L'Espagne des années trente
La réforme agraire en Espagne
p. 67-80
Texte intégral
1L'oeuvre « espagnole » de Pierre Monbeig se situe au début des années 1930 ; on sait quelle coupure cette période représente dans l'histoire, la géographie, l'évolution sociale et économique du pays. Deux dates permettent de « caler » dans le temps ses premières recherches.
21930 : premier séjour en mars, l'année même où prend fin la dictature de Primo de Rivera ; un an plus tard, Alphonse XIII, sans abdiquer, quitte le pays. L'avènement de la République - le 14 avril 1931 - laisse espérer un certain nombre de mesures attendues. Mesures sans lendemain ou restées lettre morte mais en tout cas propres à intéresser un géographe, s'agissant de réforme agraire ou de statuts d'autonomie régionale.
31936 : les élections voient triompher le Frente Popular, et le pronunciamento de Franco inaugurera trois ans de guerre civile, en prélude à la deuxième guerre mondiale.
41930, 1936, dualité des dates, alternatives des choix. La géographie de Pierre Monbeig, insérée entre ces deux rendez-vous de l'histoire d'Espagne, balance entre la production d'un état des lieux reposant sur une information à jour, et des vues prospectives sur une organisation future ; elle s'alimente à une double recherche, observation géographique et collecte historique, bénéficiant des va-et-vient entre deux disciplines prises comme complémentaires.
5A l'exception d'un article initial sur le pays d'Yvelines publié par les Annales de Géographie (A.G.) en 1929, la totalité des premières oeuvres de Pierre Monbeig parle de l'Espagne dans les revues de référence que sont les Annales de Géographie (1930, 1931, 1932, 1934), le Bulletin de l'Asssociation de Géographes français (1932, B.A.G.F.) ou les Annales d'Histoire Economique et Sociale (1932, 1933, A.H.E.S.). Le Congrès de géographie de Paris, en 1931, fournit l'occasion d'une communication. Les intentions du chercheur débutant sont claires, entre 1930 et 1934, en cinq années seulement, une dizaine de publications dont l'éclectisme révèle un goût prononcé pour le pays, selon un double intérêt : les attraits qu'exerce l'Espagne du moment et les stratégies commerciales à prendre en compte en période de crise et de concurrence. Une grande capacité d'écriture, appuyée sur trois séjours aux Baléares en 1930-31, l'accueil favorable des grandes revues font le reste...
6Le tout sans lendemain, car dès 1936 s'ouvre la période « brésilienne » inaugurée par deux articles dans la revue de géographie de São Paulo, de quatre autres dans les A.G., d'un pour le B.A.G.F. et d'un pour les A.H.E.S. : autres temps, autres lieux, autres thèmes, mais le support scientifique reste inchangé. Cette fièvre de publication ne s'exercera plus jamais sur l'Espagne, sinon de façon indirecte et inattendue à travers la reconnaissance lointaine et tardive qu'offrent les traductions (en 1948) de l'article sur les huertas d'Alicante et Murcie, et (en 1957) de celui sur les Baléares, 18 et 25 années plus tard, dans les Estudios Geograficos sous la plume d'Antonio Lopez Gomez et de Bartolomé Barcelo Pons1.
Etre chercheur dans l'Espagne des années 30
7Cela consiste d'abord à entrer en contact avec « le sujet » (terrain serait trop restrictif) sous toutes ses formes, des organismes commerciaux aux couloirs des Ministères en passant par les conversations dans les campagnes. Car le pays manque cruellement de statistiques : « il a été souvent impossible de trouver les statistiques désirables ; la plupart font défaut »... « les statistiques font défaut » (n° l p. 599) ; « là encore, nous n'avons trouvé aucune statistique »... « il est impossible d'obtenir des chiffres sur cette question » (n° 1 p. 604). Il en découle un parti, un souci de quantification que traduisent valeurs à l'hectare, besoins en eau, ou notations plus inattendues mais bien loin d'être anecdotiques : Elche a importé entre 1875 (date d'arrivée de la première d'entre elles) et 1895, 5 713 machines Singer pour coudre les étoffes aux semelles des alpargatas (espadrilles). Ce thème marque tous les chercheurs engagés en Espagne ; dès la page 13 de sa thèse Pierre Vilar évoque « une plongée dans le chaos de la statistique espagnole du xixe siècle, dans l'océan mal exploré des archives économiques, locales et internationales », ce qui ne se sera guère arrangé un siècle plus tard. La première phrase de l'article sur l'économie espagnole (1934) nous redit que « La bibliographie géographique de l'Espagne n'est pas abondante, particulièrement en études économiques ». Séries statistiques et cycles économiques marquent la recherche du temps ; le même Vilar écrit dans l'avant-propos de sa thèse, « entre 1932 et 1936 s'organisait internationalement l'observation historique du mouvement général des prix, et, dans la science économique, sous l'effet de la « Grande Dépression », la « conjoncture « était reine ».
