Caractéristiques des mouvements migratoires en Amazonie dans les llanos colombo-vénézuéliens et la Guyane vénézuélienne entre 1950 et 1970
p. 165-181
Texte intégral
1 - Le peuplement de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane avant 1950
1L'Amazonie, les Llanos et la Guyane Vénézuélienne, ont été occupés progressivement depuis le XVIe siècle par les colons espagnols et portugais. Les réseaux fluviaux de l'Amazone et de l'Orénoque constituant jusqu'au XXe siècle les seuls moyens de communication à travers ces régions, le peuplement s'est disposé linéairement, sur les berges des fleuves, en suivant leur cours depuis la Cordillère dans les pays andins, depuis Belém et la façade atlantique au Brésil.
2Aujourd'hui encore, l'implantation humaine dans les bassins de l'Amazone et de l'Orénoque est, à la fois, très faible et dispersée en noyaux qui forment des taches de peuplement le long des fleuves. Les espaces habités sont très localisés, ainsi, au Brésil, ils se trouvent dans les vallées de l'Amazone, et du bas Tocantins, le long du littoral au nord de l'embouchure de l'Amazone, et dans la région Bragantina située à l'est de Belém.
3Dans ce milieu, les activités économiques les plus importantes sont l'extraction des richesses minières, du pétrole et, ressortant de l'exploitation traditionnelle, la "cueillette" du latex, des autres gommes, des laques et des bois précieux, ainsi que la pêche et l'élevage dans les Llanos. L'agriculture reste une activité secondaire. La production agricole de l'Amazonie, déjà peu importante, s'est effondrée quand elle a été concurrencée par les produits d'importation financés par les profits tirés de l'hévéa, à partir de 1890.
4Après le déclin du cycle du caoutchouc vers 1920, l'agriculture a connu une certaine reprise : pourtant, selon Pierre Gourou, les terres cultivées n'occupaient en 1948 que 0,0051 % de la surface de l'Etat de l'Amazonas (Brésil) et 0,084 % de la superficie de l'Etat du Para (Brésil).
5Les densités démographiques en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane sont très basses. Au niveau des unités administratives1, elles n'atteignaient pas 1 h/1m2 en 1950, sauf dans les marges situées à l'est (Etats de Goias, Mato-Grosso et Maranhão au Brésil), et au nord-ouest (Etats des Llanos vénézuéliens). Elles ont augmenté entre 1950 et 1970, tout en demeurant très inférieures aux densités nationales (carte no 1).
6La grande majorité de la population de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane n'est pas autochtone. Au Pérou, venus des Andes, de petits colons isolés voisinent depuis des temps reculés avec les ouvriers agricoles de grandes haciendas dans les régions amazoniennes et surtout dans le piémont andin oriental. Les densités peuvent s'élever jusqu'à une vingtaine d'habitants au kilomètre carré dans les collines du piémont et dans les plaines proches, alors qu'elles sont très inférieures à un habitant par kilomètre carré dans les plaines de l'intérieur.
7La présence de population non aborigène dans ces milieux est antérieure à l'arrivée des colons portugais et espagnols, mais pour ancienne que soit l'immigration, l'espace reste très peu peuplé. Cette faiblesse est due moins aux difficultés physiques présentées par le terrain, à l'insalubrité et à l'isolement de la zone qu'à la politique de peuplement et de colonisation des Espagnols et des Portugais. Ceux-ci ont été attirés en Amérique par les sources de main-d'oeuvre que représentaient les territoires indigènes et ils ont pratiquement délaissé les contrées forestières de l'Amazonie, d'accès difficile et pratiquement dépourvues de groupes humains numériquement importants.
8Au Brésil, les Portugais exploitaient presque exclusivement les "épices" appelées "drogas do sertão" (tabac, cacao, clou de girofle, coton), jusqu'à la deuxième moitié du XVIIIe siècle. A cette époque, la Couronne portugaise, après la perte de ses colonies d'Asie, prit des mesures pour développer l'agriculture en Amazonie, notamment la culture de la canne à sucre. Le projet s'est heurté aux intérêts économiques du Nordeste sucrier et la tentative a échoué : les Portugais ont envoyé peu d'esclaves noirs dans la forêt malgré les pertes de population indigène, afin de ne pas léser le Nordeste où la culture de la canne demandait une nombreuse main-d'oeuvre. Dès 1778, selon Guy Lasserre et Milton Santos, il n'y avait guère que 14.000 Noirs en Amazonie, contre plus de 350.000 dans le Nordeste.
9L'Amazonie a connu ensuite des vagues de peuplement liées aux cycles d'exploitation économique du milieu, mais elles n'ont généralement pas conduit à une occupation définitive du sol aboutissant à une véritable colonisation.
10Seule, la période d'exploitation du caoutchouc a provoqué l'arrivée de nombreux immigrants nationaux et étrangers dans la contrée, entraînant une augmentation de la population. Mais en dépit de la croissance du nombre d'habitants, le peuplement de la zone est resté dispersé car la recherche et l'exploitation de nouvelles aires d'hévéas ont déterminé un élargissement de la surface peuplée de la région. Cette dernière pénétration, orientée par l'implantation des hévéas sur les terrasses des fleuves, a conservé une disposition linéaire.
11Vers 1920, après le déclin de la production du caoutchouc de cueillette amazonien, concurrencé par les plantations d'hévéas d'Asie du sud-est, les immigrés ont, soit regagné leurs milieux d'origine, soit tenté de s'installer dans les villes amazoniennes les plus importantes : Manaus, Belém, Iquitos. Au Brésil, seule la région Bragantina a continué d'attirer des immigrants : cette occupation agricole était liée à l'essor démographique de Belém. Actuellement, la Bragantina demeure fortement peuplée, et elle connaît localement de très hautes densités atteignant 51 h/km2 (cf. Catharina Vergolino Diaz). Grâce à Belém et à la région Bragantina, l'Etat de Para dans son ensemble possédait la plus forte densité de population de la région Norte2 en 1950, 1960 et 1970.
12Les Llanos et la Guyane vénézuélienne sont restés à l'écart des intenses mouvements économiques et démographiques dûs au cycle du caoutchouc qui ont affecté le bassin de l'Amazone. La Guyane vénézuélienne est un espace montagneux couvert de savanes et de forêts denses. Eloignée des contrées économiquement dynamiques et des zones peuplées du Vénézuéla, mal reliées à elles, mal connue, ses ressources ont été pendant longtemps restreintes à celles exploitées traditionnellement en Amazonie. Cependant, la découverte et l'extraction récentes des multiples richesses de son sous-sol (minerai de fer, pétrole, gaz naturel, manganèse, charbon, kaolin) et la possibilité d'utiliser ses rivières pour la production d'énergie hydro-électrique, ont décidé le gouvernement vénézuélien à implanter rapidement en Guyane un complexe industriel. Ce développement a commencé en 1960.
13Les vastes plaines herbeuses des Llanos sont le domaine de l'élevage. Le bétail y a été introduit vers 1530, surtout dans la partie occidentale dont il fait encore aujourd'hui la richesse. L'évolution de la population dans les Llanos, est mal connue jusqu'au premier recensement de 1873. Depuis cette date, le nombre d'habitants n'a cessé de baisser jusqu'à une époque comprise entre 1920 et 1940, selon les unités administratives. Plusieurs Etats, le Guarico, le Cojedes, l'Anzoategui, le Portuguesa et le Barinas, avaient en 1973, une population plus importante qu'en 1950. Cette régression démographique au XIXe siècle, fut la conséquence des guerres civiles qui dévastèrent la région des Llanos, ainsi que celle des épidémies de malaria, qui poussèrent la population à fuir et chercher refuge dans les Andes.
