L'Amérique latine hispanophone
Une Amérique latine ou des Amériques latines ?
p. 145-158
Texte intégral
1Les écrits de Monbeig sur l'Amérique latine révèlent de quel bois se chauffe ce géographe, à une époque où la monographie régionale et ses tiroirs restaient la production de base en France, ou tout du moins le modèle appliqué par la génération qui publie des ouvrages -thèses bien sûr en général- avant la seconde guerre mondiale.
2Très tôt, il donne place aux faits de grande dimension, continentaux ou internationaux : son compte rendu (1939) de l'article de E. De Martonne sur la diagonale aride sud-américaine (1935) est destinée à convaincre un public brésilien de l'existence de « faits géographiques totaux ». Plus tard il souligne le poids de la géographie des capitaux et l'importance du prix des matières premières pour les pays latino-américains (à propos de la Bolivie, 1958, ou à propos du développement du sous continent, 1968). Parallèlement, il sait situer à différentes échelles les faits étudiés, par exemple dans ses présentations de la Bolivie (1957, 1958), où l'on passe en souplesse de l'examen des terroirs ruraux de l'altiplano aux relations entre terres froides et terres chaudes et aux déséquilibres interrégionaux du territoire bolivien.
3Mais n'en resterait-on pas à une bonne géographie humaine classique en s'en tenant aux traits soulignés ci-dessus ? Monbeig, sans l'affirmer en quelque manifeste - ce qui ne serait guère de son style - non seulement incorpore le social à la géographie, mais en fait tout naturellement le centre de ses préoccupations, ce qui lui permet de contourner aisément les tiroirs thématiques, monotones énumérations encyclopédiques qui peuplent souvent encore la production géographique un demi-siècle après ses premiers écrits. C'est ainsi qu'il nous bâtit pour le Mexique une « géographie-problème » à partir du « mouvement démographique » (1963), où les piliers de l'argumentation sont la révolution d'une mortalité « tropicale », les problèmes de l'indigénisme, la régionalisation des migrations et la concentration urbaine. Nous reviendrons plus loin sur ce qui nous semble être la clé de cette ouverture aux disciplines de la société : un rapport à la connaissance qui s'enracine dans une expérience de recherche en pays latino-américain, le Brésil des années 1940 essentiellement.
4Il faut aussi donner une place au tempérament de Monbeig dans son apport scientifique sur l'Amérique latine : une forme d'esprit de contradiction faite d'ironie souriante qui le conduit à voir comment et pourquoi les modèles en vogue ne collent pas dès qu'on abandonne les comparaisons de façade pour passer derrière le décor. Ceci transparait au moins dans deux occasions : quand des chercheurs veulent incorporer l'Amérique latine dans un modèle général du sous-développement, et quand d'autres veulent appliquer à celle-ci les schémas européanisants de paysan, de réseau urbain, de pôle de développement.
5Face à une vision globalisante du sous-développement, lui privilégie un phénomène de nouveau monde, celui de civilisations coloniales qui ont consommé pour les gâcher des milieux naturels très variés (1964, milieux naturels ; 1968, sous-développement). Pour lui la fin de ce gaspillage est une sorte de préalable à tout effort réel de développement. Et il prêche pour cela une connaissance intime, détaillée, des milieux naturels et des milieux humains, qui ne peut être acquise qu'à une échelle régionale de plus en plus fine : ce niveau d'étude apparait plus ici comme un outil de développement que comme un objet spécifique : chez lui apparemment pas de méthode spécifique pour l'analyse régionale, cadre et outil et non pas but en soi.
6Parallèlement nous voyons Monbeig s'attaquer à la fausse analogie si sécurisante pour le géographe de passage qui croit retrouver les schèmes qui lui sont familiers dans le pays qu'il ne connait pas : ce qui permet avec tant d'agrément de « faire la leçon » (ou la conférence) - d'ailleurs trop souvent attendue - aux collègues attentifs de ce pays.
7Ainsi souligne-t-il qu'on chercherait le plus souvent à tort des paysans en Amérique latine, au sens qu'avait ce mot dans l'Europe des années 1950. C'est ainsi que le couplage de la culture et de l'élevage est exceptionnel dans ce sous-continent. La réflexion de Monbeig à ce sujet se développe à partir de ses contacts (et de ses lectures) dans le milieu des ethnologues : Dumézil pour la Bolivie (1957), Alfonso Caso pour le Mexique (1963) ou le Guatemala (1963). Le vieux concept de genre de vie pratiqué en France par les géographes jusqu'aux années 1950 est ici vivifié et réévalué : ne permet-il pas la généralisation au niveau régional des acquis contenus dans les monographies que les ethnologues répugnent, encore à cette époque, à étendre au delà de la communauté villageoise, et qu'au Mexique au moins ils transformeront, au cours des années 1970, en anthropologie régionale ? Mais cependant Monbeig repère ici et là des emprises paysannes, qui ne se développent guère vers une intensification agricole que dans des situations de banlieue ou dans des zones irriguées. Il ne voit d'évolution possible vers des paysanneries que grâce à des réformes agraires qui seraient couplées à des révolutions techniques agricoles : dans les deux réformes agraires « paysannes » du sous-continent, la bolivienne et la mexicaine, ce second volet technique n'est guère apparu que latéralement et tardivement.