8Dès lors les sources sont, et cela n'est paradoxal qu'en apparence, multiples, lorsque l'on fait feu de tout bois. Voisinent dans les notes infra-paginales l'Office commercial français, les agents français de Murcie et Alicante, les agents consulaires ou la Chambre de commerce d'Alicante. Les compléments, souvent de qualité, sont de nature para-géographique, tels ces guides que rédigent parfois des géographes, les brochures des différents ministères, les revues de la Chambre de commerce de Madrid ou les publications techniques des Confédérations hydrographiques. Pour l'histoire récente, l'inévitable dictionnaire de Pascual Madoz constitue le référent habituel. Diccionario geográfico, estadístico, histórico, de España y sus posesiones de Ultramar, en 16 in-quarto publiés entre 1845 et 1850 à Madrid. L'encyclopédie España suit ; la Géographie Universelle d'Elisée Reclus offre l'occasion de quelques emprunts, à propos de « la Puerta del Sol, l'agora des Madrilènes ». En juin 1931, 8 tomes de la Géographie Universelle dirigée par Vidal est Gallois sont publiés, mais pas celui sur l'Europe méridionale. N'oublions pas le dépouillement de la presse, La Voz, El Sol, ABC ou Ahora à Madrid ; la revue Ciudad-Lineal, El futur ο Madrid, spécialisées en urbanisme ; les publications municipales comme Informacion sobre la ciudad ou Boletin del Ayuntamiento.
9D'où un certain style, qui mêle enquêtes de terrain, exploitation de l'écrit, référence à l'histoire, démarches thématiques. Au fil des articles, le souci semble être de saisir le moment d'une mutation, nouveauté d'une Espagne qui évolue vers la production commerciale, quand « les huertas participent à l'activité moderne », et de se référer constamment à l'histoire ou aux prédécesseurs. En effet, le vide géographique n'est pas total, mais les ouvrages des devanciers sont encore bien rares. Que sait-on sur le thème de l'agriculture irriguée dans les années trente ? La thèse de Jean Brunhes répond à la question, mais elle date du début du siècle (« L'irrigation, ses conditions géographiques, ses modes et son organisation dans la Péninsule Ibérique et dans l'Afrique du Nord, 1902), et les travaux d'Aymard sont de 1862.
10A ce vide ancien répond une convergence d'intérêts, à l'échelon national et international, pour l'Espagne. Hermann Lautensach publie en 1932 « Zur Geographie der Künstlichen Bewässerung auf der iberischen Halbinsel ». L'année suivante paraît un gros volume dû à M.N. Schveitzer sur la vie économique de l'Espagne en 1931-32 et le même a déjà publié dans les A.G. en 1931 et 1933 sur le blé et les plantes sucrières en Espagne. Quel bel aveu quand Pierre Monbeig, commentant le livre, dit « dans cette étude commerciale, le géographe apparaît aussi ». (n° 7 p. 304). Sans compter les préoccupations des rencontres internationales auxquelles l'on ne songe pas immédiatement comme ce Congrès de chimie industrielle tenu à Paris en 1929 où l'on parle d'industries électrochimiques et d'engrais. Il y a là matière à géographie, géographie économique, commerciale, ou tout simplement marchande. Ces divers travaux ne cachent pas leurs buts utilitaires, l'Office algérien d'action économique et touristique a commandité le livre de Schveitzer pour en tirer quelques enseignements transférables à l'Afrique du Nord.
11Le grand géographe catalan Pau Vila, dans son souci habituel de didactisme, donne son Resum de geografia de Catalunya entre 1928 et 1935 dans la collection populaire « Barcino ». Pascual Carrion publie en 1932 Los latifundios en España, su importancia, origen, consecuencias y solucion. Germaine Picard et Jules Moch donnent L'Espagne républicaine chez Rieder en 1933. Le tome de la Géographie Universelle paraîtra sous la double signature de Max. Sorre et de Jules Sion (Méditerranée, péninsules méditerranéennes) en 1934. Un autre jeune géographe français, Pierre Vilar, entame des recherches qui n'aboutiront que bien plus tard, après pas mal de péripéties et sous forme d'une thèse d'histoire. Les dates de publication des travaux de Monbeig et Vilar sont contemporaines, celui-ci donnant trois articles aux A.G. en 1929 sur la vie industrielle dans la région de Barcelone, le commerce mondial du liège et le port de Barcelone en 1934 ; le rail et la route suivront, dans les A.H.E.S., en 1935 ; plus une communication sur l'utilisation hydro-électrique des fleuves au Congrès de géographie de Paris.
