Haïti à la recherche de ses pôles de développement industriel
Un modèle d’économie extravertie
p. 145-155
Texte intégral
1Haïti- 27 750 km2 - compte actuellement 4 600 000 habitants suivant une projection vraisemblable du taux de croissance démographique de 1,6 % défini par les deux derniers recensements de 1950 et 1971.
2Ce taux - un moment très discuté car il cadrait mal avec la croissance de la région (ordre de 3 %) et le niveau de natalité du pays, (35 ‰) - ne fait plus problème aujourd'hui. La croissance haïtienne a été fortement errodée par un taux très élevé de mortalité infantile (encore 149 ‰ en 1973) et, dans l'ensemble, par une espérance de vie très limitée mais en rapide amélioration (33 ans en 1950, 53 ans en 1974). Mais, surtout, conséquence de la précarité des conditions de vie, l'émigration massive de ces dernières décennies a joué un rôle compensateur important à l'explosion démographique. Cette émigration s'explique par l'état de pression sociale relative dans tous les domaines de l'activité du pays (des professions libérales à la paysannerie illettrée) et par le caractère de sur-population relative de campagnes souvent ingrates (densité globale de 165 habitants par km2).
3En 1974, la population active par grands secteurs économiques, comportait : 73,6 % de travailleurs dans le secteur primaire, 19,2 % dans le tertiaire et seulement 7,2 % dans le secondaire (quasi couvert par la branche manufacturière).
4Dans un pays qui comptait 86 % d'analphabètes, il n'est pas étonnant, par voie de conséquences, d'être confronté au produit intérieur brut par tête (P.I.B. par habitant) le plus bas de l'Amérique Latine et Caraïbe : exprimé en dollars U.S. de 1973 il était - en 1974 - de 154,1 U.S.O contre 270,8 pour la Bolivie (le pénultième pays) ; 372,7 pour le Honduras ; 434,3 pour El Salvador ; 612,2 pour la République Dominicaine ; 620,1 pour le Guatémala et 785,7 pour l'ensemble du sous-continent.
5Alors que la plupart des pays en développement ont vu leur taux de croissance du PIB (sinon du PIB/tête) croître au long de ces quinze dernières années, Haïti a connu une croissance négative entre 1960 et 1970 (moyenne de-0,9 % l'an contre + 2,7 % pour l'Amérique Latine), s'améliorant, il est vrai, pour la période 1970-74 (+ 3,9 %)1.
6Cet avant-propos est destiné à faire prendre très rapidement conscience de l'extrême pénurie économique dans laquelle se débat la "cendrillon" de l'Amérique latine o les problèmes de développement se posent en termes différents de ceux que l'on pourrait connaître pour la région, même si, en règle générale, l'état de dépendance impose la recherche de solutions communes au sous-continent tout entier2.
7Puisqu'il est question ici de l'impact des foyers industriels nouveaux sur le développement, nous tâcherons de voir dans quelle mesure ces "constellations d'activités"3 exercent, ou non, une tendance centripète cumulative, ou un effet d'extraversion, au profit, ou au détriment, du progrès économique d'un pays considéré comme le quart-monde de l'Amérique Latine (dans le monde il se situe également parmi les 25 états "les moins avancés" formant le peloton de queue des pays en développement)4.
8En d'autres termes, l'économiste se trouve certes confronté aux concepts de pôle de développement, voire d'économies externes, mais dans un cadre qui risque de les altérer sensiblement.
UN CONTEXTE DÉMO-SOCIO-ÉCONOMIQUE SANS COMPLAISANCE POUR HAÏTI
9Haïti se caractérise essentiellement par le poids de sa ruralité et de son agriculture.
10Entre les deux recensements les plus proches (1950 et 1971), la population totale est passée de 3 057 222 à 4 314 628 habitants (rappelons l'accroissement annuel moyen de 1,6 %). Pendant cette même période, la population urbaine progressait de 337 357 à 879 708 unités (soit un taux de croissance annuel moyen de 4,7 %) et les ruraux avec un taux plus modeste de 1,1 % augmentaient leur effectif de 2 719 865 à 3 434 9005.
11L'accroissement plus rapide des populations urbaines leur a valu d'améliorer leur pourcentage de représentation dans la population totale : 11,0 % en 1950 contre 20,4 % en 1971.
12Parallèlement et à contrario la représentation relative des ruraux baissait de 89,0 à 79,6 %.
13Aujourd'hui, on peut estimer le poids des urbains à plus de 22 % de l'ensemble avec une population ayant dépassé le million d'âmes6. Néanmoins, en Amérique Latine, Haïti vient très loin derrière les pénultièmes états - la Bolivie et El Salvador (ordre de 31 %) - en matière d'urbanisation, et se situe aux antipodes des plus urbanisés - l'Argentine et le Vénézuéla (ordre de 83 % -7. Toutefois, le taux d'accroissement du nombre des urbains par rapport à la population totale, de l'ordre de 2,3 %, est largement supérieur à la moyenne latino-américaine (1,6 % pour la période 1960-74). Sans atteindre l'accroissement de la Barbade et de la Jamaïque (ordre de 5 %) et tout en pouvant s'expliquer par une base de départ excessivement basse, il n'en représente pas moins un fait nouveau qui n'est pas sans importance sur l'évolution des activités économiques du pays (en réalité, il s'agirait plutôt d'une interaction entre deux phénomènes)8.
14Pourtant la masse rurale pèse encore très lourd sur l'orientation économique. Après un règne sans partage sur le Produit intérieur brut (P.I.B.) global (de l'ordre de 60 %) et une part de quasi 50 % lors de la précédente décennie, le P.I.B. agricole a chuté de 10 points en quelques années, de 1970 à 1974.
15Cette moindre importance relative pourrait s'interpréter comme un progrès des autres secteurs d'activité et s'avérer bénéfique. La réalité est plus nuancée car, entre 1960 et 1974, la valeur ajoutée par le secteur primaire (sylviculture, pisciculture et surtout élevage-agriculture) a baissé de 72 à 61 dollars U.S. constants (de 1973) par tête. Or durant la même période, et avec des changements sectoriels plus évolutifs, l'ensemble latinoaméricain a amélioré sa valeur ajoutée primaire de 93 à 104 dollars US constants (1973) par tête.
16Il n'est pas opportun ici d'entrer dans des considérations sur les rendements décroissants, la baisse de productivité et autres insuffisances agricoles. Mais il convient d'attirer l'attention - si on veut bien 'suivre les thèses et démonstrations de Paul BAIROCH et autres agrariens (F.A.O., etc...)-sur l'incidence sur le développement industriel que ne manquera pas d'avoir la paupérisation relative de l'agriculture haïtienne.
17Pour que le "démarrage" industriel soit possible encore faudrait-il qu'apparaisse une "corrélation" acceptable entre le niveau de productivité agricole et la croissance industrielle.
