Chapitre 5. Eau, territoire et conflit. Accaparement, discipline et luttes pour des territoires hydrosociaux plus justes1
p. 122-146
Texte intégral
Introduction
1La gouvernance des ressources en eau en Amérique latine aujourd’hui soulève des enjeux sociopolitiques, biophysiques et technologiques ainsi que des interrogations concernant la conservation, la mise à disposition, l’attribution et l’organisation de l’eau entre différents usages et usagers concurrents. La diminution de la disponibilité et de la qualité de l’eau, comme sa distribution inégale, produisent des pressions croissantes sur la société et la nature, intensifiant les conflits. Dans le même temps, dans tous les pays du continent latino-américain, la pollution de l’eau augmente, tout comme la vulnérabilité aux risques d’inondation, en partie produites par le changement climatique [Baud et al., 2019 ; Castro, 2009 ; de Castro et al., 2016].
2En ce sens, les questions de durabilité comme celles d’intégrité écologique dans la gouvernance de l’eau ne peuvent être traitées séparément des questions d’équité, de solidarité et de justice. Elles supposent de se concentrer sur la façon dont les droits et l’accès à l’eau sont distribués, et sur la prise de décision liée à l’eau, en fonction des critères de classe, de genre et d’ethnicité [Ulloa, 2017 ; Yacoub et al., 2015]. Dans de nombreux pays, les politiques néolibérales et les mesures législatives modernistes ont eu tendance à aggraver plutôt qu’à résoudre les inégalités historiques [Arroyo & Boelens, 2013 ; Castro, 2005, 2007 ; Deutsch Lynch, 2012]. Les communautés d’irrigants formées par les petits propriétaires terriens, les territoires indigènes ou les comités locaux d’eau potable, qui développent souvent des pratiques hydriques ancrées dans des cultures locales et des contextes spécifiques, sont de plus en plus rejetées et niées par les administrations bureaucratiques, par les politiques mercantiles et marchandes de l’eau, par la législation pensée loin du terrain et par les projets appliqués de manière verticale. Ainsi, les paroles d’Eduardo Galeano, dans « Noticias de los nadies », peuvent fournir un cadre pertinent pour interroger la justice hydrique [Galeano, 1996] :
« Jusqu’à il y a vingt ou trente ans, la pauvreté était le fruit de l’injustice. La gauche la dénonçait, le centre l’admettait, la droite la niait rarement. Les temps ont beaucoup changé, très rapidement : maintenant, la pauvreté est une punition juste et méritée liée à l’inefficacité, ou simplement un moyen d’exprimer l’ordre naturel des choses... Le monde n’a jamais été aussi injuste dans la distribution du pain et du poisson, mais le système qui régit le monde, et qui s’appelle désormais modestement “ économie de marché ”, est plongé chaque jour dans un bain d’impunité. »
3Comme en matière de justice, en Amérique latine, une grande partie des dépossessions de l’eau actuelles et des pratiques d’accumulation déloyales sont légitimées par des discours sur l’efficience et des arguments de rationalité. Généralement, ceux que l’on accuse des problèmes de gouvernance de l’eau ne sont pas les élites et les industries qui accumulent et gaspillent l’eau, mais ceux qui souffrent des injustices hydriques à grandes échelles – les nadies, supposés inefficaces. En même temps, la pénurie (et l’excès) d’eau tend à être présentée comme un phénomène naturel et non comme la conséquence de décisions politiques [Damonte, 2019 ; Hidalgo-Bastidas & Boelens, 2019a]. Les normes sociales et scientifiques ainsi que les accords politiques en matière de gouvernance de l’eau naturalisent et normalisent les injustices et les inégalités. Souvent, les politiques de l’eau soutiennent, plutôt que de la remettre en question, la concentration des droits sur l’eau entre les mains de quelques puissants acteurs privés [Boelens et al., 2018 ; Perreault, 2014]. Ainsi, les activités des entreprises agroexportatrices et des industries extractives, comme le développement hydroélectrique à grande échelle, deviennent de plus en plus difficiles à contrôler, leurs opérations transcendant les juridictions traditionnelles des autorités nationales de l’eau [Leff, 2015 ; Martinez-Alier, 2002 ; Menga & Swyngedouw, 2018]. Dans les débats contemporains sur l’eau et sa gouvernance, les logiques et les concepts légalistes, technocratiques et néolibéraux, présentés comme objectifs, neutres ou même « naturels », sont devenus si dominants qu’ils sont acceptés comme normaux ou inévitables. Il est donc difficile de les reconnaître et d’identifier leur véritable nature : des points de vue idéologiques et des idées normatives produisent une représentation très biaisée de la réalité de l’eau, de ses problèmes et de ses solutions [Zwarteveen & Boelens, 2014].