12En 1936 suivront d'autres publications. Avant que ne survienne ce changement majeur pour les deux chercheurs, l'un quittant l'Espagne pour le Brésil, l'autre la géographie pour l'histoire de la Catalogne rédigée en trois forts volumes qui feront date : La Catalogne dans l'Espagne moderne, Recherches sur les fondements économiques des structures nationales, SEVPEN, 1962.
Une géographie « sociale », une géographie « tout court »
13« Le sociologue trouverait là un terrain d'études aussi vaste que l'économiste et le géographe » (1933, p. 554). Ceci s'applique tout sépcialement au travail sur la réforme agraire et les passages sur l'agitation sociale des années 30 en Andalousie : meetings, grèves, bagarres, agitation, « l'été et l'automne de 1931 furent troublés par des émeutes sanglantes », sans compter « l'extrême sécheresse ». Dans le domaine du latifundisme, on est tout de suite dans les records : « on peut cheminer de Cordoue à Séville sans quitter la terre de tel grand seigneur foncier » ; « on disait couramment à Madrid ces dernières années qu'un illustre Grand d'Espagne omettait de déclarer au fisc l'existence de quatre-vingt-dix propriétés » ; « une dizaine de familles possèdent la moitié du territoire cadastré espagnol », (p. 547) « La grande propriété est en partie responsable de la crise sociale qui sévit actuellement du Tage à Cadix ».
14L'Espagne est un peu la garante d'un « exotisme » miséreux tout proche, étant alors en Europe un des pays qui ne s'est guère débarrassé de ses structures du xixe siècle. Excellente occasion d'en montrer les hommes, précisément sans exotisme. Pierre Monbeig croque les Espagnols, en quelques phrases toujours bien senties, s'évadant volontiers des stratégies commerciales et des plongées dans l'histoire pour retrouver les hommes. Parfois sous la forme la plus inattendue, celle de la statistique, car Madrid de 1920, c'est 22 407 rentiers, 50 069 membres des professions libérales, 317 494 domestiques ! A l'aridité des chiffres peut succéder la couleur d'une copia, d'un refrain chanté en Andalousie :
« Te tengo de comparar
al cortijo del Marques.
Mucha tierra, mucha tierra
Y ni un grano que moler ».
15Soit : « Je dois te comparer au domaine du Marquis, beaucoup de terre, beaucoup de terre, et pas un grain à moudre ».
16« Au sud de Madrid, beaucoup d'ouvriers ont acheté un terrain et construit avec l'aide de leurs femmes, occupant ainsi les jours de repos, de petites maisons de briques cuites au soleil. Il y a rarement plus de trois pièces, et l'eau fait généralement défaut », (p. 491) Les femmes « qui fouillent les déchets des fourneaux à gaz pour y trouver quelques charbons » paient pour cela un droit pour une récolte estimée quotidiennement à 3 pesetas. Quant au migrant espagnol qui représente dans les années 30 le recrutement le plus bas en Europe, il est traité par certains employeurs comme on l'imagine, ce que reprend le bulletin ministériel : « el español es para aquellos la sale race » (en français dans le texte).
17La culture du safran à Cuenca, Teruel ou Albacete donne heu à un tableau de genre. « A l'automne, toutes les fleurs s'épanouissent le même jour, el dia del manto ; il faut se hâter de les cueillir, et tout le village participe à la cueillette. Le soir, tous se retrouvent pour séparer les stigmates, dans la rue, sur le seuil des portes, continuant cette coopération sympathique et désintéréessée » (p. 305). L'homme présent c'est le fabricant d'espadrille, son épouse ou son fils. Autre scène de rue et familiale à la fois. « Sur le pas des portes, les hommes, assis sur une banquette qui fait corps avec une table inclinée, fabriquent les semelles. Des maisons s'échappe le bruit des machines à coudre. Dans les rues passent les enfants portant sur la tête des paniers remplis de chaussons ou d'espadrilles, travail familial qui va s'achever à l'usine. C'est donc essentiellement une industrie à domicile », (p. 604)
18En guise de conclusion, « dès lors on comprend quel espoir la population rurale avait placé dans la République, dans la révolution politique qui devait être accompagnée d'une révolution sociale ». (1933, p. 553). Ou encore, à propos du Sud, « La seule lueur d'espoir était la Répblique » ; là où les paysans attendent plus qu'un changement politique.
Quelques facettes
Dynamisme, les huertas
19Autant la description est datée : sur le Segura en mars 1930 le barrage de la Fuensanta (qui sera achevé en 1933) est en construction, autant les facteurs d'évolution sont saisis dans ce qu'ils ont de plus original, « les usiniers créent eux-mêmes les espèces fruitières plus aptes au pays et à la conserve ».
