Entre l’utopie et la « connaissance des moyens »
Les premiers essais d’intégration latino-américaine
p. 26-49
Texte intégral
1Note portant sur l’auteur*
2Cette étude est consacrée à l’analyse des quatre essais de confédération hispano-américaine du xixe siècle : Le Congrès Amphictyonique de Panama (1826), le Premier Congrès de Lima (1847-48), le Congrès Continental de Santiago (1856-57) et le Second Congrès de Lima (1864-65)1. Son hypothèse s’inscrit dans une controverse séculaire qui oppose les défenseurs du réalisme de "la connaissance approfondie des moyens et des possibilités de vaincre" des projets bolivariens, à ceux qui signalent son caractère utopique, considéré même comme "stérile pour l’avenir" (Alberdi, 1862 : 228 et Samper, 1859 : 345).
3Pour mieux saisir la sensibilité des projets d’union aux conditions structurelles de l’atomisation hispano-américaine, nous considérons les compétences de l’instrument choisi – confédération défensive — par rapport aux caractéristiques de l’émiettement de l’ancienne colonie espagnole. Les conclusions soutiennent que la profondeur de la désagrégation hispano-américaine délimite un espace décisionnel où seule une confédération basée sur la réponse à la contrainte externe est envisageable.
LES DIMENSIONS DE L’ATOMISATION HISPANO-AMÉRICAINE
4Pendant les premières décennies du xixe siècle, l’Amérique hispanique est le théâtre de profondes transformations sur le plan étatique, économique et social. Les données de la situation manifestent à la fois l’aboutissement d’un processus de différentiation qui avait commencé avant la guerre de libération, ainsi que le début de la construction nationale dans chacune des unités indépendantes. Toutefois, cette tendance n’est uniforme ni absolue dans ses directions. L’atomisation hispano-américaine et la difficile insertion des nouveaux pays dans la communauté internationale, créent à leur tour une trajectoire de signe contraire sous la forme du mouvement hispano-américaniste et ses instruments d’intégration défensive. Comme on le verra dans les pages qui suivent, ces tendances s’entrecroisent et témoignent d’un équilibre fragile, mais perceptible.
L’atomisation héritée
5L’héritage colonial est décisif sur divers aspects pour la différentiation et l’irréversibilité du processus d’atomisation. Avant même le xixe siècle, plusieurs unités administratives de la colonie voient l’apparition d’éléments de gouvernements autonomes qui permettent la formation et le déploiement des élites politiques. Entre 1687, quand la Couronne espagnole met en vente des charges d’oidores (magistrats de l’Audience), et 1750, lors de l’approbation de la Réforme bourbonienne, les Créoles élargissent progressivement leur rôle intellectuel, économique et militaire dans l’administration des audiences et des capitaineries. Ainsi, vers 1779, les représentants des intérêts locaux composent plus de la moitié du régiment d’Infanterie de la Havane et dominent les administrations de Lima, Santiago, Charcas et Quito, futurs sièges de gouvernement de plusieurs pays : Pérou, Chili, Bolivie et Equateur.
6Un aspect sous-jacent favorise l’émiettement politique des possessions espagnoles : ces unités sont considérées par les Créoles comme leur "patrie" et, dès la fin du xviiie siècle, comme les embryons des "républiques souveraines"2. Même si l’identité hispano-américaine est plus accentuée, les intérêts économiques et politiques ont une portée limitée aux frontières des audiences ou des vice-royaumes, perçus comme "indépendants" les uns des autres, ce qui stimule le développement des loyautés locales3.
7Les formes de travail de la Colonie ont une influence similaire. L’encomienda, cette seigneurie incomplète qui donne aux Espagnols un droit sur les populations indiennes (mais pas sur leurs terres), en échange de leur évangélisation, a été mise en place dès le début de la Conquête. Cette institution très controversée gère un compromis entre les intérêts de la Couronne, ceux de l’Église et ceux des conquistadors. Elle structure des relations de hiérarchie de type "axe et rayons" qui connectent les différentes zones productives américaines avec l’Espagne et, plus tard, avec l’Angleterre. Dans le même sens de la fragmentation, le repartimiento, établi au xvie siècle afin de créer une frontière entre les Espagnols et les zones indiennes, ajoute une dimension sociale aux unités productives, jusqu’à la fin du xviie siècle, c’est l’institution la plus importante et, dans plusieurs endroits, (Potosí, Huancavelica, entre autres) elle est toujours présente pendant le premier siècle d’Indépendance. Dans une autre institution du travail colonial, les reducciones, la population indigène, confinée dans ses champs et dans ses villages, effectue des travaux agricoles au profit des conquérants. Le peonaje, pour sa part, qui consiste à travailler sur une hacienda et qui résulte de l’apparition de la propriété sur la terre, fait de même à travers son régime d’endettement.
8Ce mode de travail est inauguré dans les régions non minières du Pérou, du Mexique et de la Bolivie, où les peones sont isolés des autres groupes d’indigènes concentrés dans les mines sous le régime de la mita (travail obligatoire organisé dans le cadre du tribut). Quant au travail libre, présent à la fin de la période coloniale dans des zones limitées (Argentine, Chili et Costa Rica), il concerne presque exclusivement la couche de Créoles appauvris. L’esclavage, finalement, installé dans les zones côtières d’exportation de Cuba, Saint-Domingue, Venezuela, Colombie et Pérou, ainsi qu’au Brésil, où il constitue la forme de travail dominante, survit parfois plusieurs décennies après l’Indépendance (tableau n° 4)4. Comme cela avait été le cas aux États-Unis, notamment lors de la Confédération de 1781 et du "germe d’empire indépendant" représenté par l’esclavagisme au sud du Mississippi, les intérêts spécifiques et le développement hétérogène des formes de travail donnent substance aux forces centrifuges de la période républicaine5.
