Histoire culturelle du Brésil ou histoire culturelle à la brésilienne ?
p. 43-58
Texte intégral
1Existe-t-il une histoire culturelle brésilienne ? Ou, pour le dire autrement, quelle est la contribution de l’historiographie brésilienne au champ de l’histoire culturelle ? Cette question peut sembler paradoxale tant le milieu académique brésilien apparaît traditionnellement comme un importateur de théories, au détriment du savoir produit dans les universités locales – et ce, en dépit des évolutions institutionnelles récentes.
2Actuellement, la « culture » occupe une place de choix dans les masters et les formations doctorales en histoire au Brésil, à côté d’autres catégories comme « pouvoir », « société », « travail » ou « ville ». Cette emprise remonte au milieu des années 1990 quand les thèmes dits « culturels » mirent fin à la domination sans partage de l’histoire sociale et politique, qui avait elle-même succédé au long règne de la sociologie historique, de l’histoire économique et de la démographie historique au cours des années 1980. On peut toutefois se demander si l’histoire culturelle a véritablement remplacé l’histoire sociale et politique ou si elle a absorbé ses objets et méthodes. En effet, nombre des nouveaux spécialistes d’histoire culturelle ont été formés en histoire politique et sociale, un champ dont ils ont migré ensuite pour aborder ce nouveau domaine historiographique.
3Dans la première décennie du xxie siècle, la domination de l’histoire culturelle est toujours perceptible, talonnée désormais par la nouvelle histoire politique. L’agenda de la recherche peut être résumé en quelques thèmes et catégories théoriques : circulation et transferts culturels, imaginaire social et politique, histoire de l’édition et de la lecture, histoire et mémoire, vie privée, histoire du quotidien, histoire orale. On perçoit ici l’influence de l’historiographie française sur la production brésilienne. Dans ce cadre, comment penser l’histoire culturelle du Brésil, sans la réduire aux apports théoriques extérieurs ? Existe-t-il une histoire culturelle à la brésilienne ?
4Pour répondre à ces questions, il convient de replacer l’histoire de la culture au Brésil dans un triple contexte. Tout d’abord, le dialogue avec l’histoire culturelle entendue comme un nouveau champ historiographique, consolidé en France au long des années 1980 et comptant de nombreuses ramifications aux États-Unis et en Italie [Ory, 2008]. Ensuite, la tradition culturaliste brésilienne, dont les origines remontent aux années 1930 et dont les développements récents attestent la vivacité. Enfin, les nouvelles tendances historiographiques (thématiques et méthodologiques) en vogue dans les principaux centres de recherches brésiliens.
L’histoire culturelle au Brésil : développement et institutionnalisation
5Le dialogue avec l’histoire culturelle prend deux formes distinctes au Brésil, selon que l’on considère les enseignants-chercheurs déjà insérés dans le milieu académique ou les étudiants inscrits en master et en thèse. Dans le premier groupe, on observe une définition plus nette des objets et des méthodes qui facilite la réflexion sur les conceptions théoriques dominantes. Le second, au contraire, se caractérise par un très grand éclectisme théorique, dans lequel des auteurs d’horizons très divers coexistent parfois dangereusement. Toutefois, ce problème était plus sensible dans les années 1980, car les directeurs de recherche veillent désormais à limiter l’impact des effets de mode conduisant à un éclectisme théorique exagéré.
6Les références théoriques des masters et des thèses en histoire culturelle sont ainsi très homogènes, en dépit de la diversité des sujets abordés. Parmi les noms les plus cités, on trouve pêle-mêle : Roger Chartier, Peter Burke, Robert Darnton, Natalie Zemon Davis, Michel de Certeau et Carlo Ginzburg. D’autres font référence aux travaux de Pierre Bourdieu [Miceli, 2001 ; 2003], dont ils appliquent les analyses du champ social à des phénomènes diachroniques, ou de Norbert Elias [Malerba, 2000 ; Monteiro, 2008]. Et il existe au Brésil des adeptes de Foucault [Rago, 2008 ; Rago et Veiga Neto, 2006] et de Benjamin [Cardoso, 2001], deux auteurs fondamentaux pour la génération formée au début des années 1980.
