Une intensification des relations avec les pays du Marché commun d’Amérique du Sud (Mercosur)
p. 171-186
Texte intégral
1Le Mercosur a été fondé par le traité d’Asunción signé en mars 1991 entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Le Venezuela est devenu membre effectif en 2012. Les États associés sont des pays membres de l’Aladi avec lesquels le Mercosur a souscrit des accords de libre commerce : le Chili (1996), le Pérou (2003), la Colombie et l’Équateur (2004), le Guyana et le Surinam (2013). Le Mercosur est un projet à la fois économique et politique. L’aire d’intégration est dotée d’institutions principalement chargées d’organiser le marché commun et de représenter ou protéger les droits des citoyens. Ses instances sont le Conseil du Marché commun, l’organe supérieur du Mercosur qui conduit politiquement le processus d’intégration, le Groupe du Marché commun qui veille au bon fonctionnement interne et au respect des normes établies, et la Commission de commerce chargée de l’administration générale de la politique commerciale. Plusieurs organismes à caractère permanent sont implantés dans diverses villes des pays membres : le haut représentant général du Mercosur, le Fonds pour la convergence structurelle, l’Institut de politiques publiques en droits humains, l’institut social du Mercosur, le parlement du Mercosur (Parlasur), le secrétariat du Mercosur, le Tribunal permanent de révision et l’Unité de soutien à la participation sociale.
2En 1996, la Bolivie est le premier pays de la Communauté andine des nations à s’associer au Mercosur. Établie par un Accord de libre commerce spécifique (ACE no 36), l’association paraît hâtive alors que les deux blocs d’intégration régionale se sont engagés quelques mois auparavant dans un long cycle de négociations censé favoriser une plus grande cohérence des politiques économiques en Amérique du Sud. Celles-ci aboutissent, en 2003, à un Accord de complémentarité économique (ACE no 59) entre le Mercosur et trois pays de la CAN que sont la Colombie, l’Équateur et le Venezuela. Ayant déjà établi de manière séparée et préalable des accords de libre commerce avec le Mercosur, le Pérou et la Bolivie ont opté pour établir des négociations séparées1.
3L’élection d’Evo Morales en décembre 2005 vient renforcer les relations de proximité entre la Bolivie et le Mercosur. Avant même d’accéder au pouvoir, l’homme et son mouvement politique reçoivent le soutien officiel des gouvernements argentin et brésilien qui ont obtenu toutes les garanties en termes de continuité des politiques gazières et le positionnement régional du futur gouvernement bolivien2. En janvier 2006, le jour même de la prise de fonction présidentielle d’Evo Morales, le Mercosur annonce son intention d’inviter officiellement la Bolivie à devenir l’un de ses membres permanents3. Cette initiative est principalement impulsée par le Brésil, qui déclare vouloir sécuriser ses frontières contre le narcotrafic et soutenir l’économie bolivienne4.
4La Bolivie s’engage rapidement dans l’étude des possibilités d’adhésion au Mercosur. Tout en préparant sa candidature technique, La Paz redouble d’efforts pour concrétiser l’offre. En juillet 2006, les chefs d’État de la zone sont invités à l’inauguration de l’Assemblée constituante, et la présence de certains d’entre eux constitue un geste fort et symbolique. Quelques jours plus tard, lors du 30e sommet du Mercosur, la Bolivie fait preuve d’un activisme diplomatique remarqué en ouvrant un dialogue avec le Chili et en prolongeant de manière intensive les discussions avec les principaux responsables du bloc régional. En décembre 2006, la Bolivie présente une demande formelle pour devenir membre à part entière du Mercosur. Mais contrairement au Venezuela qui avait renoncé à la CAN pour y parvenir, elle n’engage aucune procédure de retrait du pacte andin, ce qui rend impossible la démarche d’un point de vue juridique. Le rejet de la demande marque un coup d’arrêt de plusieurs années.
Vers une adhésion pleine de la Bolivie ?
5Après avoir vainement tenté de redynamiser la CAN avec ses partenaires, le gouvernement d’Evo Morales relance une procédure d’intégration au Mercosur à la fin de l’année 2012. Les raisons avancées sont à la fois idéologiques et commerciales. Morales accuse les gouvernements péruvien et colombien d’avoir contribué à l’affaiblissement de la CAN en signant des traités de libre commerce avec les États-Unis, une initiative qu’aucun pays du Mercosur n’a entrepris à ce jour et qui a accéléré la sortie du Venezuela du pacte andin. Engagée dans un contentieux historique avec le Chili pour accéder au Pacifique (cf. infra), la Bolivie pâtit des tensions au sein de la CAN qui réduisent plus encore les possibilités d’exportation par le Pacifique. À l’inverse, le Mercosur qui recherche son adhésion lui offrirait une plus grande cohésion et des ports d’exportation.