Modernité, Madrid
20Madrid « dans son extraordinaire éclat intellectuel de 1931 » selon les propres termes de Pierre Vilar, est remarquablement mise en scène, avec une physionomie d'ensemble que la ville conservera jusque dans les années 1950. Comme « une très grande ville surgit brusquement du désert (n° 2, p. 481) elle présente ce qui restera longtemps son lot, « c'est à peine s'il y a une banlieue », « on voit les vagues de la steppe qui viennent encore battre la ville ». Dans une introduction très descriptive, mais au trait sûr, sont évoqués ce qui est là —coupoles d'églises ou gratte-ciel, grands espaces vides— ou ce qui manque : ni fumées d'usines ni voies ferrées en grand nombre. Ce qui suffit déjà à opposer la capitale à Barcelone ou même à Valence. Guinard traite des aspects historiques, les origines et la résidence royale, Pierre Monbeig se réserve la ville moderne. En une Madrid des oppositions, entre « des ministères et des banques occupant des buildings de style très américain » face à « la vieille maison madrilène : autour du patio des galeries ». Dans la partie programmée, l'ensanche (agrandissement) la maison de rapport, et sur les marges de l'extraradio la baraque. Quoi qu'il en soit, « avant tout une capitale, une ville politique ». Se rendant à Madrid, on se montre à La Corte, la Cour, depuis le xvie siècle. On va déjà au-delà quand on s'interroge sur les « actuelles tendances décentralisatrices » dont risque de souffrir la capitale ; des villes au poids plus important sur le plan économique ne pouvant que « bénéficier d'un regain d'importance politique ». Mais aucune indication complémentaire n'est donnée sur « cette évolution de la capitale et des grandes villes de la République ».
Pérennité, les migrations
21L'article sur les migrations, phénomène fondamental dans la vie du pays, repose sur un résumé des publications du Ministère du Travail. On distingue les migrations transocéaniques, surtout de Gallegos (La Corogne en tête) et surtout vers l'Argentine. Les migrations vers la France, les golondrinas que sont les saisonniers, ces « hirondelles ».
En mouvement, l'économie
22L'économie espagnole repose sur les progrès de l'industrie appuyée sur le fer de Bilbao, le mercure d'Almaden ou les potasses, progrès mettant l'accent sur les aciéries, l'industrie électrique. L'agriculture s'oriente vers la production de spécialités méditerranéennes, exportées comme objets de luxe, telles les oranges. Le vin (dont l'Espagne est le troisième producteur mondial), l'huile, les raisins, fruits et légumes complètent le tableau. Mais déjà « la question des vins pèse sur les relations commerciales franco-espagnoles. « Quant aux société étrangères, qui quadrillent largement l'espace économique national, « elles s'efforcent de réaliser des fusions et des ententes avantageuses » (p. 300). Le catalogue en est déjà long, Peflarroya, Asturienne des Mines, Rio Tinto, Iberica de Explosivos, Solvay, Péchiney, ou Kali-Sainte-Thérèse. L'article sur les relations commerciales entre France et Espagne rappelle bien les difficultés douanières rencontrées.
Fondamentale, la crise sociale
23La réforme agraire est publiée sous la rubrique « Enquêtes contemporaines ». « Jusqu'en 1932, le problème est resté le même : concentration de la terre et de la richesse au profit d'une minorité d'absentéistes ». (p. 545). Nuances dans l'approche du problème, « l'ouvrier andalou, totalement illettré et facilement exaspéré, est une proie facile pour les propagandistes révolutionnaires de toute espèce. Ce sont là des affirmations un peu hâtives ».
Conclusion
24Les travaux de Pierre Monbeig, de par la concordance des dates dans la recherche entreprise, trouvent écho dans le préambule de la thèse de Pierre Vilar qui décrit son itinéraire en de longues pages permettant de recréer le climat régnant dans l'Espagne des années 1930. « Il faut bien dire que jusqu'alors les grandes questions dont nous devinions, plus ou moins confusément, qu'elles domineraient notre siècle, ne nous étaient guère posées qu'à travers les leçons de nos maîtres géographes : démographie, migrations, colonisation, pôles de développement industriels et urbains, transformations des modes de production agricoles, progrès de l'énergétique... »
25Et le contexte politique, qu'en est-il de la sereine « objectivité » du chercheur, qui reste alors que les régimes passent ? Les allusions de ce type figurent à propos de trois thèmes. L'accord conclu par les Républicains avec la Naphta soviétique ne fait que suivre les mesures engagées par la Dictature qui avait déjà négocié. Le manque de confiance claironné durant la première année du régime est battu en brèche, il y a bien, un empressement à souscrire aux différents emprunts, ce qui a des répercussions favorables sur les cotes des bourses étrangères. Enfin si la Constitution de 1931 parlait de « République des Travailleurs », son article 1 a été revu ultérieurement, après discussion aux Cortès : « L'Espagne est une République démocratique de travailleurs de toutes classes qui s'organise en régime de Liberté et de Justice ». Il y a là plus que des nuances, mais des enjeux qui n'ont pas échappé à Pierre Monbeig.
