Le Brésil au prisme de sa diplomatie culturelle (1920-1945)
p. 291-315
Texte intégral
« Les historiens le savent : les images que les nations se font les unes des autres jouent un rôle fondamental dans les relations internationales. » [Frank, 2000, p. 18]
« Quand on observe, l’esprit serein et le regard lucide, le complet isolement dans lequel vit le Brésil dans le monde, ignoré, ou, ce qui est pire, mal connu et mal jugé par quasiment tous les centres culturels d’Europe et d’Amérique, on ne peut cacher un subtil et pénétrant sentiment de mélancolie1. »
1Dès le xixe siècle, certains intellectuels brésiliens, ne s’accommodant plus des jugements faisant de leur pays une contrée encore dans l’enfance de la civilisation, s’attachèrent à corriger l’image du Brésil en Europe et dans le reste du monde. Dans le même temps, comme l’écrit Mario Carelli, « l’émergence et l’affirmation d’un discours national brésilien passèrent par l’assimilation du regard que les Européens portaient sur ce pays » [Carelli, 1993, p. 95]. Cette dialectique apparaît clairement quand on étudie l’émergence de la diplomatie culturelle brésilienne dans l’entre-deux-guerres. En effet, construire une image positive de soi, qui rompe avec les clichés et rende compte de la « vérité », afin de faire évoluer le regard des autres, d’affirmer son identité sur la scène internationale et de favoriser, en retour, les intérêts nationaux se fait aussi en fonction de la manière dont on perçoit les autres et dont on se perçoit dans le regard des autres. À l’instar du processus d’affirmation de l’identité nationale décrit par Mario Carelli, on observe qu’il y a à la fois rejet et incorporation de ce regard. Les élites brésiliennes, intellectuelles et politiques, ont oscillé entre fierté et complexe d’infériorité – que celui-ci soit d’ordre racial, culturel ou économique – lorsqu’il a été question de définir une identité nationale et de la projeter sur la scène internationale.
2La notion de « diplomatie culturelle » implique que l’État, et en particulier le ministère en charge de la politique extérieure, joue un rôle dans la mise en place d’une « machine diplomatique culturelle » [Frank, 2003] destinée à promouvoir une certaine image du pays sur la scène internationale. Nous rejoignons donc Manuela Aguilar lorsqu’elle présente la diplomatie culturelle comme « la manière dont un gouvernement présente son pays au peuple d’un autre pays dans le but d’atteindre certains objectifs de politique extérieure » [Aguilar, 1996, p. 9]. Mais quelle vision les acteurs de la diplomatie culturelle brésilienne ont-ils de leur mission ? Quelle image souhaitent-ils donner de leur pays ? Quelle image ont-ils des destinataires de leur discours et des stratégies à employer pour les séduire ? Pour traiter ces questions, il convient de garder à l’esprit, d’une part, la perception asymétrique du système international partagée par les diplomates brésiliens et, d’autre part, les débats soulevés par le contraste entre le potentiel et la « réalité » du Brésil, pays aux dimensions continentales [Lafer, 2001, p. 83].
3L’image de soi est donc le pivot autour duquel s’articuleront nos analyses ; cette image dont Robert Frank rappelle les multiples fonctions : « réduire et simplifier pour faciliter la communication » ; « forger des mythes pour construire des identités » ; « légitimer des causes et des actions » ; « exorciser des peurs et des fantasmes », mais aussi « les angoisses du futur » [Frank, 1994, p. 6-7]. L’image que projette un pays résulte, selon lui, d’une projection de soi dans le temps : « fruit d’un héritage du passé, lointain ou proche, [elle] se construit en fonction de l’avenir espéré » [Ibid., p. 7]. Au Brésil, cet « avenir espéré » prend la forme du « développement de l’espace national » [Lafer, 2001, p. 83] à partir du long « règne » du baron de Rio Branco à la tête du ministère des Relations extérieures, entre 1902 et 1912. Cette expression doit s’entendre à la fois comme la fixation des frontières du pays (frontières élargies par l’action diplomatique de Rio Branco) et comme la mise en valeur du territoire. Cette ligne directrice connaît diverses formulations au cours du xxe siècle, en fonction des débats soulevés sur la scène intérieure par la définition de l’identité nationale. Il convient donc de s’interroger sur le degré d’adéquation entre, d’une part, l’image véhiculée par la diplomatie culturelle à l’échelle internationale et, d’autre part, les éléments constitutifs de l’identité brésilienne promue à l’échelle nationale.
4Afin d’analyser ces images et d’en dégager les principales évolutions dans le premier xxe siècle, nous interrogerons les buts qui leur sont assignés, les acteurs qui participent à leur création et les groupes auxquels elles sont destinées. Notre étude porte sur une séquence chronologique allant de la fin de la Première Guerre mondiale à 1945. D’un après-guerre à l’autre, les raisons de ce choix sont multiples. Tout d’abord, la Grande Guerre représente une rupture majeure dans les relations culturelles entre l’Amérique latine et l’Europe [Compagnon, 2013]. Ensuite, l’entre-deux-guerres signe les premiers pas de la diplomatie culturelle brésilienne au sein des structures liées à la coopération intellectuelle2 [Dumont, 2009 ; Dumont et Fléchet, 2009] : l’Institut international de coopération intellectuelle (IICI), fondé sous les auspices de la Société des Nations et inauguré à Paris en 1926, et l’Union panaméricaine, qui se dote d’un Service de coopération intellectuelle à partir de 1917. Enfin, la présidence de Getúlio Vargas (1930-1945) et, plus encore, l’Estado Novo (1937-1945) se caractérisent par la promotion de « l’identité nationale » sur la scène politique et culturelle brésilienne, dont les marqueurs connaissent de rapides évolutions au cours de la période et rompent, dans une certaine mesure, avec l’image d’un Brésil « civilisé » que les diplomates souhaitent projeter à l’international.