L’union douanière fracturée
9Une fois achevée l’Indépendance, la désarticulation se poursuit au moyen de la création des institutions et des frontières tarifaires entre des républiques "aussi indépendants entre elles qu’avec l’Espagne"6. Dans un premier temps, la prolifération des douanes mène à la hausse des prix et s’associe à l’effondrement de la capacité productive, notamment dans les zones qui, auparavant, avaient une position dominante dans le sous-continent. Les exportations de l’ancienne Nouvelle-Espagne, le Mexique, diminuent entre 1818 et 1823, de 2 236 213 à 469 223 livres sterling. L’autre grand vice-royaume hispano-américain, le Pérou, voit ses exportations passer de 1 332 549 livres sterling en 1807, à 94 920 en 1826 (Grien, 1994 : 132-133 et John Coatsworth, 1978). Dans les deux cas, surtout au Mexique, la relance de l’économie est retardée jusqu’aux années 1880, tandis qu’en Argentine et au Chili on assiste à une forte croissance de la production, ce qui modifie l’équilibre intra-régional et dévoile l’une des caractéristiques les plus enracinées du sous-continent : rythme asymétrique et disparité dans le développement.
10L’effet du protectionnisme commercial est plus complexe. Déjà, à la fin des années 1820, les déficits des pays hispano-américains provoquent la première crise d’endettement contracté, notamment, avec l’Angleterre et l’Église7. Comme le paiement du service de la dette externe était garanti sur les revenus des tarifs douaniers, le cycle du protectionnisme prend place en Amérique latine, non pour assurer l’industrialisation du pays, comme aux États-Unis sous l’influence d’Hamilton, mais comme solution de court terme aux problèmes budgétaires. En Colombie, par exemple, dans les années 1850, plus de la moitié du budget est fondé sur la taxation des importations. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas des autres pays latino-américains qui découvrent ainsi leur principal moyen d’équilibrer la balance des paiements (Bulmer-Thomas, 1994 : 32). Si le protectionnisme commercial apparaît comme l’une des conséquences de la fragmentation du sous continent, il représente à son tour l’une des causes de son approfondissement.
Les liens avec l’extérieur
11L’Amérique hispanique présente alors l’image d’un archipel de petits noyaux, dont les liens étaient alimentés par la vitalité du système colonial et qui allaient disparaître avec lui. C’est sur la base de ces centres socio-économiques que va s’organiser la vie des républiques et des villes, éloignées les unes des autres, sans lien entre elles ou en compétition monoproductive. Dans la plupart des cas, la dissociation réelle entre les pays, l’économie d’exportation et la dynamique de structure fermée face à tout ce qui ne faisait pas partie du système radial, sont renforcés pendant le xixe siècle. L’approche des puissances étrangères contribue à cette évolution. Une fois disparu le monopole commercial espagnol, l’Angleterre devient la métropole économique de l’Amérique du Sud et des Caraïbes. Sa pénétration dans les économies et dans la vie politique locale lui confère "une influence importante dans la balkanisation des anciennes colonies, car il privilégie le commerce et les contacts directs avec chaque région"8. Les États-Unis cherchent un effet similaire à travers leur hostilité ouverte aux accords commerciaux qui incluent une clause de non-discrimination entre les pays hispano-américains. Cette attitude est présente lors de la négociation d’une convention avec le Chili – interrompue à la suite du désaccord de Washington — et donne substance aux pressions nord-américaines sur le traité entre le Mexique et la Colombie (Selser, 1994 : 151). De surcroît, la communication entre les centres urbains du nord et du sud hispano-américain se réalise souvent via les États-Unis et l’Europe, ce qui produit un autre type d’éloignement (Monteagudo, 1862 : 162). L’occupation espagnole de l’île péruvienne de Chincha, ainsi que l’intervention française au Mexique, dans les années 1860, par exemple, sont interprétées dans les journaux argentins en prenant en compte principalement l’opinion outre-Atlantique (Frazer, 1949).
LE MOUVEMENT UNIONISTE
12Tandis que les structures socio-économiques consolident l’atomisation hispano-américaine, la menace externe sert de motivation aux projets d’union défensive. Et pour cause : entre 1824 et 1846, juste avant l’invasion du Mexique par les États-Unis, l’Amérique latine est l’objet de nombreux blocus militaires, de mobilisations des forces armées dans le dessein d’intimider les jeunes républiques, d’occupations territoriales, d’annexions, d’invasions directes et indirectes au moyen de l’incursion de troupes régulières et de pirates. Ces agressions sont principalement le fait de l’Angleterre, des États-Unis et de la France, bien que l’Espagne soit à l’origine de nombreuses pressions (tableau n° 5, voir annexes). Ainsi, l’objectif unioniste chez Francisco Miranda, puis chez Simón Bolívar, Bernardo Monteagudo et Andrés de Santa Cruz, entre autres, est axé sur la nécessité de sauvegarder l’intégrité du sous-continent. Cette préoccupation est partagée par des associations de citoyens. Tout au long des années 1860, plusieurs sociétés sont créées dans le but de soutenir les efforts de l’union et d’enraciner "la pensée de la confédération" au sein de la population, notamment en Argentine, Bolivie, Chili, Mexique et Pérou9.