26Sans compter « l'histoire vivante que nous sentions palpiter ». Histoire de cette Espagne « interrompue » qui conserve une grande place dans l'oeuvre de Pierre Monbeig, et c'est un peu de tout cela qui passe dans ses travaux, un peu plus que la somme de simples articles, quand ils sont replacés dans le contexte socio-économique de l'Espagne du moment. Le géographe n'est ni astrologue ni encore moins démiurge, mais il peut parfois par le jeu du raisonnement, déceler des tendances qui se développeront ultérieurement. Ainsi de Pierre Monbeig disant en 1934 (p. 305) : « les renseignements sur le tourisme montrent qu'il y a là une grosse source de revenus pour les Espagnols ».
Références bibliographiques
La réforme agraire en Espagne
27Lorsque les républicains espagnols prirent le pouvoir le 14 avril 1931, ils n’avaient pas seulement conscience des maux dont souffrait leur pays ; ils avaient aussi mûrement réfléchi aux remèdes possibles et ils étaient décidés à les appliquer. Successivement les ministères Alcala Zamora et Azána ont entrepris de résoudre les grands problèmes espagnols : amener l’armée à sa juste place, organiser sur de nouvelles bases les rapports de l’Eglise et de l’Etat, satisfaire les légitimes aspirations catalanes sans rompre l’unité nationale et, enfin, reconstituer plus équitablement le régime agraire de l’Espagne, afin d’obtenir un rendement supérieur par un travail mieux organisé. C’était là peut-être la question vitale. Avec la question agraire, il ne s’agit plus de revendications sentimentales, d’évocations d’une époque glorieuse ou d’égoïstes ambitions personnelles, mais de la pauvre vie quotidienne de milliers de familles paysannes. Nous voudrions, en utilisant les études fragmentaires publiées dans les années dernières de part et d’autre des Pyrénées, essayer de dégager les causes du problème agraire, d’en distinguer les divers aspects et d’indiquer les remèdes qui sont actuellement mis en oeuvre.
28Tel était l’état économique, telle était la situation politique dans les campagnes lorsque la république fut instaurée. Ses dirigeants voulurent accomplir pour l’Espagne la même oeuvre qui a transformé, après les traités de 1919, les pays de l’Europe centrale et sud-orientale. Quelle a été l’action du nouveau régime ? quels efforts ont été tentés pour améliorer le sort des paysans andalous. C’est ce qu’il nous reste à voir.
29La politique gouvernementale, nous l’avons déjà écrit, fut toute de prudence : l’oeuvre constructive devait s’accomplir par la collaboration du gouvernement et des Cortès Constituantes, car on estimait que la réforme agraire devait être comme une annexe de la Constitution de la nouvelle Espagne, comme sa Constitution agraire. Aussi les ministres compétents se contentèrent-ils de quelques décrets, non sans importance, mais qui ne pouvaient préjuger du vote des Cortès. Le premier geste fut d’attribuer aux chômeurs agricoles les neuf millions de la liste civile de l’ex-roi et, dans la suite, on décida, en principe, l’obligation de mettre toutes les terres en culture. M. Largo Caballero, Ministre du Travail, membre du parti socialiste et leader de la U.G.T., fit décréter, le 7 mai 1931, la création de jurys mixtes où entrent, en nombre égal, les représentants des propriétaires et des ouvriers, ayant compétence en matière de travail rural, propriété rurale et production ou industrie agricoles. Sous la pression des syndicats, il encouragea les contrats collectifs de travail, et un décret du 19 mai 1931 réglementa l’affermage des terres aux collectivités, municipales ou syndicales. Pendant l’application de ces décrets, le ministre constituait une commission chargée de préparer un projet de réforme agraire, composée de juristes, d’économistes en même temps que de techniciens agricoles, de représentants des patrons et de délégués des ouvriers. Ceux-ci concrétisèrent leur point de vue dans un projet qui fut, du reste, repoussé par les commissaires ; il prévoyait l’expropriation de certaines catégories de domaines : les terres incultes mais cultivables, les terrains mis en valeur mais d’une valeur supérieure au maximum "agro-social", c’est-à-dire supérieure à un certain niveau à la fois technique et social variant selon les régions, enfin l’expropriation des bien affermés depuis 1925. Aucune indemnité ne serait accordée pour les terres d’origine seigneuriale ou usurpées sur les communaux. L’Etat resterait propriétaire du sol qu’il louerait pour un loyer infime sous la forme de parcelles indivisibles, incumulables et invendables ; la coopération serait obligatoire pour l’exploitation des terres partagées et il serait recommandé de céder la terre à des collectivités ouvrières. L’exécution de ce projet serait confiée au Ministre de l’Agriculture, assisté par une sorte d’office de la réforme agraire et de commissions locales formées d’agents du gouvernement et de représentants des parties intéressées.