6Le 7 décembre 2012, la Bolivie signe le protocole d’adhésion pleine au Mercosur. Malgré tout ce qui a été mentionné précédemment, l’initiative surprend par son caractère non concerté avec le grand patronat national. La Chambre nationale des exportateurs de Bolivie (Caneb) et l’Institut bolivien du commerce extérieur (IBCE) acceptent la décision du gouvernement d’Evo Morales non sans demander des garanties quant aux avantages comparatifs d’un tel engagement qui suppose d’abandonner les marchés de la CAN, pour certains fructueux, et dans le même temps d’en conquérir d’autres au sein du Mercosur marqué par le protectionnisme de certaines filières. Ce changement de perspective remet par exemple en question la stratégie économique établie depuis plusieurs décennies de toute la filière du soja qui occupe le troisième rang des exportations boliviennes après le gaz et les minerais. Bénéficiant de préférences douanières concurrentielles et d’une demande croissante, cette filière s’est historiquement orientée vers les pays de la CAN, en particulier la Colombie, le Pérou et le Venezuela. Pour les producteurs boliviens, abandonner ces marchés représente un risque certain même si la concurrence est plus intense depuis la signature de traités de libre commerce du Pérou et de la Colombie avec les États-Unis. D’autre part, se tourner vers un Mercosur composé des principaux pays producteurs de soja comme le Brésil, l’Argentine et le Paraguay leur semble peu viable et tout aussi risqué alors que le gouvernement de Morales les incite à créer leur niche en proposant du soja conventionnel ou biologique (et non transgénique). Par ailleurs, l’adhésion au Mercosur suscite des interrogations, voire des doutes quant à la possibilité de prolonger les négociations et d’établir des accords avec d’autres aires régionales comme l’Union européenne et les pays asiatiques, ce qu’avait permis d’amorcer la CAN malgré tous ses dysfonctionnements et ses conflits internes.
7Le protocole d’adhésion de la Bolivie au Mercosur est finalement signé par la totalité des États membres en 2015, ce qui représente une victoire pour le gouvernement d’Evo Morales. Celle-ci ne sera véritablement effective que lorsque le congrès de chacun des États membres aura ratifié cette adhésion. Par ailleurs, la Bolivie ne compte pas encore quitter la CAN et la question juridique de son adhésion au Mercosur reste donc encore en suspens. En résumé, que ce soit dans l’un ou l’autre de ces blocs régionaux, l’adhésion de la Bolivie au Mercosur qui se profile pourrait être à l’origine de décisions diplomatiques, politiques et géopolitiques significatives au cours des prochaines années.
Le gaz au centre des échanges commerciaux
8Au-delà de ces aspects institutionnels, la Bolivie a déjà entrepris son basculement commercial vers le Mercosur, et ce, depuis 2003. Ainsi, comme le souligne le spécialiste de la géopolitique bolivienne Alfredo Seoane, la réorientation de l’économie bolivienne ne relève pas de la seule initiative du gouvernement d’Evo Morales5. Depuis près d’une décennie, les échanges avec le Mercosur se sont grandement intensifiés. En 2012, les exportations boliviennes à destination de cette aire sont environ cinq fois plus importantes que celles réalisées vers la CAN tant en termes de volume (44 % et 8,5 %)6 que de valeur (environ 4 millions et 800 000,00 euros). La balance commerciale de la Bolivie affiche un solde largement positif (3 milliards d’euros d’exportations et 1,4 milliard d’euros d’importations). La quasi-totalité des exportations vers le Mercosur correspond à la vente de gaz au Brésil et à l’Argentine.
9Ces exportations ne sont pas récentes, mais datent des années 1930, depuis la signature de premiers accords pétroliers prévoyant non seulement le négoce de pétrole et de gaz, mais également le développement d’une infrastructure propice à ce commerce7. Ainsi le Brésil comme l’Argentine ont, depuis le début, pleinement participé au développement de l’industrie pétrolière et gazière en Bolivie. Au cours des années 1990, de nouveaux accords sont signés pour répondre au boom de la demande au Brésil comme en Argentine où le gaz devient l’une des énergies les plus utilisées8 et implique la construction de nouveaux réseaux de gazoduc.