14Après les troubles, les paysans andins ont commencé à quitter les régions montagneuses surpeuplées pour rejoindre les terres plus riches des piémonts et des plaines. Selon Raymond E. Crist, la majorité des migrants ont effectué ce mouvement en deux étapes : ceux qui vivaient dans les Andes se dirigeant vers le piémont (1 300 - 2 000 mètres), et ceux qui habitaient dans cette zone descendant dans les Llanos.
15Vers 1920-1940, la population des plaines s'est stabilisée et a commencé à augmenter. Deux Etats des Llanos orientaux, le Monagas et l'Anzoategui, ont été les premiers à connaître ce redressement démographique, lié au développement des activités pétrolières, depuis 1924 dans le Monagas et 1934 dans l'Anzoategui.
16La colonisation en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane est longtemps restée faible et marginale, si l'on fait exception de l'apport temporaire de population lié au cycle du caoutchouc en Amazonie. Les réticences à s'établir dans ces régions très isolées, souvent malsaines, sont nombreuses et les aides gouvernementales demeurent médiocres, bien que des plans de colonisation aient été promulgués, parfois depuis le début de ce siècle.
17Le mouvement d'immigration s'accentue cependant depuis 1950. Au Brésil, il concerne les interfluves rendus accessibles par l'ouverture de grands axes routiers et, dans les pays andins, les vallées forestières tropicales du piémont oriental, par lesquelles s'effectue le glissement des populations des Andes.
18Généralement spontanés, les courants d'immigration vers l'Amazonie, les Llanos et la Guyane, répondent à la nécessité pour les populations des zones surpeuplées proches des régions chaudes de trouver de nouvelles terres cultivables, des salaires agricoles plus élevés, de meilleures conditions d'existence. Les petits colons sont généralement des minifundistes et des ouvriers agricoles, mais Raymond E. Crist signale en Colombie des citadins ouvriers ou artisans, dont le niveau de vie s'est trop détérioré, tentent eux aussi l'émigration.
19La population immigrée est constituée de jeunes adultes : les classes d'âge les mieux représentées se situent entre 15 et 34 ans. Ainsi, 48 % des immigrants de Napo (Equateur) et 45 des immigrants du Pastaza (Equateur) appartenaient à ce groupe d'âge en 1962. Dans ces deux provinces, les enfants jusqu'à 14 ans formaient 23 % du nombre des immigrés3.
20Les arrivants s'installent dans une société dont la composition par âge est différente. Les enfants jusqu'à 14 ans y dominent : leur classe d’âge comprenait respectivement 49 % et 41 î de la population totale des provinces du Napo et du Pastaza en 1962, tandis que le groupe d'âge supérieur (15 à 34 ans) englobait 33 % de la population totale du Napo et 38 % de l'ensemble de la population du Pastaza.
21La sex ratio de la population des plaines s'établit en faveur des hommes. Ce fait se constatait notamment dans les départements péruviens du Loreto et du Madré de Dios en 1961, alors qu'à la même date la proportion était légèrement en faveur des femmes dans l'ensemble du pays.
22Les milieux ruraux d'Amazonie, des Llanos et de la Guyane se distinguent des zones urbaines par une plus forte concentration d'hommes, consécutive à l'apport de population immigrée, de composition essentiellement masculine.
23La population immigrée dans nos régions présente les caractères d'une population pionnière, comportant principalement des hommes jeunes venant tenter leur chance surtout dans les parties rurales des terres chaudes. Ils se fixent dans une société démographiquement plus équilibrée où les femmes sont plus nombreuses et où le taux de natalité est très élevé ainsi que l'atteste la proportion des enfants de moins de quinze ans.
2 - L'encouragement à la colonisation
24La découverte de pétrole dans les contrées orientales des pays andins et de ressources minières en Amazonie brésilienne et en Guyane vénézuélienne ont donné un intérêt nouveau à ces espaces. Les gouvernements des Etats intéressés tentent maintenant d'accélérer leur peuplement et leur intégration économique et politique effective aux ensembles nationaux auxquels ils appartiennent.
25En effet, l'Amazonie, les Llanos et la Guyane ont jusqu'à présent vécu à leur rythme propre, marginaux dans l'économie de leurs nations. Le réseau routier des régions peuplées de ces pays ne se prolongeait pas, jusqu'à une date récente, dans les plaines. En l'absence de routes, le trafic commercial du bassin de l'Amazone, suivant le réseau navigable, s'orientait davantage vers Belém et les Etats riverains de l'Atlantique, délaissant les Andes et la côte Pacifique où se trouvent les aires peuplées des pays andins, et la zone économiquement dynamique du Brésil qu'est le Sudeste. L'intégration de ces espaces permettrait de diriger les exportations des terres basses vers les parties vives des nations et d'en augmenter ainsi la production agricole totale.
26Aux motivations économiques encourageant l'intégration de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane s'ajoutent des préoccupations stratégiques. Les frontières dans ces milieux ne sont pas toujours définies, et donnent lieu parfois à contestation, telle la frontière entre l'Equateur et le Pérou. Les gouvernements ressentent la nécessité de marquer l'emprise nationale sur ces territoires en les peuplant jusqu'aux frontières.
27Les projets de colonisation envisagent de réaliser l'occupation de ces zones avec des immigrants nationaux venant des régions économiquement déprimées des Etats concernés. L'Amazonie, les Llanos et la Guyane serviraient d'exutoire au surpeuplement local des Andes et du Nordeste brésilien, en ouvrant à leurs habitants l'accès à des terres libres. Ce dessein de résoudre les problèmes du Nordeste par colonisation de l'Amazonie avait pris forme au Brésil dans un "Programme national d'intégration" aujourd'hui abandonné.
28Pendant longtemps, les gouvernements ne sont intervenus que pour ouvrir des routes qui, dans les pays andins, ne dépassaient souvent pas le piémont. Les voies d'accès en Amazonie étaient rares, bien que de nombreuses initiatives locales aient abouti à la construction de tronçons de routes atteignant les vallées orientales.
29L'opposition était flagrante entre la densité du réseau routier dans les Andes et la faiblesse des communications routières dans les plaines peu peuplées. Empruntant les vallées, quelques voies desservaient le piémont, reliant les grandes villes andines ou les axes routiers importants à des agglomérations du piémont et aux têtes de navigation des fleuves amazoniens qui jalonnent la jonction du massif et des plaines orientales. Cette association route-fleuve faisant intervenir la complémentarité de la voie terrestre et du moyen de communication traditionnel de l'Amazonie est assez systématique dans les pays andins, encore que tous les fleuves amazoniens ne soient pas navigables près du piémont. Au-delà des Andes, les routes n'étaient plus recouvertes de graviers et, passé les collines, elles cédaient la place à un réseau modeste de chemins : selon des statistiques officielles, en 1961 au Pérou, ce réseau totalisait dans les plaines amazoniennes au-delà du piémont, 193 kilomètres dans le Madre de Dios et 312 kilomètres dans le Loreto.…
30Les actions gouvernementales se sont longtemps restreintes à des réalisations routières de faible ampleur bien que, dans plusieurs Etats, les mesures prises pour la colonisation des terres chaudes soient anciennes : la loi de colonisation de la montaña péruvienne date de 1904, un Institut de colonisation a été ouvert en Colombie en 1946, et les Territoires Fédéraux brésiliens ont été créés en 1943. Néanmoins, la construction des routes dans ces régions ne s'est accélérée qu'avec l'ouverture des zones de recherche du pétrole dans les pays andins et de produits miniers au Brésil au cours de la période 1960-1970. L'Amazonie brésilienne a connu des travaux routiers de grande envergure favorisés par la faillite des transports fluviaux, liée au déclin du boom du caoutchouc : en 1964 ont été ouverts les deux grands axes Belém - Brasilia et Cuiaba - Pôrto-Velho.
