Chapitre v. L’efficacité populiste : les relations entre populisme, démocratie et institutions
p. 89-105
Texte intégral
« Ce nom [le populisme] masque et révèle en même temps le grand souhait de l’oligarchie : gouverner sans peuple, c’est-à-dire sans division du peuple ; gouverner sans politique. »
Jacques Rancière1
1Nous nous proposons de repenser la relation entre populisme et démocratie à partir d’une perspective qui ne les considère pas comme des dynamiques politiques opposées. Cela exigera, d’une part, d’indiquer brièvement les arguments qui affirment que populisme et démocratie sont contradictoires et, d’autre part, d’établir les prémisses à partir desquelles nous comprenons le populisme : comme une logique politique et non comme une organisation sociale. Nous partirons d’une conception de la démocratie qui n’est pas exclusivement liée à l’idée de régime politique, mais est comprise comme logique de l’action et comme processus, sans oublier sa dimension institutionnelle.
2Notre travail a un double objectif : aborder un problème théorico-conceptuel, celui de la relation entre populisme, démocratie et institutions, tout en mettant à l’épreuve l’opérativité de ces concepts lorsqu’ils sont utilisés pour comprendre des processus politiques concrets. Le kirchnérisme fonctionnera ici comme le cas à partir duquel nous pourrons formuler une hypothèse, à savoir que l’effectivité refondatrice, subversive2 et inclusive de la logique populiste a besoin d’une expression institutionnelle, ce qui implique de mettre en question et de revoir ce que l’on entend par la notion de puissance institutionnelle.
3Une part importante de la production contemporaine des sciences sociales insiste sur l’idée que populisme et démocratie sont incompatibles. Cet antagonisme s’appuie particulièrement sur les présupposés suivants :
Le « style » politique du leadership. On affirme que les populismes d’Amérique latine reposent sur un leadership mettant en avant la forte personnalité du leader dont le « style » est un « style politique de confrontation3 ». Cela a conduit à penser que les régimes présidentialistes en Amérique latine corrodaient le système démocratique fondé sur les partis et la représentation parlementaire des différentes forces politiques.
La concentration de pouvoir. De ce point de vue, le populisme est perçu comme une expression autoritaire, en raison du lien unissant le leader à l’appareil bureaucratique d’État, d’une part, et à son peuple, d’autre part, sa volonté l’emportant sur tout principe de type pluraliste4.
La centralité de l’État. On se réfère ici à l’utilisation de « politiques macroéconomiques populistes à des fins distributives5 », induisant une ingérence excessive dans les affaires économiques qui néglige la stabilité macroéconomique et monétaire.
Le discours antagoniste. On affirme que les populismes se convertissent en formulations antidémocratiques parce qu’ils construisent un discours critique envers les élites dominantes, instaurent une division entre catégories populaires et oligarchiques et génèrent un climat politique de confrontation6.
4Sur la base de ces arguments, quelle conception de la démocratie cette condamnation du populisme – un populisme antidémocratique – présuppose-t-elle ? Dans « La myopie du procédural et la présentation populiste du tort », Julio Aibar Gaete nous donne matière à penser cette question. L’auteur propose de réfléchir sur le populisme à partir de la conception dominante de la démocratie en science politique, qu’il définit comme libérale-procédurale. D’après Aibar, il a fallu un déplacement de sens7 pour que la démocratie libérale-procédurale puisse être positionnée comme la face contraire du populisme : on a essayé de naturaliser l’idée selon laquelle « la démocratie consiste en une série de procédures » – pas n’importe lesquelles, mais certaines en particulier, à l’exclusion de toute autre8. Une fois réalisé ce déplacement de sens, le populisme a pu apparaître comme antidémocratique, dans la mesure où il exprime une manière de faire de la politique qui néglige, voire nie, le rôle des institutions et des procédures de la démocratie formelle.
5Ces conceptions supposent qu’on limite la démocratie et la politique à des mécanismes, des institutions et des procédures qui servent à la sélection des gouvernants, au fonctionnement équilibré des pouvoirs de l’État, à la garantie de la délibération publique et au respect de la différence et de la liberté. De cette manière, on court le risque de faire de ces conditions une fin en soi de la démocratie, et de les transformer en dispositifs de verrouillage de l’interaction des intérêts en conflit, impliquant de réduire la composante politique de la démocratie à un ensemble d’éléments ou de préconditions et à dévaloriser le politique comme moment instituant.
