Chapitre II. L’organisation régionale
p. 164-193
Texte intégral
1 – POIDS DES VILLES ET HIÉRARCHIE URBAINE
1Le critère le plus communément employé pour comparer le poids des villes est tout simplement leur population ; ce critère démographique n’est pas à dédaigner.
2Pour mesurer l’influence des villes sur leurs régions et leur hiérarchie, on peut employer deux méthodes : la première est abstraite, statique ; elle consiste à établir un classement d’après les équipements existant dans chaque ville. La deuxième, plus concrète et dynamique, est complémentaire ; connaissant les équipements, il faut ensuite mesurer l’importance et le rayonnement spatial des flux ou relations de toutes natures émanant de chaque ville ou y aboutissant ; la comparaison des résultats permet d’établir une hiérarchie urbaine et de délimiter des zones d’influence...
3En fait la première méthode est souvent décevante ; si la documentation existante permet d’établir assez facilement un catalogue des équipements existant dans chaque ville, comment peut-on distinguer dans la majorité des cas la finalité de ces équipements, opposer ceux qui servent exclusivement à la ville elle-même et ceux destinés également à une influence régionale ? D’autre part il s’avère que le même équipement peut recouvrir des types de relations ville-région très différents.
4La deuxième méthode, plus intéressante, nécessite des recherches très poussées sur des données difficiles à obtenir, sauf cas exceptionnels. Les résultats obtenus sont fragmentaires ou limités à un certain nombre de villes ; ils montrent en fait l’extrême complexité des flux, leurs croisements, leurs interférences autant que leurs convergences ; de plus la vigueur et la rapidité des changements ne facilitent pas la tâche du géographe.
A – Seuils d’équipements des villes
5Sachant que les équipements augmentent en nombre et en diversité depuis la base de la hiérarchie urbaine, il nous fallait d’abord chercher à déterminer une grille théorique des seuils d’équipements, en montrant le nombre des municipes (sur un total de 485 en 1960) possédant tel ou tel équipement dans les domaines suivants : le commerce de gros et la distribution de produits industriels, les banques, certains services administratifs, l’enseignement secondaire et supérieur, la santé, les moyens d’information et les transports (les données utilisées datent de 1958 à 1964 suivant les cas) ; en ce qui concerne la distribution de produits industriels, on a utilisé le critère retenu par le Conseil national de Géographie, en considérant 25 produits industriels distribués par les plus grandes firmes à rayonnement national (505).
6Si ces données sont comparées avec le nombre des Municipes, dont le chef-lieu possède une population urbaine supérieure à 25 000, 10 000, 5 000 ou 2 000 habitants, le graphique (fig. 52) nous montre des seuils moyens pour l’ensemble de l’Etat, car il faut se rappeler les graves disparités régionales existant dans l’Etat :
C’est le dentiste “praticien” c’est-à-dire non diplômé, qui apparaît dans les agglomérations les plus petites.
Dans les agglomérations de 2 000 à 5 000 habitants, c’est-à-dire dans des “bourgs”, apparaissent successivement un cours secondaire quelconque, un médecin ; puis un dentiste “formé” c’est-à-dire diplômé, un bureau bancaire, un établissement de commerce en gros, le siège de la “Comarca” avec un tribunal ; enfin une agence bancaire, un “Ginasio” c’est-à-dire un établissement d’enseignement secondaire du 1er cycle et la gare (213 Municipes sont desservis par la voie ferrée).
A partir de 5 000 habitants, l’équipement du bourg s’étoffe grâce à la présence de plusieurs grossistes, de deux médecins ou plus, d’un bon dispensaire ou d’un hôpital rudimentaire, d’une école normale pour la formation d’instituteurs et la publication d’un journal...
A partir des villes de 10 000 habitants apparaît un nouveau niveau, marqué par une dizaine ou plus de grossistes, des distributeurs de produits industriels, des concessionnaires de marques automobiles, quelques services administratifs (circonscriptions agricoles, département des routes etc.), un collège complet, un hôpital comportant une centaine de lits, des médecins spécialistes (les premiers à apparaître sont les gynécologues, pédiatres et oto-rhino-laryngologistes), un journal hebdomadaire, un poste émetteur de radio et un aéroport.
A partir de 25 000 habitants, tandis que tous les équipements précédemment énoncés se renforcent, des équipements nouveaux apparaissent comme le siège d’une banque régionale, d’autres services administratifs, une école d’enseignement supérieur, un journal quotidien et les transports en commun à l’intérieur de la ville.
Enfin au niveau des villes de 70 000 habitants et plus, peuvent apparaître de véritables Universités, des agences de grandes compagnies d’assurances, un poste émetteur de télévision.
B – Classement des villes
7Cette grille des seuils d’équipement nous a permis de préparer un barème, en attribuant dans le sens vertical les plus faibles coefficients aux équipements les plus communs et les coefficients les plus élevés aux équipements les plus rares ; mais il a fallu également dans le sens horizontal pondérer l’importance relative attribuée à chaque branche d’équipement pour respecter la cohésion générale du classement :
8Ainsi nous avons accordé :
1/2 point pour chaque médecin ;
1 point pour un cours secondaire et la Comarca ;
2 points par médecin spécialiste ;
3 points pour une agence bancaire et la présence de services administratifs tel que : sièges des circonscriptions agricoles (du Secrétariat de l’Agriculture), des circonscriptions de la CAMIG (Companhia Agricola de Minas Gerais), du département des Routes d’Etat (D.E.R.M.G.), Directions régionales des Postes et Télégraphes, garnisons de la Police militaire ; 3 points également pour un poste émetteur-radio et la publication d’un journal hebdomadaire ou bi-mensuel ;
4 points pour chaque produit industriel distribué par les grandes firmes et la publication d’un journal plusieurs fois par semaine ;
5 points pour le siège d’une banque ayant des agences et chaque école d’enseignement supérieur ;
6 points pour un journal quotidien et 8 points enfin pour un poste émetteur de télévision.
9Les critères que nous avons adoptés sont sensiblement différents de ceux adoptés par le Conseil national de Géographie dans sa dernière tentative (505).
10En effet le conseil désirait cerner à l’échelle brésilienne les métropoles régionales et les centres régionaux, tandis que notre barème cherche à classer les villes à l’échelle d’un Etat.
11Le tableau no 27 indique le classement obtenu pour 72 villes de l’Etat, ayant plus de 9 000 habitants en 1960. La capitale Belo Horizonte mise hors concours n’apparaît pas sur ce tableau.
C – Hiérarchie et Spécificité des villes
12Pour essayer de montrer la hiérarchie et la spécificité des villes de l’Etat pour la période 1960-1964, le graphique (fig.53) réunit le classement suivant : les équipements (tableau No 27) et les effectifs employés dans l’industrie et l’extraction en 1960.
13Sur ce graphique où n’apparaissent pas Belo Horizonte, Juiz de Fora et Uberaba, les villes semblent s’orienter suivant deux lignes de force différente :
à gauche du bas vers le haut d’Almenara (Alm) à Montes Claros (MC), quand la population des villes augmente, les équipements sont de plus en plus importants et parallèlement les effectifs industriels augmentent aussi (jusqu’à un seuil de 1 000 employés environ) on peut en déduire que les effectifs industriels, peu importants par rapport à la population totale, sont liés à l’action régionale des villes (industries alimentaires, matériel de construction, conditionnement des produits agricoles).
A droite au contraire, au-delà de ce seuil de 1 000 employés, d’Itajubá (IT) ou de Sete Lagoas (7L) jusqu’à Monlevade, Nova Lima ou Sabará, Caeté, plus les effectifs industriels augmentent, moins les équipements sont importants : ce qui montre ici la prédominance d’industries spécifiques (textiles, sidérurgie, extraction minérale, etc.) ayant peu de rapports avec la zone rurale environnante. On passe ainsi d’un groupe de villes à activités multipes comme Itajubá, Divinópolis, Sete Lagoas etc., à deux villes industrielles spécialisées : Itaúna (sidérurgie) et Cataguazes (textiles) pour arriver aux deux grandes Company Towns : Nova Lima (mines d’or) et Monlevade (compagnie sidérurgique “Belgo-Mineira”) ; on remarquera également un groupe de petites villes à prédominance industrielle de 2 000 à 3 000 employés : Itabira, Sabará, Caeté, Ouro Preto qui sont des villes historiques, doublées d’une Company Town et d’installations minières.
14Comparons les résultats obtenus par ce graphique avec le classement de la hiérarchie des villes en 1950 (graphique fig. 36) :
en dessous de Belo Horizonte devenue véritable métropole régionale (voir plus loin chap. II - 2 - A3 - l’influence de Belo Horizonte), Juiz de Fora occupe toujours la 2e place (366 points et 10 111 employés dans l’industrie) mais l’écart s’est creusé vis-à-vis de la capitale de l’Etat, tandis que les poursuivants se sont rapprochés : Uberaba (223 points et 1 859 employés industriels) est toujours talonné par Uberlandia, tandis que Governador Valadares est devenu lui aussi un grand centre régional. Au total quatre grands centres régionaux, dont nous étudierons ensuite l’influence régionale assez différente (voir chap. II - 2 B).
Dans le lot des centres régionaux on notera l’opposition entre les centres peu industrialisés (la majorité) et quelques centres plus industriels, tels Itajubâ, Barbacena, Divinópolis, on notera également la promotion depuis 1950 de nouveaux centres régionaux : Varginha, Patos, Ituiutaba et Divinópolis.
Les villes rencontrées plus bas dans la hiérarchie urbaine peuvent être appelées centres sous-régionaux ou centres intermédiaires comme précédemment. On retrouve ici la même opposition entre les nombreux centres peu industrialisés (de Caratinga à Passos et d’Ubé à São Sebastiâo do Paraiso) appelés en 1950 centres de services intermédiaires et les centres intermédiaires industriels, tels Sete Lagoas, Conselheiro Lafaiete, Coronel Fabriciano - Ipatinga (en 1964, mais non en 1960), Leopoldina, São Joâo del Rei et Curvelo. Le cas de promotion le plus rapide est évidemment celui de Coronel Fabriciano - Ipatinga, tandis que Caratinga et São Joâo del Rei ont rétrogradé.
Parce qu’il faut bien tracer une limite, les villes seraient considérées comme des centres locaux à partir de 42 points ; c’est là qu’apparaissent les plus grandes différences en ce qui concerne l’équipement industriel, puisqu’un peloton important de centres locaux n’atteint pas le seuil de 500 employés industriels, tandis que 9 dépassent 2 000 employés... d’autre part cette catégorie s’échelonnant de 42 à 7 points comprend la grande majorité des agglomérations de l’Etat, dont la population est comprise entre 9 000 et 5 000 habitants (et même souvent en dessous de 5 000 habitants) ; pour plus de précision il faudrait distinguer les centres locaux bien équipés, comme par exemple Patrocinio et Três Coraçoês et des centres locaux très mal équipés comme Piüi ou Almenara ; ce classement peut dépendre de la hiérarchie, mais souvent des disparités régionales : ainsi par rapport à l’équipement de l’Etat, Paracatu, Pirapora, Januaria, Nanuque et a fortiori Almenara apparaissent comme peu ou très mal équipés, mais ce sont les seuls centres locaux importants de leurs zones respectives... caractérisées par de grandes inégalités sociales et un faible niveau de vie.
15La carte (fig. 54) montre la répartition géographique des différents types de villes.
16Il est intéressant également de pouvoir comparer nos résultats pour la période de 1960-1964 avec ceux obtenus par le Conseil national de Géographie dans sa dernière tentative (505).
17Les centres régionaux, en dessous de la métropole régionale, Belo Horizonte, y sont classés en quatre catégories :
Centres super équipés : Juiz de Fora, Uberlandia.
Centres équipés : Uberaba, Governador Valadares.
Centres sous-équipés : Montes Claros, Varginha et Muriae.
Centres disposant d’un équipement irrégulier : Barbacena, Poços de Caldas, Divinópolis, Teofilo Otoni, Patos et Ituiutaba.