7Ce corpus bibliographique éclectique, mobilisé souvent dans un seul et même travail, atteste le désir des historiens brésiliens de voir émerger une « grande théorie » qui se substituerait aux modèles du marxisme ou de l’histoire des mentalités. Mais, derrière cette apparente geléia geral brasileira1, pour reprendre l’expression des chanteurs tropicalistes, on distingue une ou plusieurs colonnes vertébrales. Notamment, dans les trajectoires des chercheurs qui pratiquent l’histoire culturelle de manière programmatique.
8Sur le plan institutionnel, le groupe d’Histoire culturelle de l’Association nationale des historiens brésiliens (Anpuh) fut la première expression de cette histoire culturelle brésilienne. Il s’est formé en 2000, à partir de la réunion de deux groupes de recherches en histoire, langages et culture des universités fédérales de Minas Gerais et Rio Grande do Sul. Depuis sa création, ce groupe participe aux séminaires bisannuels de l’Anpuh et organise des colloques sur des thèmes culturels, dont les actes offrent un bon panorama de l’historiographie de la culture au Brésil [Lopes, Velloso, Pesavento, 2006 ; Pesavento, 2003 ; Pesavento, 2004 ; Patriota, Ramos, 2014]. Les chercheurs les plus actifs de ce groupe sont : Rosângela Patriota (histoire du théâtre), Alcides Ramos (spécialiste du cinéma), Maria Izilda Matos (sociabilités urbaines), Sandra Pesavento (littérature), décédée en 2009, Arnaldo Contier (musique) et Mônica Velloso (histoire des intellectuels). Les conférences inaugurales des trois premières rencontres furent assurées par Carlo Ginzburg (2002), Serge Gruzinski (2004) et Sabrina Loriga (2006), témoignant ainsi du dialogue établi avec les chercheurs étrangers. Les thèmes proposés lors des différents congrès sont également révélateurs des connexions existant avec la recherche en histoire culturelle à l’échelle internationale : ainsi, histoire et langage, histoire et images, mémoire, identité et représentations2.
9Comment ce dialogue se traduit-il au sein des universités brésiliennes3 ? Prenons l’exemple de l’université de São Paulo, dont le département d’histoire fournit des enseignants-chercheurs à l’ensemble des institutions du pays. L’histoire culturelle y fit ses premiers pas dans les années 1950, après l’arrivée de Sérgio Buarque de Hollanda au département d’histoire. Cependant, la majorité des recherches menées à l’USP jusqu’à la fin des années 1970 relevaient de l’histoire économique, de l’histoire sociale (ou plutôt d’une sociologie historique des classes sociales) et de la démographie historique. Au cours de la décennie suivante, deux ouvrages contribuèrent à diversifier l’ancrage thématique du département : Literatura como Missão de Nicolau Sevcenko et O Diabo na Terra de Santa Cruz de Laura de Mello e Souza [Sevcenko, 1982 ; Mello e Souza, 1986]. Le premier traitait de l’engagement politique de deux écrivains, Lima Barreto et Euclides da Cunha, qui dénoncèrent l’oligarchie républicaine au tournant des xixe et xxe siècle. Le second analysait les mentalités et les pratiques religieuses déviantes des premiers colons de l’Amérique portugaise. Ces deux ouvrages, qui connurent un égal succès public et critique, ouvrirent de nouvelles pistes de recherches dans le domaine des relations entre histoire et littérature et dans la perspective d’une histoire des mentalités qui dépasse les paradigmes de la longue durée et de « l’inconscient collectif », grâce à un dialogue précoce avec Carlo Ginzburg, dont les œuvres n’étaient pas encore publiées au Brésil. Toutefois, Nicolau Sevcenko et Laura de Mello e Souza reprenaient également des thèmes classiques, d’une part, de la critique et de la sociologie littéraire brésilienne menée par Antônio Candido et, d’autre part, de l’histoire de la culture et de l’imaginaire colonial ébauchée par Sérgio Buarque de Hollanda, établissant ainsi un dialogue organique avec deux grands classiques des sciences humaines au Brésil.