6C’est pourquoi nous considérons que nous devons faire un pas de plus. La possibilité de penser d’autres rapports entre populisme et démocratie exige d’élargir la conception de la démocratie que nous mobilisons. Dans notre perspective, cela suppose de mettre en question la prédominance de la vision libérale-procédurale de la démocratie et de concevoir cette dernière en revendiquant sa dimension populaire, en tant que logique de l’action.
7Le fait d’assumer une idée de démocratie distincte de celle de la conception libérale-procédurale ne signifie pas qu’on la refuse comme régime de gouvernement ou que l’on méconnaisse l’importance de sa forme représentative. Il s’agit plutôt d’en faire quelque chose de plus, c’est-à-dire de la comprendre comme un processus qui empêche la clôture par un ordre institutionnel quel qu’il soit, en ouvrant l’espace au travail de la politique. L’œuvre de Rancière nous fournit les outils théoriques pour comprendre en quoi consiste un tel pari.
8Le politique, pour Rancière, ne peut pas avoir de « lieu » dans l’organisation de la société, parce qu’il s’agit justement d’une logique qui met en dispute l’assignation des lieux et des sujets qui doivent les occuper. La logique politique est celle qui détourne la logique policière, ce qui implique un déplacement des corps, une différenciation des identités fragiles et contingentes, alors qu’elles sont figées avec efficacité dans l’ordre policier. À partir de cette conception, le caractère politique de la démocratie consiste à confronter les sens institués qui prétendent fonder toute autorité et à montrer qu’aucun fondement n’est nécessaire, ou au contraire que tout fondement peut être subverti. Ainsi la politique est le moment de la mésentente fondamentale concernant la question de savoir qui « fait partie » de l’ordre social selon l’expression de Rancière. C’est pourquoi elle se produit quand un litige éclate, c’est-à-dire une distorsion par rapport au compte des parties. Le litige, rendant possible l’émergence de « la part des sans-part », fait toujours apparaître ce compte comme erroné.
9À partir de ces prémisses, la démocratie excède « l’attention scrupuleuse à des institutions, assurant le pouvoir du peuple par les institutions représentatives » et renvoie plutôt « au mode d’être d’une société, aux forces qui la meuvent, aux besoins, intérêts et désirs entrecroisés qui la tissent »9. Il s’agit donc d’une forme d’expérience sensible, expérience, nous dira cependant Rancière, qui n’est ressentie que dans son absence. La demande accrue de démocratie se fait plus profonde et évidente lorsqu’on expérimente son manque. C’est pourquoi l’expérience démocratique a lieu lorsque l’ordre institutionnel établi est mis en question, lorsque les règles sont mises au défi. Il ne s’agit pas ici d’un simple caprice anarchiste, mais de la possibilité propre à la démocratie que ceux qui n’ont pas été pris en compte réclament de l’être. C’est là où se produit l’émergence du peuple comme excès de ce qui ne faisait pas partie de l’ordre social. La logique politique fait irruption lorsqu’elle dévoile le caractère contingent de la relation gouvernants-gouvernés, lorsqu’est vérifiée l’égalité de tous avec tous en tant que sujets qui « font partie » – ou au moins prétendent l’être. C’est pourquoi la politique ne constitue pas un type d’acte spécifique (comme le vote ou la sanction d’une loi), dont l’objet serait précis et délimité. Elle est plutôt une pratique, une interruption de l’ordre policier qui suppose la vérification de l’égalité de n’importe qui avec n’importe qui.
« La démocratie n’est ni un type de constitution ni une forme de société […]. Le pouvoir du peuple […] est simplement le pouvoir de ceux qui n’ont pas plus de titre à gouverner qu’à être gouvernés […]. Le scandale de la démocratie, et du tirage au sort qui en est l’essence, est de révéler que ce titre ne peut être que l’absence de titre, que le gouvernement des sociétés ne peut reposer en dernier ressort que sur sa propre contingence10. »
10Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent montre que la conception de la démocratie de Rancière excède l’idée d’une démocratie formelle liée exclusivement aux mécanismes qui concrétisent un type de gouvernement. Cela n’implique pas la dévalorisation du rôle des institutions et des règles. Cela signifie surtout que
« […] le pouvoir du peuple est toujours en-deçà et au-delà de ces formes. En-deçà parce que ces formes ne peuvent fonctionner sans se référer en dernière instance à ce pouvoir des incompétents qui fonde et nie le pouvoir des compétents, à cette égalité qui est nécessaire au fonctionnement même de la machine inégalitaire. Au-delà, parce que les formes mêmes qui inscrivent ce pouvoir sont constamment réappropriées, par le jeu même de la machine gouvernementale, dans la logique “naturelle” des titres à gouverner11. »
11En définitive, les formes juridico-politiques des constitutions et les lois de l’État ne reposent jamais sur une seule et même logique. Plus encore, le défi que nous propose cette conception de la démocratie est celui de la création permanente d’espaces, d’instruments et de sujets qui défient l’ordre policier et sont disposés à vérifier l’égalité.
