Agriculture et croissance économique en Inde
Un potentiel sous-exploité
p. 5-22
Texte intégral
1En Inde, le taux de croissance du revenu par tête d’habitant a connu une accélération spectaculaire ces dernières années et promet encore de s’accroître. L’agriculture a joué un rôle important en participant largement à cette croissance mais seulement sur une base régionale et non globale. Dans les régions où elle a joué un rôle important, l’agriculture a contribué au déclin spectaculaire de la pauvreté et à l’accélération du taux de croissance global. En jouant son rôle, l’agriculture a démontré ce que Gilbert Etienne nous définit si bien dans les nombreux écrits dérivés de son intime connaissance du terrain. Pourquoi ce rôle critique de l’agriculture, bien en accord avec la politique sociale indienne, n’a-t-il pas été plus universel en Inde ? Gilbert Etienne nous fournit plusieurs indications en même temps qu’il nous explique les raisons des succès enregistrés. Cette contribution explore ces questions, élabore sur les apports de Gilbert Etienne et les replace dans un contexte de planification macro-économique.
Le taux de croissance
2Il y a seulement quelques décennies, Raj Krishna sanctifiait le « taux de croissance hindou » comme étant le taux de croissance étonnamment stable et extrêmement bas que l’Inde enregistra, décennie après décennie, en dépit de plans économiques sophistiqués, d’une aide étrangère importante et d’une structure administrative tenue en haute considération. Ce taux de croissance du PIB et les taux de croissance de la population d’alors généraient une croissance du revenu par tête d’habitant à peine perceptible de 0,5 % – un taux si bas que le temps nécessaire pour son doublement a perdu toute signification.
3Le « taux de croissance hindou » n’existe plus. L’importante diminution du taux de croissance de la population combinée à un taux de croissance maintenant soutenu du PIB à plus de 6 % a permis de multiplier par huit le taux de croissance par tête d’habitant. Désormais, le revenu par tête double tous les dix-huit ans. Alors qu’il y a vingt ans toute déclaration suggérant que l’Inde pourrait atteindre un taux de croissance de 6 % était en général tournée en dérision, la norme maintenant est de s’attendre à ce que le taux actuel de 6 % s’accroisse jusqu’à 8 % – doublant le revenu par habitant tous les douze ans.
4Cette dramatique accélération du taux de croissance globale n’a pas été assortie d’une accélération comparable dans l’agriculture. Alors que la production de denrées alimentaires a plus que répondu à la croissance de la population, le taux de la croissance agricole par tête d’habitant a atteint à peine 1 %. Avec un multiplicateur de deux, cela n’a induit qu’un accroissement modeste du taux de croissance globale. Le plus important est qu’avec un taux de croissance de la production agricole par habitant aussi bas, l’impact au niveau de la réduction de la pauvreté globale ne peut être que modeste, suggérant une participation limitée à la vague actuelle de croissance en Inde.
5Dans les étapes initiales de la « révolution verte », de nombreux critiques clamèrent que les pauvres en étaient exclus. Gilbert Etienne, entre autres, souligna que les carences en matière de réduction de la pauvreté n’étaient pas dues à trop de révolution verte mais au contraire à trop peu de révolution verte. Ce qui se passe en Inde actuellement corrobore cette position. La croissance accélérée du PIB sans une performance comparable dans l’agriculture maintient les pauvres à l’écart, un point qui sera développé ci-dessous. On peut même douter qu’une accélération supplémentaire du taux de croissance globale soit possible si l’agriculture continue à rester largement à l’écart.
Croissance agricole et réduction de la pauvreté
6J’ai discuté dans le détail la logique de la relation entre réduction de la pauvreté et croissance de l’agriculture (Mellor, 1976, 1985). Des comparaisons entre Etats par Dandekar (1971) ont montré une forte corrélation entre le taux de la croissance agricole et la diminution de la pauvreté en Inde. Une nouvelle étude de la Banque mondiale (Ravallion et Datt, 1996), s’appuyant sur des données de l’Inde mais corroborée par des travaux se référant à d’autres pays, démontrent ce point de façon dramatique.
7Ravallion et Datt montrent que la croissance accélérée du secteur manufacturier ne réduit en rien la pauvreté. Il en est de même pour l’énorme secteur tertiaire et la croissance urbaine. A l’inverse, une croissance agricole accélérée entraîne une diminution spectaculaire de la pauvreté. La croissance urbaine accélérée réduit la pauvreté urbaine, mais la croissance agricole élevée la réduit bien plus.
8Le truisme est valable, à savoir que dans les pays où la population rurale est importante, une large participation à la croissance et une réduction massive de la pauvreté requièrent une croissance agricole accélérée. Le chiffre clé est le taux de croissance agricole par tête d’habitant. Or ce chiffre a été très modeste pour l’ensemble de l’Inde.
