droit international, Paris, 1953.
516 Jovanovic, p. 178.517 A.C. Kiss, « Abuse of Rights », EPIL, vol. 7, p. 1. Roulet, p. 64ss.
517 Cf. Salvioli, p. 66-7. E. Kaufmann, p. 523. H. Lauterpacht, Règles, p. 340. Guggenheim, Validité, p. 250, 253. Politis, Problème, p. 79ss. Sibert, t. II, p. 205. Rousseau, t. I, p. 383. Reuter, Droit, p. 253. Reuter, Quelques, p. 179ss. Scelle, Précis, t. II, Paris, 1934, p. 38. Scelle, Règles, p. 369. G. Scelle, « La guerre civile espagnole et le droit des gens », RGDIP 1938 (45), p. 293. Dahm, t. I. p. 194, 197. Verhoeven, p. 623-4. Polter, p. 41ss. Ch. De Visscher, Equité, p. 36ss. Gounelle, p. 221-2. Verdross/Simma, p. 281. McLean, p. 237ss. Nuňez-Müller, p. 118. Siorat, p. 103. Iluyomade, p. 48. Jovanovic, p. 179ss, 200. Kiss, L’abus, p. 186. Kiss, Abuse, p. 1. Truyol y Serra, Cours, p. 88. Delbez, Droit, p. 43. Seidl-Hohenveldern, Völkerrecht, p. 361-2. Van Bogaert, p. 53ss.Cf. aussi le Mémoire allemand, affaire relative à l’administration du Prince von Pless, CPJI, sér. C, no 70, p. 86-7. Mémoire suisse, affaire Losinger, CPJI, sér. C, no 78, p. 37. Mémoire de la Grande-Bretagne, France, Italie et du Japon, affaire relative à l’interprétation du statut du territoire de Memel, CPJI, sér. C., no 59, p. 36. Exposé Scelle, affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 76-7. Contre-mémoire péruvien, affaire du droit d’asile, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1950, vol. I, p. 142. Duplique du Pérou, ibid., p. 403-4. Duplique du Guatemala, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 511. Plaidoirie Rolin (Guatemala), ibid., vol. II, p. 181-5. Plaidoirie Guggenheim (Suisse), affaire Interhandel, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1959, p. 579. Document écrit du Libéria, affaire de la composition du Comité de la Sécurité maritime de l’OMCI, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 77ss. Plaidoirie Rolin, affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1970, vol. VIII, p. 35ss.
518 G. Cornu (éd.), Vocabulaire juridique, 2e éd., Paris, 1990, p. 267.
519 CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1952, p. 98. La Cour s’est déclarée incompétente.
520 RSA, vol. II, p. 911. Jovanovic, p. 181-2.
521 RSA, vol. II, p. 917-8. Cf. aussi l’affaire Ballistini (1902), RSA, vol. X, p. 18-21 (mêmes faits). Jovanovic, p. 182. Plaidoirie Rolin, affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1970, vol. VIII, p. 39.
522 RSA, vol. X, p. 18. Jovanovic, p. 183.
523 Voir le précis de jurisprudence fourni par Jovanovic, p. 180ss.
524 Le droit est avant tout un système d’ajustement de prétentions adverses. Cf. l’Op. diss. Azevedo, affaire du détroit de Corfou, CIJ, Rec., 1949, p. 104 : « Law constitutes a system of adjustment » (le texte anglais rend mieux cette idée exprimée dans le texte français par le terme « norme de compensation »).
525 Sur la nécessité d’une réglementation plus concrète, cf. Oppenheim, p. 409.
526 H. Lauterpacht, Function, p. 286 ; voir aussi, ibid., p. 290. Cf. dans le même sens, H. Lauterpacht, Règles, p. 340, 342. Oppenheim, p. 407ss. Dahm, t. I. p. 197. Cheng, p. 129. Stowell, p. 122ss. E.C. Stowell, Intervention in International Law, Washington, 1921, p. 451. Emanuelli, p. 233ss. McLean, p. 235ss. Kiss, L’abus, p. 185. G. Van der Molen, Misbruik van recht in het volkenrecht, Amsterdam, 1949, p. 270. Op. diss. Alvarez, affaire relative à la compétence de l’Assemblée générale pour l’admission aux Nations Unies, CIJ, Rec., 1950, p. 14. Cf. sur la question Roulet, p. 69ss (contra). Kiss, L’abus, p. 19ss. Hector, p. 142ss. Cahier, Cours, p. 301ss.
Les auteurs qui appliquent cette notion d’abus de droit aux problèmes du droit de voisinage sont extrêmement nombreux (cf. les renvois chez Oppenheim, p. 408ss, 410-1). Cf. aussi, en matière de pollution, G. Handl, « Territorial Sovereignty and the Problem of Transnational Pollution », AJIL 1975 (69), p. 50ss, partic. p. 56ss. M. Bothe/M. Prieur/G. Ress (éds), Rechtsfragen grenzüberschreitender Umweltbelastungen, Berlin, 1984, p. 27ss. E. Klein, Umweltschutz im völkerrechtlichen Nachbarrecht, Berlin, 1976, p. 110ss. J. Barros/D.M. Johnston, The International Law of Pollution, New York/Londres, 1974, p. 74ss. A.C. Kiss, Survey of Current Developments in International Environmental Law, Morges, 1975, p. 41ss. C. Flinterman/B. Kwiatkowska/J.G. Lammers (éds), Transboundary Air Pollution, Dordrecht/Boston/Londres, 1986, p. 308ss. W. Lang/H.P. Neuhold/K. Zemanek (éds), Environmental Protection and International Law, Londres/Norvell, 1991, p. 187ss. A.L. Springer, The International Law of Pollution, Westport/Londres, 1983, p. 123ss. G. Handl, « The Principle of “Equitable Use” as Applied to Internationally Shared Resources : Its Role in Resolving Potential International Disputes over Transfrontier Pollution », RBDI 1978/9 (14), p. 43, 47ss. G. Handl, « State Liability for Accidental Transnational Environmental Damage by Private Persons », AJIL 1980 (74), partic. p. 535ss. Y. Cripps, « A New Frontier for International Law », ICLQ 1980 (29), p. 2ss. L. Gündling,, « Verantwortlichkeit der Staaten für grenzüberschreitende Umweltbeeinträchtigungen », ZaöRV 1985 (45), p. 265ss. A.E. Boyle, « Nuclear Energy and International Law : An Environmental Perspective », BYIL 1989 (60), p. 269ss, partic. p. 274ss. K. Sachariew, « The Definition of Thresholds of Tolerance for Transboundary Environmental Injury under International Law : Development and Present Status », NILR 1990 (37), p. 193ss. R. Wolfrum, « Purposes and Principles of International Environmental Law », GYIL 1990 (33), p. 309ss.
527 Cf. Kiss, L’abus, p. 19ss. H. Lauterpacht, Function, p. 290ss. J.P. Müller/L. Wildhaber, Praxis des Völkerrechts, 2e éd., Berne, 1982, p. 438ss.
528 CIJ, Rec., 1949, p. 22.
529 RSA, vol. III, p. 1963.
530 Sur toutes ces affaires, cf. aussi J. Barboza, « International Liability for the Injurious Consequences of Acts not Prohibited by International Law and Protection of the Environment », RCADI 1994-III (247), p. 319ss.
531 Cf. Meng, p. 415-6. Sur la nécessité de peser les intérêts, cf. Oppenheim, p. 476. Jennings, General, p. 525.
532 Meng, p. 416.
533 Par la Résolution 3071 (XXVIII) l’Assemblée générale des Nations Unies donnait mandat à la CDI d’élaborer un projet sur la question de la responsabilité internationale pour les conséquences préjudiciables découlant d’activités qui ne sont pas interdites par le droit international. La CDI, sous l’égide des rapporteurs Quentin Baxter et Barboza, a déjà rendu plusieurs rapports, publiés à l’Annuaire de la CDI dès 1980. Voir à ce propos J. Barboza, « La responsabilité “causale” à la Commission du droit international », AFDI 1988 (34), p. 513ss. A.E. Boyle, « State Responsibilily and International Liability for Injurious Consequences of Acts not Prohibited by International Law : A Necessary Distinction ? », ICLQ 1990 (39), p. 1ss. Voir aussi le texte de Barboza cité ci-devant, note 530.
534 Politis, Problème, p. 108.
535 Kiss, L’abus, p. 194ss. Kiss, Abuse, p. 4. Fitzmaurice, General, p. 55. Politis, Problème, p. 108-9. Scerni, L’abuso, p. 115. D. Schindler, « Les progrès de l’arbitrage obligatoire depuis la création de la Société des Nations », RCADI 1928-V (25), p. 303.
536 Sur le lien entre l’abus de droit et l’arbitraire, cf. Jovanovic, p. 193ss. Gestri, p. 12-3. Iluyomade, p. 84ss. Van Der Molen, p. 270. Fitzmaurice, Law, t. I, p. 12-3. Leibholz, p. 77ss. Kiss, L’abus, p. 186-7. Kiss, Abuse, p. 1. Schlochauer, p. 373. Schwarzenberger, Uses, p. 167ss. Reinhardt, p. 98-9. Benedek, p. 385. Oppenheim, p. 407. McLean, p. 239-40. Siorat, p. 422ss. D. Carreau, Souveraineté et coopération monétaire internationale, Paris, 1970, p. 120-1 (« l’abus de droit implique l’arbitraire par l’absence de relation raisonnable avec une fin légitime »). Cf. aussi l’Exposé Scelle, affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1948, p. 75ss. Duplique du Pérou, affaire du droit d’asile, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1950, vol. I, p. 403-4. Contre-Mémoire du Guatemala, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 190. Réplique du Liechtenstein, ibid., p. 384-5. Plaidoirie Guggenheim (Suisse), affaire Interhandel, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1959, p. 579. Déclaration écrite du Panama, affaire relative à la composition du Comité de la sécurité maritime de l’OMCI, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 193ss. Mémoire des Etats-Unis, affaire de l’Elettronica Sicula (ELSI), CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1989, vol. I, p. 75ss, partic. p. 76ss. Pour la réponse de la Cour qui ne se réfère pas à l’abus de droit, voir CIJ, Rec., 1989, p. 74ss. Pour la Cour européenne des droits de l’homme, voir l’affaire Bozano c. France (1986), sér. A, no 111, p. 25, 26-27. Sur cette affaire, cf. C. Cohen-Jonathan, « La France et la Cour européenne des droits de l’homme, l’arrêt Bozano c. France », Revue trimestrielle de droit européen, 1987 (23), p. 255ss, partic. p. 266-9. F. Sudre, « La première affaire française devant la Cour européenne des droits de l’homme : l’arrêt Воzano du 18 décembre 1986 », RGDIP 1987 (91), p. 533ss, partic. p. 578ss. Cf. aussi Ann. CDI, 1960-II, p. 56, para. 78 (Garcia-Amador, dans le contexte de l’expropriation) et la Rés. 40/144 de l’Assemblée générale de l’ONU de 1985.