12Maintenant, quelle relation existe-t-il entre cette conception de la démocratie et l’opération populiste ? La thèse centrale de Carlos Vilas peut nous aider à penser ce lien. Pour cet auteur, la marque distinctive des populismes latino-américains classiques est qu’ils ont été des expériences fondées sur la démocratie électorale qu’ils ont contribué à consolider en utilisant la voie de l’universalisation effective du suffrage et en éliminant les restrictions légales – et une partie des restrictions non légales – qui plaçaient des sujets sociaux comme les femmes, les paysans et les peuples originellement en marge de la citoyenneté. En tant qu’expériences d’élargissement de la citoyenneté et d’extension de la participation sociale et politique, les populismes ont constitué une force de « démocratisation fondamentale » en Amérique latine12.
13En complément de l’idée précédente, le travail de Sebastián Barros montre comment nous pouvons envisager l’effet démocratisant du populisme. Sa spécificité, nous dit l’auteur, consiste en une dynamique politique qui menace constamment l’ordre, en prétendant inclure dans la communauté une identité qui se construit comme hétérogénéité – los descamisados (les sans-chemises), los grasitas (malpropres) ou « les femmes » du péronisme, par exemple – et qu’il est impossible de considérer en termes logiques – « institutionnels ». Cette pratique génère une rupture dont la spécificité est de « se confronter à l’inclusion radicale d’une hétérogénéité sociale au sein de l’espace commun de représentation ». Le populisme implique d’articuler des demandes non satisfaites qui n’étaient pas susceptibles de l’être jusqu’alors et qui, de cette manière, mettent en question l’espace de la communauté13. Nous voyons donc que l’effet démocratisant du populisme est lié à une logique d’inclusion de ce qui a été exclu, à la vérification de l’égalité et à la manifestation du litige. Finalement, tant dans les propos de Vilas que dans ceux de Barros, la démocratie est comprise soit comme une question d’incorporation de sujets à un ordre politique qui ne les prenait pas en considération et avec l’élargissement des droits, soit par l’institution de droits qui n’étaient pas compris dans les codes de l’ordre établi. Ces approches non seulement remettent en question la conception libérale-procédurale de la démocratie, mais aussi, en agissant à partir d’un territoire qui lui est interne, revendiquent la politique comme une forme dissensuelle de l’agir humain.
14Comme nous y insistons depuis le début, l’incompatibilité entre populisme et démocratie s’appuie sur une conception libérale-procédurale. Mais si le débat n’allait pas plus loin, nous serions en train d’admettre que le populisme est effectivement incompatible avec les procédures et les institutions, ce qui expliquerait l’instabilité inhérente au populisme, à l’instar d’Ernesto Laclau dans La Raison populiste14.
15Laclau nous explique que l’opération populiste commence (quoique en un sens non chronologique) avec l’apparition d’un antagonisme qui implique un espace social fracturé face à l’existence de demandes non satisfaites et d’un pouvoir insensible à ces dernières. Entre ces demandes se produit une articulation sous le signe de l’équivalence (entre une demande syndicale et une demande pour l’égalité de genre, par exemple). Lorsqu’une opération hégémonique a lieu, dans laquelle l’une des demandes se vide de son contenu particulier pour incarner la forme de l’universel, il se produit un processus de cristallisation de l’identité populaire, c’est ainsi que le peuple émerge. Dans le populisme, à la différence de l’institutionnalisme, le peuple (la plebs) est la partie qui aspire à se constituer comme l’unique totalité légitimée (le populus) – cette dernière étant la forme spécifique de totalisation – à tracer les limites du représentable, cette logique distinguant le populisme d’autres logiques possibles : la logique populiste divise la société et, en même temps, tente en permanence de la recomposer au travers de l’établissement d’équivalences.