4Par conséquent, suivant les observations de Eduardo Galeano, il est nécessaire de réfléchir à la façon dont les politiques, les modèles et les cadres de connaissance justifient des réformes injustes qui impliquent souvent une distribution profondément inégale des coûts et des avantages pour différents groupes [Damonte, 2019 ; Radonic, 2017 ; Roa-García, 2014]. Ces injustices sont liées aussi bien à la quantité et à la qualité de l’eau, aux moyens d’y accéder et de la distribuer, qu’aux représentations, aux discours, aux vérités et aux connaissances à son sujet [Escobar, 2018 ; Molina Camacho, 2016 ; Ulloa, 2019]. Elles s’associent également à des enjeux d’autorité et de légitimité, qui soulèvent des questions culturelles, territoriales et identitaires [Escobar, 2008 ; Larsimont & Martín, 2018].
5Ces « régimes de vérité », qui se traduisent par des formes de « gouvernementalité » [Foucault, 1991], se matérialisent dans l’altération et la recomposition quotidiennes des territoires hydrosociaux2 [Boelens et al., 2016]. Des configurations socionaturelles dominantes sont en concurrence avec – et bien souvent sapent ou détruisent – les formes de vie hydrosociales existantes. Les territoires hydrosociaux dominants produisent et consolident ces régimes de vérité. Cependant, bien qu’elles reposent sur des installations en béton et en acier, ces configurations ne sont ni monolithiques ni inébranlables : les projets de territorialisation technopolitique et culturo-symbolique alternatifs peuvent remettre en question les schémas hydrosociaux dominants.
6Examiner les multiples facettes de l’injustice hydrique, de l’accaparement brutal et visible aux pratiques de reconnaissance et d’exclusion invisibles, en passant par les techniques dissimulées d’« égalisation » et d’assujettissement, suppose de rendre manifestes nos « vérités situées », en particulier en interaction avec ceux qui subissent quotidiennement les injustices hydriques. Cet article réflexif propose une perspective de justice hydrique relationnelle, ancrée dans des contextes réels, et qui aborde les questions, les besoins et les opportunités des constructeurs des territoires hydrosociaux n’ayant aujourd’hui ni la parole ni le droit de vote dans la gestion de l’eau.
Injustices hydriques : modes complémentaires et pratiques entrelacées
7En partie en raison des réformes néolibérales mises en œuvre partout dans le monde au cours des dernières décennies, les entreprises privées et les organisations de la société civile sont devenues des acteurs centraux des politiques de l’eau. Au même moment, la notion de souveraineté territoriale a profondément changé. D’une part, l’allocation de l’eau et la formulation des politiques incombent de plus en plus aux instituts politiques mondiaux et aux entreprises internationales. D’autre part, la responsabilité de la gestion de l’eau est le fait de sociétés transnationales anonymes et des forces du marché mondial, plutôt que celui des gouvernements ou des collectifs locaux d’usagers de l’eau [Achterhuis et al., 2010 ; Deutsch Lynch, 2012 ; Vos & Hinojosa, 2016]. Par conséquent, à mesure que la concurrence sur l’eau et les conflits s’intensifient, les questions de savoir qui est responsable de la direction et de la prise de décision, de la définition des priorités d’usage et de la gestion de l’eau, deviennent floues. La présence de plusieurs nouveaux acteurs du secteur privé, les mécanismes invisibles d’allocation de l’eau par le marché et les instituts mondiaux déterritorialisés (hors sol) ont désormais une très forte influence sur l’élaboration de normes aux niveaux local, national et transnational.
