Chapitre III. Populations et fonctions urbaines en 1950
p. 123-138
Texte intégral
1Pour l’étude des populations et fonctions urbaines, notre principale source de renseignements a été le recensement démographique en 1950, (les résultats détaillés du recensement de 1960 n’ont pas encore été publiés à ce jour). En conséquence nous devrons nous contenter de données déjà “anciennes”, dans un pays où tout change si rapidement. D’autre part, le découpage administratif en municipes, qui sert de base aux statistiques, ne permet pas une analyse précise ; en effet le municipe comprend toujours son agglomération chef-lieu appelée “cidade” entourée d’une zone rurale plus ou moins peuplée, plus ou moins étendue. Dans de nombreux cas le municipe est divisé en plusieurs districts, comprenant chacun leur agglomération chef-lieu appelée “vila” et une zone rurale. Ainsi les statistiques dont nous disposons dans le cadre du municipe, recouvrent des unités très hétérogènes et en plus leurs limites sont changeantes comme nous l’avons vu.
2Si nous examinons l’importance de la population urbaine dans les municipes de villes de plus de 5 000 habitants en 1950, il nous faut retirer quelques cas exceptionnels où la population urbaine dépasse les 3/4 de la population totale, comme à Belo Horizonte 96 %, Caxambu 87 %, São Lourenço 80 %, Nova Lima 79 %, Araxé 77 %, Poços de Caldas 75 %...
3Dans la grande majorité des municipes, la population urbaine représente du tiers aux 2/3.de la population totale, mais il existe 11 municipes où la population urbaine est inférieure à 20 % du total...
4Dans ces conditions il semble pratiquement impossible de comparer valablement la composition des populations urbaines (âge - sexe - race), puisque les statistiques nous livrent des unités où s’opposent populations urbaine et rurale dans des proportions fort diverses. Mais dans un pays en voie de développement, où dans une large mesure les villes sont toujours je réflexe de leur environnement rural, y a-t-il réellement une grande différence de composition et de comportement démographique entre les fractions urbaines et rurales de la population d’un même municipe ? De nos jours il est indéniable que ces différences s’affirment, mais en 1950 elles étaient encore très faibles sauf pour les villes les plus importantes (en dehors de Belo Horizonte 9 villes seulement dépassaient 20 000 habitants).
5Les difficultés sont grandes également pour l’étude de la répartition de la population active. Que doit-on considérer comme population active urbaine à l’intérieur de chaque municipe ? Il semble normal d’exclure la population employée dans l’agriculture et pourtant on sait que de nombreux propriétaires et même des ouvriers agricoles peuvent résider dans la cidade ou les vilas. De même pour l’extraction minérale, il y a certes de nombreuses exploitations dispersées avec leurs campements ou groupes de chaumières (par exemple dans le municipe de Diamantina), mais il existe des exploitations importantes avec leurs cités ouvrières, soit juxtaposées ou même incluses dans la ville (Itabira, Nova Lima), soit constituant une Company Town isolée du chef-lieu du municipe (Casa da Pedra près de Congonhas do Campo). Le personnel employé dans l’extraction des produits végétaux (charbon de bois, bois, cueillette) réside le plus souvent dans la zone rurale. Normalement les installations industrielles sont incluses dans le périmètre urbain, mais il existe également de petites usines installées en pleine zone rurale, accompagnées de leurs cités ouvrières et aussi des Compagny Tovyns importantes implantées hors d’un chef-lieu municipal (exemple : Monlevade) ; ce qui représenterait en 1960, 18 % de la main-d’œuvre ouvrière de l’Etat et 20 % de la valeur de la production.
6Quant au secteur tertiaire, le problème se pose quand il existe dans le municipe en plus du chef-lieu, une ou plusieurs vilas, qui possèdent un minimum d’équipement tertiaire, dans le commerce et les services ; quelle part faut-il leur réserver ? Faut-il même chercher à évaluer le nombre des employés domestiques travaillant dans les fermes ? Ainsi, sauf cas exceptionnels, si l’on affecte au chef-lieu municipal l’ensemble des effectifs (ou de la production) de l’extraction minérale, des industries et du secteur tertiaire, on risque de donner à la ville une importance exagérée et cela peut fausser les études comparatives en vue de déterminer la hiérarchie urbaine. Si on lui retire toute la population agricole, on se condamne à ignorer une fonction importante des villes. En fait les calculs effectués pour dix-huit agglomérations de 5 000 à 20 000 habitants (en 1950) ont montré que la population active agricole résidant dans les chefs-lieux représentait rarement plus de 15 % de la population active urbaine : par exemple Câssia 21,47 %, Guaranesia 21,33 %, Muzambinho 16,37 % et Paraisôpolis 16,12 % ; la moyenne pour l’ensemble des villes du Minas serait de 10,75 %. Ainsi la petite ville à forte fonction résidentielle agricole serait absente du Minas. Au contraire nous avons rencontré dans la zone d’influence de Guadalajara au Mexique, de véritables villes “agricoles” (dont la population totale était comprise entre 32 000 et 15 000 habitants en 1960), similaires à celles d’Espagne ou d’Italie du Sud, groupant plus de 40 % de population active agricole : Ciudad Guzman 42,37 %, Tecoman 49,08 %, Sahuayo 50,74 %.
A – STRUCTURE DES POPULATIONS URBAINES
1 – Composition par sexe et par âge
7En 1950, l’Etat du Minas dans son ensemble présentait une légère supériorité du sexe féminin : 50,29 % de la population, sur le sexe masculin : 49,71 %. Ces taux étaient proches de la moyenne brésilienne : femmes 50,18 %, hommes 49,82 %, loin des taux des Etats d’immigration où domine le sexe masculin : Parana 51,59 % et Mato Grosso 51,93 % d’hommes ; mais distants également des taux des Etats à forte émigration, où le taux de masculinité est minimum, comme dans le Sergipe : 47,61 %, l’Alagoas : 48,17 %, le Pernambouc 48,44 % ou Bahia : 48,67 %. Comme nous savons que l’Etat du Minas est un Etat d’émigration, son taux moyen de masculinité montrerait qu’ici l’émigration est plus le fait de familles entières que d’hommes seuls à la différence du nord-est brésilien ?
8La répartition de la population de l’Etat en 1950 suivant les classes d’âge montrerait des taux supérieurs à la moyenne brésilienne pour les classes de 0 à 19 ans (54,68 % pour le Minas et 52,46 % pour le Brésil) et des taux inférieurs pour toutes les autres classes ; ce qui confirme l’émigration et la faiblesse de l’urbanisation de l’Etat à cette date.
9Si nous comparons en 1950 la composition par âge et par sexe de la population urbaine et de la population rurale de l’Etat, nous remarquons par rapport à la moyenne de l’Etat, la prédominance du sexe masculin dans la population rurale (50,90 % d’hommes) et au contraire la prépondérance féminine dans la population urbaine (seulement 46,93 % d’hommes contre 53,06 % de femmes).
10D’autre part, la population rurale est plus jeune que la population urbaine : les moins de 15 ans représentent 45,6 % de la population totale dans le premier cas et 38,4 % dans le deuxième. Evidemment à partir de 15 ans la tendance se renverse et pour toutes les classes d’âge ensuite les pourcentages de la population urbaine sont supérieurs à ceux de la population rurale.