10Toujours dans les années 1980, le département d’histoire de l’université de São Paulo accueillit des spécialistes des questions culturelles, comme Arnaldo Contier (histoire et musique), Marcos Silva (histoire et image), Ulpiano Bezerra de Meneses (culture matérielle) et José Carlos Sebe (histoire orale). Dans les années 1990, un noyau important de spécialistes d’histoire politique et d’histoire des idées migra vers une histoire politique de la culture. Cette inflexion est particulièrement visible dans les trajectoires de Maria Helena Capelato et Maria Lígia Prado, qui ont contribué au développement du centre de recherche sur l’histoire des Amériques de l’université de São Paulo [Capelato, 1998 ; Prado, 1999]4. Ce laboratoire réunit aujourd’hui quelques dizaines de professeurs et doctorants dans un projet collectif axé sur des problématiques empruntées à l’histoire culturelle : représentations, circulations, transferts culturels et histoires connectées. Par ailleurs, le département d’histoire accueille des grands noms de l’histoire culturelle, comme Elias Saliba [Saliba, 2002], pionnier des études historiques sur l’humour au Brésil, Francisco Alambert, spécialiste des arts plastiques, et Gabriela Pellegrino, dont les travaux sur l’histoire de la lecture font aujourd’hui référence au Brésil [Pellegrino, 2007 ; Alambert et al., 2004].
11Au terme de cette brève synthèse, nous pouvons donc considérer que l’histoire culturelle s’est développée au Brésil pendant les années 1990 en dialogue avec des chercheurs étrangers contemporains [Novais, Mello e Souza, Alencastro, Sevcenko, 1997-1999] et des auteurs classiques brésiliens. Indépendamment de leur nationalité, les spécialistes d’histoire culturelle jouirent d’un accueil favorable dans le milieu éditorial brésilien. À cet égard, les maisons d’édition Brasiliense, Companhia das Letras et Paz e Terra (sises à São Paulo et Rio de Janeiro) furent les premiers promoteurs et les principaux bénéficiaires du boom éditorial de l’histoire culturelle.
12Cependant, l’analyse historique de la culture ne saurait se limiter aux seuls historiens et couvre un champ bien plus vaste du milieu académique brésilien. Si les historiens brésiliens se sont intéressés à la culture de manière assez tardive, en dépit de l’œuvre pionnière de Sérgio Buarque de Holanda [Holanda, 1958], la relation entre histoire et culture a donné lieu à de nombreux travaux dans d’autres disciplines, créant des traditions, toujours présentes et influentes à l’heure actuelle.
Une histoire culturelle à la brésilienne ?
13Le terme « culture » joua un rôle majeur dans les évolutions du milieu intellectuel brésilien à partir des années 1920, notamment dans les débats sur le processus historique de construction nationale. Le modernisme brésilien fut à l’origine d’une vogue nouvelle pour les essais sur la culture nationale, dont témoigne notamment Sérgio Buarque de Hollanda, moderniste de la première heure, habitué des bars et fin connaisseur des sociabilités intellectuelles de l’époque. Dans ce cadre, deux auteurs ont participé à la formation d’une histoire culturelle à la brésilienne, entendue ici au sens large : Gilberto Freyre et Antônio Cândido. Les puristes pourraient objecter qu’un anthropologue et un critique littéraire ne sauraient figurer dans la liste des pionniers d’une histoire culturelle. Pourtant, l’influence de ces deux auteurs se fait encore sentir tant dans le choix des thèmes que dans la réflexion générale sur les relations entre culture et société au Brésil. Surtout, les œuvres de Gilberto Freyre et Antônio Candido comportent une dimension programmatique, visant précisément à établir une histoire culturelle du Brésil – à la brésilienne.