18P. Bairoch a cherché à déterminer l'influence de l'agriculture sur la conjoncture industrielle en comparant l'évolution du produit brut originaire de l'agriculture à celle du produit brut originaire de l'industrie manufacturière, dans les pays en voie de développement. Cette étude atteste des relations existantes entre ces deux secteurs : la courbe du produit agricole détermine fortement celle du produit manufacturier (indices de corrélation très significatifs : 0,99 pour l'Amérique latine et 0,97 pour l'Asie). D’après cet auteur le schéma explicatif de cette relation est simple : la baisse de la production agricole réduit les débouchés industriels par une réduction générale du pouvoir d'achat9. Ainsi en Haïti où l'agriculture dégage encore 40 % des revenus, la baisse de la productivité réduit les débouchés de l'industrie au strict minimum nécessaire par suite d'un pouvoir d'achat paysan restreint, sans préjudice d'une augmentation des prix des produits vivriers amputant également le budget des populations exerçant leur activité dans d'autres branches.
19C'est dire combien l'essor industriel du pays, encore inexistant il y a quelques années, s'avère contrarié par un contexte démo-socio-économique sans complaisance. Cette conjoncture pourrait expliquer en partie les échappatoires à la rigueur des lois économiques que tentent, non sans autres dangers, les autorités haïtiennes.
DES PÔLES DE CROISSANCE ZÉRO, DE REVENUS TRONQUES ET D’APPAUVRISSEMENT ABSOLU
20En dollars contants (de 1973), le secteur minier haïtien dégageait une valeur ajoutée de 6,3 millions pour un PIB global de 517,8 millions en 1960. Ces chiffres s'élevaient respectivement à 11,4 (quasi 2 fois plus) et 696,0 millions en 197410.
21L'accroissement du pourcentage de l'industrie extractive de 1,22 % à 1,64 % au sein du PIB pourrait laisser croire à un avenir prometteur pour cette branche d'activité, même si son importance relative est faible dans l'économie du pays. En réalité, le contexte de développement de ce secteur suscite de grandes réserves et, hormis un apport non négligeable au budget local, il n'a aucune espèce d'intérêt pour les autres secteurs de production, ni en amont, ni en aval.
22Il fait partie de ces "enclaves", dénoncées par les auteurs marxistes ou réalistes, cités ci-dessus, système d'exploitation dont le seul mérite est d'apporter à l'Etat quelques royalties payées au centuple par l'appauvrissement réel du territoire en matières premières non renouvelables qui auraient pu un jour, servir de moteur à une "croissance autocentrée". Encore convient-il que ces matières premières soient "rentables" en l'état du marché international, ce qui n'est pas toujours le cas et ce qui, paradoxalement, peut être heureux (à terme).
23Abstraction faite d'autres minerais métalliques en plus petite quantité dans le sous-sol et des matériaux de construction éparpillés sur toute la surface du territoire, "l'industrie" extractive tournait autour de deux produits jusqu'en 1972. Elle a été réduite à un seul depuis. L'augmentation du PIB dont il était question ci-dessus est donc davantage le dénouement heureux d'un problème de royalties qu'un effet de production. C'est dire l'artifice et la fragilité d'un tel secteur d'activité.
1) LE CUIVRE
24Mines du plateau central à l'est des Gonaïves. Exploitation qui remonte à 1961 par l'intervention d'une société américano-canadienne, la SEDREN. Celle-ci retirait un minerai, d'une teneur en cuivre de 35 %, dont la production annuelle était soumise à des variations importantes suivant la conjoncture mondiale (de 2 à 6 000 tonnes métriques). Les conditions du marché s'étant durcies, la SEDREN, pour des raisons financières et la faible teneur du produit, cessa son exploitation en 1972.
25Le minerai étant exporté vers les usines de traitement sises sur le sous-continent nord-américain et les équipements par contre étant entièrement importés, on peut se demander si cette cessation d'activité affecte beaucoup l'économie haïtienne.
26Certes, il y a perte de royalties pour le budget qui a un rôle à jouer dans l'équipement socioéconomique de la nation. Il y a aussi perte de salaires pour les 400 ouvriers (chiffre variable et "en accordéon" étant donné l'absence de dispositions réglementaires sur l'emploi), c'est-à-dire, indépendamment du préjudice subi par les intéressés, la diminution du pouvoir d'achat global avec les incidences paralysantes qu'il entraîne sur les marchés. Mais en dépit de ces inconvénients, non négligeables, on peut se demander si la fermeture des mines de cuivre s'avère comme un événement malheureux pour Haïti...
2) LA BAUXITE
27Mines de la région sud-ouest, sur le plateau de Rochebois, près de Miragoane. Depuis 1955, le minerai est exploité par la Reynold's Haytian Mines, filiale à 100 % américaine de la Reynold's Metals Corporation dont le siège social se trouve à Richmond (U.S.A.).
28Sans traitement initial, toute la production, de l'ordre de 700 à 800 000 tonnes métriques par an, est exportée vers Corpus-Christi au Texas où elle passe par le stade de l'alumine avant d'être transformée en aluminium.
29Les réserves de bauxite ont été estimées en 1965 à 25 millions de tonnes, chiffre aucunement comparable aux 600 millions de tonnes de la Jamaïque.
30Néanmoins, actuellement la mine haïtienne fournit 1,2 % de la production mondiale de bauxite (contre 45 % pour l'ensemble caraïbe) 5 % des importations des Etats-Unis en la matière et 17 % de la production de la société Reynold's (qui exploite également des gisements à la Jamaïque et en Guinée et en France dans des conditions différentes). Il s'agit d'une exploitation très mécanisée, n'employant guère de main-d’œuvre locale : 220 travailleurs environ employés compris, dont le salaire annuel moyen, en 1972, s'élevait à 3 100 dollars U.S. Un bon salaire pour le pays mais qui ne représentait guère que 12 % de la valeur de la production.
31Cependant, l'Etat tire aussi un bénéfice direct de cette exploitation. Certes, à une période de "vaches maigres" pour les matières premières (dont on connaît les vicissitudes avec la détérioration, dite séculaire, des termes de l'échange), l'accord de 1971 prévoyait seulement le versement au budget de 1,29 dollars par tonne longue (1 016 kg) de bauxite sèche exportée. A la même époque l'Etat jamaïcain, économiquement plus solide, en retirait 2,60 dollars, puis obtenait le partage des profits "fifty-fifty" avec les sociétés exploitantes. Mais il est vrai qu'un minimum garanti de 900 000 dollars par an, en cas de réduction de l'extraction, figurait dans la convention haïtienne.
32Avec les ententes inter-états, et notamment entre la Guyane et la Jamaïque, et le poids de l'ensemble de la zone des Caraïbes (rappelons : 45 %) dans la production mondiale, cette production a été nettement revalorisée ces derniers temps. Malgré l'opposition des Etats-Unis - hostiles à toute politique "d'ententes" comme ils l'ont manifesté à maintes reprises dans les domaines de l'énergie et autres matières premières - Haïti adhérait, en Novembre 1974, à la nouvelle association internationale des pays exportateurs de bauxite.
33Cette prise de position lui valut, un mois plus tard, d'imposer une hausse de ses royalties de 600 % à la Reynold's, société classée au 123ème rang des sociétés américaines avec un chiffre d'affaires 1972 de 1 163 millions de dollars, soit deux fois l'ensemble du P.I.B. haïtien.
34Sur sa lancée le gouvernement édictait un cadre minier prévoyant à la fois une participation et un contrôle plus strict de l'Etat sur tout nouvel investissement dans le domaine minier.
