Chapitre I. Les conditions du milieu naturel
p. 83-89
Texte intégral
1Comme partout sous les tropiques, la nature dans le Minas Gerais est à la fois monotone, séduisante et brutale. En Europe nous sommes habitués à des changements de paysages tous les 20,50 ou 100 km au plus ; ici l’échelle est différente ; la répétition des formes de relief, l’opposition rigide entre la saison sèche et la saison des pluies, l’extension infinie de la même couverture végétale et des sols rouges latéritiques engendrent une décourageante monotonie... peu rompue par la faible occupation humaine ou une faune sauvage très réduite. Au contraire comment ne pas être envoûté par le long “printemps” de la saison sèche, la douceur des soirées, le spectacle merveilleux de la forêt, quand les arbres sont en fleurs aux couleurs magnifiques (rouge, jaune, violet) et abrite des myriades d’oiseaux bariolés et de papillons inconnus chez nous ; comment ne pas admirer les “pains de sucre” et les cascades au double visage : chétives et limpides pendant la saison sèche ; rougeâtres et débordantes dès que commencent les pluies ; comment ne pas être attiré par le pittoresque des “montagnes” de la région centrale de l’Etat, où de longues crêtes et de lourds escarpements barrent l’horizon (“quadrilatère ferrifère” et “Serra do Espinhaço”). Tout ceci peut-il faire oublier l’inhumaine monotonie des “chapadas” de l’Ouest de l’Etat, immenses plateaux recouverts par la savane boisée, appelée au Brésil le “Cerrado” ou encore le paysage moins désespérant, plus humanisé du Sud et de l’Est de l’Etat : cet immense dédale de collines arrondies, où la “Mata” c’est-à-dire la forêt tropicale était reine avant les défrichements agricoles ?
2Quant à la brutalité elle se marque avant tout par les averses diluviennes, responsables d’inondations catastrophiques, d’éboulements et des ravines profondes, appelées “Vossourocas” ; (photo, planche XV) les maladies tropicales sont sans aucun doute une conséquence de sous-développement, mais de toute façon elles sont favorisées par le milieu naturel, enfin la rencontre avec un serpent est rare mais toujours possible : le plus venimeux est le serpent à sonnettes, appelé ici “Cascavel” et dont le nom scientifique est explicite : “Crotalus terrifiais”.
1 – LES UNITÉS DU RELIEF
3En examinant les cartes topographique et géologique de l’Etat de Minas Gerais, on peut remarquer trois traits principaux :
L’importance des altitudes supérieures à 600 m ; plus de la moitié de la superficie de l’Etat se trouve au-dessus de cette altitude : exactement 56,9 % dont 16,4 % au-dessus de 900 m (carte fig. 1).
Le rôle de l’Etat comme château d’eau du Sud-Est du Brésil.
L’opposition entre l’extension des roches cristallines ou précambiennes métamorphisées sur plus de la moitié de la superficie de l’Etat et l’existence de deux bassins sédimentaires au Nord et à l’Ouest de l’Etat : l’extrémité méridionale du bassin de São Francisco et l’extrémité orientale du bassin du Parná (carte fig 2).
A – Les hautes terres de l’Etat forment un V dissymétrique, avec une branche dirigée depuis la frontière du Goias au Nord-Ouest vers le Sud-Ouest de l’Etat et l’autre branche orientée du Sud-Ouest au Nord, sur la frontière de l’Etat de Bahia (carte fig 0).
1 – Un véritable bastion montagneux en forme de trapèze occupe toute la partie Sud-Ouest, environ 1/5e de la superficie de l’Etat ; il est nettement dissymétrique comme nous le montrent les principaux reliefs et l’orientation de l’hydrographie :
a/ C’est au Sud, au-dessus de la vallée du PARAIBA qu’il forme l’escarpement le plus vigoureux, orienté de l’Ouest-Sud-Ouest à l’Est-Nord-Est ; cet escarpement connu sous le nom de Serra da Mantiqueira, peut atteindre plus de 2 000 mètres de commandement ; quand on vient de l’océan vers l’intérieur de l’Etat, c’est le deuxième obstacle après la Serra do Mar et les passages principaux, qui permettent sa traversée, sont utilisés depuis le XVIIIe siècle : en particulier la gorge d’Embaú à 1 100 m d’altitude.
Dans la Serra da Mantiqueira prédominent les roches du complexe cristallin : granit, gneiss, schistes cristallins, quartzites avec des intrusions de roches éruptives variées. Ainsi le point culminant, le pic des “Agulhas Negras” (Aiguilles noires) dans le massif de l’Itatiaia (2 787 m) est taillé dans une variété de syènite ; à partir de 2 200 m environ, on y rencontre des formes de relief d’origine périglaciaire : vallées en U, vallées suspendues, dépressions tourbeuses, chaos de roches.
b/ Vers l’Est-Nord-Est ensuite à partir du 44 ° de longitude Ouest, l’escarpement devient discontinu et sans vigueur, car dans la région appelée MATA, en souvenir de la forêt tropicale qui la couvrait à l’origine, les plateaux cristallins ont été considérablement abaissés. L’escarpement ne réapparaît que sur la frontière de l’Etat d’Espirito Santo avec le bloc soulevé et isolé de la Serra de Caparaó, où s’élève ce qui a longtemps été considéré comme le point culminant du Brésil : le “Pico da Bandeira” c’est-à-dire le pic du Drapeau avec 2 890 m d’altitude.
c/ Au Nord-Ouest de l’escarpement de la Serra da Mantiqueira, s’étend ce qu’on appelle le Plateau du Sud de Minas ou encore le Plateau du Rio Grande, puisqu’il est drainé principalement vers le Nord-Ouest par ce fleuve et ses affluents. Ce n’est pas en fait un vrai plateau, mais plutôt un dédale de “Morros” c’est-à-dire de collines aux pentes douces séparées par des fonds de vallées amples, interrompues parfois par des crêtes ou des escarpements, orientés comme une grande partie du réseau hydrographique, du Sud-Ouest au Nord-Est. Cet ensemble de hautes terres cristallines, compris entre 800 et 1200 mètres domine vers l’Ouest les plateaux sédimentaires de l’Etat de São Paulo et vers l’Est les plateaux cristallins abaissés de la région de la Mata, par des escarpements discontinus, moins marqués et plus facilement franchissables que la Serra da Mantiqueira ; en effet ils sont entaillés par de nombreux affluents du Rio Paraná coulant vers le Nord-Ouest à travers l’Etat de São Paulo d’une part et les affluents du Rio Paraiba et du Rio Doce, coulant vers le Sud-Est et le Nord-Est d’autre part. Près de Poços de Caldas, c’est encore un massif éruptif alcalin qui provoque le plus haut relief (1834 m dans la Serra da Pedra Branca).
2 – Un deuxième ensemble de hautes terres bien individualisées s’étend au centre de l’Etat, depuis Conselheiro Lafaiete, jusqu’à la frontière de l’Etat de Bahia ; il est appelé traditionnellement la Serra do Espinhaço, parce que cette chaîne de montagnes, allongée du Sud au Nord sur 600 km, semble constituer la colonne vertébrale de l’Etat. Ici les roches cristallines ne dominent plus ; il s’agit de roches précambiennes métamorphisées (schistes, phyllades, quartzites, itabirites) avec des intrusions de roches granitiques et basaltiques, la plus ancienne des intrusions granitiques remonterait à 2 500 millions d’années. Les conditions structurales et tectoniques ne sont pas identiques du Sud vers le Nord.
a/ Au Sud-Est de Belo Horizonte, la capitale de l’Etat, s’élève brusquement un ensemble de crêtes orientées et de vallées profondes, appelé le “Quadrilatère Ferrifère” et couvrant 7 000 km2. Les crêtes les plus vigoureuses sont taillées dans les quartzites et l’itabirite. (Photo, planche XV.) L’itabirite est une roche métamorphique, formée d’hématite, qui peut contenir jusqu’à 70 % de fer. De nombreux versants sont protégés par des cuirasses ferrugineuses qui atteignent plusieurs mètres d’épaisseur la “Canga” ; les rivières traversent le Quadrilatère par une succession de cluses étroites ; le point culminant est à 2 107 m dans le massif de la Caraça.
b/ Dans le centre et le Nord de la Serra do Espinhaço, les altitudes sont plus basses et dépassent rarement 1 500m ; ici les quartzites dominent ; il n’y a plus d’itabirite, les plis sont moins serrés et les surfaces d’érosion mieux conservées.
La Serra do Espinhaço marque la ligne de partage des eaux entre les affluents du Rio São Francisco à l’Ouest et les fleuves coulant à l’Est vers l’Atlantique : Rio Doce, Rio Jequitinhonha et leurs affluents.
3 – Il existe dans l’Etat une autre zone de hautes terres : c’est à l’Ouest, un ensemble de plateaux dépassant rarement 1 200 m, des chapadas supportées par les couches sédimentaires du silurien au crétacé, surtout des grès intercalés d’effusions basaltiques ou encore développées sur les roches du complexe cristallin, c’est dans cette zone que naissent le Rio São Francisco, le Rio Paranaiba et quelques-uns de leurs affluents. Le Rio Paranaiba forme avec le Rio Grande, le Parané qui se jette dans le Rio de la Plata à 4 000 km de là.
B – Autour de ce squelette montagneux s’ordonnent les régions les plus basses de l’Etat : 43 % de la superficie totale sont compris entre 100 et 600 m d’altitude.
C’est d’abord toute la partie orientale de l’Etat, qui correspond à des plateaux cristallins abaissés avec des surfaces étagées et entaillées par les fleuves coulant vers l’Océan Atlantique. Comme sur le plateau du Rio Grande, mais à des altitudes moindres, c’est un véritable dédale de collines, parfois taillées en “pains de sucre”, le plus souvent arrondies comme des “moitiés d’oranges”. (Photo, planche XV.) Crêtes et fractures y suivent les mêmes directions Nord-Est, Sud-Ouest et Nord-Ouest, Sud-Est. A l’extrémité Nord-Est de l’Etat : dans le bassin du Jequitinhonha, s’étendent de grandes surfaces de pédiplanation avec des inselberges.
A l’intérieur du V montagneux le bassin sédimentaire du São Francisco présente un paysage régulier de plateaux (chapadas). Compris entre 600 et 400 m, taillés dans les schistes, les grès ou les calcaires ; il existe parfois des reliefs karstiques bien marqués ou partiellement fossilisés, comme dans les régions d’Arcos ou de Sete Lagoas – Matozinhos. Le Rio São Francisco coule du Sud vers le Nord et se jette dans l’Océan Atlantique dans le Nord-Est du Brésil après un cours de 3 160 km.
A l’extrémité occidentale de l’Etat, les vallées et les bas plateaux du Triangle Minier (on appelle ainsi la région en “bec de canard” comprise entre les Rios Paranaiba et Grande) ont des altitudes variant de 300 à 600 m.
Signalons également les dépressions périphériques marquant le contact entre les massifs anciens et les plateaux sédimentaires : celle de Belo Horizonte, entre les terrains précambiens du quadrilatère ferrifère et les structures monoclinales des séries Bambùi (cambro-ordovicien) ; celle de l’Espinhaço allongée à l’Ouest de l’escarpement de la Serra do Espinhaço, jusqu’à la frontière de l’Etat de Bahia ; à l’Ouest de l’Etat la dépression “mineira” entre les plateaux basaltiques du Triangle, les chapades de la région de Patos et la Serra da Canastra.
2 – CLIMATS ET FORMATIONS VÉGÉTALES
4Pays de hautes terres, le Minas Gerais s’étend entre 14 ° et 22 ° de latitude Sud, en pleine zone tropicale. On trouve ici l’un des types classiques du climat tropical : 5 ou 6 mois avec peu de précipitations de mai à septembre : un magnifique printemps pour l’Européen. Deux ou trois mois de fortes chaleurs avant et après la saison des pluies. Enfin de décembre à mars, c’est la saison des pluies : les matinées sont étouffantes, puis le ciel se couvre et les violents orages de l’après-midi ou de la soirée déversent leurs cataractes ; la fraîcheur revient pour quelques heures...
5Ce rythme climatique commande évidemment celui de l’hydrographie, de la végétation et des cultures. Dans le Minas Gerais, les conditions climatiques tropicales sont influencées par l’existence des hautes terres, qui agissent à la fois par leur orientation et leur altitude (carte fig. 3).
6L’influence de l’altitude est connue : diminution des températures, augmentation de la nébulosité, des précipitations et du nombre des jours de pluie. Quant à l’orientation des principaux reliefs, elle explique les différences dans la hauteur des précipitations suivant les saisons :
En été, de décembre à mars, le Minas est envahi par la masse d’air équatoriale continentale, dont les vents du Nord-Ouest chauds et humides vont frapper de plein fouet les hautes terres de l’Ouest et du Sud-Ouest de l’Etat ; elles reçoivent ainsi les précipitations les plus importantes (800 mm à 1 m pour 3 mois en moyenne), tandis que dans la région nord plus basse et à l’écart, ainsi que dans la région Nord-Est sous le vent, elles sont beaucoup plus faibles 300 à 600 mm pour 3 mois.
En hiver au contraire le Minas est sous l’influence de l’air tropical atlantique ; c’est la saison sèche ; les pluies sont très faibles partout, mais plus significatives dans les vallées de l’Est et les hautes terres du Sud-Ouest, qui reçoivent les vents de l’Océan ; ainsi dans la vallée du Mucuri, Teofilo Otoni reçoit 78 mm pendant les trois mois d’hiver, tandis que Januaria sur le São Francisco n’en reçoit que 9...
L’altitude explique les différences de température ; ainsi la classification des types de climat suivant la méthode de Köppen est calquée plus sur les courbes hypsométriques que sur la latitude :
a/ Les vallées du Triangle, le Bassin du São Francisco et toute la région Est en dessous de 400 m profitent du climat AW, c’est-à-dire tropical : la température moyenne du mois le plus chaud dépasse 22 ° et celle du mois le plus froid ne descend pas au dessous de 18 °. Cependant la continentalité explique qu’en hiver le minimum absolu a pu descendre jusqu’à 4 °, tandis qu’en été le maximum absolu a atteint 39 ° (Montes Claros).
b/ Les régions de l’Etat jusqu’à 700 ou 800 m d’altitude ont un climat du type CWa, c’est-à-dire méso-thermique à été chaud : la moyenne du mois le plus chaud se maintient au-dessus de 22 °, mais la moyenne du mois le plus froid est inférieure à 18° : ainsi à Bambui (659 m), 16 °7 en juillet et 22 °9 en janvier, mais le maximum a atteint 36 ° encore et le minimum absolu 1 °4.
c/ Les régions de hautes terres au-dessus de 700 à 800 m et jusqu’à 1 200 m environ, c’est-à-dire jusqu’à la limite de l’habitat en général, subissent le climat de type CWb, mésothermique à été tiède, qui n’est pas le plus agréable, principalement pour les classes déshéritées. Certes la moyenne du mois le plus chaud n’atteint pas 22 ° (Ouro Preto 20 °4 – Barbacena 19 °5), les nuits permettent toujours de récupérer en été, la moyenne du mois le plus froid ne descend pas en dessous de 12 ° (Ouro Preto 13 °3 – Barbacena 14 °5) mais il y a de nombreux inconvénients : à Ouro Preto pendant trois mois la moyenne des minima journaliers est inférieure à 10 ° et le minimum absolu a été de 1 ° ; dans le Sud-Ouest de l’Etat, atteint par le front polaire, les gelées sont exceptionnelles, mais possibles et elles ont été parfois désastreuses pour les plantations de caféiers ; partout en altitude, nébulosité et humidité sont fortes : à Barbacena il y a par an 130 jours de pluie, 110 de rosée, 30 de brouillard (appelé cerracâo) et 48 de brume sèche (appelée Nevoa seca).
Tout ceci explique que les habitants, dépourvus de lainages craignent beaucoup plus l’humidité fraîche que la chaleur, et les ravages provoqués par les maladies pulmonaires et la tuberculose sont très sérieux.
d/ Enfin sur les sommets de la Serra da Mantiqueira et de Caparaó règne le climat de type CF méso-thermique sans saison sèche : la température moyenne annuelle est inférieure à 18 °.
7La classification de Köppen est insuffisante pour comprendre la répartition des formes de végétation dans l’Etat, car ce ne sont pas seulement les températures ou la hauteur des précipitations qui sont déterminantes, mais surtout la longueur de la saison sèche et les facteurs pédologiques. Suivant les critères de Gaussen, on peut opposer dans le Minas trois grandes zones climatiques :
Au Nord de l’Etat un golfe semi-aride (type 4b Th), terminaison méridionale de la grande zone semi-aride du Nord-Est brésilien et inclus officiellement dans le “polygone de la sécheresse” ; la saison sèche dure 5 mois, presque sans précipitations et la hauteur annuelle de celles-ci dépasse 1 m ; c’est le domaine de la Catinga ou brousse xérophile.
Autour de ce golfe semi-aride, une zone prend en écharpe l’Etat, du Nord-Est au Triangle, (types 4 C Th et 4 C Mes) : précipitations comprises entre 1 m et 1,5 m, trois ou quatre mois de saison sèche ; ce qui correspondrait au Cerrado ou savane boisée.
Enfin le Sud-Ouest et l’Est de l’Etat, où la saison sèche ne dépasse pas trois mois et demi ou même deux mois en altitude, avec des précipitations partout supérieures à 1,3 m (types 4 d Th et 4 d Mes) ; ce qui correspondrait à la forêt tropicale mésophile ou Mata, sauf sur les sommets.
8En fait à l’intérieur de ces grandes zones, les formations végétales apparaissent étroitement adaptées aux conditions pédologiques :
9Ainsi la Mata ou forêt tropicale est présente sur les sols épais de décomposition des roches cristallines ; il vaudrait mieux écrire, était présente, car la forêt au Brésil, représente la “richesse agricole” et elle n’a cessé de reculer devant l’exploitation forcenée des hommes ; en 1911 elle couvrait encore près de la moitié de la superficie de l’Etat et en 1947, 18 % seulement. Aujourd’hui sans doute 10 %... souvent les forêts sont réfugiées sur le sommet des collines ; les pâturages, les reboisements en eucalyptus et la “capoeira”, forêt secondaire plus basse et broussailleuse, ont conquis les terres épuisées par l’agriculture ou abandonnées par l’exploitation forestière. (Photo. Planche XV).
10Sur les sols sableux ou argilo-sableux des chapadas de l’ouest et du bassin du São Francisco, s’étend le Cerrado, une savane boisée aux arbres bas et tortueux, cuirassés de liège, capables de résister à la sécheresse grâce à leurs racines profondes ; dans les dépressions argileuses le cerrado devient plus serré, c’est le Cerradão. Mais le cerrado cède la place à la forêt dès que les conditions pédologiques sont meilleures : dans les vallées où les sols sont plus épais et le drainage adéquat (forêts-galeries) ou sur les sols plus riches de décomposition de basalte et de diabase dans les vallées du Triangle, de tufs volcaniques (Mata da Corda) ou de calcaire (Mata de Pains).
11En altitude ou sur les sols squelettiques, par exemple sur les reliefs résiduels de quartzites, apparaissent les Campos, formations herbeuses avec quelques arbres ou arbustes. Les campos et le cerrado particulièrement sont le domaine de l’élevage extensif des bovins et aussi des “charbonniers”, car faute de charbon minéral, le charbon de bois est encore à la base d’une grande partie de la sidérurgie du Minas.
12Le réseau hydrographique suit le rythme climatique et presque tous les cours d’eau de l’Etat ont un régime tropical austral : la période des hautes eaux est en été, avec la moyenne mensuelle la plus forte en février et la période des basses eaux en hiver, avec le débit minimum en août et en septembre. Seuls les fleuves côtiers du Nord-Est de l’Etat ont un régime à tendance subéquatoriale, avec des maxima plus précoces : décembre pour le Rio Mucuri, janvier pour les Rios Doce et Jequitinhonha, puis une chute des débits et l’esquisse d’un second maximum à la fin de l’été.
3 – CHANCES ET OBSTACLES DU MILIEU NATUREL
13L’analyse des conditions du milieu naturel montre bien comment le Minas Gerais appartient, pour sa moitié Nord et Ouest aux grands ensembles du Brésil Central et pour sa moitié Sud et Est aux unités morcelées du Brésil Atlantique (ou Brésil Sud-Est).
14L’opposition est très marquée entre les grands plateaux sédimentaires couverts de “cerrado” d’une part, le dédale de collines qui ont été couvertes par la “Mata” d’autre part. Les parties les plus élevées de la Serra da Mantiqueira, le quadrilatère ferrifère et le sud de la Serra do Espinhaço représentent les régions les plus “montagnardes”.
15Dans chacune de ces trois unités régionales, les conditions du milieu naturel ont présenté successivement des chances et des obstacles à l’occupation humaine et au développement économique en fonction des phases économiques ; il faut entendre “phase économique” au sens large, c’est-à-dire l’ensemble des conditions démographiques, socio-économiques et techniques régissant l’activité des hommes, sans oublier l’impact plus ou moins direct de l’ouverture sur le monde extérieur (en l’occurence sur l’Europe pendant deux siècles et la domination américaine plus récente).
16Si l’on considère tout d’abord, “à priori” les conditions du milieu naturel en fonction du potentiel d’utilisation du sol et des communications, ce sont les régions montagnardes qui semblent les plus défavorisées. Les régions Sud et Est ont été favorisées par leur situation plus proche du littoral et par la présence de la grande écharpe forestière, favorable à l’agriculture sur brûlis ; au contraire les communications terrestres ou fluviales n’y sont pas faciles.
17En ce qui concerne les espaces monotones du Nord et de l’Ouest, le seul élément favorable a été la facilité des communications. La position continentale autant que le potentiel agricole réduit expliquent la vocation “historique” de ces espaces à l’élevage extensif pratiqué sur d’immenses propriétés.
18Le tableau 13 tente de montrer, sous une forme très simplifiée, la permanence ou la variabilité des conditions liées plus ou moins directement au milieu naturel en fonction des quatre grandes phases économiques qu’a traversées l’Etat depuis le XVIIIe siècle ; ce qui est un facteur défavorable dans une phase économique peut au contraire se révéler un facteur favorable dans une autre phase économique.
19Les conditions du milieu naturel ont offert à l’Etat et lui offrent encore les bases favorables pour son développement économique :
Grâce aux nuances climatiques, dues aux conditions orographiques, la gamme des cultures possibles dans l’Etat s’étend des cultures tempérées aux cultures tropicales et pratiquement on y cultive de tout depuis la pomme de terre, le raisin, le coing jusqu’au coton, café, manioc, ricin ou ananas...
L’existence d’une large zone forestière s’étendant en écharpe du Sud-Ouest au Nord-Est de l’Etat a permis depuis une centaine d’années le développement de riches zones agricoles liées au café et aux céréales (maïs - riz) comme à l’élevage des porcs et des bovins. Cependant dans la phase économique actuelle, la disparition des réserves forestières, l’érosion des sols, le relief accidenté et la concurrence de régions agricoles lointaines plus productives (comme le Nord du Parana) expliquent le déclin relatif de cette agriculture et l’invasion de l’élevage laitier. Le Minas Gerais a été et sera certainement dans cette activité une région privilégiée au Brésil.
Né sous le signe de l’extraction minière au XVIIIe siècle, l’Etat des “Mines Générales” est encore l’une des régions les plus riches du monde quant à la diversité et à l’importance de ses réserves minérales, si l’on excepte évidemment le charbon et les hydrocarbures ; c’est le quadrilatère ferrifère (et ses bordures) qui possède les plus grandes réserves de fer, manganèse, or et bauxite. L’Est et le Sud-Ouest de l’Etat fournissent le quartz, le mica, les pierres semi-précieuses, la bauxite, l’apatite, le nickel, la cassitérite, de nombreux minerais rares et radio-actifs.
Château d’eau du Brésil du Sud-Est, l’Etat peut mobiliser ses ressources hydro-électriques beaucoup plus qu’elles ne le sont aujourd’hui. Le Rio Grande à lui seul représente un potentiel de 8 millions de KW.
On peut espérer que ses paysages de montagnes attireront des touristes de plus en plus nombreux, comme le font déjà les stations thermales et les villes historiques.
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