31Le réseau routier brésilien, par le plan de mise en valeur que suppose sa construction, et par son autonomie vis-à-vis des voies de communication naturelles, est original en Amazonie. Il n'y a pas, en effet, une complémentarité aussi nette au Brésil que dans les nations andines entre les fleuves et les routes. Celles-ci sont autonomes, elles peuvent même entrer en concurrence avec un fleuve en suivant son cours, telle la Belém - Brasilia, parallèle au Tocantins. Elles sont un moyen délibéré de mettre en valeur les vastes interfluves de l'Amazonie, peu exploités quand les seules voies de communication sont fluviales.
32La colonisation spontanée antérieure à l'ouverture des routes a rapidement augmenté avec la mise en chantier de nouvelles voies et la création de services d'autobus. Le peuplement de ces régions est maintenant encouragé par les gouvernements, qui orientent les initiatives privées. Des fronts pionniers se développent à partir des routes, attirant les immigrants, mais les modalités d'attribution des terrains sont très variables selon les pays et les époques.
3 - La primauté des relations de voisinage dans l'immigration vers l'Amazonie, les Llanos et la Guyane
33Les processus d'immigration en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane connaissent une ampleur inégale selon les nations concernées. Cette diversité est fonction du nombre d'habitants du pays, de la surface de la région amazonienne comprise à l'intérieur des frontières nationales, et de la politique de colonisation adoptée par les gouvernements.
34L'Amazonie brésilienne, les Llanos et la Guyane du Vénézuéla accueillent de forts volumes d'immigrants. En 1950, les Etats de l'Amazonie brésilienne avaient reçu 689 600 personnes (il s'agit de migration cumulée). A la même date, au Vénézuéla, les Etats des Llanos et de la Guyane avaient accueilli 220 320 immigrés. Dans les deux pays, les effectifs se sont renforcés au cours des deux décennies suivantes. Les flux vers les autres pays sont plus modestes : l'Amazonie péruvienne, par exemple, n'avait reçu en 1961 que 29 690 immigrants. (Ces chiffres n'intéressent que les immigrants nationaux).
35Les taux d'immigration cumulée en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane varient dans l'espace et dans le temps. Les Llanos et la Guyane vénézuélienne en 1961, et l'Oriente équatorien en 1962, connaissaient le taux le plus élevé : 25 %. Dans les Llanos, il avait augmenté depuis 1950, date à laquelle il atteignait 22 %. Le plus faible était celui de l'Amazonie péruvienne en 1961 : 8 %, les taux colombien (18 % en 1964) et brésilien (14 % en 1950) se situant à des valeurs moyennes. (Ces taux tiennent compte de l'apport national et étranger dans la population d'accueil).
36Cependant, à l'intérieur d'une même nation, le taux d'immigration diffère beaucoup entre les unités administratives des régions sous-peuplées : dans les pays andins, les unités les plus attractives, celles où le taux de croissance démographique et le taux d'immigration sont les plus élevés, voisinent les Andes.
37L'apport migratoire le plus important dans les Etats de l'Amazonie, des Llanos ou de la Guyane provient non pas des unités administratives appartenant au même ensemble, mais de lieux extérieurs à la région : en 1950, 80 % de l'immigration vers les Etats de l'Amazonie brésilienne venait de l'extérieur de la zone ; en 1961, le flux de population d'origine extra-zonale représentait les deux-tiers de l'immigration totale vers les Etats des Llanos et de la Guyane vénézuélienne.
38Les principaux courants d'immigration vers les unités administratives de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane ont pour origine les Etats les plus voisins, si bien que les sources de l'immigration vers les plaines varient selon les zones d'accueil dans les plaines. Au Brésil, les immigrants vers l'Amazonie étaient surtout originaires du Nordeste et de l'est du pays en 1950 : les Nordestinos se dirigeaient essentiellement vers l'Etat de Maranhão tandis que l'immigration depuis les zones est et sud-est du Brésil profitait d'abord aux Etats de la périphérie orientale de l'Amazonie - Goias et Mato-Grosso - (carte no 2).
39Dans les pays andins, les immigrants vers les plaines orientales viennent surtout des régions andines les plus proches, de sorte qu'il s'établit, à l'intérieur du domaine andin, une diversification des lieux d'origine des migrants, en fonction du lieu d'accueil dans les plaines (carte no 3). On assiste toutefois depuis 1969 dans l'Oriente équatorien a un changement d'origine de l'immigration, lié aux débuts de l'exploitation pétrolière qui a entraîné un peuplement à grande échelle depuis cette date : les immigrants ne viennent plus des Andes, mais de zones économiquement déprimées de la Côte4.
40Les migrations de longue distance vers l'Amazonie, les Llanos et la Guyane sont relativement faibles en effectifs. En Colombie, de tels courants partent des deux départements andins qui sont parmi les principaux fournisseurs d'immigrants vers l'Amazonie colombienne : le Cundinamarca et le Boyaca. Au Brésil, seuls les immigrés originaires de l'Etat de Bahia et surtout de l'Etat de Ceará émigrent sur de très longues distances. Les continents de migrants cearenses ont atteint massivement l'Etat d'Acre, la région la plus reculée de l'Amazonie brésilienne, riche en hévéas : les Cearenses représentaient la moitié du nombre total des immigrés dans l'Acre en 1950 Cependant, ce mouvement ancien, lié à l'époque de l'exploitation massive du caoutchouc, est en recul : le nombre des Cearenses dans l'Acre diminue en chiffres absolus, entre 1950 et 1960.
41L'apport de population étrangère en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane a une importance variable selon les nations : notable dans les pays andins, important au Vénézuéla, il est plus médiocre au Brésil. Dans les pays andins, cette influence est ressentie surtout dans les unités frontalières : dans l'Oriente équatorien, en 1962, l'apport de population étrangère, négligeable dans le Pastaza, était important dans le Napo en regard de la population immigrée dans la province : il représentait 15 % de l'immigration totale. Ceci était lié à la découverte dans cette contrée frontalière de champs pétrolifères qui ont attiré des travailleurs des pays limitrophes du Napo, le Pérou et la Colombie.
42Au Vénézuéla, Etat de forte immigration étrangère (l'apport extérieur représentait 9 % de l'immigration cumulée totale vers les Llanos et la Guyane en 1950 avec 21 530 personnes, et 13 % en 1961, avec 52 320 personnes), une différenciation s'établit : les étrangers sont l'européens dans les Llanos orientaux, le Guárico et le Bolívar, et colombiens dans le sud-ouest vénézuélien.
43L'immigration étrangère est plus faible dans l'ensemble de l'Amazonie brésilienne (6 % de l'immigration totale vers cet Etat en 1950). Il s'agit de gens venant vraisemblablement du Paraguay et de Bolivie.
44Au cours de la période 1950-1970, les principaux lieux d'origine des immigrants vers l'Amazonie n'ont pas varié : en Amazonie brésilienne, en 19705, les régions 1 et 2 recevaient massivement leurs immigrants du Nordeste (région 3) qui représentaient 48 % de l'immigration totale vers la région 1 et 86 % de l'immigration vers la région 2. Les Etats périphériques du sud-est de l'Amazonie (région 10) recevaient surtout leurs immigrants des contrées limitrophes de l'est et du sud-est du Brésil, mais l'apport du Nordeste venait en bonne place derrière les Etats de Minas Gerais et São Paulo. Par rapport à la situation en 1950, le seul aspect nouveau était l'apparition d'un fort courant migratoire du Nordeste vers la région 10, négligeable auparavant et provoqué à la fois par l'attraction de Brasilia (carte no 4).