9L’Inde a mis en place de grands programmes ayant pour objectif la redistribution de revenus en faveur des pauvres. Bien que très critiqués en raison de mauvais ciblage, du biais urbain ou autres incapacités à atteindre leur but en matière de pauvreté, ces programmes ont probablement été bien gérés en comparaison à la moyenne mondiale. Ravallion et Datt montrent que ces programmes n’ont eu que peu d’impact, et ce seulement pendant une période courte, comparés aux effets importants de la croissance agricole.
10Plusieurs points clés découlent de cette relation. Le premier, et le plus important, est que si les pays donateurs d’aide (ou les pays bénéficiaires) ont pour préoccupation majeure la réduction de la pauvreté, ils devraient alors concentrer leurs efforts sur l’accroissement du taux de croissance agricole comme solution principale. Les programmes ciblant spécifiquement les pauvres devraient venir ensuite pour en quelque sorte éponger ce qui reste. Les tirades contre la révolution verte ont été très destructrices.
11Ravallion et Datt apportent des éclaircissements sur cette question – l’impact complet de la croissance agricole sur la diminution de la pauvreté se manifeste en général en l’espace de trois ans, mais n’est certainement pas instantané. C’est premièrement dû au fait que si l’effet de la croissance agricole sur les salaires est substantiel, il ne s’opère qu’après un délai. Ceci concorde avec la théorie que je défends depuis longtemps, à savoir que seule une petite partie de l’effet de la croissance agricole sur les pauvres peut être attribuée à une augmentation de l’emploi dans l’agriculture. L’accroissement des revenus des exploitations agricoles, et les dépenses en biens et services produits localement et intensifs en main-d’œuvre qui en découlent, ont un poids bien plus important.
12En général, plus de 60 % du revenu supplémentaire sont consacrés à l’achat de tels biens et services, y compris des produits agricoles de haute valeur, tels que produits horticoles et viande. C’est la combinaison d’une augmentation de l’emploi agricole, et de l’emploi rural non agricole qui non seulement accroît les revenus du fait de la croissance de l’emploi, mais qui aussi entraîne bientôt une hausse du taux de salaire réel et induit un effet multiplicateur sur les revenus de la population rurale pauvre (Mellor, 1995).
Variations régionales du taux de croissance agricole et de la réduction de la pauvreté
13Plusieurs Etats indiens ont connu des taux de croissance agricole de plus de deux points supérieurs aux taux de croissance de leur population. Dandekar (1971) montre que, en général, dans ces Etats, la pauvreté a diminué radicalement. Il y a une exception : le Kerala où la pauvreté a bien diminué mais où la performance de l’agriculture est restée médiocre.
14Dans le cas du Kerala, les investissements en capital humain ont facilité l’émigration de travailleurs, souvent vers les Etats du Golfe, à la recherche de meilleures perspectives. Ravallion et Datt soulignent que leurs données montrent aussi que les investissements en capital humain peuvent être un substitut à la croissance agricole. Mais j’ajouterais qu’ils peuvent également être un complément et que l’accroissement de l’emploi dans la région d’origine est préférable à la migration qui est l’alternative à la croissance agricole. Retournons à notre relation de base, dans les Etats où le taux de croissance agricole par habitant n’a pas excédé 1 %, la pauvreté n’a pas diminué et a même, dans certains cas, augmenté.
15Les réformes macro-économiques réalisées récemment en Inde et l’accélération de la croissance globale qui leur est associée n’ont pas modifié la relation entre croissance sectorielle et diminution de la pauvreté. Il en résulte que la structure actuelle de croissance rapide et accélérée en Inde devrait engendrer un accroissement rapide des disparités de revenu, non seulement entre les Etats, mais également à l’intérieur de bien des Etats. Pour comprendre ces processus, il nous faut d’abord examiner la nature de ces réformes puis nous demander ce qu’il faut faire maintenant.
Les réformes
16L’accélération prononcée du taux de croissance est à porter au crédit du ministre des Finances, économiste et ancien universitaire, Manmohan Singh, qui a mis en place un grand nombre de réformes macro-économiques qui ne diffèrent guère de celles généralement prescrites par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Ces réformes favorisèrent la croissance industrielle et les exportations de produits industriels. L’agriculture ne reçut que peu ou pas d’aide. C’est en partie dû au fait que les réformes commerciales n’affectèrent pas l’agriculture, mais plus encore que les principales politiques visant à contrôler des dépenses budgétaires et l’inflation furent discriminatoires à rencontre de la croissance de l’agriculture.
17Les tentatives de contrôle de l’inflation compriment nécessairement les dépenses publiques – et l’agriculture en souffre particulièrement en raison de ses besoins d’investissements massifs au niveau des transports, de l’infrastructure routière principale et des routes d’accès secondaires, de l’électrification, de la recherche et la diffusion, et de l’éducation (Mellor, 1966). Le problème est d’autant plus aigu que l’adhésion aux réformes est rendue plus acceptable grâce à des subventions directes pour les denrées alimentaires et les engrais, plutôt que par une action de développement à long terme.