L’identité latino-américaine
13Dans ce contexte, l’idéologie unioniste en appelle parfois aux origines précoloniales, surtout dans les Andes, en Méso-Amérique et au Mexique, où le passé remonte, respectivement, aux civilisations inca, maya et aztèque. Dans la plupart des cas, on fait aussi référence au concept de "nation hispano-américaine". Pour Simón Bolívar, la confédération est possible en raison de cette identité d’origine, de langue, de coutume et de religion (Simón Bolívar, 1815 : 81). Felipe Pardo en 1840, ainsi que les Traités de 1848 et de 1857 expliquent le dessein unioniste par les mêmes termes : l’existence des liens communs d’origine, de langue, de religion et de coutumes, mais aussi par "la [continuité] géographique, la défense d’une cause commune, l’analogie des institutions et, surtout, les nécessités et les intérêts réciproques". D’après ces critères, partagés par un grand nombre d’acteurs publics et intellectuels, les nouvelles républiques représentent "les parties d’une même nation"10. Plus tard, José Maria Samper définit les traits différentiels hispano-américains à partir du concept de civilisation ou de "race morale" : l’Amérique hispanique, selon lui, est une culture différente de la latine, de la chibcha ou de la quichua, puisque sa principale caractéristique est son penchant "démocratique". José Martí recrée l’idée associée au métissage et lui confère une orientation forte vers l’unité. En substance, la nécessité d’intégration n’est pas perçue comme un problème de défense extérieure. Bien au contraire, c’est l’appartenance à une même nation qui justifie la recherche de l’union (Samper, 1859 : 349 et Martí, 1881 :13).
Les territoires à intégrer
14Un certain consensus se fait sur les différents territoires à intégrer. Selon la majorité des acteurs hispano-américains, la Colombie ou l’Union américaine doit comprendre le sous-continent dans son ensemble sauf Porto Rico et l’île de Cuba, dont les projets de libération sont abandonnés par l’armée hispano-américaine en raison du support affiché par États-Unis à la présence espagnole. La paternité de cette idée revient à Francisco Miranda, dans sa Proclamación a los pueblos del continente colombiano alias Hispanoamérica, de 180011. Simón Bolívar reprend le projet colombien dans sa célèbre Lettre de Jamaïque de 1815 et le met en application lors du Congrès de 1826. Même si l’historiographie paraît hésiter sur les intentions du Président colombien Santander concernant l’invitation des États-Unis au Congrès de Panamá, pour Bolívar il est clair que ce pays, ainsi qu’Haïti, sont des nations "étrangères" et, par ce fait, "ont un caractère hétérogène" en comparaison avec l’Amérique hispanique, plus "homogène, compacte et solide".
15Cette conception, exprimée à Santander dans une lettre d’Arequipa datée du 30 mai 1825, est réitérée plus tard dans les missives adressées à Heres le 9 juillet, et une seconde fois à Santander le 21 octobre. Jusqu’à la seconde moitié du xixe siècle, l’espace géographique de l’Amérique hispanique sert de critère à la définition territoriale des Congrès de 1848, 1857 et 1865, ainsi qu’aux projets intellectuels de Justo Arosemena, Francisco Bilbao, José Maria Samper, Ignacio Escudero, Benjamín Vicuña Mackena et Eugenio María Hostos, entre autres12. Parmi eux, Samper présente en 1859 un rapport détaillé sur les raisons pour lesquelles les États-Unis et le Brésil devraient être exclus de la confédération. La plus importante signale l’existence d’un "antagonisme entre civilisations" (Samper, 1959 : 357-365).
LES MODÈLES D’INTÉGRATION
16Si la recherche d’intégration des nouvelles républiques a comme but premier la défense de la souveraineté hispano-américaine, les instruments pour la mettre en œuvre peuvent varier. Les principales modalités de l’époque comprennent l’État fédéral, la confédération et l’union douanière. Plusieurs expériences concrètes de ces schémas étaient connues par les acteurs hispano-américains, comme le Zollverein (union douanière) allemand ou l’État fédéral nord-américain. Cependant, à chaque occasion, les congrès bolivariens choisissent la confédération défensive comme forme d’union. Ce choix peut surprendre, car la confédération nord-américaine (assez connue en Amérique hispanique à la fin du xviiie siècle), montre l’insuffisance de ce type d’agencement minimum entre les États. Cet échec, parmi d’autres, permit en 1896 à Le Fur de signaler que l’État fédéral et la confédération "se distinguent en ce que seule la première de ces deux formes possède la souveraineté, manifestée par le droit du pouvoir central de déterminer librement sa compétence, et par conséquent le caractère d’État". La confédération, pour sa part, ne représente pas un État, mais une association entre différentes entités indépendantes, car "la souveraineté y réside non dans le pouvoir central, mais dans les États confédérés". En ce sens, la confédération "est à peu près incapable de vivre et de fonctionner régulièrement" (Le Fur, 1896 : 733-735). Néanmoins, comme on le verra, le choix de la confédération a une rationalité justement fondée sur les conditions de la fragmentation hispano-américaine.