4 - La croissance urbaine
45Elle était très forte dans l'ensemble de l'espace considéré, au cours de la période 1950-1970. Elle résultait d'un mouvement de migration vers les villes : cet apport était formé par des immigrants venant d'autres unités administratives lorsque les Etats auxquels elles appartenaient étaient attractifs, ou des migrants internes lorsque les Etats étaient démographiquement peu dynamiques et répulsifs.
46Dans les Llanos et la Guyane du Vénézuéla, ce mouvement d'origine interne ou externe se développait au détriment des régions rurales dont la population augmentait modérément ou stagnait.
47Les taux de croissance de la population urbaine dans les Etats des Llanos et de la Guyane étaient très élevés pendant la période 1950-1961, et supérieurs aux taux de croissance de la population totale, ce qui entraînait une augmentation des taux d'urbanisation dans la région pendant cette période. Les plus forts taux de croissance de la population urbaine étaient enregistrés dans les trois Etats dont l'attraction se renforçait le plus entre 1950 et 1961 : les Barinas (+ 179 %), le Bolivar (+ 143 %) et le Portuguesa (+ 141 %).
48Au contraire, les taux de croissance de la population rurale de ces Etats étaient faibles, voire négatifs. (L'Etat d'Amazonas a perdu 1 300 habitants des régions rurales entre 1950 et 1961) et inférieurs aux taux de croissance de la population totale, sauf dans le Territoire Fédéral du Delta Amacuro, où tous les taux de croissance démographique étaient très bas. Seul le Barinas connaissait un taux de croissance assez élevé de sa population rurale (+ 45 %). Il était suivi du Monagas (+ 28 %), du Portuguesa (+ 25 %), du Cojedes (+ 20 %) et du Guárico (+ 20 %) qui, à l'exception du Monagas, appartiennent à la région agro-pastorale des Llanos occidentaux.
49L'attirance pour les villes ne se manifestait pas particulièrement vers les capitales au Vénézuéla : les seuls Etats où l'immigration vers les capitales apparaissait nettement étaient les Etats de Monagas, de Guarico et de Barinas qui connaissait la plus grande explosion du phénomène urbain : la population de la ville de Barinas a triplé entre 1950 et 1961, passant de 8 600 à 25 700 habitants.
50Entre 1950 et 1960 aussi bien qu'entre 1960 et 1970, les taux de croissance de la population urbaine des unités administratives de l'Amazonie brésilienne ont été supérieurs à ceux de la population totale de ces unités.
51Au cours des deux décennies, les plus forts taux de croissance de population urbaine étaient relevés dans les Territoires Fédéraux : Rondônia (+ 123 % entre 1950 et 1960 ; + 96 % entre 1960 et 1970), Amapa (+ 155 % et 80 %), Roraima (+ 148 % entre 1950 et 1960),, et dans deux Etats qui avaient reçu de forts apports migratoires pendant ces périodes : le Goias (+ 144 % entre 1950 et 1960 ; + 112 % entre 1960 et 1970) et le Mato-Grosso (+ 105 % et + 92 %).
52La croissance urbaine en Amazonie brésilienne était surtout le fait des capitales qui, dans toutes les unités administratives sauf le Mato-Grosso, le Maranhão et le Goias, représentaient plus de la moitié, parfois plus des trois-quarts (telles Macapá dans l'Amapá et Bõa Vista dans le Roraima) de la population urbaine. Seules de toutes les capitales des Etats inclus totalement ou partiellement en Amazonie brésilienne, les trois plus grandes villes : Belém, Manaus et São Luis de Maranhão6, connaissaient des taux de croissance inférieurs à ceux de la population urbaine de l'Etat dont elles sont les capitales, entre 1950 et 1970. Au contraire, l'attraction de la capitale était spectaculaire dans l'Etat de Goiás : Goiânia, type même de la ville-champignon, a eu un accroissement de + 232 % entre 1950 et 1960 et de + 179 % entre 1960 et 1970. Cette ville peuplée de 39 870 habitants en 1950 en comptait 370 620 en 1970. D'autres capitales, ont vu leur population quintupler entre 1950 et 1970 (Macapá, dans le Territoire Fédéral d'Amapá) ou quadrupler (Rio Branco dans l'Etat d'Acre et Pôrto-Velho, dans le Territoire Fédéral de Rondônia). La rapide évolution démographique de ces deux dernières villes a coïncidé avec l'arrivée de la route Cuiabá-Pôrto-Velho, ouverte en 1964 (carte no 6).
53Le fort apport migratoire dans les villes ne signifie pas que les immigrants peuvent s'y intégrer. Par exemple, d'après Pierre Gourou, la ville de Macapa est un bidonville : sur 8 000 maisons en 1965, 374 seulement avaient des murs de maçonnerie.
54Pendant toute la période 1950-1970, les taux de croissance de la population rurale ont été inférieurs aux taux de croissance totale des unités administratives et à leurs taux de croissance urbaine. Ils n'en étaient pas pour autant stagnants : les taux les plus hauts étaient atteints dans les Etats de Mato-Grosso (+ 59 % entre 1950 et 1960 ; + 69 % entre 1960 et 1970), et de Maranhão (+ 56 % entre 1950 et 1960), dans les Territoires Fédéraux de Rondônia (+ 73 % entre 1950 et 1960) et d'Amapá (+ 57 % entre 1960 et 1970). Les taux de croissance les plus bas étaient relevés dans les Etats d'Amazonas (+ 15 % entre 1950 et 1960) et de Maranhão (+ 11 % entre 1950 et 1960).
55La vigoureuse croissance urbaine en Amazonie brésilienne n'entraînait pas comme au Vénézuéla une stagnation de la population rurale. Celle-ci augmentait également, quoique moins vite que la population urbaine. Dans l'Etat de Mato-Grosso, dans les Territoires Fédéraux de Rondônia et d'Amapa, la forte augmentation de la population urbaine était simultanée à une croissance élevée de la population rurale. L'accroissement de ces unités était global. C'est là la caractéristique d'un véritable état de colonisation dans les espaces essentiellement ruraux que sont les régions amazoniennes.
5- La situation précaire des petits colons
56En dehors des villes, la recherche des gisements de pétrole et les activités qui en dérivent nécessitent de nombreux travailleurs dont le salaire, au Pérou, est, d'après Claude Collin-Delavaud, environ dix à quinze fois supérieur au revenu moyen d'un petit colon pratiquant l'agriculture. Attirés par ces perspectives, les immigrants s'établissent spontanément autour des zones pétrolières où ils sont employés à la mise en place de l'infrastructure et à la construction du réseau routier.
57Ce phénomène de concentration autour des champs pétrolifères affecte également des contrées dont la colonisation dépendait à l'origine d'une réforme agraire. Ainsi, les régions du piémont andin en Bolivie ont été touchées en 1953 par une réforme agraire laquelle, grâce à l'ouverture de routes et à l'assistance du Gouvernement aux colons, a fortement stimulé le courant d'émigration ancien existant des hauts plateaux vers les terres chaudes. Pourtant, vingt ans après, il apparaît que dans la région de Santa-Cruz cet apport de population a surtout profité aux champs de pétrole autour desquels se sont rassemblés les deux-tiers des colons.