8Même refus de s'en laisser conter à propos des réseaux urbains : le plus souvent les villes sont peu ou mal connectées entre elles au sein d'un pays latino-américain, si bien qu'on ne saurait se contenter, pour définir des réseaux, de hiérarchie formelle reposant sur les dimensions de celles-ci. Et en conséquence la région « fonctionnelle », structurée par des flux complexes, est un fait exceptionnel en Amérique latine : Monbeig souligne que la principale exception est la région de São Paulo. Même méfiance (Cuadernos, 1963) devant ceux qui veulent appeler pôle de développement les nouvelles implantations industrielles dont il souligne le rôle possible d'enclaves technocratiques aux mains de dirigeants pratiquant un colonialisme interne de facto.
9C'est en fait sur le contenu humain des villes qu'il insiste, pour montrer la formidable montée des classes moyennes en leur sein, ce que peu avaient su voir si tôt (1965, 1973). Peut-être n'a-t-il pas perçu à quel point les ouvriers des industries urbaines de « substitution d'importation », protégés par l'État et par les syndicats, étaient partie intégrante de ces classes moyennes. Mais il montrait fort clairement combien était naïf l'espoir de ceux qui croyaient que la croissance de celles-ci était gage de stabilité politique, selon le modèle nord-américain ou européen. Il montrait aussi comment les classes moyennes adhéraient aux idéologies nationalistes des gouvernements populistes, y compris dans leurs versions militaires.
10Si ces classes moyennes forment des puzzles au sein des villes, plus hétérogènes encore sont les couches plébéiennes de celles-ci, et il souligne ajuste titre qu'elles sont à cent lieues de former des prolétariats (encore une occasion de souligner la faible pertinence des modèles d'Europe ou des États Unis). Et pour mieux comprendre ces diverses couches urbaines, il en appelle à une géographie de l'éducation comme à une géographie de la consommation.
11Ces spécificités de l'Amérique latine, Monbeig nous les montre globalement quand il s'interroge sur « Une Amérique latine ?... » (1965, mais aussi 1973). Pour lui, au sein d'un Tiers Monde divers, l'image latino-américaine est composée par des États (ce qui manque largement sur les autres continents et surtout en Afrique), assis, mais mal assis. Ce sont ces États qui sont divers, et ce sont leurs classes moyennes nationalistes qui affirment la particularité de chacun d'eux, contre les États Unis aussi bien que contre la tradition coloniale. Or c'est de cette tradition coloniale qu'est issue l'unité latino-américaine. Vue ainsi, elle est portée par les élites traditionnelles, celles qui se sont formées dans les écoles secondaires et les facultés de droit pénétrées d'héritage catholique. Et Monbeig nous rappelle que pour leur part les plèbes urbaines comme les masses rurales ont bien d'autres soucis que d'assumer l'identité latino-américaine des élites, ou l'identité nationaliste des classes moyennes... Occasion pour lui de nous dire combien il faut se méfier des poncifs qu'il relève dans certains ouvrages de seconde main dont se contente dans les années 1950 l'ignorance européenne en ce qui concerne l'Amérique latine (1951, Annales ESC).
12Ce balayage des thèmes familiers à P. Monbeig nous conduit à nous demander comment et pourquoi l'Amérique latine fut-elle l'occasion pour ce géographe de contourner le cloisonnement des disciplines traditionnelles. Sans doute parce que chacune d'entre elles n’existait pas dans des sociétés qui avaient leurs praticiens, en général formés à l'étranger, leurs gens titrés, dans des pays où l'on donne du docteur et du licencié (mais aussi du coronel, dans le sertaõ), aux hommes importants, mais sans que les corps professionnels, en dehors de l'armée sans doute, soient constitués. Si bien que paradoxalement, le professeur étranger était ici accueilli pour ce qu'il disait en venant de loin, mais sans ces classements préalables qui chez nous délimitent un public, une clientèle, une trajectoire. Cette liberté dans le contact avec la société cultivée rendait possible, mais obligatoire aussi, de délimiter de quoi l'on devait parler, sur quoi il fallait enseigner : pas plus que les corps n'étaient réellement constitués, les discours n'étaient établis.