537 Roulet, p. 75.
538 W. Sauer, System des Völkerrechts, Bonn, 1952, p. 407.
539 Cheng, p. 122ss. A. Bleckmann, Grundprobleme und Methoden des Völkerrechts, Freiburg i.B./Munich, 1982, p. 255. Benedek, p. 385. R. Kolb, « L’interprétation de l’article 121, paragraphe 3, de la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer : “les rochers qui ne se prêtent pas à l’habitation humaine ou à une vie économique propre…” », AFDI 1991 (40), p. 907-8. Mémoire britannique, affaire Oscar Chinn, CPJI, sér. C., no 75, p. 39-40 (evasion of the law). Cet aspect a été admis par la partie adverse, la Belgique : ibid., p. 191.
540 Sur le lien entre la discrimination et l’abus de droit, cf. Iluyomade, p. 84ss. McLean, p. 239-40. Reinhardt, p. 98-9. D. Carreau, Souveraineté et coopération monétaire internationale, Paris, 1970, p. 122ss. Voir, de manière plus générale, G. Jaenicke, Der Begriff der Diskriminierung im modernen Völkerrecht, Berlin, 1940, p. 17ss, 167ss. W. Kewenig, Der Grundsatz der Nichtdiskriminierung im Völkerrecht der internationalen Handelsbeziehungen, t. I (Der Begriff der Diskriminierung), Francfort-sur-le-Main, 1972, p. 108ss, 133ss.
541 Que la condition du raisonnable se confond en droit international largement avec la notion d’abus de droit ne peut être discuté au fond ici ; voir Jovanovic, p. 147ss. Taylor, p. 344ss. Sut le lien avec l’abus de droit, cf. aussi Meng, p. 595ss. Hector, p. 146-7. Schwarzenberger, Uses, p. 167. Stowell, p. 122ss. Iluyomade, p. 84ss. Gestri, p. 12-3. C. Fenwick, « The Scope of Domestic Questions in International Law », AJIL 1925 (19), p. 146. М. Markovitch, La théorie de l’abus des droits en droit comparé, Paris, 1936, p. 445. Sur la notion de raisonnable, voir aussi O. Corten, L’utilisation du « raisonnable » par le juge international : discours juridique, raison et contradictions, Bruxelles, 1997, partic. p. 367ss. Cf. aussi le Discours E. Kaufmann, affaire relative à certains intérêts allemands en Haute-Silésie polonaise, CPJI, sér. C., no 11, vol. I, p. 136. Réplique Beckett (Grande-Bretagne), affaire Oscar Chinn, CPJI, sér. C, no 75, p. 304. Déclaration écrite du Libéria, affaire relative à la composition du Comité de la sécurité maritime de l’OMCI, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1960, p. 76-7. Op. diss. Spender, affaire du Droit de passage sur territoire indien, CIJ, Rec., 1960, p. 107. En jurisprudence, cf. l’affaire relative aux conditions de l’admission d’un Etat comme membre des Nations Unies, CIJ, Rec., 1947/8, p. 63 ; l’affaire des pêcheries norvégiennes, CIJ, Rec., 1951, p. 140-142 ; l’affaire relative aux droits des ressortissants des Etats-Unis d’Amérique au Maroc, CIJ, Rec., 1952, p. 208, 212 ; l’affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Rec., 1970, p. 48 ; l’affaire du Crescent City (1852), Moore, Digest, t. VI. p. 57-8 ; l’affaire Butterfield (1890), Moore, History, t. II, p. 1206. Pour un aperçu de toute la jurisprudence, voir Jovanovic, p. 156ss. Sur le lien avec la bonne foi, cf. Cheng, p. 131-2. Fitzmaurice, Law, t. II, p. 609ss, 668ss. Carreau, p. 139.
542 Plaidoirie Mann (Belgique), affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, vol. VIII, p. 58. La distinction entre ces concepts est beaucoup plus poussée en droit interne.
543 Roulet, p. 59ss. Neuhaus, p. 94-5. Iluyomade, p. 75-6. Cavaré, La notion, p. 40. Verhoeven, p. 621-2. Guggenheim, Validité, p. 252. Guggenheim, Traité, t. I (1967), p. 186-7. Kiss, L’abus, p. 180. Kiss, Abuse, p. 4. Schüle, p. 70. Cf. aussi le Contre-mémoire yougoslave, affaire Losinger, CPJI, sér. C, no 78, p. 185. Plaidoirie Sauser-Hall (Liechtenstein), affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. II, p. 92. Réplique Sauser-Hall, ibid., p. 349. Duplique du Guatemala, ibid., vol. I, p. 511. Plaidoirie Rolin (Guatemala), ibid., vol. II. p. 184-5 (contra, dommage pas nécessaire). Op. diss. Klaestad, affaire Nottebohm, CIJ, Rec., 1955, p. 31. Op. diss. Read, ibid., p. 37-8 (admettant l’un et l’autre la nécessité du dommage).
544 Verhoeven, p. 621. Iluyomade, p. 75-6. Roulet, p. 63.
545 Duplique du Guatemala, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 511.
546 Guggenheim, Validité, p. 253-4. Eventuellement l’acte exécuté peut constituer à la fois une nullité et un acte illicite.
547 Pour un tel aperçu, cf. Jovanovic, p. 180ss. Gestri, p. 14ss. Iluyomade, p. 61ss. Kiss, L’abus, p. 19-178. Kiss, Abuse, p. 2-3. Paul, p. 112ss. H. Lauterpacht, Development, p. 162ss. H. Lauterpacht, Function, p. 288ss. Reuter, Droit, p. 254. Verdross/Simma, p. 281. Dahm, t. I. p. 196, note 10. A.M. Stuyt, The General Principles of Law – As Applied by International Tribunals lo Disputes on Attribution and Exercise of State Jurisdiction, La Haye, 1946, p. 265, note 1. Fitzmaurice, Law, t. I, p. 12ss, 183-4 ; ibid., vol. II, p. 609ss, 668ss. Thirlway, The Law (1989), p. 25ss. En sens négatif, cf. Scerni, L’abuso, p. 95ss. Neuhaus, p. 117ss.
548 Sur cet arrêt dans le contexte de l’abus de droit, cf. Jovanovic, p. 183-4. Gestri, p. 20. H. Lauterpacht, Function, p. 288. H. Lauterpacht, Development, p. 162-3. Iluyomade, p. 61-2. Paul, p. 115. Scerni, L’abuso, p. 102ss. Scerni, Principi, p. 129-132.
549 CPJI, sér. A, no 7, p. 28-9.
550 Ibid., p. 30.
551 Neuhaus, p. 127. Rudolf, p. 20. Ago, Délit, p. 443 (il parle de « quelques expressions ambiguës » de la Cour, sans plus).
552 Gestri, p. 20. Cf. aussi Scern, L’abuso, p. 102ss.
553 CPJI, sér. A, no 7, p. 37-8.
554 Scerni, L’abuso, p. 107. Scerni, Principî, p. 132.
555 Scerni, L’abuso, p. 106ss. Scerni, Principî, p. 131-2.
556 Scerni, L’abuso, p. 107-8.
557 Scerni, L’abuso, p. 52, 81-2.
558 Cf. le Discours E. Kaufmann (Allemagne), CPJI, sér. C, no 11, vol. I, p. 136 : « Tout usage de droits du propriétaire qui est illégitime et déraisonnable et qui n’est pas justifié par des motifs d’ordre sérieux, doit céder devant les intérêts légitimes et raisonnables de tierces personnes. Ces thèses qui découlent de la théorie de l’abus de droit… ». La Pologne invoquait le principe de la bonne foi : cf. le Discours Mrozowski (Pologne), ibid., p. 182ss, 273-4. Duplique polonaise, ibid., no 11, vol. II, p. 954ss.
559 Supra, 7 (1) d.
560 Supra, 7 (1) b.
561 Sur cet arrêt, dans le contexte de l’abus de droit, cf. Jovanovic, p. 184. Gestri, p. 21. H. Lauterpacht, Function, p. 288-9. H. Lauterpacht, Development, p. 163. Iluyomade, p. 62. Paul, p. 115-6. Scerni, Principî, p. 133-4.
562 CPJI, sér. A/B, no 46, p. 167. Voir déjà l’ordonnance du 6.12.1930, CPJI, sér. A., no 24, p. 12.
563 Supra, 3.
564 Cf. Kiss, L’abus, p. 19ss.
565 ILR, vol. 82, p. 28. ASDI 1986 (42), p. 60ss, 62. Cf. White, p. 246.
566 NYIL 1980 (11), p. 332-3. Cf. en général A.C. Kiss, Droit international de l’environnement, Paris, 1989, p. 72ss, et sur l’affaire citée, A.C. Kiss, « La pollution du Rhin : Suite (et fin ?) », AFDI 1983 (29), p. 779ss.
567 Note du Service juridique du Ministère des affaires étrangères du 15 mai 1934, A.C. Kiss, Répertoire français de droit international public, vol. IV, Paris, 1962, no 499, p. 307. Cf. aussi, ibid., vol. II, Paris, 1966, no 209, p. 120-1.
568 Kiss, Répertoire, vol. II, Paris, 1966, no 204, p. 114ss.
569 Ibid., p. 117.
570 Ibid., no 213, p. 123. Source originale, Société des Nations, Journal officiel, 1936, p. 128.
570a 570a Voir infra, partie III, chapitre I, 2.
571 Para. 7, Conseil de Sécurité, 6e année, 558e séance, p. 2 (Rés. S/2298/Rev.1). Cf. M. Whiteman, Digest of International Law, vol. III, Washington, 1964, p. 1091.
572 T.T. Koh, dans : Le droit de la mer, Texte officiel de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, New York, 1984, no de vente F.83.V.5, p. XIX.
573 Pour d’autres exemples, cf. Gestri, p. 27ss, 33ss, 37ss. Sur la Convention de Montego Bay, ibid., p. 39ss.
574 Art. 294 : « La Cour ou le tribunal (…) saisi d’une demande (…) décide, à la requête d’une partie, ou peut décider d’office, si cette demande constitue un abus des voies de droit ou s’il est établi prima facie qu’elle est fondée. Si la Cour ou le tribunal décide que la demande constitue un abus des voies de droit ou qu’elle est prima facie dénuée de fondement, il cesse d’examiner la demande » (para. 1).
575 Article 297 (3) (b) (ii) et (iii), relus de fixer le volume admissible des captures ou l’attribution de reliquats en zone économique exclusive.
576 Article 187 (b) (ii) fixant la compétence de la Chambre pour le règlement des différends à propos des actes de l’Autorité des fonds marins.
577 L’histoire législative de l’article 300 a été retracée dans M.H. Nordquist (éd.), United Nations Convention on the Law of the Sea 1982 – A Commentary, vol. V, Dordrecht/Boston/Londres, 1989, p. 150-152. Pour l’article 294, ibid., p. 75-78 et R. Ranjeva, « Le règlement des différends », dans : R.J. Dupuy/D. Vignes (éds), Traité du nouveau droit de la mer, Paris/Bruxelles, 1985, p. 1155ss. Pour l’article 297, cf. Nordquist, op. cit., p. 85-106, partic. p. 102ss. Sur la balance des intérêts entre Etats côtiers et puissances maritimes comme élément essentiel du régime conventionnel sur le règlement des différends, voir A.O. Adede, The System for Settlement of Disputes under the United Nations Convention on the Law of the Sea, Dordrecht/Boston, 1987, p. 241ss.