58Cependant, les besoins en main-d'oeuvre sur les zones pétrolifères diminuent après la mise en place de l'infrastructure, quand la phase d'exploitation proprement dite commence. Au Vénézuéla, où l'extraction du pétrole a débuté dès le premier quart du XXe siècle, les produits pétroliers représentaient 90 % de la valeur des produits exportés en 1960, mais d'après FrançoisJoseph Farhi, en 1958, seulement 2 % de la population active du Vénézuéla avait un emploi lié aux hydrocarbures) et ce chiffre allait en s'affaiblissant pour ne plus représenter que 1,4 % en 1962 et 1,2 % en 1964. Cette situation provoque un chômage important : en 1961, parmi les immigrants dans les Llanos et la Guyane, 54 % étaient économiquement inactifs. Parmi eux, 70 % étaient âgés de plus de dix ans. Un très faible nombre d’immigrants cherchaient à cette date un emploi pour la première fois. Il s'agissait donc pour la plupart d'entre eux de chômeurs chroniques.
59Le souci de détourner les paysans andins des champs pétrolifères a conduit le Vénézuéla à entreprendre en 1960, une réforme agraire prévoyant la mise en valeur agricole des Llanos par la création de vingt et un centres de culture localisés surtout dans les zones d'élevage des Llanos occidentaux. Conjointement à cette colonisation agricole planifiée, le Gouvernement vénézuélien amorçait le développement industriel de la Guyane, dont les nouveaux centres industriels, tels Ciudad Guayana, attirent ruraux et chômeurs du pétrole.
60A l'exception de la Bolivie et du Vénézuéla qui ont connu une réforme agraire orientée vers l'accueil des petits colons, aidés par les organismes gouvernementaux, les nations possédant une partie amazonienne ont encouragé l'implantation de colonies agricoles, mais ne les ont que peu soutenues.
61Dans tous les pays, la structure agraire latino-américaine traditionnelle faisant voisiner petits colons et grandes propriétés, a été établie et maintenue dans les zones de colonisation. Les modalités d'attribution des parcelles prévoient leur achat par les colons. Mais les spéculateurs et grands propriétaires achètent massivement les terrains placés le long des voies et valorisés par l'ouverture de la route qui permet l'écoulement de la production agricole, écartant la possibilité pour les petits paysans pauvres d'acquérir des parcelles situées à un emplacement favorable. Au Brésil, les compagnies d'élevage profitent, de surcroît, de nombreuses facilités financières accordées par le gouvernement pour investir dans des domaines hyperlatifundiaires. Pour tenter d'éviter cette appropriation aux dépens des petits colons, les autorités équatoriennes réservent les zones de colonisation le long des routes principales aux coopératives de petits fermiers légalement constituées.
62Dépourvus de moyens financiers et techniques, obligés d'acheter à prix très élevé à cause de l'éloignement, ce qu'ils ne produisent pas, privés d'aide médicale, les petits colons sont livrés à eux-mêmes. Dans bien des cas, ils retournent à l'économie d'auto-subsistance et servent de main-d'oeuvre saisonnière dans les grandes propriétés commerciales. Celles-ci emploient temporairement les colons comme salariés agricoles pour défricher leurs domaines et pratiquer l'agriculture pendant deux ou trois ans. Les salaires dans ces entreprises sont très bas et les salariés pris très vite dans l'engrenage de l'endettement : au Brésil, les salaires minimum légaux pratiqués en Amazonie sont supérieurs seulement à ceux du Nordeste qui demeurent avec ceux des Etats du Maranhão et de Bahia, les plus bas du Brésil. Les propriétaires des compagnies s'adonnent ensuite à l'élevage, lequel, sous la forme extensive pratiquée en Amazonie, demande peu de main-d'oeuvre. La population de "colons-ouvriers" est alors expulsée lorsque ses parcelles sont enclavées dans la propriété.
63En dépit des différentes politiques gouvernementales d'intervention dans la mise en valeur, les conditions de vie des petits colons dans les plaines diffèrent assez peu d'un pays à l'autre. Selon J. Valérie Fiffer, dans la région de Santa-Cruz en Bolivie, malgré l'assistance du Gouvernement, les difficultés étaient telles pour les petits colons que les défections au début de la colonisation étaient estimées à 75 %. Aujourd'hui encore, un tiers d'entre eux quittent la zone.
64Les routes facilitent alors le départ des populations. Certaines restent en Amazonie et, soit s'entassent autour des champs de pétrole dans l'attente d'éventuel emploi, soit se dirigent vers les agglomérations urbaines dans lesquelles les bidonvilles prolifèrent. D'autres quittent ce milieu et immigrent vers les grandes métropoles économiques du pays ou retournent dans leur centre d'origine.
65La population immigrante en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane est très mouvante. La durée de résidence n'excède pas quatre années pour la majorité des nouveaux venus. Par exemple en Amazonie équatorienne, 64 % des immigrants présents dans le Napo en 1962 et 53 % dans la Pastaza étaient arrivés dans ces provinces depuis au maximum quatre ans. En Amazonie péruvienne, 42 % des immigrants vivaient depuis moins de quatre ans dans le Département de Loreto en 1961 ; ce chiffre atteignait 60 % dans les départements de Madre de Dios.
66En Amazonie brésilienne, les mouvements de colonisation massifs sont à la fois plus anciens et plus stables : en 1970, la durée de résidence des immigrants était généralement supérieure à onze ans. C'était le cas de 54 % des immigrants dans la région 2 et de 44 % dans la région 1. Dans l'un et l'autre cas, la plupart d'entre eux étaient des Nordestinos. Dans la région 1, le groupe des arrivants récents occupait le deuxième rang : 16 % des immigrants résidaient dans la région depuis un à deux ans. Beaucoup venaient de l'Etat de Goiás et leur arrivée était liée à l'extension des travaux routiers. Dans la région 10, le mouvement de colonisation ancienne était moins important : 30 % seulement des populations venant de l'extérieur résidait dans la région depuis plus de onze ans. Une autre vague, datant de six à dix ans (1960-1964), comprenait 24 % des immigrants. Elle constituait l'apport le plus significatif vers cette zone et coïncidait avec la réalisation de Brasilia.
6 - La polarisation de l'émigration vers les régions économiquement dynamiques
67Les mouvements d'émigration depuis l'Amazonie, les Llanos et la Guyane sont importants (il n'est question ici que de l'émigration à l'intérieur des nations : les départs vers l'étranger ne sont pas connus). Le Brésil et le Vénézuéla connaissent l'émigration la plus ample. En 1950, les Etats de l'Amazonie brésilienne avaient perdu 264 920 personnes nées sur leur territoire (il s'agit de migration cumulée). A la même date, 179 700 émigrants avaient quitté les Llanos et la Guyane. De même que les mouvements d'immigration, les mouvements d'émigration se sont renforcés au cours des deux décennies suivantes dans ces deux pays. L'émigration qui affecte les régions amazoniennes des autres pays est d'une moindre intensité : par exemple, l'Amazonie péruvienne avait perdu 30 440 émigrants en 1961, et l'Oriente équatorien 3 220 émigrants en 1962.
68La population émigrée depuis l'Amazonie, les Llanos et la Guyane ne représente qu'une partie faible de la population native de ces régions : 10 % dans l'Oriente équatorien en 1962, 9 % en Amazonie péruvienne en 1961, 6 % en Amazonie brésilienne en 1950.
69Au Brésil et au Vénézuéla, l'émigration intra-amazonienne et l'émigration hors de la contrée s'équilibrent. Les courants d'émigration entre les états de la zone forment environ la moitié de l'émigration totale depuis ces unités : 45 % en 1950 et 43 % en 1961 dans les Llanos et la Guyane, 52 % en 1950 en Amazonie brésilienne. Au Brésil, l'émigration à partir des Etats de l'ensemble amazonien se fait d'abord à l'intérieur de la région, entre unités voisines. La situation est différente en Equateur et au Pérou où les migrations intra-amazoniennes sont très faibles : l'émigration intra-amazonienne représentait 3 % de l'émigration totale des départements de l'Amazonie péruvienne en 1961.