« Le Brésil doit cesser d’être le grand inconnu du monde moderne »
« Plus que jamais, de nos jours, les peuples dépendent de leur réputation à l’extérieur3. »
5L’image que les diplomates désirent projeter du Brésil est fonction des ambitions brésiliennes en termes de politique extérieure. Eugênio Vargas Garcia a rappelé les grands traits de cette politique pour les années 1920 : alignement sur les États-Unis et tentative d’établir avec eux une relation spéciale ; recherche d’une reconnaissance internationale ; utilisation de la diplomatie multilatérale comme instrument pour affirmer le prestige du pays sur la scène internationale ; continuité du modèle économique de valorisation du café et de stimulation à l’exportation ; et résistance aux propositions de désarmement, thème récurrent dans l’agenda mondial de cette période [Garcia, 2000]. La révolution de 1930 n’altère pas en profondeur ces grandes orientations : il faut plutôt parler d’une « redéfinition » de la politique étrangère brésilienne [Moura, 1983, p. 576]. De fait, le seul changement notable réside dans la place croissante occupée par les relations commerciales [Vizentini, 2003, p. 11].
6Voici donc les buts de la diplomatie brésilienne, par rapport auxquels est construite une identité du Brésil destinée à l’international. Celle-ci repose notamment sur l’affirmation d’une certaine vision du monde et de son fonctionnement, sur la conscience du caractère profondément asymétrique des relations internationales. C’est en fonction de cette perception que les responsables de la diplomatie brésilienne ont œuvré pour faire de leur pays une puissance moyenne d’importance régionale, notamment par le biais d’une présence marquée dans les instances internationales. Comme l’affirme Rubens Ricupero, l’idée d’un Brésil non expansionniste, satisfait du statu quo frontalier, fidèle au principe de non-intervention, attaché à celui d’égalité des nations au sein des organisations internationales, devient alors consubstantielle au discours diplomatique brésilien [Ricupero, 2000, p. 65].
7La réalisation de ces objectifs nécessite que le Brésil soit perçu de manière positive par les autres nations. C’est là qu’intervient la question de l’image à projeter, des images que l’on souhaite voir modifier. De fait, « dans la dialectique, devenue classique, entre prise de décision et “forces profondes4”, l’une de ces forces profondes est l’image de l’Autre, c’est-à-dire l’ensemble des représentations collectives de l’Ailleurs et de ceux qui le peuplent » [Sirinelli, 2004]. Nous ajouterions une autre dimension qui est l’importance du regard porté sur soi par l’Autre, en l’occurrence le regard européen et en particulier français au xixe siècle, qui a pu être posé sur le Brésil. Or ce regard européen, à travers lequel la jeune nation brésilienne a cherché à se définir, a pu aussi être blessant et renvoyer une image dans laquelle le Brésil ne pouvait pas – ou ne voulait pas – se reconnaître. Il convient de prendre la mesure de cette dialectique pour expliquer l’état d’esprit qui guide l’action des diplomates brésiliens en charge des affaires culturelles, de cette partie de l’élite qui s’est engagée dans la projection de son pays sur la scène internationale. Sur cet état d’esprit, nous partageons le constat dressé par Paulo Roberto de Almeida :
« La conscience du retard économique et social du Brésil vis-à-vis de ses partenaires extérieurs a traversé tout l’imaginaire social de la nation indépendante. Le désir d’une ascension internationale a toujours été présent dans la réflexion politique des élites “éclairées” du pays, le Brésil ayant été traumatisé par les manifestations de mépris ou d’hostilité dans sa relation avec des puissances hégémoniques – l’Angleterre sur la question de l’abolition du trafic négrier, par exemple – et, plus récemment, par les démonstrations d’indifférence dans le cadre de la Société des Nations, puis de l’ONU. » [Almeida, 2004, p. 37]
8L’incapacité du Brésil à obtenir un siège permanent au Conseil de la SDN, qui a pour conséquence son retrait de l’organisation en 1926, marque un moment de rupture avec le « modèle » européen de développement et de civilisation suivi jusque-là par l’élite brésilienne ; rupture déjà annoncée la Semaine d’Art moderne de 1922, qui remet en cause l’influence toute-puissante de la culture européenne sur la production culturelle brésilienne. Si l’Europe demeure une référence pour nombre d’intellectuels brésiliens, son hégémonie est désormais remise en cause.
9Le divorce n’est pas total et le regard européen influence encore considérablement la perception que les élites brésiliennes ont de leur pays. Ce n’est donc sans doute pas un hasard si le développement économique devient une priorité : il s’agit non seulement de sortir de la dépendance économique vis-à-vis des grandes puissances, mais aussi de montrer à une Europe jugée arrogante et méprisante que le Brésil a sa place dans le concert des « grandes » nations.
10Le développement économique ne constitue qu’une face de cette ambition. Comme le note Daniel Pécaut, « les intellectuels des années 1925-1940 se montrent avant tout préoccupés par le problème de l’identité nationale » [Pécaut, 1989, p. 3]. Mônica Pimenta Velloso ne dit pas autre chose quand elle affirme :
« Dans les années 1920, quand se firent sentir les effets critiques de l’après-guerre, lorsque s’effondra le mythe scientiste, l’idéal cosmopolite de développement céda la place au credo nationaliste. La quête des racines, l’idéal de brasilianité devinrent alors le centre des préoccupations intellectuelles. » [Velloso, 1987, p. 2]
11Bâtir l’image du Brésil sur la scène internationale relève donc à la fois de considérations économiques et géopolitiques, mais aussi d’une sorte d’impératif moral, celui de faire reconnaître ce pays pour ce qu’il est. L’image du Brésil à l’extérieur connaît donc des fluctuations qui sont autant fonction de la conjoncture internationale que de discussions internes autour de l’essence du Brésil.
12Si les acteurs de la diplomatie culturelle brésilienne ne sont pas toujours sûrs de ce qu’ils doivent mettre en avant, du moins savent-ils quelles images ils souhaitent combattre. Or, « le secret [des stéréotypes] consiste à puiser, dans le passé, des morceaux épars de vérité qu’ils fondent en une image supposée exprimer toute la vérité d’un peuple » [Frank, 2000, p. 19]. Battre en brèche des stéréotypes, c’est donc s’attaquer aux « gisements profonds du sol mental », aux « terrains résistants », selon les mots de Marcel Proust, des relations entre les peuples.