10Plus de 80 % de la production de gaz bolivien est exporté vers ces deux pays. Le géant lusophone devient le principal pays importateur de gaz bolivien. 40 % du gaz consommé par le Brésil vient de Bolivie. Le contrat de vente a été signé en 1996 et il prend fin en 2019. Il prévoyait initialement l’envoi de 16 millions de mètres cubes journaliers de gaz naturel, mais il a rapidement doublé pour atteindre un maximum de 30,08 millions de mètres cubes définis par la capacité du pipeline Gasbol9 reliant la Bolivie au Brésil, auxquels s’ajoute 1,5 million de mètres cubes journaliers de « gaz combustible ». D’un point de vue technique, le débit ne peut être augmenté à moins de réaliser des travaux sur le gazoduc. L’Argentine, qui a été premier producteur de gaz de la région dans les années 1980, doit, quant à elle, faire face à la diminution de ses réserves et à l’augmentation de ses besoins. Elle importe ainsi de manière croissante du gaz en provenance de Bolivie pour alimenter certaines de ses provinces en énergie et pour continuer d’honorer ses engagements commerciaux envers le Chili en termes de fourniture en gaz. Le dernier grand contrat de fourniture liant la Bolivie à l’Argentine a été signé en 2006 entre YPFB et Énergie Argentine S.A. (Enarsa) pour une durée de vingt et un ans à partir du 1er janvier 2007, soit jusqu’en 2026, pour un envoi journalier de 7,7 millions de mètres cubes. Ce chiffre devrait cependant atteindre 23,5 millions de mètres cubes d’ici la fin du contrat à la suite des travaux sur le gazoduc10. Un accord est également en pourparlers pour la vente du gaz à l’Uruguay. Celui-ci pourrait comprendre l’accès de la Bolivie au port en eaux profondes de Montevideo pour permettre au pays d’exporter vers la façade atlantique.
11En 2006, la « nationalisation des hydrocarbures » décrétée par Evo Morales a suscité des incertitudes avec ses deux uniques clients, en particulier avec le Brésil. La reprise du contrôle du secteur par l’État, l’occupation militaire de certains sites de production régis par Petrobras — omniprésente dans le secteur pétrolier en Bolivie —, le rachat de deux de ses raffineries11 et la renégociation obligatoire des prix du gaz, constituent autant de mesures qui ont démultiplié les tensions entre les deux pays, vite apaisées après quelques tractations. Le Brésil reste le principal acheteur de gaz bolivien, et aussi le principal investisseur externe dans le projet d’industrialisation du gaz en Bolivie.
12L’Argentine comme le Brésil soutiennent la production bolivienne en acceptant des tarifs largement supérieurs au prix du marché international. En février 2014, ce tarif dit « préférentiel » conclu dans le cadre d’accords bilatéraux établissait à 9,40 euros le mille de BTU (British Thermal Unit) pour la première et 7,90 euros pour le second alors que le prix moyen mondial était, par exemple, de 3,90 euros l’unité au début de l’année 2015. Le prix de vente du gaz est calculé trimestriellement, respectivement avec Petrobras et Anarse. En 2014, le montant de la vente du gaz à ces deux pays atteint 5 541,4 millions d’euros, alors qu’il était de 5 657 millions d’euros en 2013, ce qui représente une diminution de 2,1 %. Selon l’Institut national des statistiques, la valeur des exportations d’hydrocarbures baisse depuis cette date, en raison principalement de la chute du cours du pétrole. Si la situation perdure, la baisse pourrait mettre la Bolivie dans une situation délicate, même si les tarifs établis avec ses principaux partenaires peuvent lui permettre d’atténuer les effets à court et à moyen terme. La Bolivie a signé des contrats avec des entreprises privées brésiliennes afin de ne pas dépendre uniquement de Petrobras et d’augmenter ses ventes.
13Le renouvellement des contrats, avec des clauses si favorables à la Bolivie, pourrait être compromis du fait des changements politiques récents en Argentine et au Brésil, mais aussi de la découverte d’importantes réserves d’énergie par les deux principaux pays clients. Avec les gisements de Vaca Muerta (province sud du pays) découverts en 2011, l’Argentine devient la troisième réserve mondiale de gaz de schiste, selon de Département des énergies des États-Unis, avec 10 % des réserves mondiales de pétrole non conventionnel (4e rang mondial) et 32 % des réserves mondiales de gaz non conventionnel (2e rang mondial). L’objectif affiché est ainsi pour l’État argentin de retrouver son indépendance énergétique en 2020, alors que celle-ci avait été perdue en 2010. Cependant, la technique du fracking, au-delà des nombreuses controverses environnementales qu’elle occasionne, nécessite de lourds investissements économiques. La chute du cours du pétrole obscurcit par ailleurs le futur de Vaca Muerta, qui ne serait économiquement viable, selon les responsables argentins de l’énergie, qu’avec un baril vendu à 80 dollars. Or le prix de ce dernier est de 55 dollars à la fin 2014. De son côté, le Brésil a découvert en 2007 d’importantes quantités d’hydrocarbures offshore (gaz et pétrole), à plus de 3 000 mètres de profondeur, sous une couche de sel au fond de l’océan Atlantique. Dans son plan stratégique 2014-2018, Petrobras a ainsi prévu de consacrer 60 % de son budget à l’exploration et à l’exploitation de ces réserves. De récents scandales de corruption au sein de Petrobras, la chute du prix du pétrole qui rend l’exploitation offshore moins rentable ainsi que les premières conséquences environnementales de cette exploitation, assombrissent cependant les perspectives brésiliennes.