35Toutefois, pour l'économiste, ces avantages substantiels ne peuvent faire oublier la tentative de prise en mains de leurs ressources minérales par les pays du Pacte Andin (d'où le Chili est récemment sorti). Dans cette zone d'Amérique Latine - nantie d'un code des investissements étrangers qu'il a fallu assouplir par la suite - la planification de la "metalmecanica" (industrie métallurgique) prévoit pour chaque pays une spécialisation dans la sous-branche pour laquelle il présente le plus d'atouts (par exemple, un secteur minier adéquat). Il y a là une tentative de domestication et de localisation intéressante à suivre comme application de la théorie des forces productives dans un domaine où les "petits états" (par leur taille, leur chiffre de population, la dimension de leur marché, leur pouvoir d'achat...) ont, jusqu'à présent, tenu le rôle d'exploités.
36Haïti, entre deux "marchés communs", pourrait-il mieux assurer encore la rentabilisation de ses ressources naturelles en cessant de jouer les francs-tireurs et en adhérant à l'un d'eux ? Jusqu'à présent, il s'est cantonné dans un rôle d'observateur. A sa décharge on peut signaler que ni le Marché commun centraméricain, ni la Communauté des Caraïbes ne sont mûrs pour passer à un véritable stade d'intégration de leurs ressources naturelles à leurs économies.
37D'ailleurs, en va-t-il autrement pour l'ensemble de l'Amérique Latine, y compris, sauf très sectoriellement, pour les pays de l'Accord de Cartagène ?11.
38Il est vrai que les problèmes à surmonter dans un cadre international hostile, seraient ardus. Mais, en attendant, on peut se demander si on doit souhaiter pour Haïti l'existence d'enclaves trop laxistes et trop faciles pour s'avérer véritablement bénéfiques. Les revenus haïtiens actuels de ce genre d'exploitation ne sont pas négligeables pour un pays qui a des besoins sociaux pressants ; mais ne sont-ils pas aussi synonymes de distorsions et de dissymétries, au sens pérouxien ?
39Le fait même que ces méthodes d'exploitation de ressources "rares", immédiatement ou à terme, soient le lot du Tiers-monde tout entier doit nous inciter à nous interroger sur leur validité socio-économique. La réponse que l'on pourrait y apporter est spécifique des produits non renouvelables en question (cf. P. Jalée) mais s'inscrit également dans un contexte plus général que nous retrouverons pour le secteur manufacturier.
« HAÏTI, RÉPUBLIQUE DE PORT-AU-PRINCE »
40Le recensement de 1971 fait apparaître une concentration urbaine, certes très faible, mais fort inégalement répartie sur le territoire haïtien.
41D'abord Port-au-Prince (y compris ses villes satellites de l'aire métropolitaine, Pétionville et Carrefour-Martissant) avec 493 932 habitants, soit 11,4 % de la population de la République. Viennent ensuite très loin derrière : Cap-Haïtien (Nord) : 46 217 résidents, ville très détachée devant Gonaïves (Artibonite) : 29 261 ; et plus loin : Les Cayes (Sud) : 22 605 habitants, Jérémie (Sud) : 17 624, Saint-Marc (Artibonite) : 17 263, Port de Paix (Nord-Ouest) : 13 913, Jacmel (Ouest) 11 391.
42Le taux d'accroissement annuel de ces villes se situe entre 2 et 3 %, supérieur au taux de croissance global (rappelons : 1,6 %), mais nettement inférieur à celui de la capitale : 6,4 % (la B.I.D. l'estime actuellement à 7 %).
43Ce taux amène aujourd'hui Port-au-Prince à plus de 600 000 habitants. Le fossé qui sépare la capitale des villes suivantes s'est encore élargi. D'où le désir du gouvernement de renforcer - par la voie de l'investissement public, de l'aménagement du territoire, de privilèges fiscaux aux implantations d'entreprises nouvelles et autres mesures de décentralisation - deux ou trois métropoles d'équilibre susceptibles de détourner les mouvements migratoires intérieurs. On pense à Cap Haïtien, à Cayes et à Gonaïves. On voudrait également faire jouer un rôle de "filtre" à Saint Marc et au Petit-Goave. Le contexte s'y prêtera-t-il ?
44Aujourd'hui, l'aire d'influence de la capitale semble s'étendre à l'espace haïtien tout entier. Même si la loi de Reilly connaît des limitations et des insuffisances, même si elle apparaît comme un mythe (voir les analyses de A. Piatier et de M. Robine et les travaux antérieurs de P.D. Converse), on peut se demander si "mathématiquement" tout le territoire haïtien n'est pas déjà "commercialement et techniquement absorbé" par sa capitale. Et ce n'est pas l'amélioration prévisible des voies de communication qui contrarierait ce mouvement....12.
45De même, comment cette influence, sans obstacles, ne s'étendrait-elle pas aux phénomènes d'ordre socio-culturel et démographique ? Avec la loi de John Q. Stewart on peut se demander comment la puissance d'attraction du potentiel démographique et des forces vives pourrait maintenant être contrarié13.
46Par ailleurs, le cas de Port-au-Prince peut laisser perplexe sur la valeur de la "loi rang-dimension" attribuée à Georges K. Zipf, qui, par analogie avec la fameuse courbe de Pareto (inégale distribution des revenus), permet d'établir une relation mathématique entre la population d'une ville de rang n et la population de la ville la plus peuplée d'un pays, ou ville "primatiale"14.
PORT-AU-PRINCE, « CONSTELLATIONS D’ACTIVITÉS » (TOUT ÉTANT RELATIF)
47D'après ce qui précède et en vertu du rôle joué par les "external economies" (cf. Marshall et autres), les considérations ci-dessus doivent nous amener à constater une concentration industrielle à l'échelle du pays, sans équivalent dans le monde (à l'exception peut-être de quelques petites nations-métropoles).
48Reste à savoir si la capitale se présente comme un véritable pôle de croissance. La réponse dépend à la fois de sa texture, de la capacité technique de ses entreprises et des activités auxquelles elles se consacrent.
1.- POSSIBILITES SPATIALES, AMENAGEMENTS ET PREMIERES ATTEINTES À L'ENVIRONNEMENT
49Sur le plan des "déséconomies", actuellement redoutables dans la plupart des grandes métropoles, il ne semble pas que les industries en place soient contrariées par des phénomènes de saturation. On effort des pouvoirs publics a encore permis d'aggrandir le domaine industriel du nord de la ville entre le port maritime et l'aéroport international. Le nouveau parc industriel de la Société d'équipement national (SEN), filiale de l'Institut de Développement Agricole et Industriel (IDAI) jouxtant également la grand'route de dégagement RN 100, offrira plus de 100 hectares aux entrepreneurs désireux de s'aggrandir ou de s'installer dans la capitale. Une première tranche de 25 hectares - dont la facture des infrastructures techniques dépasse largement le million de dollars - a été ouverte aux utilisateurs dès 1975.
50Au sud de la ville, entre Martissant et Carrefour, il reste encore beaucoup de terrains vagues et, à l'ouest, au long de l'axe routier RN 200 vers Bizoton, de grands espaces vides, assez éloignés des zones de peuplement, pourraient être aussi avantageusement aménagés pour recevoir des industries.