13Pour Ildefonso Falcão, écrivain, diplomate et directeur du Service de coopération intellectuelle de l’Itamaraty en 1935-1936, investir dans la coopération intellectuelle est indispensable pour un pays qui souffre d’être « le grand inconnu du monde moderne5 ». Ildefonso Falcão insiste en outre sur la persistance d’un imaginaire qui fait du Brésil une terre de « sauvages », remarquée plus par sa nature exubérante que par les réalisations de son peuple, lequel serait encore dans « l’enfance de la civilisation ». C’est cette vision-là qu’il faut combattre : « Je continue à dire qu’il est temps que l’on nous connaisse à l’étranger à travers toutes nos réalisations de telle sorte que l’on cesse de considérer [le Brésil] comme une vaste étendue peuplée d’Indiens sauvages et de métis analphabètes6. » Il a déjà tenu des propos similaires, en forçant encore plus le trait, dans un article de la revue Careta :
« Les peuples lointains ne nous considèrent pas autrement que comme des anthropophages à la narine percée, dormant dans des hamacs de lianes et dégustant à toute heure de tendres filets d’Aryens qui prétendent nous mener dans le droit chemin. Nous avons besoin d’en finir à la brésilienne avec cette équivoque déprimante7. »
14Selon lui, le regard porté par les étrangers sur le Brésil, « un foyer tropical habité par des sauvages d’une incroyable férocité8 », demeure imprégné des images forgées par les voyageurs européens du xvie siècle, tels André Thevet et Jean de Léry. Ce sont de ces images qu’Ildefonso Falcão et, avec lui, un certain nombre d’intellectuels brésiliens, souhaitent se débarrasser « à la brésilienne », c’est-à-dire sans avoir recours pour cela à des catégories de pensée européennes.
15Au-delà des questions identitaires, ce sont aussi des considérations fort pragmatiques qui guident la réflexion et l’action de ceux qui plaident pour une politique visant à « corriger » l’image du Brésil. Elyseu Montarroyos, délégué brésilien auprès de l’IICI de 1924 à 1941, fait remarquer à son ministre de tutelle que « judicieusement menée, la propagande intellectuelle d’un pays lui ouvre de nouveaux chemins pour sa propagande économique9 ».
Acteurs et destinataires de la diplomatie culturelle brésilienne
16L’image du Brésil dépend, jusqu’en 1934, date à laquelle commence à fonctionner le Service de coopération intellectuelle de l’Itamaraty, de l’initiative ponctuelle de certains diplomates, intellectuels et hommes politiques. Seul Rio Branco, qualifié de « plus grand propagandiste du Brésil » par Thomas Skidmore, fait figure d’exception [Skidmore, 1974]. L’auteur met en avant le « travail gigantesque » accompli par Rio Branco pour présenter une image « civilisée » du Brésil, en nommant notamment des écrivains à des postes diplomatiques, en invitant des Européens célèbres à visiter le pays ou en encourageant la participation du Brésil à des congrès internationaux. Il voyait dans ces derniers l’occasion de tisser des relations, de promouvoir la coopération intellectuelle et de faire la propagande du pays [Suppo, 2003]. Cependant, il faut attendre l’arrivée de Getúlio Vargas au pouvoir en 1930, et le développement de la quête institutionnalisée des sources originelles de la nation et de la culture brésiliennes, pour que la diplomatie culturelle esquissée par Rio Branco prenne véritablement forme.
17Avant même la proclamation de l’Estado Novo en 1937, Vargas a réussi à faire de l’État « le représentant supérieur de l’idée de nation » et à faire en sorte que les intellectuels développent leur pensée dans le cadre de l’État. Il y a alors une convergence d’intérêts et de méthodes entre un État qui s’autoproclame seul véritable moteur de l’organisation sociale, et les intellectuels qui, « se présentant comme le groupe le plus éclairé de la société », « cherchent à éduquer la collectivité » [Velloso, 1987, p. 3-4].
18Dans cette perspective, la figure de Gustavo Capanema (1900-1985) et son influence sur la vie intellectuelle brésilienne, tout comme son action à la tête du ministère de l’Éducation et de la Santé publique de 1934 à 1945, sont déterminantes. Sous son égide, le ministère devient l’un des pôles majeurs des politiques culturelles menées sous Vargas, le « gardien d’un ensemble d’institutions dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la culture qui port[ent] la responsabilité de s’occuper de l’esprit et du corps de la nation » [Williams, 2001, p. 54]. La force de Capanema a été d’avoir réuni autour de sa personne et de cet organisme une « constellation », pour reprendre l’expression d’Helena Bomeny [2001], de personnalités venues d’horizons divers et n’étant pas toujours de fervents partisans de Vargas et de l’Estado Novo.
19C’est dans ce contexte intellectuel et politique qu’agissent les acteurs de la diplomatie culturelle, chargés de diffuser à l’extérieur une image du Brésil qui reflète une identité nationale qui soit à la fois fidèle aux « racines brésiliennes » et qui donne à voir un peuple « civilisé », capable de rivaliser avec la culture européenne. L’alliance d’un grand nombre d’intellectuels avec un État particulièrement actif pour mener à bien son entreprise de nationalisation de la culture constitue à cet égard une force, en particulier vis-à-vis du reste de l’Amérique latine. Selon Gilberto Freyre, elle n’est pas pour rien dans le bon accueil qui est réservé à sa mission sud-américaine10, notamment en Argentine, ainsi qu’il l’écrit dans son rapport à Gustavo Capanema :
« Il ne faut pas négliger le fait que le changement d’attitude, qui ces dernières années est opéré dans le Brésil même et qui donne de nouvelles directions aux chercheurs et interprètes de notre passé et de notre actualité sociale et culturelle a aussi concouru à modifier l’attitude des Argentins et des Uruguayens vis-à-vis du Brésil11. »
20Ce que Gilberto Freyre met ainsi en lumière, c’est que le changement du regard sur soi transforme le regard de l’autre sur soi. Or, selon Ildefonso Falcão,
« il est clair qu’une œuvre de cette envergure […] exige des fonctionnaires capables, des fonctionnaires qui soient au courant, au moins, du mouvement intellectuel, artistique et scientifique de leur pays12. »
21L’idéal serait que ce soit les intellectuels et les artistes eux-mêmes qui accomplissent ce travail. À défaut, qu’ils s’investissent dans cette tâche et apportent leur contribution au travail mené par l’Itamaraty : « Il me semble […] que les hommes de lettres de bonne volonté et les artistes en général […] doivent apporter leur collaboration au Service de coopération intellectuelle13. »
22Faute de pouvoir évoquer ici l’ensemble des acteurs impliqués dans la construction et la diffusion d’une image positive du Brésil sur la scène internationale, nous nous contenterons de mentionner les figures les plus marquantes.