13Choisir de quoi l'on parle, quand les « programmes » n'existent pas et surtout quand personne ne sait où sont les cloisons, est un risque : celui de la banalité encyclopédique ou celui de l'hyper-spécialisation hors de tout contact avec le public. Qui n'a senti, hors de son milieu d'origine, ce mélange de légèreté et d'anxiété devant la possibilité et la nécessité du choix ? C'est dans une telle ambiance que l'on peut décider de ce qui est important dans la discipline dont on est l'héritier, le valoriser et l'adapter à un milieu différent, en même temps que l'on abandonne des pans entiers de ce qui n'apparaît plus que comme un rite inutile. Parallèlement, le milieu académique plus restreint et peu cloisonné donne l'occasion de mieux connaître les praticiens d'autres disciplines, ceux du pays comme ceux qui eux aussi viennent de loin, avec le bagage qu'ils apportent de chez eux et dont ils brûlent eux aussi des pièces entières inutilisables.
14Monbeig, comme professeur au Brésil, a pu remettre en cause les cloisonnements universitaires français ; il y fut aussi chercheur. Ici aussi les catégories établies faisaient défaut quant aux matériaux à mettre en œuvre. Voici un pays qui entretient avec le temps des rapports qui ne sont pas strictement chronologiques, selon l'anecdote de ces caboclos du sertaõ qui demandent au visiteur des nouvelles de Charlemagne et des Douze Pairs, puisqu'il vient de France. Les société d'Amérique latine sont constituées et policées, mais selon un mélange d'ancien régime et de modernité qui ne s'exclut pas mutuellement. Sociétés autonomes, mais dominées et façonnées par l'étranger. La fragilité même des milieux scientifiques latino-américains d'alors permettait que communiquent entre eux les tiroirs qui chez nous enferment les faits des sciences humaines.
15La loi est plus qu'ailleurs un fait politique, puisque selon les catégories sociales elle est ou bien subie, ou bien contournée et violée. La démographie traite de populations dont l'existence ne peut être prouvée qu'à travers des réseaux administratifs naissants, fragiles, hétérogènes. L'agriculture de plantation, avant d'être production, est commerce extérieur. Le travail de collecte de l'information peut-il dans ces conditions ne pas être une remise en cause permanente des catégories scientifiques établies ? La pluridisciplinarité qui fut une mode des années 1970-1980 avant que certains croient utile de la remettre en cause pour revenir à un « approfondissement » de leur discipline, était dès les années 1930 et 1940 un impératif pour qui travaillait en Amérique latine.
16Peut-être comprend-on mieux après cela comment Monbeig façonne l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine dans les années 1960 à la lumière de ces réalités connues au Brésil, comme d'autres parmi nous les ont découvertes peu après là bas, ou en Argentine, au Chili, au Mexique, au Pérou. Se souvient-on à quel point était alors difficile en France de constituer des études sur l'aire culturelle et politique latino-américaine hors de la tutelle d'un système rigide : langue- littérature-civilisation ibériques, dans lequel la troisième était appendice de la seconde, elle-même fille de la première ? Sans caricature on peut comparer cette situation à celle d'une géographie française dans les années 1950 où le fonctionnement régional était appendice d'un paysage fils de la structure géologique.
17Cet Institut, avant que la mode (littéraire, politique) de l'Amérique latine ne s'établisse en France pour une vingtaine d'années, fut le lieu d'un enseignement particulier, pluridisciplinaire, à base d'économie, de sociologie, de démographie, d'écologie botanique et de photo-interprétation. Venaient s'y ajouter (comme liant de la sauce ? comme cadre ?) de la géographie humaine et de l'histoire. Qui d'autre que Monbeig, fort de l'expérience du décloisonnement latino-américain d'alors, aurait pu réunir Maurice Byé, François Bourricaud, Léon Tabah et tant d'autres ? Les publications de l'Institut accueillaient aussi largement toutes disciplines, ouvrages ou articles, pour donner naissance en 1968 à l'ambitieux projet d'une triple revue qui sous le nom de Cahiers des Amériques Latines aurait eu un volet « milieu naturel », qui ne vit pas le jour, un volet arts et littérature (qui fit en fait double emploi avec Caravelle, de Toulouse, et ne dura pas), et un volet politique, économique et social, qui fonctionne, mais a vu et vécu bien des avatars et dont l'étude attentive permet de comprendre à quel point la juxtaposition, puis la cohabitation et enfin l'interpénétration de disciplines différentes sont difficiles, même sur un même objet qui est une passion commune, l'Amérique latine.
18L'attitude scientifique de P. Monbeig s'explique bien dans ce contexte. Il découvre le Brésil depuis la géographie des années 1930, mais regarde à partir de la fin des années 1940 la géographie depuis un Brésil où les frontières et cloisons ne sont pas celles de la France. Son livre sur une société régionale au Brésil ne sacrifie pas au rite de l'érudition pour l'érudition, mais pénètre tranquillement dans le social. C'est à partir de là qu'il ne cessera de voir les disciplines de l'homme et de la société toujours de biais, les unes par rapport aux autres, aussi bien à l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine qu'à la direction des sciences de l'homme du CNRS. Il s'intéresse plus aux contacts, aux charnières, aux zones d'ombre où surgit ce qui est neuf, qu'aux édifices construits pour qu'on en contemple la façade. Cette attitude le rend incontestablement peu sensible aux constructions théoriques, qui dans chaque discipline se veulent corps de doctrine ; plus amateur de la chair du social que de l'architecture.