11La pyramide des âges de la population urbaine (Graph. Fig. 24) nous montre que l’excédent féminin est particulièrement marqué de 15 à 30 ans, alors que le sexe masculin dépasse à peine le sexe féminin de 0 à 9 ans. La prépondérance féminine dans les villes du Minas est supérieure à la moyenne brésilienne (52,2 %). Il semble qu’on puisse l’expliquer par des facteurs de mortalité différentielle, la mortalité féminine est plus faible en ville qu’à la campagne, et surtout par l’afflux vers les villes des employées domestiques comme des familles d’agriculteurs, désirant mieux assurer l’éducation de leurs enfants.
TABLEAU 15
Classes d’âge | Population urbaine | Population rurale | Population totale |
0 à 4 ans | 14,6 % | 17,4 % | 16,5 % |
5 à 9 ” | 12,0 | 15,1 | 14,1 |
10 à 14 ” | 11,8 | 13,1 | 12,7 |
15 à 19 ” | 11,4 | 11,0 | 11.1 |
20 à 29 ” | 17,7 | 16,8 | 17,1 |
30 à 39 ” | 12,5 | 11,1 | 11,5 |
40 à 49 ” | 8,9 | 7,5 | 7,9 |
50 à 59 ” | 5,6 | 4,3 | 4,7 |
60 à 69 ” | 3,2 | 2,2 | 2,5 |
70 à 79 ” | 1,2 | 0,7 | 0,9 |
80 et plus | 0,4 | 0,3 | 0,3 |
Total | 100,0 % | 100,0 % | 100,0 % |
12Nous avons cherché à comparer les taux de masculinité des 76 districts comprenant les villes de plus de 5 000 habitants en 1950. Par rapport aux taux moyens de 0,98 pour la population totale de l’Etat et de 0,87 pour la seule population urbaine, les taux s’échelonnent entre un maximum de 1,05 et un minimum de 0,73.
13Les taux de masculinité les plus forts correspondent à des centres industriels ou d’extraction minérale : Itajubá, Divinôpolis, Santos Dumont, Sabará, Caété, Nova Lima, Monlevade, Conselheiro Lafaiete ; à des stations thermales : Poços de Caldas, Caxambu ; à des villes où existe une garnison : Pouso Alegre, Tres Coracoês et enfin à des centres de régions agricoles en plein développement à cette date : Governador Valadares, Caratinga, Passos, Manhumirim, Ituiutaba.
14Les taux les plus faibles au contraire apparaissent dans des centres d’industries textiles, comme Cataguazes et surtout dans toutes les villes du Sertâo au Nord-Ouest et au Nord de l’Etat : Curvelo, Pirapora, Paracatu, Montes Claros, Januaria, Diamantina. Il semble que les femmes restent dans les oasis les plus “civilisés” ou paraissent s’y réfugier...
15Quant à l’étude des classes d’âge, nous n’avons pu comparer que des résultats portant sur les municipes (et non plus les districts) les plus urbanisés de l’Etat et concernant trois classes d’âge : de 0 à 4 ans, de 5 à 14, 15 ans et plus.
16Le graphique (fig. 25) nous montre par rapport aux moyennes de l’Etat : 16,57 % pour la classe de 0 à 4 ans, et 56,46 % pour la population de 15 ans et plus, l’opposition très nette existant entre la majorité des municipes urbanisés attirant les jeunes et les adultes (en bas à droite) et quelques municipes des régions périphériques de l’Etat, incluant une forte population rurale, qui apparaissent comme des “pays naisseurs” (en haut à gauche). C’est Belo Horizonte qui a le plus fort pourcentage d’adultes : 65,73 % et le municipe de Rio Piracicaba (avec la Company Town de Monlevade) qui a le plus fort pourcentage de jeunes enfants : 20 %...
17Si l’on établit les mêmes données par zones physiographiques, seule la zone métallurgique (qui comprend Belo Horizonte) avec 60,50 % d’adultes apparaît très attirante. Cinq autres zones sont très près de la moyenne de l’Etat : Mata, Sud, Haut São Francisco, Triangle et Ouest, tandis que les zones du nord-est, du nord, et du nord-ouest de l’Etat : Rio Doce, Urucuia, Mucuri, Moyen São Francisco et Itacambira ont les plus faibles pourcentages d’adultes : de 52 à 55 %.
2 – Composition par races
18A cause des conditions historiques du peuplement, la population du Minas est dans l’ensemble plus “colorée” que la moyenne brésilienne :
Brésil | Minas | |
Blancs | 61,65 % | 58,43 % |
Métis | 26,54 % | 26,80 % |
Noirs | 10,95 % | 14,55 % |
19C’est l’Etat le plus “coloré” du sud-est brésilien : son pourcentage de population noire classe l’Etat au 4e rang au Brésil après Bahia, Rio et Maranhâo. Son pourcentage de population métisse, très près de la moyenne brésilienne, le classe, au 7e rang. Quant au pourcentage de population blanche il est très proche de ceux des Etats voisins (Goias, Espirito Santo et Rio de Janeiro) très inférieur au pourcentage des quatre Etats “blancs” du sud (São Paulo, Parana, Santa Catarina et Rio Grande do Sul) mais évidemment supérieur à ceux des Etats “colorés” du nord-est brésilien.
20En calculant pour l’Etat les pourcentages de la population blanche par zones et pour les municipes incluant toutes les villes de plus de 5 000 habitants en 1960, on remarque l’opposition très tranchée entre les régions ouest et sud-ouest de l’Etat d’une part et toute la moitié nord de l’Etat d’autre part ; les régions centrales et sud-est représentent une zone de transition : (carte, fig. 26).
Les quatre zones du Sud, de l’Ouest, du Haut Paranaiba et du Triangle (avec des pourcentages de population blanche de 72 à 77 %) appartiennent déjà au Brésil “blanc” du sud, car elles ont reçu la majorité de l’immigration européenne de 1880 à 1930 ; sauf deux exceptions, tous les municipes ont au minimum 59 % de population blanche et la majorité de 75 à 80 % ; Ouro Fino a 93 % de population blanche, Muzambinho et Tupaciguara 86 %.
Au contraire dans les zones du Haut São Francisco, du Moyen São Francisco, de l’Itacambira, du Haut Jequitinhonha, du Mucuri et du Rio Doce, la population blanche ne représente que 32 à 49 % de la population ; c’est déjà le Brésil coloré du nord-est.
Dans les zones métallurgiques et de la Mata, la population blanche dépasse la moitié, mais sans atteindre la moyenne de l’Etat. Ici l’immigration européenne a été moins importante et surtout il y a eu les plus grosses concentrations d’esclaves noirs au XVIIIe siècle pour l’extraction aurifère dans la région centrale. Ainsi dans toutes les villes de l’or, la population est encore très colorée : 69 % à Sabará, 59 % à Ouro Preto ; au contraire Belo Horizonte et la plupart des municipes de la Mata ont une population blanche comprise entre 60 et 70 %.