14À partir de la parution de Casa Grande & Senzala (Maîtres et Esclaves en français [1952]) en 1933, Gilberto Freyre a développé une réflexion originale dans le champ de l’anthropologie historique et culturelle, se distinguant à la fois de l’évolutionnisme et du structuralisme naissant. Ses paradigmes explicatifs sur le rôle du patriarcat et du métissage dans la formation du Brésil ont donné lieu à des formulations idéologiques simplifiées, qui en ont fait une référence centrale dans les conceptions autoritaires de la Nation pendant l’ère Vargas (1930-1945) et la dictature militaire (1964-1985) au Brésil et sous le régime de Salazar au Portugal (1932-1974). Cette appropriation politique, alliée à l’utilisation des concepts polémiques de « démocratie raciale » et « démocratie sociale », a nui à la réception critique de ses travaux. Ainsi, les pionniers de la dite « école sociologique pauliste », menée par Florestan Fernandes, condamnèrent à de multiples reprises les paradigmes avancés par Freyre pour expliquer les « spécificités » et les « vertus » de la « civilisation tropicale brésilienne », à savoir l’héritage politique et culturel du patriarcat et de l’esclavage [Fernandes, 1964]. Pour toutes ces raisons, Freyre fut mis à l’index par les intellectuels et les étudiants progressistes dans les années 1970 et 1980, malgré les efforts réalisés par certains anthropologues pour gauchiser ses théories de la brasilianité – à l’image de Darcy Ribeiro [Ribeiro, 1972 ; 1995]. Ce n’est que dans les années 1990 que son œuvre fut redécouverte, épurée de ses formulations idéologiques les plus problématiques. Les problématiques de Freyre inspirèrent à nouveau des recherches sur des sujets divers, comme la famille et la culture des esclaves ou, dans une perspective plus contemporaine, la samba étudiée par l’anthropologue Hermano Vianna [Florentino et Goes, 1997 ; Vianna, 1995]. Il est vrai que Freyre, dès ses premiers écrits, annonçait déjà des thèmes consacrés ensuite par la recherche universitaire [Freyre, 1933 ; 1936 ; 1957] : le quotidien, la sexualité, la famille, l’alimentation, la vie privée. Si son regard sur ces thèmes est celui d’un essayiste libre, prêtant le flanc à la critique, il n’en demeure pas moins un véritable pionnier en ce domaine.
15De son côté, Antônio Cândido demeure une référence inégalée pour penser la littérature brésilienne [Cândido, 2000]. Il a influencé des générations de critiques, d’étudiants et de chercheurs en littérature et en histoire de l’art, parmi lesquels on retrouve Ismail Xavier (cinéma), Roberto Schwarcz (littérature) et José Miguel Wisnik (littérature et musique), trois auteurs fondamentaux pour comprendre l’histoire culturelle brésilienne [Xavier, 1992 ; Schwarcz, 1976 ; Wisnik, 2004]. Sociologue de formation, Cândido proposa une analyse subtile de la relation entre l’art et la société, qui évitait à la fois les écueils du déterminisme sociologique et de l’esthétisme subjectiviste. Selon lui, l’œuvre d’art joue un rôle fondamental dans le devenir social, bien au-delà de la biographie des auteurs et du système d’idées auxquels ils se réfèrent. Dans son ouvrage le plus connu, Formation de la littérature brésilienne, il poursuit la quête d’une culture nationale – question en vogue dans les années 1950 – mais sans la réduire à un nationalisme esthétique. Il propose ainsi deux catégories pour penser l’histoire culturelle : la « formation » (diachronique) et le « système » (synchronique). La tension entre ces deux pôles constitue le point de départ de son analyse des œuvres d’art, qu’il s’agisse de chefs-d’œuvre ou de médiocres productions, comme autant de manifestations de projets, de contradictions et de relations sociales. La poursuite de cette ligne de recherche le conduisit à nuancer son propre nationalisme initial, dans des articles fondamentaux comme « Littérature et sous-développement » et « Dialectique de la malandragem » écrits au seuil des années 1970 [Cândido, 1970-1972-1989].
16Sérgio Buarque de Hollanda, Gilberto Freyre et Antônio Cândido sont les pionniers de l’histoire culturelle à la brésilienne. Bien entendu, ils possédaient chacun des références intellectuelles diverses – européennes et nord-américaines notamment – et entretinrent des dialogues fructueux avec des auteurs étrangers tout au long de leur vie. Il n’en demeure pas moins que leurs œuvres, aussi différentes fussent-elles sur les plans méthodologique et idéologique, furent pionnières et contribuèrent à nourrir le champ de l’histoire culturelle, entendu ici au sens strict, au Brésil. Et ce, bien que la difficulté à systématiser des théories et des méthodes sans l’intervention d’une autorité étrangère – entendons, des théoriciens consacrés par les systèmes universitaires et les marchés éditoriaux du Premier Monde – ait nui à l’appropriation de ces auteurs au Brésil même. En outre, le fait que les œuvres de ces trois classiques brésiliens aient été originellement écrites en portugais, une langue marginale dans la circulation académique internationale, limita considérablement leur diffusion. En bref, nous aimerions suggérer ici, de manière un tant soit peu provocatrice, que le milieu académique brésilien possède une longue tradition en histoire culturelle, antérieure au tournant culturaliste des années 1990, qui attend encore d’être systématisée pour contribuer non seulement à l’histoire culturelle du Brésil, mais à l’histoire culturelle en général.