18Quelles sont les divergences existant entre les deux classements ? Muriae a été inclus dans la liste des centres régionaux, mais au contraire Itajuba, Araguari et Ponte Nova n’y apparaissent pas comme sur notre liste...
19Pour les centres sous-régionaux, les différences entre les deux listes sont les suivantes : le classement du Conseil national de Géographie n’a pas retenu les villes de São Joâo del Rei, Passos, Diamantina, Guaxupé, Oliveira et São Sebastiâo do Paraiso ; de notre côté nous n’avons pas inclus Patrocinio ; en ce qui concerne les deux villes de Manhuaçu et de Manhumirim, ce sont deux petites villes distantes de 15 km seulement aux activités et équipements complémentaires ; l’ensemble peut être considéré comme un centre sous-régional.
2 – L’INFLUENCE DES MÉTROPOLES ET DES CENTRES RÉGIONAUX
20Pour comprendre l’organisation régionale de l’Etat, nous avons d’abord cherché à montrer l’hétérogénéité du milieu géographique, c’est-à-dire les profondes disparités régionales aggravées par les inégalités sociales. Ensuite nous avons mesuré le poids relatif des équipements urbains les plus significatifs pour pouvoir saisir les grands traits de la hiérarchie urbaine. Il nous reste la tâche la plus délicate : analyser dans la mesure du possible les flux et les relations de toutes natures montrant l’intensité et l’aire d’influence des villes qui dominent l’Etat, c’est-à-dire les deux Métropoles nationales : Rio de Janeiro et São Paulo et la Métropole régionale : Belo Horizonte.
A – L’INFLUENCE DES MÉTROPOLES
21Sur des distances plus ou moins lointaines, l’influence des Métropoles se marque dans six domaines principaux :
La Collecte de produits agricoles bruts ou conditionnés, de produits minéraux bruts ou de produits industriels semi-finis, destinés à l’exportation ou à la consommation interne, après ou sans transformation industrielle. Parallèlement la Redistribution de produits fabriqués importés ou nationaux, grâce à des réseaux commerciaux intégrés ou par le canal d’une cascade d’intermédiaires.
Le drainage plus ou moins rapide des populations, des compétences et des capitaux.
La fourniture de services de niveau supérieur dans les domaines les plus variés : santé, enseignement, distractions, achats spécialisés etc.
Les fonctions de Commandement : l’Administration fédérale et celle de l’Etat, réseaux bancaires et investissements, commandement industriel (il faudrait citer également la hiérarchie religieuse).
22Toutes ces activités complexes peuvent être suivies grâce à des indicateurs directs, mais souvent difficiles à obtenir, tels que les flux de marchandises, les réseaux commerciaux, les migrations de population, l’organisation administrative, les salariés externes ou les mouvements de capitaux. Il reste que deux autres secteurs peuvent fournir également des indicateurs indirects précieux :
Le secteur des moyens d’information ou mieux des “moyens de Pression” : presse, radio, télévision.
L’ensemble des transports et des télécommunications : voies ferrées, lignes d’autobus, téléphone, transport d’énergie électrique.
23Les liaisons entre le Minas et Rio de Janeiro ont été de tous temps très étroites depuis l’ouverture du “Caminho Novo” au début du XVIIIe siècle ; l’influence de São Paulo a été relativement moins importante depuis l’époque des Bandeirantes, sauf pour le sud-ouest de l’Etat et le Triangle, mais depuis 30 ans São Paulo est devenue la Métropole technique et industrielle du Brésil. De son côté Belo Horizonte, grâce à son dynamisme spontané et une politique d’intégration économique de l’Etat, a réussi à se forger une véritable région.
1 – L’influence de Rio de Janeiro
24Rio de Janeiro conserve une influence considérable dans la plus grande partie du Minas. Au XVIIIe siècle elle a été le relais indispensable entre les villes de l’or et la Métropole portugaise ; depuis le XIXe siècle elle a constitué le grand marché pour les produits agricoles du Minas, le port d’exportation de la majorité du café et d’importation des produits manufacturés étrangers. Ces liens ont été renforcés par la construction d’un réseau de voies ferrées de pénétration axé sur la ville dans la majorité des cas (carte fig. 22). Enfin depuis le début du XXe siècle le Minas a fourni des centaines de milliers de migrants, appartenant à toutes les classes sociales.
25L’influence actuelle de Rio de Janeiro sur le Minas a été minutieusement étudiée par le Conseil national de Géographie depuis 1961 et les résultats des recherches exposés dans de nombreuses publications, en particulier dans le livre de 1964 : O Rio de Janeiro e sua Regiâo (502).
26C’est pourquoi nous nous bornerons à présenter quelques conclusions : il faut distinguer l’influence générale que Rio continue d’exercer sur la plus grande partie de l’Etat et l’influence directe qu’elle conserve sur la région sud et sud-est de l’Etat.
A – L’influence générale de Rio se marque toujours sur l’ensemble de l’Etat, sauf le Triangle minier et la plus grande partie de la zone Sud sous la dépendance de São Paulo. Cette influence rencontre de plus en plus et dans de nombreux secteurs la concurrence active de Belo Horizonte. Les manifestations les plus significatives de cette influence sont les suivantes :
Le maintien de réseaux commerciaux traditionnels fort actifs pour la redistribution dans le Minas de produits alimentaires, de produits manufacturés importés ou non, tels que le sel, les articles de quincaillerie, les machines etc. ; de même avant l’installation de la raffinerie de pétrole à Betim, cette région dépendait de Rio pour son ravitaillement en produits pétroliers.
Dans le sens inverse, Rio de Janeiro constitue toujours le marché principal pour les produits agricoles du Minas : céréales, mais surtout bétail sur pied (et depuis quelques années, viande réfrigérée grâce aux transports routiers rapides), cuirs et peaux de la région centrale et nord de l’Etat (carte fig. 45) ; il en est de même pour des tonnages importants de minerai de fer et de produits sidérurgiques semi-finis : fonte, aciers spéciaux etc.
C’est pour contrôler cet approvisionnement, que Rio commande près de 20 000 salariés, 19 760 dans cette partie de l’Etat de Minas (tableau 28 – publication 506) ; ce sont principalement des entreprises d’extraction minérale (Itabira et Quadrilatère ferrifère), de sidérurgie (Coronel Fabriciano, Barâo de Cocais), de mécanique lourde (Conselheiro Lafaiete, Varginha), de ciment (Barroso), de textiles (Curvelo, Barbacena, São Joâo del Rei, Oliveira) et d’autres industries de consommation (tabac, produits alimentaires etc.). Il faut remarquer que les plus importantes de ces entreprises appartiennent à des sociétés d’Etat (capitaux de la fédération) ou des sociétés d’économie mixte, dont le siège avait été fixé tout naturellement à Rio : ainsi la Companhia Siderurgica Nacional, la Campanhia Vale do Rio Doce, Acesita et maintenant la Petrobras (raffinerie de Betim). Les plus forts effectifs sont concentrés dans la zone Métallurgique.
Dans le secteur des moyens d’information, l’influence de Rio se marque par la diffusion de sa Presse (en concurrence avec celle de Belo Horizonte) et la retransmission des programmes de télévision dans la région centrale de l’Etat.
Les classes aisées du Minas continuent à venir dans l’ex-capitale fédérale pour les achats, les distractions, les services de niveau supérieur, les démarches administratives. Les représentants des classes moyennes y vont de plus en plus grâce à la route goudronnée et aux services rapides d’autobus : en 1967, 14 liaisons quotidiennes Belo Horizonte-Rio pour 8 h 30 de trajet. (476 km) (graphique fig. 55).
B – La zone d’influence directe ou prépondérante montre des relations plus étroites et plus exclusives de Rio avec toute la zone de la Mata et d’une manière moins prononcée : le long de la route goudronnée (entièrement depuis 1963) Rio-Salvador de Bahia, dans le tiers sud-est de la zone Sud et dans les “Campos da Mantiqueira”.
27Dans cette zone, la prédominance de Rio se marque par :
1) les réseaux commerciaux de redistribution
2) Le Drainage de la plus grande partie des produits agricoles destinés au ravitaillement de la ville (lait et produits laitiers, bétail sur pied, céréales) ou à l’exportation (café). Le bassin laitier de Rio était limité dans le Minas en 1952 au sud de la zone da Mata jusqu’à Palma, Rio Pomba, Mercès, s’étendait le long de la voie ferrée “Central du Brésil” jusqu’à Barbacena et touchait également la région d’Itanhandu, São Lourenço (article Rev. Bras. Geogr. Abril-Junho 1959).
28Depuis cette date il s’est considérablement étendu grâce au développement des routes goudronnées, en particulier le long de la route Rio-Bahia ; en 1963 le Minas fournissait plus de la moitié du lait consommé à Rio. En ce qui concerne le café, Rio exporte plus de 75 % du café produit dans toute la zone da Mata jusqu’à Governador Valadares et souvent plus de la moitié de la récolte de la zone sud.
3) Dans cette zone le commandement industriel de Rio est plus restreint que le commandement commercial : c’est que le principal centre industriel, Juiz de Fora, s’est développé d’une manière autonome depuis le dernier tiers du XIXe siècle ; il en est de même pour certains centres industriels de la zone da Mata, comme Cataguazes et São Joâo Nepomuceno. On rencontre les salariés externes de Rio dans la zone da Mata : textiles, industries alimentaires (sucre à Ponte Nova), produits chimiques (Santos Dumont), dans le sud (mise en bouteille des eaux minérales à São Lourenço, Caxambu) et dans la zone du Mucuri (bois et contreplaqués à Nanuque) (tableau 28).
4) Si l’influence de la Presse de Rio est prépondérante dans cette zone, les programmes de télévision retransmis de Rio l’inondent sans partage, sauf dans la région de Barbacena - Ponte Nova et dans les villes le long de la Rio-Bahia (Caratinga - Governador Valadares - Teofilo Otoni), où sont captées également les émissions venues de Belo Horizonte (carte fig. 56).
5) Les habitants de cette zone ont l’habitude de venir à Rio comme migrants définitifs ou comme étudiants, pour venir consulter ses médecins spécialistes, se faire soigner dans ses hôpitaux, s’y divertir et procéder aux achats spécialisés. Le réseau dense des lignes d’autobus permet des liaisons régulières et de plus en plus rapides avec Rio (carte fig. 56).
29La carte (fig. 56) montre bien la zone desservie directement à partir de Rio ; il faut signaler que les lignes de Rio vers la zone sud, en particulier vers Caxambu, São Lourenço, Cambuquira, Lambari et Poços de Caldas assurent en grande partie un trafic lié aux stations thermales.
30Le tableau 29 concernant les communications téléphoniques démontre également la prépondérance de Rio.
2 – L’influence de São Paulo
31L’influence de São Paulo sur le Minas présente quelques ressemblances et de nombreuses différences avec l’influence exercée par Rio de Janeiro.
Comme toute la partie sud-est de l’Etat est sous l’influence directe de Rio, la plus grande partie de la zone “sud” est commandée par São Paulo, soit directement, soit par l’intermédiaire de centres régionaux comme Campinas ou Ribeirâo Preto. Nous retrouvons les mêmes caractéristiques : les réseaux de redistribution, le drainage des produits agricoles, le commandement industriel (2 421 salariés externes) ; si de nombreux Municipes fournissent du lait frais pour le ravitaillement de São Paulo, la production laitière du sud “nourrit” une importante industrie de produits laitiers (beurre et fromages, plus récemment lait condensé et lait en poudre) dont les entreprises les plus modernes appartiennent à des sociétés paulistes : Nestlé, Vigor, Leco et Polenghi. São Paulo commande également des fabriques de conserves de fruits, des usines textiles (Alfenas, Paraguassu), la cimenterie Itaú à Pratápolis. La Presse de São Paulo et la télévision pauliste y rencontrent davantage l’influence de Rio que celle de Belo Horizonte. Là encore l’importance des relations est marquée par la densité des lignes d’autobus (carte fig. 56) et la prépondérance des communications téléphoniques (tableau 29). Dans cette zone l’influence bancaire pauliste se marque par l’intermédiaire des banques Moreira Salles (20 agences) et Itaú (11 agences).