L’union douanière
17La ressemblance entre la structure tarifaire hispano-américaine crée par l’Indépendance et le fractionnement douanier de l’Allemagne – jusqu’en 1818 ce pays était divisé par soixante-sept tarifs internes, plus les tarifs suédois et français—n’a été prise en considération en Amérique que dans la dernière partie du xixe siècle (Carr, 1991 : 22-24). Pourtant, les grands hommes politiques hispano-américains connaissent les Zollvereins de 1818 et 1834, non seulement à travers le commerce avec les villes hanséatiques, mais aussi grâce à la participation de paysans allemands dans l’armée bolivarienne, ou aux dépêches qui arrivent du vieux continent. Ils savent, ou peuvent savoir, que le premier Zollverein, et surtout le deuxième, ont eu une influence considérable sur la croissance économique allemande. Le Traité général de 1834, signé par la Prusse et plusieurs États de l’Allemagne centrale et du sud, a contribué à élargir le marché interne et a favorisé l’adoption d’un système monétaire commun.
18Plusieurs de ses tâches sont semblables à celles que proposent les traités hispano-américains : l’harmonisation des poids et des mesures, le développement de la navigation, la création des voies ferrées et des infrastructures routières. Deux ans après le second Congrès de Lima, le dernier Zollverein entre en fonction en incluant la plupart des États allemands, à l’exception de l’Autriche et des ports sur la Mer du Nord. Il est alors considérée comme l’un des principaux instruments de l’unification allemande sous hégémonie prussienne, en ayant institué un système majoritaire où seule la Prusse avait le droit au veto (H.O. Henderson, 1981 : 184, 308-320). Le Zollparliament, l’instrument politique de l’union douanière, exerce aussi une importante influence sur la perception du modèle en tant qu’instrument d’intégration. Quand les États allemands s’unifient en 1871, tous les membres du Zollverein – sauf le Luxembourg — deviennent les États qui composent le Reich allemand (Riker, 1964 : 5-6).
L’État fédéral
19L’idée d’un État fédéral fait son apparition à Philadelphie en 1787, comme alternative centralisatrice à l’échec de la confédération nord-américaine de 1781-1788. Sa principale caractéristique est la notion d’une double communauté, l’État et l’Union, lesquels agissent sur le même territoire et la même population, chacun ayant une autorité indépendante sur certains aspects. Au contraire des confédérations, cette forme d’union ne se borne pas à la défense et à la politique étrangère, mais envisage aussi la création d’une économie nationale. C’est ainsi qu’Alexander Hamilton, Secrétaire du Trésor des États-Unis et auteur du célèbre Federalist (1887-1888) crée une Banque centrale pour l’administration des fonds fédéraux et pour l’union des politiques budgétaires et monétaires.
20Son influence en Amérique espagnole est visible dans les débats constitutionnels des nouvelles républiques, mais elle n’a pas de suite en ce qui concerne les projets continentaux. Lors de la rédaction de l’Acte du 28 mai 1821 du Congrès de Cúcuta pour la formation de la Colombie, les participants "penchent pour la fédération actuelle [et pour] un gouvernement aux pouvoirs concentrés"13. L’année même où échoue l’essai de confédération de Panamá, Bolívar revient à son vieux projet de Fédération des Andes qui englobe la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Pérou et le Venezuela. Après sa mort, dans une partie de cet ensemble et sur l’initiative du Maréchal Andrés de Santa Cruz, fonctionne entre 1836 et 1839, la Confédération Pérou-Bolivie, désintégrée à la suite de son invasion par le Chili. Il s’agit du seul d’essai d’union dont l’échec ne résulte pas de dissensions internes. Les constitutions fédérales d’inspiration nord-américaine seront finalement adoptées en Argentine (1853), au Mexique (1857) et dans le Brésil de l’Estado Novo (Carmagnani, 1993).
La confédération
21Au niveau continental, le choix de la confédération – dont le trait fondamental est le respect de la souveraineté des États et la recherche de la cohésion sur le plan international – apparaît déterminée par la menace étrangère, par les nécessités budgétaires et par l’émiettement politique structurel hérité de l’époque coloniale. Ses caractéristiques suivent de près les projets paneuropéens de la République chrétienne du Duc de Sully (1638) et de la République européenne de l’abbé français Castel de Saint Pierre (1713). L’objectif du premier projet est l’établissement d’un mécanisme d’équilibre entre les quinze puissances du continent : six monarchies héréditaires, cinq monarchies électives et quatre républiques. Il prévoit un Congrès fédéral composé d’un nombre de commissaires réunis dans un sénat, en suivant le modèle de l’ancienne assemblée de la Thessalie, connue sous le nom des Amphictyoniques. Dans ce projet, les fonctions du sénat sont l’analyse et l’identification des solutions pour les affaires courantes de la Confédération, et son mandat est renouvelé tous les trois ans. La Paix perpétuelle de l’abbé de Saint Pierre, pour sa part, prévoit dans ses articles 1 et 2 la création d’une communauté composée de dix-neuf pays formant la Confédération des États de l’Europe, avec une présidence exercée à tour de rôle afin de compenser les effets de la limitation des souverainetés. Prenant comme source d’inspiration les confédérations helvétique, hollandaise et germanique, l’abbé postule la possibilité et la nécessité d’un arbitrage permanent entre les pays les plus faibles et les plus puissants du continent, dont le nombre inclut la Russie.