23Il faut distinguer entre ceux qui sont directement rattachés à l’Itamaraty et ceux qui effectuent des missions ponctuelles pour son compte. Parmi les premiers, on est frappé par la prédominance de la figure de l’écrivain-diplomate. Elyseu Montarroyos, nommé délégué du Brésil auprès de l’IICI, Ribeiro Couto, qui joue un grand rôle dans la mise en place du Service de coopération intellectuelle (SCI) du ministère et a été en poste à l’ambassade brésilienne à Paris, Ronald de Carvalho, qui occupe plusieurs postes diplomatiques en Europe, Ildefonso Falcão, qui a également été en poste en Europe et dirige brièvement le SCI, tout comme Osório Dutra, mais aussi João Guimarães Rosa, plus connu, font en effet partie de cette catégorie. Il est intéressant de noter le lien privilégié d’un certain nombre d’entre eux avec la France, le plus emblématique de cette tendance étant certainement Ronald de Carvalho. À Paris, où il travaille à l’ambassade, il tisse des liens avec de nombreux artistes et intellectuels français. Il devient même sous leur plume une « icône du Brésil ». Ainsi l’écrivain Henri Tronchon en fait-il le représentant par excellence de la spécificité de la vie intellectuelle brésilienne [Tettamanzi, 2004, p. 67]. Autant que son action, c’est donc l’image qu’il donne du Brésil à travers ses écrits et sa personne qui est importante. Moins connu, Elyseu Montarroyos, qui contribue à diffuser le positivisme au Brésil, fait partie de ces individus qui, par leur force de persuasion et leur dévouement, contribuent, modestement il est vrai, à modifier le cours des relations internationales. Il est en effet le partisan infatigable de la participation du Brésil aux travaux de l’IICI, dont il analyse avec lucidité et pragmatisme, au long d’une volumineuse correspondance avec l’Itamaraty, les bénéfices que peut en tirer son pays14.
24En 1945, Osório Dutra15, alors à la tête de ce qui est devenu la Division de coopération intellectuelle, écrit deux mémorandums16 plaidant pour la création du poste d’attaché culturel : selon lui, la promotion de la culture brésilienne à l’étranger ne peut plus dépendre de la seule bonne volonté de fonctionnaires dévoués, mais doit faire l’objet de missions spécifiques.
25Outre les fonctionnaires de l’Itamaraty, la diplomatie brésilienne s’appuie sur un certain nombre de « passeurs culturels » au premier rang desquels figurent des hommes de science, comme en témoigne la composition de la commission brésilienne de coopération intellectuelle (CBCI)17. Ainsi, c’est le médecin et anthropologue Edgar Roquette-Pinto (1884-1954), dont l’action et l’œuvre ont été déterminantes dans la réfutation de l’infériorité du Brésil en termes de race, qui préside la CBCI de 1933 à 1937. Par sa position de directeur du vénérable Museu Nacional, fondé en 1818, son appartenance à l’Académie de Sciences et son siège à l’Académie brésilienne des Lettres, Roquette-Pinto dispose d’une légitimité institutionnelle et d’une reconnaissance intellectuelle qui lui permettent d’avoir une influence certaine. Plus emblématique encore est le cas du physicien Miguel Osório de Almeida, considéré pendant toute la période étudiée comme un francophile très actif, professeur honoris causa de l’université de Paris, président de la CBCI 1935 à 1946. La reconnaissance dont il jouit dans les milieux scientifiques et intellectuels incite l’Itamaraty à le faire élire comme membre de la Commission internationale de coopération intellectuelle qui siège à Genève.
26Comme le souligne Mônica Leite Lessa, l’ancienneté des relations du Brésil avec la France, pays moteur de l’Organisation de coopération intellectuelle, lui garantit une place de choix dans les réseaux de la coopération intellectuelle européenne. Renforcés par la création, en 1911, d’une chaire d’études brésiliennes, puis, en 1922, par celle de l’Institut de haute culture franco-brésilien à la Sorbonne, mais aussi par la coopération universitaire impulsée dès 1909 par le Groupement des grandes écoles et universités pour l’Amérique latine, les liens entre les deux pays permettent en outre au Brésil de figurer dans le circuit des conférences prononcées par des scientifiques reconnus sur le plan international, à l’instar d’Einstein, Marie Curie, Lévy-Bruhl ou Paul Rivet. « Cette coopération intellectuelle auréol[e] les institutions nationales d’une reconnaissance internationale » [Lessa, 2002, p. 89] en même temps qu’elle offre à leurs membres les plus actifs d’être plus facilement reçus par les instituts et universités étrangers.
27La France et l’Europe ne sont pas les seules destinataires de l’effort brésilien visant à modifier son image sur la scène internationale. Mais elles en sont le passage obligé, le facteur légitimant, qui permet ensuite au Brésil de se poser en acteur incontournable des relations interaméricaines. C’est en effet un des aspects nouveaux de la politique extérieure brésilienne que celui d’un panaméricanisme mieux assumé, qui confirme que le Brésil « a cessé », non pas « de regarder vers l’Europe » [Rolland, 1998], mais en tout cas de ne regarder que dans sa direction. Ainsi l’Institut, malgré son ancrage profondément européen, peut servir de socle à une politique qui vise au moins autant l’Amérique que l’Europe, ce qui n’est pas sans soulever la question de l’adaptation de l’image à son destinataire.