70L'émigration des habitants de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane est polarisée, hors de leur région, par les unités dominées par une grande métropole, centre économique du pays : Etats de Guanabara, de Rio de Janeiro et de São Paulo au Brésil (carte no 2) ; District Fédéral de Caracas et Etats de la zone centrale au Vénézuéla ; Province de Lima au Pérou. Aussi, simultanément avec les mouvements vers les états voisins ou proches, l'émigration depuis ces régions se fait sur de longues distances. L'attirance pour le grand centre l'emporte sur l'éloignement (carte no 3).
71L'émigration peut aussi prendre le caractère d'une migration de retour vers le lieu d'origine de la famille du migrant. Ainsi au Brésil, l'immigration vers les régions productrices de caoutchouc a été surtout le fait des Nordestinos et, parmi eux, des Cearenses. Un grand nombre d'entre eux, et leurs descendants nés en Amazonie, sont retournés et retournent encore dans leur région d'origine après le déclin de la production.
72Les plus forts courants d'émigration depuis l'Amazonie, les Llanos et la Guyane viennent des Etats les plus peuplés (Maranhão, Para, Mato-Grosso, Goiás au Brésil, Anzoátegui, Monagas, Guárico, Bolivar au Vénézuéla). Ces flux se dirigent vers une ou deux unités administratives Les mouvements massivement orientés sont une constante dans les courants de population depuis ces zones ou vers elles : souvent un flux d'émigration ou d'immigration, représente entre le quart et la moitié des échanges d'une unité administrative de ces régions avec les autres Etats. C'est le cas du département de Loreto au Pérou : dans les mouvements migratoires à partir du Loreto ou vers lui, se détache toujours un courant important représentant plus de la moitié des effectifs : immigration du département du San Martin vers le Loreto (50 % de l'immigration cumulée totale en 1961), et émigration du Loreto vers le département de Lima (55 % de l'émigration cumulée totale).
73Depuis 1950, les principales destinations des habitants des plaines n'ont pas varié : les directions traditionnelles sont maintenues et renforcées même quand de nouveaux Etats d'accueil prennent de l'importance. Ainsi, en 1970, l'émigration depuis les régions 1, 2 et 10 au Brésil, se faisait toujours massivement vers les régions du sud-est brésilien (régions 6 et 7) : Etats de Rio de Janeiro, Guanabara et de Sao Paulo, dont l'attraction s'affirmait, et vers le sud-est amazonien : Etats de Mato-Grosso et de Goiás, mais aussi le Rondônia et l'Acre en les unissant au sud-est brésilien.
7 - L'Amazonie, les Llanos et la Guyane, zones de relais dans l'émigration vers les métropoles
74La comparaison entre effectifs d'immigrants et d'émigrants permet de calculer les soldes migratoires en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane, et de décider du caractère attractif ou répulsif de ces espaces. Pour la période comprise entre 1950 et 1970, on connaît les soldes migratoires des régions basses de quatre pays : l'Equateur, le Pérou, le Vénézuéla et le Brésil.
75Les situations y sont différentes et permettent de constater qu'il existe à l'intérieur de l'ensemble amazonien des différenciations démographiques en fonction de l'appartenance à des nations distinctes.
76En 1962, l'Oriente équatorien connaissait un solde positif de 5 490 personnes (compte non tenu des mouvements depuis ou vers l'étranger). Ceci permet d'affirmer l'attractivité des provinces de l'Oriente équatorien qui étaient donc à cette date des zones de peuplement. L'immigration vers l'Amazonie équatorienne, en 1962, avait pour source principale les provinces andines limitrophes ou proches du Napo et du Pastaza. On ne possède malheureusement pas d’indication concernant la destination des émigrants de l'Oriente équatorien, ce qui permettrait d'apprécier les déplacements migratoires intéressant l'Oriente dans leur ensemble sur le plan national.
77Jusqu'en 1961, les mouvements de population en Amazonie péruvienne n'ont pas eu une très grande valeur : à cette date, taux d'émigration cumulée et surtout taux d'immigration cumulée étaient faibles. En 1961, le bilan migratoire de l'Amazonie péruvienne était largement négatif (-750 personnes) : les plaines recevaient des immigrants des zones les moins dynamiques de l'Etat, les régions andines méridionales essentiellement, mais cet apport était dépassé par une émigration plus forte des Amazoniens. Ils se dirigeaient vers les contrées plus actives, surtout vers Lima, la capitale et le grand centre économique du pays. Les immigrants en Amazonie péruvienne résidant généralement moins de quatre ans dans la région, cela signifie que l'Amazonie est un relais dans la recherche d'un niveau de vie meilleur, bien plus qu'un véritable domaine de colonisation. Les habitants des régions économiquement déprimées du Pérou émigrent d'abord vers les plaines forestières mais y séjournent peu de temps, tandis que les Amazoniens se tournent vers les centres urbains dynamiques (carte no 3).
78Au Vénézuéla, les Llanos et la Guyane connaissaient un solde migratoire positif de 40 620 personnes en 1950 et de 59 960, en 1961. Le bilan positif de la zone avait progressé de 48 % (+ 19 340 personnes) entre 1950 et 1961. Dans leurs échanges, ces régions avaient des soldes migratoires déficitaires avec les unités administratives de la zone centrale et positifs avec les Etats montagneux des Andes et de la Cordillère Caraïbe. Ainsi, le mouvement de population relevé au Pérou - entre les régions andines surpeuplées et déprimées économiquement, l'espace sous-peuplé d'Amazonie et les centres économiques - se retrouve au Vénézuéla entre les milieux montagneux andin et caraïbe, les Llanos et la Guyane, et la zone centrale. La différence essentielle est que ce courant se fait avec un gain migratoire pour les Llanos et la Guyane. Il s'agit donc, dans leur ensemble, de régions de peuplement attractives. Cette attraction est pourtant assez faible : les taux de migration nette cumulée7 en 1950 et 1961, étaient positifs tout en se situant à des valeurs basses et en stagnant entre 1950 (+ 3,7 %) et 1961 (+ 3,6 %).
79L'Amazonie brésilienne avait un solde plus nettement positif de 424 680 personnes en 1950. Le bilan de ses échanges de population était positif avec tous les autres Etats brésiliens à l'exception des Etats de Parana, Rio de Janeiro et Guanabara. Un courant migratoire rejoignit depuis l'Amazonie le centre économique, politique et administratif de Rio de Janeiro mais, globalement, les soldes migratoires positifs de l'Amazonie étaient très supérieurs aux soldes négatifs. L'Amazonie brésilienne était en 1950 une zone attractive dont le taux de migration nette cumulée était assez élevé : + 8,2 %.
80Cette attractivité s'est affirmée en 1970 : à cette date, l'Amazonie brésilienne (les régions 1, 2 et 10) connaissait un bilan migratoire de + 1 404 040 personnes. En 1970, la "marche vers l'ouest" était une réalité : l'apport de population vers l'Amazonie se faisait non seulement à partir des Etats déprimés de Bahia, du Minas Gerais et de la région du Nordeste, mais aussi depuis des Etats animés par une métropole (São Paulo). Le mouvement profitait surtout à la périphérie sud-est de l'Amazonie : Etats de Mato-Grosso et Goias. Le rôle du District Fédéral de Brasilia était primordial dans cette" attraction. La diversité des lieux d'origine des immigrants montre qu'il s'agissait en Amazonie brésilienne d'une colonisation d'ampleur nationale.