18En outre, l’effet supposé négatif que les réformes ont sur les pauvres pousse à consacrer une part des dépenses publiques à des subventions directes en faveur des pauvres plutôt qu’à des formes de croissance dont les pauvres tireraient de plus grands bénéfices. Ainsi, la croissance agricole a doublement souffert – d’abord du fait de la compression des dépenses et ensuite en raison d’autres pressions qui orientèrent les dépenses en faveur des pauvres et des populations rurales dans des directions non porteuses de croissance.
19Les vues néoclassiques associées aux réformes, foncièrement négatives envers toutes stratégiques de planification du secteur public – en particulier, celles ayant une orientation sectorielle – ont eu un effet nuisible tout aussi important sur les dépenses publiques susceptibles de favoriser la croissance agricole. L’argument est que le marché se chargera de mobiliser des ressources et d’opérer les allocations intersectorielles. Ainsi donc l’accent est mis sur des réformes ostensiblement neutres en matière de politique sectorielle, même si cette neutralité est illusoire au vu des besoins spécifiques d’un secteur atomisé tel que l’agriculture.
20Ce néoclassicisme explique peut-être pourquoi actuellement il y a si peu de visionnaires du type de M.L. Dantwala, Raj Krishna, D.S. Tyagi, V.M. Dandekar et de bien d’autres encore de la génération des années 1950 et 1960 qui avaient une vision de l’agriculture capable d’être traduite en une stratégie de planification.
21Les réformes n’ont non seulement apporté aucun soutien explicite à l’agriculture, mais ont résulté indirectement en une perte d’investissements et d’allocations budgétaires en faveur de la croissance agricole. Seule une approche éclectique permettra de changer cette situation.
22Les réformes en matière d’échanges commerciaux, de prix, de création d’entreprises et autres de ce type sont favorables à l’agriculture. Toutefois, la vision néoclassique doit être abandonnée pour répondre aux besoins particuliers d’un secteur atomisé tel que l’agriculture. L’infrastructure centrale est essentielle mais non suffisante. Les infrastructures rurales qui ont besoin d’être financées par des fonds publics sont aussi essentielles. L’éducation est importante mais tend à être négligée dans les zones rurales ; elle requiert donc une attention particulière. Enfin, seule une modeste fraction des besoins de recherche seront couverts par le secteur privé et il en sera de même de la diffusion des techniques agricoles.
23Vu la structure des dépenses des entreprises et de la consommation rurales, il est douteux que des marchés financiers ruraux intégrés puissent se développer sans une aide initiale du secteur public (Desai et Mellor, 1991). De même, l’expansion de marchés de produits de haute valeur en zones rurales se développera plus rapidement si le secteur public y prête quelque attention. En somme, une stratégie sectorielle aidant à orienter l’allocation des investissements, le développement institutionnel et les politiques de réforme vers les directions et les séquences les plus productives est nécessaire.
Le changement de rôle de l’aide étrangère dans les politiques de réforme
24Quand la majorité des pays en voie de développement, et en cela l’Inde n’est nullement une exception, sortirent du colonialisme, leurs dirigeants avaient une forte orientation urbaine (Mellor et. al., 1991). La démocratisation a graduellement donné plus de poids aux populations rurales, mais ceci est un phénomène récent et il n’y a eu guère le temps de développer une vue sophistiquée et articulée des besoins de croissance du milieu rural. En tout cas, on constate que la démocratie fonctionne moins bien dans les Etats les plus en retard en matière de développement rural, tel le Bihar par exemple, que dans les Etats les plus progressistes comme le Pendjab ou le Gujarat.
25Dans les années 50, et malgré ce contexte d’élites politiques nationales à orientation urbaine, l’aide étrangère a joué un rôle majeur en poussant l’agriculture en tête dans l’ordre du jour national. Elle l’a fait à la fois sur le front intellectuel et le front bureaucratique.
26Les plans quinquennaux indiens favorisèrent l’industrie lourde, suivant en cela l’impulsion stalinienne de croissance industrielle, et retardèrent l’action dans les secteurs ruraux en mettant en œuvre des programmes de développement communautaire qui réalisèrent peu d’investissements et, dans une large mesure, ignorèrent la nécessité d’améliorer la technologie. Toutefois, des économistes du développement occidentaux (tels que Kaldor, Lewis, Singer et autres) en général rappelèrent, avec bon sens, l’importance primordiale de l’agriculture dans la croissance, avant de se pencher sur leurs propres domaines spécialisés d’expertise. Ceci encouragea les administrateurs d’aide étrangère à concentrer leurs efforts sur l’agriculture. Ils comptaient parmi leurs personnels des spécialistes ayant une connaissance directe du développement institutionnel de base qui avait permis les avances technologiques de l’agriculture occidentale.