51Certes des contraintes commencent à apparaître. Dans la zone nord, elles sont liées aux transports de marchandises et surtout aux transports de personnel, les ouvriers venant le plus souvent des zones de peuplement du sud-ouest et devant traverser partie du centre-ville. La résorption des embouteillages est fonction de la mise en place d'une infrastructure routière de déviation.
52Au Sud la situation est plus sérieuse avec les bouchons quasi-permanents sur la RN 200, route multifonctionnelle accumulant un trafic très diversifié (matières premières, pétrole, produits agricoles, transports publics...).
53Autres contraintes : avec le respect de la sécurité dans les zônes d'envol et d'atterrissage des avions des aéroports national et international respectivement au centre et en bordure de la zone nord - avec les problèmes posés par la voie ferrée desservant les installations, dans le même secteur, de la Compagnie sucrière HASCO (Haytian american sugar company). En outre cette dernière catégorie d'industries, tout comme les activités de traitement et de stockage des produits pétroliers au sud-ouest, et l'émission de gaz toxique par les industries artisanales du centre-ville (gaz carbonique, vapeurs de peinture et autres nocivités chimiques) soulève l'inévitable problème de la pollution de l'air. Comme dans toutes les zones fortement urbanisées et industrialisées et dans les pays pauvres plus qu'ailleurs, il s'y ajoute la pollution de l'eau surtout près du littoral sud et dans la zone populeuse de Martissant-Carrefour (environ 200 000 habitants aujourd'hui).
54L'installation de distilleries et la construction d'un second complexe sucrier à l'extrémité ouest de la zone métropolitaine, à Gressier sur la route de Léogane, fait ressortir la nécessité d'un nouveau "zoning" à aménager d'urgence : adductions d'eau, électrification, évacuation des eaux usées, réseau routier adéquat. Autres craintes pour l'environnement : les larges carrières de sable blanc et de roches utilisées comme matériau de construction, aux portes sud de la capitale. Elles menacent les deux versants du Morne l'Hôpital aux environs immédiats de la Boule et de Fermathe. Outre l'aspect inesthétique contrariant la vocation touristique et de promenade du secteur, les écologistes du crû dénoncent la progression des carrières comme une atteinte au reboisement et au micro-climat débouchant sur la destruction morphologique de la montagne.
2.- LA CONCENTRATION INDUSTRIELLE EN HAITI
55Le projet des Nations-Unies "planification physique, habitation et construction" a donné lieu à une enquête relativement récente et assez fouillée sur la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Nous nous en inspirerons notamment en matière de localisation et de spécialisation industrielle, de préférence aux résultats du recensement des établissements industriels de 1971 et aux statistiques forcément minorées publiées par 1'OFATMA15.
56Du point de vue de la concentration industrielle, la capitale, c'est d'abord 291 entreprises offrant environ 18 000 emplois recensés par l'enquête N.U., auxquelles il convient d'ajouter 21 entreprises nouvelles susceptibles de représenter 4 500 emplois sans préjudice de 3.500 postes de travail recensés dans la tranche ouverte du parc industriel de la S.E.N. (IDAI). Au total, les experts chiffrent actuellement à 30 000 emplois l'offre de travail de l'aire métropolitaine de la capitale dans le secteur manufacturier.
57C'est peu au regard de la population disponible. C'est énorme dans une optique de concentration industrielle nationale.
58En effet, tous les autres centres urbains réunis, peu ou prou industrialisés, regroupent environ 50 entreprises représentant environ 6 000 emplois.
59Citons : Cap Haïtien, au nord, préservé par la distance et, paradoxalement, par l'état du réseau de communications, mais également au cœur d'une région agricole dont il assure l'unique débouché - 11 entreprises et 2 300 salariés de l'industrie.
Gonaïves, en Artibonite-nord, un moment terminus minéralier (mines de cuivre) et aujourd'hui centre agricole - 10 entreprises, 1 700 salariés.
Cayes, sur le littoral sud, protégé de Port-au-Prince par la dorsale des mornes - 9 entreprises, 1 100 emplois (l'industrie dérivée de l'agriculture y tient une place privilégiée, avec notamment la beurrerie de l'IDAI).
Jacmel, sur le littoral sud, plus près de Port-au-Prince surtout depuis l'inauguration de la "route de l'amitié" financée par la France (1976) - 9 entreprises, 830 emplois.
Jérémie, respectivement 5 et 100 - Hinche 2 et 25 - Port de Paix 1 et 10.
60La plupart de ces entreprises doivent leur existence à leur destination complémentaire de celle des activités régionales. Il s'agit donc d'industries de transformation de la production agro-pastorale, quasi indispensables à la survie d'une agriculture de marché. Mais il est des cas de décentralisation tels la nouvelle société de Fort-Dauphin S.A. installée à Cap Haïtien.
61Ainsi la concentration industrielle dans la capitale par rapport à l'ensemble du pays serait de l'ordre de 85 % pour les entreprises et de 80 % pour les salariés de l'industrie. Toutefois, si nous faisions état de l'artisanat local, plus largement représenté dans les campagnes, ce rapport serait beaucoup plus réduit (on comptait, en 1971, 864 "entreprises" sur tout le territoire). Cela ne signifie pas que l'enquête N.U. n'ait tenu à recenser que les unités de production d'un certain poids. Bon nombre d'entre elles, notamment dans l'alimentation et la construction, sont seulement composées de quelques employés (voir plus loin).
3.- LA LOCALISATION DES ETABLISSEMENTS INDUSTRIELS A PORT AU PRINCE
62Dans le secteur nord de la capitale - Simone Duvalier, aéroports S.E.N. - nous relevons : les 6 usines les plus importantes employant plus de 500 personnes et 10 établissements comportant de 250 à 500 salariés. En outre, 15 établissements de taille analogue étaient en construction ou en pourparlers d'installation sur les zones aménagées, au moment de l'enquête.
63Les six "grands" : Allied industries (électronique) 800 salariés ; United manufactury of Haïti (souliers et cuirs) 742 salariés ; Jacomin and Quisqueya manufactury (huiles essentielles) 600 salariés ; Accra (vêtements, sous-vêtements) 560 salariés ; Hasco (sucre) 500 salariés ; Caribbean contractors (sous-vêtements) 500 salariés. Plus loin encore, au nord de ce secteur, hors des agglomérations, en direction de Saint-Marc sur la RN 100, près de Fonds-Mombin, nous trouvons deux établissements relativement importants : la cimenterie d'Haïti (380 salariés) et la miroiterie d'Haïti (135 salariés), en voie d'expansion rapide.
Dans le secteur sud et sud-ouest - Carrefour, Martissant, Bizoton - outre les grands terrains de stockage des produits pétroliers et la Régie des tabacs, nous trouvons 5 autres établissements de 250 à 499 salariés. Citons : Haïti Métal (produits émaillés et d'aluminium) 300 salariés ; Haītian manufactury (balles de base-ball) 300 salariés ; Meridian industrie (café) 275 salariés ; Lima industrie (ficelle) 275 salariés ; Safico (pisé, fibre textile) 250 salariés.