3 – Composition par nationalité
21En 1950, pour une population totale de 7 717 802 habitants, les étrangers et les étrangers naturalisés ne représentaient dans le Minas que 32 896 personnes, soit 0,42 % de la population totale. Ce pourcentage était très inférieur à ceux présentés par la ville de Rio 8,85 %, les Etats de São Paulo 7,59 %, du Mato Grosso, Parana, Rio Grande do Sul, Rio de Janeiro, Santa Catarina et de l’Amazonie, mais supérieur aux pourcentages du Nord-Est. Là encore on retrouve la position intermédiaire de l’Etat entre les deux Brésil et une opposition très nette à l’intérieur de l’Etat, car la majorité de la population étrangère ou d’origine étrangère est concentrée dans les villes et surtout dans les villes du Sud-Est, du Sud-Ouest et dans le Triangle ; elle peut parfois constituer de 2 à 4 % de la population municipale, tandis qu’à Belo Horizonte et à Juiz de Fora elle représente 1,88 et 1,78 %.
22Parmi les étrangers non naturalisés on comptait en 1950 : 7 968 Italiens, 4 830 Portugais, 4 571 Syro-Libanais, 1 558 Espagnols, 1 322 Allemands et 808 Japonais : les autres nationalités représentaient des effectifs inférieurs à 500.
23Ces étrangers ont souvent réussi à s’imposer rapidement et leur importance dans la vie économique urbaine est grande, particulièrement pour le commerce de gros : en 1950 sur 2 337 propriétaires et associés, 224 étaient étrangers, soit 9,6 % ; il y avait 106 Syro-Libanais, 57 Portugais et 43 Italiens. Dans le commerce de détail, sur 31 207 propriétaires et associés, 1 725 étaient étrangers soit 5,5 % et les Syro-Libanais là encore dominaient : 972 contre 239 Portugais et 209 Italiens.
24Dans l’industrie, les étrangers représentaient 5 % des propriétaires et associés, soit 493 personnes, dont 136 Italiens, 117 Portugais et 101 Syro-Libanais. Enfin pour les services de logement et alimentation, 379 étrangers représentaient 5,4 % des propriétaires et associés ; ici les Portugais étaient les plus nombreux : 124 devant les Syro-Libanais : 67 et les Italiens 54.
4 – Composition par religion
25L’Etat du Minas est l’un des Etats les plus catholiques du Brésil, puisque en effet les pourcentages des protestants et des spirites sont inférieurs aux pourcentages moyens brésiliens :
Brésil | Minas Gerais | |
Catholiques | 93,70 % | 96,29 % |
Protestants | 3,34 % | 1,60 % |
Spirites | 1,59 % | 1,48 % |
Autres |
26Cependant ce sont dans les villes que les minorités religieuses sont les plus nombreuses :
Belo Horizonte avait 1,94 % de protestants et 3,95 % de spirites ; Uberaba 1,36 % et 11,8 % : Juiz de Fora 2,18 % et 2,70 % ; également à Governador Valadares et Teofilo Otoni.
27Il semble que les zones du Triangle à l’ouest et celles du Rio Doce et du Mucuri à l’est, soient les plus “touchées” par les cultes protestants ou spirites ; au contraire dans la région centrale de l’Etat (en dehors de Belo Horizonte) le monopole catholique traditionnel serait encore peu entamé.
5 – Analphabétisme et scolarisation
28En 1950 dans le Minas la proportion des alphabétisés (dans la population de 5 ans et plus) était légèrement inférieure à la moyenne nationale : Minas Gerais : 38,24 %, Brésil : 42,66 %. Là encore le Minas est loin des taux très faibles du Nord-Est (minimum Alagoas : 20,25 %) et des taux maxima des villes de Rio de Janeiro : 78,89 % et de l’Etat de São Paulo : 59,35 %. A l’intérieur de l’Etat la variation des taux d’alphabétisation est très grande suivant les zones, car elle dépend de l’importance de la population urbaine de chaque zone, comme le montre le tableau ci-dessous.
29Dans l’ensemble en 1950, 65,03 % de la population urbaine savaient lire et écrire contre seulement 26,33 % pour la zone rurale. Si l’on compare les pourcentages par municipes, ils varient d’un maximum de 76,73 % (municipe de Belo Horizonte) à un minimum de 4,51 %... Le taux d’alphabétisation apparaît proportionnel à la taille de la ville.
30Les progrès de la scolarisation ont été très sensibles depuis 1950 et le recensement scolaire de 1963 permet de nous en rendre compte : à cette date 73,09 % de la population scolarisable de l’Etat étaient scolarisés mais seulement 43,58 % de la population rurale.
31La variation entre les zones est toujours accusée : dans la zone métallurgique 94,57 % de la population scolarisable totale, contre 38,73 % dans la zone de l’Itacambira. De même pour la population rurale 57,77 % dans la zone métallurgique contre seulement 23,68 % dans la zone du Mucuri et 26,71 % dans l’Itacambira (tableau 26).
TABLEAU 16
Zones | Population alphabétisée | Population rurale |
Métallurgique | 59,51 % | 41,50 % |
Triangle | 46,01 | 63,58 |
Mata | 43,79 | 69,32 |
Ouest | 42,05 | 69,99 |
Haut Paranaiba | 40,98 | 69,73 |
Sud | 40,67 | 68,36 |
Haut São Francisco | 35,76 | 70,22 |
Rio Doce | 29,61 | 81,98 |
Urucuia | 24,38 | 87,37 |
Moyen São Francisco | 19,18 | 82,47 |
Haut Jequitinhonha | 18,45 | 83,45 |
Mucuri | 15,87 | 80,87 |
Itacambira | 10,96 | 90,96 |
6 – Répartition de la population active
32Si l’on considère d’après le recensement de 1950 les activités de la population âgée de 10 ans et plus, pour le Brésil et les Etats du Minas et de São Paulo, le retard du développement du Minas apparaît flagrant par rapport à l’Etat de São Paulo et même par rapport à la moyenne brésilienne.
33Pour l’Etat du Minas la comparaison des chiffres de 1950 et de 1940 montre la diminution du secteur primaire et des inactifs, compensée par l’augmentation des activités non salariées, du secteur tertiaire supérieure à celle du secteur secondaire.
34A l’intérieur de la population active, 2 399 188 personnes, les trois grands secteurs d’activité représentent en 1950, 67,2 % pour l’agriculture (1 618 491 personnes), 11,2 % pour l’extraction et l’industrie (265 535) et 21,5 % pour le secteur tertiaire (515 162).
B – FONCTIONS URBAINES
35Quand nous avons décrit les paysages urbains, nous avons remarqué à côté de nombreuses petites villes qu’il existe des villes plus importantes par leur population et également des agglomérations spécialisées dans certaines activités industrielles ou tertiaires.
36Le problème est désormais d’essayer de préciser les fonctions des villes et de déterminer leur rayonnement spatial, c’est-à-dire d’opposer trois types d’activités urbaines différentes, mais qui réagissent évidemment les unes sur les autres :
Les activités locales ou résidentielles, qui existent dans toutes les villes pour les besoins de la communauté,
les activités spécifiques sans influence directe régionale,
les activités de rayonnement sur une région plus ou moins étendue, qui traduisent une certaine hiérarchie dans le réseau urbain.