14Pour plusieurs spécialistes, la Bolivie dispose d’un laps de temps suffisant pour accélérer ses phases d’industrialisation et d’exploration, mais aussi pour trouver d’autres marchés d’exportation d’ici la renégociation de ses contrats avec l’Argentine et le Brésil. De plus, l’exploitation du gaz brésilien devrait principalement être destinée à booster la production du pétrole, ce qui permettra à la Bolivie de maintenir au moins une partie de son marché, d’autant que les réserves d’hydrocarbures brésiliennes sont éloignées des zones les plus proches de la frontière bolivienne. Toutefois, l’exploration ne s’avère pas moins fondamentale pour le gouvernement bolivien qui cherche à diversifier son marché d’exportations gazières.
15Depuis peu, des discussions sont ouvertes avec le Paraguay et l’Uruguay. Cela a eu pour effet de relancer l’Urupabol, une alliance stratégique tripartite créée en 1963 pour faire valoir les intérêts communs de ces trois pays cernés par les puissances argentine et brésilienne12. L’effervescence actuelle des projets d’intégration redonne une nouvelle jeunesse à cette alliance, abandonnée depuis plusieurs années. L’Urupabol se réorganise autour d’un projet phare : un gazoduc multinational qui partirait de Bolivie pour rejoindre un port uruguayen via le Paraguay. Pour la Bolivie, ce gazoduc est l’occasion d’étoffer sa clientèle et d’accéder plus facilement à l’Atlantique pour exporter ses productions et ressources naturelles. Pour le Paraguay et l’Uruguay, il représente la garantie de bénéficier d’une énergie à bon prix pour leurs centrales thermoélectriques. Toutefois, ce projet est encore loin de se concrétiser en raison de son coût élevé évalué à 1,5 milliard d’euros, de l’existence d’un projet concurrent plus avancé d’interconnexion entre le réseau de gazoducs bolivien et argentin, et des relations diplomatiques instables avec le Paraguay. Le projet gazier de l’Urupabol s’inscrit dans une volonté d’étendre le nouveau marché de gaz de pétrole liquéfié (GPL) ouvert entre les partenaires de cette alliance. En 2014, le volume des exportations de GPL bolivien atteint 37 265,15 tonnes métriques, destinées principalement au Paraguay (92,8 %) depuis 2013, au Pérou (5,6 %) et à l’Uruguay (1,6 %) depuis 201413. En 2017, 99 % des exportations de GLP sont à destination du Paraguay (56 %) et du Pérou (43 %).
16Malgré la prépondérance de la vente de gaz dans ses relations commerciales avec les pays du Mercosur, la Bolivie tente par ailleurs de diversifier ses exportations vers cette région et d’intensifier les accords bilatéraux. En 2007, elle obtient du Brésil un prêt de 26 millions d’euros destiné à favoriser la mécanisation du monde agricole bolivien14 et des pourparlers sont en cours quant à l’ouverture du marché brésilien aux produits dérivés du soja bolivien15. En ce qui concerne la production textile, le Brésil a, comme le Venezuela, ouvert son marché de manière contrôlée à la production bolivienne afin de minimiser les effets de la réduction drastique des ventes vers les États-Unis après le non-renouvellement, en 2009, d’accords commerciaux liés à la loi de préférences commerciales avec les pays andins et d’éradication de la drogue (ATPDEA). Cet accord n’a cependant pas survécu à la baisse de 80 % de la production textile bolivienne, entre 2010 et 2017, du fait de la concurrence de la contrebande et du marché asiatique. Par ailleurs, la Bolivie et l’Argentine ont signé en août 2013 un accord-cadre de coopération technique dans les domaines de l’élevage des camélidés et de la production laitière. L’Argentine a entrouvert son marché aux bananes et ananas boliviens et peut, en contrepartie, exporter plus facilement des fleurs vers la Bolivie. Hors des discussions autour des projets énergétiques et infrastructurels, les relations commerciales avec le Paraguay et l’Uruguay restent modestes.