16En revanche, la logique institutionnaliste constitue un espace homogène à l’intérieur duquel les éléments interagissent uniquement comme des différences, ces dernières étant toutes également valides. Le fait que les demandes soient satisfaites institutionnellement empêche l’activation de la composante équivalentielle qui rendrait possible l’établissement de relations entre celles-ci15.
17Comme nous pouvons le constater, pour Laclau, le populisme implique autant une rupture qu’une recomposition de l’ordre. Ce que son propos ne reconnaît pas est le rôle que peuvent jouer les institutions dans ce processus de recomposition communautaire. Et ce que nous prétendons affirmer ici est au contraire que le populisme non seulement cohabite avec les institutions politiques, mais, plus encore, qu’il a besoin d’elles, pour recomposer l’ordre tout autant que pour le subvertir. Il faut envisager le fait que l’opération populiste puisse donner lieu à une autre configuration institutionnelle.
18Il est évident que le débat sur les relations entre populisme et démocratie n’est pas épuisé, mais il faut y faire entrer la question des institutions. Les processus politiques développés en Amérique latine depuis le xxie siècle sont ceux qui nous permettent de questionner les catégories de pensée utilisées jusqu’alors et leurs possibilités d’articulation. Sans méconnaître l’importance de la rupture instituante, et sans considérer non plus aucun ordre des choses comme allant de soi, nous devons nous interroger sur l’actuelle nécessité de recourir à un moment institutionnel, partant du principe selon lequel les institutions ne sont pas nécessairement ce qui préserve le statu quo, mais s’avèrent des outils susceptibles d’engendrer un changement, de le conserver dans le temps, de l’intensifier et de l’étendre.
19Le défi qui se présente alors est de repenser la notion d’institution, et plus spécifiquement ce qu’on entend par institutions démocratiques, car elles configurent des conquêtes politiques et idéologiques gagnées au travers de luttes populaires16. En d’autres termes, elles ne sont pas des figures ou des organisations statiques dont les règles prescrivent la manière correcte ou adéquate de mener telle ou telle action : elles représentent davantage les actions politiques elles-mêmes (demandes, réclamations, luttes, revendications) qui engendrent ces institutions, les défient dans leurs limites et leurs possibilités, et qui, dans certains cas, aboutissent au changement ou à l’amélioration lorsqu’elles semblent obsolètes ou qu’elles ne répondent pas aux revendications.
20Pour finir, nous examinerons la signification que nous donnons à l’institutionnalisation et à la façon dont cette dernière peut s’articuler au débat populisme-démocratie à la lumière de l’expérience kirchnériste qui s’est développée en Argentine entre 2003 et 2015.
21Partons de la définition des institutions proposée par Guillermo O’Donnell :
« Par institution, j’entends un dispositif régularisé d’interactions qui est connu, pratiqué et accepté (bien que pas nécessairement approuvé) par des acteurs qui espèrent continuer à interagir en fonction de règles sanctionnées et soutenues par ce dispositif. Comme les perspectives sociologiques l’indiquent, les institutions ne sont pas prises en compte dans leur existence et leur continuité par ceux qui agissent avec et à travers elles. Les institutions “sont là”, elles règlent les attentes et les comportements qui ne mettent pas en question leur existence socialement donnée. Parfois, les institutions sont des organisations complexes : on suppose qu’elles opèrent en fonction de règles hautement formalisées et explicites, et se matérialisent à travers des édifices, des rituels et des individus autorisés à parler en leur nom17. »
22À partir de là, O’Donnell se propose de comprendre les institutions existantes dans les nouvelles polyarchies (spécialement dans les pays d’Amérique latine). Nous trouvons ici une critique de la forte « odeur téléologique » des analyses dominantes de la science politique selon lesquelles un degré élevé d’institutionnalisation implique l’adoption des caractéristiques moyennes des vieilles polyarchies. Une autre critique concerne les définitions négatives – c’est-à-dire formulées en termes de manque ou d’inadéquation – de la relation des règles formelles avec les comportements observés. Une telle critique ne dit rien de la nécessité d’une analyse des règles (informelles) que les acteurs suivent effectivement. Sans adhérer nécessairement à un tel programme de recherches sur les institutions formelles et informelles qu’introduit cet auteur, nous faisons écho à ses critiques afin de comprendre le sens de la relation entre institutions, populisme et kirchnérisme. Sur ce chemin, un premier pas consiste à différencier le rôle accompli par les institutions sous le kirchnérisme d’un processus d’institutionnalisation tel que nous allons le redéfinir.
