Chapitre 2. Plusieurs parcours, une seule génération
p. 63-82
Texte intégral
Des dates d’entrée dans le parti échelonnées
1Bien que, pour une majorité des militantes étudiées, la date d’entrée effective dans le parti eût lieu en 1945, au moment de l’ouverture politique, presque toutes avaient pris contact avec celui-ci auparavant et quelques-unes l’avaient rejoint dès le début des années 1930. Les militantes se rapprochent du PCB à différents moments, selon les conjonctures historiques particulières de cette organisation et du contexte national. La disparité du groupe constatée dans le chapitre qui précède trouve-t-elle une correspondance logique dans les circonstances de la politisation partisane de ces femmes ? Il s’agit ici de questionner le lien entre cette chronologie et la démocratisation de la politique que l’on observe, d’étudier s’il existe une corrélation entre l’origine sociale des militantes et leur antécédence au sein du PCB. Une telle analyse doit contribuer à argumenter en faveur de la constitution d’une nouvelle génération en 1945, ou au contraire à réfuter cette hypothèse, l’ancienneté de certaines femmes pouvant être associée au vécu d’événements plus marquants que l’effervescence de la fin de l’Estado Novo. Autrement dit, la disparité de la cohorte est-elle liée à la juxtaposition de différentes générations ou révèle-t-elle la fusion entre plusieurs parcours isolés ?
Les années 1930
2Au début des années 1930, le Brésil vient de connaître une petite révolution menée par l’hétérogène Aliança liberal, qui met fin à la République oligarchique installée depuis 1889. La mobilisation et le débat sont intenses pour décider de l’orientation politique du pays1. Deux mouvements principaux et opposés incarnent ces aspirations radicales au changement : l’Ação integralista brasileira et l’Aliança nacional libertadora (ANL). Cette dernière rassemble des individus et des groupements politiques parmi lesquels les tenentes2, ou militaires de gauche, et le PCB. En ce qui concerne ce dernier, l’alliance avec ces militaires et l’adhésion de Luiz Carlos Prestes, ex-tenente, qui la symbolisa eurent entre autres des conséquences sur l’influence à laquelle il pouvait prétendre dans la société. D’après Leôncio Martins Rodrigues, « avec Prestes et les militaires, et la formation de l’ANL, le PCB étendit son influence aux couches intermédiaires de la société brésilienne, à l’intelligentsia et à d’autres personnalités politiques et culturelles de prestige » [Martins Rodrigues Leôncio, 1986].
3Parmi les militantes considérées dans notre étude, plusieurs tissèrent des liens avec le PCB pendant ces années : Arcelina Mochel, Maria Werneck Castro, Antonieta Campos da Paz, Eugênia Álvaro Moreyra, Beatriz Bandeira Ryff, Eloíza, Lúcia, Lygia et Clotilde Prestes, mais également Maria Prestes, Idéalina Fernandes Gorender, Odila Schmidt et Élisa Branco. Enfin, Renée France de Carvalho, qui habitait alors en France, contracta durant ces mêmes années des liens avec le Parti communiste français (PCF). On trouve tout d’abord au PCB à cette époque toutes les filles de militaires : Beatriz Bandeira Ryff, Éneida de Morais, Arcelina Mochel et les sœurs Prestes, dont on peut considérer qu’elles descendaient d’une partie de l’élite politique, comme l’indique une remarque du chapitre précédent. De plus, leur présence semble cohérente avec les transformations sociologiques du PCB des années 1930, qui vit alors l’adhésion des militaires de gauche.
4Cependant, le père de Beatriz Bandeira Ryff, Alípio Abdulino Pinto Bandeira, avait été un collaborateur du maréchal Rondon, acteur important de la République oligarchique ; sa mère était musicienne. Beatriz fut éduquée à domicile, ce qui permet plutôt de la placer parmi l’élite que constituaient les grandes familles traditionnelles de la fin du xixe siècle et du début du xxe. Au début des années 1930, c’était une jeune intellectuelle, poète. Son rapprochement du PCB a pu se jouer à travers ses réseaux. Il aurait pu avoir pour cadre le rapprochement entre « l’intelligentsia » et ce parti au moment de la formation de l’ALN, mais, selon le Dictionnaire des femmes du Brésil [Schumaher Schuma et Vital Brazil Érico, 2000], Beatriz était déjà membre des Jeunesses communistes autour de 1930. La trajectoire d’Éneida de Morais fut similaire : elle devint journaliste, traductrice, écrivaine, et côtoya les intellectuels du District fédéral dès les années 1920, avant de rencontrer le PCB autour de 1932, alors que ce dernier y gagnait de la notoriété.
5On ne sait si le père d’Arcelina Mochel, officier de la police militaire, comptait parmi les tenentes ; mais, en termes de position sociale, il correspond à la description de ces hommes qui, quoique modestes, occupaient une place importante politiquement. Toutefois, bien qu’il fût officier de la police militaire, il descendait d’Allemands (probablement arrivés à la fin du xixe siècle, au moment des vagues d’immigration européennes), et ne pouvait donc provenir d’une lignée ancienne et traditionnelle de militaires brésiliens. Arcelina étudiait le droit, et c’est à l’université qu’elle s’affilia aux Jeunesses communistes.