17L’importance croissante des entreprises brésiliennes dans l’économie bolivienne suscite quelques interrogations quant à la dépendance de la Bolivie à l’égard de son puissant voisin. C’est ainsi que des projets brésiliens de construction de barrages et de zones franches à la frontière et l’obtention de marchés dans la construction de routes par des entreprises brésiliennes ont fait l’objet de polémiques en Bolivie, en particulier autour des conséquences environnementales ou économiques de leur intervention. Le conflit dit du Tipnis (Territoire indigène et parc national Isiboro-Securé), dont l’origine est un projet de route financé par le Brésil devant traverser le territoire autochtone en question, a amorcé un vaste mouvement de contestation et mécontentement populaire à l’égard de la politique gouvernementale, avec de fortes répercussions sur la vie politique nationale16.
Vers une coopération renforcée du contrôle des frontières
18Le contrôle des frontières occupe une place importante dans les actions de coopération régionale de la Bolivie et s’inscrit pleinement dans le cadre des politiques du Mercosur. En octobre 2012 et à la veille d’un sommet du Mercosur, La Paz demande l’établissement d’un agenda trilatéral avec le Pérou et le Brésil contre le trafic de drogue. Celle-ci est motivée par le succès d’une opération d’envergure réalisée en octobre 2012 par l’action coordonnée et simultanée de 7 500 soldats des trois pays. Le plan Ágata VI a en effet permis la saisie de 3,7 tonnes de cocaïne, de 200 embarcations clandestines, de 67 automobiles et des marchandises d’une valeur de 800 000,00 euros. L’initiative se concrétise par la signature en février 2013 d’un accord de principe qui prévoit le renforcement des contrôles aux frontières communes à ces trois pays et la constitution d’un fonds commun pour des actions coordonnées.
19La Bolivie est également engagée dans des accords de coopération bilatérale avec le Brésil et le Paraguay pour lutter contre toute forme de trafic illégal. Ceux-ci sont signés en 2010 alors que les pays du Mercosur annoncent le renforcement de leur système de lutte contre le crime organisé et le trafic de drogue et d’armes17. En décembre 2012, la Bolivie assume un geste fort en ratifiant le « Protocole additionnel à la convention d’assistance réciproque pour la répression du trafic illicite de drogues qui produisent une dépendance » souscrit avec le Brésil en 1977 et signé en 1988. Ce texte est traduit en loi (loi 325 du 26 décembre 2012). Dans la foulée, Brasilia s’engage à livrer du matériel au service bolivien de lutte antidrogue, dont quatre hélicoptères HN1, et installe des radars aériens sur la frontière. Ces mesures sont prises à la suite de la publication d’un rapport alarmant du ministère de la Justice brésilien dont une partie du contenu est dévoilée par la presse bolivienne et qui révèle la présence de la plus grande organisation criminelle brésilienne, le Premier commando de la capitale (PCC), dans 22 des 26 États fédérés du pays, mais aussi en Bolivie et au Paraguay. Dans les faits, les Forces spéciales de lutte contre le narcotrafic (FELCN) ont arrêté depuis 2010 plusieurs membres du groupe de narcotrafiquants appelé « clan Dorado » œuvrant en Bolivie pour le PCC et ont multiplié les opérations de démantèlement et de destruction de laboratoires clandestins. Les deux pays poursuivent depuis leurs efforts pour mieux sécuriser et contrôler les frontières. Cette demande est présentée par Brasilia en novembre 2013 après la publication tant attendue par la communauté internationale de l’Étude intégrale sur la feuille de coca en Bolivie financée en grande partie par l’Union européenne et commandée par celle-ci depuis plusieurs années, qui juge élevé le chiffre avancé de 57,7 tonnes de coca légale vendue à ses frontières et qui estime qu’une grande partie de celle-ci est destinée à la fabrication de cocaïne sur son territoire.
20La coopération avec le Paraguay est plus aléatoire, car marquée par des relations diplomatiques fluctuantes au cours des dernières années (cf. infra). En 2010, un accord de coopération bilatérale est signé entre les deux pays pour lutter contre la contrebande, le narcotrafic et le trafic d’armes, lequel donne naissance par la suite à la création d’un comité de frontière entre la Bolivie et le Paraguay jusqu’alors inexistant. Ce mécanisme de coordination existait déjà entre la Bolivie et tous ses autres voisins. Créé à l’initiative des États, il se compose d’instances gouvernementales, civiles, politiques et économiques chargées de discuter des problèmes frontaliers. Pour peu qu’elles soient de grande envergure et quel que soit le côté de la frontière où elles se déroulent, les opérations de contrôle frontalier génèrent toujours une crainte de mobilisation de troupes. Malgré le manque de confiance mutuel, la lutte contre le narcotrafic obtient quelques résultats de chaque côté de la frontière. En octobre 2013, l’opération « Vitriol » menée par le Secrétariat national antidrogue (Senad) du Paraguay démantèle un réseau de narcotrafiquants frontaliers. En Bolivie, les FELCN ont saisi plusieurs millions de dollars américains lancés par des petits avions de tourisme.