23Pablo Hupert affirme que le kirchnérisme fut synonyme de « pure gestion », impossible à routiniser, et donc impuissant à générer des institutions. En d’autres termes, si les conflits et les demandes se résolvent (au moins temporairement) au travers de formes nécessairement précaires, provisoires et fragiles, des formes qui ne sont pas conçues pour durer et se régulariser, alors nous ne pouvons supposer aucun dispositif régulier d’interaction. À chaque fois et devant chaque cas, tout doit être reconsidéré, et rien ne peut être tenu pour acquis18. Cela signifie-t-il que depuis la présidence de Nestor Kirchner, rien ne régule les comportements et les attentes des différents acteurs ? Si nous acceptons cette idée, nous sommes obligées d’assumer, d’une part, que le kirchnérisme a agi dans une situation d’anomie et, d’autre part, que cette situation n’a pas de solution en perspective, étant donné que la gestion n’inaugure aucun type de régularité, de norme ou de loi. En suivant l’exemple de O’Donnell, on peut revoir cette caractérisation d’« institutionnalité zéro » : si nous tenons compte de la réduction drastique de l’absentéisme et des votes négatifs (blanc et nuls) entre les élections législatives d’octobre 2001 et les élections présidentielles de mai 2003 – nous pouvons considérer les élections comme une des institutions les plus consolidées19. D’un autre côté, les élections législatives de 2005 constituent bien un indice d’institutionnalité, car non seulement leur réalisation a pu être considérée comme effective, mais de plus elles ont régulé les attentes et les comportements. La rupture politique de Kirchner avec Eduardo Duhalde en est un exemple. On ne peut pas l’expliquer si on oublie que l’horizon de Kirchner lui-même ne se limite pas aux élections, mais qu’il attache une grande importance au Congrès national sur la scène politique et à la nécessité de compter sur une majorité parlementaire pour gouverner. Ces exemples montrent que, malgré les questionnements dont les institutions politiques ont fait l’objet depuis 2001, celles-ci n’ont pas été complètement vidées de légitimité.
24D’un autre côté, il faut noter que plusieurs mesures parmi les plus significatives des gouvernements kirchnéristes ont adopté une forme institutionnelle, c’est-à-dire qu’elles ont tenté d’établir de nouveaux dispositifs réguliers d’interaction, raison pour laquelle on ne peut les réduire à de simples mesures de gestion non routinisées. On peut observer cette situation dans une série de lois (et non de décrets ou de résolutions) qui orientent dans le même sens l’intervention politique de l’État dans l’économie : l’étatisation de la Poste argentine et du service des eaux de la région métropolitaine, la loi qui a rétabli le système de retraites publiques fondé sur la solidarité intergénérationnelle, l’étatisation d’Aerolineas Argentinas, et plus récemment la récupération de l’entreprise pétrolière YPF. S’il est certes encore impossible de juger si ce type d’interaction entre l’État et l’économie peut se régulariser et s’institutionnaliser, cela nous permet au moins de mettre en question l’idée selon laquelle le kirchnérisme se caractérise par des gestions ponctuelles qui ne cherchent pas à rétablir un ordre.
25Les institutions ont été aussi une forme de canalisation et de satisfaction des demandes, ce qui ouvre un débat avec un autre type de position théorique – comme celle d’Ernesto Laclau dans La Raison populiste – selon laquelle les demandes qui sont satisfaites par les institutions perdent la possibilité d’entrer dans des relations d’équivalence avec d’autres demandes et, par là, la possibilité de configurer une identité politique. L’ensemble de la politique des droits humains associé à un discours présidentiel qui a fait sienne la demande de « vérité, mémoire et justice », constitue l’un des exemples les plus clairs de mécanisme d’incorporation d’une revendication et de sa satisfaction par la voie institutionnelle (la loi sur le mariage pour tous et celle sur l’identité de genre en sont d’autres exemples). Mais cela n’a pas impliqué la simple gestion administrative d’une demande, ou l’annulation de la puissance contestataire des mouvements sociaux dans lesquelles cette demande est née. Comme l’affirme Martín Retamozo, le kirchnérisme n’a pas cherché à épuiser les mouvements sociaux, mais à les gouverner : « Sous cet aspect, le kirchnérisme se nourrit des mouvements sociaux sans les absorber, en partie parce que la possibilité de renouveler les énergies réside dans le maintien de la capacité de mobilisation des mouvements sociaux20. » La satisfaction des revendications à travers une voie institutionnelle n’implique donc pas nécessairement la simple administration des nécessités, ni l’impossibilité que la logique de l’équivalence continue d’opérer dans ces revendications.
26Par rapport à la notion de puissance institutionnelle, des chercheurs comme Steven Levitsky et Victoria Murillo21 proposent une définition qui part de deux dimensions : l’imposition ou l’application des règles et leur stabilité. De cette manière, nous pouvons rencontrer des institutions formelles fortes (avec haute stabilité et haute application), des institutions formelles stables mais faiblement imposées, des institutions formelles instables mais hautement imposées ou encore des institutions formelles faibles (instables et de basse imposition). Dans cette perspective, Murillo22 conclut que le kirchnérisme montre une hétérogénéité d’expériences à l’égard de l’institutionnalité des règles formelles écrites. En effet, elle trouve différents exemples pour illustrer chacune des combinaisons possibles entre la stabilité et l’application des règles formelles écrites. D’un point de vue plus proche du néo-institutionnalisme, l’auteur nous montre que l’on doit reconnaître au kirschnérisme un degré d’institutionnalisation (et non de pure gestion de la contingence). Cependant, étant donné que la stabilité est une des dimensions qui définit la puissance institutionnelle, on constate une forte tendance à envisager le changement en termes de faiblesse. Et si l’auteur reconnaît que l’instabilité ne doit pas être confondue avec le « changement institutionnel normal23 », cette instabilité finit par constituer une notion imprécise et donc improductive. En outre, on peut déduire de tout cela que tout changement un peu plus radical et un peu plus rapide vis-à-vis de ce qu’on peut considérer comme « normal » entre par principe en contradiction avec la puissance institutionnelle.
27Dans son travail, Hupert associe la loi à l’ordre, la routine et les institutions : « Un gouvernement qui applique la loi rétablit l’ordre en rendant à chaque partie sociale sa place, toutes les fois qu’il est nécessaire – en ayant au besoin recours à la force. La gestion, en revanche, est conditionnelle, ponctuelle24. » De cette manière, l’ordre peut être uniquement rétabli, et non pas modifié. Nous voyons alors encore une fois comment il en résulte une impossibilité d’associer l’institution au changement. Cette question n’est pas mineure, car les analyses qui voient dans le kirchnérisme un déficit républicain, un « décisionnisme démocratique25 », seraient plus difficiles à défendre si le refus du changement n’était pas inclus dans leur définition de l’institution. Par exemple, Quiroga souligne le manque d’institutionnalité républicaine lorsqu’il analyse l’imposition de la volonté politique du leader sur les règles, mais il est en train de parler d’une volonté politique transformatrice qui se heurte à une série de règles qu’il doit modifier. Tel a été le cas de la modification de la charte organique de la Banque centrale de la République argentine.
28En revanche, si nous considérons que les institutions peuvent contribuer à la rupture d’un ordre institué et à l’établissement d’un autre, alors la puissance institutionnelle doit inclure une dimension capable de « mesurer » la permanence du changement. Autrement dit, elle doit inclure une dimension temporelle permettant de définir l’institution comme un nouveau dispositif d’interaction, de sorte que, pour des raisons différentes, les acteurs puissent espérer qu’elle continue à exister dans le futur. Parmi cette variété de raisons, on peut trouver la forme-loi qu’adopte cette institution, même si nous savons que cela n’est pas une condition suffisante. Par exemple, la loi sur les Services de communication audiovisuels possède cette forme, et cependant elle est un exemple bien clair des difficultés d’application qu’elle rencontre, difficultés qui peuvent s’expliquer par les pressions que les corporations économiques se considérant comme lésées sont capables d’exercer. Or, ces exemples ne sont pas ceux qui apparaissent pour illustrer l’idée d’un « État de droit atténué26 », car cela impliquerait de reconnaître que les gouvernements ne sont pas les uniques responsables de la puissance ou de la faiblesse institutionnelle de la politique nationale.
29Nous proposons donc d’incorporer une dimension qui soit capable de rendre compte de la forme que prend la réalisation de certains changements, car il ne faut pas confondre une loi et un décret, une norme soutenue par une pratique, une pratique soutenue par une norme, ou une pratique qui n’est pas soutenue par une norme. Nous opérons une différenciation sans pour autant prétendre établir un jugement de valeur ou une théorie prescriptive du changement. Cette dimension est particulièrement importante, car les populismes « réellement existants » présentent la spécificité d’inclure une instance politique institutionnelle et formelle : en agissant d’après cette logique, ils étendent les limites possibles de cette institutionnalité, ils en déplacent les frontières, ils permettent l’extension des droits, en instituent d’autres (impensés). En d’autres termes, ils produisent des modifications substantielles dans la vie d’une grande partie du peuple. Les populismes proposent une dynamique démocratisante liée à l’élargissement de droits, ce qui implique un défi constant posé aux cadres institutionnels existants et la proposition de cadres nouveaux et différents.
30Dans ce sens, Gerardo Aboy Carlés conçoit les droits comme des institutions qui expriment et reproduisent la tension entre le peuple et « son autre », car celui qui se constitue en sujet de droit n’a pas été seulement inclus comme faisant partie de la communauté désormais élargie ; plus encore, il a obtenu ce droit comme une conquête aux dépens de « cet autre27 ». Dans son analyse des populismes argentins classiques (yrigoyenisme et péronisme), l’auteur nous montre non seulement comment la logique populiste et la logique institutionnaliste confluent, mais il va plus loin en écrivant à propos des institutions populistes : « Elles sont celles qui modifient le dêmos, et donc contiennent un supplément de belligérance provoquée par la tension entre l’appartenance et la conquête qui caractérise tout droit28. » Apparaît ici une forme possible d’articulation entre institutions et changement, sans recours nécessaire à la stabilisation éventuelle.
31Pour que l’institutionnalisation soit effective, pour que la loi puisse être appliquée ou s’imposer, un certain développement des capacités de l’État est nécessaire. Mais, nous insistons, la question ne se réduit pas à cette dernière affirmation. Une norme a aussi besoin de la force de la pratique, de l’expérience de cette norme, du sens que les différents groupes lui attribuent. Et en cela, le kirchnérisme a produit un changement potentiellement durable, parce que l’expérience de ces lois, de ces normes, est celle d’un élargissement des droits. Et même si on ne peut pronostiquer aucun résultat, il est possible de penser que la résistance surviendra si les droits conquis sont bafoués.
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Notes de bas de page
1 J. Rancière, La Haine de la démocratie, Paris, La Fabrique, 2005, p. 88.
2 Dans la version originale de ce texte, les auteurs utilisent le néologisme rupturista : qui crée une rupture. NdT.
3 L. Paramio, « Giro a la izquierda y regreso del populismo », Nueva Sociedad, no 205, septembre-octobre 2006, p. 62-74.
4 E. De Ípola et J. C. Portantiero, « Lo nacional popular y los populismos realmente existentes », Controversia para el análisis de la realidad argentina, no 4, août 1981, p. 11-14.
5 R. Dornbusch et S. Edwards, Macroeconomía del Populismo en la América Latina, México, Fondo de Cultura Económica, 1992.
6 W. Lozano, « La izquierda latinoamericana en el poder », Nueva Sociedad, no 197, mai-juin 2005, p. 129-145.
7 L’autre déplacement consiste à soutenir que la logique démocratique se confond avec la logique du marché, ce qui rend vraisemblable l’idée selon laquelle le marché conditionne l’actualisation de la démocratie. Nous ne nous attarderons pas sur ce point, cependant, il faut clarifier que nous ne partageons pas la position de Aibar qui attribue systématiquement les visions qui établissent un antagonisme entre populisme et démocratie aux fervents défenseurs d’une conception économiste et élitiste de la démocratie. Ce que nous souhaitons mettre en discussion ici est davantage la façon dont ces arguments engendrent une défense de la démocratie presque exclusivement comme régime politique.
8 J. Aibar Gaete, « La miopía del procedimentalismo y la presentación populista del daño », in Vox Populi: populismo y democracia en Latinoamérica, México, FLACSO, 2007, p. 27.