27Ainsi donc, intellectuels et administrateurs étrangers se renforcèrent les uns les autres dans leur soutien à la croissance agricole. Dans ce processus, une génération d’économistes spécialistes du secteur agricole émergea, pensa en termes stratégiques et fit pression pour maintenir l’agriculture à l’avant du développement. Dans les années 1950 et 1960, l’aide étrangère mit l’accent sur les infrastructures physiques, le capital humain et l’agriculture (Ruttan, 1996, Mellor, à paraître). Rien de plus.
28Aujourd’hui, les économistes indiens sont plus éclectiques. Par contre, les économistes du développement occidentaux contemporains tendent à adopter une approche néoclassique et attendent que le marché prenne en charge les allocations sectorielles. Ainsi donc, les économistes généralistes de profession, contrairement aux décennies antérieures, ne font plus campagne pour l’agriculture.
29Simultanément, sous l’influence de modes rapidement changeantes, les agences de coopération ont étendu leur intérêt à un large éventail de problèmes, incluant l’environnement, la pauvreté et les questions de genre. Les défenseurs de ces intérêts particuliers ont souvent des vues négatives relatives à la croissance et en particulier la base de la croissance agricole, la révolution verte. Il y a même un brin de « ludditeism » dans ces différents camps. Par conséquent, les pays donatetirs ne produisent plus de puissants groupes de pression apportant leur soutien à l’agriculture et souvent même adoptent des positions négatives à l’encontre de mesures politiques individuelles d’importance pour la croissance agricole.
30Par exemple, au cours des décennies antérieures, la plupart des donateurs étaient très en faveur d’une croissance rapide de l’utilisation d’engrais. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui adoptent une vue négative vis-à-vis de l’utilisation accrue d’engrais même pour des pays comme le Rwanda, pour prendre un cas extrême, où la baisse de fertilité des sols est associée à la diminution de la productivité agricole – elle-même étroitement associée à la montée de la violence ethnique. Un véritable spécialiste de l’environnement ne s’insurgerait pas contre l’emploi d’engrais, mais soulignerait que la productivité des engrais diminue quand la recherche et le soutien institutionnel font défaut. Il insisterait pour que ces domaines soient améliorés afin d’atteindre une meilleure efficacité dans l’utilisation des engrais – c’est-à-dire plus de produit par unité d’intrant.
31L’Inde exemplifie toutes ces tendances. Dans les années 1950 et 1960, l’aide étrangère donnait constamment priorité à l’agriculture et aux réformes en matière agricole, même par le biais de cette infâme politique du compte-gouttes de l’administration Johnson aux Etats-Unis qui, lors d’une famine, dispensa l’aide alimentaire mois par mois afin de faire pression pour que l’Inde octroie plus de poids à l’agriculture dans sa stratégie de développement, y compris les prises de décision concernant les usines d’engrais. La plupart des grandes fondations américaines mettaient l’accent sur la recherche agronomique, la diffusion des techniques agricoles et les stratégies en matière d’agriculture. Nous ne retrouvons rien de tout cela de nos jours. Ces pressions aidèrent la révolution verte à démarrer, mais elles ne sont plus là aujourd’hui pour maintenir la performance de l’agriculture au même niveau que celle des autres secteurs. Entre temps, il y a eu une explosion de connaissances en matière de développement agricole (voir le grand nombre de références dans l’article de mise à jour de Mellor et Mudahar, 1991). Ainsi donc, alors même que la qualité des politiques d’aide se détériorait, la base qui permettrait son amélioration se développait rapidement.
32Dans la logique de l’analyse ci-dessus, on observe que dans les années 1950 et 1960, le responsable de la stratégie agricole de plus haut rang au sein de la hiérarchie de la Banque mondiale dépendait directement du président. Maintenant, quatre niveaux bureaucratiques se sont interposés et un nombre croissant de chefs de divisions agricoles n’ont aucune formation agronomique. Dans les programmes d’aide américains, le nombre de spécialistes en agriculture a diminué de 80 % au cours de ces dernières décennies. L’aptitude des pays donateurs européens en matière de technologie agricole a connu un déclin similaire.
Globalisation des marchés
33Le coût de production de certains services offerts aux consommateurs diminue, en particulier grâce au meilleur rendement des combustibles et à la diminution des coûts de transport, dus aux progrès de la technologie. Le goût des consommateurs s’est diversifié, constituant en cela une des manifestations de la mondialisation à l’âge de l’information. Mais contrairement à une impression fort répandue, ce n’est pas du tout un flux à sens unique allant des économies avancées vers les moins avancées.