37Une partie importante de la documentation que nous avons utilisée, provient des recensements démographiques et économiques : le recensement démographique de 1950, à défaut de celui de 1960, nous a fourni la répartition de la population active de chaque municipe entre les 11 branches d’activité suivantes :
agriculture, élevage et sylviculture
industries extractives
industries de transformation
commerce de marchandises
commerce d’immeubles, crédit et assurances
prestation de services
transports, communications et entrepôts
professions libérales
activités sociales
administration publique
défense et sécurité
38Quant aux recensements économiques de 1950 et de 1960, les renseignements les plus intéressants sont pour le recensement industriel : l’effectif de la main-d’œuvre ainsi que les valeurs de la production et de la transformation industrielles, pour chaque municipe et pour les différentes branches d’activité ; pour le recensement du commerce et des services : l’effectif de la main-d’œuvre employée, la valeur des ventes ou des recettes, par municipe et pour les différents secteurs : commerce de gros, commerce de détail, commerce mixte ; crédit ; alimentation et logement, confection et réparation, hygiène personnelle, distractions et radio-diffusion.
1 – LA RÉPARTITION DE LA POPULATION ACTIVE
39D’après le recensement démographique de 1950, une première approche consiste à étudier par municipe la répartition de la population active suivant les trois grands secteurs d’activité :
Agriculture
Extraction minérale et industrie
Secteur tertiaire
mais les résultats sont très décevants, puisque nous savons que les statistiques s’appliquent à des unités municipales très hétérogènes comprenant une ou plusieurs agglomérations et une zone rurale plus ou moins étendue, si bien que toute comparaison est faussée à la base. Certes sur le graphique triangulaire (fig. 27) certaines agglomérations industrielles ou centres de services apparaissent-ils isolés, mais en définitive les plus forts pourcentages d’activité agricole correspondent aux municipes comportant le minimum de population agglomérée au chef-lieu municipal et réciproquement. Ainsi Januaria, Manhuaçu et Patos ne représentent que 14, 17 et 17 % de la population totale de leur municipe tandis que Belo Horizonte, Nova Lima, Poços de Caldas par exemple en regroupent 96, 79 et 75 %.
40Il faut se résoudre à déterminer théoriquement pour chaque chef-lieu municipal sa population active urbaine, malgré les graves inconvénients que nous avons signalés, en retranchant de la population active totale du municipe, la population active agricole, parfois la population employée dans l’extraction minérale hors du chef-lieu et même dans certains cas une fraction de la population tertiaire travaillant dans les vilas hors du chef-lieu municipal (par exemple pour les municipes de Diamantina et de Caratinga la population des vilas : 10 318 et 12 467 habitants, dépasse la moitié de la population du chef-lieu municipal : 14 522 et 22 275 ; dans le cas de Mariana la population des vilas : 9 368 est même supérieure à la population de la ville : 6 378...)
41Par rapport à la population active urbaine de chaque chef-lieu municipal (X) on peut calculer les pourcentages représentés par chaque branche d’activité (Z Y W) et les comparer aux pourcentages moyens de l’Etat :
Population active urbaine totale | 780.697 personnes |
I - Extraction et industrie | 265.535 soit 34 % |
dont extraction | 46.851 ” 6 % |
Industrie | 218.684 ” 28 % |
II - Commerce et transports | 186.127 ” 23,8 % |
dont transports | 75.976 ” 9,7 % |
commerce et banques | 110.151 ” 14,1 % |
III – Services | 329.035 soit 42,1 % |
dont prestations de services | 225.909 ” 28,8 % |
action sociale et professions libérales | 60.142 ” 7,7 % |
administration et armée | 42.984 ” 5,5 % |
42On obtient ainsi la physionomie générale des villes suivant leurs activités principales. Sur un graphique triangulaire on distingue nettement une douzaine d’agglomérations où plus de 50 % de la population active sont employés dans l’extraction et l’industrie, une dizaine de villes où les services représentent plus de 50 % des effectifs. Quant aux autres villes, elles sont très groupées employant de 20 à 40 % de population industrielle, de 20 à 40 % également de population dans le commerce et les transports et de 30 à 50 % dans les services.
43Pour permettre une meilleure classification, il nous a paru plus intéressant de joindre les effectifs travaillant dans le commerce et la banque aux services pour isoler le secteur des transports, car nous avons remarqué que les plus forts effectifs de ce secteur sont dus à la présence de nombreux cheminots travaillant dans des dépôts de locomotives ou des ateliers de réparations ferroviaires et habitant souvent dans des cités très semblables aux cités ouvrières des Company Towns (seul le cas de Pirapora est différent puisque c’est un port de navigation fluviale sur le São Francisco).
44Le graphique triangulaire (fig. 28) montre bien la grande majorité des villes remarquablement groupées : 45 agglomérations, où le secteur tertiaire emploie entre 50 et 70 % de la population active, les industries et l’extraction entre 20 et 35 % et les transports entre 5 et 15 %. C’est la confirmation statistique de l’impression de monotonie que nous avons décrite antérieurement en visitant les villes de l’Etat.
45Au contraire, vers le sommet du triangle s’alignent des villes où le secteur industriel est de plus en plus prépondérant (de 35 à 70 % de la population active) depuis Juiz de Fora jusqu’à la Company Town de Monlevade. Vers la gauche on rencontre des villes “ferroviaires”, certaines plus industrielles comme Divinôpolis ou Conselheiro Lafaiete, d’autres avec davantage de services : Sete Lagoas et Araguari ; Corinto vit presque exclusivement de sa fonction ferroviaire. Enfin vers le bas du triangle à droite apparaissent des centres de services spécialisés comme des stations thermales : Poços de Caldas, Araxa, Caxambu et Viçosa (école nationale d’agriculture).
46Comment peut-on aller au-delà de la physionomie générale des villes en étudiant la répartition de la population active ?
2 – LA POPULATION ACTIVE FONDAMENTALE
47Tout d’abord en nous inspirant des méthodes employées par Le Guen (Annales de Géographie N° 374 juillet-août 1960) d’après Alexandersson, nous avons tenté de distinguer pour chaque ville la part de la population active affectée au seul service de la ville (City Serving Population) et au contraire les effectifs disponibles pour les activités spécifiques et de rayonnement régional, ce que Le Guen appelle la population active fondamentale (City Forming Population). (Cf notre article : Tipos de Aglomeraçôes e hierarquia das Cidades de Minas Gerais in Bol. Mineiro de Geografia Julho 1962).
48De nombreux calculs sont nécessaires pour obtenir des résultats parfois décevants, souvent évidents... Nous avons retenu pour chacune des trois principales branches d’activité : industrie et extraction. ; commerce et transports ; services, les taux les plus bas rencontrés comme pourcentages minima de population active que chaque ville doit avoir pour son propre service. On peut les comparer aux taux calculés par Le Guen pour 147 agglomérations françaises de plus de 20 000 habitants en 1954.