578 Doc. A/CONF.62/L.25, Troisième Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, Doc. officiels, vol. IX, New York, 1980, no de vente F.79.V.3, p. 192. Pour la proposition des Etats-Unis d’Amérique, Doc. FC/15 du 21 août 1979 (Document informel), cf. R. Platzöder, Third United Nations Conference on the Law of the Sea : Documents, vol. XII, New York, 1987, p. 390 : « States shall not abuse the rights or misuse the powers recognized in this Convention ».
579 Sur cet aspect, supra 7 (1) c.
580 Art. 2. à la fin : « Ces libertés, ainsi que les autres libertés reconnues par les principes généraux du droit international, sont exercées par tous les Etats en tenant raisonnablement compte [“with reasonable regard”] de l’intérêt que la liberté de la haute mer présente pour les autres Etats ». Voir les textes à la fois anglais et français dans : United Nations Treaty Series, vol. 450 (1963), p. 84, 85.
581 Art. 87 (2) : « Chaque Etat exerce ces libertés en tenant dûment compte [“due regard”] de l’intérêt que présente l’exercice de la liberté de la haute mer pour les autres Etats ». Voir aussi l’art. 56 (2) pour la zone économique exclusive.
582 Voir particulièrement les arts. 286, 287 et 297, 298. Sur la formule de Montreux, S. Rosenne, « The Montreux (Riphagen) Compromise », Mélanges W. Riphagen, Dordrecht/Boston/Lancaster, 1986, p. 169ss. Adede, op. cit., p. 53-4. Ranjeva, op. cit., p. 1106ss.
583 Arts. 286, 287.
584 Arts. 297, 298.
585 Arts. 297 (2) (b), (3) (a), (b), (c), (d) et 298 (1) (a). Sur ce régime, voir Ranjeva, op. cit., p. 1105ss, partic. p. 1118ss. Adede, op. cit., p. 241ss. E.L. Richardson, « Dispute Seulement under the Convention on the Law of the Sea : A Flexible and Comprehensive Extension of the Rule of Law to Ocean Space », Mélanges L.B. Sohn, Kehl/Strasbourg, 1984, p. 149ss. G. Jaenicke, « Dispute Settlement under the Convention on the Law of the Sea », ZaöRV 1983 (43), p. 813ss.
586 Nordquist, op. cit., p. 150.
587 Des renvois supplémentaires à la pratique par rapport à ceux effectués ici pourront être trouvés chez les auteurs cités. Pour une discussion substantielle de certains aspects cités, cf. Kiss, L’abus, p. 19ss.
588 Art. 2, Convention de Genève sur la haute mer de 1958. Art. 87 (2), Convention de Montego Bay de 1982 sur le droit de la mer. Cf. C.G. Hasselmann, Die Freiheit der Handelsschiffahrt – Eine Analyse der U.N. Seerechtskonvention, Kehl, 1987, p. 79ss (avec des renvois). M.R. Simonnet, La Convention sur la haute mer, Paris, 1966, p. 29ss. M. Bos, « La liberté de la haute mer : Quelques problèmes d’actualité », NTIR 1965 (12), p. 350. D. Momtaz, « La haute mer », dans : Dupuy/Vignes, p. 350-1. M.S. McDougal/W.T. Burke, The Public Order of the Oceans, New Haven/Londres, 1962, p. 758ss. M. McDougal, « The Hydrogen Bomb Tests and the International Law of the Sea », AJIL 1955 (49), p. 356ss. G. Fischer, « Droit international et expérimentation des armes nucléaires », AFDI 1956 (2), p. 316-7. R. Bierzanek, « La nature juridique de la haute mer », RGDIP 1961 (65), p. 242ss. R. Wolfrum, Die Internationalisierung staatsfreier Räume, BaöRV, vol. 85, Berlin, 1984, p. 129-134. D.P. O’Connell, The International Law of the Sea, vol. I, Oxford, 1982, p. 57-8. D.P. O’Connell, International Law, 2e éd., vol. II, Londres, 1970, p. 645. Dahm, t. I, p. 666-7. Nuñez-Müller, p. 111. Oppenheim, p. 729. Affaire Marianna Flora (1826), U.S. Supreme Court (cf. K.R. Simmonds, Cases of the Law of the Sea, t. I, New York, 1976, p. 327ss, .339).
589 Art. 56 (2) et 58 (3) de la Convention de Montego Bay. Cf. B. Kwiatkowska, The 200 Mile Exclusive Economic Zone in the New Law of the Sea, Dordrecht/Boston/Londres, 1989, p. 212ss, partic. p. 6, 67-8, 216-7. B.H. Oxman, « The Third United Nations Conference on the Law of the Sea : The 1976 New York Sessions », AJIL 1977 (71), p. 260-1. F. Orrego Vicuña, « La zone économique exclusive : régime et nature juridique dans le droit international », RCADI 1986-IV (199), p. 39ss, 105-6. D. Attard, The Exclusive Economie Zone in International Law, Oxford, 1987, p. 75. Oppenheim, p. 792, 802-3.
590 J.P. Quéneudec, « Les incidences de l’affaire du Torrey Canyon sur le droit de la mer », AFDI 1968 (14), p. 718. Sur la question en général, cf. Y. Van der Meensbrugghe, « Le pouvoir de police des Etats en haute mer », RBDI 1975 (11), p. 92ss. Oppenheim, p. 817-8.
591 R. Kolb, « L’interprétation de l’article 121, paragraphe 3, de la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer : “les rochers qui ne se prêtent pas à l’habitation humaine ou à une vie économique propre…” », AFDI 1994 (40), p. 903-4, 907-8.
592 M.S. McDougal/W.T. Burke, The Public Order of the Oceans, New Haven/Londres, 1962, p. 387-8. Contra, Quadri, Diritto, p. 673-4.
593 Doc. A/CN.4/76 (CDI), 17 août 1953, Yb.I.L.C. 1953-II, p. 52ss. FAO Doc. no FI/HSF/TC/92/8, International Organizations and the Law of the Sea, Documentary Yearbook, vol. 8 (1992), p. 530-1.
594 La question de savoir s’il est compatible avec le droit international de fermer complètement les ports est controversée ; cf. à ce propos A.V. Lowe, « The Right of Entry into Maritime Ports in International Law », San Diego Law Review 1977 (14), p. 597ss. D.P. O’Connell, The International Law of the Sea, vol. II, Oxford, 1984, p. 847ss. L. De la Fayette, « Access to Ports in International Law », International Journal of Marine and Coastal Law, 1996 (11), p. 1ss (en sens négatif). E.D. Brown, The International Law of the Sea, vol. I, Aldershot/Brookfield, 1994, p. 38-40 (en sens positif). Dans la mesure où l’on admet un droit de fermeture, il est souvent tempéré par l’interdiction de l’abus de droit, cf. Kiss, L’abus, p. 37ss (très réservé). Dahm, t. I, p. 634. R.R. Churchill/V. Lowe, The Law of the Sea, 2e éd., Manchester, 1988, p. 53. Fauchille, t. I/2, p. 392. Politis, Problème, p. 34-5, 94ss. Sibert, t. I, p. 783. S. Trifu, p. 108-9 (assez extensif). P. Guggenheim, Lehrbuch des Völkerrechts, t. I, Bâle, 1948, p. 381 (fermeture seulement pour raisons importantes). Schwarzenberger, Uses, p. 169. Schwarzenberger, International, t. I, p. 198-9 (dubitatif). H. Lauterpacht, Règles, p. 389. H. Lauterpacht, Function, p. 290. Ch. De Visscher, Equité, p. 39-40. Affaire Portendick (1843), De la Pradelle/Politis, t. II, p. 512ss. (Il s’agissait avant tout d’un devoir d’information préalable. Quant à l’utilisation de cette affaire dans le contexte de l’abus de droit, voir la critique sévère de G. Schwarzenberger, The Inductive Approach to International Law, Londres, 1965, p. 48.) En sens opposé l’affaire de la fermeture du port de Buenos-Ayres (1870), De la Pradelle/Politis, t. II, p. 637ss (cf. la critique justifiée de Ch. De Visscher, Equité, p. 39-40).
595 Kiss, L’abus, p. 40ss.
596 Nuñez-Müller, p. 118-9, 155ss. Dahm, t. I, p. 678. Fauchille, t. I/2, p. 903-4. U. Leanza, Nuovi saggi di diritto del mare, Turin, 1988, p. 202-3. Contra, R. Wolfrum, « Recht der Flagge und “Billige Flaggen” – Neuere Entwicklungen im Völkerrecht », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, vol. 31, Heidelberg, 1990, p. 124, 144. Cf. en général E. Osieke, « Flags of Convenience Vessels : Recent Developments », AJIL 1979 (73), p. 604ss. I. Seidl-Hohenveldern, « Flags of Convenience », dans : B. Vukas (éd.), Essays on the New Law of the Sea 2, Zagreb, 1990, p. 299ss. Oppenheim, p. 732-3.
597 Arts. 55, 56 de la Déclaration de Londres relative au droit de la guerre maritime (26 février 1909) ; cf. Le Fur/Chklaver, p. 273. Cf. aussi l’avis de l’Office du contentieux et de la législation du ministère des affaires étrangères italien (Ricci-Busatti), dans Ago/Toscano, Seconda Serie, vol. IV, New York, 1980, p. 2308ss, no 3086, partic. p. 2309.
598 N.M. Poulantzas, The Right of Hot Pursuit in International Law, Leyden, 1969, p. 209, 214.
599 II est improbable qu’un tel droit existe sur le plan du droit international coutumier ; cf. D.W. Bowett, Self-Defense in International Law, Manchester, 1958, p. 39-40. Cf. aussi Ch. De Visscher, Problèmes de confins en droit international public, Paris, 1969, p. 177ss. J. Charpentier, « Existe-t-il un droit de suite ? », RGDIP 1961 (65), p. 301ss.
600 R. Wolfrum, « Bridges over Straits », dans : E.L. Miles/T. Treves, The New Law of the Sea : New Worlds, New Discoveries, Honolulu, 1993, p. 54-5, à propos de l’affaire du passage par le Grand Belt (1991). Cf. à ce propos E. Decaux, « L’affaire du passage par le Grand-Belt (Finlande c. Danemark), Demande en indication de mesures conservatoires », AFDI 1991 (37), p. 444ss. M. Koskenniemi, « L’affaire du passage par le Grand-Bell », AFDI 1992 (38), p. 905ss.
601 E. Lauterpacht, « Freedom of Transit in International Law », Transactions of the Grotius Society, 1958/9 (44), p. 337-8.
602 Taylor, p. 336-7. Op. diss. Spender, affaire du droit de passage, CIJ, Rec., 1960, p. 107.
603 Cf. l’affaire du Canal de Suez, supra, 8, c, à la fin.
604 B. Winiarski, « Principes généraux de droit fluvial international », RCADI 1933-III (45), p. 124.
605 Taylor, p. 345ss. Scerni, L’abuso, p. 74ss. Jovanovic, p. 189-90. Op. diss. Tanaka, affaires du Sud-Ouest Africain, CIJ, Rec., 1966, p. 301 et Op. diss. Forster, ibid., p. 481.