21La coopération sécuritaire avec l’Argentine s’avère tout aussi peu efficace, mais ne génère pas autant de tensions diplomatiques et la question du narcotrafic ne semble pas aussi problématique qu’aux frontières avec le Brésil et le Paraguay. Les comités de frontières entre la Bolivie et l’Argentine existent depuis 1996 et tentent tant bien que mal de résoudre les problèmes qui ne manquent pas, en particulier dans la région de Yacuiba où les activités de contrebande (farine, combustible, boissons) paraissent très développées et les relations entre commerçants et douaniers tendues. Cette zone est également réputée pour abriter de vastes réseaux de trafic humain qui organisent une grande partie de la migration clandestine (et forcée) de Boliviens en Argentine. En septembre 2012, les deux pays signent un mémorandum d’entente pour faciliter le transfert de délinquants et pour sensibiliser la population à la question de la traite de personnes et du trafic d’organes. Excepté cette mesure, peu de dispositifs sont véritablement mis en place pour mieux contrôler les frontières entre les deux pays. Ce n’est qu’en septembre 2013, lors de la cinquième réunion de la commission mixte argentino-bolivienne, que les thèmes du trafic de drogue et du contrôle frontalier ont été explicitement évoqués et discutés. Les représentants des deux pays se sont engagés à entamer une réflexion commune sur les modalités d’une coopération bilatérale dans les domaines de la formation du personnel frontalier et d’échanges d’informations et de technologies. Effet du grand nombre de Boliviens résidant en Argentine, la question migratoire est toujours sujette à une vigilance extrême du gouvernement d’Evo Morales qui se fait un honneur de défendre les droits des Boliviens à l’étranger. En février 2017, le projet de loi migratoire du président argentin Mauricio Macri, visant à accentuer le contrôle des flux migratoires, a soulevé une vive inquiétude du gouvernement bolivien, rapidement rassuré par la diplomatie argentine.
Une diplomatie constructive marquée par quelques aléas
22De manière générale, la Bolivie entretient de bonnes relations diplomatiques avec l’ensemble des pays du Mercosur depuis l’arrivée d’Evo Morales au pouvoir en 2006, en particulier avec l’Argentine et l’Uruguay. Avec la première, ces relations s’établissent principalement autour d’une coopération technique dite « sud-sud » et « triangulaire » (incluant dans ce cas le Chili) qui lie les deux pays depuis plus de deux décennies au cours desquelles plus de 300 projets de développement ont été réalisés. En 2011, une commission technique est créée pour faciliter la coopération entre les deux pays. Pour la période 2011-2013, 25 projets sont planifiés dans les domaines de la santé, de l’énergie, du développement agricole, de l’environnement, de la gestion de l’eau, des droits humains, de l’administration générale et de la culture. 66 % des projets de coopération technique réalisés en Bolivie sont mis en œuvre avec l’Argentine, ce qui place cette dernière en tête des pays menant la coopération sud-sud avec la Bolivie, le second pays étant la Colombie avec 15 projets sur la même période18.
23Avec l’Uruguay, les relations diplomatiques reposent essentiellement sur des projets d’intégration et des positions politiques partagées. Le gouvernement du président José Mujica soutient la Bolivie dans ses campagnes internationales pour la dépénalisation de la feuille de coca et pour l’accès au Pacifique dans son contentieux avec le Chili (cf. infra). Souhaitant par ailleurs redynamiser l’alliance Urupabol et le développement d’un réseau de gazoducs, l’Uruguay réitère régulièrement sa proposition de mettre à la disposition de la Bolivie, à la recherche de couloirs d’exportation, des ports de commerce.