A l'est, en direction de la plaine du cul de sac - Croix des bousquets, Ganthier - il existe de petites unités de production spécialisées dans le meuble ; mais on prévoit sur cette zone l'implantation d'industries de transformation de produits agricoles (sucre, concentré de tomates...) étant donné sa situation géographique. La partie du recensement de la population de septembre 1971 réservée à la population rurale montre bien l'influence de la capitale sur la campagne environnante : entre 1950 et 1971 l'accroissement de la population rurale de l'arrondissement de Port au Prince a été de 41,5 % contre 26,6 % pour l'ensemble du pays. La fameuse "ceinture verte" des villes, c'est-à-dire ici la plaine du cul de sac, a certainement besoin pour stimuler sa production de trouver à proximité les conserveries propres à sauvegarder l'écoulement régulier de ses produits.
Nous retrouvons les petites unités de production (non dérivées de l'agriculture) dans le centre-ville. En tout 134 établissements pour la plupart artisanaux représentant 46 % du total des entreprises mais seulement 4 000 emplois soit 15 % du total salarié de l'aire métropolitaine.
4.- REPARTITION PAR TAILLE ET PAR SPECIALISATION
64Suivant l'enquête N.U. et sans préjudice de nouvelles installations (déjà précisées ci-dessus) :
6 entreprises de plus de 500 salariés regroupant 3 702 emplois (19,9 %) ;
17 entreprises de 250 à 499 salariés regroupant 5 215 emplois (28,1 %) ;
34 entreprises de 100 à 249 salariés regroupant 4 797 emplois (25,8 %).
65Ces trois groupes avec 13 714 emplois (63,8 % des salariés) totalisent donc 57 entreprises (19,6 % des établissements).
36 entreprises de 50 à 99 salariés regroupant 2 527 emplois (13,6 %) ;
30 entreprises de 25 à 49 salariés regroupant 925 emplois (5,0 %) ;
62 entreprises de 10 à 24 salariés regroupant 940 emplois (5,1 %) ;
83 entreprises de 1 à 9 salariés regroupant 473 emplois (2,5 %).
66En conclusion, l'industrie manufacturière de Port au Prince est faite de petites unités de production et, figurant quasi tout le potentiel industriel haïtien, elle donne le reflet d'un pays extrêmement faible dans ce secteur d'activité.
67Quant à la spécialisation dudit secteur :
L'alimentation compte 85 entreprises (29,2 %) et 3 262 salariés (17,6 %) ;
Le textile compte 77 entreprises (26,5 %) et 7 399 salariés (39,8 %) ;
La chimie compte 20 entreprises (6,9 %) et 2 138 salariés (11,5 %) ;
Les cuirs et peaux comptent 18 entreprises (6,2 %) et 1 692 salariés (9,1 %) ;
L'électricité et l'électronique comptent 4 entreprises (1,4 %) et 1 310 salariés (7,1 %). Ce dernier secteur comporte la moyenne la plus forte de salariés par entreprise (325) ; cette relative vigueur dénote une branche essentiellement exportatrice.
Les matériaux de construction avec 17 entreprises (5,8 %) et 1 133 salariés (6,1 %) présentent au contraire un secteur de petites unités analogues à celles de l'alimentation. Ce sont deux branches tournées vers la satisfaction du faible marché intérieur.
LA PRODUCTION INDUSTRIELLE DE PORT-AU-PRINCE
68En traitant de Port au Prince, c'est maintenant évident, nous nous penchons sur la réalité de l'industrie haïtienne toute entière.
69Après avoir plafonné aux alentours de 15 % du P.I.B. pendant deux décennies, le secteur secondaire, grâce à la branche manufacturière, semble avoir pris un certain essor ces dernières années : 14,5 % en 1960 et 15,2 % en 1970 ; mais 20,8 % en 1974. Cette part croissante dans le produit national intérieur a été obtenue avec une population active représentant 6 % de la population active globale en 1960, 7 % en 1970 et 7,2 % en 1974.
70Le rapprochement entre les deux séries témoigne, il fallait s'y attendre, d'un meilleur rendement d'ensemble du secteur industriel comparé aux autres grands secteurs d'activité (et notamment la branche agro-pastorale dont nous avons déjà constaté, au passage, la baisse de productivité).
71Ce meilleur rendement s'est doublé d'une plus forte productivité entre 1970 et 1974 : inférieur à.Cela tient à la "modernisation" des entreprises travaillant pour le "secteur étranger" (voir plus loin). Il reste que le niveau atteint est encore très faible. La valeur ajoutée par tête de la branche manufacturière était, en 1960, de 15 dollars US (1973) pour Haïti (contre 55 en République Dominicaine et 111 pour l’Amérique latine), et, en 1974, de 20 dollars U.S. (1973) pour Haïti (contre 108 pour la République Dominicaine et 199 pour l'Amérique latine).
72Malgré le fossé qui la sépare de ses homologues américains et qui aurait encore plutôt tendance à s'élargir, la croissance de cette branche est indéniable. Porte-t-elle en elle un faible espoir de développement ? Répondre à cette question c'est également répondre à la question sur Port au Prince, pôle de développement. La réponse est entièrement contenue dans les orientations prises par la production industrielle du pays.
73Avec Christian Girault16, il convient de distinguer trois sortes d'activités industrielles suivant les orientations prises par le "management" en fonction de la politique des débouchés envisagés.
1.- L'INDUSTRIE ORIENTEE VERS LA SATISFACTION DU MARCHE INTERNE
74L'industrialisation par "substitution d'importations" - selon le modèle d'abord préconisé par la CEPAL puis adopté par quelques pays latinoaméricains - n'a atteint que partiellement ses objectifs. Le marché est extrêmement limité par suite des bas revenus d'ensemble. Et la classe aisée préfère se fournir à l'étranger (USA) étant donné la médiocrité de la qualité par suite des bas prix recherchés pour les produits offerts.
75La principale usine travaillant pour le marché interne, la filature Brandt, a été établie en 1949 par un jamaïcain. Elle fabrique des tissus bon marché avec du coton importé du Mexique ou de Colombie. Dans cette sous-branche nous trouvons également Nesdam et Accra, (à vocation plutôt exportatrice) d'une taille respectable pour Haïti. Il existe une plus grande dispersion dans les autres sous-branches : la minoterie avec Caribbean Mills S.A. et Maple Leaf (Canada) qui utilise du blé canadien ; la cimenterie avec Lafarge (France) à Fonds-Mombin ; les plastiques (chaussures, articles de toilette...) avec Alpha et les Industries nationales réunies S.A. (300 salariés) ; les produits pharmaceutiques avec Caribbean Canada Chemical Corps (40) ; la peinture avec Peintures Idéales S.A. ; les usines de chaussures Stepover ; le tabac avec Luckett Tobacco (de Louisville) ; les huileries et graisses avec Brandt (120 salariés) Madsen (huilerie nationale) ; les fabriques de boissons avec Rex Cola, la Brasserie de la Couronne et Séjourné ; le savon avec la Société Industrielle et Agricole d'Haïti (325 salariés) ; et divers...
76A l'exception d'une petite usine textile aux Gonaïves, il n'y a pratiquement pas d'implantation de ces activités en province. La bourgeoisie locale est souvent intéressée à ces affaires mais on estime que les 2/3 du capital se trouve dans des mains étrangères.
77Il est évident que des ateliers artisanaux de production complètent la gamme de ces industries (huileries, savonneries, boissons, café...) dans l'approvisionnement du marché national. Ces petites unités se fournissent exclusivement sur place et n'arrivent à survivre que par le service plus personnalisé qu'elles procurent à la clientèle.
