Préface à la quatrième édition
p. 11-12
Texte intégral
1La première édition de cet ouvrage est parue en mars 2001. Quelques mois plus tard, alors qu'une deuxième édition était sous presse, les attentats du 11 septembre se sont produits à New York et Washington. Ces événements tragiques suivis de l'intervention américaine en Afghanistan le 7 octobre 2001, de la chute du régime des talibans et de la mise en place d'une administration intérimaire à Kaboul ont profondément bouleversé la situation géopolitique de l'ensemble de l'Asie centrale. La présence de troupes américaines et occidentales en Afghanistan et plus généralement, l'utilisation des bases et des installations militaires offertes à ces forces par les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale, ont transformé le paysage stratégique de cette partie du monde. Depuis, la situation en Asie centrale n'a cessé d'évoluer. Si l'Asie centrale a été marquée dans la période de l'immédiat après 11 septembre par une pénétration stratégique inédite de Washington dans cette zone et par la mise en place d'un partenariat russo-américain, la tendance à la compétition entre puissances a cependant rapidement resurgi dans le sillage de la guerre d'Irak puis de la vague de « révolutions multicolores » qui a traversé l'espace ex-soviétique pour atteindre la République kirghize au printemps 2005. Face à la présence américaine en Asie centrale, tout en maintenant l'idée de partenariat avec les États-Unis, Moscou a mené une politique très active destinée à préserver son influence dans cette région à travers le renforcement de liens politiques et économiques bilatéraux déjà existants mais aussi grâce au renouvellement des activités de l'Organisation du traité de Sécurité collective (Collective Security Treaty Organization/CSTO). De son côté, la diplomatie chinoise a également été particulièrement active en Asie centrale. Après un court moment d'incertitude, s'appuyant sur les liens tissés dans la période précédant les événements du 11 septembre, les autorités chinoises ont encouragé l'approfondissement des relations politiques et économiques bilatérales avec leurs voisins centre-asiatiques. Elles ont par ailleurs tenté de relancer le rôle régional de l'Organisation de coopération de Shanghai pour contrebalancer la nouvelle influence américaine. Pour favoriser la mise en place d'un bloc régional destiné à isoler les États-Unis en Asie centrale tout en établissant un équilibre entre les puissances régionales, Pékin et Moscou se sont par ailleurs accordé pour associer l'Inde, le Pakistan et l'Iran aux travaux de cette organisation. De leur côté, New Delhi, Islamabad et Téhéran, tout comme Ankara et Tokyo ont continué à s'intéresser aux républiques centre-asiatiques. Le contexte des « révolutions multicolores », en inquiétant les régimes autoritaires d'Asie centrale, a pour sa part facilité le renforcement de l'influence de Moscou et de Pékin et parallèlement contribué au reflux de celle de Washington auprès des républiques centre-asiatiques. Alors que la République kirghize entrait dans une période d'incertitude à la suite du renversement de l'administration Akaev, les relations entre les États-Unis et les autorités ouzbèques se sont progressivement dégradées, notamment à la suite des tragiques événements d'Andijan en mai 2005, avec pour conséquence spectaculaire la fermeture de la base militaire de Karshi-Khanabad à l'hiver 2005. Renversant le cours de sa politique étrangère, le régime ouzbek, présenté au lendemain des événements du 11 septembre comme un « partenaire stratégique » de l'Amérique, a ainsi choisi de limiter ses relations avec les Occidentaux en général et de se rapprocher de la Russie et de la République populaire de Chine. D'un autre côté, malgré certains signes de distanciation avec les Occidentaux, le Tadjikistan et le Kazakhstan ont pour leur part cherché à maintenir un certain équilibre dans leurs relations avec leurs partenaires américains et européens, russes et chinois afin de conserver une large marge de manœuvre. Dans le domaine des hydrocarbures, certaines options en matière de transport, discutées depuis de nombreuses années, se sont finalement concrétisées, complexifiant la donne régionale. Ainsi, la mise en place de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan a finalement ouvert de nouvelles perspectives de désenclavement des productions pétrolières caspiennes en direction de la Méditerranée.
2Parallèlement, la mise en place d'un tronçon d'oléoduc reliant désormais l'est du territoire kazakh à la région chinoise du Xinjiang constitue également un nouveau développement aux conséquences non négligeables pour l'avenir puisqu'il ouvre la perspective d'une réorientation des flux énergétiques en direction de l'est du continent eurasiatique. La situation en Asie centrale reste toutefois marquée par l'incertitude et une certaine volatilité. Dans ce contexte, cette quatrième édition offre aux lecteurs les instruments et les clés essentiels à la compréhension et au décodage des nouvelles tendances qui se dessinent aujourd'hui dans cette région complexe du système international.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Cinq types de paix
Une histoire des plans de pacification perpétuelle (XVIIe-XXe siècles)
Bruno Arcidiacono
2011
Les droits fondamentaux au travail
Origines, statut et impact en droit international
Claire La Hovary
2009