24Avec le Brésil et le Paraguay, les relations diplomatiques ont connu quelques soubresauts au cours des dernières années sans pour autant remettre en cause les efforts de rapprochement engagés. Avec le voisin lusophone, la question des opposants politiques fait l’objet de quelques incompréhensions mutuelles. Se déclarant persécutés par le gouvernement d’Evo Morales, le président du comité civique pro-Santa Cruz Branko Marinkovic, puis le sénateur Roger Pinto demandent successivement l’asile politique au Brésil. Le premier est inculpé en 2010 par la justice bolivienne de complicité avec une cellule terroriste et d’extorsion dans le cadre de l’affaire Eduardo Rózsa largement couverte par les médias locaux. Le second est poursuivi depuis 2012 pour détournement de fonds. Tous deux récusent les chefs d’accusation et demandent la protection du pays voisin. Marinkovic vit depuis 2011 au Brésil après s’être enfui préalablement aux États-Unis. Il bénéficie depuis septembre 2012 du statut de réfugié temporaire accordé par la Commission nationale des réfugiés (Conare) auprès de laquelle il tente d’obtenir l’asile politique. Pinto a, quant à lui, bénéficié de l’aide directe du chargé d’affaires de l’ambassade du Brésil en Bolivie pour organiser sa fuite au Brésil. Celle-ci a provoqué un incident diplomatique au cours de l’été 2013. La Paz a immédiatement demandé des explications en signalant la violation des accords de coopération entre les deux pays et a présenté une demande d’extradition. L’initiative individuelle du diplomate brésilien est allée à l’encontre de la ligne de conduite définie par Brasilia qui a toujours refusé d’étudier la demande de Pinto. Pour tenter de clore cet incident, la présidente Dilma Rousseff a limogé son ministre des Affaires étrangères et ordonné à son ministre de la Défense de mener une enquête sur une éventuelle participation de militaires brésiliens à l’opération d’exfiltration de Pinto. Cette requête a révélé l’existence probable de puissants réseaux de soutien brésiliens, politiques et économiques, à certains membres de l’opposition bolivienne.
25Avec le Paraguay, les relations diplomatiques se sont considérablement améliorées depuis la signature, le 27 avril 2009, du traité de démarcation frontalière qui scelle le traité de paix conclu en 1938 et entérine la fin d’un contentieux frontalier né de la guerre du Chaco (1932-1935). Cet événement est en grande partie l’œuvre d’une politique volontariste menée par les présidents Morales et Lugo. Ce dernier, élu en 2008, a profondément changé les relations diplomatiques entre les deux pays par l’instauration d’un climat de dialogue qui tentait de rompre une méfiance historique mutuelle. Les deux pays sont alors amenés à repenser leur situation commune d’enclavement pour devenir des « pays de contact » incontournables dans les nouveaux plans d’aménagement régionaux. Pays sans façade maritime, ils pourraient en effet valoriser leur position au centre du continent en devenant des aires de transit des corridors biocéaniques et des réseaux de gazoducs19. Dans cette perspective, la relance de l’Urupabol et les projets énergétiques semblent tout indiqués pour renforcer les liens.
26Toutefois, la coordination et la coopération restent fortement dépendantes des relations intergouvernementales. La destitution controversée du président Lugo en juin 2012 suspend brusquement la dynamique de coopération. Evo Morales condamne largement ce qu’il nomme à l’instar de bon nombre de chefs d’État de la région « un coup d’État » et ne reconnaît pas le nouveau gouvernement du président Franco (juin 2012-août 2013). Fin 2012, alors qu’il est momentanément exclu de l’Unasur et du Mercosur, le Paraguay s’oppose à l’adhésion du Venezuela au Mercosur et rejette l’invitation présentée à la Bolivie par les autres membres de la région. Trois mois auparavant, le gouvernement paraguayen accusait La Paz et Caracas d’engager une course aux armements et une militarisation de ses frontières. L’information est fermement démentie par le gouvernement de Morales fortement mobilisé. Il contre-attaque en accusant le gouvernement du Paraguay de construire de grandes bases militaires avec l’aide des États-Unis. Cet état de tensions empêche momentanément les premières livraisons de gaz bolivien au Paraguay, prévues en mai 2013 à hauteur de 5 500 tonnes métriques. Le contrat de treize ans signé sous le mandat du président Lugo prévoit l’exportation d’un volume croissant de gaz bolivien (5 500 à 6 000 tonnes métriques en 2013, 42 000 en 2014).
27L’élection du président Cartes le 12 avril 2013 apaise les liens entre les deux pays. En novembre 2013, les liens bilatéraux sont réactivés à l’occasion d’une rencontre, à Ascensión, entre le nouveau chef d’État et le chancelier bolivien. Ladite « formalisation des relations » relance un ensemble de projets à propos de la coopération bilatérale : chaque pays devait désigner de nouveaux ambassadeurs avant la fin de l’année 2013, une commission tripartite de l’Urupabol prochainement créée, le mécanisme « 2+220 » réactivé et la question de l’intégration subrégionale figurer au premier plan des relations entre les deux pays avec des accords définitifs autour de l’importation/exportation de gaz liquide et l’ouverture de discussions sur l’utilisation possible des voies fluviales paraguayennes par la Bolivie. Tous ces points de rapprochement contribuent à un changement de position du Paraguay à l’égard de la candidature de la Bolivie pour entrer dans le Mercosur. Preuve de cette nouvelle entente, la vente de GLP au Paraguay atteint, en 2018, 66 000 tonnes métriques et représente plus de 90 % de la consommation paraguayenne. Ajoutons qu’un projet de gazoduc permettant l’exportation du gaz naturel bolivien est actuellement en débat entre les deux pays.