34Prenons par exemple une pomme qui peut être offerte par n’importe quel producteur sur n’importe quel marché et à n’importe quel moment de l’année car un grand nombre de consommateurs supplémentaires ont inclus les pommes dans leurs préférences. En Inde, les pommes de bouche ont connu un développement spectaculaire dans toutes les zones rurales du nord comme du sud. Le prix des pommes de Nouvelle-Zélande est concurrentiel dans Washington D.C. et pourtant des pommes sont produites à 100 km de là. Ceci n’était pas vrai il y a quelques décennies. Cependant, pour continuer cette analogie, les variétés de pommes qui sont actuellement plantées en Asie du Sud ne pourront pas rivaliser avec les pommes de Nouvelle-Zélande lorsque les marchés de l’Asie du Sud s’ouvriront, ce qui arrivera forcément au cours de la période productive des pommiers plantés en ce moment.
35Comme la majorité des pays en voie de développement, l’Inde a le potentiel pour produire à bas coûts la plupart des produits agricoles de haute valeur, en raison de sa main-d’œuvre bon marché et d’une large variété d’environnements physiques adéquats. Mais pour être effectivement compétitifs et obtenir un rendement maximum de leur main-d’œuvre, il faut qu’ils produisent le bon produit au bon moment, y compris satisfaire à des exigences sanitaires complexes. C’est là un objectif sans cesse changeant auquel seul un système de recherche de niveau international peut répondre. Ce point sera repris plus en détail ci-dessous.
36La mondialisation des marchés engendre également un autre effet. Les intérêts commerciaux trouvent désormais des économies d’échelle indispensables dans un plus grand nombre de produits et de pays que précédemment. D’un côté, les systèmes nationaux doivent s’adapter pour satisfaire cet intérêt mais de l’autre, ces économies d’échelle peuvent permettre aux entreprises commerciales de conduire des activités de recherche et de diffusion liées à leurs produits. Celles-ci peuvent constituer une économie de ressources pour les pays en voie de développement mais requièrent qu’en même temps le choix des priorités prenne en compte cette complémentarité avec les intérêts commerciaux. Les recherches publique et privée deviennent de plus en plus complémentaires plutôt que concurrentielles. Mais une nouvelle perspective est indispensable pour pouvoir réaliser ces économies. La forme précise de ces activités complémentaires sera bien sûr différente dans une économie en développement et dans une économie avancée mais demandera un encadrement et une imagination considérables. Je vois peu de réflexion de cette sorte dans les pays en voie de développement alors qu’un grand changement s’opère dans ce sens dans les pays développés.
37Cette section a présenté une possibilité sérieuse d’accélérer le taux de croissance globale de l’agriculture tout en mettant à profit le type de réformes en cours en Inde actuellement. Mais jusqu’ici le pays n’a que peu tiré parti de ces nouveaux potentiels.
Les besoins politiques futurs
38Le secteur agricole a joué un rôle important dans l’accélération du taux de croissance globale et, en particulier, dans le déclin de la pauvreté dans plusieurs Etats et pendant des périodes données. Toutefois, son rôle aujourd’hui est quasiment neutre car la croissance de la production agricole n’est que très légèrement plus rapide que celle de la population (Desai, 1996). Que faut-il faire pour que l’immense pouvoir de l’agriculture ait un impact sur l’accélération de la croissance et la diminution de la pauvreté ?
39Gilbert Etienne remarquerait que les Etats qui attestent des plus mauvaises performances, et notamment le Bihar, sont ceux qui ont de pauvres traditions de croissance agricole, des systèmes politiques et des structures administratives extraordinairement inefficaces en termes de croissance agricole et des ressources humaines peu développées.
40L’argument présenté ici est que, même si l’agriculture relève de la compétence des Etats, étant donné la nécessité d’adaptation locale, le gouvernement central devrait tout de même avoir un concept stratégique vis-à-vis du secteur agricole et rechercher les investissements clés et les priorités de développement institutionnel. Comme partie intégrante d’une stratégie nationale, une attention particulière devrait être portée au problème de l’inertie des Etats peu aptes à la croissance. Ceci inclurait : une attention particulière à l’amélioration de la structure administrative, à la réaction du système politique et à l’investissement en capital humain. Ci-dessous, six domaines de mesures spécifiques à mettre en œuvre au niveau national et au niveau des Etats sont développés. Le premier est l’objectif primordial de vision et de plan stratégique.
Développer la vision d’un taux de croissance agricole d’environ 6 %
41Dans les pays à croissance rapide, celle du secteur agricole atteint 4 à 6 %. Ces taux élevés sont possibles en raison de la croissance rapide de la demande intérieure – les revenus augmentant rapidement – pour des produits de haute valeur ainsi que de plus grandes possibilités de commerce dues aux progrès technologiques affectant les coûts de transport. Ceci contraste avec les taux de croissance de 3 à 3,5 % enregistrés pour les céréales de base occupant de grandes superficies et qui constituent le maximum maintenu, hormis de courtes périodes de rattrapage de croissance. Pour une vue globale sérieuse et actuelle de la réflexion universitaire indienne sur ce sujet, voir Desai (1996).