81En 1970, la seule région avec laquelle le bilan migratoire de l'Amazonie était négatif restait la région 6 (Etats de Rio de Janeiro et Guanabara) (carte no 5). Le courant migratoire triangulaire déjà relevé au Pérou et au Vénézuéla est perceptible au Brésil. Il se produit, comme au Vénézuéla, mais d'une façon bien plus accentuée, en faveur de l'Amazonie.
8 - La stagnation du poids démographique des régions sous-peuplées dans la population nationale
82Au Pérou, où le solde migratoire de l'Amazonie était négatif en 1961, au Vénézuéla où les Llanos et la Guyane connaissaient des soldes migratoires modérés en 1950 et 1961, on constatait que la part de la population des régions sous-peuplées dans la population totale du pays stagnait depuis 1950. La population des plaines représentait 5 % de la population totale péruvienne en 1950, et 4 % en 1961 et 1966. Au Vénézuéla, la population des Llanos et de la Guyane représentait 22 % de la population totale en 1950 et 1961, et 21 % en 1971. La situation était identique dans les autres nations comportant un fragment du domaine amazonien, à l'exception du Brésil.
83Le poids démographique de l'Amazonie brésilienne augmentait de façon notable et continue : il représentait 10 % de la population totale en 1950, 11 % en 1960 et 12 % en 1970. Cette progression était surtout due à l'accroissement particulièrement élevé du nombre d'habitants dans les Etats périphériques de l'Amazonie brésilienne : Goias et Mato-Grosso qui, durant cette période ont vu leur part augmenter dans la population totale du pays : 3 S en 1950, 4 % en 1960 et 5 % en 1970. Par contre, le poids démographique de la région 1 évoluait d'une façon comparable à celle relevée dans les autres pays : elle représentait 4 % de la population brésilienne en 1950, 1960 et 1970.
84On ne peut donc parler de redistribution de population au niveau national dans les pays possédant des régions appartenant à l'Amazonie, aux Llanos et à la Guyane, consécutive aux mouvements d'immigration vers ces régions, sauf au Brésil, grâce aux marges sud-est de l'Amazonie.
85Pourtant, les taux de croissance démographique de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane se placent à des niveaux très élevés depuis 1950, encore que leur évolution ne soit pas homogène entre les différentes régions, et apparaisse irrégulière au cours de ces deux décennies. L'accroissement très rapide de la population de ces contrées a abouti au doublement du nombre de leurs habitants en Equateur, au Vénézuéla et au Brésil pendant la période de 1950 à 1970.
9 - Le rôle dominant de l'accroissement naturel dans l'augmentation de la population de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane
86En Equateur et au Brésil au cours des deux décennies, au Pérou entre 1961 et 1966, le taux de croissance démographique de l'Amazonie était supérieur au taux de croissance démographique national. Néanmoins, le poids démographique de l'Amazonie n'augmentait pas de façon sensible au Pérou et en Equateur parce que les populations étaient très faibles, et comptaient peu dans l'ensemble du pays : les taux de croissance s'appliquaient à des masses de population peu importantes. Au contraire, le poids démographique de l'Amazonie brésilienne a augmenté notablement entre 1950 et 1970. Ceci était non seulement dû au fait que le taux de croissance amazonien était fortement supérieur au taux de croissance national, ce qui était le cas également en Equateur pendant la période 1962-1968, mais aussi au fait que l'Amazonie brésilienne, avec ses marges méridionales, était assez fortement peuplée pour représenter environ un dixième de la population brésilienne. Les taux de croissance couvraient des phénomènes démographiques d'assez grande ampleur : en chiffre absolu, la population de l'Amazonie brésilienne avait augmenté de six millions de personnes entre 1950 et 1970.
87Au Vénézuéla, taux de croissance national et taux de croissance des Llanos et de la Guyane étaient identiques pendant la période 1950-1961. Au cours de l'intervalle suivant (1961— 1971), le taux de croissance national fut supérieur au taux de croissance de ces régions. Comptetenu de l'importance de la population des Llanos et de la Guyane, qui représentait plus de 20 % du nombre total d'habitants du pays, ceci a entraîné une baisse du poids démographique de ces zones dans l'ensemble national en 1971.
88En Colombie entre 1951 et 1964, au Pérou entre 1950 et 1961, le taux de croissance démographique de l'Amazonie était également inférieur au taux national. Etant donné la faiblesse de la population amazonienne cela n'a abouti qu'à une baisse légère du poids démographique de l'Amazonie dans ces deux pays.
89En Equateur, au Pérou, le taux de croissance de la population amazonienne a augmenté très brutalement entre les deux périodes de référence : dans l'Oriente équatorien, il a varié de 3,4 % par an entre 1950 et 1962, à 5,8 % entre 1962 et 1968. Ce dernier taux était le plus élevé rencontré en Amazonie, dans les Llanos et la Guyane entre 1950 et 1970. Déjà en 1962, le taux de migration nette cumulée très positif de l'Amazonie équatorienne (+ 14,5 %) prouvait qu'il s'agissait d'une région attractive. La rapidité de la hausse du taux de croissance entre 1962 et 1968 indique que cette attraction s'est accentuée.
90Entre 1950 et 1961, l'Amazonie péruvienne avait le taux de croissance démographique le. plus bas relevé dans l'espace considéré ici au cours des deux décennies étudiées, : il se situait annuellement à 1,1 %. Entre 1961 et 1966, il a atteint le niveau des autres taux amazoniens avec 3,5 % par an. En 1961, la région était légèrement répulsive. L'augmentation accélérée du taux de croissance après 1961 laisse penser que la partie amazonienne du Pérou a connu à partir de cette date un apport de population.
91L'évolution démographique de l'Amazonie brésilienne et des Llanos et de la Guyane du Vénézuéla est notablement différente de celle des espaces sous-peuplés des autres pays. Ces zones ont connu avant les autres le début de leur essor démographique : leurs taux de croissance étaient les plus élevés au cours de la première période (+ 4,4 % par an en Amazonie brésilienne entre 1950 et 1960, et 3,7 % dans les Llanos et la Guyane entre 1950 et 1961) mais ces taux ont diminué à partir des années proches de 1960 (+ 3,6 % en Amazonie brésilienne entre 1960 et 1970 et 3,4 % dans les Llanos et la Guyane entre 1961 et 1971), alors que la croissance s'accélérait dans les régions amazoniennes des autres nations à la même époque.
92Les taux de croissance démographique élevés des Etats du Goias et du Mato-Grosso pendant les périodes L950-1960 et 1960-1970, et du Maranhão entre 1950 et 1960 étaient responsables du haut niveau atteint par les taux de croissance démographique de l'Amazonie brésilienne. Les Etats du Goiàs et du Mato-Grosso étaient, dès 1950, des régions attractives connaissant ensemble un taux de migration nette cumulée de 16,5 %. Au contraire, l'Etat du Maranhão dont le taux de croissance annuel atteignait + 4,7 % entre 1950 et 1960 n'avait qu'un taux de migration nette cumulée de 3,8 % en 1950. Entre les deux intervalles 1950-1960 et 1960-1970, les taux de croissance des Etats du Goias, du Mato-Grosso et du Maranhão ont baissé, surtout dans le Maranhao où la croissance ne se faisait plus qu'à raison de + 2 % par an entre 1960 et 1970.
93Seul en Amazonie brésilienne, le taux de croissance de la région Norte a augmenté, de la première à la seconde période (28,5 % entre 1950 et 1960 ; 29,3 % entre 1960 et 1970), mais de façon trop faible pour contrebalancer les baisses sur l'ensemble de la contrée.
94L'augmentation du taux de croissance de la région Norte entre 1950-1960 et 1960-1970 a coïncidé avec une baisse du taux de migration nette cumulée de la région en 1970 (+ 2,8 %) par rapport à 1950 (+ 4,1 %). Entre 1950 et 1970, la région Norte était attractive, mais faiblement. Son taux de migration nette8 calculé sur la période était très bas : + 1 %.