17En d’autres termes, il pourrait bien exister un ensemble de concepts, de catégories et de méthodes contribuant à ce champ de connaissance, au-delà des contraintes institutionnelles imposées par l’université et de l’isolement linguistique du milieu académique brésilien. Un isolement qui ne se manifeste pas uniquement vis-à-vis des grands centres universitaires européens ou nord-américains, mais également face aux centres universitaires d’Amérique latine, dont la production est loin d’être mineure, en dépit des efforts menés par certains gouvernements latino-américains pour détruire l’université publique.
Frontières et objets de l’histoire culturelle
18Pour finir, nous présenterons les principales tendances, dilemmes et débats théoriques en cours dans le domaine de l’histoire culturelle au Brésil à partir de trois questions emblématiques : le tracé des frontières entre les différents domaines historiographiques, le défi de l’interdisciplinarité et l’analyse des langages et de l’œuvre d’art comme document historique.
19Quelles sont les frontières de l’histoire culturelle ? Au Brésil, environ 80 % de la production historiographique actuelle est liée à des pratiques et à des objets culturels. Toutefois, le pourcentage des travaux en « histoire culturelle » au sens strict est bien moins important. En effet, nombre des recherches sur des objets culturels relèvent de l’histoire sociale et de l’histoire politique. La recherche sur la culture des classes populaires, sur les relations de genre ou sur l’histoire des villes reste ainsi tributaire du renouveau de l’histoire sociale opéré dans les années 1980 sous l’influence du marxisme anglais – en particulier de Christopher Hill et Edward P. Thompson – diffusé au Brésil à partir du département d’histoire de l’université de Campinas. Quant à l’histoire politique, encore très importante dans le milieu académique brésilien, elle est passée par une série de transformations, délaissant l’histoire des idées et des sociabilités politiques (État, partis, groupes idéologiques, institutions), pour adhérer au projet d’une « nouvelle histoire politique » dans la lignée de Pierre Rosanvallon et de Maurice Agulhon, portant l’accent sur les représentations du politique [Carvalho, 1989]. Dans ce cadre, les thèmes les plus étudiés sont : les mythologies politiques, les imaginaires, la propagande, les projets collectifs de transformation, les luttes sociales, les politiques culturelles, les mémoires et les identités politiques. L’ensemble de ces recherches entend rompre à la fois avec une conception traditionnelle de l’histoire politique héritée du xixe siècle et avec l’influence du marxisme orthodoxe, qui reléguait le politique au rang d’une superstructure déterminée intégralement par l’économique et le social. Au sein de cette nouvelle histoire politique, on note également une propension à l’exploration des relations entre l’histoire, la culture, le pouvoir, les sentiments et les identités politiques [Bresciani et Naxara, 2001 ; Seixas, Bresciani, et Brepohl, 2002].
20Comment relever le défi de l’interdisciplinarité ? Depuis ses débuts, l’histoire culturelle nourrit un dialogue avec l’anthropologie, dans plusieurs de ses branches. Au Brésil, les travaux de Marshall Sahlins et de Clifford Geertz eurent un fort impact dans la communauté historienne et contribuèrent à relancer le dialogue avec les anthropologues, qui avait été banni sous le règne des fonctionnalistes et des structuralistes [Sahlins, 1989 ; Geertz, 1986 ; 1998]. Geertz et sa « description dense » sont constamment cités par les historiens, qui se posent en « auditeurs » privilégiés des clameurs du passé, des sujets réduits au silence et de « l’histoire des vaincus » telle qu’elle s’est développée au Brésil dans les années 1980 à partir de la publication du livre d’Edgar de Decca, O Silêncio dos Vencidos (« Le silence des vaincus ») [Decca, 1980]. La perspective politique et idéologique de ce projet historiographique s’est diluée avec le temps, au rythme des crispations conservatrices de la société brésilienne et de la marginalisation de la classe ouvrière comme sujet historique et thème de recherche. Des recours à « l’histoire à rebrousse-poil » de Walter Benjamin, les historiens brésiliens sont passés à une herméneutique des réseaux de sens construits dans le passé, jugés seuls à même de révéler les subjectivités occultées et les perceptions plurielles de la société. C’est alors que Geertz entre en scène. Au risque que la « description dense » soit plus descriptive que dense, et de retomber ainsi dans une vieille histoire positiviste appliquée désormais au « fait culturel » et non plus « au fait politique ».