28Le Service de coopération intellectuelle de l’Itamaraty semble de fait caler toute sa propagande extérieure sur celle qui est menée par le biais de l’IICI. Par exemple, le texte de Mário de Andrade sur la musique populaire brésilienne18, rédigé comme contribution à un ouvrage scientifique publié par l’Institut, est distribué très largement aux différentes légations diplomatiques, car considéré comme un bon matériel de propagande. Or, de l’avis de nombreux diplomates en poste, cet essai est parfait pour l’Institut, « un des plus grands centres intellectuels du monde, et de culture avancée qui plus est19 », mais beaucoup trop technique pour une utilisation courante. Le consul brésilien à Caracas fait ainsi remarquer que :
« Divulguer cette contribution dans un centre intellectuel pauvre, sans horizon, comme l’est la ville de Caracas, capitale d’un pays où il y a 90 % d’analphabètes, d’une culture intellectuelle des plus attardée, est par conséquent une tâche impossible20. »
29C’est pourquoi le consul brésilien à Caracas dégage les deux axes qui, selon lui, doivent être suivis par la propagande brésilienne : « 1) l’adaptabilité de la contribution brésilienne aux pays auxquels elle est destinée […] ; 2) l’extension du nombre de contributions brésiliennes qui doivent être publiées gratuitement à l’étranger21 ». Il propose en outre de viser un public bien défini :
« Je crois que la classe moyenne du Venezuela est celle qui présente dans ce pays la meilleure préparation technique et le meilleur jugement intellectuel et celle qui, pour cette raison et parce qu’elle a voyagé dans les grands centres scientifiques d’Europe et des États-Unis, est la plus susceptible de s’intéresser aux choses du Brésil22. »
30Enfin, il suggère que la propagande brésilienne se focalise sur des sujets précis en mettant en place des partenariats pertinents, plutôt que de se contenter de généralités ne tissant aucun lien solide. Ses suggestions vont dans le sens d’une mise en valeur de ce qui serait proprement brésilien, plutôt que des domaines où le Brésil tente d’imiter l’Europe ou les États-Unis. Il s’agit de se placer sur des créneaux très techniques – les exportations, l’enseignement technique, l’administration publique, etc. – plutôt que de rester dans les grandes déclarations de principe sur l’amitié entre les peuples. Une note interne au Service de coopération intellectuelle, datée de 1937, va dans ce sens :
« Le Brésil a naturellement besoin de propagande, mais d’une propagande commerciale intelligemment organisée dans les pays possédant de grandes capitales et une dynamique migratoire et non uniquement d’une propagande qui vante les beautés naturelles et les figures transitoires de la politique. Faisons donc preuve d’esprit pratique et d’humilité23. »
Conjuguer le stéréotype à la brésilienne
31Nous avons, au cours de cet article, souvent employé le terme « image » au singulier. Il s’agit là plutôt d’une facilité de langage que d’une réalité. En effet, s’il existe un consensus sur ce que l’on rejette comme représentation du Brésil à l’extérieur, il est moins évident de dégager ce qui fait la « brasilianité » du Brésil, compte tenu à la fois des débats internes autour de la question et des attentes supposées des destinataires auxquels cette image doit s’adresser. Il faut par conséquent prendre en compte les différentes facettes et les variations de cette image dans le temps.
32L’idée de modernité, conjuguée à celle de « civilisation », a été très vite présente. Lorsqu’en 1922 le gouvernement Epitácio Pessoa invite les diplomates du monde entier à assister aux célébrations du centenaire de l’Indépendance, il entendait faire admirer une ville de Rio entièrement remodelée sur le modèle haussmannien par le préfet Pereira Passos, une capitale destinée à une élite, européenne par ses origines, son mode de vie et ses aspirations. Par ailleurs, le début du siècle coïncide avec la participation croissante du Brésil à des conférences internationales, en particulier scientifiques. Comme l’écrit Hugo Suppo :
« La science n’est pas neutre et les grandes rencontres scientifiques internationales sont le reflet de relations de force et constituent une arène où s’expriment les rivalités entre nations […] le développement scientifique et technologique est un facteur qui reflète le pouvoir économique et politique d’un pays, pouvoir duquel découle sa place dans la hiérarchie des États. » [Suppo, 2003, p. 7-8]
33La place des hommes de sciences parmi les acteurs mis en avant par l’Itamaraty n’est à cet égard pas anodine.
34Participer aux congrès scientifiques comme aux travaux de l’IICI et, dans le même temps, être présent sur la scène panaméricaine sont une manière d’asseoir le « prestige moral » du Brésil. Cette expression se retrouve d’ailleurs souvent sous la plume d’Elyseu Montarroyos. C’est toujours dans cette perspective que le Brésil, signataire des deux grandes conventions internationales qui régissent le droit d’auteur – la Convention d’Union de Berne et la Convention panaméricaine de La Havane –, se positionne comme interlocuteur privilégié, trait d’union bienvenu entre l’Europe et l’Amérique :
« Le Brésil étant l’unique signataire tant de la Convention de Berne […] que de la Convention de La Havane, il lui revient, sans aucun doute, comme il convient pour l’éclat de son prestige moral, de promouvoir et de conduire le travail juridique tendant à consolider en un seul pacte international ces deux instruments diplomatiques24. »
35Fort de ce « prestige moral » acquis auprès de l’Europe, notamment par le biais de l’IICI, se présentant comme un trait d’union entre les deux rives de l’Atlantique, le Brésil tente d’imposer une image de leader du sous-continent américain. Ainsi, lorsqu’est annoncée la première Conférence américaine de Commissions nationales de coopération intellectuelle, organisée à Santiago du Chili en 1939 à l’instigation de ce pays et sous l’égide de l’IICI, une note interne au Service de coopération intellectuelle souligne l’importance pour le Brésil d’y participer, lui qui a été le « pionnier de la coopération intellectuelle du continent25 ». Cette assertion s’appuie sur l’existence d’un projet d’Institut interaméricain de coopération intellectuelle, formulé en 1926 par le médecin Xavier de Oliveira, puis entériné en 1928 par la conférence interaméricaine de La Havane, projet qui permet à son auteur de déclarer, en 1930 : « C’est nous qui, en Amérique, avons les premiers donné une forme concrète aux échanges intellectuels. » [Oliveira, 1930, p. 104] Il importe en effet de ne pas apparaître « à la traîne » dans l’arène de la course au « prestige moral ».
36Cela explique que la comparaison avec les politiques menées par des pays européens, notamment la France, mais aussi avec l’Argentine constitue un autre leitmotiv des discours en faveur d’une diplomatie culturelle brésilienne. Ainsi Xavier de Oliveira mentionne-t-il le Service de relations culturelles du ministère des Relations extérieures espagnol, ainsi que les services d’expansion culturelle de la France et de l’Italie [Oliveira, Ibid., p. 56]. C’est cependant l’Argentine à laquelle il fait le plus référence, elle qui « s’occupe sans cesse de sa propagande dans les milieux étrangers » [Ibid., p. 49], qui « fonde l’Institut franco-argentin et construit la Maison de l’étudiant argentin à Paris » [Ibid., 53] et qui est particulièrement active en termes d’échanges de professeurs et d’étudiants en Amérique [Ibid., p. 55]. À travers ces actions, elle apparaît « grandiose dans ses ambitions internationales » [Ibid., p. 53] et, « dans un magnifique mouvement de progrès », « trouve sa place parmi ceux qui portent les idéaux sud-américains ou panaméricains » [Ibid., p. 56].