606 Oppenheim, p. 408, 582ss, partic. 586ss. L. Caflisch, « Règles générales du droit des cours d’eau internationaux », RCADI 1989-VII (219), p. 55ss, 133ss (avec de nombreux renvois). L. Caflisch, « The Law of International Waterways and its Sources », Mélanges W. Tieya, Dordrecht/Boston/Londres, 1993, p. 125. B. Vitanyi, The International Regime of River Navigation, Alphen aan den Rijn, 1979, p. 338ss. Voir aussi Kiss, L’abus, p. 22ss. Seferiades, p. 407-8. H. Lauterpacht, « La théorie des différends non justiciables en droit international », RCADI 1930-IV (34), p. 624-5. H. Lauterpacht, Function, p. 291-2. Oppenheim/Lauterpacht, t. I, p. 474-6. Strupp, Eléments, p. 189. Reuter, Droit, p. 373. Lammers, Pollution, p. 572ss. Ann. IDI, 1911 (24), p. 365ss ; Ann. IDI, 1961 (49-II), p. 84ss. Affaire de la Donauversinkung (1927), A.D., vol. IV (1927/8), p. 128ss. Affaire du Lac Lanoux (1957), RSA, vol. XII, p. 308, 315. Pour d’autres affaires, cf. Caflisch, Règles, op. cit., p. 137, notes 362ss, p. 142-3, note 378, p. 144ss. Cf. aussi la Consultation du Prof. Burckhardt du 18 juillet 1921 adressée au Service fédéral helvétique des Eaux, dans : P. Guggenheim, Répertoire suisse de droit international public, vol. II, Berne, 1975, p. 1061 : « [La liberté absolue de l’utilisation d’un fleuve] est en contradiction avec le principe de la bonne foi, également reconnu en droit international… ».
607 Dahm, t. I, p. 633.
608 Résolution 1962 (XVIII) de l’Assemblée générale des Nations Unies du 13.12.1963, para. 6 (reproduit dans Bishop, p. 288-9) et article 9 du Traité sur l’espace conclu à Londres, Moscou et Washington le 27 janvier 1967 (« due regard »), texte dans H. Thierry, Droit et relations internationales – Traités, Résolutions, Jurisprudence, Paris, 1984, p. 250. Cet aspect a suscité peu de littérature ; cf. surtout A.H. Baker, « Protection of the Outer Space Environment : History and Analysis of Article IX of the Outer Space Treaty », Annals of Air and Space Law, 1987 (12), p. 143ss. Cf. aussi C.W. Jenks, Space Law, Londres, 1965, p. 195ss, 218. M.S. McDougal/H.D. Lasswell/I.A. Vlasic, Law and Public Order in Space, New Haven/Londres, 1963, p. 293, 304ss, 356, 627ss. H.G. Darwin, « The Outer Space treaty », BYIL 1967 (42), p. 285. M. Lachs, « The International Law of Outer Space », RCADI 1964-III (113), p. 71-2. J. Dutheil de la Rochère, « La Convention sur l’internationalisation de l’espace », AFDI 1967 (13), p. 626ss, p. 640. Cf. aussi V.S. Vereshchetin, « Cooperation in the Exploration and Use of Outer Space for Peaceful Purposes (Intercosmos) », dans : N. Jasentuliyana/R.S.K. Lee (éds), Manual of Space Law, vol. I, New York/Alphen, 1979, p. 415ss. G.C.M. Reijnen, Utilisation of Outer Space and International Law, Amsterdam/Oxford, 1981. Wolfrum, p. 281-2.
609 Dahm, t. I, p. 716. H. Lauterpacht, Function, p. 301ss. Kiss, L’abus, p. 59-60. Oppenheim/Lauterpacht, t. I, p. 523. Van Bogaert, p. 68ss. Poulantzas, p. 275-6 (droit de demander l’atterrissage et droits de visite sur des avions). B. Cheng, The Law of International Air Transport, Londres/New York, 1962, p. 211. Plusieurs accords bilatéraux portant sur les services aériens ainsi que l’art. 2 (3) des Clauses Standard de Strasbourg contiennent un article enjoignant aux parties d’appliquer raisonnablement des lois et règlements sur la navigation aérienne. Certaines clauses stipulent que « a permit [for overflight] should not be withheld as a means of evading the obligations assumed under the (…) agreement » ; cf. Cheng, op. cit., p. 374-5 et 432, 241, 362. La Convention de Chicago relative à l’aviation civile de 1944 prévoit à son article 4 : « Misuse of Civil Aviation. Each contracting State agrees not to use civil aviation for any purpose inconsistent with the aims of the Convention ». Cheng, op. cit., p. 111. Sur la situation conventionnelle actuelle, cf. Oppenheim, p. 651ss. Voir aussi l’affaire de la fonderie du Trail (1941), RSA, vol. III, p. 1962ss.
610 Kiss, L’abus, p. 60-1. Oppenheim/Lauterpacht, t. I, p. 462. Hyde, International Law – Chiefly as Interpreted and Applied by the United States, vol. I, Boston, 1922, p. 331 (no arbitrary barrier) ; 2e éd., vol. I, Boston, 1947, p. 607. Cf. désormais Oppenheim, p. 659-61.
611 Supra, partie I, sect. I, chap. I, II, 4.a.
612 M. Sibert, Traité de droit international public, t. II, Paris, 1951, p. 206 : « La partie qui prétend se prévaloir de l’erreur dont elle a été la victime abuserait de son droit si elle invoquait, à propos de n’importe quoi, n’importe quelle erreur de n’importe quelle gravité ».
613 Sibert, op. cit., p. 204-5.
614 Gounelle, p. 222.
615 Supra, partie V, sect. I, chap. IV, 2.c.
616 Verhoeven, p. 581, 583, 617ss. Oppenheim, p. 130. H. Lauterpacht, Recognition in International Law, Cambridge, 1947, p. 161ss. H. Lauterpacht, Règles, p. 259. Fitzmaurice, General, p. 34. Berber, t. I, p. 234. G. Sperduti, « Il principio della buona fede e l’ammissione di nuovi membri nelle Nazioni Unite », Comunità internazionale, 1952 (7), p. 44. D. Frenzke, Die kommunistische Anerkennungslehre, Cologne, 1972, p. 122, 132ss, 156. Cf. aussi A.P. Sereni, Diritto internazionale, t. II, Milan, 1958, p. 356.
617 Dahm, t. I, p. 273. Leibholz, p. 105.
618 Supra, titre II, partie II, sect. I, 1.
619 S.E. Nahlik, « Development of Diplomatic Law. Selected Problems », RCADI 1990-III (222), p. 332ss. M. Herdegen, « The Abuse of Diplomatic Privileges and Countermeasures not Covered by the Vienna Convention on Diplomatic Relations », ZaöRV 1986 (46), p. 734ss. R. Higgins, « The Abuse of Diplomatic Privileges and Immunities : Recent United Kingdom Experience », AJIL 1985 (79), p. 641ss. R. Higgins, « United Kingdom Foreign Affairs Committee Report on the Abuse of Diplomatic Immunity and Privileges », AJIL 1986 (80), p. 135ss. I. Cameron, « First Report of the Foreign Affairs Committee of the House of Commons », ICLQ 1985 (34), p. 610ss. S. Davidson/D. Freestone/V. Lowe/G. Warbrick, « Treaties, Extradition and Diplomatic Immunity : Some Recent Developments », ICLQ 1986 (35), p. 433-435. B. Sen, A Diplomat’s Handbook of International Law and Practice, 3e éd., Dordrecht/Boston/Londres, 1988, p. 90, 114 (asile dans l’ambassade ; voir infra g) ; p. 131 (abus de la valise diplomatique) ; p. 133 (abus de communication en temps de guerre) ; p. 178-9 (abus de privilèges douaniers). G.V. McClanahan, Diplomatie Immunity, Londres, 1989, p. 117, 128ss, 136-7, 144ss, 155-164. A. Maresca, La missione diplomatica, Milan, 1964, p. 161-2. Oppenheim, p. 1098, note 3. Pour les organisations internationales, cf. C.W. Jenks, International Immunities, Londres/New York, 1961, p. 41ss. Affaire du personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à Téhéran, CIJ, Rec., 1980, p. 38ss (self-contained regime). Affaire Dikko (1984), cf. Cameron, op. cit., p. 614-5.
620 Affaire Vitianu (1948), cf. H. Lauterpacht, International Law – Collected Papers, vol. III, Cambridge, 1977, p. 451-3. P. Cahier, Le droit diplomatique contemporain, 2e éd., Genève, 1964, p. 114. Guggenheim, Validité, p. 253, note 1. S. Rustom, Les conditions d’admission aux privilèges et immunités diplomatiques, thèse, Genève, 1957, p. 94ss. H.B. Reimann, « Vitianu Case », EPIL, vol. 9, p. 399-400. Oppenheim, p. 1104-5, note 2. Cf. aussi l’affaire Shababo (1953), ILR, vol. 20, p. 391. Affaire B v. M (1959), ILR, vol. 27, p. 254, et d’autres citées par Oppenheim, p. 1105, note 2 et p. 1090, note 1.
621 Avis de droit donné par le Département fédéral des affaires étrangères helvétique, en date du 28 août 1996, en réponse à un questionnaire émanant de l’ambassade du Japon à Berne. Cf. RSDIE 1997 (7), p. 654.
622 G. Dahm, Völkerrecht, vol. II, Stuttgart, 1961, p. 430.
623 Virally, Panorama, p. 219. Nguyen, p. 896. Contra, E. Zoller, Peacetime Unilateral Remedies : An Analysis of Countermeasures, New York, 1984, p. 13.
624 A. Verdross, Völkerrecht, 5e éd., Vienne, 1964, p. 401. Contra, Verzijl, p. 318-9.
625 Contre-mémoire péruvien, affaire du droit d’asile, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1950, vol. I, p. 142. Duplique du Pérou, ibid., p. 403-4. Sen, op. cit., p. 114.
626 W. Kewenig, « Die Anwendung wirtschaftlicher Zwangsmassnahmen im Völkerrecht », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, t. 22, Heidelberg, 1982, p. 18, 30 (l’auteur ne tranche pas la question).
627 Reinhardt, p. 98-9. Contra, Combacau/Sur, p. 255-6.
628 Kiss, L’abus, p. 65ss. F.A. Mann, The Legal Aspect of Money, 5e éd., Oxford, 1992, p. 471ss, 475ss (avec des renvois à la pratique). F.A. Mann, « Money in Public International Law », BYIL 1949 (26), p. 262-3. D. Carreau, Souveraineté et coopération monétaire internationale, Paris, 1970, p. 119ss (avec des renvois à la pratique). J.P. Laviec, Protection et promotion des investissements : étude de droit international économique, Paris, 1985, p. 137. H. Hahn, « Aufwertung und Abwertung im internationalen Recht », Berichte der deutschen Gesellschaft für Völkerrecht, t. 20, Cologne, 1979, p. 33. Dupuis, p. 163-4 (alors qu’il rejette par ailleurs la doctrine de l’abus de droit ; ibid., p. 92ss). O’Connell, t. II, p. 1013. Dahm, t. III, p. 609. En plus des affaires citées par Mann et Carreau, cf. aussi Kiss, Répertoire, vol. II, no 207, p. 118 (Note du service juridique du ministère des affaires étrangères français en date du 18 août 1934). A propos de l’affaire relative à la dévaluation de la monnaie argentine (1955), cf. la note de E. Lauterpacht, dans ILCQ 1956 (5), p. 427 : « This would not, of course, exclude the possibility that there might be circumstances in which measures of devaluation might become unduly oppressive and thus give rise to legal claims ». Affaire H. Wagg (1956), ILR, vol. 22, p. 480ss, 485ss, 487 à la fin (utilisation des réglementations de change à des fins de spoliation. Cf. sur cette affaire, E. Lauterpacht, « Re Herbert Wagg : A Further Comment », ICLQ 1956 (5), p. 301ss). B.A. Wortley, Expropriation in Public International Law, Cambridge, 1959, p. 107. Plaidoirie Mann (Belgique), affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1970, vol. VIII, p. 55ss. Op. ind. et diss. Holtzmann, affaire Sea-Land Service Inc c. Iran (1984), Iran/U.S. Claims Tribunal Reports, vol. VI, p. 209-10.