6Enfin, pour ce qui concerne les sœurs de Luiz Carlos Prestes, Lúcia, Lygia, Eloíza et Clotilde, le lien entre l’adhésion de leur frère au PCB et la leur est évident. Cependant, il faut remarquer que Luiz ne fut admis officiellement au sein du PCB qu’en 1934, sous les instances de l’Internationale communiste, avec laquelle il entretenait des liens depuis 1930. Exilé cette année-là en Argentine, puis à Moscou en 1931, et toute sa famille avec lui, Luiz Carlos Prestes rentra au Brésil dès 1935. Ses sœurs, quant à elles, restèrent en Urss (au Mexique dans le cas de Lygia) jusqu’en 1945 voire 1946. Ce n’est qu’alors qu’elles-mêmes intégrèrent officiellement le PCB.
7Toutes ces militantes venaient donc de milieux politiquement et culturellement dominants ; seules quelques-unes participaient déjà pleinement à la politique avant leur adhésion au PCB.
8Parmi celles qui attestent de liens avec le PCB dès les années 1930 se trouvent aussi Eugênia Álvaro Moreyra, Maria Werneck de Castro et Antonieta Campos da Paz. Les deux premières venaient de grandes familles traditionnelles, la troisième était la fille d’un avocat.
9La trajectoire d’Eugênia Álvaro Moreyra s’apparente à celles d’Éneida de Morais et de Beatriz Bandeira Ryff. Elle exerçait les mêmes activités, fréquentait les intellectuels de la fin des années 1910 et des années 1920, puis participa au mouvement de l’ANL dans la première moitié des années 1930. Maria Werneck de Castro étudiait quant à elle le droit à l’université, et fréquentait la FBPF, l’association liée aux luttes pour le droit de vote, ainsi que les unions féminines de l’université. Son rapprochement du PCB correspond également au moment de la formation de l’ANL. Enfin, Antonieta Campos da Paz venait de se marier en 1932 à un médecin qui découvrait alors les idées socialistes, et elle participa tout d’abord comme épouse à l’ANL. L’emprisonnement de son mari encouragea un engagement réel de sa part. Une organisation se mit en place entre différentes épouses pour soutenir les prisonniers. Antonieta Campos da Paz rencontra aussi alors les prisonnières, et dit avoir ressenti pour elles de l’admiration.
10On remarque donc tout d’abord une correspondance entre l’origine sociale des militantes et le moment de leur rapprochement du Parti communiste. Ces femmes appartenaient à des élites sinon économiques, au moins politiques. De plus, leur engagement a lieu au moment de l’union entre les professions libérales et/ou intellectuelles et le PCB autour d’un projet antifasciste dont le caractère national le disputait à l’idéal socialiste.
11Cependant, on peut aussi noter des différences entre les intellectuelles – Beatriz, Éneida, Eugênia, Maria Werneck – et les autres. En effet, les premières avaient participé aux soulèvements d’elles-mêmes et pour elles-mêmes, elles avaient été arrêtées et emprisonnées ; elles étaient alors membres des Unions féminines brésiliennes, section féminine de la formation de l’ANL. Leur implication était directe et complète – bien que le PCB minimisât leur rôle. Au contraire, Arcelina Mochel, bien qu’elle fût membre des Jeunesses communistes dès 1933, ne sembla pas compter parmi les actrices de ces organisations parallèles. Un document de la police datant du 9 août 1944, date à laquelle fut ouvert son casier judiciaire, indique que, selon l’enquête, elle ne « possédait pas d’idéologies politiques contraires aux intérêts de la nation » [Prontuário GB 745, fichiers Dops, Aperj] – les activités qu’elle pouvait avoir eues auparavant n’avaient donc pas été suffisamment significatives pour être enregistrées. Antonieta Campos da Paz, quant à elle, subit dans un premier temps, plus qu’elle n’agit, dans l’effervescence des années 1930. L’implication des sœurs de Luiz Carlos Prestes était alors intimement liée à lui, et, puisqu’elles étaient absentes du Brésil, nationalement nulle. Elles possédaient alors un niveau d’éducation basique, et c’est à l’étranger qu’elles se formèrent politiquement.
12Si les femmes les plus impliquées alors venaient de l’élite, toutes celles de la cohorte de cette catégorie ne témoignaient pas d’une participation active et autonome dès les années 1930. Sauf dans le cas des intellectuelles déjà distinguées, il ne s’agissait tout au plus que d’une approche débutante, non épanouie, voire plus ou moins forcée par les circonstances – même si cela eut très certainement des conséquences pour la suite.
13D’autres femmes, ne provenant pas de l’élite politique et/ou économique, attestent de liens avec le PCB dès les années 1930. C’est le cas de Renée France de Carvalho et d’Idéalina Fernandes Gorender, toutes deux ayant grandi dans des familles d’ouvriers, ou de Maria Prestes, fille d’un petit commerçant d’origine rurale du Nord-Est. Cependant, ces trois militantes étaient alors encore très jeunes, et leur immersion dans l’atmosphère partisane ne résultait pas d’une adhésion consciente aux idées socialistes ou d’une participation réfléchie aux activités politiques. Ce n’est que plus tard qu’elles s’affilièrent au PCB.