22Malgré leur célébrité, ces deux projets restent lettre morte en Europe14. En Amérique, pourtant, ils vont influencer la conception bolivarienne de l’unité hispano-américaine et, par-là, la presque totalité des projets confédératifs du xixe siècle15. Selon Francisco de Paula Vijil, il est "aisé d’observer" dans le congrès de 1826 l’ascendant "du conseil amphictyonique en Grèce et de celui qu’essaie le roi Henri IV [dont le Duc de Sully est le ministre] et propose comme simple écrivain l’abbé de Saint Pierre pour l’Europe" (Vijil, 1862 : 305-305, 320, et Ancizar, 1855 : 331). Outre cette tradition, l’alliance défensive de Chaumont de 1814 entre l’Autriche, l’Angleterre, la Prusse et la Suède a, d’après Bernardo Monteagudo, le plus "d’analogies applicables au système hispano-américain et aux circonstances" dans lesquelles il se trouve au début des années 1820. C’est ainsi que les accords hispano-américains de juin 1822 et d’octobre 1823 "participent de l’esprit" de cette alliance (Monteagudo, 1862 : 169). La Sainte Alliance formée par l’Autriche, la Prusse, la Russie et l’Angleterre exerce sur ce point une influence différente. À cause de son hostilité affichée contre l’Amérique bolivarienne, cette coalition met en relief l’aspect défensif du Congrès réuni à Panama, ville dont les côtes sont menacées par les bâtiments de guerre espagnols pendant les travaux des représentants plénipotentiaires
LES CONFÉDÉRATIONS HISPANO-AMÉRICAINES
23Les plus importantes concrétisations de l’idéologie hispano-américaniste sont, bien sûr, le Congrès de Panama et les trois autres congrès qui l’ont suivi jusqu’en 1865. Ils restent à la fois ses principaux exposants, le laboratoire d’expérimentation du régime confédératif comme forme d’intégration, et l’effort d’unité le plus important qu’ait jamais connu le sous-continent.
Le congrès Amphictyonique de Panamá
24La réalisation du Congrès Amphictyonique de Panamá de 1826 a comme principale motivation la menace de reconquête de l’Amérique par l’Espagne, aidée par la Sainte Alliance16. Étaient représentés la Grande Colombie (composée par la Colombie, l’Équateur, le Panamá et le Venezuela d’aujourd’hui), le Pérou, le Mexique et la Fédération Centraméricaine (formée par le Costa Rica, Le Salvador, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua d’aujourd’hui). L’Argentine et le Chili, jaloux de l’"impérialisme" colombien, et le Brésil, peu enclin à appuyer l’unification hispano-américaine, déclinèrent l’invitation du Libertador (Vicuña M., 1862 :150, et Monteagudo (1862 : 167-168). L’Angleterre et les Pays-Bas, en guerre avec l’Espagne, envoyèrent des observateurs, tandis que le représentant des États-Unis (qui arriva à Panama après les travaux du Congrès), était chargé par son gouvernement d’essayer d’accroître les échanges commerciaux avec le Sud (tableau n° 6).
25Pour la sauvegarde de leur indépendance, les pays représentés se dotèrent d’un ample corps de normes. Selon l’article 240 du Traité I d’Union perpétuelle, Ligue et Confédération, le principal objectif de l’association des États récemment constitués était de maintenir "de façon défensive et offensive, si cela était nécessaire, la souveraineté et l’indépendance de toutes et de chacune des puissances confédérées". La plupart des paragraphes se réfèrent à l’organisation et au recrutement de contingents armés. Les articles 13, 16 et 20 traitent les problèmes de concertation ; le 23 et le 24, des droits des citoyens (les mêmes partout dans le sous-continent) ; l’article 28, finalement, établit des règles générales de politique extérieure. Le Traité II prévoit les conditions de réunion et de négociation de l’Assemblée, tandis que les Traités III et IV constituent un rapport détaillé sur les droits des contingents, leur recrutement et sur la défense continentale. De manière significative, il n’est question des relations économiques que dans un paragraphe du Traité I (article 25), selon lequel les compensations financières pour les services réciproques seront réglées "en vertu de stipulations antérieures" (Congreso de Panamá, 1826).
26De toute évidence, l’oubli du facteur économique répond au désir de limiter les sources de conflits. La nécessité de renforcer les souverainetés hispano-américaines conduit le Congrès à céder dans tous les domaines, notamment l’économique, sauf sur le plan défensif17. De ce point de vue, l’insuffisance du traitement de la question de l’agencement interne reflète la conscience d’une désarticulation supérieure aux forces de l’accord, un réalisme dont Simón Bolívar a reconnu l’impuissance. Dans une lettre envoyée au Général Páez en 1826, Simón Bolívar décrivit le Congrès de Panamá comme "le fou grec qui avait l’intention de diriger d’un rocher les bâtiments qui naviguaient sur la mer". L’état de méfiance entre les élites politiques hispano-américaines, ajouté aux facteurs politiques structurels et aux ingérences étrangères conduisirent à ce que, malgré les concessions faites à la souveraineté de chaque État, les Traités ne fussent ratifiés que par la Colombie.