37De même Montarroyos met-il en avant les faits et gestes de l’Argentine à l’IICI pour inciter son gouvernement à y être plus actif. Ainsi ne manque-t-il pas, lors d’une session de la Commission brésilienne de coopération intellectuelle en 1929 – année où le Brésil commence à subventionner l’IICI –, de souligner que l’Argentine, qui a devancé le Brésil sur ce terrain, en a déjà tiré des profits non négligeables : « La République argentine, en apportant un concours de sept cents livres sterling, a déjà obtenu l’édition de quatre œuvres d’auteurs argentins, traduits et publiés par l’Institut. C’est le moment de penser à l’édition française d’auteurs brésiliens26. »
38Comme le souligne Stanley Hilton, la rivalité entre ces deux pays est ancienne et « la perception que le Brésil a de l’Argentine comme un pouvoir agressif et expansionniste bâti par l’établissement de son hégémonie sur le continent ne date pas d’hier » [Hilton, 1980, p. 344]. Il faut par ailleurs rappeler le poids de la question raciale dans cette rivalité. Face à une Argentine, dont les flux migratoires venus d’Europe auraient fait une « République blanche », le développement brésilien serait, selon un certain nombre d’auteurs et de responsables politiques, hypothéqué par le mélange des races et l’importante proportion de Noirs dans la société [Skidmore, 1974 ; Schwarcz, 1993]. Gilberto Freyre revient longuement sur cette question dans un rapport à Gustavo Capanema :
« L’ancienne attitude consistait, généralement, en une confiance faible, voire nulle, dans la capacité du Brésil à se développer comme nation vigoureusement moderne, à cause du fait qu’une grande partie de notre pays a un climat considéré comme incompatible avec les hautes formes de la civilisation – inconvénient dont l’Argentine et l’Uruguay, comme le clament certains de leurs publicistes, s’enorgueillissent d’être libres. Libres aussi de l’héritage déprimant de l’esclavage […] qui a, au Brésil, pour résultat qu’aujourd’hui encore notre pays compte, dans certaines zones, une importante population noire et négroïde, et, dans d’autres, une population des plus mélangées. De cette situation des publicistes argentins de l’école ou de la pensée de Bunge ont fait un mal irrémédiable, une preuve de l’infériorité culturelle et même biologique du Brésil vis-à-vis des nations américaines qui comptaient une population blanche plus importante ou culturellement plus européenne27. »
39Où l’on voit comment le regard de l’Autre, la comparaison avec ce qu’il représente, influe sur l’image que l’on veut renvoyer de soi.
40Pour cultiver l’image d’un pays capable de rivaliser avec l’Europe, mais aussi avec l’Argentine, il convient de montrer que le Brésil peut être actif dans des domaines qui relèvent de la « grande culture ». À plusieurs reprises, Montarroyos déplore que les musées brésiliens ne répondent pas aux demandes d’informations sollicitées par l’IICI28. De même les bibliothèques brésiliennes, faute d’avoir renvoyé les questionnaires qui leur ont été adressés, ne figurent pas dans la liste de coordination internationale des bibliothèques :
« Ainsi vois-je avec peine que le Brésil, s’il ne figure pas dans un document de tel ordre, donnera de lui, aux yeux des autres nations, par un des aspects les plus caractéristiques du degré de culture de chaque peuple, une idée singulièrement défavorable, qui n’est pas conforme à la vérité29. »
41C’est toujours dans cette optique que le Service de coopération intellectuelle commande un certain nombre de monographies à des auteurs brésiliens, afin de les diffuser. Parmi les titres publiés ou commandés, on trouve : La Presse et la formation intellectuelle au Brésil par Eloy Pontes ; Le Roman brésilien par Prudente de Moraes Neto ; L’Histoire de la peinture au Brésil par Carlos Rubens ; Résumé d’histoire de la littérature brésilienne par Pedro Calmon ; Le Combat contre la lèpre par América Xavier ; L’Expansion de la langue portugaise au Brésil par Antenor Nascentes ; Le Folklore au Brésil par Basílio de Magalhães ; Le Conte dans la littérature brésilienne par Luiz Annibal Falcão ; et La Musique et la chanson populaires au Brésil par Mário de Andrade [Lima, 2006, p. 107]. On observe la prédominance des sujets relatifs à la langue et à la littérature brésiliennes, sources de fierté nationale et preuve évidente que l’on a à faire à une « nation lettrée ». La divulgation dont fait l’objet la monographie de Mário de Andrade constitue une relative exception : en effet, de manière générale, l’Itamaraty privilégie la culture érudite dans sa politique culturelle visant à élever le Brésil au rang de « nation civilisée ». Comme le note Anaïs Fléchet :
« L’intégration de la culture populaire, représentée notamment par des artistes noirs et métis, fut progressive et la projection de l’image d’un Brésil noir – opposé traditionnellement par les élites à celle d’un Brésil civilisé – suscita de fortes réticences dans les milieux diplomatiques. » [Dumont et Fléchet, 2009, p. 71]
42L’arrivée d’une nouvelle génération, parmi laquelle figure Vinicius de Moares30, constitue une amorce de changement qui, jusqu’à l’orée des années 1960, relève plus du discours que des pratiques31. Dans ce rapport daté de 1945, il se fait ainsi le fervent promoteur de la musique brésilienne comme outil de diplomatie culturelle, en particulier dans son acception populaire :
« La richesse et la variété de cette musique constituent le meilleur argument qui soit pour affirmer qu’il est difficile, sinon impossible, de connaître véritablement le Brésil sans connaître sa musique populaire authentique. Des mélopées d’Amazonie aux chansons gauchas, à travers de la musique typique du Nord, du Nordeste et de Bahia, les valses mineiras, les sambas, les valses et modinhas cariocas, l’âme brésilienne a créé l’un des plus intéressants patrimoines de culture populaire dont puisse s’enorgueillir n’importe quel peuple du monde, aux côtés de l’Espagne, de la Russie, de la Grande-Bretagne et des États-Unis32. »
43La mention d’autres pays, et non des moindres, valorisant ce qui est désormais considéré comme « patrimoine », est une fois de plus utilisée comme argument. Le regard étranger peut aussi opérer comme un facteur de changement. Lorsque l’écrivain chilien et folkloriste Oreste Plath, lié à la commission chilienne de coopération intellectuelle et ayant effectué un séjour au Brésil en 1943, présente la culture de ce pays, il insiste en effet particulièrement sur la place du folklore et de la culture populaire pour appréhender la réalité brésilienne, les présentant comme un véritable trésor national. Son admiration réside dans le fait que ces expressions culturelles sont l’objet d’une vaste entreprise de recherche et de valorisation qui s’appuie sur des organismes gouvernementaux. Autant que le contenu de la culture brésilienne, c’est l’attention politique dont elle est l’objet qui apparaît remarquable aux yeux du Chilien33.
