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Avant-propos

p. IX-X


Texte intégral

1Sous la direction de M. le Professeur Maurice Byé, à qui j’exprime dans ces lignes ma profonde gratitude pour l’attention spéciale qu’il a bien voulu prêter à sa réalisation, ce travail a été écrit et conçu comme une thèse de Doctorat1 (alors que le processus d’intégration en Amérique Latine ne faisait que commencer. L’intérêt que l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine, sous la direction de M. le Professeur Pierre Monbeig, porte à tous les problèmes qui ont trait au développement économique des pays du Nouveau Monde, a permis la publication de l’ouvrage dans la collection de ses Travaux et Mémoires.

2La question qui se posait alors continue de se poser aujourd’hui : puisque, selon différentes modalités, les pays en voie de développement s’associent au sein d’Unions plus ou moins étroites, quelles sont donc les limites et la portée d’un mouvement d’intégration en Amérique Latine ?

3Signe du temps, quelques années ont suffi à changer la physionomie d’un univers que l’on croyait achevé. L’irruption sur la scène internationale de nouveaux Etats a obligé les économistes à revenir sur les concepts d’une science essentiellement dynamique mais qui avait pourtant ses principes immuables et ses lois universelles. Ainsi, les instruments dont on disposait pour assurer ou maintenir la croissance des nations industrialisées, s’avérèrent insuffisants lorsqu’on essaya de les appliquer aux pays en voie de développement.

4Si jusqu’alors le temps et l’espace constituaient les données de base dans lesquelles il fallait replacer le schéma du problème à considérer, de nouvelles conceptions ont modifié leur contenu. L’institutionnalisation des relations économiques entre pays et l’application généralisée de la coopération économique internationale ont élargi la notion d’espace au-delà des frontières politiques qui délimitent les Etats. En ce qui concerne la notion de temps, il n’est plus question d’un terme plus ou moins long, couvrant plusieurs générations, et qui représente les délais nécessaires à un peuple pour gravir les étapes menant au développement. Les jeunes Etats n’ont plus le temps. Il leur est impossible de recréer le processus par lequel tant de nations ont patiemment accumulé connaissances et capitaux avant d’arriver aux stades supérieurs du progrès. Pour ces pays nouveaux, il faut agir, et agir vite, afin de brûler les étapes qui conduisent au développement. Pour cela, ils doivent innover et se faire entendre dans tous les forums internationaux dans lesquels leurs problèmes sont discutés. Des institutions telles que la Conférence des Nations-Unis sur le Commerce et le Développement semblent pouvoir leur apporter une réponse à l’échelle internationale ; à l’échelle régionale, l’intégration économique constitue leur grand espoir. C’est ainsi qu’en Amérique Latine, par la formation d’un Marché Commun dans l’Isthme Centre-Américain et d’une Association Latino-Américaine de Libre Echange, quinze pays font déjà partie de systèmes coordonnés de développement régional. Mais si jusqu’à présent ces systèmes se sont avérés positifs, leur succès définitif est encore lointain. Au fur et à mesure que l’on avance dans le processus, les difficultés semblent grandir, l’économique cédant le pas au politique. Dès lors, pour mesurer les chances de réussite de ce processus, la volonté de chaque pays est le principal facteur à prendre en considération.

5Bien que l’intérêt, pour chacun d’eux en particulier, de constituer un grand ensemble de nations intégrées semble se démontrer par lui-même, il est nécessaire préalablement de revoir et d’adapter toute une longue tradition d’individualisme politique. L’intérêt économique des pays latino-américains les porte vers des solutions régionales à caractère multi-national, mais l’intérêt politique se montre souvent réticent à accepter la perte de souveraineté que tout processus d’intégration implique. S’il est vrai que ces deux sortes d’intérêts ne sont pas forcément divergents, il est néanmoins nécessaire de choisir entre eux. Economie ou Politique, voilà le dilemme de l’intégration.

6Mexico, mars 1967.

Notes de bas de page

1 Thèse soutenue et présentée devant la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Paris.

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