9 J. Rancière, El desacuerdo: política y filosofía, Buenos Aires, Nueva Visión, 1996, p. 137 (La Mésentente : politique et philosophie, Paris, Galilée, 1995).
10 J. Rancière, El odio a la democracia, Buenos Aires, Amorrortu, 2006, p. 54 (La Haine de la démocratie, op. cit.).
11 Ibid., p. 62.
12 C. Vilas, La democratización fundamental: el populismo en América Latina, México, Consejo Nacional para la Cultura y las Artes, 1994.
13 S. Barros, « Espectralidad e inestabilidad institucional: acerca de la ruptura populista », Revista de Estudios Sociales, XVI, no 30, premier semestre 2006, p. 145-162.
14 E. Laclau, La razón populista, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 2005 (La Raison populiste, Paris, Seuil, 2008).
15 Ibid., p. 107-108.
16 J. C. Portantiero, « La democracia difícil: proyecto democrático y movimiento popular », Controversia para el análisis de la realidad argentina, no 1, octobre 1979, p. 6-7.
17 G. O’Donnell, « Otra institucionalización », in Contrapuntos: ensayos escogidos sobre autoritarismo y democratización, Buenos Aires, Paidós, 2004, p. 310.
18 Selon Hupert, « la gestion est une gestion de contingence, et non une administration de récurrence. […] S’il ne peut y avoir de routines dans les procédures nécessaires pour gouverner, il n’y aura pas non plus d’institutions. […] Mais j’insiste, la précarité institutionnelle est le prix que l’État actuel doit payer pour continuer à être l’État ». P. Hupert, El estado posnacional: más allá de kirchnerismo y antikirchnerismo, Buenos Aires, Pie de los Hechos, 2011, p. 92. Nous soulignons.
19 Lors des élections législatives de 2001, il y a eu 27,2 % d’abstention, 9,4 % de votes blancs et 12,5 % de votes nuls. Lors des élections présidentielles de mai 2003, 21,78 % d’abstention (ce qui est proche de la moyenne historique), 0,99 % de votes blancs et 1,73 % de votes nuls. Source : Dirección Nacional Electoral, Ministerio del Interior.
20 M. Retamozo, « El kirchnerismo y los movimientos sociales: lógicas políticas, populismo y hegemonía en Argentina », IXe Journées de sociologie de l’UBA, 8-12 août 2011, p. 9. Disponible sur http://www.jornadassocio.sociales.uba.ar//data/pdf/mesa50/M50_Martin_Retamozo.pdf.
21 S. Levitsky et V. Murillo, « Teoría sobre instituciones débiles: lecciones sobre el caso argentino », in S. Emiliozzi, M. Pecheny et M. Unzué (dir.), La dinámica de la democracia: representación, instituciones y ciudadanía en Argentina, Buenos Aires, Prometeo, 2010, p. 173-200.
22 V. Murillo, « La fortaleza institucional argentina en 2003-2011 », in A. Malamud et M. De Luca (dir.), La política en los tiempos de los Kirchner, Buenos Aires, Eudeba, 2011, p. 265-275.
23 Ibid., p. 266.
24 P. Hupert, El estado posnacional, op. cit., p. 92, texte souligné dans l’original.
25 H. Quiroga, La república desolada: los cambios políticos de la Argentina (2001-2009), Buenos Aires, Edhasa, 2010.
26 Ibid.
27 G. Aboy Carlés, « Populismo y democracia en la Argentina contemporánea: entre el hegemonismo y la refundación », Revista de Estudios Sociales, XV, premier semestre, no 28, 2005, p. 125-149.
28 G. Aboy Carlés, « Populismo, ciudadanía e instituciones políticas: aproximaciones al primer peronismo, tensiones entre identidades políticas y tradiciones en la Argentina del siglo XX », Conférence donnée dans le cadre du cycle de rencontres sur le péronisme et la subjectivité politique, Cordoba, 3 octobre 2012, non publié.
Auteurs
Ariana Reano est docteure en sciences sociales, enseignante-chercheure en études politiques à la UNGS et chercheure au Conicet (Argentine). Elle travaille sur les langages politiques et les traces du débat sur les transitions à la démocratie dans le Cône Sud de l’Amérique latine.
Nuria Yabkowski est sociologue. Elle est enseignante-chercheure à la UNGS et à l’université de Buenos Aires. Elle a publié plusieurs articles dans le domaine de la théorie politique contemporaine et de l’analyse politique du discours.
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