30Evidemment ces propositions ne tendaient pas à consolider l’ordre établi ; mais elles semblent l’expression d’un parti d’Etat beaucoup plus que d’un parti strictement révolutionnaire et doctrinaire : ne tendaient-elles pas à constituer une classe de paysans pratiquement détenteurs du sol tout en sauvegardant à l’arrière-plan le principe de la possession collective ? Quoi qu’il en soit, le projet de la délégation syndicale fut rejeté, mais non pas son principe qui finalement, a dominé toutes les discussions et en est sorti triomphant. En octobre 1931, la Commission technique ayant achevé ses travaux, transmit aux Cortès un avant-projet ; les commissaires avaient été d’avis de limiter l’action de réforme aux provinces où sévit le latifundio et ils prévoyaient l’expropriation pour les domaines dépassant certaines proportions variables selon les cultures. D’autre part, pour faire porter le poids de la réforme, non pas exclusivement sur les riches propriétaires fonciers des régions particulièrement atteintes, mais sur tous les grands propriétaires dans toute l’Espagne, le texte de la commission avait prévu que toutes les terres non soumises à l’expropriation, mais dont le revenu dépasse 10 000 pesetas, seraient assujetties à un impôt progressif de 10 à 60 p. 100. Le projet comportait l’exploitation du sol par des syndicats ruraux sous forme de grandes ou de petites parcelles selon les demandes formulées par ces syndicats. C est sur un nouveau projet déposé par le gouvernement que la discussion commença devant l’assemblée, le 10 mai 1932, pour prendre fin le 9 septembre 1932 ; le texte de la réforme agraire fut publié au Journal Officiel espagnol du 21 septembre. La loi fut votée par une très forte majorité où figuraient les socialistes et c’est elle qui doit assurer la reconstruction de la nouvelle Espagne rurale.
31Par la réforme agraire, les députés aux Cortès atteignent le régime social actuel et veulent construire un ordre nouveau. La destruction de l’organisation présente doit être effectuée par l’expropriation des grands propriétaires dans les provinces d’Andalousie, d’Estremadoure, de Ciudad Real, Tolède, Albacete et Salamanque. Les terres expropriables sont les terres de senarios, les terres louées à bail pour une durée de douze années, les terres insuffisamment cultivées ou celles qui, dans un village, représentent plus de 20 p. 100 de la richesse agricole municipale, ou totalisent plus du sixième de vantes : en second, de 300 à 600 ha., selon les conditions locales, pour les prés, de 150 à 300 ha. pour les olivettes, de 100 à 150 ha. pour les vignobles, de 100 à 200 pour les vergers et de 400 à 750 pour les pâturages ; en regadio, de 10 à 50 ha. En cas d exploitation directe, ces chiffres doivent être majorés de 33 p. 100 à la base et 25 p. 100 au sommet. Le principe de l’indemnisation a été admis. Toutefois les biens seigneuriaux reconstitués après les lois du xixè siècle seront purement et simplement saisis, ainsi que le propriétés des Grands d’Espagne2. Pour les autres catégories de propriétés, l’indemnité sera calculée d’après le revenu cadastral capitalisé avec une échelle variant de 5 p. 100 pour les revenus inférieurs à 15 000 pesetas à 20 p. 100 pour les revenus supérieurs à 200 000 pesetas, l’avantage du système étant de compenser plus largement le possesseur d’un domaine relativement peu étendu par rapport au véritable latifundista. Mais l’indemnisation entraînera pour l’Etat une grosse dépense et les critiques n’ont pas manqué de faire ressortir combien il était dangereux d’accroître les charges qui pèsent sur le budget espagnol déjà mal équilibré. Aussi le législateur a-t-il eu le souci d’éviter à la trésorerie de trop fortes sorties et il a décidé que le propriétaire expropriés serait remboursé partie en numéraire, partie en titres spéciaux, amortissables en cinquante ans et portant intérêt à 5 p. 100 ; comme pour lévalutaiton de l’indemnisation, on a admis une variation dans la proportion du paiement en numéraire : de 2 à à 1 p. 100 pour les revenus de 15 000 à 200 000 pesetas. Ce système financier est une création nouvelle, c’est là l’œuvre constructive placée sous la dépendance d un “Instituto para la Reforma Agraria”.
