Avant propos et remerciements
Texte intégral
1A travers ce travail, je cherche à comprendre l’émergence de la « société civile » dans l’espace public syrien. Plus particulièrement, l’observation d’une ONG placée sous l’égide de l’épouse du président syrien, le STD, permet de mettre en évidence la stratégie du régime dans ce processus. D’une part, le régime développe une vision spécifique de la « société civile », restreinte au champ du développement, en réaction à un triple déficit de légitimité de l’action publique (déficit démocratique, crise des services public et pression extérieure). D’autre part, le STD constitue un véritable « instrument de gouvernement » au service de la promotion d’une société libérale et a-politique. Cette stratégie est comparable aux stratégies de l’« autoritarisme amélioré » étudiées dans de nombreux Etats arabes.
2La thèse de l’« autoritarisme amélioré » vise à mettre en évidence les ressorts de la stabilité des régimes autoritaires arabes. Dans un contexte où ces derniers semblaient inébranlables, elle met l’accent sur les stratégies des gouvernants, plutôt que sur les résistances des gouvernés. Au début de l’année 2011, le vacillement des régimes tunisien et égyptien devant l’expression du mécontentement populaire a replacé les gouvernés au cœur du jeu politique. Il nous rappelle que le devenir politique de la Syrie dépend du régime, mais aussi de la capacité d’organisation des résistances au sein de la population. L’analyse de la stratégie du STD présentée ici est celle d’un « lieu du régime » (Droz-Vincent, 2004). Elle n’a donc pas l’ambition de saisir l’ensemble des dynamiques contradictoires qui traversent la société civile. Dans la continuité de la thèse de l’« autoritarisme amélioré », elle constitue un éclairage sur la stratégie du pouvoir.
3Ce projet de mémoire est né au cours de mon premier séjour à Damas en août 2009. Il a été pour moi l’occasion de découvrir la problématique des “government-oriented NGO” en Syrie. Le travail présenté ici est le résultat d’un second séjour à Damas en janvier et février 2010, au cours duquel j’ai rencontré le personnel du Syria Trust for Development, divers acteurs du secteur associatif syrien et des organisations internationales. Je les remercie grandement pour le temps qu’ils ont consacré à mes questions, car sans leur contribution ce travail n’aurait pas été possible.
4Je remercie également le professeur Riccardo Bocco pour avoir accepté de diriger ce mémoire et pour ses précieux conseils, Géraldine Chatelard pour son important soutien lors de mon terrain à Damas, ainsi que Philippe Droz-Vincent et Laura Ruiz de Elvira pour leurs conseils pratiques et théoriques.
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