Préface
p. 13-14
Texte intégral
1Après avoir mené un travail de terrain remarquable dans un des quartiers les plus difficiles d’accès de Bogotá, Marjorie Gerbier Aublanc nous propose un texte excellent concernant le destin de femmes d’origine rurale déplacées par la guerre interne qui sévit depuis des années dans ce pays. Un texte qui tranche avec la production désormais relativement abondante sur ce sujet en Colombie. À partir des témoignages recueillis au sein d’un collectif d’accueil « YO Mujer », ce livre nous restitue la trajectoire de ces femmes victimes depuis le moment traumatique ayant entraîné leur déplacement forcé jusqu’à leur progressive reconstruction en milieu urbain, une reconstruction leur permettant de se projeter positivement au sein de la ville d’accueil. On peut ainsi voir comment, à la suite du déracinement et de l’exil et grâce au travail remarquable mené par ce collectif, ces femmes sont amenées à réfléchir sur ce qu’étaient leur position sociale et leur habitus comme femmes rurales au sein de leur famille d’appartenance et à prendre conscience de leur possible et nécessaire autonomie. Une autonomie ou « empoderamiento » qui les conduit à prendre distance avec les formes classiques de la domination masculine auxquelles elles auraient pu difficilement échapper sans un tel déracinement. Finalement, sans oublier un seul instant le coût élevé qu’elles ont été amenées à payer pour une guerre qui n’était pas la leur et dont elles sont les premières victimes, on comprend que le déracinement peut s’avérer aussi pour elles une opportunité. mais pour qu’un processus de « subjectivation positive » puisse avoir quelque chance de se produire, mieux vaut que ces femmes soient encadrées par d’autres qui, après voir connu un sort comparable, ont trouvé la force de construire un lieu d’accueil solidaire capable de produire chez elle une telle transformation. Morale : l’individu(e) pour se produire a besoin de la solidarité du groupe (élictif) et de liens (choisis).
2Ajoutons que ce livre est fort bien écrit et que Marjorie Gerbier Aublanc a su aller chercher, chaque fois que nécessaire, les référents théoriques pertinents dont elle avait besoin pour éclairer sa recherche. Le résultat est là : un vrai travail de sociologue qui combine empathie avec son sujet et mise à distance nécessaire pour l’analyse.
Auteur
Professeur de sociologie, directeur de recherche
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