14Enfin, Odila Schmidt et Élisa Branco auraient également noué des contacts avec le PCB dans la première moitié des années 1930. On ne connaît pas leur ascendance familiale, mais toutes deux étaient ouvrières, dans une compagnie téléphonique pour la première, comme couturière pour la seconde.
15Le résumé des activités d’Odila Schmidt rédigé par la police politique indique qu’elle était « communiste depuis 1930 ». Cependant, il y est aussi écrit qu’elle ne participa à une cellule partisane organisée qu’à partir de 1945. Ses activités contestataires antérieures à cette date relevaient principalement de l’agitation syndicale – en 1930, le PCB vivait principalement autour des syndicats, et il se peut que la police ait assimilé l’engagement syndical au fait d’être communiste. De plus, la police ne fait mention d’aucun lien avec l’ANL, ce qui indique que les luttes auxquelles participa Odila se restreignaient au cadre de son lieu et de ses conditions de travail, sans qu’il y ait insertion claire de sa part dans les débats de la vie politique nationale.
16Quant à Élisa Branco, elle se maria en 1932 à un ouvrier et accompagna ce dernier lors des grèves de l’usine Anglo Swift [Schumaher Schuma et Vital Brazil Érico, 2000, p. 225]. Il semble qu’elle ait également pris part à l’ANL, mais on ne sait pas en quelle qualité. De la même manière que pour Odila, son engagement syndical précéda son affiliation partisane, pour laquelle nous ne disposons d’aucune trace manifeste, et c’est d’abord en tant qu’épouse qu’elle s’investit dans un premier temps. Malgré tout, ces deux trajectoires semblent contredire l’idée selon laquelle seules les femmes de l’élite politique auraient manifesté à cette époque une conscience politique se traduisant par l’insertion dans des groupes organisés.
17Mais, au-delà de ce constat, la prise de contact avec le PCB eut lieu dans des circonstances et des espaces très différents pour chacune des femmes présentées : les milieux syndicaux pour certaines, les milieux intellectuels pour d’autres, certaines à l’étranger, d’autres encore dans le sillage de parents aînés. Il est donc peu probable qu’elles se soient toutes rencontrées durant ces années. D’autre part, indépendamment de l’origine sociale, seules les intellectuelles s’intégraient aux luttes proprement féminines, reliées aux femmes politisées non communistes, et prenaient part aux débats de la « grande politique » de manière autonome. Quant aux autres, on les trouvait sur le terrain. Même Antonieta Campos da Paz, qui venait de l’élite, assista les prisonniers ; Lúcia, Eloíza, Clotilde et Lygia soutenaient leur frère. Arcelina, étudiante, agit principalement dans le milieu universitaire. Enfin, celles qui venaient de familles plus modestes – Idéalina Fernandes Gorender, Maria Prestes (alors Maria Rodrigues Sobral) et Renée France de Carvalho – suivaient leur famille. Enfin, nous l’avons dit, Odila Schmidt et Élisa Branco possédaient déjà un ancrage dans des luttes contestataires autres, en tant qu’ouvrières, qui précédèrent leur affiliation partisane. Il semble donc que l’origine sociale n’ait pas tant compté comme déterminant de l’entrée dans le parti, sur laquelle il faudra donc se pencher plus précisément. Toutes les femmes de notre échantillon n’approchèrent pas le PCB pendant ces années 1930, et l’engagement de nombre d’entre elles n’apparut que plus tard.
La mobilisation autour de la Seconde Guerre mondiale (1940-1942)
18Un certain nombre des militantes observées semble avoir tissé des liens avec le PCB au début des années 1940, avant même la démocratisation de 1944-1945. À ce moment-là pourtant, le pays se trouve régi par la Constitution de 1937 : la mise en place de l’Estado Novo s’est accompagnée de l’extinction des partis politiques, de la fermeture du Congrès, de la restriction des libertés politiques et de l’organisation d’un système de répression et de censure conséquent. Le PCB en a été une des victimes principales. Ses dirigeants tentent en 1940 de rétablir les liens entre ses membres dispersés. Dans ce contexte la Liga de defesa nacional (LDN, Ligue de défense nationale)3 commence à rassembler progressivement les individus opposés au régime de Getúlio Vargas, qui organisent des conférences antifascistes alors que le gouvernement oscille entre l’alliance avec les pays de l’Axe et la coopération avec les États-Unis. Dans tout le pays par ailleurs, une partie de la population manifeste en faveur de l’entrée en guerre du côté des Alliés, ce qui se produit en août 19424. La LDN prend alors de l’ampleur et le PCB privilégie l’union nationale dans la lutte contre le fascisme par rapport à la promotion de ses ambitions socialistes ; ses membres participent aux activités de la ligue. La mobilisation liée à la Seconde Guerre mondiale favorise ainsi une nouvelle vague de rencontres entre des femmes y prenant part et le PCB. Parmi celles dont nous avons connaissance, c’est le cas de Fanny Tabak, Zuleika Alambert, Jacínta Passos et Heloísa Ramos.