629 H. Damian, Staatenimmunität und Gerichtszwang, BaöRV, vol. 89, Berlin, 1985, p. 177-8.
630 P. Guggenheim, Lehrbuch des Völkerrechts, t. II, Bâle, 1951, p. 951, note 530.
631 I. Seidl-Hohenveldern, dans : Neuhold/Hummer/Schreuer, p. 149. Strupp, Règles, p. 512. Sperduti, Principio, p. 43. Affaire Sindacato italiano dipendenti ambasciate e consolati c. United States of America (1981), It.Yb.I.L. 1985 (6), p. 181-5 (« the real basis of restricted immunity is the principle of good faith (p. 183)). Affaire Prejudgment Garnishment c. National Iranian Oil Cy (1981), dans : C. Schreuer, State Immunity : Some Recent Developments, Cambridge, 1988, p. 160, note 178 (bonne foi comme critère de limitation de l’immunité).
632 Affaire Sindacato italiano (cf. la precédente note), p. 182-3 (avec des références à la jurisprudence italienne). Cf. aussi Sperduti, Principio, p. 43.
633 I. Seidl-Hohenveldern, Corporation in and under International Law, Cambridge, 1987, p. 63. M. Hartwig, Die Haftung der Mitgliedsstaaten für internationale Organisationen, BaöRV, vol. 111, Berlin, 1993, p. 111ss. K.H. Böckstiegel, Der Staat als Vertragspartner ausländischer Privatunternehmen, Francfort-sur-le-Main, 1971, p. 59ss. Affaire Westland Helicopters c. Arab Organisation for Industrialisation (1984), (Chambre du Commerce international), JDI 1985 (112), p. 241-2 ou Coussirat-Coustère/Eisemann, t. III, p. 548-9 : « L’équité, comme les principes de droit international, permet d’ailleurs de lever le voile de la personnalité morale pour protéger les tiers contre l’abus qui en serait fait à leur détriment ». Cf. aussi la Plaidoirie Virally (Belgique), affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1970, vol. VIII, p. 525-6 et CIJ, Rec., 1970, p. 39. Op. ind. Fitzmaurice, CIJ, Rec., 1970, p. 75, 91-2. Op. ind. Tanaka, ibid., p. 120. Op. ind. Jessup, ibid., p. 186, 204ss. Cf. aussi I. Seidl-Hohenveldern, « Piercing the Corporate Veil of International Organizations : The International Tin Council Case in the English Court of Appeals », GYIL 1989 (32), p. 13ss.
634 F.A. Mann, Studies in International Law, Oxford, 1973, p. 305ss (avec de nombreux renvois). Mémoire Suisse, affaire Losinger, CPJI, sér. C, no 78, p. 26, 37-8. Exposé Sauser-Hall (Suisse), ibid., p. 295. R.J. Dupuy, dans l’affaire Texaco (1977), a directement appliqué le principe pacta sunt servanda à ces contrats ; cf. JDI 1977 (104), p. 380. Voir à ce propos la critique de Mann, op. cit., p. 313.
635 Kiss, L’abus, p. 175ss. Affaire Galban (1905), dans : G.H. Hackworth, Digest of International Law, vol. I, Washington, 1940, p. 156-7.
636 RSA, vol. IV, p. 80. Voir aussi, dans le même volume, les affaires citées aux pages 60, 67, 77, 119, 220, 282, 368, 371, 440, 658, 805.
637 Cf. Rolin, p. 402ss. Leibholz, p. 94ss. Kiss, L’abus, p. 88ss. Pour un bref aperçu du contenu du standard minimum, cf. D.F. Vagts, « Minimum Standard », EPIL, vol. 8, p. 382ss. Verdross/Simma, p. 802-3.
638 Kiss, L’abus, p. 85ss. Politis, Problème, p. 89-90. Leibholz, p. 96. Dahm, t. I, p. 500. Verdross, Etrangers, p. 338-9. Verdross, Règles, p. 439. Bourquin, p. 163. Schwarzenberger, Uses, p. 168. Cavaglieri, Règles, p. 455 (l’auteur s’oppose par ailleurs à la théorie de l’abus de droit, ibid., p. 543ss). G. Scelle, Cours de droit international public, Paris, 1946/7, p. 519. Ann. IDI 1889/92 (11), Session de Hambourg (1891), Projet de M. Von Bar, article IV, para. 1, p. 284. Cf. en général Oppenheim, p. 897-99.
639 G.S. Goodwin-Gill, International Law and the Movement of Persons between States, Oxford, 1978, p. 209ss. G.S. Goodwin-Gill, « The Limits of the Powers of Expulsion in Public International Law », BYIL 1974/5 (47), partic. p. 58, 79ss, 154-5 et pour la bonne foi, ibid., p. 77, 79, 86, 93-4, 95, 99, 122, 155. Oppenheim, p. 940, 943-4. Politis, Problème, p. 101ss. Kiss, L’abus, p. 127 (avec de nombreux renvois). Dahm, t. I. p. 195-6, 527. Leibholz, p. 94-5. Fauchille, t. I/1, p. 928-9. Von Liszt/Fleischmann, p. 178-9. Sibert, t. I, p. 311, note 6. E. Lauterpacht, Freedom, p. 339. Verdross, Règles, p. 447. Verdross, Völkerrecht, p. 371-2. Hatschek, p. 221. Guggenheim, Lehrbuch des Völkerrechts, t. I, Bale, 1948, p. 321. Dupuis, p. 156. Accioly, t. I, p. 596. H. Lauterpacht, Règles, p. 389. H. Lauterpacht, Function, p. 289. Ch. De Visscher, Equité, p. 37-8. Brownlie, System, p. 77. Cheng, p. 34-5. C. De Boeck, « L’expulsion et les difficultés internationales qu’en soulève la pratique », RCADI 1927-III (18), p. 627-37. E. Borchard, The Diplomatic Protection of Citizens Abroad, New York, 1927, p. 49, 51, 55-6. A. Blondel, « Expulsion », dans : A. De la Pradelle/J.P. Niboyet (éds), Répertoire de droit international, vol. 8, Paris, 1930, p. 160-1. T.H. Healey, « La condition juridique de l’étranger – Spécialement aux Etats-Unis », RCADI 1929-II (27), p. 445. M. Green, International Law, 3e éd., Londres, 1987, p. 109. M. Pollonpää, Expulsion in International Law, Helsinki, 1984, p. 68-78 (l’auteur préfère analyser la règle sous l’aspect de l’arbitraire plutôt que sous celui de l’abus de droit eo nomine). Souvent l’étranger jouit de protections contre la décision d’expulsion découlant du droit interne indépendamment d’un traité international ; il pourra alors provoquer un contrôle de l’arrêté au moins sous l’angle de l’arbitraire, cf. J.A. Frowein/T. Stein, Le régime juridique des étrangers en droit national et international, BaöRV, vol. 94, Berlin, 1987, p. 23-4, 60-1, 217ss, 252-3, 364, 366ss, 457, 464-5, 467, 544ss, 647, 679, 685, 739, 758, 850-1, 889, 947ss, 998, 1057ss, 1070-1, 1278, 1325-6, 1339, 1381-2, 1457, 1463-4, 1503-4, 1517, 1535, 1739ss. Ann. IDI, 1889/92 (11), Session de Hambourg (1891), Projet de M. Féraud-Giraud, arts. IVss, p. 276ss. Affaire Boffolo (1903), RSA, vol. X, p. 531ss. Affaire Maal (1903), RSA, vol. X, p. 730-1. Affaire Norberto Paquet (1903), RSA, vol. IX, p. 325. Affaire Rankin c. Iran (1987), Iran/U.S. Claims Tribunal Reports, vol. 17, p. 142ss. Affaire Libyan Arab Foreign Investment Company (LAFICO) (1991), ILR, vol. 96, p. 310-2 (la bonne foi comme limite à la discrétion d’expulser). Mémoire du Liechtenstein, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 54. Dans l’affaire de l’expulsion de certains journalistes anglais du Zambia (1966), le Secrétaire d’Etat pour les relations du Commonwealth a délivré la note suivante : « The British government accept the view that other Commonwealth governments have the right to expel citizens of other Commonwealth countries in accordance with their own law, though governments should not abuse this right by proceeding arbitrarily ». (E. Lauterpacht (éd.), British Practice in International Law (1966), Londres, 1968, p. 112.) Plus loin il est dit : « We therefore reserve the right to make representations to any Commonwealth government in any individual case if the manner in which the power (…) is exercised causes hardship or seems to be arbitrary and unjust (…). There have been a number of cases recently in which we have not refrained from exercising our right to make [such] representations » (ibid., p. 115).
Une expulsion peut s’avérer arbitraire aussi à la lumière des conditions de son exécution ; cf. Kiss, L’abus, p. 137ss (avec de nombreux renvois) ; Oppenheim, p. 945ss.
a) Brièveté ou inexistence de délais : Affaire Hollander (1896) (Moore, Digest, vol. IV. p. 102ss) ; Affaire Scandella (1898) (ibid., p. 108-9) ; Affaire relative à l’expulsion de certains ressortissants des Etats-Unis de Cuba (1895) (« harsh, unreasonable and oppressive ») (ibid., p. 139-40). Affaire Berliner (1915) (G.H. Hackworth, Digest of International Law, vol. III, Washington, 1942, p. 698) ; Affaire Loubriel (1923) (ibid., p. 699ss). Affaire Yeager c. Iran (1987), Iran/U.S. Claims Tribunal Reports, vol. 17, p. 106-7 et AJIL 1988 (82), p. 353.
b) Transit par des zones insalubres : Affaire Orazio de Attelis (1832), Moore, History, vol. IV, p. 3333ss.
c) Mauvais traitements : Affaire Bluefields (1894) (Moore, Digest, vol. IV, p. 99ss) ; Affaire Jaurett (1907) (Hackworth, vol. III, p. 690) ; Affaire Maal (1903) (RSA, vol. X, p. 730-1) ; Affaire Ben Tillett (1898) (RGDIP, 1899 (6), p. 48ss ; Politis, Problème, p. 106ss ; Ch. De Visscher, Equité, p. 38. Cf. encore, M. Whiteman, Damages in International Law, vol. I, Washington, 1937, p. 418-514 et M. Whiteman, Digest of International Law, vol. VIII, Washington, 1967, p. 850-63.