Une Amérique Latine ou des Amériques Latines ?
19L’Amérique Latine, au fond, qu'est-ce-que c’est ? Je ne dis pas pour la poinçonneuse du Métropolitain de Paris, mais pour un bachelier français ? C’est un pays célèbre par son instabilité politique ; par son folklore ; par ses équipes de football ; par ses jolies femmes. Un certain nombre de clichés. On vit sur des clichés. Si l’on pousse un peu plus loin, on s’apercevra que ce jeune bachelier sait qu’en Amérique latine on parle espagnol. Généralement il oublie que 75 millions de Latino-Américains sont de langue portugaise et quelques millions de langue française. Si on pousse un peu plus loin encore, il dira que l’Amérique latine est fondamentalement catholique et de culture et de tradition latines, comme son nom l’indique. Et si vous essayez de pousser un peu plus loin encore dans ses retranchements ce jeune bachelier, c’est-à-dire quelqu’un qui est au-dessus du niveau de culture moyen, il faut l’espérer, vous constatez très vite qu’il n’en sait pas davantage.
20Mais ceci après tout est excusable peut-être de la part d’un jeune Européen. Ce qui est très important et très révélateur, c’est que si on pose des questions du même type à un jeune citoyen d’une des républiques latino-américaines, on risque beaucoup d’avoir des déceptions du même genre. Il est de règle qu’un étudiant de Mexico ignore à peu près tout de l’Argentine, de sa vie politique, de sa littérature. De même qu’il est à peu près de règle qu’un étudiant de Rio de Janeiro ou de São Paulo soit plus au courant des œuvres de Simone de Beauvoir ou de Sartre que de la littérature mexicaine, vénézuélienne, équatorienne ou colombienne. Le jeune étudiant de Buenos-Aires en saura probablement davantage sur la politique française que sur les situations politiques du Chili voisin ou du Pérou.
21Ce qui tend très bien à montrer que, d’une part, les Européens se fabriquent une représentation collective d’une Amérique latine globale et en quelque sorte primaire, et qu’au contraire presque toujours en Amérique latine, la notion d’Amérique latine est assez peu fréquente.
22Ce type de problème a été très brillamment traité en somme par M. André Siegfried dans un livre déjà ancien. Il n’a pas abordé directement le problème, mais il a été pour la littérature française l’un des premiers à montrer que l’Amérique latine n est pas une, je voudrais rapidement insister sur cette diversité des Amériques latines, je reprendrais très volontiers pour mon compte l’emploi du pluriel beaucoup plus que du singulier. Et Lucien Febvre, l’historien qui fut un des maîtres de cette Université, avait eu je crois, tout à fait raison, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, de publier un Cahier des Annales d’Histoire Economique et Sociale, auquel il avait donné le titre « À travers les Amériques latines ».
23Pourquoi les Amériques latines ? Eh bien, sans aucun doute, parce que dans cet immense continent ou sub-continent que constituent les vingt républiques d’Amérique Latine, les diversités du milieu naturel sont telles qu’il est difficile d’admettre qu’il y ait une unité. C’est une vérité très simple, je vous demanderai humblement pardon de vous rappeler que la Cordillère des Andes n’est pas l’Amazonie, que l’Amazonie n’est pas les hauts plateaux du Mexique, que ceux-ci ne sont pas la région tropicale brésilienne, et que celle-ci n’est ni la Pampa, ni la Terre de feu. Je m’en excuse beaucoup, mais il y a une sorte de déformation professionnelle qui fait qu’il m’est absolument impossible de séparer les hommes des milieux naturels dans lesquels ils vivent, et que par conséquent, je suis amené par cette déformation naturelle à placer avant tout ces relations entre les hommes et les milieux dans lesquels il se trouvent.
24Et je crois bien que l’un des aspects fondamentaux de ce que l’on appelle le sous-développement de l’Amérique latine, réside précisément dans T insuffisance ou la maladresse avec laquelle les différents groupes humains, jusqu’à présent, ont tiré parti des différents milieux naturels dans lesquels ils se trouvent. Ce qui fait que les problèmes de développement dans les Amériques latines ne doivent pas, sous peine de courir à des désastres, être considérés d’une manière abstraite et globale, mais doivent être replacés dans les différents milieux physiques.
25Je pense qu’il ne sert à rien de concevoir des plans, et de faire des calculs valables pour l’ensemble de l’Amérique latine. Je pense qu’il est nécessaire avant tout de tenir compte de ces cas régionaux qui sont extrêmement distincts les uns des autres.