49On remarquera la plus faible productivité de la population active du Minas, puisque plus de la moitié de cette population active sert uniquement les besoins propres des villes, contre 40 % en France (il est vrai pour des villes plus importantes). Dans le Minas l’hypertrophie des services apparaît clairement, malgré l’infériorité des équipements sanitaires, culturels, etc.
50Le plus gros travail reste à faire : déterminer pour chaque ville la composition de la population fondamentale. Il faut considérer pour chaque ville et chacune des trois branches d’activité, tout pourcentage de population active dépassant le taux minimum, calculer les effectifs absolus correspondants et les ajouter : c’est la population active fondamentale totale. Il faut distinguer enfin à l’intérieur de cette population fondamentale la part qui revient à chacune des trois branches d’activité...
A – Le graphique triangulaire construit nous permet de distinguer quatre grands types d’agglomérations urbaines, ayant éliminé (d’une manière arbitraire certes) les activités locales ou résidentielles de chacune d’entre elles :
1 – Prédominance des activités industrielles et extractives :
Type IE : Coronel Fabriciano, Raposos, Rio Piracicaba (Monlevade), Congonhas.
Type IES avec la présence de services à Caété, Itabirito, Barâo de Cocais, Itaúna, Nova Lima, Diamantina, Itabira.
Type IESC avec la présence de services et du commerce à Ouro Preto, Sabaré, Mariana, Cataguazes.
51Toutes ces agglomérations ont plus de 80 % de leur population fondamentale employée dans l’industrie et l’extraction, elles sont toutes situées dans la zone centrale de l’Etat, sauf une exception : Cataguazes. (Industrie textile).
52Il est intéressant d’opposer les villes où prédominent les activités extractives comme Nova Lima, Raposos (or), Diamantina (diamants) ; Itabira et Congonhas (fer) et les agglomérations industrielles (sidérurgie, textiles).
2 – Agglomérations à activités multiples :
AM : par exemple Curvelo, Pitangui, Para de Minas, São Joâo del Rei avec deux sous-types :
AMS : avec la présence de services plus importants : Juiz de Fora, Muriae, Leopoldina
AMC : présence d’un équipement commercial et de transports : Governador Valadares (grand carrefour), et Pirapora (port fluvial).
3 – Dans ce troisième type il y a prédominance des activités de commerce et de transports ; en fait en observant les chiffres de plus près on s’aperçoit que c’est la branche des transports qui assure toujours cette prédominance car il s’agit dans la majorité des cas de villes possédant un dépôt de locomotives ou un atelier de réparations ferroviaires.
53Il y a trois sous-types :
FI avec plus d’industries et moins de services : Alem Paraiba, divinópolis, Bicas, Conselheiro Lafaiete.
FS avec des industries et plus de services : Passos, Formiga, Sete Lagoas, Santos Dumont, Aimores et Manhuaçu.
Enfin le cas exceptionnel de Corinto qui vit presque exclusivement de sa fonction ferroviaire : F.
4 – Le quatrième type enfin regroupe la majorité des agglomérations où prédominent les services – S –. Dans six villes les services paraissent exagérés : ce sont Paracatu, Pedra Azul, trois villes thermales (poços de Caldas, Araxé, Caxambu) et Viçosa (à cause de la présence de l’école d’agriculture) : type SS.
B – La carte (fig. 29) montre la distribution spatiale de ces différents types de villes : la concentration des agglomérations industrielles et extractives dans le centre de l’Etat apparaît nettement. On remarquera également les villes à activités multiples du sud-est : Juiz de Fora, Léopoldina, Muriae, etc., et les centres de services du sud, de l’ouest et du nord de l’Etat ; la capitale Belo Horizonte appartient au type S.
3 – SPÉCIFICITÉS ET HIÉRARCHIE DES VILLES
54Il apparaît nécessaire de pousser plus loin l’analyse de la répartition de la population active, en s’intéressant à huit branches d’activité au lieu de trois seulement : 1 - Extraction, 2 - Industries de transformation, 3 - Transports, 4 - Commerce, 5 - Banques, 6 - Prestations de services, 7 - Activités sociales et Professions libérales, 8 - Armée et Administration.
55En nous inspirant des calculs effectués par Ph. Pinchemel, Fr. Carrière (in “Le Fait Urbain en France” – Paris – 1963 – 375 p.), nous avons calculé pour toutes les villes et pour les 8 branches d’activité le rapport ; : W, c’est-à-dire la population active employée par branche d’activité dans la ville et Z, c’est la population active totale de l’Etat employée dans la même branche d’activité. Pour chaque ville il suffit de comparer les huit rapports obtenus avec le rapport de référence ; = Y c’est la population active urbaine totale de la ville et X, la population active urbaine totale de l’Etat. Quand un rapport est supérieur au rapport on peut dire que la ville est “suréquipée” ou mieux spécialisée dans telle branche d’activité. Au contraire quand un rapport est inférieur au rapport la ville est “sous-équipée”.
56Nous avons établi ensuite une série de graphiques (fig. 30.31.32.33.34.35) indiquant en abscisse les effectifs employés dans chaque branche d’activité et en ordonnée la supériorité ou l’infériorité du rapport en relation au rapport , la ligne horizontale de référence 0 indique l’égalité des deux rapports. Quant à la ligne verticale elle indique la moyenne des effectifs par municipe.
A – Le commentaire et la comparaison de ces graphiques entre eux sont pleins d’enseignements. A cause de leurs effectifs trop importants, ni Belo Horizonte, ni Juiz de Fora n’ont pu être indiqués (fig. 30 à 35).
57Les graphiques apparaissent plus ou moins équilibrés : le plus déséquilibré est celui de l’armée et de l’administration, car seules 18 villes sont au-dessus de la ligne de référence, tandis que toutes les autres villes apparaissent avec des effectifs inférieurs à 200 personnes le plus souvent et sous-équipées. C’est qu’en fait ces activités sont strictement localisées dans l’Etat et que les plus gros effectifs correspondent à l’administration “estadual” et fédérale de Belo Horizonte et aux villes de garnison (armée fédérale ou police militaire de l’Etat) : en particulier Juiz de Fora, São Joâo del Rei, Itajubé, Tres Coracoês (école des sergents), Pouso Alegre, Diamantina et Bom Despacho.
58Il en est de même pour l’extraction minérale, car seule une dizaine de municipes apparaissent avec des effectifs importants et très au-dessus de la ligne de référence (Nova Lima + 52,2 ‰, Mariana + 26,3 ‰, Itabira + 23 ‰, Raposos + 22,4 ‰, Ouro Preto + 21,3 ‰, Congonhas + 17,1 ‰, etc.) ; au contraire une cinquantaine de municipes n’a que des effectifs insignifiants dans l’extraction minérale.
59Pour les autres activités les graphiques sont plus réguliers : on rencontre au-dessus de la ligne de référence 37 villes pour la banque, 38 pour le commerce, 40 pour les transports, 42 pour les industries de transformation, 44 pour les activités sociales et 48 enfin pour la prestation de services.
B – En superposant ces six graphiques on s’aperçoit que certaines villes occupent toujours la tête du classement, en cumulant les plus gros effectifs de chaque branche d’activité et les spécialisations (sauf pour 1, 2 ou 3 activités), tandis que d’autres n’apparaissent avec les plus gros effectifs et comme spécialisées qu’exceptionnellement sur 1 ou 2 graphiques.