640 Kiss, L’abus, p. 147ss. Dahm, t. I, p. 449. Leibholz, p. 99ss. E. Kaufmann, p. 374-5. Fitzmaurice, General, p. 127. Rolin, p. 403. Oppenheim, p. 408. S. Rundstein, « Die allgemeinen Rechtsgrundsätze des Völkerrechts und die Fragen der Staatsangehörigkeit », ZVR 1932 (16), p. 14ss, 41ss. G. Scelle, Précis de droit des gens, t. II, Paris, 1934, р. 142-144. H. Lauterpacht, Règles, p. 390. H. Lauterpacht, Function, p. 300-1. A.N. Makarov, « Règles générales du droit de la nationalité », RCADI 1949-I (74), p. 300. H.F. Van Panhuys, The Role of Nationality in International Law, Leyden, 1959, p. 164. K. Doehring, « The State », EPIL, vol. 10, p. 424 (« an abuse of discretion in conferring nationality is illegal »). J.F. Rezek, « Le droit international de la nationalité », RCADI 1986-III (198), p. 354-5. R. Donner, The Regulation of Nationality in International Law, 2e éd., New York, 1994, p. 125-6, 153, 175. R. Pinto, « Les problèmes de nationalité devant le juge international – A propos de l’affaire Flegenheimer », AFDI 1963 (9), p. 365, 369, 373-4. P. Weis, Nationality and Statelessness in International Law, 2e éd., Alphen, 1979, p. 113 (dubitatif). Harvard Research, AJIL 1929 (23), Suppl. p. 10ss, arts. 2ss. Cf. aussi les comptes rendus du premier Comité de la Conférence de Codification de La Haye de 1930, Bases de Discussion, Conférence pour la Codification du droit international de la Société des Nations, vol. I (nationalité), Doc. C.73.M.38.1929.V, p. 18, 20, 197 et l’article 1 de la Convention de La Haye de 1930 sur la nationalité (AJIL 1930 (24), Official Doc. p. 192). Contre-mémoire du Guatemala, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 188ss, partic. p. 190, 213ss, 352ss. Plaidoirie Rolin (Guatemala), ibid., vol. II, p. 408ss. Affaires BGH St 5, p. 234 et BverfGer 1, p. 329, cf. V. Bruns (éd.), Fontes Iuris Gentium, ser. A., sect. II, t. IV (1949-60), Cologne/Berlin, 1970, p. 72. Affaire BVerwGer 23, p. 274 (arrêt du 24.2.1966) (« Verbot der Willkür und des Ermessensmissbrauches »), cf. Bruns, loc. cit., t. VI, Berlin, 1979, p. 25.
Sur l’acquisition d’une nationalité de mauvaise foi ou abusivement, aux fins d’obtenir des avantages procéduraux, voir l’affaire Saghi c. Iran (1993), Iran/U.S. Claims Tribunal, affaire no 298, sentence no 544-298-2, p. 34, para. 59 ; Commission de compensation des Nations Unies, Rapport sur les « Category A Claims » (1996), ILM 1997 (36), p. 1298ss, 1306, note 9 ou ILR, vol. 109, p. 106ss (avec des renvois). Pour les dénationalisations abusives, voir en plus : Oppenheim, p. 878ss. F.A. Mann, « The Consequences of an International Wrong in International and National Law », BYIL 1976/7 (48), p. 43ss. François, p. 130-1. Weis, op. cit., p. 123, 126. Contra, Lessing, p. 80-87. L’article 15 (2) de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) interdit les dénationalisations « arbitraires » (voir la Rés. 217 (II) de l’Assemblée générale des Nations Unies, texte dans D. Colard, Droit des relations internationales : Documents fondamentaux, Paris, 1983, p. 57). Voir en même sens l’article 20 (3) de la Convention américaine des droits de l’homme (1969) (cf. ILM, 1970 (9), p. 673ss, 681). Il n’y a pas de disposition analogue dans le Pacte sur les droits civils et politiques de 1966. Pour la Convention européenne des droits de l’homme de 1950 il y a désormais l’article 1 du Protocole no 7 du 22.11.1984, cf. L.E. Pettiti/E. Decaux/P.H. Imbert (éds), La Convention européenne des droits de l’homme, Commentaire, Paris, 1995, p. 1083-1985. Sur la dénationalisation comme prélude à l’expulsion, cf. Y.P. Ghai, « Expulsion and Expropriation in International Law », dans : ASIL Proceedings, 1973, p. 124ss ; voir dans la pratique p.e. l’intervention de M. Massigli (France) au Conseil de la Société des Nations, Kiss, Répertoire, vol. II, p. 123-4, no 213. Ces principes s’appliquent mutatis mutandis aussi pour la nationalité des sociétés commerciales : L. Caflisch, La protection des sociétés commerciales et des intérêts indirects en droit international public, La Haye, 1969, p. 130, 139. Dahm, t. I, p. 496. Cf. en général Oppenheim, p. 517ss (avec de nombreux renvois).
641 G. Fouilloux, La nationalisation et le droit international public, Paris, 1962, p. 230ss, partic. p. 251ss. B.A. Wortley, Expropriation in Public International Law, Cambridge, 1959, p. 102ss. G. White, Nationalisation of Foreign Property, Londres, 1961, p. 5, 119ss (non-discrimination), p. 5, 145ss (public utility). Polter, p. 39ss. Oppenheim, p. 911ss, 915ss, partic. p. 919-20. Reinhardt, p. 38ss. Jovanovic, p. 182. Dahm, t. I, p. 513. Sørensen, Principes, p. 177. Guggenheim, Principes, p. 127. Fitzmaurice, General, p. 128. Taylor, p. 339ss. Kiss, L’abus, p. 118ss. Leibholz, p. 106. Franck, p. 475ss (public purpose, arbitrariness, discrimination). R. Dolzer, Eigentum, Enteignung und Entschädigung im geltenden Völkerrecht, BaöRV, vol. 88, Berlin, 1985, p. 287ss. A. Mouri, The International Law of Expropriation as Reflected in the Work of the Iran/US Claims Tribunal, Dordrecht/Boston/Londres, 1994, p. 324ss (public utility). R. Higgins, « The Taking of Property by the State : Recent Developments in International Law », RCADI 1982-III (176), p. 322ss (indirect takings). Restatement of the Law Third, vol. II, paras. 712 (1) (a) et (b) ; 2 (a) ; 3; p. 196ss, 200ss, 209ss, 215-6 : « Arbitrary in Subsection (3) (…) refers to an act that is unfair and unreasonable, and inflicts serious injury to established rights… ». M. Whiteman, Digest of International Law, vol. 5, Washington, 1965. p. 225-6. Ann. CDI, 1960-II, p. 56, 62-3, arts. 7, 8. 9. Cinquième Rapport sur la responsabilité des Etats de Garcia-Amador. Contra, S. Friedmann, Expropriation in International Law, Londres, 1953, p. 140ss.
Affaire des propriétaires français du Mont-Cenis (1938), note du service juridique du ministère des affaires étrangères français, dans : Kiss, Répertoire, vol. II, p. 117, no 204. Affaire Walter Fletcher Smith (Etats-Unis d’Amérique c. Cuba, 1929), A.D., vol. 5, p. 264-5 ou RSA, vol. II, p. 917-8 : « [T]he expropriation proceedings were not, in good faith, for the purpose of public utility (…). While the proceedings were municipal in form, the properties seized were turned over immediately to the defendant company, ostensibly for public purposes, but, in fact, to be used by the defendant for purposes of amusement and private profit, without any reference to public utility » ; cf. Jovanovic, p. 182. Affaire Standard Oil Cy (1926), RSA, vol. II, p. 794 : « … in appropriating without compensation the property of these companies by arbitrary measures which affected them alone [the Governments], had commited acts that might be ranked as overstepping of authority or abuse of law » ; cf. Jovanovic, p. 182-3. Affaire Valentine Petroleum (1967), ILR, vol. 44, p. 89 (révocation arbitraire d’un contrat de concession). Affaire Amoco Int. Finance Corporation c. Iran (1987), Iran/U.S. Claims Tribunal Reports, vol. 15, p. 233 : « An expropriation, the only purpose of which would have been to avoid contractual obligations of the State or an entity controlled by it (…) would be contrary to the principle of good faith… » (illegitimate motive of expropriation). (Texte aussi dans ILR, vol. 83, p. 552.) Affaire Letco c. Liberia (1986), dans R. Rayfuse (éd.), Icsid Reports, vol. II, Cambridge, 1994, p. 366-7 : « The taking of LETCO’s property was not for a bona fide public purpose, was discriminatory and was not accompanied by an offer of appropriate compensation » (les concessions devaient être transférées à d’autres compagnies étrangères). Il faut noter cependant que le transfert de propriété à une personne privée peut se justifier sous l’angle de l’intérêt public ; cf. l’affaire James and Others (1986), ILR, vol. 75, p. 415ss. Cf. aussi l’affaire Savage (1865), dans : Moore, History, vol. II, p. 1855ss (monopolisation d’un commerce dans le seul but de confisquer les marchandises importées par Henry Savage). Sur la confiscation, cf. aussi Guggenheim, Principes, p. 125ss. Duplique du Guatemala, affaire Nottebohm, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1955, vol. I, p. 543. Affaire Frankfurter (1947), A.D., vol. 14 (1947), p. 8ss (loi nationale-socialiste sur l’administration des biens juifs ayant caractère confiscatoire). Affaire de l’Anglo-Iranian Oil Cy, Mémoire du Royaume-Uni, CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1952, p. 98 (abus de droit). La discrimination peut aussi être un critère d’arbitraire ou d’abus : Affaire American Independent Oil Cy (1982), ILR, vol. 66, p. 584ss ; sur cette affaire, cf. F.A. Mann, « The Aminoil Arbitration », BYIL 1983 (54), p. 213ss. Affaire Deutsch-Indonesische Tabakhandelsgesellschaft mbH (1956), ILR, vol. 28, p. 36-7. Affaire Sabbatino (1962), AJIL 1962 (56), p. 1104-5. Affaire Wagg (1956), ILR, vol. 22, p. 480ss (voir sur cette affaire E. Lauterpacht, « Re Herbert Wagg – A Further Comment », ICLQ 1956 (5), p. 301ss). Affaire de l’Anglo-Iranian Oil Cy c. S.U.P.O.R. (1954), ILR, vol. 22, p. 39-40. Cf. aussi l’affaire des téléphones de Colombie (1929), rapportée par M. Sibert, « L’affaire des téléphones de Colombie », RGDIP 1931 (38), p. 669ss, 687ss. Voir à ce propos White, op. cit., p. 119ss. Voir aussi l’affaire de l’Elettronica Sicula (ELSI) (1989), CIJ, Rec., 1989, p. 73ss (sur l’arbitraire en droit international et à propos de mesures prises à l’encontre d’une société commerciale étrangère).
642 Kiss, L’abus, p. 70ss. Rolin, p. 403. Affaire Rose (1875), dans : Moore, History, vol. IV, p. 3421 (imposition discriminatoire et déguisée). Affaire Limon (1884), dans : Moore, Digest, vol. II, p. 67-8 et affaire des zones franches de Guatemala (1888), dans : Moore, Digest, vol. II, p. 68 (dommages par des changements imprévus et abusifs dans la législation douanière).