Notes de bas de page
1 J. J. Taccone et U. Noguiera, Informe MERCOSUR no 9. Periodo 2003-2004, Buenos Aires, BID-IntaL, 2004.
2 L. Lacroix, « Un parti politique au cœur de la transnationalité latino-américaine : el Movimiento al Socialismo (MAS) en Bolivie », acte du colloque international Les intégrations régionales : quelles dynamiques transfrontalières et transnationales ? Les enseignements du bassin de La Plata dans le Mercosur, CD-ROM, Université de Toulouse Le Mirail/IPEALT/Réseau Cuenca del Plata, 2004.
3 Cette ouverture a été proposée en d’autres occasions au Venezuela et à l’Équateur dans une conjoncture politique régionale particulière marquée par la prédominance de gouvernements dits « de gauche » dans l’optique de construire une Communauté sud-américaine des nations.
4 Centre d’études internationales, « La Bolivie deviendrait un membre à part entière du Mercosur », 12
5 Entretien réalisé à La Paz, octobre 2013.
6 Centre d’études internationales, « La Bolivie accepte de devenir membre du Mercosur », 27 novembre 2012,
7 L. Perrier-Bruslé, « Le gaz bolivien : la Bolivie face à son avenir », op. cit.
8 L. Mokrani, « El gas natural en el escenario regional », Umbrales, no 17, 2008, p. 137-154.
9 Le gazoduc Bolivie-Brésil (Gasbol) relie Rio Grande (Santa Cruz) à São Paulo sur une longueur de 3 150 kilomètres, en incluant deux tronçons supplémentaires au Brésil.
10 Ce gazoduc est financé en grande partie par l’entreprise argentine Enarsa sur une longueur de 1 484 kilomètres et doit alimenter les différentes régions du pays.
11 Les raffineries Gualberto Villarroel et Guillermo Elder Bell respectivement situées dans les départements de Cochabamba et Santa Cruz pour un montant de 85 millions d’euros.
12 L. Lacroix et L. Perrier-Bruslé, « La frontière boliviano-paraguayenne : des contentieux historiques aux dynamiques d’intégration énergétiques », Ceriscope, no 1, 2010.
13 Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB), Boletín Estadístico. Gestión 2014, La Paz, YPFB, 2015.
14 Ce prêt est obtenu auprès de la Banque du Brésil (Banco do Brasil) par le Fondesif (Fund for the development of the financial system) et a permis l’acquisition de 550 tracteurs vendus par le Fondesif aux producteurs agricoles via un système de crédit spécifique : prêt sur vingt ans et taux d’intérêt de 2 %.
15 La Bolivie n’exporte plus de soja vers le Brésil depuis 1997. La discussion sur une première vente de 300 000 tonnes de grains suscite une grande expectative au sein du secteur.
16 Voir partie 3.
17 À cette occasion, les ministres de l’Intérieur des membres du Mercosur réunis ont examiné des questions liées à la sécurité intérieure, à la réforme et à la modernisation des forces policières (forces de l’ordre ?), aux droits humains et au crime organisé transnational ainsi que la possibilité d’adopter le système européen de recherche et de capture des contrevenants. Source : Centre d’études internationales, « Les ministres de l’Intérieur du Mercosur veulent créer un mandat d’arrêt régional », 22 juin 2010.
18 Ministerio de la Planificación y Desarrollo (MPD), Informe 2011 sobre cooperación internacional y financiamiento para el Desarrollo en Bolivia, La Paz, MPD, 2012.
19 L. Lacroix et L. Perrier-Bruslé, « La frontière boliviano-paraguayenne : des contentieux historiques aux dynamiques d’intégration énergétiques », op. cit.
20 Nom donné à la signature simultanée en 2007 de deux conventions en matière de défense, signées par les chanceliers et les ministres de la Défense des deux pays. Les accords concernent la coopération technique et l’échange d’expériences. L’objectif est de renforcer le contrôle frontalier pour mieux lutter contre le trafic d’armes et de marchandises illicites. Ce mécanisme est le premier accord en matière de défense entre les deux pays depuis la fin de la guerre du Chaco. Il prévoit 1) des réunions régulières entre les deux corps des Forces armées et 2) l’accueil mutuel de professionnels, de boursiers, de soldats et d’institutions militaires. Il doit favoriser la coopération bilatérale et établir une relation de confiance mutuelle entre les deux pays.
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