Le premier congrès de Lima
27Trois autres congrès ont été organisés après celui de Panama. Le Mexique essaya, pendant les décennies 1830-1840, d’être le siège de la seconde réunion, mais après sa défaite face aux États-Unis, paraphée par le Traité de Guadalupe Hidalgo de 1848, le centre de gravité du commandement hispano-américain se tourna vers le sud. Le second Congrès a lieu à Lima, Pérou, entre décembre 1847 et mars 1848, avec la participation de la Bolivie, du Chili, de la Colombie et de l’Équateur. Comme le précédent, l’appel du Congrès péruvien est axé sur l’hostilité des puissances extérieures18. L’Espagne cherche alors à reconquérir la côte ouest de l’Amérique du Sud, tandis que les États-Unis (qui cette fois-ci ne reçoivent pas d’invitation officielle), mènent une politique annexionniste dans le Nord mexicain.
28Le Traité de Confédération signé à Lima reprend l’idée amphictyonique sur la nécessité d’articuler et de coordonner les forces défensives hispano-américaines. Le texte montre, comme nouveauté par rapport au Traité de Panamá, une plus grande attention aux questions internes : prévention de conflits entre les nouvelles républiques (articles 4, 9, 10-14 et 22) ; respect des frontières héritées de la colonie ou l’Uti possidetis juris (article 7) ; contrôle des processus d’union ou de séparation des États hispano-américains (articles 7 et 8), et solution pacifique des conflits (article 9) – Protócolos del Congreso de Lima, 1847-48. Trois autres traités, concernant le commerce et la navigation, la communication postale et les affaires consulaires, sont signés à la fin du Congrès, mais seule la Convention consulaire est ratifiée par les pays représentés.
Le congrès de Santiago
29La troisième réunion eut lieu à Santiago, Chili, du 15 septembre 1856 au 3 juin 1857, sur l’appel de "l’Union des républiques américaines"19. Outre le pays organisateur, l’Equateur et le Pérou envoyèrent une représentation plénipotentiaire. Une seconde fois, cette réunion avaient été rendue possible à cause des ambitions territoriales des États-Unis, ainsi que des expéditions du flibustier William Walker en Amérique centrale, perçues comme "une guérilla d’avancée" nord-américaine (Bilbao, 1856 : 281, 290, et Samper, 1859 : 364). De façon à consolider la convergence politique des trois pays, un Traité de confédération continentale fut signé, lequel établit à son tour une Ligue des États latino-américains et un congrès permanent. Le Traité, pourtant, était plus réticent que ses ancêtres à l’idée d’une unification défensive, attitude justifiée à Santiago par le désir de ne plus réveiller l’hostilité des puissances externes (Congreso de Santiago, 1856-1857). Ce changement d’orientation de l’hispano-américanisme ne s’est pas opéré sans polémique, notamment parmi les membres de la Société de Santiago, dont certains rapports faisaient remarquer l’insuffisance et le manque de compromis du texte20. Toujours à cause des dissensions intestines et de différents problèmes d’interprétation, ce traité n’a été ratifié par aucun des pays membres.
Le second congrès de Lima
30Le dernier congrès est organisé de nouveau à Lima du 14 novembre 1864 au 13 mars 1865. Un plus grand nombre de pays y participent : la Bolivie, le Chili, la Colombie, l’Équateur, Le Salvador, le Guatemala, le Pérou et le Venezuela. Le Traité d’union et d’alliance défensive signé à l’occasion appelle pour la dernière fois à confédérer les pays hispano-américains pour faire face à l’intervention étrangère. Pendant les travaux du Congrès, le territoire mexicain est occupé par la France, l’île de Saint Domingue par l’Espagne (de 1861 à 1865) et celle-ci est en guerre avec le Pérou. Parmi ces conflits, l’hispano-péruvien domine les débats et laisse son empreinte sur le texte final, en dépit de la décision du pays amphitryon d’arriver à un accord bilatéral avec l’ancienne puissance coloniale, sous la forme d’indemnisations financières. En référence à l’agression ibérique, le Traité établit "la nécessité de ne concéder ni d’accepter d’aucune nation le protectorat ou la supériorité en détriment de son indépendance et souveraineté". Comme dans le passé, le Traité d’Union, de même que les traités sur la solution commune des conflits, la coopération et l’échange postal, ne sont ratifiés par aucun pays (Frazer, 1949).
À la recherche de nouveaux instruments
31Après le quatrième congrès, la région met à l’écart toute initiative intégrationniste pendant un siècle. La disparition de la menace de reconquête, du moins celle de l’Espagne, y contribue fortement. De manière significative, plusieurs auteurs observent que l’objectif des confédérations n’a désormais plus de sens dans son chapitre défensif21. D’autres, moins nombreux, dénoncent avec insistance l’expansionnisme des États-Unis au détriment des initiatives latino-américaines, ce qui, d’après eux, compromet l’avenir du sous-continent (Samper, 1859 : 361-364, et Bilbao, 1856 : 281). Le déclin de l’unionisme est aussi accentué par les différences et les différends entre les États hispano-américains. Les disputes territoriales entre le Pérou et la Colombie, puis avec l’Équateur, ainsi que la Guerre du Pacifique (1879-1883), qui inaugure la tension séculaire entre la Bolivie et le Pérou d’une part, et le Chili d’autre part, conduisent les États à concentrer leur attention sur la recherche de solutions pour limiter leurs controverses.