643 Oppenheim, p. 948ss.
644 Bien que la matière soit réglée par le droit conventionnel, la Cour constitutionnelle allemande a pu dire : « Par analogie à l’article 16, al. 2, phrase 1 de la loi fondamentale, l’extradition d’un individu pourrait être illicite comme contraire à la bonne foi si cet individu, bien qu’ayant perdu la nationalité allemande, établit qu’il pourra à bref délai faire annuler rétroactivement la perte de cette nationalité, de sorte qu’on devra lui reconnaître la possession ininterrompue de la nationalité allemande » (BVerf.Ger, 9.11.1955, dans : V. Bruns (éd.), Fontes Iuris Gentium, sér. A., sect. II, t. IV (1949-60), Berlin, 1970, p. 125).
645 Affaire de la Barcelona Traction, CIJ, Rec., 1970, p. 44, para 79. Nguyen, p. 764-5. Cf. aussi W.K. Geck, « Diplomatic Protection », EPIL, vol. 10, p. 105-6.
646 Cf. p.e. l’article 112 (2) de la Constitution de Weimar du 11 août 1919. Sur la question, cf. K. Döhring, Die Pflicht des Staates zur Gewährung diplomatischen Schutzes, BaöRV, vol. 22, Cologne/Berlin, 1959, p. 25ss (Constitution de 1871), p. 31ss (Constitution de 1919) et la littérature indiquée chez Verdross/Simma, p. 818, note 13.
647 Döhring, op. cit., p. 100ss, p. 100 : « Auch hier muss das generelle Verbot der Willkür, also des Missbrauchs des Ermessens gelten ». Cf. aussi l’arrêt de la Cour constitutionnelle allemande du 21.3.1957, citée par Döhring, op. cit., p. 100, note 364. Voir désormais aussi l’affaire R. Hess (1980), Cour constitutionnelle allemande, ILR, vol. 90, p. 395. Le Tribunal fédéral ainsi que le Conseil fédéral suisses sont allés dans le même sens : cf. RSDIE 1996 (6), p. 614 (arrêt du Tribunal fédéral du 6.10.1995) et RSDIE 1997 (7), p. 672 (décision du Conseil fédéral du 30.10.1996).
648 M. Whiteman, Digest, vol. XII, p. 205ss, partic. p. 206. E.C. Stowell, Intervention in International Law, Washington, 1921, p. 452. C.G. Fenwick, International Law, 4e éd., New York, 1965, p. 287-8. Rolin, p. 407ss.
649 Aristote, Ethique à Nicomaque, liv. I, chap. III, au début.
650 A. De la Pradelle/N. Politis, Recueil des arbitrages internationaux, t. III, Paris, 1954, p. 672.
651 Cf. McGibbon, Estoppel, p. 479ss. A la différence de l’estoppel le comportement initial est illégal.
652 Op. diss. Urrutia Holguín, affaire relative à la sentence arbitrale rendue par le Roi d’Espagne le 23 décembre 1906, CIJ, Rec., 1960, p. 222. Cf. aussi Cheng, p. 149ss. G. De Magyary, La juridiction de la Cour permanente de Justice internationale, Paris, 1931, p. 288.
653 La maxime y touchait à l’exceptio doli et au refus d’action (denegare actionem ; non dare actionem). Sur l’exceptio doli, cf. M. Kaser, Das römische Privatecht, 2e éd., t. I, Munich, 1971, p. 188-9. A. Guarino, Diritto privato romano, 8e éd., Naples, 1988, p. 355-6. S. Riccobono, Scritti di diritto romana, t. II, Palerme, 1964, p. 370ss. F. Milone, La exceptio doli (generalis), réimpression, Rome, 1970. A. Wacke, « Zur Lehre vom pactum tacitum und zur Aushilfsfunktion der exceptio doli », SZRom, 1973 (90), p. 220ss, partic. p. 227ss. Sur la denegatio actionis, cf. Kaser, op. cit., p. 218, 251. A. Metro, La « denegatio actionis », Milan, 1972.
654 Codex Justinianus, 7, 8, 5 (Alexandre Sévère) ; ibid., 8, 55, 4 (Dioclétien).
655 La regula 134 est la suivante : « Nemo ex suo delicto meliorem suam condicionem facere potest » (Ulpien). Et la regula 203 est libellée comme suit : « Quod quis ex culpa sua damnum sentit, non intellegitur damnum sentire » (Pomponius). Cf. Dig., 50, 17.
656 Sur l’évolution historique de la maxime, cf. F. Sturm, « Apercu sur l’origine du brocard nemo auditur propriam turpitudinem allegans », Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comptois et romands, 1970/1 (30), p. 289ss. E. Riezler, « Berufung auf eigenes Unrecht », Jherings Jahrbücher (Jahrbücher für die Dogmatik des heutigen römischen und deutschen Privatrechts), 1941 (89), p. 177ss. P. Savey-Casard, Le refus d’action pour cause d’indignité. Etude sur la maxime « Nemo auditur propriam turpitudinem allegans », thèse, Lyon, 1930, p. 19ss. P. Le Tourneau, La règle nemo auditur propriam turpitudinem allegans, Paris, 1970. Sur la maxime, cf. aussi Y. Hannequart, « L’adage “nemo auditur” », Annales de la Faculté de droit de Liège, 1956, p. 163-211. A. Rieg, Le rôle de la volonté dans l’acte juridique en droit civil français et allemand, Paris, 1961, p. 339ss. A. Ehrenzweig, « Turpitudinem suam allegans non auditur », Zeitschrift fur Notarial und freiwillige Gerichtsbarkeit in Österreich, 1910, p. 89ss. G. Ripert, La règle morale dans les obligations civiles, 4e éd., Paris, 1949, p. 183ss.
657 Corpus iuris canonici, can 8x, III, 8 et 24. Cf. Sturm, op. cit., p. 290ss.
658 Glose Improbe, sous Ulpien, Dig., 30, 1, 50, para. 1 ; Glose Transactione finita, sous Cod. 2, 4, 30 ; Glose Magis, sous Cod. 2, 4, 30 (faculté de revenir sur un compromis obtenu par dol) ; Glose In vacuam, sous Cod. 4, 19, 12 (impossibilité de demander des preuves de propriété pour transférer l’objet vendu à celui-là même à qui on a vendu) ; Glose Si creditoribus et Non debet, sous Cod. 7, 8, 5 (affranchissement d’esclaves in fraudem creditorem et possibilité de revenir sur cet affranchissement en invoquant que l’objet de l’affranchissement n’était que de porter préjudice aux créanciers) ; Glose Adi, sous Cod. 7. 16, 1 (Caracalla) (possibilité d’exiger la libération de la propre progéniture vendue honteusement à un tiers ; selon Azon la turpitude est ici invoquée en faveur d’autrui et est donc admissible, Lectura supra Codicem, éd. Paris, 1577, p. 558) ; Glose Intelligis, sous Cod. 8, 55, 4 (possibilité de revenir sur des aliénations entreprises in fraudem creditorem), etc. Voir l’aperçu chez Sturm, op. cit., p. 306ss.
659 Dig., 17, 2, 63, para. 7 (Ulpien).
660 H. Broom, A Selection of Legal Maxims, 10e éd., Londres, 1939, p. 497ss. Voir déjà Codex Just., 4, 7, 5 (Dioclétien).
661 Azo, Lectura supra Codicem, Commentarios ad singulas leges XII librorum codicis (éd., Paris, 1577), ad Cod. 2, 4, 30 (De transactione finita). Cf. Sturm, op. cit., p. 313.
662 Damasus, Regulae canonicae (éd. Bâle 1567), cap. XX. Decretalium D. Gregorii Papae IX compilatio, Corpus Iuris Canonici, sous 2, 14, 2 (Alexandre III).
663 Dig., 50, 17, 134 (Ulpien).
664 K. Crome, cité par M. Gutzwiller, « Zur Lehre von der Natur der Sache », dans : A. Kaufmann (éd.), Die ontologische Begründung des Rechts, Bad Homburg, 1965, p. 15, note 2. Selon F. Wieacker, Zur rechtstheoretischen Präzisierung des Paragraphen 242 BGB, Tübingen, 1956, p. 32, la racine de notre maxime réside dans l’égalité et la règle d’or (ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse, ne le faites pas à autrui).
665 Sir Percy Spender, dans son opinion jointe à l’affaire du Temple de Préah Vihéar, s’exprime ainsi : « De plus, des phrases telles que “une partie ne peut souffler le chaud et le froid” ou “allegans contraria non est audiendus” et d’autres dans le même sens n’expriment pas, à mon avis, des principes généraux de droit international ». Op. diss. P. Spender, CIJ, Rec., 1962, p. 143.
666 P. Reuter, Droit international public, 6e éd., Paris, 1983, p. 102 : « L’auteur du dol ne peut bénéficier de la bonne foi ni demander l’élimination des effets de l’acte nul ». Voir les arts. 49, 69 (2) et 69 (3) de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Cf. aussi Sinclair. p. 174.
667 P. Fauchille, Traité de droit international public, t. I-3, Paris, 1926, p. 330.
668 Supra, partie I, sect. I, chap. I, II, 4.a.
669 Cf. A. Maresca, Il diritto dei trattati, Milan, 1971, p. 56 : « Se tale Stato sapeva che il consenso ufficialmente espresso era viziato dalla violazione di una fondamentale norma della sua costituzione, lo Stato stesso non può successivamente invocare tale vizio al fine di non considerarsi impegnato dal consenso medesimo ». Cf. aussi H. Lauterpacht, International Law – Collected Papers, vol. IV. Cambridge, 1978, p. 260-1.
670 Infra (5) c.
671 Affaire Sapphire International Petroleum (1963), Coussirat-Coustère/Eisemann, t. III, p. 437-8 : « La persévérance de Nioc dans son refus de s’exécuter rendait toute sommation superfétatoire (…). [L’invocation des règles formelles sur la résiliation] par la défenderesse serait incompatible avec les règles de la bonne foi et, pour ce seul motif, ne saurait être prise en considération ». Texte anglais dans ILR, vol. 35, p. 185.
672 Affaire Schufeldt (1930), RSA, vol. II, p. 1097 : « the Government never having taken any steps to put a stop to this practice which they must have known existed either under the law or by arbitration under the contract, and never having declared the contract cancelled therefor, and having recognized the contract all through, and thus making themselves particeps criminis in such breach (if any) of the law, can not now in my opinion avail themselves of this contention ».
673 Fitzmaurice, General, p. 118.
674 CIJ, Rec., 1997, p. 67. para. 110.
675 Art. 61 (2) CV.
676 CIJ, Rec., 1997, p. 64, para. 103 : « … le paragraphe 2 de l’article 61 de la Convention de Vienne prévoit expressément que l’impossibilité d’exécution ne peut être invoquée pour la terminaison d’un traité par une partie au traité lorsque cette impossibilité résulte de la violation par la même partie d’une obligation découlant dudit traité ».
677 Art. 62 (2) (b) C.V. Cf. aussi Gounelle, p. 207-8.
678 Berber, t. I, p. 501. Verdross/Simma, p. 529.
679 Dahm, t. II, p. 108. Thirlway, The Law (1992), p. 64-5 (à propos des affaires relatives à la compétence en matière de pêcheries de 1974). Cf. l’affaire Tacna Arica (1925), RSA, vol. II, p. 929-30, 934ss et surtout dans les plaidoiries du Pérou (H. Lauterpacht, Private, p. 290ss).
680 Op. ind. H. Lauterpacht, CIJ, Rec., 1956, p. 46.
681 CIJ, Rec., 1997. p. 53, para. 76.
682 Ibid., p. 53-4, paras. 77-8.
683 Op. ind. Bedjaoui, ibid., p. 128, para. 32.
684 Op. diss. Parra-Aranguren, ibid., p. 228, para. 9. Op. ind. Koroma, ibid., p. 149.
685 Cf. aussi l’Op. ind. Bedjaoui, ibid., p. 127-8, para. 31.
686 RSA, vol. VI, p. 50. Cousssirat-Coustère/Eisemann, vol. II, p. 40. Cheng, p. 150.
687 N.M. Poulantzas, The Right of Hot Pursuit in International Law, Leyden, 1969, p. 324-5. Il cite une affaire passée non sur la mer mais en l’air et où la violation de l’espace aérien soviétique par un aéronef des Etats-Unis d’Amérique était provoqué par l’URSS.
688 Op. diss. Fernandes, CIJ, Rec., 1960, p. 143.
689 Pour une discussion détaillée, voir les Rapports du Prof. Ago, Ann. CDI 1979-II/1, p. 28ss et Ann. CDI 1980-II/1, p. 13ss.
690 A. Gattini, Zufall und Force Majeure im System der Staatenverantwortlichkeit anhand der ILC-Kodifikationsarbeit, Schriften zum Völkerrecht, vol. 96, Berlin, 1991, p. 98-9, 135ss. Ann. CDI, 1979 II/1, p. 69, article 31 (3) sur la force majeure : « Les paragraphes qui précèdent ne s’appliquent pas si la situation d’impossibilité de se conformer à l’obligation ou la situation de détresse sont dues à l’Etat auquel le comportement non conforme à l’obligation est attribuable ». Ann. CDI, 1980-II/1, p. 50, article 33 (2) sur l’état de nécessité : « Le paragraphe 1 ne s’applique pas si la survenance de la situation de “nécessité” est due à l’Etat qui prétend l’invoquer comme excuse de son comportement ».
691 J.B. Moore, International Adjudications, Ancient and Modern, Modern Series, vol. IV, New York, 1931, p. 227.
692 CIJ, Rec., 1997, p. 46, para. 57. Dans l’affaire Libyan Arab Foreign Investment Company (LAFICO) (1991) le même raisonnement porte à exclure l’invocation de la force majeure comme circonstance excluant l’illicéité (ILR, vol. 96, p. 318).
693 C.F. Amerasinghe, Local Remedies in International Law, Cambridge, 1990, p. 272ss. Mémoire Suisse, affaire Losinger, CPJI, sér. C., no 78, p. 41-2. E. Kaufmann, p. 457-8.
694 Affaire Velasquez Rodriguez (1988), ILM, vol. 28, 1989, p. 304ss. Amerasinghe, op. cit., p. 166ss, 193ss. Oppenheim, p. 525-6.
695 Affaire El Oro (1931), RSA, vol. V, p. 191. Amerasinghe, op. cit., p. 203ss.
696 Affaire Brown (1923), RSA, vol. VI, p. 120. Amerasinghe, op. cit., p. 193ss.
697 G. Schwarzenberger, A Manual of International Law, 5e éd., Londres, 1967, p. 177.
698 Affaire Flegenheimer, Etats-Unis d’Amérique c. Italie (1958), RSA, vol. XIV, p. 378 : « It allows a Respondent State to object to the admissibility of a legal action directed against it by the national State of the allegedly injured party, when the latter has neglected to indicate his true nationality, or has concealed it, or has invoked another nationality at the time the fact giving rise to the dispute occurred, or when the national State has made erroneous communications to another State thus fixing the conduct to be followed by the latter ».
699 Op. diss. Schwebel, affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (fond), CIJ, Rec., 1986, p. 392ss. Prise de position du Secrétaire d’Etat américain Bayard à propos de l’affaire Pelletier (1885) : « I do now affirm that the claim of Pelletier against Haiti (…) must be dropped, and dropped peremptorily and immediately by the (…) United States (…). Ex turpi causa non oritur actio ». Cheng, p. 157. Cf. aussi Zoller, La bonne foi, p. 297ss. Voir aussi infra, partie IV, IV.
700 Iran/U.S. Claims Tribunal Reports, vol. 6, p. 227-8, citant Bin Cheng.
701 W.M. Reisman, Nullity and Revision, New Haven/Londres, 1971, p. 387ss. Sur la prescription extinctive, voir supra, partie II, sect. I, chap. II.
702 Affaire de l’Usine de Chorzów (Compétence) (1927), CPJI, sér. A, no 9, p. 31.
703 Affaire Roberts (1903) où la prescription fut écartée pour une réclamation non réglée depuis plus de 30 ans : « The contention that this claim is barred by the lapse of time would, if admitted, allow the Venezuelan Government to reap advantage from its own wrong in failing to make just reparation to Mr. Quirk at the time the claim arose » (RSA, vol. IX, p. 207). Cf. Cheng, p. 150. Reisman, p. 392-3. La question cruciale est de savoir à qui incombe la faute pour le délai. Voir aussi Johnson, p. 332.
704 Affaire des Emprunts serbes, CPJI, sér. A., no 20, p. 38.
705 Cheng, p. 155ss. Pour autant que la maxime touche à la doctrine des clean hands, voir infra, partie IV, IV.
706 Affaire de l’Usine de Chorzów (Compétence), CPJI, sér. A., no 9, p. 31. Cf. Scerni, Principî, p. 125ss. Fitzmaurice, General, p. 118. Cheng, p. 149-50. Oraison, p. 161. Amerasinghe, Local, p. 273. G. De Magyary, La juridiction de la Cour permanente de Justice internationale, Paris, 1931, p. 288.
707 ILR, vol. 25, p. 505.
708 Ibid., p. 506.
709 CPJI, sér. B., no 15, p. 27 : « … la Pologne, en tout cas, ne pourrait se prévaloir d’une objection qui (…) équivaudrait pour la Pologne à se fonder sur la non-exécution d’une obligation qui lui a été imposée par un engagement international ». Pour un bref aperçu de cette affaire, cf. Fachiri, p. 274-6 et pour notre maxime, p. 276.
710 Déclaration Cohen (Etats-Unis d’Amérique), CIJ, Mémoires, Plaidoiries et Documents, 1950, p. 355. Déclaration Cohen (Etats-Unis d’Amérique), ibid., p. 237. Déclaration écrite du Royaume-Uni, ibid., p. 190-1. Déclaration de G.G. Fitzmaurice (Royaume-Uni), ibid., p. 373-5.
711 CIJ, Rec., 1950, p. 230.
712 Ibid., p. 229.
713 CIJ, Rec., 1950, p. 244. Cf. aussi, ibid., p. 241-2 où le juge parle de mauvaise foi et l’Op. diss. Azevedo, ibid., p. 252-254.
714 G. Schwarzenberger, International Law – As Applied by International Courts and Tribunals, vol. I, Londres, 1957, p. 523ss, 542 ; ibid., vol. IV, Londres, 1980, p. 152ss. Fitzmaurice, General, p. 118-9. Fitzmaurice, Law, t. I, p. 12. Plus réservé, Cheng, p. 151ss.
715 Schwarzenberger, International, t. I, p. 524.
716 Jugement no 328 du TAOIT, p. 3-4. Cf. AFDI, 1977 (23), p. 536.
717 Sur la maxime ex facto oritur ius, cf. déjà Bartole, Commentaire (para. 4) ad Cod. Justiniani 3, 1, 9, s’appuyant sur Dig. 9, 2, 52, 2 et 48, 16, 1, 1. Sur la question, cf. Kolb, (BS).
717a 717a Il est cependant d’autres limites. Ainsi, la maxime peut être écartée si la turpitude commise est invoquée en faveur d’un tiers. Voir déjà la glose « Adi » ad Cod. 7, 16, 1 (Caracalla) : Aulus Saturninus a vendu ses enfants nés libres. Il se repent de cet ignoble marché et cherche à obtenir leur libération par voie de vindicatio in libertatem. L’Empereur admet ce moyen. Le glossateur s’interroge sur l’inapplication de notre adage. Selon Azon, c’est parce que le père invoque sa turpitude non pour tirer profit lui-même, mais en faveur d’autrui (cf. Sturm, op. cit. (en début de chapitre, note 661), p. 319-320). Une telle invocation en faveur d’autrui ne saurait évidemment avoir de succès si le demandeur et le tiers font frauduleusement cause commune.
718 Sur cet écart entre les situations relatives et l’ordre public, cf. désormais les quelques lignes consacrées à ce sujet dans l’Op. diss. Weeramantry en l’affaire du Projet Gabcíkovo-Nagymaros (CIJ, Rec., 1997, p. 117-8). Pour le droit interne, voir par exemple la sentence de la Cour commerciale de Bruxelles en l’affaire Lavi c. Asco et autres (1988), ILR, vol. 91, p. 249ss, 250, 252 : l’ordre public interne l’emporte sur l’exception nemo commodum. Cf. aussi M. Aubert, La répétition des prestations illicites ou immorales en droit français, en droit suisse et dans la jurisprudence belge, Lausanne, 1954, p. 108ss. P. Le Tourneau, La règle nemo auditur propriam turpitudinem allegans, Paris, 1970, p. 150ss.
719 Argument du Luxembourg à propos du projet de la CDI avant trait au ius cogens dans le droit des traités, Ann. CDI 1966-II, p. 354 : « Enfin, il faut poser la question de savoir qui serait qualifié pour invoquer la nullité envisagée par cet article [article 37 du Projet]. (…) Dans ce cas, l’application de cette disposition impliquerait une attitude contradictoire de la partie qui se prévaudrait de la nullité, étant donné qu’elle aura elle-même contribué à l’élaboration et à la mise en vigueur du traité qu’elle conteste ; ce serait une sorte de venire contra factum proprium ». H. Kelsen, « Théorie du droit international public », RCADI 1953-III (84), p. 149 : « En outre le fait qu’une partie contractante déclare un traité nul et non-avenu en raison de son caractère immoral n’est certainement pas moins immoral que le fait d’avoir conclu un tel traité ».
720 H. Merz, « Artikel 2 des Zivilgesetzbuches », dans : Berner Kommentar zum schweizerischen Privatrecht, Schweizerisches Zivilgesetzbuch, Einleitung, Artikel 1-10, Berne, 1966, p. 376-7, avec renvois à la pratique du Tribunal fédéral suisse.
721 Waldock, General, p. 104ss. Stone, Fictional, p. 194ss.
722 L. Gross a pu dire non sans raison que « the Court has achieved its best results when it applied the law and did not engage in judicial lawmaking in a pronounced manner ». L. Gross, « The International Court of Justice : Consideration of Requirements for Enhancing Its Role in the International Legal Order », AJIL 1971 (65), p. 268. Cf. aussi H. Lauterpacht. Development, p. 75ss.
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