Une expérience novatrice : le club du Sahel
Résumé et extraits
p. 369-370
Texte intégral
Après avoir rappelé le contexte qui a abouti à la création du CILSS (voir communication de Papa Syr Diagne), J. GIRI expose les raisons qui ont amené les donateurs à créer une instance nouvelle :
Pourquoi un Club ?
1Chaque agence d’aide à ses habitudes, ses procédures, ses motivations, ses contraintes et elle suit sa propre politique. Chacune proclame volontiers la nécessité de la coordination avec les autres sources d’aide mais dans les faits, les limites de la coordination réellement acceptée sont vite atteintes.
2De même, les gouvernements des pays aidés proclament volontiers qu’ils souhaitent davantage de coordination entre les donateurs, que la diversité des politiques, menées par les agences d’aide est très préjudiciable à l’efficacité de l’aide et que la diversité des procédures fait perdre beaucoup de temps aux administrations africaines. Mais dans les faits, les limites de la coordination réellement souhaitée par les gouvernements sont aussi vite atteintes. Les responsables africains craignent une trop grande coordination entre les donateurs qui réduirait évidemment leur propre marge de manœuvre.
3Une coordination stricte de l’aide n’a donc, dans l’état actuel des relations Nord-Sud aucune chance d’être acceptée par l’une et l’autre parties. Et cependant l’une et l’autre parties ressentent la nécessité d’une certaine concertation pour éviter une trop grande incohérence de l’aide publique.
4La formule d’un club valait la peine d’être essayée. Elle est par définition non contraignante : un club est un lieu où l’on va si l’on a envie d’y aller, où l’on ne prend aucune décision exécutoire mais où l’on peut causer.
5Le Club du Sahel a adopté cette formule en limitant les contraintes au minimum envisageable. A la limite, on pourrait dire que le Club du Sahel n’existe pas. C’est un club sans statuts, sans membres inscrits, sans cotisation obligatoire, sans président... Il se limite à un secrétariat permanent dont l’effectif n’a jamais dépassé quatre personnes, l’OCDE fournissant le support administratif nécessaire, et il accueille tous ceux qui veulent bien participer à ses travaux : pays membres ou non membres de l’OCDE et organisations internationales. Il est sans doute difficile de pousser le caractère informel plus loin.
6Une autre originalité du Club est de ne pas être un club de donateurs, mais d’associer et les agences d’aide et les gouvernements sahéliens, les uns et les autres étant représentés par des personnes qui, au moins dans la plupart des réunions, parlent en leur nom propre et ne sont pas les porte-parole de leur organisation. Cela donne une liberté d’expression que l’on ne rencontre pas toujours dans les forums internationaux.
Le Club du Sahel a reçu pour mandat :
- de soutenir le CILSS
- d’informer la Communauté internationale sur les problèmes du Sahel
- d’encourager la coopération entre donateurs et de faciliter la mobilisation des ressources nouvelles
- d’être un forum où Sahéliens et donateurs pourraient discuter des politiques de développement de la région.
Les actions du Club ont été les suivantes :
- une réflexion et la mise en forme d’un cadre d’action qui a reçu le nom de « stratégie et lutte contre la sécheresse et de développement dans le Sahel » dont l’objectif d’atteindre l’autosuffisance alimentaire pour l’ensemble de la région ;
- une analyse critique des aménagements hydro-agricoles en raison de leur faible efficacité en comparaison avec leur coût ;
- une réflexion sur la nécessité de politiques céréalières cohérentes (prix, systèmes de commercialisation, aides à l’intensification) alors que pendant longtemps celles-ci n’avaient été que partielles
- un appui au CILSS dans la définition des programmes, ce qui a favorisé substantiellement les donations d’aide.
J. GIRI conclut en remarquant que les actions n’ont certes pas débouché sur des résultats significatifs quant à la production, la sécheresse et la situation financière des États ne l’ayant pas permis. Cependant l’expérience du Club du Sahel reste indispensable :
7Dans la recherche difficile d’un mode de dialogue fructueux entre le Nord et le Sud, le Club du Sahel représente incontestablement une expérience originale. Une expérience dont certains caractères tiennent évidemment aux caractères propres au Sahel : une région relativement homogène, avec des problèmes communs et un cadre de coopération régionale (le CILSS). Une expérience plutôt décevante si l’on se place du point de vue du moyen terme. Mais une expérience qui a permis de prendre conscience, peut-être plus que partout ailleurs en Afrique au sud du Sahara, de l’ampleur et de la difficulté des problèmes à résoudre et dont on peut penser qu’elle portera des fruits à plus long terme.
Auteur
SEED
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Meurtre au palais épiscopal
Histoire et mémoire d'un crime d'ecclésiastique dans le Nordeste brésilien (de 1957 au début du XXIe siècle)
Richard Marin
2010
Les collégiens des favelas
Vie de quartier et quotidien scolaire à Rio de Janeiro
Christophe Brochier
2009
Centres de villes durables en Amérique latine : exorciser les précarités ?
Mexico - Mérida (Yucatàn) - São Paulo - Recife - Buenos Aires
Hélène Rivière d’Arc (dir.) Claudie Duport (trad.)
2009
Un géographe français en Amérique latine
Quarante ans de souvenirs et de réflexions
Claude Bataillon
2008
Alena-Mercosur : enjeux et limites de l'intégration américaine
Alain Musset et Victor M. Soria (dir.)
2001
Eaux et réseaux
Les défis de la mondialisation
Graciela Schneier-Madanes et Bernard de Gouvello (dir.)
2003
Les territoires de l’État-nation en Amérique latine
Marie-France Prévôt Schapira et Hélène Rivière d’Arc (dir.)
2001
Brésil : un système agro-alimentaire en transition
Roseli Rocha Dos Santos et Raúl H. Green (dir.)
1993
Innovations technologiques et mutations industrielles en Amérique latine
Argentine, Brésil, Mexique, Venezuela
Hubert Drouvot, Marc Humbert, Julio Cesar Neffa et al. (dir.)
1992