Avant-propos
p. 5-6
Texte intégral
1Sarmiento a fait couler beaucoup d’encre. Il a inspiré des amitiés et des haines si tenaces qu’elles se sont transmises aux nouvelles générations. Aujourd’hui encore, on souille de temps en temps ses statues, ou bien on les couvre de fleurs. Puisque certains historiens de nos jours glorifient Rosas et d’autres caudillos, il est normal que l’ennemi irréductible de ceux-ci prenne son poste dans la lutte renouée.
2Toutefois ce n’est pas une raison politique qui a guidé notre choix. Celui-ci nous a été imposé par plusieurs considérations.
3En premier lieu, c’est pendant la dictature de Rosas que Sarmiento a écrit le meilleur de son œuvre, tous les livres qui l’ont rendu célèbre. En outre, pendant la même période, on assiste à l’éclosion d’une pensée argentine caractéristique, et d’une littérature originale. Une vie intellectuelle intense se développe à Buenos Aires avant l’émigration de ses principaux représentants, alors que Sarmiento a plus de vingt cinq ans. Au Chili, où se réfugient plusieurs jeunes écrivains argentins, on voit bientôt également une littérature prendre forme. Les grands projets des héros de l’indépendance se réalisent, l’éducation et l’immigration s’organisent. Sarmiento est le plus zélé défenseur de l’une et de l’autre.
4Par un heureux concours de circonstances, le meilleur moment de la production littéraire de Sarmiento coïncide avec l’enfance politique et culturelle de l’Amérique australe indépendante. Et l’écrivain a eu pleinement conscience d’assister et de participer à cet éveil. Il n’a même songé qu’à y jouer un rôle : cela est visible dès ses premiers articles. Il s’engage, dès le début, dans la vie politique et culturelle ; il ne s’en dégagera plus. Commentateur de l’actualité il fait si bien partie de celle-ci qu’il ne saurait respirer sans elle et qu’elle nous est connue souvent grâce à lui. Ils sont inséparables. Qui plus est : il veut qu’il en soit ainsi.
5Or les biographes de Sarmiento ont été surtout attentifs à l’ensemble de sa vie, ou à telle ou telle autre spécialité de cet homme multiple. Pour la période que nous avons choisie (1839-1852), particulièrement, on n’a pas assez étudié, nous semble-t-il, les rapports entre l’homme et le milieu. Pourtant l’homme ne vit et n’écrit que plongé volontairement dans la contingence. Son intuition lui permet parfois d’entrevoir l’avenir, parce qu’il est engagé pleinement dans l’histoire.
6Sarmiento étant un homme qui s’est voulu — et a été — plongé dans l’histoire, il nous a paru impossible de l’en séparer. Notre méthode a donc consisté à mettre en lumière les causes qui ont provoqué les réactions de l’homme et lui ont dicté articles et livres, à reconstituer les circonstances qui justifient l’auteur à ses yeux et expliquent des attitudes parfois contradictoires. Nous n’avons jamais négligé l’avis de ses adversaires : c’est à eux qu’il doit une grande partie de sa verve, car l’indignation a toujours été son meilleur stimulant.
7Bien entendu, nous avons demandé aux historiens le plus grand nombre possible de renseignements sur toutes les questions qui ont passionné Sarmiento. Sa propagande en faveur de l’immigration européenne, par exemple, est intéressante lorsqu’on la sait liée à l’idée qu’il se fait de la civilisation ; elle ne paraît opportune que si l’on en connaît les tenants et aboutissants.
8Journaliste parmi les journalistes, Sarmiento doit être replacé dans son élément. Nous avons donc interrogé attentivement la presse argentine, chilienne, uruguayenne. Cette source d’information est extrêmement instructive.
9La liste des ouvrages, articles et documents que nous avons consultés se trouve dans la section bibliographique, à la fin de ce volume.
10Une fois la tâche accomplie, il nous est agréable de remercier cordialement et respectueusement M. Ch.-V. Aubrun, Professeur à la Sorbonne, qui a accepté de diriger ce travail et qui nous a donné des conseils éclairés. Nos remerciements vont aussi à M. A. Rumeau, Professeur à la Sorbonne, qui nous a fourni généreusement de précieux renseignements sur le « costumbrismo ». Nos sentiments de gratitude vont à M. Alberto Palcos, dont l’érudition et l’amabilité inlassable nous ont apporté un grand secours et un réconfort continuel ; au Professeur Ricardo Caillet-Bois, ami distingué, qui nous a accueilli à l’Institut d’Histoire de l’Université de Buenos Aires et nous a ouvert des portes donnant sur des trésors’, à M. Raúl Silva Castro, Chef de la Section des périodiques de la Bibliothèque Nationale de Santiago du Chili, qui nous a facilité l’accès aux journaux. Nous n’oublions pas non plus le regretté Antonio P. Castro, grâce à qui nous avons pu consulter les archives du Musée Sarmiento aussi souvent que nous l’avons voulu.
11C’est grâce à ces conseillers érudits, à ces amis dévoués que ce livre a pu être écrit. Nous les remercions du fond du cœur.
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