32Aussi bien, toute la réforme dépend de cette entité nouvelle. L’Institut doit jouir de la personnalité civile et économique, sous la direction d’un Conseil de techniciens, de juristes, de représentants du Crédit agricole, des propriétaires et des paysans, bref un véritable conseil supérieur de la réforme agraire. Une dotation d’une valeur d’au moins cinquante millions de pesetas doit assurer le financement de l’Institut qui effectuera le travail d’expropriation et assurera l’indemnisation des propriétaires par l’émission des titres de rentes. Mais sa compétence survivra à cette oeuvre négative. En effet son comité directeur aura sous sa juridiction des conseils provinciaux agricoles formés également de techniciens et de délégués des usagers, et, surtout, il collaborera avec les systidcat locaux de paysans ou “Communidades”. Syndicats et conseils aideront à la répartition des terres expropriées entre les catégories suivantes par ordre de préférence : tout d’bord, après recensement, les paysans “qui ne labourent pas ou ne possèdent aucune terre” ; ensuite les coopératives ou sociétés ouvrières jouissant d’une existence légale d’au moins deux ans ; puis les propriétaires ayant une contribution annuelle de 25 pesetas au cas d’exploitation directe et de 50 pesetas en cas d’affermage ; enfin les fermiers ou métayers qui exploitent moins de 10ha. de secano et moins d’un hectare de regadio.
33Mais il fallait fixer qui serait le propriétaire de ces domaines expropriés, sous quelle forme ils seraient répartis entre les catégories d’agriculteurs énumérés. Les Cortès et le gouvernement ont adopté le principe suggéré par la délégation ouvrière à la Commission technique préparatoire. L’Etat restera pleinement propriétaire des terres, mais il établira individus ou collectivités, qui, moyennant un faible loyer égal à 4 p. 100 de l’ancien revenu cadastral, jouiront de l’usufruit des parcelles réparties. Celles-ci seront inaliénables et incumulables et leur transmission aux héritiers des usufruitiers sera facilité. Donc le régime collectiviste n’est pas absolument admis, mais le souci est manifeste d’éviter la constitution d’une classe de petits propriétaires intégraux, qui, par insouciance ou incapacité technique, pourraient être tentés de spéculer sur leurs nouveaux biens et de les abandonner. La loi indique très justement que la coopération et l’exploitation collective devront être préférées à la possession individuelle, et que les syndicats paysans locaux décideront eux-mêmes le mode d’exploitation. Le texte voté compote également une série de prescriptions techniques sur l’utilisation des différentes catégories de sols, sur l’organisation de fermes-écoles et exploitations modèles destinées à éduquer les paysans. Il vise surtout à reconstituer les biens des communes et à faciliter leur mise en valeur. Un article de la loi, qui en est sa conséquence logiques, abolit tous les droits seigneuriaux et prévoit une révision des ces dans chaque province, tandis que le Parlement devra ultérieurement légiférer sur les questions des baux de fermage. Enfin l’organisation du crédit agricole est confié à l’Instituto, qui constituera une banque de crédit agricole et favorisera la coopération sous toutes ses formes. La réforme agraire était en discussion devant le Parlement lorsque éclata la tentative de coup d’Etat militaire du général Sanjurjo : on sait que M. Azana enleva alors le vote d’une loi spéciale pour la confiscation des biens de toutes les personnes impliquées dans ce mouvement.
34Mais l’application de la loi ne pourra commercer qu’après l’organisation parfaite de l’Instituto para la Reforma Agraria, puisque c’est cet organisme qui est chargé de son exécution. Or, si le Comité directeur a été formé en novembre 1932, il faudra encore bien des jours avant que l’ensemble des services soit prêt à fonctionner ; et cela retarde d’autant la réalisation de la réforme3.
35Telles est dans son ensemble la loi de réforme agraire. L’inspiration en est diverse et l’on peut y reconnaître l’exemple des récentes tentatives de réforme du régime foncier en Europe. Les chiffres limites des biens expropriés sont voisins de ceux adoptés par les pays de l’Europe sud-orientale4, l’Instituto para la Reforma Agraria s’apparente de très loin à l’Office Foncier Tchécoslovaque, enfin l’encouragement à l’exploitation coopérative et collective découle de l’exemple soviétique. Quant aux critiques formulées pendant la discussion générale, il est presque inutile de les signaler : elles s’inspirent le plus souvent de considérations doctrinales ; les une reprochent à la loi adoptée l’atteinte qu’elle porte au droit de propriété, les autres la blâment de s’arrêter à mi-chemin du collectivisme intégral. Dans son ensemble, il est vrai que la loi paraît réaliser un grand pas vers l’exploitation syndicale de la terre, mais il ne faut pas oublier qu’elle ne supprime pas toute propriété et qu’elle prévoit l’indemnisation en cas d’expropriation. On ne doit pas négliger d’observer que le groupe socialiste parlementaire espagnol a approuvé la loi ; c’est que celle-ci correspond, dans son esprit, à la ligne générale du parti socialiste espagnol : un socialisme de droite, pour reprendre les termes de notre topographie parlementaire, un socialisme réformiste.