19Le cas de cette dernière doit être discuté. En effet, Heloísa Ramos se maria avec l’écrivain Graciliano Ramos en 1928. Celui-ci comptait parmi les intellectuels engagés au début des années 1930, bien que ce ne fût pas en tant que communiste. Il connut la prison à la suite du soulèvement de 1935. Heloísa ne peut être passée au travers de ces événements, mais, la concernant, les indices de sa participation à cette époque sont introuvables. Comme ce fut souvent le cas pour celles dont les époux occupaient une place importante dans l’espace public et étaient des personnalités reconnues au-delà du strict cadre partisan, les interviews futures qu’elles accordèrent étaient surtout dédiées à la mémoire de leurs conjoints, et non à elles-mêmes, et ce quelle qu’ait été leur activité militante propre. Il est possible que, de la même manière qu’Antonieta Campos da Paz, Heloísa Ramos ait participé aux luttes par un soutien à son mari prisonnier en 1935, mais des traces manifestes de ses activités n’apparurent que plus tard, vers 1942.
20Nous ne connaissons pas non plus ses origines familiales, et son parcours ne peut contribuer à la discussion sur la démocratisation de l’engagement en termes sociaux. Toutefois, les sources dont nous disposons à son sujet indiquent tout d’abord que, quelle qu’eût été son implication antérieure, plausible, mais non évidente – et probablement due aux fréquentations de son mari –, Heloísa Ramos commença à développer des activités en son nom propre à partir du début des années 1940. Sa participation eut principalement pour cadre l’activité impulsée par la LDN, dans une ambition nationale antifasciste. Son affiliation au PCB suivit cette adhésion à une cause initialement autre qui ouvrait la possibilité d’une mobilisation féminine. En effet, après l’entrée en guerre du Brésil, la LDN encourageait « l’effort de guerre » des femmes, dont l’envoi de vêtements et de médicaments aux pracinhas, les soldats envoyés en Italie. Mais, comme nous l’avons déjà indiqué, nous n’avons aucune information concernant les liens familiaux éventuels d’Heloísa Ramos avec ces soldats, et son engagement auprès de la LDN nous informe donc principalement sur l’opportunité que constitua cette mobilisation liée à la Seconde Guerre mondiale pour l’organisation des femmes.
21D’autres militantes se rapprochèrent du PCB pendant le début des années 1940. On trouve parmi elles Zuleika Alambert, qui participa à une grève portuaire à Santos. Zuleika venait d’une famille conservatrice de classe moyenne ; sa mère était cuisinière et son père officier de justice (donc lié à la bureaucratie étatique, socialement plutôt valorisée). La présence de leur fille parmi le groupe que nous distinguons ici témoigne de l’existence d’un nouveau profil : Zuleika ne venait pas d’une élite politique ni d’une famille ouvrière souvent traditionnellement communiste, elle n’atteste pas non plus d’activités syndicales avant sa participation aux actions de la LDN, puis au PCB.
22Fanny Tabak, fille d’immigrés juifs russes qui avait grandi dans une banlieue pauvre de Rio de Janeiro, s’investit également dans un premier temps dans la LDN. Comme Zuleika Alambert, elle ne venait pas d’une famille politiquement dominante, et moins encore que cette dernière. En revanche, elle enseignait à cette époque à l’École normale de formation des professeures, ce qui témoigne d’un certain niveau d’éducation.
23Jacínta Passos, enfin, est une autre de ces militantes dont nous voyons apparaître des traces au début des années 1940. Jacinta venait d’une famille de grands propriétaires de terres de Bahía, et avait grandi dans une fazenda. Son père était un homme politique traditionnel, et conservateur. En termes d’origine sociale, elle ne se distingue donc pas par un profil modeste. Cependant, selon Janaína Amado, l’implication de Jacínta Passos dans les activités de la LDN n’entrait pas en conflit avec les idées de ses parents, et « elle [vécut] intensément ces événements » [Amado Janaína (dir.), 2010, p. 358]. Jacínta travailla comme volontaire dans la Liga brasileira de assistência (LBA, Ligue brésilienne d’assistance), qui développait des activités de conscientisation de la population, de volontariat et de soutien aux familles dont les enfants avaient été envoyés en Italie avec la Força expedicionária brasileira (FEB, Corps expéditionnaire brésilien).
24La présentation de ces quelques militantes qui approchèrent le PCB au début des années 1940 dans le contexte de la mobilisation pour l’entrée en guerre du Brésil contre le fascisme, puis pour l’appui aux soldats envoyés au combat nous incite à relever deux éléments principaux. Tout d’abord, en termes de position sociale, on trouve une nouvelle fois une femme descendante de l’élite traditionnelle brésilienne. Cependant, à ce profil que nous avons déjà rencontré dans les années 1930 s’en ajoute un autre, celui des militantes issues de la « classe moyenne. » Certes, l’une vient d’une famille installée dans la bureaucratie étatique ; mais on ne peut comparer son origine sociale à celle des militantes qui jouissaient du prestige militaire des membres masculins de leur famille ; l’autre est une descendante d’immigrés, qui ne pouvaient alors être implantés dans les milieux politiques brésiliens. On peut donc parler d’une première diversification du profil des femmes investies politiquement. Certes, on observait dès les années 1930 des relations de militantes d’origine modeste avec le PCB. Mais celles-ci venaient alors de familles traditionnellement communistes, ou du milieu syndical. En revanche, les trois militantes que nous venons d’évoquer, si elles n’appartenaient pas à l’élite, n’étaient pas non plus particulièrement vouées, du fait de leur milieu d’origine, aux idées socialistes. Il faut donc distinguer l’héritage parental en termes socio-économiques de l’influence familiale idéologique.