2.- L'INDUSTRIE "LEGERE" D'EXPORTATION
78Il existe depuis longtemps un artisanat confectionnant les divers objets qui, à partir de matières premières locales, s'en vont maintenant vers l'étranger alimenter les "curios shops" des touristes des îles caraïbes et les bazars et grands magasins des pays développés (à New-York, Montréal, Paris...) : meubles, plateaux en bois, sacs à main, sandales, chapeaux, tapis (en sisal ou fibres de cocotier), colliers, bracelets (en écaille de tortue), etc... Cette activité est étroitement contrôlée par des marchands-exportateurs sans lesquels les petites unités locales de la capitale, modestement gérées, ne pourraient pas grand-chose.
79De plus en plus cette industrie se consolide avec l'apport d'entreprises de conditionnement des produits agricoles d'exportation : café (grâce à l'action de l'Institut haïtien de promotion du café et autres denrées d'exportation - IHPCADE) ; sisal (à partir de la plantation Dauphin et autres SHADA - Société haïtienne et américaine de développement agricole) ; sucre (avec la HASCO déjà citée), viande (avec la Haïtian american meat and provision company - HAMPCO) ; huiles essentielles (vétiver, citronelle, amyris), etc...
3.- L'INDUSTRIE D'ASSEMBLAGE - OU DE MONTAGE - POUR LA REEXPORTATION
80Cette catégorie constitue à l'heure actuelle le secteur le plus dynamique de l'économie.
81La tendance à vouloir organiser la production industrielle autour de la fabrication de petits objets pour 1'exportation en utilisant une main-d’œuvre à bon marché a débuté avec les années 50. Le législateur haïtien s'est employé très tôt à encourager cette branche. Citons la loi de Juillet 1952 sur la petite industrie, puis celle d'Août 1955 sur les nouvelles entreprises industrielles.
82Mais le véritable feu vert a été donné avec le décret du 13 Mars 1963 : franchise douanière à l'importation de produits semi-finis et matières premières en cas de réexportation, exonération douanière intéressant le matériel et l'équipement nécessaires à l'installation d'ateliers, exemption fiscale pendant 5 ans et régime fiscal favorable pendant 5 autres années pour les entreprises nouvelles, facilités notariales et de localisation, accès plus facile au crédit bancaire. Les négociations avec les Etats-Unis ont fait le reste.
83En effet plusieurs facteurs ont dû se conjuguer pour contribuer efficacement au développement des industries d'assemblage dont les débuts avaient été fort lents.
la motivation des investisseurs américains. Le transfert d'ateliers gros utilisateurs de main-d'oeuvre vers les pays du Tiers-monde (tel Haïti) ne pouvait guère se développer qu'à partir d'une législation douanière des Etats-Unis (assez protectionnistes) autorisant l'entrée en détaxe de la part des produits semi-finis américains ayant fait l'objet d'une exportation provisoire. Dans cet esprit, le code douanier (notamment en son article 807) fut réaménagé au cours des années 60 : les matériaux semi-finis originaires des USA, réintroduits dans le pays d'origine, ne supporteraient plus de taxes et droits à l'importation. En outre, l'Overseas private investment corporation couvrirait tous les risques (politiques) concernant les investissements américains à l'étranger ; une incitation supplémentaire à l'exportation des capitaux qui n'avaient nul besoin de ce stimulant, sinon comme promesse d'éventuelles manipulations politiques.
le faible coût de la main-d'oeuvre : en 1974 le salaire horaire moyen (souvent non respecté) charges sociales comprises, était de 0,20 dollar en Haïti (depuis, le salaire minimum légal "garanti" est passé à 1,60 dollars par jour) contre 2 au minimum aux U.S.A. Or la qualité de la main-d'oeuvre n'est pas en cause. Comme le remarque J.F. Van Houten, en particulier une main-d'oeu vre féminine abondante, adroite et docile se prête à toutes les conditions, variant le travail à l'atelier avec le travail à domicile17.
la politique favorable du gouvernement. C'était chose acquise en Haïti.
les facilités de localisation des activités. Nous avons vu les efforts faits à Port au Prince, avec les deniers publics, pour installer les industries dans les meilleures conditions. Est-ce à dire que tout le possible a été fait ? Certainement pas, car l'infrastructure laisse encore beaucoup à désirer (adductions, électricité, voies...) mais on n'est pas regardant sur la pollution et les tolérances en toutes choses sont nombreuses. En outre un certain nombre de consultants se sont installés à Port au Prince pour offrir leurs services et relations aux investisseurs potentiels : Caribbean and Consulting incorporated, Entr'Haïti, The national Laber, Carib Land...
un réseau de transports internationaux satisfaisant. De ce point de vue Porto-Rico a servi à la fois de banc d'essai et d'exemple. D'importants progrès ont été enregistrés dans les services d'avions-cargo de la Pan American Airways et de 1'American Airlines. Ainsi, à partir de l'aéroport international de Port au Prince, autour duquel s'édifie une zone nord sur mesure, les transports rapides sont bien facilités. Par ailleurs, les progrès des services de containers deviennent tout aussi évidents, la Sea Line, en particulier, se faisant fort de desservir n'importe quel port de la façade atlantique des Etats-Unis. Et la proximité d'Haïti présente encore un nouvel atout (2 à 5 jours de mer).
84C'est pourquoi, toute une série d'entreprises diverses, sur le modèle particulier qui envahit les Antilles (La Barbade, la Jamaïque, Trinidad) et beaucoup d'autres régions du monde (Hong-Kong, Taïwan...), fleurissent à Port au Prince, quelques-unes exclusivement tournées vers l'exportation, la plupart pourvoyeuses par ricochet du marché local (substitution d'importations).
85A partir des matériaux venus des Etats-Unis et du sisal local (le coeur des balles molles, softballs), Haïti vient d'être sacré premier exportateur mondial de balles de base-ball (Haïtian Manufacturing Enterprises).
86Parmi les autres entreprises importantes :
Allied Industries pour l'électronique,
Les Industries Nationales Réunies pour l'électricité et l'électronique,
Albert Chauvet pour les jouets,
Caribbean contractors pour les soutien-gorges et sous-vêtements,
Universal Industries pour la chaussure.
87Ces "raisons sociales" nous sont familières car nous avons déjà eu l'occasion de les citer en traitant en particulier de leur taille (toutes parmi les 23 entreprises de plus de 250 ouvriers 5 parmi les 6 "de pointe"), et de l'excellente localisation dans la zone nord de l'aire métropolitaine de la capitale. Précisons que ces firmes, dont le "centre" est à New-York, en Floride ou à Porto-Rico, sont le plus souvent des sous-traitantes de filiales de complexes industriels et financiers bien plus importants. Elles souhaitent la plupart du temps s'adjoindre la bourgeoisie locale en constituant des sociétés à capital mixte dans un rapport pouvant atteindre le "fifty-fifty" (les joints-ventures américano-haïtennes). En effet, le but poursuivi est avant tout une sous-traitance, un contrat de production à bas prix, souscrit entre la filiale de second rang et sa maison-mère. Dans la recherche du plus grand profit ou de la résistance à la concurrence effrénée l'intérêt national du pays "mandant" pèse d'un faible poids. Les centrales syndicales américaines du nord ont déjà pris ombrage de ces méthodes qui amplifient le chômage dans les pays industrialisés et mènent à des perturbations sérieuses dans l'appareil de production (faillite des "retardataires"...). C'est pourquoi l'existence de telles entreprises "ne tient qu'à un fil", à un contre-décret du pays d'origine ou à une réaction exacerbée du pays d'accueil... De toutes manières leurs ateliers "labour-intensive" ne constituent pas une immobilisation ruineuse pour les promoteurs et leur coût s'avère rapidement amortissable. En attendant elles font les beaux jours de la balance du commerce haïtienne (avec toutefois un léger retrait pour les années de crise 1974 et 1975). Artificiellement ou non ? "That is the question".
ANNEES | VALEUR DES EXPORTATIONS DE "PETITE INDUSTRIE" EN US $ | % PAR RAPPORT A LA VALEUR TOTALE DES EXPORTATIONS |
1955 | 915.648 | 2,62 |
1960 | 1.907.088 | 5,00 |
1965 | 2.300.803 | 6,10 |
1970 | 8.066.740 | 19,40 |
1971 | 9.431.921 | 20,40 |
1972 | 13.083.040 | 25,00 |
1973 | 37.173.120 | 43,25 |
1974 | 41.117.580 | 40,60 |
1975 | 38.115.860 | 33,20 |
88C'est pourquoi Haïti, fort de ce succès, s'ouvre très largement à cette forme d'industrie. Déjà, dès 1972, suivait les données de Jan Van Houten, le pays occupait une place de choix parmi ses voisins caraïbes tant pour la valeur totale des produits d'assemblage exportés que pour leur incidence dans les exportations totales. Ce dernier chiffre plus significatif puisqu'il tient compte de la relativité des choses, place Haïti en tête de la région.
PAYS | EXPORTATION DES PRODUITS ASSEMBLES (EN MILLIONS DE U.S. $) | % DES EXPORTATIONS TOTALES |
JAMAÏQUE | 15 | 3 |
HAITI | 12 | 25 |
LA BARBADE | 4 | 14 |
TRINITE-TOBAGO | 4 | " |
R. DOMINICAINE | 1 | " |
89Compte tenu des efforts réalisés, depuis, par le gouvernement haïtien pour assurer encore une meilleure implantation de toutes les formes d'industries susceptibles de s'installer dans le pays (rappelons les investissements de l'IDAI dans la zone nord de Port au Prince), compte tenu également de la "masse de manœuvre" dont disposent les entrepreneurs locaux (certains experts pessimistes évaluent le montant des chômeurs, disons des "sous-employés", à la moitié de la population active), il est probable que les résultats affichés ci-dessus, n'ont pas subi de modifications de tendance susceptibles d'infirmer l'ordre de classement.
QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR CES INDUSTRIES NOUVELLES : UNE « POLITIQUE DE REQUINS »
90A première vue on pourrait se réjouir pour Haïti de ce succès relatif dans le démarrage d'une industrie nationale. En effet, l'ensemble des activités réunies à Port au Prince devrait sécréter ces économies externes sans lesquelles les implantations nouvelles s'avèrent difficiles et qui huilent si bien les rouages des activités en place. En outre, à défaut de pouvoir dégager une épargne locale par suite du degré de pauvreté du pays, l'apport de capitaux étrangers devrait créer "ex-ante" un marché actif par le jeu de l'investissement et arriver à l'entretenir par la suite grâce aux débouchés dont il est le gage. Ces débouchés extérieurs procurent les précieuses devises dont le pays a besoin pour son équipement. La création de richesses nouvelles amène "ex-post" à l'élévation du pouvoir d'achat global par la distribution de revenus et de salaires, produit de leur vente. Enfin, il y a là un marché pour quelques produits de base nationaux de surcroît transformés sur place.
91Que penser de ces déductions un peu rapides ? Sans être aussi sévère que la délégation haïtienne près du tribunal B. Russell, il est exact qu'une analyse plus approfondie n'aboutit pas aux mêmes conclusions18. Toutefois, ce rapport néglige, à son tour, des effets bénéfiques : prise de conscience en faveur d'un autre mode de vie (même s'il s'avère encore fort difficile) et " nouvelles raisons d'espérer (jusqu'à présent pour beaucoup de haïtiens la seule solution pour s'employer consistait à émigrer avec tout le cortège des problèmes pécuniaires et surtout affectifs que cela pose). A ces aspects psychologiques s'ajoute l'effort d'équipement que doit souscrire la nation pour devenir un pays d'accueil en améliorant son infrastructure et son "capital humain" (alphabétisation, santé). Enfin, c'est bien connu, l'industrie appelle l'industrie. En bref, le système pourrait bien secouer routine et léthargie. Ceci dit, il n'est pas très agréable pour une population d'avoir été choisie par suite des possibilités de manœuvres financières qu'elle représente. Les bas salaires et l'abus de "l'apprentissage" (l'art de faire travailler les postulants pour rien pendant quelques mois) autorisent à parler d'exploitation ouvrière.
92De même les raisons d'espérer peuvent tourner au désespoir pour ces paysans désœuvrés qui ont cru leur intégration possible dans un autre métier et qui, en fait, ne font que grossir la masse des sans-travail des faubourgs de la capitale. Quant à l'effort national souscrit pour attirer les investisseurs étrangers, il peut être, dans ce cas précis, synonyme de "marché de dupes". En effet, les entreprises de montage n'apportent rien - dans cette première phase - au budget de l'état (exemptions et exonérations) mais l'obligent à s'endetter pour les acueillir. Dès lors, la balance des paiements arrive-t-elle à y trouver son compte ? Il est exact que le dynamisme des ventes à l'étranger (USA) gonfle le portefeuille devises du pays. Mais par contre, il y a le poids des importations de semi-finis et le recours à l'extérieur pour l'équipement des entreprises. Il reste tout de même une valeur ajoutée brute qui se décompose en vente (exportations) de produits de base locaux, en salaires et en bénéfices. Mais par définition, sauf auto-investissement, les bénéfices sont rapatriés vers le "centre"... A la "périphérie", il reste donc un débouché pour des produits de base (pas forcément meilleur qu'en prenant d'autres voies de commercialisation) et un pouvoir d'achat global accru dont il n'est pas dit qu'il échappe à certaines "déviations" (voir plus loin). C'est peu...
93Enfin, l'Etat n’a même pas la ressource de maîtriser le développement anarchique de ces industries et de les canaliser vers des domaines d'intérêt plus national. Implantées sous forme d'ateliers "labour-intensive", la faiblesse relative de leurs investissements mais la force de leur "bargaining power" et de leur réseau de relations extérieures, les rendent invulnérables aux manifestations de l'autorité du pays. Elles ont d'ailleurs choisi leur localisation beaucoup plus en fonction des facilités qui leur étaient offertes que de la problématique du "marketing" ou de "l'allocation de ressources", en bref de la rationnalité économique ("the politics of squalor" titre R.R. Rotberg dans un ouvrage édité en 1971 par le Tweenthieth Century Fund, de Boston).
L’IMPACT NATIONAL DE L’INDUSTRIE HAÏTIENNE ? UNE CONCLUSION « EN FORME DE DÉPENDANCE »
94La voie suivie par Haïti dans le domaine industriel ne paraît pas aller vers la création de ces pôles de développement susceptibles d'entraîner derrière eux toute l'économie du pays.