26Vérités de M. de La Palice, encore une fois. Mais une certaine expérience m’amène à constater que ce sont elles qu’on méconnaît le plus. Et je pourrais vous citer des publications d’organismes économiques latino-américains qui sont extrêmement intéressantes, qui contiennent des masses de renseignements très utiles pour nous, mais qui sont, si j’ose dire, stratosphériques, parce qu’elles ne tiennent pas compte des réalités naturelles. Et que lorsqu’on étudie par exemple des problèmes de la répartition de la propriété pour l’ensemble du Chili, c’est s’amuser, mais s’amuser aux dépens des paysans chiliens. Parce que le problème n’est pas le même dans l’ensemble du Chili. Il varie selon les régions et la proximité des villes, selon le degré de pénétration des voies de communication dans les différents secteurs de la campagne chilienne.
27Mais naturellement, tout ceci chacun le sait, de même que nul n’ignore l’extraordinaire variété ethnique de l’Amérique latine ? Je ne fait que rappeler que, depuis déjà longtemps, nous savons tous qu’il existe des républiques et des régions d’Amérique latine dans lesquelles la proportion des éléments indiens ou métis est extrêmement élevée, comme la Bolivie, le Chili, la Colombie, certains pays d’Amérique Centrale, le Mexique ; d’autres pays, d’autres régions dans lesquelles au contraire les éléments d’origine américaine sont plus nombreux ; d’autres régions comme l’Argentine, l’Uruguay, qui ont une population presque entièrement blanche, ce qui fait qu’au moment où nous entrions dans cette salle, sur le ton de la plaisanterie, M. Lambert et un de ceux qui sont ici disaient : « Oh, l’Argentine, ce n’est pas l’Amérique latine ! ». On pouvait se permettre la plaisanterie, parce que l’Argentine, à laquelle j’ajouterai l’Uruguay, représente quelque chose d’extrêmement différent du reste de l’Amérique latine.
28Mais ces différences dans les compositions ethniques, que nul n’ignore en fin de compte, ne sont pas les seules qu’il faille signaler.
29Nous référant à l’appellation contrôlée, comme disent les gens qui ont des diplômes d’œnologie, à l’appellation contrôlée « latine », nous pensons que tous les citoyens habitant l’Amérique latine appartiennent à la communauté catholique. Et nous y voyons l’une des bases de l’unité américaine ou latino américaine, par opposition au monde nord-américain anglo-saxon, qui serait une majorité protestante.
30Nous avons appris du reste que le groupe catholique était assez nombreux au sein des États-Unis pour qu’il soit devenu dangereux d’établir un cas d’égalité : États-Unis= protestants. Mais je pense qu’il n’est pas absolument juste d’établir un cas d’égalité : Amérique latine = catholiques, car les formes du catholicisme d’abord sont assez souples, et assez nuancées entre les différents États de l’Amérique latine. Que, d’autre part, il ne faut pas oublier que cette générosité des Latino-Américains qui leur a fait bien souvent accepter de se mêler soit aux Indiens, soit aux descendants africains, cette générosité les a amenés à accepter la présence dans leurs pays de bien d’autres manifestations religieuses, et la question qui se pose, et qu’il serait peut-être intéressant de préciser par des études de sociologues, est de savoir précisément, à l’époque actuelle, parmi les élites et les classes dirigeantes de l’Amérique latine, quelles sont les influences non catholiques qui peuvent s’exercer ?
31L’actuel gouverneur de l’État de São Paulo ne répugne pas, à l’occasion, à faire tourner les tables et à appeler l’esprit. Vous souriez, mais le nombre des spirites n’est pas petit dans les pays d’Amérique latine. Et ceci signifie que certains éléments cherchent une manière ou une autre de s’évader des cadres traditionnels. De même, les différentes églises protestantes connaissent en Amérique latine un progrès extraordinaire qui ne signifie pas du tout seulement, comme on le croit trop souvent parfois de notre côté de l’Atlantique, une progression de l’influence nord-américaine. Il signifie qu’un certain nombre d’éléments se conforment mal avec l’ordre traditionnel. Ce sont des non-conformistes qui veulent sortir, briser les cadres traditionnels.
32Il faudrait ajouter ce qui reste propre aux religions des descendants africains ou indiens, et il faudrait tenir compte de la présence d’Israélites fidèles, d’éléments japonais, tout ceci pour vous aider à nuancer les idées toutes faites, et à vous débarrasser de clichés traditionnels sur l’Amérique latine. Cette Amérique latine est peut-être actuellement, oserais-je dire, moins latine qu’elle ne l’était voici un quart de siècle ou trente ans. Oui, elle est moins latine, parce que les éléments jeunes, dans les pays les plus importants, aspirent davantage à recevoir une formation scientifique et une préparation technique, qu’à suivre les chemins juridiques qui étaient ceux qui suivaient traditionnellement les jeunes gens de la bonne société.