25En 1930, les intellectuelles militantes venaient de l’élite, et, bien que l’on ne connaisse pas l’opinion politique de leur famille, elles en étaient indépendantes ; en revanche, d’autres femmes de cette même catégorie sociopolitique n’avaient qu’une participation périphérique, qu’en exagérant on pourrait qualifier de « dommage collatéral » de l’implication de leur mari (Antonieta Campos da Paz) ou frère (les sœurs de Luiz Carlos Prestes) ; celles encore de famille modeste témoignaient d’un ancrage dans le milieu ouvrier. En revanche, en 1940, apparurent dans la mobilisation politique des femmes de la classe moyenne, qui ne se trouvaient pas implantées dans un milieu ou un contexte communiste. Jacínta Passos venait d’une élite engagée, son père participait à la « grande politique », mais il était opposé aux idées socialistes.
26Cette notion de classe moyenne est complexe au Brésil, et mérite d’être explicitée, ne serait-ce que brièvement, pour que son usage soit ici justifié. En effet, jusqu’à la fin du xixe siècle au moins, la société brésilienne est caractérisée par la dichotomie entre « une élite restreinte et une masse de serfs et d’esclaves5 », sans couches intermédiaires réelles. Les transformations qui suivirent l’abolition de l’esclavage et le début de l’urbanisation s’opérèrent de manière très contrastée entre les différents espaces du pays, ce qui rend impossible toute idée d’homogénéité entre les différents groupes qui se constituèrent. De surcroît, en 1940, la population rurale du pays représente encore presque 70 %6 du total.
27Cependant, le développement de l’enseignement et des écoles normales, le déclin d’un certain nombre de grands propriétaires, avec la reconversion de leurs enfants dans l’administration publique, et l’ancrage progressif des descendants d’immigrés dans des secteurs autres que celui du commerce (pour ceux qui n’étaient pas des colons) dessinent l’émergence d’une catégorie de population, principalement urbaine, qui témoigne de la constitution d’une classe moyenne, certes peu développée à l’échelle nationale, mais tout à fait significative dans les métropoles comme São Paulo et Rio de Janeiro. Ainsi, les femmes que nous avons qualifiées de membres d’une classe moyenne répondent à cette description : elles étaient éduquées sans provenir de l’élite, descendaient de famille qui ne n’inscrivaient pas dans la dichotomie traditionnelle de la société, exerçaient un emploi sans être ouvrières ni de professions libérales. Si elles représentent un profil nouveau parmi les femmes militantes, c’est parce que ce profil même représente une catégorie naissante de la population. Cela est d’ailleurs cohérent avec l’espace géographique, urbain, étudié, et avec une analyse (datée, mais toujours pertinente) de Roger Bastide selon qui un « fait révélateur » pour mesurer les transformations sociales est justement « le développement du Parti communiste. Celui-ci, en effet, contrairement à ce qui se [passait] en Europe, ne [toucha] pas le prolétariat, rural et catholique ; il [prit] surtout dans les milieux d’étudiants ou d’intellectuels, dans l’armée et dans la classe moyenne » [Bastide Roger, 1956, p. 11].
28Ainsi, parmi les femmes membres de ces nouvelles couches sociales, certaines intégrèrent le Parti communiste, et leur présence au sein de ce dernier témoigne non seulement de l’élargissement du militantisme des femmes, mais aussi de l’évolution de la structure de la société. Après 1945, certains des clivages sociaux les plus marqués s’atténuent, rendant possible la formation de mouvements de masse, y compris de femmes.
29Toutefois, pour en revenir à la mobilisation autour de la Seconde Guerre mondiale et à la LDN, celle-ci demandait une organisation spécifiquement féminine, laquelle était jusqu’alors réservée aux intellectuelles. Les femmes pouvaient s’y impliquer d’elles-mêmes et par elles-mêmes, au service d’une nation contre le fascisme, et c’est dans ce cadre que certaines rencontrèrent des membres du PCB qui participaient de cette union. On peut d’ailleurs remarquer la présence de militantes rencontrées dans les années 1930 lors de ce nouveau moment politique. Antonieta Campos da Paz, par exemple, qui avait agi en soutien aux prisonniers politiques (emprisonnés pour des actes auxquels elle-même n’avait pas pris part), se trouva cette fois active dans les associations de la LDN. De la même manière, Arcelina Mochel s’engagea à la Croix-Rouge et prit part aux campagnes d’aide à la FEB. Idéalina Fernandes Gorender raconta que, comme elle participait avec sa famille aux campagnes pour l’entrée en guerre du Brésil, puis à celles pour l’effort de guerre, elle voulut s’engager comme infirmière, ce que son père refusa7. Enfin, Éneida de Morais, membre plus ancienne du PCB, contribuait à sa réorganisation.