36Il serait vain de louer ou de blâmer : la seconde république espagnole veut réaliser une réforme que, durant des siècles, la monarchie n’avait fait qu’effleurer. L’économie du pays peut en sortir régénérée et les conséquences dépasseront les Pyrénées. Sous le signe d’une grande transformation agraire, un nouveau pays jeune va-t-il apparaître en Europe, héritier d’un passé glorieux qui n’aura été que momentanément éclipsé ?5
37Quelques mois ont passé entre le moment où cet article fut rédigé et celui où il paraît. La loi de Réforme Agraire a reçu un commencement d’application : on a entrepris le recensement des terres à expropier et commencé l’expropriation, particulièrement en ce qui concerne les biens des Grands d’Espagne. Mais les paysans s’accommodent mal des lenteurs administratives et de toutes les précautions légales ; ils se plaignent de ne pas disposer des fonds ou des instruments nécessaires à la mise en valeur du sol ; l’esprit coopératif fait très souvent défaut (Voir un reportage effectué en septembre 1933 par le journal madrilène El Sol). Quelques propriétés ont été saccagées, des récoltes brûlées, et le bétail mutilé. Au vrai, nul n’ignorait que la mise en oeuvre d’une réforme agraire se heurterait à de sérieuses difficultés. Mais la question se prêtait aux querelles politiques.
38La formation d’un nouveau ministère s’est accompagnée de changements parmi les hauts fonctionnaires de l’Institut de Réforme Agraire. On pourrait penser que le gouvernement de Mr. Lerroux renoncerait à la tentative d’exploitation plus ou moins collective et favoriserait la petite propriété. Toutefois le Ministre de l’Agriculture, M. Feced, a affirmé que la loi continuerait d’être appliquée comme précédemment. Il faut espérer que les échecs inévitables de la première année permettront de mieux faire dorénavant et, ce qui importe autant, défaire vite.
Bibliographie
n°l, Les transformations économiques dans les « Huertas » et la région entre Alicante et Murcie, A.G. 1930, p. 597-606. (traduction 1948)
n°2, Madrid (avec Paul Guinard), A.G., 1931, p. 481-499.
n°3, Etat actuel de l'émigration espagnole, A.G. 1932, p. 108-**
n°4, Les relations commerciales franco-espagnoles, B.A.G.F., 1932, p. 98-104.
n°5, Vie de relations et spécialisations : les Baléares au xviiie siècle, A.H.E.S., 1932, p. 538-548. (traduction 1957)
n°6, La réforme agraire en Espagne, A.H.E.S., 1933, p. 541-560.
n°7, Quelques aspects de l'économie espagnole, A.G. 1934, p. 299-306.
Notes de bas de page
1 La liste des travaux étant établie par ailleurs dans son intégralité, ne seront portés en référence que les numéros d’ordre des sept publications utilisées (plus deux traductions en espagnol) précisés ci-dessous.
2 Sous la réserve que la loi ne s’appliquera pas aux Grands d’Espagne dont les ancêtres ont rendu d’éminents services à la nation Les journaux du 7 avril 1933 ont publié la liste officielle des 254 ex-Grands d’Espagne.
3 Une somme de 8 milions de pesetas a été consacrée à la réforme en 1932 et le budget de 1933 prévoit un crédit de 52 millions de pesetas. On peut s’inquiéter des conséquences de la réforme pour les possibilités de vente des récoltes : le petit propriétaire ne trouvera certainement pas les mêmes facilités de débouché que le grand propriétaire, mais les groupements coopératifs, recommandés par la loi, pourront peut-être jouer un rôle actif et devenir de véritables organismes commerciaux.
4 Cf. Olindo Gorni, « Les réformes foncières en Europe orientale et centrale » dans Annales t. III, 1931, p. 207-227.
5 On sait que l’agitation paysanne n’est pas encore calmée aussi bien en Andalousie qu’en Estramadoure : la mise en route de la réforme ne se fait que lentement. Cf. Popelin, La réforme agraire en Espagne dans Revue politique et parlementaire du 10 février 1933, p. 330-337. Cette étude était déjà rédigée lorsque M. A. Marvaud présenta une communication sur le même sujet à l’Académie des Sciences Morales et Politiques (voir Revue économique internationale, juin 1933) et lorsque parut le livre de Mme Germaine Picard-Moch et de M. Jules Moch sur l’Espagne républicaine (Paris, Reider, 1933).
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