33C’est à travers les écoles secondaires, qui étaient presque toujours tenues par des ordres religieux, et c’est aussi à travers les facultés de droit qui furent les premiers établissements universitaires créés en Amérique latine et qui continuent aujourd’hui, très justement du reste, de bénéficier d’un grand prestige, c’est à travers ces deux institutions qu’on recevait la culture lorsqu’on appartenait à la classe disposant de moyens tels que l’on pouvait avoir accès à la culture.
34Or les choses changent. Les transformations des économies latino-américaines et des sociétés latino-américaines, surtout depuis la crise mondiale de 1930 et avec une accélération postérieure à la deuxième guerre, créent d’autres soucis, d’autres préoccupations.
35J’ai été très frappé l’année dernière, en août et en septembre, au Brésil, de rencontrer des hommes jeunes, je ne dis pas des jeunes gens, mais des hommes jeunes, ingénieurs, techniciens, sortis d’écoles polytechniques, sortis d’écoles agronomiques, et non point issus des facultés de droit, qui savaient leur métier, et non seulement savaient leur métier, mais étaient des gens cultivés. Non point la brute technique, mais de très honnêtes hommes avec lesquels on pouvait parler de n’importe quoi, et qui s’intéressaient à leur pays. Je n’aime pas beaucoup employer les grands mots, mais enfin je serais tenté de dire qu’ils étaient animés par une certaine passion de travailler à la croissance de leur pays. Mais ces hommes jeunes —je vous parle de ceux que j’ai vus l’année passée au Brésil, mais j’en ai rencontré au Mexique aussi, par exemple— ont une tendance toute naturelle a rejeter ce qui est latin, parce que ce qui est latin s’associe pour eux, à tort ou à raison, à la tradition coloniale, à une limitation de l’indépendance de leur pays.
36Non pas qu’ils rejettent la culture latine, ils étaient assez fins et avaient l’esprit assez ouvert pour savoir ce qu’ils devaient à la culture latine, et pour savoir aussi les dangers que peut représenter une ultra-technicité de style nord-américain ou soviétique. Mais ils cherchaient autre chose. Si vous voulez, ils se considéraient comme Latins, à peu près comme n’importe lequel d’entre nous, quelle que soit sa philosophie, est chrétien et cartésien. Mais ils n’avaient point la nécessité d’en parler, pas plus que nous n’avons la nécessité de nous proclamer cartésiens. Et ce qu’ils recherchaient avant tout, c’était le progrès de leur pays sous tous ses aspects, économique, social et culturel. Ils cherchent à le trouver, à l’assurer dans le développement d’un génie national et sans avoir recours aux modèles extérieurs européens et latins.
37C’est un peu désagréable pour les universités françaises de s’apercevoir que sous peu ce que les jeunes poètes brésiliens, mexicains, péruviens, peuvent être tentés d’écrire, ce n’est plus de la mauvaise poésie française ; de s’apercevoir que la musique que les jeunes compositeurs désirent écrire ce n’est pas de la musique à la sauce parisienne. Non, c’est de la musique brésilienne, de la poésie brésilienne, des romans mexicains, équatoriens ou vénézuéliens, ce qui fait que la culture propre à chaque pays tend à s’affirmer de plus en plus, et que la diversité des génies nationaux se renforce.
38Nous nous éloignons donc de « l’unité Amérique latine » pour aller vers une diversité plus grande, diversité qui exprime l’éclosion de ces génies propres aux différentes nations latino-américaines. Les ambassadeurs des pays latino-américains qui sont ici ne m’en voudront pas si je dis que pour beaucoup d’Européens, l’existence de vingt républiques latino-américaines apparaît comme quelque chose d’un peu folklorique, je dirai même parfois ridicule. Pourquoi n’y a t’il pas un seul pays ?
39Nous ignorons la géographie bien entendu, mais aussi l’histoire des pays d’Amérique latine. Et si l’on y prête un tout petit peu d’attention, on constate que l’existence de ces différents pays, de ces différentes patries, ne se justifie pas plus mal que l’existence des pays et des patries à l’intérieur de l’Europe et à l’intérieur de l’Afrique.
40Dans quelle mesure ce sentiment de contribuer au développement économique, social et culturel du pays dont on est le citoyen est-il un sentiment populaire ? Ou n’est il pas le privilège de quelques éléments de la population ? Et dans quelle mesure aussi le sentiment qu’il existe malgré tout une certains communauté latino-américaine n’est-il pas par contre tout à fait étranger à la masse de la population ?
41Pendant longtemps et encore maintenant, je crois la notion d’Amérique latine, de collectivité latino-américaine tout à fait étrangère à la grande majorité des populations latino-américaines.
42Cette aristocratie foncière dont nous avons eu l’occasion ce matin de dire quelques mots, les uns et les autres, était bien davantage tournée vers la culture européenne que vers l’ensemble de l’Amérique latine. Elle formait une sorte d’Internationale qui se retrouvait à Paris, à Genève ou à Rome. Et les relations entre les différents pays étaient rares et malaisées, et elles le restent encore.