1 – Dans le premier groupe : Belo Horizonte n’est sous-équipée que pour les industries et les transports, Juiz de Fora pour les transports, le commerce et les services, Uberaba pour les industries seulement, Uberlandia pour les industries et les activités sociales, Barbacena pour le commerce et les services, São Joâo del Rei pour les transports, le commerce, la banque et les services, Governador Valadares pour la banque et les activités sociales, Montes Claros pour les industries et les activités sociales, Araguari pour les industries, le commerce et les activités sociales, Itajubâ pour les transports, le commerce et les services, Teofilo Otoni pour les industries, la banque et les activités sociales, Ponte Nova pour les industries et les activités sociales, Caratinga pour les industries, la banque et les activités sociales et Poços de Caldas pour les transports et les industries.
2 – Dans le deuxième groupe : pour les transports apparaissent au-dessus de + 8 ‰, des villes où le secteur ferroviaire est primordial : Conselheiro Lafaiete, Divinôpolis, Araguari, Santos Dumont, Sete Lagoas, Alem Paraiba et Corinto.
60Pour les industries de transformation, nous retrouvons au-dessus de +3 ‰ (en plus de Juiz de Fora, Itajubâ et São Joâo del Rei) une série de petites villes industrielles comme Coronel Fabriciano, Monlevade, Cataguazes, Itaúna, Sabará, Itabirito, Curvelo et São Joâo Nepomuceno ; presque toutes dans la région centrale de l’Etat ou dans la Mata.
61Pour le commerce, au-dessus de + 2 ‰, nous trouvons en plus d’Uberlandia, Uberaba, Teofilo Otoni, Caratinga et Ponte Nova, 5 villes de la zone de la Mata : Muriae, Ubá, Manhaçu, Manhumirim et Carangola, spécialisées dans le ramassage du café et du tabac.
62Pour la banque, il y a au-dessus de + 3 ‰, en plus de Belo Horizonte, Juiz de Fora, Uberlandia, Uberaba, Ponte Nova et Itajubâ, les quatre villes de Varginha, Ubá, Formiga et Alfenas.
63Pour les services, seules Ponte Nova (pour une cause inconnue) et Poços de Caldas (station thermale) se détachent.
64Pour les activités sociales enfin, en plus de Belo Horizonte et de Juiz de Fora, quatre villes apparaissent au-dessus de +3 ‰ : Barbacena (établissements psychiatriques et sanatoria), Viçosa (université rurale), Araxá et Pocos de Caldas (stations thermales).
65Ainsi pour 1950, à défaut d’autres renseignements précis concernant les flux et les équipements urbains, cette méthode de superposition des graphiques nous permet de distinguer : d’une part les centres régionaux plus ou moins importants avec un équipement plus ou moins complet, toujours en tête du classement (sauf pour 1 ou 2 activités) ; d’autre part des villes qui n’ont qu’une ou deux activités spécifiques sans rôle régional, principalement l’extraction minérale, certaines industries, les activités liées aux transports (port fluvial, atelier de réparation de locomotives) et certains services : garnisons, stations thermales, université isolée, etc.
C – Sur un graphique de synthèse (fig. 36) nous avons opposé les effectifs employés dans les activités tertiaires (sans les transports) à ceux employés dans l’extraction minérale, les industries et les transports ; ce graphique, en tenant compte du manque d’autres renseignements, montre clairement la spécificité de certaines villes et la hiérarchie du réseau urbain. De part et d’autre de la ligne MG indiquant le rapport moyen pour l’Etat : c’est-à-dire 1,28, la dissymétrie est grande ; l’exagération du secteur tertiaire n’apparaît que dans quelques villes comme Pocos de Caldas (rapport 2,75) et Araxa, stations thermales, Vicosa (université rurale) ou également Belo Horizonte où se concentrent les administrations, les banques, les professions libérales, etc. rapport de 1,99).
66Par contre, l’exagération des secteurs extraction – industrie – transport est très marquée dans une série de villes de 20 000 à 5 000 habitants ; les exemples les plus frappants sont : Monlevade rapport 0,35 et Raposos rapport 0,21. Hors de ce graphisme, Belo Horizonte et Juiz de Fora sont les deux capitales régionales de l’Etat : Belo Horizonte domine en ce qui concerne les fonctions administratives et bancaires, mais Juiz de Fora est plus industrielle (rapport 1,19 ).
67En dessous nous trouvons une série de centres régionaux : les deux villes principales du triangle apparaissent incontestablement détachées, Uberaba et Uberlandia ; les autres centres régionaux sont : Sao Joâo del Rei (le plus industriel) Governador Valadares, Barbacena, Araguari, Montes Claros, Teofilo Otoni, Itajubá, Ponte Nova, Caratinga et Poços de Caldas (également grande station thermale). Dans les valeurs moyennes en ce qui concerne les effectifs tertiaires, il faut opposer deux groupes de villes, qui ont le plus souvent de 10 000 à 20 000 habitants, à droite des centres industriels, dont l’influence comme centre de services est de plus en plus faible vers le bas du graphique : Curvelo, Sete Lagoas, Cataguazes, Conselheiro Lafaiete, Santos Dumont, Alem Paraiba, Divinópolis, Ouro Preto et Nova Lima ; à gauche des centres de services “intermédiaires”, peu industrialisés, tels Lavras, Leopoldina, Muriae, Diamantina, Varginha, Pouso Alegre, Patos, Ubá, Araxa, Carangola, auxquels on pourrait ajouter Passos, Formiga, Tres Coracoês, et Ituiutaba.
68Au bas de notre classement, les villes ont moins de 10 000 habitants, on distingue à gauche toute une série de “centres locaux” (la petite ville “classique”), à droite quelques petites villes industrielles : Itabira, Itabirito, Sabará, Caèté, Itaúna (tous centres d’extraction minérale et de sidérurgie) et au centre en bas, des centres élémentaires : Corinto et Bicas (ateliers ferroviaires), Raposos (cités de mineurs).
69La carte (fig. 37) du réseau urbain en 1950 souligne l’importance des voies ferrées ; seuls deux centres intermédiaires : Patos et Ituiutaba n’étaient pas servis par une voie ferrée en 1950.
CONCLUSION : L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DEPUIS 1950
70Au début de notre ouvrage nous avons souligné le démarrage de l’urbanisation dans l’Etat depuis 1950 (1re partie – chapitre I) il faut montrer ici en conclusion de notre étude sur l’évolution économique, les transformations survenues depuis la fin de la dernière guerre.
1 – L’INDUSTRIALISATION MODERNE
71Dans le Minas, comme dans le reste du Brésil, depuis une quinzaine d’années, les usines sortent de terre, les nouvelles centrales hydro-électriques équipent les rivières et le réseau des routes goudronnées s’allonge. On ne peut évidemment dissocier les progrès industriels de l’Etat, des transformations rapides de la structure industrielle brésilienne et du rôle croissant des pouvoirs publics dans l’industrialisation (J.M. Martin “Industrialisation et Développement énergétique du Brésil” – “Travaux et Mémoires de l’I.H.E.A.L.” No 14 – Paris 1966 – 376 p.).