32Dans les années 1860, une nouvelle vague d’intellectuels reprend l’exploration des formes d’intégration hispano-américaine, mais sans pouvoir intervenir sur le plan institutionnel. Le haut degré de désarticulation économique inspire le projet de Juan B. Alberdi, pour qui les limitations en infrastructure, l’insuffisante utilisation des voies fluviales, l’anarchie des douanes et des tarifs, ainsi que l’absence de crédit pour financer le développement, sont les principaux ennemis de l’union. Pour résister à leurs effets, il préconise la création d’un "congrès commercial et maritime" en suivant le modèle allemand (Alberdi, 1862 : 230 et sq.). Pour sa part, l’Union latino-américaine de 1865 de José María Torres Caicedo ajoute aux mécanismes traditionnels du modèle confédératif (diète commune, tribunal suprême, armée continentale, codes uniformes), la création d’une union douanière sous une modalité "plus libérale que la forme allemande" (Julián Ocampo, 1981 : 25).
33De manière concomitante, Francisco Bilbao observe que l’intégration du sous-continent implique la création d’une "alliance fédérale et commerciale" dont un des premiers actes devrait être l’abolition des droits de douane (Bilbao, 1856 : 295). Comme on l’a déjà dit, ces projets d’agencement économique n’ont eu qu’un effet limité sur les gouvernements, car les accords commerciaux étaient officiellement considérés comme non désirables, et l’abolition des obstacles au libre échange tout simplement "impossible" (Prótocolos del Congreso de Lima, 1847-48 : 92-96). Les tarifs douaniers, devenus une trop importante source de revenus, représentaient pour les États un véritable bouclier face à l’étendue des problèmes budgétaires22.
CONCLUSION
34D’après notre étude, le caractère défensif des confédérations du xixe siècle peut être considéré comme une réponse rationnelle aux degrés d’atomisation douanière, politique et socio-économique du sous-continent. En ce sens, l’unionisme se bornait à l’activation de l’identité hispano-américaine pour faire face à la menace européenne. Dans ce contexte, le choix de la confédération apparaît comme le résultat d’une approche fonctionnelle qui aboutissait à la nécessité d’un engagement minimum comme seule alternative à la désagrégation. Pour Bolívar, dirigeant incontesté du mouvement unioniste, qui commandait une des plus fortes armées du continent et qui, à un moment donné, présidait à la fois trois des cinq pays membres du Congrès de 1826, les chances de concrétisation d’un équilibre entre les forces centripètes et centrifuges étaient réelles, même si elles restaient faibles. C’est l’intensité déstabilisatrice de la contrainte extérieure qui explique à elle seule l’aspect sélectif de la réponse hispano-américaine, conduisant à stipuler l’entière liberté des nouveaux États sur le plan politique, économique et juridique.
35Plus tard, la rivalité qui résulta de la lutte permanente pour obtenir les éléments nécessaires à leur survie et à leur consolidation, explique pourquoi le mouvement unioniste a été partiellement effacé au profit du "panaméricanisme" promu par les États-Unis. Pendant le dernier quart du xixe siècle, l’intérêt officiel pour l’unionisme a fait place aux régulations légales internationales, à l’organisation de plusieurs congrès de juristes (1877-1879, 1883 et 1888-1889) et à la création du système interaméricain en 1889. C’est n’est qu’au xxe siècle que l’approche douanière est devenue l’élément constitutif de la relance d’un mouvement plus ancré sur l’économie et sur les conditions structurelles de l’atomisation politique. Cette conception est paraphée par la création, dans les années 1960, de nouveaux schémas d’intégration fondés sur la nécessité d’une interpénétration économique préalable à toute union politique, notamment le Marché commun centraméricain (1960) et l’Accord de Cartagena ou Pacte andin (1967).
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Annexe
Annexes
Notes de bas de page
1 Une première version de ce chapitre a été publiée par la Revista de Historia de l’instituto Panamericano de Historia y Geografía, n° 27.
2 Voir John Lynch (1992). Le premier projet d’indépendance du Mexique, daté du 18 septembre 1766, ne fait aucune référence à l’Amérique hispanique, mais à la future "República de Méjico".
3 D’après Le Plan d’Indépendance de Fray Melchor de Talamantes (1808), "les quatre vice-royaumes de l’Amérique sont indépendants les uns des autres".
4 Sur les formes de travail colonial et leur portée, voir Ciro F.S. Cardoso et Héctor Pérez Brignoli (1979: 151-227), Juan et Julia Villamarin (1975), Celso Furtado (1970: 8-19) et Sergio Bagú (1949).
5 Voir Henry Adams, (édition 1955: 2) et pour l’analyse Charles Beard et Mary Beard (1949: 486). Déjà à l’époque de la Confédération de 1781, James Madison faisait valoir que la "vraie division" entre les participants aux travaux était la contradiction entre le système agraires des Sudistes et les intérêts commerciaux et industriels du nord. Le demi-million d’esclavagistes qui habitait dans la partie méridionale du fleuve Mississippi, représentait, à cause de cette attitude, "le germe d’un empire indépendant". La Confédération des États américains de 1861, composée par onze États du sud, fut créée dans le dessein de préserver l’esclavage dans cette partie de l’Amérique du Nord. Elle représente un retour à la Constitution de 1781 et la réaction face au centralisme promu par l’État fédéral. Sa Constitution provisoire, signé à Alabama, prévoit, notamment, la sauvegarde de la souveraineté de chaque État membre.