43Voulez-vous simplement penser à une carte politique et à une carte des populations d’Amérique du Sud. Et vous verrez comment les frontières du Brésil avec le Vénézuéla, l’Equateur, avec le Pérou, avec la Bolivie, sont précisément les régions les plus vides d’hommes ; et que réciproquement les contrées du Pérou, de l’Equateur, du Vénézuéla, de la Bolivie les plus proches du Brésil, sont également les plus vides d’hommes, les conflits de frontières entre ces pays portent, à la différence de ce que nous avons connu en Europe, sur les régions vides. Et ces conflits naissent du fait qu’elles sont sous-peuplées et qu’elles pourraient l’être. Alors que chez nous, les conflits de frontières sont presque toujours issus d’un surpeuplement de la zone frontière, ou de l’importance comme point de passage, de la frontière.
44Frontière du Brésil et du Vénézuéla ? Personne n’y passe, sauf les explorateurs et les contrebandiers. Frontière du Brésil et de la Bolivie ? Il y a un train, une ligne internationale, j’aime mieux prendre l’avion que d’être obligé de prendre ce train qui était, du reste, il y a quelques années, fréquenté par les femmes métisses de la Bolivie, qui allaient faire de la contrebande au Brésil, en y apportant les boîtes de lait en poudre distribuées par les services nord-américains en Bolivie.
45Voilà donc des frontières d’un caractère particulier, qui isolent les hommes. Les marches frontières sont des régions vides et des régions qui contribuent à séparer les peuples les uns des autres.
46Certes, ceci est une généralisation, et à mesure que je parle, je pense à des exemples différents, mais il n’y avait pas, je crois, pour l’ensemble de l’Amérique latine, ces circonstances qui font que des peuples voisins se connaissent. Ils se connaissent pour se détester ou s’apprécier, mais ils se connaissent. Là, c’était l’ignorance.
47L’existence d’une Amérique latine est une notion, je ne dirais pas surimposée, mais une notion qui s’est développée finalement par opposition avec l’Amérique du Nord, avec l’Amérique anglo-saxonne-cette unité intellectuelle est avant tout, je crois, une manifestation d’opposition. C’est la recherche de quelque chose qui réunirait des groupes d’hommes par opposition à d’autres. Et en dépit des journaux et de la radio, en dépit des conférences internationales, des congrès, des échanges d’ingénieurs, de techniciens, de médecins, des congrès d’étudiants, et même d’un peu de tourisme, cette unité latino-américaine, je ne crois pas qu’elle soit une notion populaire en Amérique latine.
48J’entends bien que nos collègues universitaires latino-américains pensent qu’elle peut exister et que devrait même en être renforcée une unité américaine. Mais je crois que les foules européennes, malgré les antagonismes nationaux qui restent encore vifs, sont beaucoup plus pénétrées du sentiment d’une Europe que ne le sont les foules de l’Amérique latine.
49D’abord parce que celles-ci ont d’autres préoccupations, infiniment plus immédiates. Et ce n’est pas devant l’ambassadeur et géographe de Castro que je me permettrais de rappeler que la première des préoccupations de ces foules est de manger à leur faim. Et tant qu’elles n’auront pas mangé à leur faim, il sera peut-être difficile de leur demander de se poser des problèmes qui sont bons pour des esprits dont les ventres sont remplis.
50Il y aurait encore beaucoup à dire pour ajouter à ces caractères de diversité. Ne serait-ce, par exemple, que de nuancer l’unité linguistique de l’Amérique espagnole. Car n’oubliez pas tous les millions d’Indiens qui ne parlent pas l’espagnol ou qui, comme le dit Alfonso Casso, ne savent en espagnol que les mots qui correspondent à « présent », impôt, gendarme.
51Je crois avoir aussi essayé de vous montrer comment l’épithète « latin » devait être employée aujourd’hui avec plus de circonspection qu’on ne pouvait le faire jadis. Et je pense que les Européens doivent se réjouir et se sentir extrêmement flattés lorsqu’ils entendent leurs amis venus du Salvador, de l’Equateur, du Brésil ou d’autres républiques latino-américaines, célébrer la culture latine. Mais que par contre, lorsque nous allons dans les pays d’Amérique latine, s’il est un thème que nous devons éviter d’employer, surtout lorsque nous nous adressons aux jeunes générations, c’est bien le thème de l’unité latine. Il y a autre chose à dire.
52Mais je ne voudrais tout de même pas vous laisser penser que je ne suis pas sensible à une unité du monde latino-américain. Cette unité, je crois que la masse des Latino-Américains ne la sent pas et ne s’en préoccupe pas, mais qu’elle existe, et qu’elle mérite d’être renforcée me paraît évident. Cette unité, elle tient ses sources essentiellement dans le passé colonial qui, à beaucoup de nuances près, a marqué du même sceau les structures sociales et les structures économiques dans l’ensemble des pays d’Amérique latine.