72L’intervention du gouvernement fédéral s’est traduite principalement à partir de 1956 par le programme des “Metas” pour la période 1957-1961 : ce programme prévoyait à la fois le développement des infrastructures (énergie et transports), des industries de base et de certains secteurs spécifiques : il a ainsi renforcé le courant d’industrialisation “spontanée” alimenté par les capitaux nationaux et étrangers, qui se sont investis non seulement dans les industries de biens de consommation (en substitution des importations) mais également dans la fabrication de biens d’équipement et de semi-produits.
73Comme les autres gouvernements d’Etat, les gouvernements successifs du Minas sont également intervenus pour favoriser le développement économique de leur Etat, sous la forme d’aides préférentielles (crédits, primes, exemptions d’impôts) et par la constitution de société d’économie mixte.
74L’industrialisation moderne de l’Etat porte sur trois types principaux d’industries :
A – Les industries de base
75Liées aux richesses du sous-sol de l’Etat : la sidérurgie, grâce aux énormes réserves de minerai de fer du quadrilatère ferrifère, évaluées à plus de 32 milliards de tonnes, dont 1,5 milliard de tonnes d’hématite avec une teneur supérieure à 66 % ; cette richesse exceptionnelle permet le ravitaillement de la sidérurgie nationale et une exportation annuelle de plus de 12 millions de tonnes en 1965 (20 millions de tonnes prévues en 1968) principalement par le port de Vitoria et sa nouvelle annexe en eau profonde : Tubarâo, qui peut recevoir des minéraliers de 100 000 tonnes.
76L’extraction se fait de plus en plus avec des moyens mécaniques et des sommets entiers d’itabirite disparaissent (production de fer en 1966 : 23,2 millions de tonnes). La sidérurgie du Minas est au premier rang au Brésil pour la production de la fonte (1,3 million de tonnes en 1965), des aciers spéciaux et des tubes d’acier ; au deuxième rang pour l’acier (1,1 million de tonnes de lingots en 1965). Depuis l’installation de l’usine Mannesmann à Barreiro en 1954, l’extension des installations de la compagnie sidérurgique “Belgo Mineira” et la “fièvre” des hauts fourneaux dans la région centrale de l’Etat de 1955 à 1964, la réalisation la plus spectaculaire est celle d’USIMINAS (Usinas Siderurgicas de Minas Gerais SA) à Ipatinga implantée entre le fer du quadrilatère et le charbon importé par Vitoria ; c’est une compagnie où les capitaux japonais représentent 40 % ; sa production de 500 000 tonnes d’acier sera portée à 1 million de tonnes. De même le développement des industries de l’aluminium (Ouro Preto - Saramenha ; Poços de Caldas), du ciment (premier rang brésilien avec 1,6 million de tonnes en 1965) des aciers spéciaux (Conselheiro Lafaiete) s’explique par la richesse du sous-sol mineiro en Bauxite (132 000 tonnes extraites en 1964), en calcaire et en manganèse (368 000 tonnes extraites en 1966).
77Il en est de même pour les produits radio-actifs (Poços de Caldas) les engrais (apatite d’Araxá et sous-produits de la sidérurgie), l’usine de zinc à Tres Marias, etc. Signalons enfin parmi les industries de base non liées aux ressources du sous-sol, la récente raffinerie de pétrole de Betim (capacité 2 millions de tonnes en 1968), dont le pétrole brut arrive de Rio par pipe-line.
B – Le deuxième type est représenté par les industries liées aux produits de l’agriculture et de l’élevage, que l’on cherche à transformer près des lieux de production au lieu de les expédier sous forme brute vers les marchés de consommation ; citons les abattoirs frigorifiques de la FRIMISA (Frigorifico Minas Gerais SA) à Santa Luzia et ceux de Montes Claros (Frigo Norte) et Teofilo Otoni (Frimusa) ; les usines de lait en poudre et de beurre de Sete Lagoas, de Varginha, de Tres Coracoês et d’Ibiá (ces deux dernières Usines Nestlé) ; les usines d’égrenage du coton et les huileries (coton, mais) ; les fabriques de café soluble, de rations pour l’alimentation animale, etc.
C – Enfin le troisième type groupe les industries de transformation les plus modernes : mécanique, matériel de transport, électronique, équipement industriel ; c’est dans ce secteur que le retard vis-à-vis de São Paulo est le plus marqué ; elles se sont implantées principalement dans la Cité industrielle de Contagem près de Belo Horizonte (tracteurs Deutz, matériel électrique, etc.), dans les cités industrielles satellites de Juiz de Fora, Uberlandia, à Conselheiro Lafaiete, Varginha, etc.
78Si de 1940 à 1960 la valeur de la production industrielle du Minas Gerais a quintuplé (en cruzeiros constants) celle de l’Etat de São Paulo s’est accrue de 550 % et celle de l’Etat de Rio de Janeiro (sans la ville) de 450 %.
79Cependant l’industrialisation moderne nécessite plus d’investissements que de main-d’œuvre ; si les effectifs employés dans l’industrie sont passés de 74 267 en 1940 à 111 513 en 1950, soit une augmentation de 50 % alors que la population s’est accrue de 14,5 % ; pour la période de 1950 à 1960 les effectifs employés se sont accrus de 25 % seulement, 139 835 contre 111 513, alors que la population a augmenté de 26,9 %.
2 – L’ÉQUIPEMENT HYDRO-ÉLECTRIQUE
80Pour permettre le démarrage de l’industrialisation moderne dans l’Etat il fallait briser le goulot d’étranglement représenté par le manque chronique d’énergie (les années sèches il fallait pratiquer des coupures de courant aussi bien pour les industries que pour les besoins domestiques) ; l’effort d’équipement de nombreuses petites compagnies était insuffisant : il y avait en 1950 dans l’Etat pour une capacité installée de 218 MW, 439 usines appartenant à 359 sociétés ou auto-producteurs différents... ! Il fallait commencer également l’utilisation rationnelle de l’énorme potentiel hydro-électrique du Minas par la construction d’équipements importants grâce à des retenues sur les grands fleuves et de transport du courant à grande distance. C’est à cette œuvre que se sont attachées des compagnies d’économie mixte comme la C.E.M.I.G. (Centrais Electricas de Minas Gerais), la Compagnie Electrique de Furnas : l’une avec des capitaux de l’Etat, l’autre avec des capitaux fédéraux. De 1952 à 1965 la puissance installée dans l’Etat est passée de 280 MW à 1 300 MW ; la part de la CEMIG insignifiante en 1952 représente près de 800 MW en 1965 : la compagnie desservait plus de 6 millions d’habitants et son action est prolongée par une autre société d’économie mixte, spécialisée dans l’électrification rurale (E.R.M.I.G.).