6 L’expression appartient à Francisco de Paula Vijil (1862 : 318).
7 Sur les conditions de l’endettement avec l’Angleterre, voir F.G. Dawson (1990) ; en ce qui concerne le rôle de l’Église, M. Chowning (1990).
8 Octavio Sunkel et Pedro Paz (1970 : 300). Après la concession par le roi espagnol Philippe V du droit d’asiento aux esclavagistes anglais au xviiie siècle, la Couronne britannique ne cessa de faire pression (à travers ses entreprises mercantiles) sur le contrôle espagnol jusqu’à rompre son monopole commercial, en 1778.
9 Les villes où fonctionnent les sociétés d’Union américaine sont : Buenos Aires (Argentine); Sucre, Cochabamba, Oruro et La Paz (Bolivie) ; Santiago, Valparaiso, Quillacota-Unión Americana et La Serena (Chili) ; District fédéral et San Luís Potosí (Mexique) ; Lima et Arequipa (Pérou).
10 Voir Congreso de Lima, Introduction (1847-1848) et Felipe Pardo (1840).
11 D’autres projets de confédération défensive incluent ceux d’Antonio José de Irisarri (1810) et les Constitutions du Chili (1811) et la Bolivie (1825).
12 Sur le contenu des projets, voir Francisco Bilbao (1856), Ignacio Escudero (1857), José Maria Samper (1859) et Benjamín Vicuña (1862).
13 Voir Congreso de Cúcuta (1821).
14 Parmi les expériences confédératives européennes du xixe siècle, l’Empire britannique, dont Bolívar sollicite en 1826 la protection pour le Congrès de Panama, constitue une référence paradigmatique. Le terme de Commonwealth (communauté) désigne ici la réunion des ex-colonies anglaises tant en Amérique du Nord (Canada) qu’en Afrique, Asie et Australie. L’unité de l’empire reposait sur la défense commune et la coopération des divers secteurs, ainsi que sur la loyauté à la couronne. Exceptant la promotion d’un système douanier ouvert, la Communauté n’avait pas de compétence en ce qui concerne l’administration des économies associées (Hall, 1971 : 33-44).
15 Cette influence se réalise à travers notamment les Extraits du Projet de Paix Perpétuelle de Jean Jacques Rousseau.
16 Le Traité fondateur de la Sainte Alliance fut signé le 26 septembre 1815 par l’Autriche, la Russie et la Prusse. Le 20 novembre, la Grande-Bretagne en devint le quatrième membre. Cette ligue, fondée sur les principes restaurateurs et "légitimistes" de Metternich, soutint ouvertement la volonté de reconquête de l’Espagne envers ses anciennes possessions américaines. Cependant, l’appui apporté par les Britanniques à l’Indépendance de l’Amérique espagnole, ainsi que la libération de la Belgique et de la Grèce dans les années 1830, allait miner l’unité de ces quatre puissances.
17 Le régime confédéral est aussi adopté au niveau des républiques. En Amérique centrale, les projets d’union débutent avec la mise en place de la Confédération de 1824, laquelle englobe le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Nicaragua et le Honduras. Ses documents répondent à une logique défensive qui implique une large liberté aux souverainetés récemment acquises. Le paragraphe deux de l’article 178 de la Constitution, venant à la suite d’une série de chapitres qui établissent un niveau élevé d’autonomie pour les différentes parties sur le plan politique, économique, social, juridique et douanier, stipule que le consentement du Congrès sera seulement requis "pour la fixation des droits de douane externes" (Confederación Centroamericana, 1824 : 97). Deux autres républiques adoptent des constitutions confédératives avant d’établir des régimes centralisés : la Confédération grenadine de 1858 à 1860, et la Confédération argentine, de 1854 à 1862.
18 Le terme "défensif" est accordé par Hélio Lobo (1918) en exclusivité au Congrès de Panama ou à la "première phase" de l’hispano-américanisme. Dans notre travail, cette catégorie englobe l’ensemble des essais de confédération continentale du xixe siècle.
19 Un traité similaire, bien que de moindre importance, ait signé un an auparavant (1855) entre le Pérou, l’Equateur et le Costa Rica, et dont le texte paraît avoir servi de modèle à la rédaction du Traité de Santiago, si l’on considère l’analyse comparative présentée par Ignacio Escudero (1857 : 114-129) devant le Congrès Constituant du Pérou en 1857.
20 Le rapport est signé par Bruno Larraín, Aniceto Vergara et Isidro Errázuriz (1862 : 134).
21 Notamment Juan M. Carrasco (1855 : 261) et Juan B. Alberdi (1862 : 239, 288). D’après Bernardo Monteagudo (1862 : 161), l’unionisme confédératif est déjà un "vieil objectif" des Hispano-américains à la fin des années 1850.
22 Ce protectionnisme commercial est aussi le résultat de la méfiance latino-américaine à l’égard de la pénétration économique des États-Unis, notamment au Mexique et au Pérou. Sur cet aspect, voir le rapport du délégué britannique au Congrès de Panama de 1826, cité par Gregorio Selser (1994 : 1 74).
Notes de fin
* Université Autonome Métropolitaine (UAM), unité Atzcapotzalco. Membre du Système National de Chercheurs. Fondateur et coordinateur du Programme Universitaire de Recherche "Intégration en Amérique" de l’UAM.
† Sont exclus les paiements forcés d'indemnisations, les pressions diplomatiques ez les ingérences des puissances étrangères dans les conflits intérieurs.
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