95Ceci met en évidence le rôle modeste du gain migratoire (ou solde migratoire positif) qu'a connu la région Norte du Brésil entre 1950 et 1970, dans la croissance de la région : il ne représentait que 1,5 % de l'accroissement de la population de cette zone en vingt ans. De même, les Llanos et la Guyane du Vénézuéla étaient modérément attractifs entre 1950 et 1961 : leur taux de migration nette entre ces deux dates n'atteignait que 1,4 %. Durant le même intervalle, l'accroissement par gain migratoire n'a présenté que 3,4 % de la croissance totale de la population des Llanos et de la Guyane.
96Les éléments manquent pour calculer la part d'immigration dans la croissance totale des autres parties de l'ensemble amazonien, et l'on ne peut se fier aux taux d'accroissement naturel trop douteux indiqués dans les annuaires et recensements démographiques. Mais, dans les cas où les éléments de calcul sont disponibles, c'est-à-dire dans la région Norte de l'Amazonie brésilienne et dans les Llanos et la Guyane du Vénézuéla, qui couvrent une vaste portion de la région étudiée, on constate que la croissance de la population s'est faite surtout par accroissement naturel au cours de la période 1950-1970.
Conclusion
97Le vaste projet de mise en valeur de l'Amazonie, des Llanos et de la Guyane n'a pas abouti entre 1950 et 1970 aux objectifs démographiques qu'il s'était fixé : l'émigration vers les terres chaudes n'a pas résolu les problèmes des régions surpeuplées.
98L'Amazonie, comme les Llanos et la Guyane, n'est pas la "Terre Promise" si souvent proclamée. Leurs potentialités économiques et sociales attirent des immigrants, mais ceux-ci une fois arrivés sur le terrain ne trouvent qu'un niveau de vie particulièrement médiocre.
99Le phénomène remarquable actuellement est moins l'arrivée massive d'immigrants nationaux venant de zones économiquement déprimées, que leur départ après un laps de temps assez court : les régions sous-peuplées sont un relais dans la recherche d'un niveau de vie meilleur, bien plus qu'un véritable domaine de colonisation. Simultanément, il se produit une émigration des personnes nées dans ces zones, en grande partie polarisée par les régions dynamiques dominées par une grande métropole économique.
100L'Amazonie, les Llanos et la Guyane ont connu un accroissement important de leur population entre 1950 et 1970, qui a abouti au doublement du nombre de leurs habitants en Equateur, au Vénézuéla et au Brésil. Elles restent pourtant des zones sous-peuplées dont la colonisation est largement inachevée en dépit de la création de nouveaux noyaux de production.
101Les mouvements d'immigration mais aussi d'émigration dans ces régions sont importants en volume : globalement, la zone est faiblement attractive, à l'exception des marges sud-est de l'Amazonie brésilienne, principales bénéficiaires de la "marche vers l'Ouest". On ne peut parler de redistribution de population au niveau national dans les pays possédant des régions appartenant à l'Amazonie, aux Llanos et à la Guyane, consécutive aux mouvements d'immigration vers ces régions, sauf au Brésil, grâce aux Etats du sud-est de la périphérie amazonienne.
102Ne représentant qu'une part faible de la population nationale, ces régions demeurent des frontières de peuplement qui doivent non pas au gain migratoire mais à la croissance naturelle l'augmentation de population qu'elles connaissent depuis 1950.
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10.2307/212757 :J. Valérie FIFER : "Bolivia's pioneer fringe". The Geographical Review. New-York, janvier 1967 - 57 - No 1. pp. 1 à 23.
Françoise GUITART : Les migrations de population dans les bassins de l'Amazone et de l’Orénoque. Mesure de leur évolution entre 1950 et 1970. Mémoire du C.E.P.E.S. de l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine, Paris, 1975. 291 pages et 75 documents hors-texte.
Pierre GOUROU : Sur la géographie humaine et économique de l'Amazonie brésilienne" (1948) in Pierre GOUROU. Recueil d’articles. Société Royale Belge de Géographie. Publié en 1970. Bruxelles, pp. 317 à 338.
Guy LASSERRE et Milton SANTOS : "Les plantations tropicales et la régionalisation de l'espace au Brésil". in : Séminaire international du C.N.R.S. (novembre 1968) : La régionalisation de l’espace au Brésil. Publié en 1971. Bordeaux, pp. 56 à 72.
Didier MARTIN : La réforme agraire au Vénézuéla. 1966, 3 tomes, 260 pages.
Catharina VERGOLINO DIAS : Une région sous-peuplée : l’Amazonie brésilienne. Jalons pour une étude de population. Thèse de Troisième cycle. Strasbourg, 1968. 251 pages.
Remarque : Cet article reprend la plupart des points développés dans le mémoire que j'ai achevé en 1975 : "Les migrations de population dans les bassins de l'Amazone et de l'Orénoque. Mesure de leur évolution entre 1950 et 1970", en soulignant et commentant les principales conclusions, mais en écartant les calculs et observations intermédiaires.
Les recensements nationaux et les annuaires démographiques disponibles à Paris à l'époque constituaient la base de mon étude. On en trouvera le relevé complet dans la bibliographie détaillée du mémoire. La liste des ouvrages ci-dessus n'indique que les références ayant directement servi à l'élaboration de l'article.
Notes de bas de page
1 Les unités administratives dans le cadre desquelles ont été réalisés les recensements de population qui ont servi de base à cette étude - unités qui se situent au degré le plus haut en-dessous du niveau national - recouvrent parfois des portions d'espace qui ne font pas partie dans leur totalité des bassins de l'Amazone et de l'Orénoque. La zone étudiée dans cet article est donc plus vaste que celle considérée habituellement par les géographes corme appartenant à l'Amazonie, aux Llanos colombo-vénézuéliens et à la Guyane vénézuélienne.
2 La région Norte du Brésil comprend trois Etats : l'Acre, l'Amazonas, le Para, et trois Territoires Fédéraux : l'Ampa, le Rondônia, le Roraima.
3 Dans l'ensemble de l'article, les pourcentages sont arrondis à l'unité la plus proche sauf dans les cas où la valeur exacte est significative.
4 Par "origine", il faut comprendre en Equateur la province de résidence antérieure de l'immigrant, qu'il s'agisse ou non de sa Province de naissance.
5 Au Brésil, dans le recensement de 1970, les Etats et Territoires Fédéraux ont été regroupés en régions. La région 1 correspond à la région Norte (Acre, Amapa, Amazonas, Para, Rondônia, Roraima). Le Maranhão appartient â la région 2 (Maranhão, Piaui), Le Goias et le Mato-Grosso forment avec le District Fédéral de Brasilia la région 10,
6 Le choix du niveau le plus haut d'unité administrative - au Brésil, l'Etat ou le Territoire Fédéral - comme. base de travail pour cet article, oblige à faire entrer entièrement en Amazonie brésilienne les Etats de Goiás, Maranhão et Mato-Grosso, qui ne sont amazoniens qu'en partie. Leurs capitales respectives, Goiânia, São Luis de Maranhão et Cuiabá, se situent hors du milieu amazonien. Elles ont cependant été rattachées à cette étude, parce qu’elles participent à l'évolution démographique de leur Etat.
7 Taux de migration nette cumulée (à une seule date) : solde migratoire rapporté à la population totale présente à la date de référence. Le solde migratoire est calculé à partir des migrations cumulées.
8 Taux de migration nette (pendant une période) : Variation du solde migratoire entre les deux dates de référence, rapporté à la moyenne de la population présente à ces dates (calculée en moyenne arithmétique).
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