44Dans son étude sur les relations culturelles entre la France et le Brésil, Mario Carelli montre bien que dans le miroir, déformant, que leur tend la France, les Brésiliens, pour accéder au statut de peuple civilisé, doivent « se penser Blancs et afrancesados pour rivaliser avec leur modèle, sacrifiant ainsi leur héritage amérindien et exorcisant la présence africaine » [Carelli, 1993, p. 90]. Si le chemin vers l’assomption de la composante noire, mais aussi indienne, de l’identité brésilienne sur la scène internationale sera encore long et sinueux, les efforts menés par certains intellectuels, appuyés par Getúlio Vargas, pour réconcilier les «trois races » au sein de la nation brésilienne, font peu à peu école, même en ce qui concerne la diplomatie culturelle. À l’appui de cette affirmation un article de Ribeiro Couto intitulé «Le Brésil, la démocratie et les problèmes de la coopération intellectuelle », paru en 1942 dans le journal A Manhã, connu pour son affiliation au régime34. On y voit émerger le contenu de ce qui va peu à peu constituer la notion de «démocratie raciale », consacrée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il faut y voir là aussi, en dehors des débats internes au Brésil, l’influence du regard extérieur et de la perception des destinataires de la politique extérieure brésilienne. Antônio Sérgio Guimarães rappelle en effet que :
« l’expression surgit de façon dispersée parmi les intellectuels brésiliens au cours de la période 1937-1944, c’est-à-dire dans le cadre de l’Estado Novo, et ce en réponse au défi que constituait l’insertion du Brésil dans le monde libre et démocratique, par opposition au racisme et au totalitarisme nazi et fasciste, défaits lors de la Seconde Guerre mondiale. » [Guimarães, 2009, p. 134-135]
45Dans cet article, Ribeiro Couto renverse les perspectives adoptées jusque-là : ce qui était présenté comme un handicap devient motif de fierté nationale. Ainsi écrit-il :
« Par sa position géographique, par l’immensité de son territoire, par sa formation démographique, par les phénomènes ethniques et sociaux qui s’élaborent sous nos yeux dans ses villes, le Brésil mérite bien le nom de “pays cosmique” donné par un intellectuel européen35. »
46Il n’hésite pas à réécrire l’histoire de son pays pour en faire le parangon de l’idéal démocratique, faisant du mélange des races non plus un obstacle, mais une étape capitale dans l’accomplissement de cet idéal : « Le Brésil, plus que toute autre nation, peut légitimement estimer être une ancienne “démocratie authentique”, car c’est une société où les différences de race n’ont pas affecté la dignité de la personne humaine ». Il ajoute :
« La nation qui naissait dans les luttes du Pernambuco, qui voyait se mêler le sang de Portugais, d’Indiens, de Noirs et toutes les nuances de Métis, verrait ensuite, au xixe siècle, affluer des peuples européens en quête de terres et de travail ; c’est au cours de ce processus ethnique et politique, qui culmina dans la création de la République (elle-même anticipée par le caractère patriarcal de l’Empire), que nous vîmes se développer, toujours plus fort, un “instinct démocratique”36. »
47Cette réinterprétation de l’histoire du Brésil nous montre comment, en luttant contre les stéréotypes forgés par les autres sur soi, on est amenés à en forger de nouveaux.
Conclusion
48« Le stéréotype est incontournable, car souvent le Brésilien ou le Français se croit obligé de l’incarner pour ne pas décevoir son interlocuteur et le jeu des miroirs déformants n’a pas de fin. » [Carelli, 1987, p. 20-21] Quand bien même diplomates et intellectuels brésiliens souhaitent « corriger » l’image de leur pays, en forger une nouvelle, celle-ci se retrouve tributaire du regard des autres, de la manière dont on se perçoit dans ce regard. Que l’on construise cette représentation en opposition à ce regard ou en l’intégrant, l’Autre est inévitablement présent dans la construction identitaire. Pour les acteurs de la diplomatie culturelle brésilienne, il s’agit donc de conjuguer le stéréotype à la brésilienne ; de le réinvestir. C’est ainsi que l’on trouve, dans le Bulletin de l’Union Panaméricaine, dans un numéro d’avril 1933 consacré au potentiel touristique des pays latino-américains, une description du Brésil qui mêle nature et civilisation, exotisme et modernité :
« Cette si vaste nation qui possède d’incomparables beautés naturelles, qui compte à l’intérieur de ce même territoire des villes ultramodernes, d’audacieuses lignes ferroviaires et d’immenses régions couvertes de forêts vierges où l’homme ne pénètre pas encore et qui cachent sans aucun doute des trésors inconnus et des surprises ethnologiques, botaniques et paléontologiques37. »
49Comme le souligne Robert Frank, « l’auto-image, créatrice d’identité, se nourrit de ces “xénotypes” » [Frank, 1994, p. 7]. L’important est de réussir à être facilement et positivement identifiable, de dire ses spécificités sans susciter défiance ou rejet, de valoriser sa différence sans y être enfermé ou condamné à l’expression ininterrompue d’un message univoque. On est là au cœur de la problématique des relations culturelles internationales, car :
« La culture, qui constitue souvent l’un des fondements des identités nationales, porte aussi en elle-même des éléments de désagrégation de ces identités, tant elle est travaillée désormais par des ferments transnationaux. […] L’image de l’Autre et la représentation de l’Ailleurs, ainsi que les interférences que peuvent y introduire tous les processus de circulation culturelle, sont au cœur de l’histoire des sociétés contemporaines. » [Sirinelli, 2004, p. 4]
Bibliographie
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10.1515/9780822380962 :Notes de bas de page
1 Arquivo Histórico do Itamaraty (AHI), 542,6, 1045/18392, 26/03/1939, article du Jornal do Commercio, « O problema da cooperação intelectual ».
2 La coopération intellectuelle a pour but, selon les mots de Paul Valéry, « d’amener dans tous les domaines qui relèvent d’elle une coordination des efforts, une collaboration susceptible, non seulement d’éviter des pertes de temps, de faciliter l’information, la diffusion du progrès, mais aussi de provoquer la formation, lente peut-être, mais continue, de l’esprit international » (L’année 1932 de la Coopération intellectuelle, IICI, p. 3).