21Le dialogue avec la sociologie est plus rare dans le milieu historiographique brésilien actuel, surtout avec la sociologie dite classique – les cultural studies ont bien sûr un impact, mais au Brésil celui-ci s’est fait sentir surtout dans les départements de communication et de lettres [Escosteguy, 2001]. Toutefois, on trouve plusieurs références à Bourdieu et à Norbert Elias dans les travaux des jeunes chercheurs brésiliens au début des années 2000. Les emprunts à la sociologie sont également fréquents dans le domaine de l’histoire intellectuelle. Ainsi, la notion de sociabilité intellectuelle a connu une forte croissance ces dernières années. Il existe, par ailleurs, des sociologues qui produisent une bonne histoire culturelle, même si les analyses diachroniques et les rapports entre histoire et mémoire ne sont pas toujours très approfondies. Les travaux de Sérgio Miceli – principal disciple de Bourdieu au Brésil – sur les intellectuels et le pouvoir ou sur le modernisme brésilien constituent de bons exemples de la manière dont la sociologie historique peut contribuer au développement de l’histoire culturelle en tant que telle [Miceli, 1979 ; 2003]. Dans un autre registre, le sociologue Marcelo Ridenti a permis le développement des études historiques sur la culture de gauche au Brésil, dans une perspective plus proche du marxisme [Ridenti, 2000].
22La question des langages et de l’œuvre d’art comme document historique constitue un autre défi pour l’historien, depuis longtemps soucieux d’intégrer la critique du discours à ses tâches. Un temps restreinte à la sémiologie et à la linguistique, l’analyse des langages a évolué vers la construction d’outils théoriques et méthodologiques destiné à la critique des sources historiques non-écrites. Ainsi, l’utilisation de sources iconographiques, audiovisuelles et musicales est de plus en plus fréquente dans l’historiographie brésilienne depuis la fin des années 1990. En outre, ces langages sont devenus des objets de recherche en tant que tels, mettant au défi les historiens, formés à la critique des documents écrits, d’inventer de nouvelles méthodes d’analyse. L’émergence de ces nouveaux objets rend nécessaire la maîtrise de différents langages et la construction d’une méthode d’analyse qui respecte la spécificité de l’art considéré. Elle exige, par ailleurs, une réflexion sur les conditions de possibilités et les limites du regard historique sur l’art comme source et objet. En d’autres termes, il s’agit de définir le travail de l’historien vis-à-vis du critique littéraire, du critique d’art et du musicologue, et de penser le rapport entre l’histoire culturelle de l’art et la traditionnelle histoire de l’art [Napolitano, 1999]. Comment mener une analyse historiographique de l’œuvre d’art qui ne soit ni une mauvais critique artistique ni une réduction de l’œuvre à son contexte ? Les réponses à ces questions sont bien moins simples qu’il n’y paraît au premier abord. Pour analyser une œuvre dans sa matérialité esthétique et son langage constitutif, il convient, en effet, de tenir compte à la fois du contexte (porte de sortie traditionnelle pour les historiens), des auteurs (artistes, intellectuels) et des consommateurs (réception).
23L’étude des relations entre l’art et la société constitue une des tendances les plus fortes de l’histoire culturelle brésilienne. Elle est à l’origine de la création de deux groupes de recherche spécialisés (le groupe d’Histoire culturelle de l’Anpuh déjà cité et le groupe d’Histoire et d’audiovisuelle qui officie à partir de l’université de São Paulo) [Capelato, Napolitano, Morettin, Saliba, 2007], ainsi que de plusieurs réseaux plus ou moins formalisés, comme le groupe « Histoire et musique » qui a émergé lors des dernières rencontres de l’Anpuh. La revue Artcultura, publiée par l’université fédérale d’Uberlândia, est une des expressions scientifiques les plus emblématiques de ce courant5. Dans ce domaine, les historiens utilisent des sources artistiques pour composer une « histoire politique de la culture » (ou une histoire culturelle du politique) allant au-delà de l’analyse des imaginaires et des idéologies : ils entendent rendre compte des tensions propres à l’œuvre d’art en tant que facteur d’intervention politique, sans la réduire pour autant aux intentions de ses créateurs ou aux relations directes avec le « contexte ». Dans les travaux les plus récents, les œuvres d’art apparaissent fréquemment comme les négations dialectiques des intentions et projets de leurs auteurs ou des ingérences du « fait social » sur le « fait esthétique ». L’ouverture des masters et doctorats en histoire aux étudiants formés dans d’autres disciplines (arts plastiques, cinéma et musique notamment) a largement contribué au développement de ce champ de recherche6.