30Ainsi constate-t-on au début des années 1940 non seulement l’apparition de nouveaux profils dans le réseau du PCB, mais aussi une participation plus nette de celles qui le côtoyaient déjà auparavant en fonction de leur entourage, ce qui nous semble indiquer une plus grande probabilité de rencontres entre les militantes. Mais ce moment fut de courte durée et dans les années suivantes se dessina encore une nouvelle conjoncture.
La fin de l’Estado Novo (1943-1945)
31Après l’entrée en guerre du Brésil, et la victoire chaque jour plus certaine des Alliés, les différents courants intégrés dans la LDN commencèrent à se distinguer plus nettement, à marquer leurs contours à l’intérieur de cette institution8. Les actrices et acteurs politiques se tournèrent de nouveau vers la situation interne du pays et se concentrèrent sur la préparation de la sortie de l’Estado Novo. Ce fut le cas du PCB, lequel, après une complète désorganisation à la fin des années 1930, était parvenu à se restructurer. De fait, la participation intense de ses membres aux activités de la LDN lui avait permis de jouir d’une nouvelle popularité, et de se lier ainsi aux masses engagées dans l’effort de guerre. En août 1943, la Conférence de Mantiqueira scelle la nouvelle organisation du parti. Les décisions prises alors orientent les directives partisanes jusqu’en 19479. Les priorités vont désormais à la défense de la démocratie et à l’insertion dans le jeu politique électoral. L’alliance du prolétariat avec la bourgeoisie progressiste est promue. Au fur et à mesure du délitement de l’Estado Novo, le PCB gagne en visibilité dans l’espace public grâce à la publication de journaux, l’organisation de comices, puis la libération de ses prisonniers politiques. Du côté des femmes, les organisations antifascistes et de soutien à la FEB se transforment bientôt en comités de femmes proamnistie.
32Deux points doivent être ici notés. Tout d’abord, une grande partie des militantes que nous avons rencontrées précédemment s’affilièrent officiellement au PCB à ce moment-là, y compris celles qui témoignaient déjà d’une activité importante. C’est le cas de Zuleika Alambert, de Jacínta Passos, de Maria Werneck Castro ; Arcelina Mochel se rendit alors dans le District fédéral et commença à écrire dans le journal Seiva. Pour celles qui avaient contribué aux campagnes de la LDN, seul le PCB offrait explicitement une brèche aux femmes pour poursuivre leurs activités.
33De plus, cette nouvelle effervescence fut l’occasion d’intégrer un certain nombre d’autres militantes. Ici, le cas de Renée France, devenue Renée France de Carvalho, est un peu particulier. Cette dernière, qui était née et vivait en France, avait pris part là-bas à la Résistance et rencontré dans ce contexte Apolônio de Carvalho. Celui-ci, déjà membre du PCB, était parti en Espagne dans le cadre de la guerre civile dans ce pays et de la solidarité internationale envers les Républicains. Il avait ensuite émigré en France après la victoire de Franco et le début de la guerre mondiale. Une fois cette dernière achevée, le PCB le rappela au Brésil, et Renée France l’accompagna. Pour cette militante née à Marseille dans une famille d’ouvriers, l’arrivée au sein du Parti communiste brésilien ne représenta pas un premier contact avec un parti communiste, ni avec la politique ; mais 1946 constitue le moment où elle s’intégra dans le contexte que nous étudions. Pour les autres, le processus fut bien sûr tout à fait différent.
34Parmi les six militantes qui approchèrent le PCB durant ces années, deux provenaient encore de familles de l’élite traditionnelle : Ana Montenegro et Maria Augusta. La seconde baignait déjà dans un environnement politisé, mais ne s’affilia au PCB qu’en 1945 ; de même, les sources concernant Ana Montenegro ne témoignent pas d’engagement officiel préalable à cette date. Ces deux trajectoires indiquent que, parmi les membres de notre cohorte, même quelques-unes de celles appartenant à l’élite ne rejoignirent le PCB qu’autour de 1945.
35Mais, de la même manière qu’entre 1940 et 1942, à ces profils s’en ajoutèrent de nouveaux. Zélia Magalhães, dont le père était ouvrier et la mère employée domestique, sans que l’on connaisse d’implication politique les concernant, s’affilia au PCB en 1945 après avoir participé aux campagnes d’amnistie pour les prisonniers politiques. Elza Monnerat, descendante d’immigrés suisses du siècle passé, se joignit également à ces rassemblements publics et à ces protestations. Elle avait grandi avec ses huit frères et sœurs dans la fazenda où travaillaient ses parents (pour lesquels, comme pour Zélia Magalhães et d’autres, on ne connaît pas les idées politiques). Elza avait terminé l’enseignement secondaire et travaillait alors comme petite employée de la fonction publique. Sa participation aux campagnes de la fin de l’Estado Novo semble avoir constitué sa première expérience d’action collective. Clara Charf, fille d’immigrés juifs sans grandes ressources financières, habitait à Recife depuis 1942 ; elle travaillait comme dactylographe, et c’est l’agitation provoquée par le retour d’Anita Prestes dans cette ville, en 1945, qui provoqua sa curiosité, ainsi que le premier comice auquel elle assista, lors duquel Luiz Carlos Prestes était présent. L’année suivante, elle déménageait à Rio de Janeiro, travaillait comme hôtesse de l’air et s’affiliait au PCB.