42Une stratégie de croissance agricole doit identifier le rôle joué par chacune de ses composantes, calculer leur part proportionnelle dans l’augmentation de la production, calculer l’investissement, les intrants et les besoins institutionnels de chacune d’elles. Cette approche permet d’attribuer des priorités aux différents éléments de la stratégie à partir de leur impact sur les sources de croissance supplémentaire. Sans cette approche, il n’y a pas de base pour déterminer les priorités, et des besoins importants ont tendance à ne pas être satisfaits. Implicite dans cette approche est la probabilité qu’à n’importe quel moment donné dans le temps, seuls un petit nombre de changements sont possibles et que les gouvernements ne peuvent réaliser qu’un petit nombre de choses à la fois.
43Une stratégie de forte croissance agricole doit, bien sûr, prendre les mesures nécessaires pour :
que le secteur des céréales de base continue à croître à un taux substantiel – disons 3 à 3,5 % – en portant une attention particulière aux goulots d’étranglement, plus probables au niveau de la commercialisation,
que le secteur de l’élevage puisse, dans un scénario de croissance rapide, contribuer jusqu’à 50 % de la croissance supplémentaire et
que les exportations de produits horticoles puissent ajouter un autre quart au supplément de croissance.
44Ce sont ces deux derniers secteurs qui ouvrent la possibilité d’obtenir des taux de croissance agricole de 6 %.
45La différence entre cette approche stratégique et les plans quinquennaux ordinaires est l’accent mis sur les priorités et le fondement du choix des priorités. Une autre différence réside dans l’accent mis sur les exportations agricoles de haute valeur. Ceci est rendu possible grâce aux progrès de la technologie dans les domaines des transports et de la conservation et à l’ouverture au commerce international qui leur est associée.
46Dans les années 50 et 60, l’aide étrangère mit l’accent sur la planification du secteur agricole, fixant des priorités bien définies et orientées vers la croissance, ce qui donna des résultats favorables. L’impact fut important en dépit de gouvernements qui avaient un biais urbain manifeste. Aujourd’hui, la base des systèmes démocratiques étant plus large, la pression internationale en faveur des populations rurales est probablement plus grande mais elle n’est pas orientée vers une réflexion stratégique à long terme de la croissance de l’agriculture. Au contraire, des mesures de redistribution à court terme prennent la préséance. En fait l’approche contemporaine des agences de coopération internationale est étrangement similaire aux premiers plans quinquennaux indiens – plus d’accent est mis sur la croissance industrielle (mais maintenant par l’entremise du commerce, plutôt que l’allocation directe de ressources) et une approche essentiellement d’aide sociale et non technologique du secteur agricole. Dès lors, l’absence de pression de la part des donateurs d’aide laisse une lacune majeure qui explique en grande partie le manque de direction dont pâtit le secteur agricole. Bien sûr, ceci est contraire aux données maintenant irréfutables sur la relation entre croissance agricole et diminution de la pauvreté.
Redistribution des subventions en faveur de la technologie et l’infrastructure
47Comme décrit plus haut, le système politique a mis l’accent sur les mesures de redistribution, y compris de fortes subventions en faveur des engrais, plutôt que sur des mesures de croissance telles que des investissements prioritaires dans les domaines de la recherche et des infrastructures rurales. Les subventions absorbent une portion si large des dépenses publiques qu’elles font barrage aux dépenses orientées vers la croissance et sont donc fortement inefficaces à la fois en termes de croissance et d’équité.
48De surcroît, les subventions ont un effet pernicieux sur la croissance car elles détournent l’attention du besoin de croître.
Donner priorité au système de recherche
49Le système de recherche agronomique indien est immense. Il comprend un grand nombre de scientifiques extrêmement qualifiés et compétents. Cependant, bien peu de ce système est de classe internationale avec des travaux de recherche appliquée susceptibles d’attirer l’attention de scientifiques de pays développés. Dans l’économie globale moderne, la recherche agronomique doit être de niveau international. C’est vrai en particulier pour les produits de haute valeur pénétrant le commerce international. Les chercheurs étrangers doivent vouloir visiter et connaître la recherche de pointe (il ne s’agit pas seulement ici de la recherche appliquée) et les chercheurs indiens doivent être les bienvenus dans les institutions étrangères pour ce qu’ils apportent (et non pas en tant qu’acte de charité). Très peu de recherche indienne remplit ce critère. C’est là, bien sûr, une caractéristique commune à bien des pays en voie de développement, mais le nouveau contexte global demande que cela change.
50Comme pour la plupart des pays en développement, le système de recherche agronomique indien a connu un tel développement qu’il est peu vraisemblable que l’ensemble du système puisse être amélioré et amené à un niveau de classe internationale. Mais il est certain que de nombreux scientifiques appartenant à ce système pourraient fonctionner à un tel niveau – certains le font quand ils disposent du soutien adéquat.