81L’œuvre la plus spectaculaire de la CEMIG est l’ouvrage de Tres Marias sur le Rio São Francisco à 240 km au Nord-Ouest de Belo Horizonte : son barrage en terre compactée est l’un des plus grands du monde (2,5 km de long sur une hauteur de 70 m) ; la puissance installée finale de la centrale sera de 520 MW et le courant est destiné à la région centrale de l’Etat (Belo Horizonte et zone sidérurgique) en priorité ; le barrage a créé en amont une réserve d’eau de 21 milliards de m3 et une véritable mer intérieure de 1 050 km2. Quant au barrage de Furnas, c’est le plus grand ouvrage réalisé sur le Rio Grande, dont le potentiel total est de l’ordre de 8 millions de KW : sa réserve est similaire à celle de Tres Marias, mais la surface inondée supérieure (1 250 km2) la puissance installée finale sera de 1,2 million de KW et le courant est transporté vers Belo Horizonte et São Paulo ; il constitue ainsi le pivot du réseau d’interconnexion du Brésil Central.
82Les prochaines centrales sur le Rio Grande, Jaguara et Estreito auront des puissances installées de 640 et 800 MW.
3 – LA RÉVOLUTION DE L’ASPHALTE
83Depuis une dizaine d’années la construction de nouvelles routes et le goudronnage des principales ont introduit dans les transports une révolution semblable à celle provoquée par les avions à réaction dans les transports aériens. C’est l’effort conjugué des organismes : fédéral (D.N.E.R.) et estadual (D.E.R.) qui a permis les progrès impressionnants puisqu’il fallait partir de 0 ou presque : il n’existait que 533 km de routes goudronnées d’Etat en 1960, près de 800 km ont été goudronnés pendant les cinq années suivantes... En 1957 quand la route goudronnée Belo Horizonte – Rio de Janeiro a été terminée, l’Etat n’avait encore que 652 km de routes goudronnées sur un total de 43 464 km. Au début de 1966 il y avait 5 358 km de routes goudronnées sur un total de 131 243 km, soit 223 km pour 1 000 km2 ; certes la densité des routes goudronnées : 9 km pour 1 000 km2 est encore infime, comparée à la densité française 710 km... La construction de ce réseau routier a nécessité d’énormes travaux ; contrairement aux voies ferrées, qui ont été payées au km et suivent leur chemin de “paca” (rongeur brésilien qui marche en zigzag...), les routes payées suivant le volume des déblais et remblais, n’hésitent pas à couper les reliefs et à emprunter d’audacieux viaducs ; trop rapidement construites et soumises aux violences de la nature tropicale, elles réclament chaque année un entretien coûteux. Les principaux axes goudronnés dessinent une étoile autour de Belo Horizonte, avec les liaisons Rio-Belo Horizonte, São Paulo-Belo Horizonte et Brasilia-Belo Horizonte (carte, fig. 0).
84Toute la partie orientale de l’Etat est traversée par la route Rio-Salvador et le Triangle à l’ouest par les axes unissant l’Etat de São Paulo au Goias et à Brasilia.
85Le Parc automobile s’est accru aussi très rapidement : il double de 1947 (24 852 véhicules) à 1954 (47 122) puis triple en 10 ans (l’accroissement du parc brésilien n’a été que de 238 % de 1954 à 1964) ; en 1964 il y avait 150 634 véhicules, dont 93 603 voitures pour passagers, soit le quotient encore très faible d’une voiture pour 114 personnes. Avec le rapide développement du trafic routier tout devient plus facile, plus confortable, plus rapide : le véritable tourisme est né par exemple pour les villes “historiques”. D’autre part de véritables quartiers “routiers” sont nés dans les villes et aux croisements des principaux axes ; ce sont les caravansérails du XXe siècle, avec leurs postes d’essence, les stations service, les restaurants et hôtels de routiers, les concessionnaires de marques automobiles, les entrepôts etc.
86Les chauffeurs ont une vie dure, roulant des heures, voire des jours, dans la poussière, sur la tôle ondulée ou les nids de poule. Ils arborent fièrement décorations et devises peintes sur les pare-chocs, qui montrent leur humour, leurs préoccupations et aussi leurs revendications sociales (514).
4 – INVASION DU MONDE INDUSTRIEL
87Si les hommes et les marchandises connaissent une mobilité inconnue jusqu’alors, de même la circulation des idées et des capitaux est devenue plus rapide et diffuse : la presse grâce à une lente alphabétisation, mais surtout le développement des moyens d’information et de publicité audio-visuels : radio et cinéma, puis récemment la télévision et le transistor révolutionnaire, car il est utilisable partout sans électricité, affirment la présence du monde industriel dans les campagnes les plus reculées et renforcent les causes latentes d’émigration. Le nombre des postes émetteurs de radio est passé de 10 en 1940 à 48 en 1950, à 98 en 1966 ; il y avait à cette dernière date 6 postes émetteurs de télévision dans l’Etat (dont 4 à Belo Horizonte). D’autres chiffres montrent les progrès des télécommunications et du réseau bancaire : le nombre des postes téléphoniques est passé de 33 941 en 1950 à 105 000 en 1966 ; le nombre des sièges et agences bancaires de 297 en 1940 à 480 en 1950, à 621 en 1958 (installés dans 295 chef-lieux de municipes) et 815 en 1963.
88Ainsi depuis une quinzaine d’années l’Etat subit la rapide “invasion” du monde industriel moderne, sous ses formes les plus variées.
89Quelles sont les conséquences principales ?
L’intégration économique de plus en plus affirmée et réalisée de l’Etat, grâce à l’industrialisation, l’extension d’un réseau en étoile de routes goudronnées, l’intégration énergétique et la politique des gouvernements de l’Etat.
Mais en même temps, l’intégration accentuée de l’Etat dans un ensemble économique brésilien, fractionné auparavant par suite du manque de communications efficaces ; dans cet ensemble économique brésilien s’affirme le dynamisme de São Paulo, devenu le “lider” incontesté.
Le démarrage de l’urbanisation moderne et l’accentuation des déséquilibres régionaux existant au sein de l’Etat.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Meurtre au palais épiscopal
Histoire et mémoire d'un crime d'ecclésiastique dans le Nordeste brésilien (de 1957 au début du XXIe siècle)
Richard Marin
2010
Les collégiens des favelas
Vie de quartier et quotidien scolaire à Rio de Janeiro
Christophe Brochier
2009
Centres de villes durables en Amérique latine : exorciser les précarités ?
Mexico - Mérida (Yucatàn) - São Paulo - Recife - Buenos Aires
Hélène Rivière d’Arc (dir.) Claudie Duport (trad.)
2009
Un géographe français en Amérique latine
Quarante ans de souvenirs et de réflexions
Claude Bataillon
2008
Alena-Mercosur : enjeux et limites de l'intégration américaine
Alain Musset et Victor M. Soria (dir.)
2001
Eaux et réseaux
Les défis de la mondialisation
Graciela Schneier-Madanes et Bernard de Gouvello (dir.)
2003
Les territoires de l’État-nation en Amérique latine
Marie-France Prévôt Schapira et Hélène Rivière d’Arc (dir.)
2001
Brésil : un système agro-alimentaire en transition
Roseli Rocha Dos Santos et Raúl H. Green (dir.)
1993
Innovations technologiques et mutations industrielles en Amérique latine
Argentine, Brésil, Mexique, Venezuela
Hubert Drouvot, Marc Humbert, Julio Cesar Neffa et al. (dir.)
1992