36Enfin, la dernière militante pour laquelle nous disposons d’informations suffisamment précises pour situer son engagement au sein du PCB autour de 1945 est Aparecida Rodrigues Azedo. Celle-ci venait d’une famille d’agriculteurs modestes. Son père avait été soldat, mais il avait quitté l’armée au moment de son mariage pour s’installer dans la province de São Paulo. Après avoir travaillé dans les plantations de café jusqu’à ses treize ans, Aparecida fut employée dans une usine qui traitait les grains de cette même plante, puis dans une autre firme, de tissage de coton et de vers de soie. Selon elle, la main-d’œuvre féminine y prédominait. Aparecida participa à une grève alors qu’elle avait quatorze ans, mais il ne semble pas que cela lui ait ouvert la porte de contacts politiques. C’était la guerre, et le PCB avait alors d’autres préoccupations. Après avoir perdu son emploi10, Aparecida travailla comme prothésiste chez un dentiste. C’est alors qu’elle prit contact avec les idées socialistes. L’homme qui l’employait lui présenta des textes et lui prêta des livres, puis une de ses amies lui parla des réunions du parti, auxquelles elle se rendit.
37L’année 1945 témoigne donc d’une nouvelle vague d’adhésions de femmes modestes au PCB : Aparecida Rodrigues Azedo, Clara Charf, Elza Monnerat et Zélia Magalhães représentent des profils jusqu’alors absents des sphères du PCB, et de la politique partisane plus généralement. De plus, celles qui étaient à l’étranger rentrèrent ou vinrent au Brésil dans le cadre de l’ouverture politique et de la fin de la guerre : c’est le cas des sœurs de Luiz Carlos Prestes et de Renée France de Carvalho. Les intellectuelles déjà engagées activement dans les années 1930 participèrent à la réorganisation du PCB, et la modification de la ligne politique de ce dernier permit une meilleure intégration de tous les milieux, puisque, comme nous l’avons dit, le parti passa de la prolétarisation forcée des années 1930 (alors même que s’opérait l’alliance avec certains militaires et intellectuels) à l’acceptation de la coopération avec la bourgeoisie progressiste.
38Par ailleurs, des femmes comme Antonieta Campos da Paz, voire Heloísa Ramos, qui avaient vécu de près les événements de 1935 en organisant la solidarité envers les prisonniers et les prisonnières, s’intégrèrent de manière plus autonome à travers la LDN dans les années de l’union nationale contre le fascisme. Se joignirent alors à elles des femmes de la classe moyenne, mais aussi d’autres femmes de l’élite pour qui ce moment constitua l’opportunité d’une implication légitime. Après la rencontre avec les membres du PCB, et grâce à la nouvelle ligne politique adoptée ensuite par celui-ci, qui appelait à la mobilisation des femmes, le PCB constitua le lieu de la continuité de la participation d’un certain nombre d’entre elles. Par la suite, la démocratisation politique, la popularité dont jouissait le PCB et la visibilité qu’il obtint dans l’espace public attirèrent à lui non seulement des femmes d’origine modeste, mais aussi des membres de l’élite qui opéraient jusqu’alors sur d’autres terrains (Maria Augusta). Odila Schmidt, ouvrière syndiquée depuis les années 1930, dont nous avions perdu la trace, réapparut également à ce moment-là. Enfin, celles qui avaient grandi dans des familles communistes parvinrent alors à un âge où elles pouvaient mieux prendre la mesure des expériences de leur enfance.
39On peut ajouter à l’ensemble de ces éléments contextuels le fait que la FBPF, si elle continuait d’exister, perdit du souffle. Le droit de vote pour lequel s’étaient démenées ses membres avait été obtenu, et les projets des années 1930 avaient été stoppés par l’extinction des « bons vents démocratiques » [Soihet Rachel, 2012, p. 218-237]. Entre-temps, les conditions politiques évoluèrent. La prééminence du PCB en éloigna certaines femmes, comme Bertha Lutz, tandis que d’autres, comme Maria Werneck de Castro, le rejoignirent au contraire, critiquant l’aspect élitiste de leurs camarades féministes.
***
40S’agissant de notre questionnement sur la démocratisation de la participation politique des femmes, on peut conclure finalement de ces biographies son caractère cumulatif : on trouve à chaque élargissement des files féminines du PCB des femmes de l’élite, auxquelles s’ajoutent progressivement de nouveaux profils. La diversification et la massification du militantisme des femmes sont confirmées, non seulement en termes sociaux, mais aussi en termes d’amplification de leur présence en tant que femmes dans l’espace politique, de quelque origine qu’elles soient.
41Quant à la logique permettant d’éclairer la disparité de la cohorte à partir des différents moments de la politisation partisane de chaque femme, le constat est cependant mitigé. En effet, si l’on observe bien une progression dans les catégories de la population concernées par le militantisme, il n’y a pas d’homogénéité stricte des origines sociales pour chaque nouvelle arrivée de militantes. La structure même des opportunités politiques – soit le contexte national et partisan puis les conditions de la politisation de chacune – semble plus peser que leur situation socio-économique prise isolément.