51Il faut donc choisir des priorités sur la base de critères de croissance qui permettent de sélectionner un nombre modeste de produits demandant une attention prioritaire et amener la recherche dans ces domaines à un niveau international. Un petit nombre de priorités recoupant plusieurs produits ont besoin d’attention, en particulier la gestion de la fertilité des sols et des pesticides. Les insuffisances dans ces deux domaines sont grandes, et manifestement limitent les revenus des exploitants et ont des effets adverses sur l’environnement. Voilà une alliance naturelle entre les défenseurs de la croissance et ceux de l’environnement.
Investir dans les infrastructures
52Une grande partie de l’Inde rurale ne peut se joindre au processus de modernisation par faute d’infrastructures physiques adéquates. Au Pendjab, et dans une poignée d’autres Etats, chaque village est sur une route goudronnée. La nécessité des routes goudronnées pour la croissance agricole a été amplement démontrée par de nombreuses études en Asie et ailleurs. Un taux de croissance élevé ne peut être atteint si une grande proportion du territoire reste hors du processus.
53Premièrement, il faut reconnaître l’existence du problème et élaborer un plan clair pour qu’une route goudronnée atteigne chaque village. Deuxièmement, il faut allouer à la construction de ces routes une priorité en termes d’impact sur la croissance. Troisièmement, les gouvernements locaux doivent être habilités à rechercher des fonds et administrer la construction de ces routes. Dans ce cas, il ne fait aucun doute qu’un financement central important accélérerait grandement le processus. Ainsi donc, aussi bien des fonds locaux que des fonds de l’Union sont nécessaires. Il est évident que la construction de routes rurales concilie des considérations relatives à la production et au bien-être social. Dans ce domaine, l’Inde a connu des expériences réussies de garantie d’emploi liée à la distribution de nourriture. Le Maharashtra en est le meilleur exemple.
54Ainsi devons-nous envisager maintenant le problème du développement des capacités de gouvernance et administration locales.
L’aide à la commercialisation, en particulier des exportations
55Les produits horticoles de haute valeur jouissent aujourd’hui de bien meilleures perspectives d’exportation qu’il y a quelques décennies et offrent donc plus de possibilités de contribuer à la croissance que les possibilités définies par la seule croissance du marché intérieur. C’est la version agricole de la croissance entraînée par les exportations. Elle ne peut pas constituer la base de la croissance mais cela peut faire la différence entre un taux de croissance modeste et un taux de croissance rapide. Cela demande :
un gros effort au niveau de la recherche et de la diffusion, ainsi que la garantie que les bonnes variétés et qualités seront produites pour des marchés réels,
des infrastructures, et
de faire partie d’une stratégie claire de priorités.
56Et, bien sûr, comme pour le secteur industriel, cela demande une libéralisation du régime des échanges commerciaux et des marchés. Les exportations ne peuvent être isolées, après avoir été laborieusement développées pour satisfaire les marchés domestiques à des prix inférieurs au niveau international. Certains besoins de recherche pourront être assumés par le secteur privé si accompagnés d’encouragements appropriés, mais d’autres devront être assumés par le secteur public. Ceci fait partie du processus de définition des priorités requis.
Quelles sont les implications au niveau du village ?
57Gilbert Etienne pose toujours la question « Que se passe-t-il au niveau du village ? » L’éducation doit se propager plus vite, le gouvernement local doit élargir sa base et ses responsabilités afin, entre autres choses, de garantir l’infrastructure physique adéquate ; les paysans doivent s’organiser pour commercialiser des produits de haute valeur. De plus en plus d’activités requerront un effort au niveau du village.
58Toute l’Asie du Sud, sans exclure l’Inde, bien que ce ne soit pas le pays le plus mal loti, est en retard en matière d’éducation rurale. Une croissance agricole accélérée basée sur une technologie améliorée, une meilleure efficacité des intrants, des échanges de produits de haute valeur, y compris bétail et produits horticoles pour le marché domestique et d’exportation, demandent une gestion de plus en plus intensive. Quelques fermiers hors du commun font des merveilles sans avoir suivi d’éducation formelle mais ce n’est pas le cas de la masse des paysans. Pour que la croissance ait une assise large, l’éducation doit se développer beaucoup plus vite que par le passé.
59Il y a donc de bonnes raisons pour encourager les gouvernements locaux à devenir la force motrice de l’infrastructure rurale. C’est une suggestion sensée qui a déjà connu le succès dans certains Etats de l’Inde et bien sûr dans la plupart des pays occidentaux. Cependant, dans le cas de petits Etats comme le Pendjab et l’Haryana tout au moins, la couverture totale des villages en routes goudronnées et électricité a été en grande partie réalisée par des agences publiques de l’Etat. L’importance doit porter sur la fin et non les moyens, et il est même bon d’explorer plusieurs moyens.