Sur l’axe principal des communications : São Paulo - Goias - Brasilia, le Triangle minier connaît un développement agricole remarquable grâce à l’élevage et à l’embouche de bétail sélectionné (Indu Brasil), à la culture du riz et du maïs. Concurrement avec Rio et Belo Horizonte, c’est l’Etat de São Paulo qui constitue le marché principal pour ses produits agricoles et c’est à São Paulo même, que l’on a recours pour les services supérieurs, quand les deux centres régionaux du Triangle : Uberaba et Uberlandia ou les centres régionaux les plus proches de l’Etat de São Paulo : Barretos et Ribeirâo Preto, ne peuvent les fournir. Le commandement industriel de São Paulo est assez limité (par exemple cimenterie de Ponte Alta). Les émissions de télévision pauliste entrent en concurrence ici avec l’émetteur régional d’Uberlandia. La Presse de São Paulo y est prépondérante ; de même les liaisons aériennes sont plus nombreuses avec São Paulo qu’avec Belo Horizonte.
A l’influence “traditionnelle” de Rio sur la plus grande partie de l’Etat, viennent se superposer rapidement, des flux issus de São Paulo, devenue la grande Métropole industrielle du Brésil. Partout la prédominance de São Paulo s’affirme en ce qui concerne les activités de pointe : distribution directe de produits manufacturés ; réseaux commerciaux pour les produits chimiques et pharmaceutiques, les véhicules, le matériel électrique etc. ; services techniques supérieurs ; implantation d’usines modernes, particulièrement dans la cité industrielle satellite de Contagem près de Belo Horizonte : boissons, électronique, ciment et fibro-ciment, matériel ferroviaire etc., et également à Santa Luzia (céramique), à Juiz de Fora (textiles artificiels).
32D’autre part le marché pauliste absorbe une part très importante des produits sidérurgiques semi-finis (fonte, tôles d’acier) de l’Etat. En particulier c’est le développement de l’industrie automobile pauliste, qui a provoqué à la fin des années 50 la “fièvre de la fonte” souvent éphémère, à l’ouest de Belo Horizonte.
33L’ouverture en 1961 de la nouvelle route goudronnée directe Belo Horizonte-São Paulo a accéléré ou permis “l’invasion” pauliste. Il fallait auparavant, pour aller à São Paulo perdre 25 heures en train ou près de 20 heures en automobile ; grâce à la route goudronnée São Paulo n’est plus qu’à 8 heures de route de Belo Horizonte ; en 1964 il y avait 18 liaisons quotidiennes d’autobus entre les deux villes (9 h. 30 de voyage pour 586 km).
34L’influence de la télévision et de la presse quotidienne paulistes ne dépasse guère la zone d’influence directe ; à Belo Horizonte par exemple les journaux de São Paulo sont très peu lus (en dehors du journal conservateur le mieux informé “O Estado de São Paulo”). Par contre la plupart des revues hebdomadaires et des revues mensuelles (techniques) sont éditées à São Paulo.
3 – L’influence de Belo Horizonte
35Créée en 1897 pour être la nouvelle capitale de l’Etat, Belo Horizonte est devenue dès 1915 la première ville de l’Etat en dépassant Juiz de Fora. Depuis, son dynamisme démographique ne s’est pas démenti : la ville s’est accru de 300 % de 1920 à 1940 et encore de 263 % de 1940 à 1960 ; elle dépassait le million d’habitants en 1968...
36Sa situation s’est révélée remarquable, au contact du Minas “des montagnes” plus traditionnel et du Minas “des chapadas” plus faiblement occupé. Fondée pour diriger la vie administrative de l’Etat, elle a su acquérir rapidement de nouvelles fonctions, en particulier dans les domaines bancaires et universitaires : tandis que la première banque de l’Etat avait été fondée en 1.889 à Juiz de Fora : la “Banco de Credito Real de Minas Gerais”, toutes les banques principales de l’Etat ont été créées à Belo Horizonte : ainsi en 1911 la “Banco. Hipotecério e Agricola do Estado de Minas Gerais”, en 1923 la “Banco Comércio e Indústria de Minas Gerais”, en 1925 la “Banco da Lavoura de Minas Gerais” (actuellement la première banque de l’Etat), en 1934 la “Banco Mineiro da Producâo” et en 1944 la “Banco Nacional de Minas Gerais” (au 3e rang actuellement). Voir le tableau No 30 (Principales banques).
37De même pour l’enseignement supérieur, le transfert de la Faculté de Droit d’Ouro Preto, la création de la Faculté de Médecine et de l’Ecole des Ingénieurs (1911) à Belo Horizonte a devancé la création de l’Institut Electrotechnique d’Itajubá (1913) de l’école de Pharmacie et Odontologie d’Alfenas (1914), de la Faculté de Pharmacie-Odontologie et de l’Ecole des Ingénieurs de Juiz de Fora (1915). Cependant dans les domaines industriel et commercial, la capitale s’affirmera moins rapidement : en 1920 Belo Horizonte n’a encore que 2 223 ouvriers d’industrie contre 4 953 à Juiz de Fora, mais en 1940 l’écart est dans le sens inverse : 12 816 ouvriers à Belo Horizonte contre 6 895 à Juiz de Fora ; en 1920 l’influence commerciale de Belo Horizonte n’était certainement pas supérieure à celle de Juiz de Fora, par contre en 1940 les effectifs employés dans le commerce à Belo Horizonte (6 658 personnes) sont 3,5 fois supérieures à ceux de Juiz de Fora (1866) et la valeur des ventes 5,5 fois plus grandes... Evidemment la capitale a dû améliorer sa desserte ferroviaire, puisque tout le réseau de l’Etat ne représentait que la juxtaposition de lignes de pénétration à partir de Rio principalement : de 1910 à 1916 la ville s’est reliée aux lignes de l’ouest, puis en 1917 a été ouverte une voie plus directe vers Rio, qui contourne par l’ouest le Quadrilatère ferrifère jusqu’à Congonhas ; en 1935 a été achevée la liaison vers la voie ferrée du Rio Doce (Nova Era) ; enfin la liaison avec Salvador de Bahia n’a été réalisée qu’en 1951 (carte fig. 22).
38Ce n’est qu’à partir de 1950 en fait, que va s’affirmer son rôle de Métropole régionale, grâce à une évolution spontanée mais surtout grâce à la politique d’intégration économique de l’Etat, entreprise par les gouvernements de l’Etat et soutenue par des infrastructures réalisées par le gouvernement fédéral ; ainsi en 15 ans Belo Horizonte a pris le commandement d’un réseau de routes goudronnées rayonnant dans l’Etat, du réseau interconnecté d’énergie électrique de la C.E.M.I.G. et d’une véritable région industrielle, où s’équilibrent entreprises privées et sociétés d’économie mixte (comme USIMINAS et F.R.I.M.I.S.A. par exemple).
39Il faut mettre à part l’influence bancaire de Belo Horizonte qui s’étend bien au-delà des frontières de l’Etat, en particulier dans les régions sud-est et centre ouest du Brésil : les Etats de Rio de Janeiro, São Paulo, Paraná, Goias, Guanabara (la ville de Rio) et Brasilia. Vu le nombre élevé des filiales de banques “mineiras” installées hors de l’Etat, on peut penser que l’activité des grandes banques “mineiras” est plus importante à l’extérieur de l’Etat qu’à l’intérieur (tableau 30). Précisons par exemple la localisation des filiales hors de l’Etat des quatre plus grandes banques du Minas : Banco da Lavoura, Banco de Crédito Réal, Banco Nacional et Banco Moreira Salles (en fait la banque “Moreira Salles” est pauliste, malgré son siège social légal à Poços de Caldas) qui occupaient en 1962 les 3e, 4e, 5e et 7e rangs dans le classement des banques brésiliennes (tableau No 31).
TABLEAU 31. LOCALISATION DES AGENCES BANCAIRES
Etats Banques | Lavoura | Crédito Real | National | Moreira Salles |
Minas Gérais | 158 | 70 | 54 | 21 |
Guanabara | 18 | 16 | 26 | 14 |
Brasilia | 1 | 2 | 1 | - |
São Paulo | 50 | 15 | 9 | 128 |
Rio de Janeiro | 17 | 12 | 6 | 4 |
Espirito Santo | 9 | 7 | 1 | - |
Paraná | 10 | 6 | 8 | 7 |
Goias | 8 | 5 | 1 | - |
Bahia | 8 | 2 | 1 | - |
Autres Etats du Nord-Est | 17 | 3 | 2 | - |
Autres Etats du Brésil | 34 | 6 | 1 | - |
Total des Agences | 328 | 143 | 110 | 174 |
40Quant à l’influence administrative, elle est fixée par les limites mêmes de l’Etat. Entre la capitale de l’Etat et les Municipes (718 depuis le 31/12/1962), il n’y a pas d’échelons intermédiaires avec un exécutif et des conseils élus ou nommés : il n’y a donc aucun pouvoir politique “régional” et cela représente certainement actuellement un lourd handicap pour le développement. Par contre les Secrétariats de l’Etat ou les services publics fédéraux essaiment à travers l’Etat leurs services techniques ; citons par exemple : les perceptions et inspections fiscales, les circonscriptions agricoles (inspections, districts forestiers, agences de l’institut brésilien du café, postes de classement du coton etc.), les instituts de sécurité sociale (caisses professionnelles), les organismes sanitaires (département national des. Endémies rurales, campagne contre la Malaria etc.), les inspections et directions régionales des postes et télégraphes, les services des ponts et chaussées : Départements National et Estadual des Routes (D.N.E.R. et D.E.R.) etc.
41En dehors des commandements bancaire et administratif, comment se traduit l’influence de Belo Horizonte sur la plus grande partie de l’Etat, sauf dans les régions du sud-est (zone de la Mata) et du sud-ouest (zone Sud) où pénètre l’influence directe et prépondérante de Rio de Janeiro et de São Paulo ?
1 – Collecte des produits agricoles et ravitaillement de la ville
42Les études de la CASEMG (508) et de Kempton E.Webb (507) déjà signalées pour l’étude des surplus agricoles commercialisés (carte fig. 45) montrent clairement que toutes les zones de l’Etat concourent au ravitaillement de Belo Horizonte ; une partie non négligeable de ce ravitaillement vient par ailleurs d’autres Etats brésiliens fort éloignés comme le Maranhâo au nord ou le Rio Grande do Sul au sud... Distinguons ce que fournissent les zones lointaines de l’Etat, c’est-à-dire au-delà de 150 ou 200 km et au contraire ce qui est fourni par la région de la capitale dans un rayon de 100 ou 150 km.
Les plus forts tonnages de riz, mais, haricots arrivent du Triangle et du Haut Paranaiba (dont une partie en transit venant du Goias) ; de même le gros du bétail vivant (bovins et porcs) transporté par camion ou par la voie ferrée jusqu’aux abattoirs de Belo, vient principalement de la zone du Rio Doce (Governador Valadares), du nord (Montes Claros) et de l’ouest ; les autres courants sont moins importants. Charque (viande de bœuf salée et séchée), lard et graisse de porc, du Triangle et de l’Ouest ; café, maïs et haricots du Rio Doce et du nord de la Mata ; coton, maïs et haricots du nord de l’Etat ; sucre de la Mata (Ponte Nova, Ubá) et de l’Ouest (Lagoa da Prata), bois du Mucuri, enfin pommes de terre et fruits tempérés du Sud. Comme il était prévisible on remarquera dans ce bilan la faiblesse des apports de la Mata et du Sud.