42Cependant, la disparité de la cohorte semble être le signe d’une fusion de parcours distincts plutôt que d’une juxtaposition de différentes générations. Bien que trois phases de rapprochement du PCB se dégagent parmi les militantes étudiées, elles ne correspondent pas à une organisation conjointe de celles concernées par chacune de ces vagues. Cette idée doit être nuancée dans le cas des intellectuelles citées, et nous analyserons par la suite les conséquences de cette distinction. Pour les autres, un début de cohésion s’opère entre 1940 et 1942, mais les années suivantes s’inscrivent dans la continuité de cette mobilisation et participent d’un même processus : les militantes qui rejoignirent le PCB entre 1944 et 1946 s’agrégèrent individuellement aux groupes déjà formés, sans représenter elles-mêmes un nouvel ensemble à part entière, et leurs trajectoires se fondirent dans la masse. Il faut également remarquer que, parmi les membres de la cohorte, aucune ne rejoignit le PCB après 1946. Si les dates d’entrée ou d’approche du parti s’échelonnèrent avant cette date, aucune adhésion n’eut lieu durant toute la période suivante, pour celles dont nous avons connaissance au moins : la première moitié des années 1940 représente donc effectivement un moment clé dans le regroupement de plusieurs parcours distincts. La présence simultanée de femmes très différentes au sein du PCB relève de facteurs contextuels semblables pour toutes ayant pesé différemment pour chacune d’entre elles. Le résultat est la constitution d’un groupe de femmes hétérogène.
43Enfin, ce chapitre montre aussi que toutes n’entrèrent pas au PCB pour défendre la cause révolutionnaire, puisque plusieurs de ces adhésions se déroulèrent au contraire pendant l’un des moments les moins radicaux de la politique communiste, quand elle défendait l’union nationale et le respect du jeu électoral – ce qui par ailleurs contribue également à expliquer la disparité de la cohorte.
Notes de bas de page
1 Grosso modo, entre le libéralisme fédéraliste et le nationalisme centralisateur, qui pouvait lui-même revêtir différentes formes.
2 Militaires s’étant soulevés contre le régime oligarchique pendant les années 1920.
3 Celle-ci existait déjà depuis 1916, il s’agissait d’une association qui visait initialement à promouvoir l’amour de la patrie et à exalter la nation, ce qu’elle continua de faire, mais elle revêtit alors dans les années 1940 un aspect supplémentaire, elle se déclina en lieu de lutte contre le fascisme, et de mobilisation contre l’Estado Novo, en fonction d’un projet national qu’elle réfutait, Libellé LDN, Dicionário histórico-biográfico do Brasil, CPDOC-FGV, disponible en ligne.
4 Sur le Brésil pendant la Seconde Guerre mondiale, voir, entre autres : Ferraz Francisco Alves, 2005 ; Seitenfus Ricardo, 2000 ; Seitenfus Ricardo et Silva Antônio, 2003.
5 Cf. Roger Bastide, Sociologie du Brésil : la classe moyenne, Paris, IHEAL, 1956.
6 http://www.ibge.gov.br/home/presidencia/noticias/29092003estatisticasecxxhtml.shtm
7 Interview d’Idéalina Fernandes Gorender, parue dans la revue Teoria e Debate, no 22, du 1er septembre 1993. En ligne : https://teoriaedebate.org.br/1993/09/01/idealina-fernandes-gorender/#sthash.20BGnGR9.dpuf
8 Cf. libellé LDN, in Dicionário histórico-biográfico do Brasil, CPDOC-FGV, disponible en ligne.
9 Ibid.
10 Aparecida raconte dans son témoignage que beaucoup d’usines de l’État de São Paulo appartenaient à des Japonais et qu’elles furent fermées pendant la guerre, ce qui augmenta le chômage dans la région.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
S'affirmer Lacandon, devenir patrimoine
Les guides mayas de Bonampak (Chiapas, Mexique)
Julie Liard
2010
Représentations de l'Europe et identité au Mexique
Le Juan Panadero, un journal de Guadalajara (1877-1910)
Guillemette Martin
2008
Le lien migratoire
Migrations clandestines de paysans guatémaltèques vers les États-Unis
Argán Aragón
2008
Les fils du tabac à Bogotá
Migrations indiennes et reconstructions identitaires
Luisa Fernanda Sánchez
2007
Trajectoires féminines et mobilisation d’exilées à Bogotá
Des destins déplacés aux futurs éclairés
Marjorie Gerbier-Aublanc
2013
L'Institut international de Coopération intellectuelle et le Brésil (1924-1946)
Le pari de la diplomatie culturelle
Juliette Dumont
2008
Démocratie et sexualité
Politisation de la pilule du lendemain dans le Chili de la Concertación (1990-2010)
Lila Le Trividi Harrache
2013
De la parole avant le discours
Communication pré et post-natale dans une « communidad campesina » d’Amazonie péruvienne
Émilie Massot
2007
Le transfert d'un modèle de démocratie participative
Paradiplomatie entre Porto Alegre et Saint-Denis
Osmany Porto De Oliveira
2010