95L'industrie extractive - pour mémoire - présente tous les signes du "pillage" malgré son rôle de pourvoyeur en devises du budget de l'Etat. Elle hypothèque l'avenir qui, dans un contexte différent, pourrait voir la mise en place "d'industries industrialisantes" (sinon en amont, pour des considérations technologiques, du moins en aval) à l'image de l'histoire économique progressive des pays industrialisés.
96Par ailleurs, les privilèges accordés aux industries d'assemblage ne semblent pas tellement justifiés compte tenu de l'effort public qu'elles réclament (investissement et dette) et des forces privées qu'elles mobilisent (au nom du sous-emploi). Leur apport en devises est discutable et leur distribution de pouvoir d'achat par trop modeste. Dans un cadre "auto-centré" mieux vaudrait stimuler l'industrie "légère" d'exportation qui a l'avantage de ne pas faire figure d'enclave et donc de puiser plus largement dans les autres secteurs de l'activité économique.
97Certes les contraintes d'approvisionnement (équipement, énergie...) ne laissent guère de choix et Haïti - moins que quiconque - ne peut prétendre vivre en économie fermée. Mais l'ouverture au monde peut se faire par des voies plus "développantes".
98Quant à l'industrie tournée vers l'approvisionnement du marché intérieur, seule elle peut avoir le maximum d'impact sur l'économie nationale puisqu'elle rentre dans un circuit intérieur s’auto-entretenant dans un mouvement cumulatif où les marchandises et les services s'échangent contre des marchandises et des services. Cependant cette construction a-t-elle des chances de tenir dans un contexte vicié à la base par la dépendance culturelle qui, en encourageant l'effet d'imitation, crée les distorsions que l'on connaît sur tous les marchés (agricoles et industriels) ?
99Par ailleurs avec P. Dockes et l'internationale du capital, avec Samir Amin et l'accumulation à l'échelle mondiale, avec A.G. Frank (op.cit), on peut remarquer que "le financement capitaliste... après être passé du financement des exportations au financement des investissements puis au financement des monopoles... permet l'absorption des économies nationales d'Amérique latine dans l'empire des grandes sociétés". Comment Haïti, dans le contexte politico-économique actuel, pourrai-il y échapper quelle que soit la forme d'industrialisation privilégiée ? Tout pour ce pays et dans cette région du monde, est avant tout affaire de "dépendance".
Notes de bas de page
1 Pour plus de précisions voir, par l'auteur : Le Quart-monde américain : Haïti, Recherches latinoaméricaines. IHEAL, 1977.
2 Aucun pays latinoaméricain n'échappe à l'emprise du "centre" sur la "périphérie". Cette prise de conscience collective s'est traduite, il y a deux ans, par l'institution du "Système économique latinoaméricain". Voir, par l'auteur : "Le S.E.L.A., un essai de grise en main des rouages d'une économie marginale, périphérique et dominée, in Cahiers des Amériques Latines, n 13/14, 1976.
3 J.F. GRAVIER, L'aménagement du territoire et l'avenir des régions françaises, Flammarion, 1964.
4 World Bank - Atlas 1975.
5 Institut Haïtien de Statistique (I.H.S.) - Guide économique de la République d'Haïti 1973 - Résultats du recensement général de la population de Septembre 1971.
6 Taux de croissance calculés à partir de l'expression d'une progression géométrique : Pt= Po (1+r), transformée par intervention des logarithmes décimaux en une progression arithmétique : log Pt = log Po + t. log (1+r) ; Po étant la population initiale, Pt la population à l'instant t, t le nombre d'années écoulées entre les deux chiffres de population et r le taux de croissance.
7 Banco Interamericano de desarrollo (B.I.D) - Progreso económico y social en América Latina - Informe anual 1975 - apendice estadístico, p. 421 et suivantes (édit. 1976).
8 B.I.D. Sinopsis estadística de America Latina, 1975 (édit. 1976).
9 P. BAIROCH : Révolution industrielle et sous-développement, SEDES, 1963 (2ème édit., 1964). Le tiers-monde dans l'impasse,-Gallimard, 1971.
10 BID : Progreso... 1975, op. cit.
11 Peu de publications en langue française sur le M.C.C.A. et la CARICOM - Cf. V.A. MALDONADO, Le marché commun latinoaméricain (ALALC), I.H.E.A.L., 1967 ; et H. BOURGUINAT, Les marchés communs des pays en voie de développement. Librairie Droz, Genève, 1968 - Voir également les travaux de l'auteur : "Le MCCA et le commerce de développement, Cahiers des Amériques Latines, no 2, 1969.- "La genèse et l'évolution du MCCA ", La Documentation Française, 1971.-La crise du MCCA, Publications de IHEAL, 1973.-Genèse et évolution de l'intégration dans les Caraïbes (CARIFTA) 1972.-La communauté des Caraïbes, Publications de l'IHEAL, 1974.- La planification industrielle dans les pays du Pacte Andin, Traduction, Lima, 1975.
12 W.J. REILLY, The law of retail gravitation, New-York, 1931.
A. PIATIER, L'attraction commerciale des villes : une nouvelle méthode de mesure, Revue juridique au Sud-Ouest, 1965, et travaux du CETEM Laboratoire de l'EHESS/CNRS. M. ROBINE, Note sur l'estimation statistique des paramètres de la loi de Reilly, I.E.A., Bordeaux, 1963, - La loi de Reilly est-elle un mythe ? I.E.R. du Sud-Ouest, 1964. P.D. CONVERSE, The elemente of marketing, Prentice Hall, New-York, 1938.
13 J.Q. STEWART : "Empirical mathematical rules concerning the distribution and equilibrium of population", The Geographical Review, 1947.
14 G.K. ZIPF : Human behavior and the principle of least effort - Cambridge, Massachusetts, 1949.
Avant lui, H.W. SINGER, "Population : a parallel to Pareto's law ", Economic Journal, 1936,-et R. GIBART, Les inégalités économiques, Sirey 1938 - avaient formulé une équation analogue.
15 Enquête Nations-Unies publiée par le Conseil National de Développement et de Planification (CONADEP) sous le timbre : projet N.U./HAI/SD-0970 : Les industries à Port au Prince et dans sa zone métropolitaine, 1973.
. OFATMA : Office d'assurance accidents du travail, maladie et maternité. Etant donné les carences administratives (rapport OEA, 1968-70), les exemptions légales et un certain laxisme dans l'application des lois sociales, les chiffres des cotisations à 1'OFATMA sont loin de figurer la réalité haïtienne.
16 Christian GIRAULT, "Nouvelles données sur l'économie d'Haïti", Problèmes d'Amérique Latine, Mai 1975.
17 J.F. VAN HOUTEN, "Industries de montage aux Antilles, in Finances et développement, F.M.I. et B.M., 10/2, Juin 1973.
18 Cf. le pillage d'Haïti par les firmes multinationales américaines - Rapport de la "délégation haïtienne au Tribunal B.Russell".- Session de Bruxelles - Janvier 1975.- Il va de soi qu'il s'agissait d'une délégation privée (animée en particulier par le Comité exécutif de l'Union intersyndicale d'Haïti - en exil).
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