24Pour finir, nous risquerons quelques affirmations. En premier lieu, l’histoire culturelle à la brésilienne a été influencée non seulement par l’histoire culturelle française, mais également par d’autres traditions dont les cultural studies, la microstoria, le marxisme anglais et la sociologie de la culture inspirée de Norbert Elias et Pierre Bourdieu. En outre, la recherche brésilienne est tributaire d’une lignée de classiques nationaux, comme Sérgio Buarque de Hollanda, Antônio Cândido et Gilberto Freyre. Bien que leur héritage ne soit pas toujours reconnu, ces derniers sont à l’origine d’une longue tradition de réflexion sur l’histoire de la culture au Brésil, avant même la vogue de l’histoire culturelle. Aujourd’hui, l’histoire culturelle à la brésilienne se distingue par une double tentative de rénover l’histoire politique et l’histoire de l’art. Selon nous, cette tendance, dont les origines remontent au milieu des années 1990, est fructueuse et donne lieu à des recherches pertinentes surtout quand elle est associée à une analyse politique de la vie culturelle et artistique.
25Paradoxalement, l’histoire de l’historiographie brésilienne n’est pas encore aussi avancée au Brésil que ce que l’histoire d’autres sciences humaines, comme la sociologie, les études littéraires et l’anthropologie. L’absence relative de synthèses critiques sur les principales tendances de l’histoire culturelle brésilienne rend tout effort de systématisation risqué. Aussi ce texte se veut-il plutôt un croquis qu’une cartographie précise permettant de localiser précisément « où est l’histoire culturelle du Brésil ».
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Littéralement « la gelée générale brésilienne », l’expression désigne en fait le phénomène de métissage culturel (NDLT).
2 Les activités du groupe de recherche sont consultables sur internet : http://www.anpuh.org/gt/view?ID_GT=8
3 Étant donné la place prise par l’histoire de la culture et par l’histoire culturelle dans les programmes de masters et les formations doctorales des universités brésiliennes, cet article ne peut prétendre à l’exhaustivité et ne vise qu’à donner un premier aperçu de l’état de ce champ historiographique au Brésil. En 2017, on dénombrait 62 programmes de master et doctorat en histoire au Brésil, dont la plupart comprenaient un axe de recherche consacré à la « culture ». Cependant, rares sont les centres qui utilisent le terme « culture » à titre principal, comme le programme « Histoire sociale de la culture » de la Pontifícia Universidade Católica de Rio de Janeiro qui a développé une histoire sociale en dialogue avec l’histoire des arts, l’historiographie la philosophie de la culture et l’histoire de l’architecture.
4 Les auteurs, formés à l’école de l’histoire politique et de l’histoire des idées, inscrivent ici leurs recherches dans le champ de l’histoire politique de la culture. Actuellement, elles dirigent le programme de recherche « Culture et politique dans les Amériques : circulation d’idées et configurations identitaires (xixe et xxe siècles) » financé par la Fapesp (Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo) qui réunit 24 chercheurs (professeurs, post-doctorants, doctorants et étudiants de master).
5 Cette revue est accessible sur internet à l’adresse suivante www.artcultura.inhis.ufu.br
6 À titre d’exemple, ces trois thèses défendues au sein du département d’histoire de l’université fédérale du Paraná : Freitas Artur, « Contra-arte:vanguarda, conceitualismo e guerrilha (1969-1973) » en 2006 ; Kaminski Rosane, « Poética da Angústia: história e ficção no cinema de Silvio Back (1960-1970) » en 2008 ; et Reis Paulo, « Exposições de Arte : vanguarda e política entre os anos de 1965 a 1970 » en 2003.
Auteurs
ORCID : 0000-0002-5336-2350
Marcos Napolitano est professeur d’histoire à l’université de São Paulo et a été professeur invité à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle) en 2009. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire politique et culturelle du Brésil, dont Seguindo a canção. Engajamento político e indústria cultural na MPB (1959-1969) (São Paulo, Annablume, 2001), Coração Civil: a vida cultural brasileira sob o regime militar (São Paulo, Editora Intermeios, 2017) et 1964: História do regime militar brasileiro (São Paulo, Editora Contexto, 2014).
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