8Cette situation aggrave les processus récurrents créateurs des injustices hydriques, allant de l’accaparement brutal de l’eau à des formes beaucoup plus subtiles de (mauvaise) reconnaissance et d’exclusion. Les conflits et contradictions qui en résultent, montrent que les injustices distributives (1), culturelles (2) et représentatives (3) de l’eau sont liées [Fraser, 2000 ; Hidalgo et al., 2017 ; Schlosberg, 2004]. Elles concernent le partage (inégal) des coûts et des avantages de la distribution des ressources et des services de l’eau (1) ; l’(ir)respect de la diversité socioculturelle des normes, des règles et des connaissances, et de la manière dont les systèmes de gestion de l’eau sont utilisés, gérés et contrôlés (2) ; et la définition de qui est inclus ou exclu de la (co)décision, mais aussi sa base de légitimité, d’autorité ou de pouvoir (3). Ces trois thèmes – redistribution économique, participation politique et reconnaissance culturelle – sont liés aux luttes pour l’intégrité socioécologique : les êtres humains et la nature se coconstituent et dépendent les uns des autres, tout comme les générations actuelles et futures. La « justice hydrique » relève donc, conceptuellement et politiquement, de « l’écologie politique de l’eau », définie comme :
« la politique et les relations de pouvoir qui structurent la connaissance humaine sur, et l’intervention dans, le monde de l’eau, générant des formes de gouvernement sur la nature et les personnes, en même temps et à différentes échelles, pour produire un ordre hydrosocial spécifique3 » [Boelens, 2015a, p. 9].
Inégalités dans le partage de l’eau
9Une forme violente et spectaculaire d’injustice hydrique est l’accaparement de l’eau (water grabbing) : de grands investisseurs et des sociétés transnationales achètent des terres dans les pays du Sud pour produire des aliments, des fleurs ou des biocarburants destinés à l’exportation. Ces terres ont peu de valeur si elles n’ont pas un accès à l’eau. Par conséquent, dans la plupart des cas, la concentration des terres est en fait un accaparement de l’eau, processus qui déplace et assèche littéralement les petits producteurs et exploitants [Oré, 2011 ; Paerregaard, 2017 ; Prieto, 2016a ; Tetreault & McCulligh, 2018 ; Veldwisch et al., 2018]. Plus généralement, les politiques nationales allouent l’eau sur les terres où ses « rendements marginaux sont les plus élevés », pour promouvoir des cultures d’exportation qui remplacent les cultures vivrières et mettent en danger la sécurité alimentaire. Gaybor Secaira [2011] explique comment, en Équateur, les politiques d’allocation de l’eau permettent l’accumulation des ressources en eau dans les mains de personnes déjà riches. Les chiffres nationaux officiels de la décennie précédente montrent que le secteur privé représente 1 % des usagers, mais consomme 67 % du débit total disponible. Les familles d’usagers paysannes et indigènes, qui travaillent dans les systèmes d’irrigation communautaires, représentent 86 % des usagers, mais ne possèdent que 22 % des terres irriguées. Elles n’ont accès qu’à 13 % du débit total attribué. Dans certaines provinces, l’inégalité dans le partage de l’eau est épouvantable. Dans la province septentrionale d’Imbabura par exemple, les grands propriétaires accaparent 91 % du flux total [Gaybor Secaira, 2011, p. 200]. Selon Gaybor Secaira, la distribution réelle de l’eau est encore plus inégalitaire que ces chiffres officiels ne l’indiquent. En effet, la moitié des volumes d’eau utilisés par les grandes entreprises agroalimentaires ne sont pas enregistrés, les ressources en eau étant exploitées illégalement par ces dernières [Babidge, 2019 ; