Chapitre II. L’atténuation des fluctuations du commerce extérieur et le contrôle de l’inflation transmise
p. 499-518
Texte intégral
« The solution does not lies in growth at the expense of foreign trade, but in knowing how to extract, from continually growing foreign trade, the elements that will promote economic development. »
R. Prebisch23
1La gravité de l’inflation transmise, en Amérique du Sud, apparaît dans le fait, qu’il s’agit d’une forme d’inflation qui ne peut pas être complètement résorbée, tant que des mesures à l’échelon international ne seront pas prises. Cependant, les mécanismes de transmission de l’inflation montrent qu’une action sur le front interne est également nécessaire, étant donné que l’inefficacité des contrôles internes est un facteur d’amplification des fluctuations du commerce extérieur et contribue à l’accélération des phénomènes inflationnistes. C’est pourquoi il importe de conjuguer l’action sur le front national et sur le front interne.
Section I. LA STABILISATION INTERNATIONALE DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES
2La nécessité de stabiliser les recettes d’exportation, pour les pays producteurs de matières premières, a été reconnue depuis longtemps, mais avant la seconde guerre mondiale, les plans proposés par les puissances dominantes cherchaient moins à lutter contre l’instabilité des cours qu’à rétablir un niveau d’équilibre entre la production et la consommation mondiale24. Après la seconde guerre mondiale, il apparaît que les dangers de la formation des cours étaient, autant ceux d’une détérioration cyclique des prix, que ceux d’une extrême instabilité des cours, tout au long d’une même phase cyclique.
§ 1. La recherche de mesures internationales tendant à amortir les fluctuations de prix des matières premières
3Plusieurs types d’expériences de stabilisation des cours ont été tentés, soit dans le cadre d’accords internationaux, soit dans un cadre régional. Les accords mondiaux sur l’étain, le blé ou le sucre, semblent n’avoir eu que des effets limités25. Les accords régionaux se sont montrés plus efficaces, mais ils ont été pris dans le cadre d’ensembles présentant une certaine unité politique et ont été imposés par d’anciennes métropoles. C’est ainsi que les « marketing boards »26 dans le Commonwealth, pour le cacao ou l’huile d’arachide, et les « caisses de stabilisation » dans l’Union Française, pour les oléagineux et les produits tropicaux, ont, dans l’un et l’autre cas, favorisé une action concertée sur les marchés internationaux, ce qui a permis de réduire les fluctuations de la production. Ces organismes ont été dotés de moyens financiers et ont recherché la réalisation d’un double objectif :
- Atténuer les fluctuations de recettes, par une sorte de péréquation entre les économies membres de l’ensemble ;
- Rétablir des conditions de concurrence plus saines entre ces régions productrices, tout en maintenant une forte protection vis-à-vis de l’extérieur.
4Si de tels accords semblent pouvoir être conclus entre les économies sud-américaines productrices de produits agricoles tropicaux, par exemple, la Conférence du Café de Rio, il semble que, pour les pays producteurs de minerais, la conclusion de tels accords soit plus lointaine. En effet, l’économie de plantation en Amérique du Sud est généralement sous contrôle national, alors que les compagnies extractives résultent de l’implantation de Grandes Unités Interterritoriales. En apparence, la réalisation d’accords entre quelques Grandes Unités Interterritoriales et les gouvernements des pays producteurs, semble plus aisée que l’accord entre de nombreux pays concurrents.
5La réalisation de tels accords semble plus urgente encore, dans le cas des économies minières, car elles sont soumises à une demande particulièrement instable et les recettes d’exportation procurées par le cuivre ou l’étain représentent un pourcentage de leurs exportations totales plus élevé que dans les économies productrices de produits tropicaux27.
6Trois obstacles principaux ralentissent les tentatives d’accords de stabilisation de prix, dans les économies sud-américaines et particulièrement dans les économies minières :
- Tout d’abord, les gouvernements sud-américains gardent un espoir de spéculation et ne recherchent plus d’accord, en période de stockage des minerais stratégiques ;
- De plus, de tels accords défavoriseraient les régions à production marginale ; tel semble devenir le cas du Chili, car le niveau moyen des prix, maximisant le profit des grandes compagnies, serait très inférieur au prix de revient réel des mines de cuivre sud-américaines et conduirait à un déclin encore plus rapide de leur exploitation et modernisation ;
- Dans le cas où les compagnies extractives sont nationalisées (étain bolivien, pétrole argentin), la force contractuelle de ces compagnies, dans un accord mondial, serait trop faible par rapport à celle des grandes unités et ne leur permettrait pas d’obtenir un accord satisfaisant. De plus, la décision prise par une conférence mondiale de limiter la production (en cas de surproduction et mévente) et de stabiliser un cours d’exportation, pourra être respectée avec beaucoup moins de difficultés par un pays où l’exploitation est assurée par une G.U.I., que dans un pays où elle est assurée par une compagnie nationale, à territoire unique.
7Certes, les effets mécaniques de l’inflation seront très atténués si, en vertu d’un accord entre grandes compagnies, le cours du cuivre ne varie plus que de 1 à 2 % par an, car la capacité d’importation croîtra de façon régulière, mais, si l’exploitation du cuivre est assurée par des capitaux purement nationaux, il est probable, qu’au prix fixé, les compagnies nationales auront beaucoup plus de difficultés à maintenir une exploitation rentable et, à la différence des G.U.I., ne pourront pas se borner à l’exploitation des gisements les plus productifs, en attendant un relèvement des prix.
§ 2. Les limites de la stabilisation des cours internationaux des matières premières
8Une politique de stabilisation des prix de matières premières ne peut remédier qu’à l’une des causes de l’instabilité des recettes d’exportation des économies sud-américaines : la fluctuation des cours dans les grandes bourses de marchandises. Il importe donc que les accords sur les matières premières assurent également le respect de quotas de production. Les experts des Nations Unies, considérant que les fluctuations de volume (39 % de fluctuations annuelles) ont joué un rôle plus important que les fluctuations de prix (17 %) dans l’instabilité des recettes, même28 si ces proportions ne sont pas rigoureuses, il est certain que la stabilisation des seuls prix ne serait qu’une mesure incomplète. Mais il semble difficile d’établir les règles d’une limitation de la production, car elle introduirait un facteur de rigidité et ne permettrait pas aux producteurs les plus compétitifs de progresser aux dépens des autres, l’effet malthusien de ces mesures remédierait aux dangers de la surproduction, mais préparerait une pénurie durable.
9Quelle que soit la technique de stabilisation employée : constitution des stocks anti-cycliques, limitation de production ou contrats à long terme, la fixation de cours stables se heurte à de grandes difficultés. Il paraît souhaitable de stabiliser le prix des matières premières au niveau normal que laisse prévoir la tendance séculaire29, bien que cet objectif soit parfois utopique, étant donné les possibilités de substitution qui se produiront dans la structure de la consommation. Cette atténuation des fluctuations à court terme suppose que le prix normal attendu de ces denrées soit prévisible. Or, les élasticités de prix des matières premières sont très variées.
10Selon Wallich30, il faudrait distinguer les produits influencés surtout par des fluctuations de production (sucre, blé), ceux qui sont affectés, au premier chef, par des déplacements de la demande mondiale (cuivre, étain) et ceux dont l’instabilité réside à la fois dans l’incertitude de la production et de la consommation pour des raisons naturelles (coton) ou même institutionnelles (café). Pour cette troisième catégorie, le niveau de la stabilisation dépendra de la conjoncture et sera fixé, tantôt en fonction d’anticipations trop optimistes, tantôt en fonction d’un niveau anormalement bas des prix. Dans le cas du café, il est probable que les prix atteindront un niveau moins élevé que celui qu’ils auraient atteint sans intervention, car un prix stabilisé n’empêchera pas la pression de la production sur les marchés internationaux et la constitution de stocks invendus. Dans le cas du cuivre, marché où les anticipations de hausse sont moins prolongées et les fluctuations de production plus faibles, la stabilisation des prix à un niveau donné de production, tendrait au contraire à établir un prix plus élevé et une production plus faible, que si l’intervention ne s’était pas produite.
11La stabilisation internationale du cours des matières premières ne saurait évincer tous les mécanismes de transmission de l’inflation par le commerce extérieur, même en faisant abstraction de l’action des contrôles internes. En effet, l’instabilité du commerce extérieur, en Amérique du Sud, s’explique à la fois par la spécialisation des exportations et leur vulnérabilité aux variations de cours et par le déséquilibre structurel des échanges de marchandises et de capitaux. Les accords de payement, l’encouragement de mouvements de capitaux compensateurs, l’aide étrangère et le crédit des banques internationales sont des facteurs également actifs d’atténuation des fluctuations de recettes. Mais ces mesures relèvent de la politique de formation du capital et c’est dans ce cadre, que nous les analyserons.
Section II. LES CONTRÔLES INTERNES ET L’ATTÉNUATION DE L’INFLATION TRANSMISE
12La révision de la politique du commerce extérieur, en Amérique du Sud, est une condition essentielle de la politique anti inflationniste, étant donné que les interventions gouvernementales ont toujours été un facteur d’amplification des tensions inflationnistes extérieures. Les mesures nécessaires dans ce domaine sont utiles, non seulement pour compléter l’efficacité d’une éventuelle stabilisation internationale des cours des exportations, mais encore pour atténuer les déséquilibres structurels des échanges extérieurs et promouvoir des mécanismes de réajustement de la balance des payements. La lutte contre l’inflation transmise suppose l’adoption de trois catégories de mesures :
- Des mesures nationales de stabilisation des fluctuations des recettes d’exportations ;
- La modification de la structure des échanges ;
- La stabilisation du niveau des changes.
§ 1. La stabilisation des recettes d’exportation
13L’accumulation de réserves de change pendant les périodes de boom des prix d’exportation et l’épuisement rapide de ces réserves dans les périodes de baisse des prix est une source essentielle de l’instabilité des flux monétaires, mais elle est considérablement amplifiée par l’intervention des contrôles internes. La politique des gouvernements sud-américains consiste, le plus souvent, à transformer aussitôt les réserves de change en monnaie nationale, ce qui alimente une inflation fiduciaire et une expansion de crédit, et à accorder des licences d’importation de plus en plus nombreuses, dépassant de loin le niveau normal des recettes d’exportation.
14Divers systèmes ont été mis en œuvre pour atténuer les fluctuations de recettes extérieures. De même que les solutions internationales, les mesures de stabilisation sur le plan national ont pour but d’agir sur le volume ou sur le prix interne des exportations ; le plus souvent, l’action porte sur l’un et l’autre domaine.
1° La constitution de stocks et les politiques de valorisation
15La politique de valorisation des stocks a été appliquée par la plupart des pays producteurs de café ; mais, bien que cette mesure permette d’agir à la fois sur le volume et les prix, il semble qu’elle soit particulièrement inefficace. En effet, la garantie d’achat de la récolte, à un prix garanti par une organisation gouvernementale, constitue, en période de chute prolongée des cours, une charge budgétaire extrêmement lourde. Certes, la fixation par voie autoritaire de quotas d’exportation assure le respect d’un prix minimum sur les marchés mondiaux, mais, en l’absence de coopération des pays producteurs, elle constitue un handicap concurrentiel décisif, dans la mesure où les autres producteurs pourront écouler une production plus élevée à moindre prix31. Ces interventions gouvernementales n’ont que peu d’efficacité sur les mécanismes internes de transmission de l’inflation. En effet, en période de chute des cours, l’épuisement des réserves conduit à une spéculation sur les changes, le prix interne payé pour l’écoulement de la production d’exportation comporte une marge importante de subvention aux producteurs et la distribution de crédit aux plantations et exportateurs pèse lourdement sur la situation financière.
16Une politique de valorisation ne peut être efficace qu’à deux conditions :
- S’accompagner d’une véritable politique anticyclique, c’est-à-dire destinée à compenser les fluctuations de volume et de prix sur le marché interne de la production d’exportation. Une telle politique suppose que les offices publics organisant le marché disposent de pouvoirs importants et d’une indépendance politique et financière. Les ressources financières peuvent provenir, soit du prélèvement d’une taxe à l’exportation (système brésilien jusqu’à 1946), soit de taxes intérieures portant sur toutes les transactions, même non destinées à l’exportation (taxe prélevée par les États du Brésil) ou enfin, une fraction des recettes de change procurées par l’exportation et confiée à un organisme spécial (constituant une réserve de change anticyclique32)
- Être complétée par un ensemble de mesures de lutte contre la spéculation.
17Tout d’abord, la stabilisation des cours internes des produits d’exportation suppose l’adoption de mesures de contrôle des autorités monétaires. En particulier, le contrôle du crédit aux planteurs et exportateurs s’avère l’une des conditions les plus importantes pour le succès de ces politiques, puisque l’expansion de crédit, en période de chute des cours, constitue l’un des principaux mécanismes d’amplification des tensions inflationnistes externes.
18En second lieu, une réforme de l’organisation commerciale des productions d’exportation est indispensable pour assainir les marchés. Les cartels de vente du café, du cacao ou du coton contribuent fortement au caractère spéculatif de ces productions.
19La complexité du contrôle des changes introduit un autre facteur de spéculation. C’est ainsi, par exemple, que certains exportateurs peuvent réaliser d’importants profits en facturant le café à un taux de change plus rémunérateur que celui de sa catégorie réelle. Par exemple, un café de seconde qualité sera facturé au taux de change de la qualité supérieure (« Santos 4 » ou « Mazinales ») ou au taux des exportations dans les pays à devises fortes, alors qu’il est destiné à un pays à devise faible.
20La lutte contre la spéculation sur les cours des matières premières suppose également l’adoption de mesures législatives, destinées à décourager l’épargne de cette forme de placement. Des mesures fiscales peuvent réduire les gains spéculatifs des établissements financiers et des particuliers. D’autres mesures, telles que le lancement d’un emprunt idexé sur le cours du café, permettraient, peut-être, d’établir un climat de confiance dans la stabilité des cours. Cependant, il est à craindre que cette indexation, loin d’apporter la stabilisation procurée en France par l’emprunt-or en 1952, ne suscite de nouvelles rigidités institutionnelles.
21Enfin, les gouvernements sud-américains ne pourront mener une politique anticyclique, susceptible d’amortir les fluctuations du commerce extérieur, que dans la mesure où la stérilisation des réserves en devises permettra d’éviter le développement d’une inflation monétaire.
2° La stérilisation des recettes d’exportation
22Plusieurs solutions permettent d’éviter la transformation des réserves de devises en monnaie nationale :
- la création d’un fonds de stabilisation des changes ;
- les taxes à l’exportation ;
- les autres prélèvements fiscaux ;
- les discriminations de change.
23L’efficacité de ces systèmes est également subordonnée à l’affectation des recettes à un organisme indépendant et à un emploi productif.
Fonds de stabilisation des changes
24Ce type de solution a été rarement adopté en Amérique du Sud et l’expérience du lendemain de la seconde guerre mondiale montre que l’absence d’une telle institution a conduit à un épuisement très rapide des réserves de devises accumulées pendant la guerre. Certes, depuis la généralisation du contrôle des changes, en Amérique du Sud, les transactions sont effectuées obligatoirement auprès d’un office des changes, mais celui ci ne dispose pas de l’autonomie administrative et financière qui lui permettrait de stériliser ces devises. Bien plus, on constate que les autorités monétaires ne disposent pas de moyens efficaces de contrôle sur le marché des changes et que les devises procurées par l’exportation ne sont pas toutes détenues par la Banque centrale. C’est ainsi qu’en Argentine, jusqu’à la réforme bancaire de 1957, les devises étaient éparpillées entre les établissements bancaires.
25En Argentine, un fond de stabilisation des changes a été créé en 1946, l’Instituto Argentino para la Promoción del Intercambio (I.A.P.I.), qui a pour fonction d’amortir les fluctuations des cours internationaux, en agissant sur le taux de change du peso et en fixant les prix minima internes des principaux produits d’exportation. Cet organisme a eu une gestion déficitaire et ses pertes ont pesé lourdement sur les finances publiques. En effet, lorsque la récolte de blé était bonne ou lorsque le marché international était acheteur, le prix minimum et le taux de change fixés par 1Ί.Α.Ρ.Ι. permettaient de réduire les profits des producteurs. Mais, lorsque les récoltes étaient mauvaises ou lorsque le marché mondial était saturé, cet organisme, assurant lui-même la commercialisation des produits, maintenait un prix minimum élevé et un taux de change surévalué et supportait de lourdes pertes33. C’est ainsi que 1e déficit du I.A.P.I. représentait en 1954, avec 3,6 milliards de pesos, plus de 25 % des recettes ordinaires. Les ressources drainées par le Fonds de soutien des changes, grâce au maintien d’un taux de change surévalué, ont été utilisées pour subventionner des exportations secondaires et faciliter les importations de matériel et de combustibles. Mais, en réalité, ces subventions ont souvent alimenté les profits des intermédiaires, sans répercussion notable au stade du consommateur.
26Dans des pays comme le Venezuela, les pouvoirs des Instituts de Développement (Corporacion de Fomento) ont permis de stériliser indirectement les recettes de change et de les affecter à la réalisation des programmes de mise en valeur ; mais cette stérilisation a été effectuée par la voie fiscale.
Taxes à l’exportation
27La politique des taxes à l’exportation a été rejetée par la plupart des pays occidentaux industrialisés, parce qu’elle créait un handicap trop lourd à l’exportation34. Cependant, il s’agit d’une politique traditionnelle en Amérique du Sud35, pratiquée depuis longtemps par l’Argentine, elle apparaît à la fois comme un instrument fiscal, au même titre que les droits d’importation, et comme un moyen de lutte contre les tensions inflationnistes exogènes.
28Cependant, une semblable politique ne peut être efficace que dans la mesure où le produit des taxes à l’exportation est affecté au rééquilibre de la balance des payements ou au financement de la mise en valeur. Or, l’inefficacité des contrôles étatiques rend cet avantage souvent illusoire. En effet, lorsque l’État établit des taxes à l’exportation, leur produit est souvent affecté à la couverture du déficit du budget ordinaire et ces ressources viennent accroître les habitudes de dépense du secteur public. Dans certaines économies sud-américaines, ces politiques ont été efficaces, à la fois comme mesure anti-inflationniste, et comme mesure de stabilisation du commerce extérieur. Cependant, en dehors du Venezuela, leur efficacité a été temporaire. Le maintien des taxes dans les conjonctures de hausse des cours (guerre de Corée) a aggravé les tensions de la balance des payements sans neutraliser les tensions inflationnistes externes.
Prélèvements fiscaux
29Les prélèvements fiscaux de l’État sur les recettes d’exportation sont effectués souvent par des moyens moins directs que la taxation au port d’embarquement, mais le résultat est assez comparable.
30Certains gouvernements sud-américains ont adopté des régimes fiscaux très complexes dans le but de prélever un pourcentage plus important des recettes d’exportation. C’est, en particulier, le cas du régime fiscal des compagnies de cuivre au Chili, jusqu’à la réforme de 1955. Ce régime comportait trois formes de prélèvement fiscal :
- Un impôt de 50 % sur les bénéfices des compagnies, le bénéfice fiscal étant la différence entre le prix de revient légal et le prix de vente ;
- Un « Comité du Cuivre » achetait le cuivre à un cours très inférieur au cours mondial, par exemple, en 1952, à 24,5 cts livre contre 35,5 cts livre ;
- Un dernier prélèvement était assuré par une taxe différentielle de change sur les entrées de dollars des compagnies : celles-ci ne recevaient, pour payer les facteurs de production locaux, qu’un taux de change très défavorable. Ce taux de change, le « costo legal », est resté fixé, entre 1945 et 1955, à 19,37 pesos par dollar, tandis que le taux de change libre du dollar, à la fin de 1954, dépassait 200 pesos36. Ces diverses ressources fiscales, en devises et en monnaie nationale, ont été utilisées pour couvrir les dépenses ordinaires du gouvernement, et, en particulier, pour subventionner les importations de produits alimentaires.
31Le régime fiscal des compagnies de cuivre du Chili a été réformé en 1955, lorsque le gouvernement eut constaté que les compagnies renonçaient à investir. L’imposition est simplifiée, les taxes différentielles de change sont supprimées pour les compagnies et leurs entrées de capitaux sont encouragées par l’adoption d’un taux de change favorable. Enfin et surtout, 30 % du produit de l’impôt sur le cuivre sera affecté, à partir de 1968, à des projets de mise en valeur de la « Corporación de Fomento »36
Taux différentiels de changes
32Ce dernier moyen a été utilisé par presque tous les pays d’Amérique du Sud, mais ses vertus anti-inflationnistes semblent aussi limitées que ses avantages économiques. Une politique sélective des changes à l’importation et à l’exportation présente de nombreux avantages théoriques, pour une politique de lutte contre l’inflation transmise, dans la mesure où elle permet de contrôler les mouvements de prix des importations et exportations. Mais, en réalité, l’efficacité de cette politique est temporaire, car elle ne suffit pas à réduire la spéculation sur le marché des changes.
33De façon générale, le cours des « dollars-matières premières » étant un cours fixe, est surévalué ; aussi, pour éviter la transmission de l’inflation, il serait nécessaire que les autorités monétaires contraignent les exportateurs à livrer la plus grande partie de leurs devises au cours officiel, de façon à réduire la spéculation.
34C’est ainsi qu’en Argentine, au cours des dernières années, les exportateurs devaient en moyenne rapatrier au taux officiel les neuf dixièmes du produit de leurs ventes à l’étranger. Ce système a été modifié lors du plan d’assainissement financier de 1958, dans un sens plus libéral et sélectif ; pour les exportations essentielles (viandes) l’exportateur peut rapatrier 35 % au cours libre, pour la laine et les sous-produits animaux, 50 %37.
35Cependant, on constate souvent que ces mesures sont prises à contre temps. Par exemple on autorisera, dans les périodes de hausse des cours internationaux, les exportateurs à rapatrier une fraction plus importante de leurs devises aux cours libres, que pendant les périodes de chute des cours. Au Brésil, par exemple, en 1953, période de cours élevés pour le café, l’exportateur ne livrait que la moitié de ses recettes en devises au cours officiel et pouvait négocier le restant au cours libre. A l’inverse de 1954, lorsque les cours de café se sont effondrés et que les besoins de devises de l’État sont devenus plus impérieux, les exportateurs ne furent autorisés à rapatrier au taux libre que 20 % de leurs recettes en devises38.
36Les taux différentiels de change prélevés par les gouvernements sud-américains ont un but essentiellement fiscal et ne sont aucunement adaptés aux exigences de la stabilité financière intérieure, particulièrement dans les périodes de hausse des cours internationaux.
37Enfin, les avantages éventuels d’une politique tendant à réduire les possibilités de spéculation sur devises des exportations sont souvent annulés par la libération du crédit, qui permet aux planteurs et exportateurs de maintenir leurs taux de profit.
§ 2. Modification de la structure des échanges
38L’instabilité du commerce extérieur et les tensions inflationnistes qui l’accompagnent nécessitent une modification à longue échéance de la structure du commerce extérieur de l’Amérique du Sud. En effet, l’inflation transmise a conservé souvent une ampleur aussi forte que dans l’entre-deux guerres, dans des économies qui se sont pourtant industrialisées depuis. Le besoin croissant d’importation de l’industrie compromet la situation financière intérieure, aussi durablement que lorsque les pressions inflationnistes externes résultaient exclusivement d’une spécialisation excessive dans l’exportation de produits primaires. La plus grande partie des économies sud-américaines subissent aujourd’hui les conséquences cumulatives d’une structure vulnérable du commerce d’exportation et d’une croissance ininterrompue des besoins d’importation. C’est pourquoi la résorption des tensions inflationnistes externes suppose, outre une politique de stabilisation, une réforme progressive de structure des échanges.
1° Diversifications des courants de marchandises et de la structure des exportations
A. Modification des courants géographiques de marchandises
39La modification des courants de marchandises peut être assurée par deux politiques. L’intensification des échanges avec les pays non membres de la zone dollar : Europe, Asie, Pays de l’est ; d’autre part, l’accroissement des échanges inter-américains dans le cadre des complémentarités naturelles de ces pays.
Intensification des échanges hors de la zone dollar
40L’intensification des échanges avec des pays non membres de la zone dollar constitue une nécessité pour atténuer la dépendance extérieure de l’Amérique du Sud. Cependant, cette politique de transfert des zones d’échange se heurte à des obstacles considérables, et les progrès réalisés dans ce domaine, depuis 1945, sont très faibles ou correspondent à des déplacements conjoncturels de la demande. C’est ainsi qu’en 1957, la fermeture du canal de Suez a provoqué, en Amérique du Sud, un accroissement des échanges avec l’Europe occidentale, celle-ci ayant absorbé 40 % des exportations du continent latino-américain39. Une amélioration plus durable des échanges entre les économies sud-américaines et l’Europe ou certains pays sous-développés doit cependant pouvoir être assurée par l’adoption d’accords de payement.
Unions douanières et échanges inter-américains
41La réalisation d’une union douanière, en Amérique du Sud, est souhaitée par certains experts des Nations Unies40 et par de nombreux économistes sud-américains41, mais il semble que l’accroissement des échanges interrégionaux se heurte, en Amérique du Sud, à de très nombreux obstacles.
42a. Les économies sud-américaines se trouvent à des niveaux de développement différents et les options de croissance qu’elles ont adoptées, ont souvent accusé ces différences.
43Il existe surtout des obstacles géographiques à l’intensification des échanges, qui sont difficilement surmontables avant de très nombreuses années. Les complémentarités de production sont très limitées et les échanges essentiels se réduisent à des échanges de matières premières contre matières premières ou contre produits alimentaires.
44De nombreux obstacles institutionnels s’opposent également à cette union, en particulier la présence de grandes unités inter territoriales. Le Venezuela ne peut pas décider de cesser d’exporter son pétrole aux États-Unis, pour l’échanger avec le Brésil contre des produits alimentaires, car ce pétrole est payé en dollars par le Brésil et se trouve transporté par des tankers nord-américains.
45Enfin, la mise en œuvre d’un marché commun suppose un stade d’évolution politique et culturelle qui n’est pas atteint en Amérique du Sud. Associer le Brésil aux économies andines ne présente guère d’avantages pour ce pays ; de même, associer le peuple argentin ou chilien, qui atteignent un niveau culturel de type européen, aux populations indiennes et noires du Pérou et même du Brésil, serait la source de nombreux conflits raciaux et sociaux.
46b. C’est pourquoi l’accroissement des échanges interrégionaux, en Amérique du Sud, ne peut être envisagé que dans le cadre plus limité d’accords économiques et financiers entre des pays dont les économies soient complémentaires. Il est évident que certaines économies sud-américaines ont un potentiel économique trop faible pour se consacrer à certaines productions exigeant un marché plus étendu. En particulier, des échanges intérieurs plus intenses permettraient d’éviter la création d’ensembles sidérurgiques dans des pays où les perspectives démographiques les plus optimistes ne permettent pas d’envisager une production nationale rentable.
B. Diversification des exportations
47Les efforts des gouvernements sud-américains pour diversifier leurs exportations, depuis la guerre, ont été également limités. Deux raisons peuvent être invoquées :
48D’une part, les industries sud-américaines sont édifiées à l’abri de protections douanières très élevées et les produits manufacturés nationaux sont peu compétitifs sur les marchés internationaux. C’est pourquoi, lorsque de nouvelles exportations sont encouragées, il s’agit souvent de nouvelles matières premières : le fer au Brésil, le café au Venezuela ; ces marchandises sont donc également sensibles aux fluctuations de matières premières.
49D’autre part, la structure traditionnelle des exportations bénéficie des marchés acquis et n’exige pas la réalisation d’investissement de lancement. De plus, le danger principal d’une spécialisation excessive des exportations est l’absence d’une politique de stabilisation des cours. Dès lors, si une politique efficace de stabilisation des cours pouvait être instituée, il est certain que le maintien d’un secteur d’exportation développé resterait le plus sûr moyen de procurer les devises nécessaires pour équiper les industries d’un pays neuf.
2° La substitution d’importations et l’atténuation de la dépendance économique
50La politique de substitution d’importations présente l’inconvénient essentiel de ne pouvoir porter ses effets qu’à long terme, en aggravant la situation immédiate.
51Lorsqu’on considère la disparité du taux de croissance de la production globale et de la capacité d’importation, au cours des quinze dernières années42, en Amérique du Sud, on constate qu’un effort très important de substitution est nécessaire. En effet, si les exportations de l’Amérique latine continuent à augmenter de 2,2 % par an43 et le revenu par tête de 3 %, il est évident que les difficultés de payements extérieurs s’aggraveront considérablement. Or, une politique de substitution d’importations suppose une augmentation massive des importations de biens capitaux et un contrôle des changes très efficace pour décourager les importations non essentielles. Même, si une telle politique peut être imposée, la capacité d’importation restera très inférieure aux nécessités. Aussi, le financement d’une politique de substitution d’importations exerce un effet inflationniste immédiat, tandis que les effets correcteurs se manifestent souvent insuffisamment et trop tard.
52Pour réduire sensiblement la dépendance vis-à-vis de l’étranger, il faudrait que le Brésil ou le Chili renoncent à toute importation d’essence et de blé, pour intensifier les importations de turbines et de techniciens. Un plan échelonnant les substitutions nécessaires permettrait seul de réduire ces inconvénients ; or, les substitutions se sont toujours faites au cours de crises soudaines et ont déclenché des tensions inflationnistes considérables.
53Enfin, il existe des limites techniques ou financières à la création d’industries de substitution44. Dans le cas des prospections pétrolières par exemple, la prise en charge de ces dépenses par les gouvernements sud-américains, souhaitée par les nationalistes, constitue une politique qui, souvent, n’est pas économiquement viable. Le transport du pétrole du bassin amazonien n’est pas viable pour un pays dont le revenu est aussi faible que celui du Brésil et cette exploitation serait-elle rentable, qu’un concours étranger serait indispensable. La révision des politiques de nationalisation des exploitations de pétrole est particulièrement nette en Argentine. Depuis la seconde guerre mondiale la stagnation économique s’est accusée en Argentine et la pénurie d’énergie constitue un handicap considérable pour la croissance de l’industrie et l’équilibre de la balance des payements. Aussi, le gouvernement argentin a-t-il décidé de réviser sa politique pétrolière en 1959, en accordant de nombreux contrats d’exploitation aux compagnies pétrolières (Shell et Standard Oil). Ces compagnies ouvriront aux entreprises pétrolières nationales un crédit de 73 millions de dollars pour l’importation du matériel de forage, remboursable en trois ans. Ces apports de capitaux devraient permettre à l’Argentine de développer sa production trés rapidement, de façon à couvrir ses besoins au bout de trois ans45.
54Une solution, moins efficace à long terme, mais plus séduisante dans l’immédiat, serait une politique de déplacement des importations des zones à monnaie forte vers les zones à monnaie faible. Or, cette solution, recherchée dans le cadre des accords de convertibilité limitée avec les pays européens, a une faible portée, parce que la structure des importations, en Amérique du Sud, ne permet pas de trouver un approvisionnement suffisant en Europe. La France ou l’Allemagne peuvent fournir des machines au Brésil et non du pétrole, de plus, les coûts de transport sont plus onéreux46.
3° La recherche d’accords de clearing et de payement
55L’insuffisance structurelle de la capacité de payements extérieurs de l’Amérique du Sud est une cause permanente de désajustement des balances externes et donc, de transmission des tensions inflationnistes. La plupart des échanges commerciaux de l’Amérique du Sud se font sur la base d’accords bilatéraux. Ces accords sont un facteur de restriction des échanges et d’aggravation de l’endettement extérieur47. En effet, il devient très difficile de liquider les dettes entre les pays contractants. Par exemple, la situation de l’Argentine à l’égard de l’Europe laisse subsister un arriéré de dettes, que ce pays ne peut pas rembourser dans le cadre d’accords bilatéraux.
56Depuis quelques années, on assiste, en Amérique du Sud, à un effort important pour remédier à cette situation.
57Tout d’abord, certaines réformes des changes ont été accompagnées de nouveaux traités commerciaux entre les économies sud-américaines destinées à élargir les accords de payement. Ainsi en est-il de la réforme du 1er mars 1956 au Paraguay, qui s’accompagne de nouveaux accords commerciaux avec l’Argentine et le Brésil, permettant d’effectuer le règlement des transactions commerciales en toutes devises48. Enfin et surtout, de nombreux accords commerciaux permettent de procéder à la liquidation des arriérés de clearing.
58L’extension des accords unilatéraux est récente et s’est produite surtout dans le cas de l’Argentine et du Brésil avec les économies européennes : ce sont les « Clubs monétaires de Paris et de La Haye ».
59L’accord monétaire de La Haye était, à sa signature en août 1955, restreint aux rapports entre l’Argentine et le Brésil, d’une part, et la plupart des pays de l’U.E.P. (Union Européenne des Payements), d’autre part. Depuis, l’Allemagne a donné son adhésion à cet accord et des pays, comme l’Uruguay, en bénéficient partiellement. Tous les payements correspondant à des opérations commerciales entre ces pays peuvent être réglés en devises européennes, transférables dans les autres pays49. Ce système a permis à l’Argentine de consolider ses dettes à l’égard de l’Allemagne. Les avantages de ce système sont nombreux, car il en résulte une plus grande concurrence entre les pays fournisseurs européens et donc, une amélioration des termes de l’échange pour les pays sud-américains50. Enfin, du point de vue des exportations de l’Amérique du Sud, l’accroissement des échanges avec l’Europe est surtout un moyen de réduire la vulnérabilité du commerce extérieur.
§ 3. La stabilisation du niveau des changes
60L’analyse des situations sud-américaines ne permet plus d’établir aujourd’hui une corrélation rigoureuse entre le rythme de la dépréciation externe et celui de la dépréciation interne. Il est cependant évident que les deux phénomènes sont interdépendants et jouent un rôle, tantôt actif, tantôt passif, dans le déroulement de l’inflation. Les fluctuations de change répondent souvent à des mouvements erratiques, mais, dès que l’inflation atteint un certain rythme, elles deviennent un mécanisme d’accélération du phénomène. Les techniques de stabilisation du niveau des changes sont extrêmement variables d’un pays sud-américain à l’autre et selon les époques ; aussi est-il impossible de formuler des thérapeutiques générales en cette matière, d’autant plus que l’efficacité des méthodes d’ajustement du change est ordinairement envisagée sous l’angle de la politique économique générale, plutôt que sous l’angle de la stabilité financière.
61Le problème essentiel est de trouver des techniques de contrôle des changes adaptées à la fois aux objectifs de croissance et à la stabilisation des fluctuations extérieures. Or, il est évident que le contrôle des changes est l’un des instruments essentiels pour la réalisation de ce double objectif. Tout d’abord, le taux de change permet d’amortir les fluctuations des cours internationaux, mais il permet également de modifier profondément la structure du commerce extérieur et l’orientation géographique des échanges.
62Les économies sud-américaines disposent déjà d’une longue expérience du contrôle des changes et l’on ne peut que dresser un bilan négatif, en indiquant quelles sont les techniques de contrôle les moins inefficaces, pour atténuer les tensions inflationnistes externes.
63Une politique de stabilisation des changes doit respecter deux impératifs :
- La flexibilité des taux de change,
- La simplicité des contrôles.
1° Les systèmes de taux de change flexibles semblent préférables aux taux rigides, lorsque le rythme de l’inflation est rapide
64Il y a, en Amérique du Sud, une co-existence, à peu près générale, de la plupart des techniques de contrôle des changes. Les taux de change uniques et rigides sont souvent adoptés pour les principales exportations, mais les taux de change à l’importation sont presque toujours multiples et flexibles.
A. Taux de change à l’exportation
65Les taux de change rigides à l’exportation présentent l’avantage d’atténuer l’effet des fluctuations de recettes, et donc la transmission des tensions inflationnistes, mais leur rigidité favorise la formation de déséquilibres économiques. Dans le cas du Brésil par exemple, on constate que le maintien de la même parité pour le dollar café, pendant plus de dix ans, n’a été possible que parce que les cours du café en dollars ont augmenté plus rapidement que le niveau des prix internes51. Cependant, la surévaluation du cruzeiro a été très préjudiciable aux exportations secondaires, dont les cours n’avaient pas augmenté aussi rapidement que ceux du café. Des taux de change rigides, mais multiples, permettent d’atténuer ces inconvénients ; ils sont d’ailleurs généralement adoptés pour les exportations secondaires, que les gouvernements sud-américains veulent encourager.
66Les variations des taux de change flexibles sont généralement contrôlées et atténuées pour les exportations, parce que les fluctuations de la conjoncture internationale provoquent une trop grande instabilité du cours de la devise ; aussi, les cours sont-ils maintenus dans certaines limites, grâce à l’intervention d’un fonds de stabilisation des changes52.
67Devant les inconvénients de ces deux systèmes, des aménagements ont été souvent apportés, afin de conjuguer les avantages de la stabilisation et ceux d’une interventione concertée sur la structure des échanges. Le plus souvent, les exportateurs reçoivent des bonifications de change, qui leur permettent de recevoir un taux réel très supérieur au taux fixe. Ces bonifications constituent un élément variable qui s’ajoute au montant fixe du cours officiel53 et varie selon la nature des exportations ou le pays des destination. Dans le système brésilien d’octobre 1953, on constate que, outre le taux officiel de 18,36 cruzeiros par dollar, l’exportateur brésilien recevait une bonification variable, selon la catégorie d’exportation : de 18,70 crueziros pour le café et les bananes, de 24,70 pour le cacao et de 31,70 cruzeires pour d’autres exportations peu développées54.
68On remarque également, dans de nombreux systèmes sud-américains, des aménagements permettant d’encourager les échanges avec certains pays, dans le cadre d’accords bilatéraux ou dans le cadre des « clubs monétaires ». Tel était le système du Chili jusqu’en 1953, inspiré de la technique des « broken cross-rates » : l’exportateur recevait une prime d’environ 30 %, lorsqu’il exportait sur la France ou l’Allemagne et non sur le marché des États-Unis. De même au Brésil, l’exportateur reçoit une prime plus forte lorsqu’il exporte dans une zone à convertibilité limitée, plutôt que dans un pays à monnaie inconvertible55.
B. Taux de change à l’importation
69Les taux de change à l’importation sont rarement des taux fixes, étant donné que tous les gouvernements sud-américains ont pour objectif de modifier l’orientation des importations, en fonction de la conjoncture extérieure et des objectifs de développement. De nombreuses formules permettent également de combiner un taux rigide officiel et un élément flexible qui, s’ajoutant au taux de base, constitue le coût effectif des devises.
70Le système de vente aux enchères des devises, pratiqué au Brésil depuis octobre 1953, est le plus original. Dans ce système, le taux officiel du cruzeiro reste invariable, fixé à 18 cruzeiros par dollar, mais les importateurs, pour obtenir les devises nécessaires, doivent au préalable acheter des promesses de devises, mises aux enchères par la S.U.M.O.C. Les devises disponibles sont réparties entre cinq catégories d’importations, en fonction de leur importance économique respective. C’est pourquoi l’offre de devises pour les importations de produits de luxe est très faible et les importateurs doivent verser des agios très importants, représentant un coût effectif cinq fois plus élevé que le taux officiel. Toutefois, près de 25 % des importations échappent au système et ne sont pas mises aux enchères56.
71En Argentine, le système des « aforos » et, en Colombie, celui des « comprobantes de importacion » aboutissent à des résultats comparables. Ces techniques présentent un double avantage :
- La fixation d’un taux de change élevé pour les importations de biens de consommation et d’un taux de faveur pour les importations de biens capitaux, permet de promouvoir une politique de substitution d’importation en accélérant l’équipement des industries nationales.
- La diversification des taux de change permet également de modifier l’orientation géographique des échanges, selon que les pays de provenance sont des pays à devise forte ou à devise faible. C’est ainsi que des importations de biens de luxe d’un pays à devise forte sont généralement classées dans la catégorie, dont les agios sont les plus élevés.
C. La séparation du marché des changes commercial et financier
72Dans presque toutes les économies sud-américaines, les transactions invisibles et en capital, du moins lorsqu’il s’agit de devises convertibles, sont échangées sur le marché libre. Selon A. Kafka57, les systèmes de contrôle des changes de type sud-américain sont caractérisés par une convertibilité parfaite pour les transactions financières et une totale inconvertibilité pour les transactions commerciales. Il semble que le maintien de ce système se justifie par la nécessité d’encourager les entrées de capitaux étrangers. Ce système a pour conséquence de subventionner les importations invisibles, de préférence aux importations de marchandises.
2° Nécessité d’une simplification des méthodes de contrôle des changes
73Le principal inconvénient des techniques sud-américaines de contrôle des changes est leur extrême complexité. Les formalités administratives nécessaires à la réalisation d’une opération de change donnent lieu à de nombreuses possibilités de fraude. Une simplification de ces formalités suppose, d’une part, la réduction du nombre des catégories d’importation et des taux qui leur sont appliqués et, d’autre part, l’atténuation de la rigueur de certains taux.
741. La pratique généralisée des bonifications d’exportation et des surtaxes de change aboutit à la création d’une multiplicité de taux qui permet de nombreuses fraudes. Au Paraguay par exemple, il existait, en 1954, plus de cent taux de change effectifs58, mais, en dehors de ce cas extrême, il est fréquent que les systèmes de change comportent plus de vingt taux différents. C’est ainsi qu’au Brésil, l’organisation des changes a été modifiée en août 1957 et les catégories d’importation ont été réduites de cinq à deux, et les enchères de devises sont limitées à la première catégorie59. En Argentine, on constate que le nouveau régime des changes du 30 décembre 1958, renonce également à la multiplicité des taux. Il n’y aura plus deux marchés des changes, l’un officiel et l’autre libre, mais un taux fluctuant, soumis à un certain contrôle du Fonds de stabilisation des changes60.
752. L’élaboration de budgets de devises est une condition indispensable de l’équilibre sur le marché des changes. Or, la multiplicité des contrôles tend à masquer la situation réelle du budget de devises.
76Le système institué par le Brésil présente, de ce point de vue, des avantages incontestables, puisque les allocations de devises proposées aux importateurs sont proportionnelles aux disponibilités réelles et le coût des devises dépend du jeu de l’offre et de la demande. Cependant, malgré l’élaboration de ces budgets de devises, on constate que ceux-ci sont rarement respectés et que, dans les périodes de prospérité commerciale, les devises accordées aux importateurs sont rapidement supérieures aux recettes d’exportation et aux afflux de capitaux. La plupart des économies sud-américaines ne disposent que de réserves faibles, correspondant à quelques mois d’importations, et les allocations de devises sont accordées selon les prévisions de recettes très supérieures aux possibilités. Un budget de devises ne peut être équilibré que dans la mesure où une réserve minima de devises est assurée.
773. Enfin, un effort de libéralisation est nécessaire, car le souci de protéger certaines industries nouvelles et les besoins fiscaux des gouvernements sud-américains les ont conduits à adopter des mesures de restriction quantitative et qualitative des importations, qui ne se justifient, ni du point de vue anti-inflationniste, ni du point de vue de la croissance économique. C’est, en particulier, l’argument présenté par les auteurs anglo-saxons contre la rigueur du contrôle des changes en Amérique du Sud61. La protection douanière conduit à la création de secteurs abrités et les « économies externes »62, dont bénéficient certaines industries de substitution, en Amérique du Sud, sont uniquement dues à l’existence de cette protection douanière.
78On constate, d’ailleurs, que les économies sud-américaines, qui ont procédé à la libération de leur commerce extérieur, comme le Venezuela et le Pérou, se sont développées beaucoup plus régulièrement que les pays où la rigueur du contrôle des changes s’est accusée depuis la fin de la guerre, comme le Brésil, l’Argentine ou le Chili63. Il est évident que les difficultés de ces trois derniers pays ne sont imputables que, pour partie, au caractère inadéquat du système des changes et que le succès du Venezuela provient de causes réelles fort différentes.
***
79L’examen des diverses mesures de stabilisation monétaire dans le domaine interne et externe nous ont permis de souligner l’ampleur des réformes institutionnelles nécessaires pour assainir le système monétaire des économies sud-américaines. Cependant de telles réformes ne sont que des mesures de défense, qui doivent porter un coup d’arrêt à l’inflation et armer ces pays contre le retour à une inflation de sous-développement. Ce n’est qu’un aspect de la politique monétaire souhaitable, car il faut lutter contre les causes initiales de l’inflation. Le contrôle global de l’inflation et la réforme des institutions doivent être assorties de mesures sélectives, permettant de résorber les déséquilibres sectoriels et les goulots d’étranglement de la production. La politique monétaire doit être au service de l’expansion, pour contribuer à la réallocation des ressources productives, stimuler les productions les plus rentables, compenser les disparités économiques et sociales et promouvoir l’intégration de l’économie nationale. En bref, la politique monétaire doit être intégrée dans un plan d’ensemble et la coordination des interventions économiques et monétaires de l’État doit permettre de combattre les risques inflationnistes de la croissance et de résorber les disparités sectorielles qui peuvent en résulter.
Notes de bas de page
23 R. Prebisch, Economic development in Latin America, C.E.P.A.L., 1951, p. 3.
« La solution n’est pas la croissance aux dépens du commerce extérieur, mais de savoir comment retirer d’un commerce extérieur, en continuelle progression, les éléments qui pourront assurer la promotion du développement économique.
24 H. C. Wallich, Stabilisation of Proceeds front raw Material Exports, Congrès de l’A.I.S.E., Rio, Aug. 1957, p. 2.
25 H. G. Johnson, Destabilising effects of international commodity Agreement on the price of primary products, E. J., sept. 1950.
H. Wallich, Stabilisation…, op. cit., p. 8.
L’auteur commente de nombreuses recherches effectuées à propos de la validité des accords internationaux ; entre autres, pour l’accord sur le sucre (1953), cf. B. Swerling, A.E.R., décembre 1954 ; pour l’accord sur le blé, cf. Tyszynski, « Economics of the wheat agreement », Economica, feb· 1949 ; pour l’étain, cf. Knorr, « Tin under control », Stanford, 1945.
26 Bauer et Paisch, The reduction of fluctuations in the income of primary products, E. J., décembre 1952, p. 761 et commentaires dans la même revue, en juin 1953, septembre 1953 et décembre 1954.
R. Nurkse, Fluctuations in exports of primary products, Mélanges Gudin, revue 1957, p. 259.
27 L’extrême vulnérabilité des économies minières se traduit autant à la hausse qu’à la baisse : au Chili un cent de variation du cours du cuivre représente en moyenne une fluctuation de recettes de 8 millions de dollars. Par exemple lors de la hausse coréenne, en 1952, le cuivre a augmenté de 5 cents et les recettes du Chili de 80 millions de dollars, dont la moitié peuvent être attribuées à l’augmentation de volume des exportations. A l’inverse lors de la récession nord-américaine de 1956-1957, le cours du cuivre a baissé de 10 cents, et les recettes d’exportation de 86 millions de dollars, mais le volume des exportations avait peu varié.
28 O.N.U., Instability in export markets of under-developped countries, N.Y., 1952.
O.N.U., Commodity trade and economic development, N.Y., 1954, p. 13.
29 Wallich, Stabilisation…, op. cit., p. 11.
30 Wallich, Stabilisation…, op. cit., p. 10.
31 Impact of Coffee exports on the economies of Brazil and Colombia, Economic review of Latin-America, août 1955, p. 45.
Lors de la crise du café en 1955, le Brésil continua à fixer un prix minimum élevé, alors que la Colombie adopta un prix plus faible ; ce dernier pays a bénéficié d’une forte progression sur le marché des États-Unis.
32 Cf. Rufenach, Le café et les principaux marchés de matières premières, Le Havre. Évolution détaillée du régime fiscal et douanier du café au Brésil, depuis cinquante ans.
B.F.I., Note mensuelle, août-septembre 1957, La loi douanière brésilienne d’août 1957, p. 12.
33 C.E.P.A.L., « Estudio Economico de America Latina 1955 », p. 175-176.
34 Reubens, Raw material trade, export taxes and economic development, Political Science Quarterly 1956, no 1, p. 42.
35 G. Wythe, Industry in Latin America, N.Y., 1949.
U. Hicks, The search for revenues in underdevelopped countries, R.S.L.F., janvier 1952.
O.N.U., Étude sur la situation économique de l’Asie et de l’Extrême-Orient en 1955, N.Y., 1957, p. 250.
En 1951, les droits d’exportation représentaient plus de la moitié des recettes fiscales à Sarawak (Bornéo) et 30 % à Ceylan. En Amérique centrale, au Salvador, ce pourcentage était de 27 % en 1953. En Amérique du Sud, l’importance des taxes à l’exportation dans le produit fiscal total, a fortement diminué et dépasse rarement 10 %.
36 Le cuivre au Chili document interne de la B.F.I., janvier 1958, p. 23.
37 International Financial Statistics, décembre 1958, p. 38.
38 A. Kafka, The Brazilian Exchange auction System, R.E.S., Aug. 1956, p. 31.
39 C.E.P.A.L., Estudio Economico del Comercio entre America Latina y Europa, 1952.
El comercio exterior de America Latina en los primeros meses de 1957, Boletín Economico de America Latina, octobre 1957, p. 8.
H. B. Wolley, Transactions between world areas in 1951, R.E.S., février 1958, tableau 1, p. 14.
40 C.E.P.A.L., Los problemas actuales del comercio interlatino-americano, 1957 (E/CN. 12/423).
41 J. P. A. de Magalhaes, Condicães economicas do desenvolvimento, Rio, 1955, p. 72.
42 C.E.P.A.L., Analyses and projections of economic development : an introduction to the technique of programming, N.Y., 1955, p. 5 et 37.
43 The long term prospects of Latin American Exports to the United States, Pan American Union, Washington, 1953.
44 C.E.P.A.L., The economic development of Brasil, 1956, p. 49, op. cit.
45 Société générale, Lettres d’Argentine, janvier 1959 ; Le message du président Frondisi.
46 L’exploitations des pétroles du Sahara, riches en produits blancs, pourrait, cependant, dans un avenir assez proche, permettre d’intensifier les échanges de la France avec l’Amérique du Sud.
47 Aspectos monetarios de las Economias latino-americanas, Mexico, 1957, p. 121.
48 Aspectos monetarios…, op. cit., p. 136.
49 B.F.I., Note mensuelle, janvier 1958. Également, Problèmes économiques, 11 mars 1958.
50 B.F.I., Note mensuelle, janvier 1958, op.cit.
Le commentaire des accords de multilatéralisation signés par l’Argentine, insiste sur le fait que ces accords bénéficient, en général, surtout aux pays acheteurs de produits manufacturés, car la libération des payements restaure des conditions de concurrence, que le contrôle des changes paralyse.
51 C.E.P.A.L., Estudio Economico…, 1955, op. cit., p. 173.
Entre 1945 et 1952, les cours en dollars du café ont augmenté de 135 % tandis que les prix internes ont augmenté seulement de 100 %, le taux de change du café est alors resté inchangé. Mais en 1953, les prix internes ont augmenté beaucoup plus rapidement que les cours du café et une dévaluation s’est avérée nécessaire. Or, la modification d’un taux de change fixe provoque toujours une vive spéculation.
52 J. Bertrand, Les techniques sud-américaines de contrôle des changes, R.E., mai 1958, p. 43.
53 J. Bertrand, Les techniques sud-américaines…, op. cit., p. 436.
54 A. Kafka, Analise do atual sistema cambial e seus efeitos sobre o desenvolvimento economico brasileiro, Porto Alegre, novembre 1955, p. 43.
55 J. Bertrand, Les techniques sud-américaines…, op. cit., p. 439.
56 A. Kafka, Analise do atual sistema cambiario…, op. cit., p. 9. Les importations échappant au système des enchères sont les importations décrétées « essentielles », elles comprennent surtout des biens d’équipement et des importations gouvernementales.
57 A. Kafka, The Brasilian exchange auction System, op. cit., p. 315.
58 J. Bertrand, Les techniques sud-américaines…, op. cit., p. 437.
59 B.F.I., Note mensuelle, août-septembre 1957 ; La nouvelle loi douanière brésilienne, p. 12.
International Financial Statistics, décembre 1958, p. 58 et Conjunctura economica, novembre et décembre 1958.
Les importations de fa catégorie générale et spéciale, regroupant les cinq catégories précédentes restent soumises au système des ventes aux enchères, mais les certificats d’achat des devises sont plus abondants pour la zone de convertibilité limitée (accords de payements avec l’Europe) que pour la zone dollar. C’est pourquoi l’importateur, qui paye ces certificats à un taux effectif voisin, pour la catégorie générale, quelle que soit la provenance des importations (210 à 220 cruzeiros par dollar, en septembre 1958), doit verser des agios beaucoup plus considérables, pour les achats en zone dollar (taux effectif de 469 cruzeiros) que pour les achats dans la zone de convertibilité limitée (taux effectif de 345 cruzeiros), du moins pour la catégorie spéciale d’importations. Or, cette catégorie spéciale comprend la plupart des biens de consommation que le gouvernement souhaite décourager et les biens pour lesquels l’approvisionnement du marché intérieur est satisfaisant (sur ce point cf. l’analyse de la réforme douanière brésilienne dans la note mensuelle de la Banque française et italienne, d’août-septembre 1957).
De nouvelles simplifications sont intervenues en octobre 1958 (cf. l’analyse des instructions 166 et 167 de la S.U.M.O.C. dans la note mensuelle de la B.F.I. de novembre 1958 et Conjunctura economica du même mois, p. 11). C’est ainsi qu’il n’existera plus qu’un seul taux préférentiel (80 cruzeiros par dollar), pour les importations de matières premières, produits alimentaires et biens d’équipement indispensables. Enfin, pour s’efforcer de limiter la dispersion des taux de change, on a élargi les possibilités de négociation des devises sur le marché libre ; de nombreuses exportations secondaires pourront désormais bénéficier d’un dumping déguisé.
60 Société générale, Lettres d’Argentine, janvier 1958, nos 68 et 69 ; Le nouveau régime des changes. Les exportations devront à partir du début 1959 s’effectuer au taux du marché libre des changes (65 à 66 pesos pour un dollar, en janvier 1959), mais avec des retenues de 10 à 20 % sur la valeur des produits exportés.
Les importations s’effectueront au marché libre également, mais lorsqu’elles auront trait à des articles non essentiels elles supporteront des surcharges de 20, 40 et 300 %, en surplus de l’obligation de déposer un cautionnement élevé. Le cautionnement préalable continuera à porter sur ces articles non essentiels, il représente le plus souvent trois fois la valeur des marchandises. Certaines machines, importées des États-Unis, coûteront quatre fois plus qu’auparavant et obligeront à un dépôt de cinq fois la valeur d’entrée des marchandises, surcharge comprise. Un appareil acheté 100 dollars aux États-Unis devra être payé 400 dollars et l’importateur devra en outre verser un dépôt de 2.000 dollars.
61 E. M. Bernstein, Tariff protection and economic development, Mélanges Gudin, op. cit., p. 25. Également les rapports au Congrès de Rio de G. Marshall-Nurkse et O. Hirschmann.
Hirschmann insiste sur le fait que l’efficacité d’un contrôle rigoureux des changes ne peut être que temporaire et destinée à pallier les crises violentes de la balance des payements. Le contrôle des changes ne peut être valable qu’à deux conditions :
- Être exceptionnel et non un moyen d’intervention utilisé à froid ;
- Comporter des dispositions prévoyant l’atténuation graduelle des contrôles (« self-liquidating features »), c’est-à-dire un plan national de libération des échanges.
62 R. Nurkse, International trade and development policy, rapport au Congrès de Rio (A.I.S.E., 1957), p. 25.
L’auteur développe l’idée que, pour créer de nouvelles industries, à l’abri de la protection douanière, il convient de prendre des mesures d’encouragement et non de protection. Or, pour faciliter le démarrage de nouvelles industries, l’important est de prévoir le financement des capitaux techniques et intellectuels et non de prévoir des mesures de pure restriction de la concurrence internationale.
63 G. Marshall, Exchange control and economic development, rapport au Congrès de Rio, p. 15.
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