3 Ruy Barbosa dans un discours prononcé à Paris en 1907. Cité par Celso Lafer, op. cit., p. 71.
4 Notion développée dès les années 1930 par Pierre Renouvin, notamment dans La Crise européenne et la Première Guerre mondiale, Alcan, Paris (1re éd.), p. 131. Il désigne par cette expression les forces qui pèsent sur le cours des relations internationales : selon lui, à côté des « forces matérielles » – les facteurs géographiques, les conditions démographiques, les forces économiques – figurent les « forces spirituelles » ou les « mentalités collectives », en particulier le sentiment, les nationalismes et le sentiment pacifiste. Ces différentes « forces profondes », il les a décrites et analysées plus longuement dans les chapitres de la première partie du livre qu’il publia en 1964, avec Jean-Baptiste Duroselle : Introduction à l’histoire des relations internationales, Armand Colin, Paris, 1964 (1re éd.).
5 AHI, 542,6, 653/9813, 16/11/1935, article de la revue Careta.
6 AHI, 542,6, 995/16141, 02/02/1936, article du Diario de Noticias, Rio de Janeiro.
7 AHI, 542,6, 653/9813, 16/11/1935, article de la revue Careta.
8 Ibid.
9 AHI, 276/2/4, lettre de Montarroyos à Otavio Mangabeira, 05/09/1927.
10 À ce sujet voir Hugo Rogélio Suppo, « Gilberto Freyre e a imagem do Brasil no mundo », Cena internacional, Ano 5, no 2, déc. 2003, p. 40-58 et Juliette Dumont, De la coopération intellectuelle à la diplomatie culturelle : les voix/es de l’Argentine, du Brésil et du Chili (1919-1946), thèse d’histoire, dirigée par Laurent Vidal, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, juin 2013, p. 741-744.
11 CPDOC, Arquivo Gustavo Capanema, rolo 17, 12/03/1942, lettre de Gilberto Freyre à Gustavo Capanema.
12 AHI, 542,6, 995/16141, 04/07/1936, lettre d’Ildefonso Falcão à José Carlos de Macedo Soares.
13 AHI, 542,6, 653/9813, 16/11/1935, article du journal Careta.
14 En particulier dans une lettre datant de 1927 (AHI, 276/2/4, 05/09/1927, lettre de Montarroyos à Otavio Mangabeira).
15 Osório Dutra est diplomate de carrière, et a commencé celle-ci en Europe dans les années vingt, notamment en France. Il quitte ce pays en 1943, et est incorporé au personnel du ministère. Il est également membre des académies fluminense et carioca de lettres, suite à la publication d’un certain nombre d’ouvrages (AHI, 1770-35715, 1943-1946, article de journal (non identifié) du 20/07/1944).
16 AHI, Divisão cultural, 135-5-7, 22/03/1945 et 19/10/1945.
17 Dans chaque pays participant aux travaux de l’IICI devait être créée une commission nationale devant représenter la vie intellectuelle nationale et assurant la liaison avec l’Institut.
18 « La musique et la chanson populaires au Brésil ».
19 AHI, 542,6, 464/7040, 28/09/1936, lettre de Jeronymo de Avellar Figueira de Mello à José Carlos de Macedo Soares.
20 Ibid.
21 AHI, 542,6, 464/7040, 28/09/1936.
22 Ibid.
23 AHI, Divisão Cultural, 135-5-6, 06/07/1937.
24 AHI, 78/3/13, 23/10/1933, lettre de Montarroyos à Afrânio de Mello Franco.
25 AHI, Divisão cultural, 135-5-5, 16/11/1938.
26 AHI, 276/2/4, acte de la session de la CNB du 03/01/1929.
27 CPDOC, Arquivo Gustavo Capanema, rolo 17, 12/03/1942, lettre de Gilberto Freyre à Gustavo Capanema.
28 Ainsi, à l’occasion de la remise de la revue Les musées scientifiques, Montarroyos déplore que les musées brésiliens ne lui aient pas fait parvenir d’informations susceptibles d’y figurer (AHI, 78/3/13, 09/03/1934, lettre de Montarroyos à Cavalcanti de Lacerda).
29 AHI, 78/3/13, 19/03/1934, lettre de Montarroyos à Cavalcanti de Lacerda.
30 Ce dernier intègre l’Itamaraty par concours en 1943. Il est affecté à son premier poste à l’étranger en 1946, à Los Angeles.
31 Voir à ce sujet l’article d’Anaïs Fléchet dans le présent ouvrage [p. 319-353].
32 AHI, Divisão Cultural, 135/5/7, Rio de Janeiro, 12/10/1945, rapport de Vinicius de Moraes au chef de la Division de coopération intellectuelle.
33 AHI, 1770/35715, Cooperação intelectual. Relações culturais e artísticas, 1943-1946, Note à propos d’un article du journal La Opinión (Santiago), 09/10/1944, « El Brasil y los problemas de la cultura », par Oreste Plath.
34 Institut d’histoire et de géographie du Brésil (IHGB), Arquivo Hélio Viana, Lata DL1417, Pasta 47, 09/08/1942, article du journal A Manhã, « O Brasil, sua democracia e os problemas da cooperação intellectual », par Ribeiro Couto.
35 IHGB, op. cit.
36 Ibid.
37 Biblioteca de los Maestros (Argentine, Buenos Aires), Boletín de la Unión Panamericana, avril 1933, p. 239-240.
Auteur
Juliette Dumont est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Institut des hautes études d’Amérique latine (université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) et chercheuse au Centre de recherche et de documentation des Amériques (Creda UMR 7227). Ses recherches portent sur l’émergence des diplomaties culturelles argentine, brésilienne et chilienne dans l’entre-deux-guerres, en lien avec les réseaux et pratiques de la Société des Nations et de l’Union Panaméricaine. Elle développe actuellement un projet de recherche sur l’histoire de l’éducation dans l’espace panaméricain au cours de la première moitié du xxe siècle. Elle a notamment publié Diplomatie culturelle et fabrique des identités. Argentine, Brésil, Chili (1919-1946) aux Presses universitaires de Rennes (2018) et fait partie du comité éditorial du projet Transatlantic Cultures – Cultural Histories of the Atlantic World 18th-21st centuries.
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