60Un avertissement doit être émis quant aux activités au niveau du village. L’objectif est d’obtenir une accélération de l’ensemble de la croissance agricole. Ceci demande une large participation. L’activité des ONG est grandement louée, mais en général ces éloges se rapportent à des efforts pilotes isolés. Il est douteux que les ONG puissent assumer le même rôle à l’échelle nationale pour avoir un impact global sur le taux de croissance agricole. Ceci n’est pas une critique à l’encontre des ONG mais si l’objectif d’accélérer la croissance agricole globale et le déclin général de la pauvreté est visé, alors il n’y a pas d’autre alternative que des actions prioritaires gouvernementales, aux niveaux de l’Union, des Etats et des communautés locales.
Les modes actuelles en matière de développement
61Quelle que soit la mode actuelle en matière de développement, elle doit s’insérer dans le contexte d’une stratégie de croissance. Les modes récentes centrées sur la réduction de la pauvreté, la sauvegarde de l’environnement et l’habilitation des femmes sont complémentaires à une stratégie de croissance agricole. Le problème n’est pas un manque de complémentarité mais le fait que concentrer l’attention directement sur ces questions fait perdre de vue le rôle clé de la croissance agricole dans la résolution de ces problèmes.
62Une fois l’attention centrée sur la croissance et les priorités concomitantes, l’intérêt peut alors se porter sur les aspects complémentaires à la réalisation de cet objectif. La pauvreté diminue rapidement tout naturellement (bien qu’avec un décalage de deux à trois ans par rapport à la croissance agricole) avec l’apparition de taux de salaires plus élevés, un aspect important de la réduction de la pauvreté.
63Les femmes jouent un rôle important dans l’agriculture, les délaisser réduirait le potentiel de croissance, donc elles doivent naturellement être inclues. Faire que la diffusion, le crédit et les autres éléments de la croissance atteignent les femmes dans le contexte des priorités de croissance reste un élément clé de la large participation nécessaire à une croissance globale rapide de l’agriculture.
64Si l’intensification agricole réduit la pression sur des terres fragiles, elle entraîne aussi une utilisation bien plus élevée d’intrants. Dans les pays développés un meilleur rendement des intrants, obtenu grâce à la recherche et à une diffusion efficace, a permis de maintenir le niveau de productivité des intrants achetés tout en augmentant énormément les quantités utilisées. Cela ne fut pas en général le cas dans les pays en voie de développement et en particulier en Inde. La croissance rapide de l’utilisation d’intrants, comme par exemple des engrais non organiques, a été associée à un déclin rapide de productivité. La faute en incombe aux systèmes de soutien institutionnel – allant de la recherche à la diffusion – qui, en matière d’analyse des sols, se sont avérés inaptes aux tâches de gestion intensive que requiert le maintien de la productivité des engrais.
65Dans les pays développés, en effet, peu après que les problèmes d’environnement liés à l’utilisation accrue d’éléments nutritifs firent leur apparition, l’efficacité fut considérablement améliorée et l’utilisation d’engrais par hectare diminua alors que les rendements continuèrent à augmenter. Aussi dans les pays développés, la production domestique agricole a augmenté plus rapidement que la production agricole totale, alors que c’est l’inverse dans les pays en voie de développement – ce qui n’est bon ni pour l’environnement ni pour la croissance. Accroître la productivité des intrants doit être une priorité.
Conclusions
66Le précédent historique et les perspectives actuelles des marchés suggèrent que l’agriculture indienne a les possibilités de croître au rythme de 5 à 6 %, seuil à partir duquel elle entraînerait une diminution majeure de la pauvreté et permettrait d’augmenter le taux de croissance globale de 3 % ou plus. Pour cela il faut mettre en place, au niveau des villages, les types de changement que Gilbert Etienne a décrits en détail dans ses écrits sur les villages et les Etats qui présentent les meilleures réussites du développement indien.
67Cela requiert une stratégie explicite en matière d’agriculture qui permette d’arrêter des priorités susceptibles d’avoir un impact sur la croissance globale. Ces priorités doivent reconnaître les besoins spécifiques des trois grands sous-secteurs – céréales, bétail et horticulture – ainsi que la nécessité d’une large participation régionale. Les activités prioritaires doivent inclure des priorités en matière de recherche en vue d’atteindre dans des domaines clés un niveau d’excellence internationale, des investissements massifs dans l’infrastructure rurale et une attention spéciale portée à la commercialisation des produits horticoles sur les marchés d’exportations.
68Ces priorités entraîneraient naturellement un déclin substantiel de la pauvreté, sauvegarderaient l’environnement en soulageant la pression sur des sols fragiles, et impliqueraient une participation importante des femmes. Les programmes accentuant ces effets à l’intérieur de la stratégie de croissance seraient salutaires aussi bien pour la croissance que pour la réalisation de ces importants objectifs. Ceci contraste avec la situation présente où des priorités dans des domaines particuliers et impliquant souvent une action directe se réalisent en général aux dépens des priorités stimulant la croissance agricole, plutôt que de leur être complémentaires.
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Tradition et modernisation des économies rurales : Asie-Afrique-Amérique latine
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Tradition et modernisation des économies rurales : Asie-Afrique-Amérique latine
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