53L’une des formes de la diversité des Amériques latines est qu’à côté des villes ultramodernes, nord-américaines dans leur style, existent des campagnes où l’on vit au rythme du xviiie siècle. On pourrait même remonter plus loin et dire que dans certaines campagnes, on vit au rythme du xiiie siècle castillan, sans compter les groupes d’Indiens qui sont plus archaïques encore. Tous existent ensemble. Mais ceci, cette coexistence de civilisations d’âges différents, se retrouve dans presque tous les pays de l’Amérique latine. Même et si nos amis Argentins ne le pensent pas, même à l’intérieur de cette Argentine qui fait un peu bande à part dans l’ensemble du monde latino-américain, le contraste est grand entre Buenos-Aires et les vallées de Salta, de Jujuy, ou les fins fonds de la Tierra del Fuego. A l’intérieur même de l’Argentine, coexistent actuellement des civilisations d’âges différents.
54Ceci crée une unité latino-américaine. Et puis l’usage est là. Malgré tout, nous devons continuer à nous servir du singulier et non du pluriel, et dire l’Amérique latine et non les Amériques latines, parce qu’au fond, c’est en face des autres, c’est par rapport aux autres que s’affirme l’originalité de tous ces pays. Ce n’est pas seulement vis-à-vis de l’Amérique du Nord, mais c’est aussi par rapport à un autre groupe de pays qui vient, lui, à peine de sortir de la dépendance politique, par rapport au groupe des pays africains, et c’est aussi par rapport à l’Europe.
55Il est incontestable que les problèmes des Amériques latines n’ont rien de commun avec les problèmes européens. Ils ne sont pas antagonistes, mais ils sont distincts. Et les cultures latino-américaines pour elles-mêmes ne sont déjà plus, je vous l’ai dit, des imitations de la culture européenne. Elles cherchent d’autres voies, d’autres solutions.
56J’ai eu la curiosité de relire avant de venir ici ce Cahier lancé par Lucien Febvre après la guerre, « A travers les Amériques latines ». Et j’ai relu un article d’un des savants français qui y avait le mieux, non seulement travaillé, mais aimé les peuples d’Amérique latine, Paul Rivet. L’article que Paul Rivet avait écrit pour cette publication se terminait précisément non pas par un acte de foi, mais par une affirmation raisonnée : c’est en Amérique latine, et dans la diversité des pays d’Amérique latine que, nous autres de l’Europe, nous pouvions espérer que continueraient de fleurir de nouveaux aspects de notre culture européenne, mais renouvelée, mais transformée. Ce n’est plus de la culture européenne, c’est autre chose. Mais c’est au départ une source européenne.
57Nous retrouvons là tout de même l’unité des Amériques latines en remontant encore une fois à la source. Mais on voit que ces Amériques latines ont été vraiment miraculeuses. Comme tous les miracles il y a des moments où on peut en douter. Mais il n’en reste pas moins que pour ceux qui se sont pris d’affection pour ces pays, on est convaincu que le miracle se fera et que les cultures qui naissent à peine maintenant deviendront l’une des gloires de notre humanité tout entière.
58« Une Amérique latine ou des Amériques latines ? » Centre Universitaire des Etudes Européennes, Strasbourg, 1965, pp 39-62.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Meurtre au palais épiscopal
Histoire et mémoire d'un crime d'ecclésiastique dans le Nordeste brésilien (de 1957 au début du XXIe siècle)
Richard Marin
2010
Les collégiens des favelas
Vie de quartier et quotidien scolaire à Rio de Janeiro
Christophe Brochier
2009
Centres de villes durables en Amérique latine : exorciser les précarités ?
Mexico - Mérida (Yucatàn) - São Paulo - Recife - Buenos Aires
Hélène Rivière d’Arc (dir.) Claudie Duport (trad.)
2009
Un géographe français en Amérique latine
Quarante ans de souvenirs et de réflexions
Claude Bataillon
2008
Alena-Mercosur : enjeux et limites de l'intégration américaine
Alain Musset et Victor M. Soria (dir.)
2001
Eaux et réseaux
Les défis de la mondialisation
Graciela Schneier-Madanes et Bernard de Gouvello (dir.)
2003
Les territoires de l’État-nation en Amérique latine
Marie-France Prévôt Schapira et Hélène Rivière d’Arc (dir.)
2001
Brésil : un système agro-alimentaire en transition
Roseli Rocha Dos Santos et Raúl H. Green (dir.)
1993
Innovations technologiques et mutations industrielles en Amérique latine
Argentine, Brésil, Mexique, Venezuela
Hubert Drouvot, Marc Humbert, Julio Cesar Neffa et al. (dir.)
1992