Partie 3 – Introduction
p. 231-232
Texte intégral
1Près de vingt années se sont écoulées depuis les premiers effets de la transition numérique sur la production d’information environnementale, ce qui permet aujourd’hui une prise de recul sur les promesses et les peurs du début des années 2000. Certains espoirs ont fait long feu, certaines craintes se sont matérialisées, mais pas de la façon dont elles avaient été prévues. Des mutations politiques et de nombreux effets d’instruments sont venus perturber les scénarios envisagés. Comme de coutume, seuls les instruments qui ont survécu à cette période initiale d’expérimentation resteront dans les mémoires, tandis que les échecs, les tâtonnements et les voies de garage sombreront dans l’oubli. La partie historienne de cet essai réside dans les recensions et chroniques de ces tâtonnements, qui montre que l’histoire n’était pas écrite et que des bifurcations auraient pu advenir à plusieurs moments aujourd’hui oubliés. Malgré ce recul historique, je compte également montrer que les débats du début des années 2000 restent vifs et ouverts sur la portée politique des instruments d’information environnementale. Cet inachèvement ne tient pas uniquement au fait que nombre des processus décrits en première partie se poursuivent aujourd’hui, mais plus simplement au fait qu’il est ardu de tirer un sens univoque de ce que j’ai conté. Selon leurs sensibilités, leurs attaches partisanes, leur histoire personnelle, ceux qui liront ces lignes pourront en tirer des conclusions divergentes, voire opposées.
2Qu’est-ce qui pousse réellement une institution à partager son information environnementale ? À quelles conditions un territoire peut-il aujourd’hui être considéré comme souverain en termes de production d’information ? Les modalités de production d’information environnementale contemporaine conduisent-elles à une homogénéisation, une normalisation de nos représentations des problèmes environnementaux ? L’information est-elle toujours le vecteur d’une plus grande justice environnementale ? C’est de ces quatre débats, de leur complexité, de leur caractère inachevé que les derniers chapitres vont rendre compte. Ils seront ancrés dans les situations concrètes de la Bolivie, de l’Argentine et du Brésil.
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