Si l’on élimine quelques cas d’approvisionnement à longue distance, comme par exemple des légumes venus de l’Etat de São Paulo ou des oranges venues de l’Etat de Rio, on peut affirmer que c’est la zone Métallurgique qui fournit l’essentiel du ravitaillement en fruits (bananes, oranges, ananas surtout) et en légumes (quiabo, chuchu, laitue, tomate et pomme de terre principalement) ; il en est de même pour la fourniture de la volaille et des œufs ; c’est la partie ouest et nord de la zone, en dehors du Quadrilatère ferrifère, la plus productive. Pour le manioc et les produits, tirés du manioc : “farinha”, c’est toute la région à l’ouest de Belo sur une distance de 200 km qui fournit la ville. Quant au lait frais, l’accroissement rapide de la population urbaine, beaucoup plus que la consommation moyenne per capita est responsable de l’extension rapide du bassin laitier de la capitale, favorisée par la construction des routes goudronnées. De 1949 à 1962 la production de lait centralisée à Belo pour la consommation ou la transformation par la coopérative centrale des Producteurs ruraux (C.C.P.R.) est passé de 13 millions de litres à 59 millions de litres par an ; cette coopérative assure 90 % du ravitaillement de Belo en lait ; son action a permis l’amélioration du cheptel : en 1952 94 % des vaches laitières étaient des zébus, tandis qu’en 1962 34 % étaient des vaches hollandaises ou métissées hollandaises et 5 % des Jersey-Guernesey. En 1952 le bassin laitier comprenait 24 Municipes de la zone Métallurgique (parties ouest et nord) et de l’Ouest (14 coopératives affiliées et 1 264 coopérateurs) ; son extension était orientée plus par les trois voies ferrées quittant Belo Horizonte vers le sud, l’ouest et le nord-ouest que par les routes (carte fig. 57). En 1962 il y avait 31 coopératives et 5 420 coopérateurs ; en 1966 les coopératives sont au nombre de 41. La figure 57 montre la localisation de ces coopératives dont la moitié reste fixée dans le noyau initial, mais l’autre moitié résulte de “l’explosion” du bassin laitier le long ou à proximité des nouveaux axes goudronnés : ainsi vers le nord, Curvelo et au-delà ; à l’est au-delà du Quadrilatère ferrifère à proximité des routes allant à Itabira, Monlevade et Ponte Nova ; vers le sud sur la route de Rio au-delà de Barbacena ; vers le sud ouest sur la route de São Paulo avec le cas exceptionnel de Careaçu (à 370 km de Belo) ; seule la région au nord-ouest de Belo (Abaété-Pompeu) est encore éloignée de toute liaison goudronnée.
2 – Redistribution de produits agricoles et industriels
En ce qui concerne la redistribution de produits alimentaires, principalement céréales, haricots, farine, huiles, sucre, sel, mais aussi conserves et boissons, les sondages effectués chez quelques grossistes montrent clairement que l’influence de Belo Horizonte dépasse rarement un rayon de 100 ou 150 km autour de la ville : vers le sud jusqu’à Conselheiro Lafaiete ; vers le sud-est jusqu’à Ouro Preto, Mariana ; vers l’ouest Itaúna et vers le nord-ouest Sete Lagoas. Par contre en direction du nord-est l’absence de tout centre régional favorise l’influence lointaine de Belo Horizonte sur les routes de Serro (243 km) et de Guanhaês (274 km). (carte fig. 58).
Pour le commerce de redistribution des produits industriels, Belo Horizonte possède un équipement complet, suivant les normes définies par le Conseil Nacional de Geografia (505) ; en effet sont présentes dans la ville des filiales de grandes firmes nationales redistribuant les 25 produits industriels suivants : films, produits pétroliers, camions, autos, tracteurs, cigarettes, matériel de construction, produits pharmaceutiques, équipement de bureau, produits sidérurgiques, tissus, gaz liquide, matériel photographique, machines et moteurs, machines à coudre, savons et détergents, matériel électrique, articles en caoutchouc et matière plastique, livres et revues, ascenseurs, verre, jouets, produits alimentaires. Ici l’influence de Belo Horizonte peut se faire sentir dans la plus grande partie de l’Etat pour la grande majorité de ces produits, car les centres régionaux de l’Etat, ne redistribuent qu’un nombre restreint de ces produits industriels de 4 à 9, à l’exception de Juiz de Fora 15 et Uberlandia 12 ; les centres régionaux ou les centres intermédiaires les plus proches de Belo Horizonte ne redistribuent le plus souvent que les camions, les automobiles (Willys et Volkswagen principalement), le matériel de bureau, les tissus... (carte fig. 58)
43Pour certains produits industriels comme le matériel de construction les produits pétroliers, les cigarettes, les machines à coudre etc., l’influence de Belo peut se heurter à la concurrence des grands centres régionaux de l’Etat : Uberaba, Governador Valadares, Uberlandia et Juiz de Fora, mais pour une douzaine de produits, Belo Horizonte ne rencontre que l’influence de Rio de Janeiro dans le sud de l’Etat et le long de la Rio-Bahia et l’influence de São Paulo dans le sud-ouest, l’ouest et le Triangle.
44Cette situation est confirmée quand on examine les zones d’influence réservées entre les filiales de certaines grandes firmes nationales d’après des enquêtes de 1963 et 1967 : ainsi en ce qui concerne Esso et Shell (produits pétroliers), Pfizer et Rhodia Brasileira (produits pharmaceutiques et vétérinaires, insecticides etc.), Souza Cruz (cigarettes) et Mesbla (appareils électroménagers – mécanique – radio – armes et cycles – meubles) le “domaine” de Belo Horizonte peut inclure ou non suivant les cas : en direction du nord-est les zones de Governador Valadares et de Teofilo Otoni (parfois commandées par Rio ou Vitoria) ; en direction du sud-est et du sud les régions de Ponte Nova, Barbacena et São Joâo del Rei (ici souvent sous l’influence de Rio ou de Juiz de Fora) ; vers le sud-ouest et l’ouest les régions de Lavras, Araxá et Patos.(parfois commandées par São Paulo ou les villes du Triangle). Au contraire vers le nord-ouest et le nord le champ est libre : parfois la nouvelle capitale fédérale Brasilia dépend de la filiale de Belo Horizonte. Souvent dans le nord. Montes Claros sert de relais à Belo Horizonte. Tout ceci permet de tracer une limite très approximative, à l’influence prépondérante de Belo Horizonte vis-à-vis de Rio de Janeiro et de São Paulo, jalonnée par des centres régionaux ou intermédiaires depuis Patos, Lavras jusqu’à Barbacena, Ponte Nova et Governador Valadares. A l’intérieur de la zone commandée par Belo Horizonte, les filiales possèdent des bureaux, des dépôts ou organisent des tournées de représentants centrées autour d’une ville.
45Ainsi Esso a trois dépôts en 1963 en dehors de Belo Horizonte (Montes Claros, Ibiá et Tres Marias), Mesbla, 10 bureaux (Patos, Araxé,Curvelo, Sete Lagoas, Divinópolis, Nova Era, Montes Claros, Conselheiro Lafaiete, Barbacena et Formiga en 1967) et Pfizer en 1963, 8 zones de représentants.
46Pour montrer le “poids” du commerce de Belo Horizonte dans l’Etat, rappelons qu’en 1960 pour le commerce de gros, Belo Horizonte (6,7 % de la population de l’Etat) concentrait 17,93 % des établissements de l’Etat (429 sur 2 392) et 42,59 % des effectifs employés (5 876 sur 13 796) ; ses ventes représentaient près de la moitié des ventes de l’Etat : 47,5 % (17 005 190 contos sur 35 782 487). La capitale rassemble les plus gros établissements (13,69 employés par établissement contre une moyenne de 4,03 pour le reste de l’Etat) réalisant le plus gros volume de ventes : 39 641 contos de ventes par établissement contre 9 565 pour le reste de l’Etat.
47Comme on peut s’y attendre la prédominance du commerce de détail est moins marquée : Belo Horizonte concentrait en 1960 seulement 7,76 % des établissements de l’Etat (3 153 sur 40 604), mais 16,58 % des employés (13 640 sur 82 256) et ses ventes représentaient plus du quart des ventes de l’Etat : 27.37 % (15 925 635 contos sur 58 166 496). Là également la taille des établissements est plus importante : 4,32 employés par établissement contre 1,83 pour le reste de l’Etat, le volume des ventes, 4 838 contos par établissement, très supérieur à la moyenne du reste de l’Etat, 1 127 contos.
48On pourrait rétablir l’importance du commerce de détail de Belo Horizonte, si les statistiques permettaient de distinguer le commerce utilitaire (alimentation – vêtements etc.) du commerce spécialisé (meubles, appareils électroménagers – pièces automobiles etc.).
49En 1963 la Fédération des commerçants de Belo Horizonte estimait que sur un total de 3 717 établissements de détail, l’alimentation en général comptait 1 509 établissements, les “lojas” (boutiques) de textiles, mercerie, meubles, appareils électroménagers 1 605 établissements, les produits pharmaceutiques 182, les quincailleries 182 et le matériel automobile 239 établissements.
50On remarquera enfin que la valeur des ventes en gros est supérieure à la valeur des ventes au détail, alors que c’est l’inverse pour l’ensemble de l’Etat : le rapport est de 0,93 pour Belo Horizonte et de 2,25 pour le reste de l’Etat.
51Le graphique (fig. 59) montre bien l’opposition entre deux types de villes :
a) celles où le rapport est inférieur à la moyenne de l’Etat sans Belo Horizonte (2,25) ; ce sont des centres importants de redistribution de produits agricoles et de produits industriels, tels : Belo Horizonte, Uberlandia, Governador Valadares etc., mais aussi des villes spécialisées dans le ramassage et Je conditionnement de produits agricoles de grande valeur (café, tabac, etc.) : ainsi Manhumirim, Caratinga, Resplendor, Astolfo Dutra, etc.
b) au contraire quand le rapport est supérieur à 2,25, il s’agit de villes à rayonnement régional plus faible et plus industrialisées, telles : Itajubé, Sete Lagoas, Cons. Lafaiete, etc. Les Company Towns n’ont évidemment qu’un commerce de gros très réduit (exemple Nova Lima).
3 – Drainage de la population, des compétences et des capitaux
52Nous avons souligné l’importance de l’immigration dans l’accroissement des villes (1re partie - chap. I-7) et montré comment théoriquement on pouvait évaluer l’immigration dans la zone Métallurgique pour la période 1940-1950 de 40 468 à 105 195 personnes et pour la période 1950-1960 de 202 600 à 259 432 personnes (cartes fig. 10 et 11).
53Les mêmes calculs effectués pour la seule ville de Belo Horizonte et son faubourg de Venda Nova indiquent une immigration théorique de 121 723 à 138 184 personnes pour la période 1940-1950, ce qui représente 74,28 % et 84,33 % de l’accroissement total) et de 209 199 à 230 673 personnes de 1950 à 1960, ce qui représente 64,90 % et 71,56 % de l’accroissement total.
54Quant à la provenance de ces immigrants, l’étude sur les Favelas en 1966 (510) et les enquêtes que nous avons pu effectuer en 1962 dans trois établissements industriels (Brasilit, Magnesit, Bonbons Suissa) nous fournissent des indications intéressantes. En ce qui concerne l’origine des familles installées dans les Favelas, les zones qui fournissent le plus grand nombre de migrants en nombre absolu et par rapport à la population totale de la zone sont les suivantes (tableau 32) : la zone Métallurgique fournit évidemment 30,59 % des familles de migrants (soit 7,37 % de la population totale de la zone), le Haut Jequitinhonha (5,18 %), le Haut São Franscisco (3,63 %), le Rio Doce (3,62 %) les campos das Vertentes (2,29 %) et la Mata (1,65 %). Ces cinq dernières zones sont les zones limitrophes de la zone métallurgique et fournissent 43,21 % des familles de migrants ; dans ce cas la distance des migrations est rarement supérieure à 500 km. Les autres zones de l’Etat ne fournissent que 9,09 % de l’ensemble des familles de migrants : l’émigration la plus appréciable concerne les zones du Mucuri (1,33 %) et de Montes Claros (1,10 %) ; les taux les plus faibles sont ceux de Paracatu et du Sud (0,19 %) ; dans ce dernier cas l’attraction de São Paulo est prépondérante. Les autres Etats brésiliens fournissent 7,10 % des familles, 8,73 % sont d’origine non déclarée et seulement 1,28 % soit 322 familles sont originaires de Belo Horizonte.
55Le tableau 32 permet la comparaison entre l’attraction des migrants les plus pauvres vers la capitale et les mouvements théoriques de population (taux moyens) de 1940 à 1950 et de 1950 à 1960 ; on peut déduire par exemple que l’émigration de la zone sud, peu orientée vers la capitale de l’Etat, se dirige vers d’autres Etats de la Fédération ; que la zone du Rio Doce importe davantage de population (sans doute venue d’autres Etats) pour alimenter une émigration importante vers Belo Horizonte.
56Les sondages effectués dans les trois usines précédemment citées montrent que la population ouvrière de Belo Horizonte est plus anciennement fixée dans la ville que la population des Favelas dans son ensemble (qui s’emploie surtout dans les industries de la construction, dans des services variés ou des métiers de fortune) : c’est ainsi que les pourcentages des ouvriers nés dans la capitale varient de 7,5 % à 19,9 % (ce dernier chiffre semble assez représentatif de l’ensemble de la population de la ville) alors que dans les Favelas à peine 1,28 % des familles est originaire de Belo Horizonte. Au contraire les pourcentages des ouvriers nés dans d’autres Etats de la Fédération (de 5,26 % à 2,09 %) sont inférieurs au chiffre des familles de Favelas (7,10 %).
57Quant aux zones d’origine des migrants à l’intérieur de l’Etat en éliminant les cas isolés, peu représentatifs le tableau 33 indique la concordance des résultats pour la zone Métallurgique (taux compris entre 37,9 % et 32,39 % pour les ouvriers et 36,9 % pour les familles de Favelas), pour la zone de la Mata (taux compris entre 14,0 % et 8,9 % pour les ouvriers et 12,3 %pour les familles de Favelas) et pour la zone du Haut Jequi-tinhonha ; au contraire il y a une importante discordance pour les trois autres zones : la zone du Rio Doce “ravitaille” beaucoup plus les Favelas qu’elle ne fournit des ouvriers et c’est l’opposé pour les zones des Campos et du Haut São Francisco, d’où l’émigration importante vers Belo Horizonte semble plus ancienne.
58A défaut d’autres renseignements plus précis nous avons cherché à confirmer ces données en analysant également les lieux de naissance de 627 étudiants de la Faculté des Lettres de Belo Horizonte (Faculdade de Filosofia) et de 1 283 malades internés en juin 1962 dans deux hôpitaux de la ville (Hôpital de la Croix Rouge et Hôpital Polyclinique). Certes tous ces étudiants et tous ces malades n’étaient pas des résidents à Belo Horizonte, mais des sondages à la Faculté des lettres et un comptage dans les deux hôpitaux ont montré qu’environ les 2/3 des étudiants et 70,9 % des malades résidaient dans la capitale ; les étudiants nés à Belo Horizonte représentaient 23,92 % du total et les malades 11,69 % (ces pourcentages seraient évidemment plus forts si l’on pouvait retrancher de ce total les non-résidents à Belo), les étudiants nés dans d’autres Etats brésiliens 14,19 % et les malades 7,09 %, enfin les étudiants nés à l’étranger 1,91 % et les malades 0,46 %. Une conclusion sociale s’impose à nouveau : il est évident que les classes moyennes et aisées, qui fournissent la majorité des étudiants, sont plus anciennement fixées à Belo Horizonte que les “clients” moins favorisés des hôpitaux de la ville, mais elles comptent davantage d’étrangers et de Brésiliens venus d’autres Etats de la Fédération ; remarquons également que les pourcentages présentés par les malades des hôpitaux sont assez semblables à ceux des ouvriers.
59En ce qui concerne les zones d’origines à l’intérieur de l’Etat, il devient impossible de distinguer ce qui est fourni par les résidents et par les non-résidents ; il semble bien que les pourcentages indiqués sur le tableau 33 soient plus représentatifs de la zone d’influence de Belo Horizonte que de la zone d’attraction de migrants : les plus grandes discordances apparaissent pour 4 zones : Mucuri, Rio Doce, Haut Jequitinhonha et Métallurgique, qui fournissent à Belo Horizonte beaucoup plus de malades que d’étudiants, alors que les zones du Sud et du Triangle envoient plus d’étudiants que de malades ; ce qui est conforme au bon sens à cause de la distance, de l’orientation des voies de communications et de l’équipement hospitalier assez satisfaisant de ces deux dernières zones (tableau 26) ; les zones du Mucuri, du Rio Doce et du Haut Jequitihonha au contraire ont un niveau de vie plus faible et un équipement sanitaire très insuffisant.
60Pour illustrer le drainage des compétences et des capitaux il suffit de citer quelques exemples caractéristiques : avec une population représentant 6,7 % de la population de l’Etat en 1960, Belo Horizonte monopolisait en 1961 44 % des dépôts à vue et à court terme des banques de l’Etat et réalisait 46 % des prêts sur compte courant et 39,5 % des prêts avec traites escomptées. Dans ce secteur quelques indications très approximatives recueillies auprès de directeurs de banques, de sociétés par actions montreraient que très souvent le tiers des dépôts en banque, des souscriptions d’actions est réalisé par des personnes domiciliées à l’intérieur de l’Etat (il en est de même pour les achats d’appartements), on imagine aisément quels progrès économiques deviendraient possibles si ces investissements se réalisaient sur place et non dans la capitale de l’Etat.
61Pour les techniciens, les professions libérales, les cadres en général la concentration des compétences est parallèle à la concentration des équipements : ainsi en 1950 avec une population représentant 4,3 % de la population de l’Etat, Belo Horizonte groupait 21 % des professions d’action sociale, (suivant la définition du Recensement brésilien : professeurs, instituteurs, infirmières, etc.) 23 % des professions libérales et 31,9 % des membres de l’administration, la justice et la défense. A défaut des résultats du Recensement de 1960, quelques chiffres montrent l’importance de la concentration des cadres à Belo Horizonte : en 1960 1 030 médecins travaillaient dans les hôpitaux de Belo sur un total de 2 532 soit 40,67 % il y avait en 1966 dans la capitale 3 249 professeurs de l’enseignement secondaire sur un total de 17 060 dans l’Etat soit 19,04 %.
4 – Fourniture de Services supérieurs dans les domaines de l’enseignement, la santé, les distractions, le commerce spécialisé
62S’il est malaisé de déterminer avec précision quelles zones envoient vers la capitale, leurs hommes et leurs capitaux et surtout dans quelle proportion, il semble plus facile d’analyser là zone d’attraction des Services supérieurs de la ville.
63Grâce à l’enquête sur les lieux de naissance des étudiants, nous avons remarqué précédemment comment l’enseignement supérieur de la capitale attirait des étudiants non seulement de la zone métallurgique et des zones limitrophes, mais aussi des zones éloignées comme le Triangle, la Mata et le Sud ; en ce qui concerne les malades soignés dans deux hôpitaux de Belo Horizonte une deuxième enquête portant cette fois sur les lieux de résidence de 733 malades non-résidents à Belo Horizonte montre nettement la part prise par les trois zones : Haut São Francisco, Rio Doce et Métallurgique, qui fournissent les effectifs les plus importants par rapport à leur population totale : 0,254 %, 0,184 % et 0,162 % ; (tab. 34) ceci s’explique soit par la proximité de Belo Horizonte, soit par le faible équipement hospitalier des zones ; remarquons que le taux de la zone métallurgique est certainement réduit par la présence des hôpitaux des Company Towns. Ensuite ce sont le Mucuri et le Haut Jequitinhonha (avec un très faible équipement hospitalier) qui présentent les plus forts taux (0,116 % et 0,090 %). Bien que ces deux enquêtes ne soient pas entièrement comparables, elles soulignent au-delà de la zone d’influence prépondérante de Belo Horizonte (dans un rayon de 100 ou 200 km autour de la capitale) l’opposition entre le sud et l’ouest de l’Etat où les niveaux de vie sont meilleurs et le nord-est, régions plus isolées avec des niveaux de vie inférieurs et un équipement rudimentaire (tableau 26).
64Pour mieux circonscrire cette zone d’influence prépondérante, nous avons analysé la répartition des ventes à crédit en 1962 des plus grands magasins de la ville qui vendent des vêtements, des appareils électro ménagers, des meubles, etc. : les firmes Ingleza Levi (14 magasins en ville), Bemoreira (6 magasins en ville, 1 en banlieue et 1 à Coronel Fabriciano, Ipatinga, Sete Lagoas et Divinópolis) et Guanabara. La zone de plus forte densité des ventes s’étend rarement au-delà d’une distance de 200 km de Belo Horizonte et ses limites sont marquées au nord par Curvelo, à l’est par Coronel Fabriciano, au sud-est Ponte Nova, au sud Barbacena, au sud-ouest Oliveira, à l’ouest Lagoa da Prata (ce qui représente au maximum cinq heures de trajet en autobus en 1966) ; à l’intérieur de cette zone prédominent les acheteurs des agglomérations de la zone métropolitaine de Belo et des petites villes industrielles de la zone métallurgique (par exemple Monlevade, Pedro Leopoldo, Itabira, Itaúna, Caété, Ouro Preto, etc.) ; au-delà les ventes sont encore significatives pour les zones plus lointaines au nord-ouest, au nord et au nord-est de la capitale jusqu’à Patos, Pirapora, Montes Claros et Teofilo Otoni ; par contre rares sont les acheteurs venus du Triangle, du sud et de la Mata, cf Carte (fig. 58).
5 – Commandement administratif, bancaire et industriel
65Il est inutile de revenir sur les influences administrative et bancaire exercées par la capitale du Minas. Son commandement industriel est beaucoup plus réduit mais non négligeable ; en effet la ville commande dans l’Etat 21 213 salariés, c’est-à-dire des effectifs presque égaux à ceux commandés par Rio : 22 537. (Tab. 28). Cependant ce commandement est concentré dans la propre zone métallurgique avec 18 454 salariés soit 86 % du total : ce sont principalement de grosses entreprises métallurgiques comme USIMINAS à Ipatinga (4 875 salariés), la C.S.B.M. à Monlevade (6 455 salariés) et Aluminas à Ouro Preto (1 393 salariés) ; il y a également des entreprises d’extraction minérale, des usines de ciment et de produits réfractaires, de produits laitiers et textiles.
66Au-delà de la zone métallurgique qui constitue la véritable région industrielle de Belo Horizonte, la capitale commande encore moins de 3 000 salariés en direction du sud : à Barbacena et Ubá par exemple, (Textiles et Sucre) mais surtout vers l’ouest jusqu’à Arcos et Lagoa da Prata (extraction minérale, Ciment, Sucre) vers le nord jusqu’à Curvelo et Diamantina (Textiles) et le nord-est : Governador Valadares, Carlos Chagas (Bois).
6 – Les moyens d’Information
67En ce qui concerne les moyens d’information nous avons pu utiliser les deux indicateurs suivants : la diffusion de la Presse et la zone de réception des émissions de télévision.
Grâce aux statistiques concernant la vente au numéro à travers l’Etat (sans les abonnements) du quotidien de Belo Horizonte le plus important “O Estado de Minas” (tirage en 1964 de 30 à 40 000 exemplaires), on peut calculer un indice de diffusion, c’est-à-dire pour chaque ville où le journal arrive, le nombre de sa population divisé par le nombre de journaux reçus chaque jour (moyenne 1961). Il est facile de distinguer ainsi trois zones de diffusion du journal (carte fig. 61 bis).
Dans un rayon de 100 ou 150 km autour de la capitale, le journal atteint pratiquement toutes les agglomérations de plus de 5 000 habitants ; l’indice de diffusion est compris entre 20 (c’est-à-dire 1 journal en vente pour 20 habitants) dans la capitale même et 120-130 (sauf quelques cas exceptionnels).
Pour le reste de l’Etat (sauf la Mata, le Sud et le Triangle), l’“Estado de Minas” atteint la majorité des villes de plus de 5 000 habitants seulement dans les zones de l’ouest et des Campos da Mantiqueira (avec des indices compris entre 130 et 300 environ) ; ailleurs le journal de Belo n’est distribué, par la route ou en avion, que dans les centres les plus importants : les indices de diffusion variant de 130 à 430.
Enfin dans les trois zones du Triangle, du Sud et de la Mata (sauf à Lavras et quelques villes du nord de la Mata, comme Viçosa, Rio Casca ou Manhuaçu), la diffusion du journal est limitée à une douzaine de villes avec des indices de 500 à plus de 2 000 (Poços de Caldas 2 140) ; il est évident que dans ces zones la presse de São Paulo ou de Rio est prépondérante, car ce sont les régions disposant du plus haut niveau culturel de l’Etat et les plus proches des Métropoles nationales.
Une enquête incomplète effectuée en 1966 par le poste de télévision Itacolomi nous a permis de montrer sur la carte (fig. 56) l’aire d’influence de ce poste de Belo Horizonte grâce à une série de réémetteurs et de mesurer également les pénétrations de la télévision de São Paulo et de Rio de Janeiro ; en 1966 la télévision Itacolomi atteignait ainsi les villes de Patos, Araxâ, Pains, São Joâo del Rei, Viçosa, Rio Casca, Governador Valadares, Teofilo Otoni, Diamantina, Montes Claros et Très Marias. Les quatre zones du Moyen Jequitinhonha, Itacambira, Moyen São Francisco et Paracatu ne recevaient aucune émission de télévision.
7 – Transports et Télécommunications
68Ce sont des facteurs essentiels dans la vie économique moderne. L’intensité, la rapidité des transports de passagers et de marchandises comme le volume des communications téléphoniques sont certainement les meilleurs indicateurs pour mesurer l’influence de Belo Horizonte sur l’Etat.
a) Les chemins de fer
69Les conditions du relief et les conditions historiques de l’extension des voies ferrées à l’intérieur de l’Etat à partir de la côte (principalement à partir de Rio), la faible modernisation des voies et du matériel et d’autres raisons encore... expliquent la lenteur des liaisons ferroviaires au départ de la capitale de l’Etat, d’où la prépondérance sans cesse accentuée des transports routiers sur les transports ferroviaires même à longue distance, comme dans le reste du Brésil (514). Si le volume du trafic ferroviaire pour les passagers au départ de Belo Horizonte est encore important par rapport au trafic routier (en 1960 plus de 6 millions de passagers transportés par le chemin de fer contre 1,8 million transportés par les autobus intermunicipaux) ; ceci est dû essentiellement aux lignes de grande banlieue desservant les agglomérations de la zone métropolitaine de Belo et accordant à la population des tarifs très économiques inférieurs à ceux des autobus : ainsi en 1960 il en coûtait moins d’un Cruzeiro (soit 2,5 anciens francs) pour aller de Belo Horizonte à Santa Luzia, Sabará, Barreiro ou Raposos.
TABLEAU 35. DURÉE DES TRAJETS
De Belo Horizonte à | En train | En autobus | En avion (Ligne régulière) |
Sabará | 0 h 50 | 0 h 40 | |
Betim | 1 h 10 | 0 h 50 | |
Raposos | 1 h 20 | 1 h 00 | |
Brumadinho | 1 h 26 | 1 h 40 | |
Vespasiano | 1 h 28 | 0 h 50 | |
Divinópolïs | 4 h 30 | 2 h 30 | |
Pitangui | 5 h 35 | 3 h 30 | |
Monlevade | 5 h 50 | 2 h 30 | |
Curvelo | 6 h 00 | 3 h 15 | |
Mariana | 6 h 00 | 2 h 45 | |
Barbacena | 6 h 00 | 3 h 25 | |
Itabira | 8 h 30 | 2 h 15 | |
Ponte Nova | 9 h 00 | 4 h 20 | |
S. Joâo del Rei | 9 h 50 | 4 h 00 | |
Cel Fabriciano | 10 h 00 | 4 h 30 | 0 h.40 (Avion taxi) |
Formiga | 11 h 40 | 4 h 15 | |
Dores de Indaia | 12 h 30 | 6 h 20 | |
Lavras | 13 h 00 | 4 h 20 | |
Gov. Valadares | 13 h 00 | 9 h 00 | 1 h |
Montes Claros | 14 h 30 | 8 h 30 | 1 h 30 |
Ubá | 15 h 25 | 8 h 30 | |
Pirapora | 17 h 10 | 8 h 40 | 1 h 15 |
Caratinga | 17 h 45 | 7 h 30 | |
Uberaba | 25 h 00 | 12 h 10 | 2 h 10 |
Uberlandia | 28 h 50 | 13 h 20 | 3 h |
Rio de Janeiro | 12 h 15 | 8 h 40 | 1 h |
São Paulo | 21 h 00 | 9 h 30 | 1 h 15 |
Vitoria | 21 h 00 | 14 h 30 | 3 h 30 |
70Le tableau 35 permet de comparer la durée des trajets à partir de Belo Horizonte suivant les moyens de transport choisis. Dans la zone métropolitaine de Belo le long des voies ferrées les avantages présentés par l’autobus sont faibles. Au contraire plus on s’éloigne de la ville, plus les inconvénients de la mauvaise orientation des lignes sont marqués et plus les différences entre le train et l’autobus sont accentuées : pour les villes atteintes en cinq ou six heures de voyage le long des six axes ferroviaires rayonnant autour de la capitale, il suffit au maximum de 3 h 1/2 pour y arriver en autobus. Au-delà de l’isochrone de six heures, les avantages de l’autobus s’affirment : par exemple pour Itabira, Ponte Nova, S. Joâo del Rei, Cel Fabriciano, Formiga et Lavras. Pour Rio on peut encore hésiter à emprunter le train ou l’autobus, mais pour São Paulo, Vitoria ou les villes du Triangle : Uberaba et Uberlandia, le gain de temps réalisé par l’autobus est énorme (carte des Isochrones de la région centrale du Minas ; fig. 60 bis).
b) Les Transports routiers
71L’augmentation rapide des transports routiers pour les passagers au départ de Beio Horizonte peut être mesurée grâce aux statistiques de la Gare routière :
72Tandis qu’en 1955 le nombre des passagers transportés s’élevait à 1 234 000 personnes, en 1960 il y avait 155 lignes, une moyenne de 295 départs par jour et le nombre des voyageurs transportés au cours de l’année a atteint 1 808 000 personnes (ce qui paraît faible par rapport aux 207 millions de personnes transportées par le réseau de transports urbains : tramway - trolley bus et autobus). Quatre ans plus tard il existait 174 lignes et plus de 400 départs par jour ; le trafic passagers a dépassé 2 700 000 personnes, soit une moyenne journalière de plus de 9 000.
73Les figures 55 et 60 montrent les lignes d’autobus au départ de Belo Horizonte, leur fréquence et la durée du parcours. On remarquera la plus grande rapidité des liaisons le long des axes goudronnés vers Brasilia, Ipatinga, Ponte Nova, Rio de Janeiro, S. Paulo et Formiga, tandis que les relations vers le nord-est (Serro, Guanhaês, Santa Maria do Suassui, Minas Novas) sont beaucoup moins rapides et moins fréquentes. (Carte fig. 60 bis).
c) Le téléphone
74Comme la figure concernant les lignes d’autobus, la carte (fig. 61) indiquant la fréquence journalière des communications téléphoniques à partir de Belo Horizonte constitue une sorte de résumé des relations de la ville :
Relations à longue distance avec les Métropoles nationales et la nouvelle capitale fédérale : Rio de Janeiro et ses “annexes” : Niteroi et Pétrôpolis ; São Paulo et ses “annexes” : Santos, Campinas, Sto André, S. Bernardo, S. Caetano ; Brasilia.
Relations avec les principaux centres régionaux de l’Etat : Juiz de Fora, Governador Valadares, Uberaba, Montes Claros, etc.
Relations très denses dans un rayon de 200 km dans sa zone d’influence directe.
8 – Conclusion
75Après avoir analysé les différents éléments de l’influence de Belo Horizonte, essayons de préciser géographiquement les zones d’influence de la capitale, en éliminant l’influence bancaire, qui dépasse les limites de l’Etat (tab. 31) et l’influence administrative fixée au contraire à l’intérieur des frontières de l’Etat.
A) L’influence générale de Belo Horizonte se marque, comme nous l’avons montré, sur la plus grande partie de l’Etat, sauf les régions du sud-est, du sud-ouest et du Triangle par des réseaux commerciaux (fig. 58), le commandement de quelques entreprises industrielles (tab. 28), la fourniture de produits alimentaires (fig. 45) ou de produits bruts, l’attraction de migrants et d’étudiants (tab. 32-33), la diffusion de sa presse et des émissions de télévision (fig. 56), le réseau de lignes d’autobus (fig. 60), la densité des communications téléphoniques (fig. 61), etc.
76Cette influence générale et diffuse de la capitale vient se heurter aux zones d’influence directe de São Paulo et de Rio de Janeiro au sud-ouest et au sud-est de l’Etat : toute une série de centres intermédiaires marque cette rencontre depuis Passos, Lavras, São Joâo del Rei, Barbacena, jusqu’aux villes du nord de la zone de la Mata comme Ponte Nova et Caratinga. De même loin vers l’ouest nous avons signalé dans le Triangle l’importance de l’influence pauliste et vers l’est la progression vers le nord-est de l’Etat, de l’influence de Rio de Janeiro grâce à la route goudronnée Rio - Salvador de Bahia. Au contraire partout ailleurs, vers les régions pionnières ou périphériques à faible densité de population, l’influence de Belo peut se faire sentir sur des centaines de kilomètres soit directement, soit par l’intermédiaire de villes-relais, comme Patos (plus aisément atteinte depuis la construction de la route Belo-Brasilia) ou Montes Claros au nord de l’Etat, qui commande à son tour une région grande comme le quart de la France mais peuplée de moins de 650 000 habitants (dans l’Etat du Minas).
B) La zone d’influence prépondérante de Belo Horizonte s’étend sur la région centrale de l’Etat et mesure approximativement 300 km du nord au sud et 300 km de l’est à l’ouest : elle correspond d’abord à la “région industrielle” de Belo Horizonte, dont les industries (textiles, sidérurgiques, alimentaires) sont géographiquement et techniquement liées, mais dont une grande partie dépend de centres de décision extérieurs à Belo Horizonte : Rio, São Paulo ou même les pays étrangers (Allemagne – Etats-Unis – Luxembourg, etc.)
77C’est la zone de redistribution du commerce de gros de la capitale et d’attraction pour le commerce de détail spécialisé (fig. 58).
78C’est également la zone de ravitaillement en lait frais, produits maraîchers, œufs et volailles (fig. 57).
79D’autre part les habitants de cette zone viennent dans les hôpitaux spécialisés et fournissent au moins la moitié des étudiants et des migrants définitifs (tab. 32-33). La presse de Belo Horizonte et la télévision y sont prépondérantes. La densité du réseau d’autobus montre l’intensité des relations et la durée des voyages dépasse rarement 5 heures (fig. 55 et 60).
80Cette zone d’influence prépondérante correspond aux zones physiographiques suivantes : zone métallurgique et en partie Campos da Mantiqueira, Ouest, Haut S. Francisco, Haut Jequitinhonha et Rio Doce. A l’intérieur de cette zone il est intéressant de distinguer la région du sud-est (le quadrilatère ferrifère et ses bordures) et de l’est (Itabira et Vallée du Piracicaba) où pratiquement il n’existe que des villes historiques avec leur annexe industrielle et des Company Towns typiques, qui ont un équipement tertiaire à usage local, sans rayonnement spatial (par exemple Ouro Preto, Itabira ou Monlevade).
81Ailleurs au contraire dans un contexte d’activités agro-pastorales qui n’excluent pas l’industrie, les villes peuvent être de petits centres régionaux comme Divinópolis, Sete Lagoas, Curvelo ou de véritables “portes du Sertâo” comme Diamantina.
C) Mentionnons enfin la zone Métropolitaine de la capitale du Minas, qui comprend autour de la ville les municipes de Contagem, Betim, Ibirité, -Nova Lima, Raposos, Sabaré, Santa Luzia, Vespasiano et Ribeirâo das Neves : soit près de 50 km de l’est à l’ouest et 30 km du nord au sud. Ce sont des banlieues ou des petites villes satellites, à la fois dortoirs et zones industrielles. Leur équipement culturel, sanitaire ou commercial est très réduit : il n’y a pas de commerce de gros, quelques rares collèges.
82Les liaisons par autobus sont fréquentes (plus de 15 liaisons par jour vers Nova Lima, Betim, Sabaré et Contagem) et rapides : rarement plus d’une heure de trajet (fig. 55 et 60).
B – L’INFLUENCE DES CENTRES RÉGIONAUX RÉGIONS POLARISÉES ET TYPES DE RELATIONS VILLE-RÉGION
83Après avoir passé en revue tous les types de relations montrant l’influence des métropoles (nationales ou régionales) sur des distances plus ou moins lointaines et sur une partie plus ou moins grande du Minas Gerais, il est intéressant d’analyser l’influence des centres régionaux de l’Etat.
84Nos observations personnelles, les études et les cartes réalisées par le Conseil National de Géographie (502 – 503 – 505 – 512 – 513), permettent d’abord de montrer l’équipement, la répartition spatiale, l’extension de la zone d’influence des centres régionaux et de déterminer les régions polarisées ; cependant en nous attachant à quelques centres régionaux importants, que nous avons particulièrement étudiés (comme Uberaba et Uberlandia en 1963 et 1967, Varginha en 1963, Montes Claros en 1963, Governador Valadares en 1963 et 1967), nous tenterons de montrer les ressemblances ou les différences de l’action de ces villes sur une région plus ou moins étendue, plus ou moins développée et réciproquement l’évolution de ces centres.
1 – Centres régionaux et régions polarisées
85Tandis que le tableau 36 indique l’équipement des Centres régionaux, la carte (fig. 62) et le tableau 37 montrent leurs respectives zones d’influence et l’organisation du réseau urbain.
86Il faut remarquer que 14 régions sont polarisées par des centres régionaux de l’Etat : Belo Horizonte (207 municipes) Montes Claros (37 municipes de l’Etat plus 7 municipes de l’Etat de Bahia), Patos (17 municipes), Divinópolis (44 municipes), Barbacena (32 municipes), Juiz de Fora (55 municipes), Muriae (33 municipes), Governador Valadares (52 municipes), Teofilo Otoni (41 municipes, plus 10 municipes de l’Etat de Bahia), Poços de Caldas (10 municipes), Varginha (45 municipes), Uberaba (27 municipes), Ituiutaba (8 municipes de l’Etat plus 2 de l’Etat du Goias), Uberlandia (13 municipes de l’Etat plus 41 municipes du Goias et 5 du Mato Grosso) ; au contraire 10 autres portions plus ou moins étendues du territoire de l’Etat appartiennent à des régions polarisées par des centres régionaux extérieurs à l’Etat, principalement au sud et au sud-ouest : São Paulo (41 municipes), Campinas (15), Riberâo Preto (20), et également São José du Rio Preto (1), Taubaté (4), São José dos Campos (1), Barra Mansa (7) ; il faudrait citer également au nord-ouest, Brasilia (3), et au nord-est, Vitoria da Conquista (4) et Colatina (1).
2 – Types de relations entre les centres régionaux et leurs régions
87De même que l’équipement des centres régionaux semble proportionnel à la valeur et au volume des produits agricoles collectés et conditionnés par la ville et d’autre part au niveau de vie des populations desservies dans leur zone d’influence, il apparaît que le type des relations entre le centre et sa région, le semis urbain qui dépend du centre régional, l’intensité de l’attraction de la population peuvent être assez différents suivant le niveau de développement économique de la région et la densité de la population rurale. Or nous avons déjà montré que le niveau de développement économique correspondait le plus souvent aux conditions plus ou moins favorables du “complexe rural” (3e Partie. Chap. I. 2. A/).
88Nous retrouverons dans ces centres régionaux des activités régionales traditionnelles qui sont de trois ordres :
La collecte et le premier conditionnement des produits agropastoraux : ainsi l’embarquement du bétail gras à Montes Claros, Governador Valadares, Uberlandia ; le décorticage du riz à Uberlandia ; l’égrenage du coton à Montes Claros, le ramassage du lait et le dépulpage du café à Varginha, etc.
Le commerce de gros et de redistribution des produits industriels.
Un commerce de détail plus varié et mieux achalandé ; la fourniture de services comme les médecins spécialistes, de bons collèges secondaires (et éventuellement des écoles d’enseignement supérieur), des banques importantes, etc. ; également une armature administrative plus ou moins développée ; pour ces dernières activités le réseau des lignes d’autobus est un bon “révélateur” de l’influence directe du centre régional (cartes - figures 63 - 64 - 65 et 66).
89Cependant, depuis une dizaine d’années principalement, ces centres régionaux sont les moteurs de l’invasion du monde industriel, grâce à l’implantation d’industries moins “primaires”, plus diversifiées, liées aux transformations de l’agriculture ou de l’élevage, grâce également au développement d’un réseau routier plus moderne et au renforcement du commandement technique, universitaire et audio-visuel (radio-télévision).
90Comme ces facteurs de dynamisme ont touché inégalement les centres régionaux de l’Etat, on peut en schématisant, distinguer plusieurs situations :
A) Le centre régional continue à “dominer” une région étendue, au développement économique médiocre ou très faiblement développée, comme c’est le cas de Montes Claros par rapport à la région nord de l’Etat (carte fig. 63).
91Ici les conditions du “complexe agraire” sont très défavorables dans les conditions techniques et socioéconomiques actuelles ; en effet le potentiel “naturel” est réduit, la région est faiblement peuplée ; l’élevage extensif domine encore et les inégalités sociales sont très accentuées, d’où un très faible niveau de vie pour la majorité de la population répartie sur un immense espace sans communications modernes ; seule une minorité de privilégiés faisant l’aller et le retour entre leurs “fazendas” et la ville participent réellement à la vie urbaine ; la campagne semble inerte, car ses habitants sont pris entre la misère et le féodalisme agraire ; elle est incapable de répondre aux incitations de la ville : elle n’est pas réceptrice. Ainsi longtemps Montes Claros a dû se contenter des activités traditionnelles, en se bornant à collecter, conditionner les produits agricoles (égrenage du coton, embarquement du bétail vivant), à redistribuer des produits manufacturés, à attirer des migrants et drainer les revenus fonciers de la région (sans la contrepartie d’investissements) ; les services privés, que la ville offre, sont limités aux seuls besoins de la classe privilégiée qui seule assure leur rentabilité (clinique - collèges religieux, etc.).
92Si les relations de Montes Claros sont peu denses avec sa région, elles se font sur de grandes distances et pratiquement sans aucun autre intermédiaire urbain (fig. 62). Seule Januaria peut être considéré comme un centre local ; ce que Janaúba sera peut-être dans quelques années. Sa zone d’influence, grande comme le quart du territoire français a la forme caractéristique d’un éventail largement ouvert vers le nord-est et le nord-ouest de l’Etat jusqu’aux confins méridionaux de l’Etat de Bahia, tandis que l’influence de la ville est plus limitée vers le sud. L’attraction de la population a été assez forte vers la ville : de 1950 à 1960 Montes Claros aurait accueilli 14 000 migrants environ, soit plus du tiers de sa population de 1960 (34,5 %).
93Cependant des facteurs de progrès apparaissent :
Dans le domaine industriel, on ne se contente plus d’égrener le coton, mais aussi de fabriquer de l’huile et d’utiliser les sous-produits : savon, tourteau (Fabrique Irmaôes Pereira par exemple) ; les huileries traitent également le ricin et le tournesol, dont les cultures se développent dans la région ; les superficies réservées aux “invernadas” (prés d’embouche) s’étendent dans le bassin du Rio Verde Grande ; aussi une partie du bétail sera-t-il abattu sur place (FRIGONORTE) et exporté sous forme de viande et non plus vivant, avec tous les avantages que cela apportera pour la région (actuellement les gares de la région embarquent près de 130 000 têtes de bovins gras par an). L’élevage laitier se développe : la coopérative et une autre fabrique SOCOMIL produisent du beurre. Grâce aux subventions de la SUDENE d’autres usines modernes vont s’installer : tannerie, égrenage et huilerie de coton, cimenterie, alliages d’aluminium, etc.
condition indispensable au développement économique, la route de Montes Claros à Curvelo (Belo Horizonte) sera entièrement goudronnée en 1969. L’enseignement supérieur a démarré avec deux facultés : philosophie et médecine.
94Le dynamisme récent de la “Princesse de l’intérieur” (Princessa do Sertâo) comme on surnomme la ville, sera-t-il assez fort pour vaincre l’inertie socio-psychologique de la campagne et les monopoles politiques ?
B) Le centre régional commande une région traditionnelle assez développée, comme c’est le cas de Varginha dans la région sud du Minas (carte fig. 66).
95Les conditions du complexe agraire sont nettement plus favorables : l’occupation du sol est ancienne, la densité de population rurale assez forte, les structures sociales moins inégales, les systèmes de culture et d’élevage plus intensifs, d’où un meilleur niveau de vie moyen ; il semble que la moitié de la population puisse participer aux biens et services distribués normalement par les villes ; en conséquence la région peut “supporter” un semis de petites villes et de villes moyennes denses ; les incitations du centre régional et les réponses de la région peuvent être équilibrées. Il peut y avoir une certaine concordance entre les actions du drainage et d’irrigation du centre régional, entre les transformations de la campagne et les structures urbaines de la région. Là encore l’évolution industrielle de la ville et l’orientation des routes modernes sont sans doute les meilleurs “révélateurs”. Depuis la fin du XIXe siècle Varginha a été un centre important de collecte et de dépulpage du café et garde encore de nos jours cette fonction traditionnelle ; la ville a attiré ensuite des industries de consommation variées, comme la fabrication de produits laitiers, de pâtes alimentaires et de farine (grâce à l’importante colonie italienne) et des ateliers de mécanique également.
96Depuis une dizaine d’années le développement de l’élevage laitier dans la région comme la présence d’une main-d’œuvre assez qualifiée à proximité de São Paulo ont attiré ou développé deux types d’industries modernes représentés par la COMA. Companhia Mineira de Alimentacâo (130 ouvriers en 1963) qui fabrique du lait en poudre (c’est une entreprise pauliste du groupe Gasparini) et la Companhia Brasileira de Caldeiras (500 ouvriers environ), qui fabrique des chaudières. On peut mesurer la diversification des industries alimentaires en constatant qu’en 1958 le conditionnement du café et la fabrication du fromage dominaient, tandis qu’actuellement ce sont les fabrications de la farine, des pâtes, du beurre, des rations pour l’alimentation animale et le lait en poudre. Le niveau de vie de Varginha et de sa région est bien supérieur à celui de la région de Montes Claros, puisqu’on peut remarquer sur le tableau 36 que Varginha possède à peu près le même équipement que Montes Claros pour une population desservie très inférieure (519 000 habitants contre 949 000), et une superficie de la zone d’influence huit fois moindre. La ville est au 21e rang dans l’Etat pour sa population mais au 11e rang pour les impôts d’Etat qu’elle paye. Son quotient des dépôts bancaires est l’un des meilleurs de l’Etat, au même titre que ceux des grands centres régionaux de Juiz de Fora, Uberaba et Uberlandia (tableau 36). Par contre ses effectifs démographiques ont moins gonflé : de 1950 à 1960 les migrants ont sans doute atteint le chiffre de 7 800, ce qui représente 31 % de la population de 1960 (cf le taux élevé de Governador Valadares 62 %) ; les migrants de la région se dirigeant en grand nombre vers São Paulo.
97Les relations de Varginha avec sa région sont denses, mais à courte distance (à l’échelle brésilienne) ; en effet dans le sud de Minas, les villes sont nombreuses : aucun grand centre régional n’a réussi à s’imposer et Varginha doit compter avec l’influence d’autres centres régionaux ou intermédiaires : Poços de Caldas à l’ouest, Itajubá au sud-est et même Lavras au nord-est et Pouso Alegre au sud-ouest. On remarquera sur la figure 66, sa zone d’influence orientée traditionnellement vers le sud-est et le nord-ouest le long de la voie ferrée. Il est probable que le tracé perpendiculaire de la route goudronnée Belo Horizonte-São Paulo va apporter des modifications.
C) Notre 3e exemple sera celui de Governador Valadares, centre régional “champignon” dans l’est de l’Etat (carte fig. 64).
98C’est une région qui a été défrichée récemment. Encore pionnière jusqu’en 1955, sa densité de population est forte actuellement. Les inégalités sociales sont marquées et le niveau de vie moyen, faible. Les équipements culturels et sanitaires sont partout insuffisants et la région, qui a traversé une série de phases économiques très rapides, subit une grave crise agraire : en effet succédant aux phases de l’exploitation forestière, de l’agriculture de subsistance et de l’élevage pour la viande, se développe un élevage plus intensif où la production laitière n’est plus dédaignée ; les propriétaires font transformer en pâturages les terres de leurs tenanciers et se débarrassent de ceux-ci quand ils sont devenus inutiles. Ce qui explique un chômage rural alarmant, la fuite vers les villes et principalement vers Governador Valadares. L’énorme accroissement démographique de la ville, qui aurait reçu de 1950 à 1960 plus de 44 000 migrants (soit 62 % de la population de 1960) s’explique également par l’excellente position de la ville, au croisement de l’axe ouest-est du Rio Doce, suivi par une voie ferrée moderne, adaptée à l’exportation de millions de tonnes de minerai de fer et d’un axe nord-sud représenté par la route Rio de Janeiro-Salvador unissant le Brésil sous-développé du nord-est au Brésil industriel ; ainsi la ville peut servir de relais pour les émigrants pauvres fuyant le nord-est du Brésil vers São Paulo ; cet afflux d’émigrants pauvres se traduit évidemment dans le paysage urbain par l’importance des bidonvilles sur les collines ou le long du fleuve (photos).
99L’évolution industrielle de Governador Valadares montre comment la ville s’adapte aux phases économiques successives : A) vers 1950 les industries principales de la ville sont les scieries, 871 ouvriers ; le conditionnement du mica, 1 075 ouvriers ; une sucrerie et une “Charqueada” (fabrique de viande salée et séchée, appelée charque) ; – B) vers 1960 les industries du bois et du mica sont en décadence : pour le bois, comme la matière première se raréfie, il faut aller se ravitailler toujours plus loin (200 km ou plus) et dans des zones où les communications sont difficiles ; certaines scieries quittent la ville pour se rapprocher des réserves forestières. Pour le mica, c’est la fermeture de débouchés extérieurs qui est la cause du déclin. Cependant Governador Valadares est saisie par la “fièvre de la fonte” comme la région à l’ouest de Belo Horizonte : de 1960 à 1961 s’installent 3 hauts fourneaux, qui ont produit en 1961 12 500 tonnes de fonte. La ville reste un centre important d’embarquement de bétail vivant (vers Belo Horizonte et Rio) ; mais en 1960 s’installe le premier abattoir frigorifique (MATISA) ; comme aux alentours de Montes Claros, s’étendent les “Invernadas” et l’élevage laitier se développe ; 2 petites usines fabriquent du beurre. – C) en 1967 la situation est encore différente : les hauts fourneaux ont disparu mais une société sidérurgique fabrique des engrais, une fabrique de papier s’est installée ainsi que deux fabriques de produits tirés du maïs : huile. Le deuxième abattoir frigorifique a des difficultés financières. Une grande partie du lait ramassé dans la région va ravitailler la fabrique Gloria à Itaperuna (RJ) grâce aux routes goudronnées. Cependant les industries du bois (scieries - contre-plaqués) restent au premier rang pour l’emploi de la main-d’œuvre (plus de 400 ouvriers sur un total de 1 600 au début de 1966).
100L’influence de Governador Valadares peut s’étendre plus facilement vers l’ouest et l’est que vers le nord et le sud ; en effet son influence se heurte vers le nord à l’influence de Teofilo Otoni et vers le sud à l’influence de Caratinga, deux petits centres régionaux qui lui sont actuellement subordonnés, mais qui lui étaient très supérieurs jusqu’à la fin de la guerre. Cependant au sud-ouest, grandit rapidement l’agglomération industrielle de Coronel Fabriciano-Ipatinga.
D) Le 4e exemple que nous présenterons sera celui d’Uberlandia, grand centre régional en plein développement dans le Triangle minier (carte fig. 65).
101Malgré la faible densité de la population, les structures agraires inégales, les conditions du “complexe agraire” sont plus favorables que dans le cas précédent, car l’agriculture et l’élevage de la région fournissent des surplus commercialisables très importants et un revenu agricole élevé (tableaux 21 et 22).
102Ainsi Uberlandia garde une fonction importante de collecte et de simple conditionnement des produits agricoles : en 1966 encore 62 entreprises de décorticage du riz, 2 d’égrenage du coton. La ville avait vu s’implanter dans une deuxième phase des industries de transformation des produits agricoles (“Charqueada” et abattoirs frigorifiques - tanneries - fabriques de graisse - huileries, etc.) et des industries de consommation (minoterie, boissons, matériel de construction, chaussures, ateliers mécaniques, etc.) ; avec la construction de la cité industrielle satellite, elle aborde une troisième phase industrielle avec des entreprises fabriquant du matériel électronique (téléviseurs) et des biens d’équipement.
103Comme la culture du riz s’est considérablement développée au nord et au nord-ouest du Triangle minier, dans les Etats du Goias et du Mato Grosso, d’Itumbiara à Rio Verde et Jatai, Uberlandia a cherché à garder son contrôle sur la production rizicole en essaimant des filiales pour la collecte et le décorticage sur place.
104Son influence a été renforcée également par l’amélioration du réseau routier, le développement de l’enseignement supérieur (3 écoles en 1960, 7 en 1967), l’action de ses 5 postes émetteurs de radio, de son poste émetteur de télévision, qui couvre toute la région dans un rayon de 200 km grâce à 11 réémetteurs et dessert 40 000 foyers.
105On remarquera enfin d’après le tableau 36 l’importance de son commerce de gros, de la redistribution des produits industriels et de son équipement bancaire ; la ville a attiré en dix ans de 1950 à 1960 plus de 25 000 migrants soit 35 % de sa population de 1960.
106Appelée à l’origine “Uberabinha”, c’est-à-dire le Petit Uberaba, devenue la “Terre fertile”, Uberlandia commence à distancer Uberaba dans tous les domaines ; cependant Uberaba plus traditionnelle garde son prestige pour l’enseignement universitaire, les professions libérales et ses célèbres expositions de bétail zébu.
107La figure 65 montre l’orientation des lignes d’autobus des deux centres régionaux du Triangle : ainsi la zone d’influence d’Uberlandia semble déborder largement sur les deux Etats voisins suivant une orientation nord-ouest sud-est ; celle d’Uberaba s’oriente davantage dans le sens est ouest. En bordure il faut noter l’emprise d’Ituiutaba, ville en grand progrès (grâce au décorticage du riz) sur l’ouest du Triangle et le réseau étoilé de Patos. Dans le Triangle minier, la “richesse” de la campagne, malgré la faible densité de population, permet un semis urbain plus développé et mieux équipé que dans la région nord de Minas : entre les deux grands centres régionaux d’Uberaba et d’Uberlandia et les petits bourgs peu nombreux, on rencontre le centre régional d’Ituiutaba, l’une des villes champignons de l’Etat (il aurait reçu de 1950 à 1960 19 300 migrants, soit 64 % de sa population de 1960), les centres intermédiaires d’Araguari et Araxá et les centres locaux de Tupaciguara, Frutal et Monte Carmelo.
108Les quatre exemples de centres régionaux, que nous venons de présenter rapidement, montrent bien que toute l’organisation régionale (relations et flux de toute nature, semis urbain plus ou moins hiérarchisé), comme l’attraction démographique des villes, dépendent toujours des interactions entre le niveau de développement de l’espace rural et le “dynamisme” de la ville, favorisées ou non par la facilité des transports, l’importance des moyens d’information, la fluidité sociale, les progrès socio-psychologiques, etc.
109Ainsi Montes Claros et Governador Valadares continuent à “dominer” leurs régions plutôt qu’à les animer, mais réciproquement elles doivent s’adapter au sous-développement’, à la rapide succession des phases économiques, à l’inertie sociale ou à la crise agraire de leurs régions respectives ; si Montes Claros est “retardée” par la misère rurale, l’isolement et les structures latifundiaires de sa région, Governador Valadares, dont les assises industrielles sont peu stables, pourrait être vite “débordée” ou étouffée par l’afflux impressionnant des migrants démunis.
110A un autre niveau, Varginha est plus équilibrée dans une région agricole traditionnelle, envahie par l’élevage laitier et proche de la grande métropole industrielle du Brésil : São Paulo.
111Seule Uberlandia, comme les centres régionaux de l’Etat de São Paulo, commence à animer véritablement sa région, qui présente de larges surplus agricoles commercialisables. La ville développe ses réseaux commerciaux, ses moyens de commandement technique et universitaire, diversifie la gamme de ses industries.
3 – Relations entre une agglomération industrielle et son espace environnant
112Contrastant avec l’influence des centres régionaux, une importante “Company Town” sidérurgique comme Monlevade, malgré ses 27 042 habitants en 1960, n’a qu’une faible action organisatrice sur l’espace environnant, car ses principales relations sont à longue distance, sauf pour la fourniture du minerai de fer extrait à proximité de l’usine (mines à ciel ouvert du Morro de Andrade).
tout d’abord les décisions concernant la marche de l’usine sont prises à Belo Horizonte ou même parfois discutées à l’étranger, puisqu’il s’agit d’une société luxembourgo-brésilienne ;
près de la moitié du charbon de bois nécessaire est produit (et transporté par voie ferrée et camion) à plus de 100 km de l’usine dans le bassin du Rio Doce jusqu’à une distance de 200 km : Galileia - Conselheiro Pena ou davantage : Itambacuri (en 1960 la consommation totale de l’usine a été de 998 800 m3) ;
la fonte et les aciers produits par l’usine ne sont pas employés à proximité, mais à Belo Horizonte et plus encore à São Paulo et Rio de Janeiro, qui absorbent 71 % des ventes (en 1964) ;
la plus grande partie du ravitaillement nécessaire à la company town vient de loin, par le relais de Belo Horizonte.
113Cependant l’influence de Monlevade dans un rayon de 50 ou 100 km n’est pas négligeable dans deux secteurs : d’une part l’appel de main-d’œuvre et d’autre part la fabrication du charbon de bois et le reboisement (carte fig. 67).
114Tandis que les cadres sont originaires de l’étranger, d’autres régions du Minas ou d’autres Etats brésiliens, la grande majorité des ouvriers et des employés sont nés dans un rayon de 100 à 150 km autour de l’usine (comme le montrait l’enquête réalisée par la Compagnie en 1960 mais, malheureusement, dont les minutes ont été égarées...).
115De même près de 600 000 m3 de charbon de bois étaient produits en 1960 dans un rayon de 100 km autour de Monlevade et transportés par camion ou par le nouveau téléphérique (Dionisio - Monlevade, long de 50 km). (Carte fig. 67).
116Dans son ensemble le ravitaillement en charbon de bois et le reboisement emploient directement ou indirectement plus de 10 000 personnes (contre 30 000 environ qui dépendent des activités de l’usine) ; il faut reboiser tous les ans plus de 4 000 hectares en eucalyptus et les forêts “industrielles” de la Compagnie couvrent déjà 25 000 hectares (l’ensemble des propriétaires de la Compagnie s’étendait en 1950 sur 235 000 hectares...).
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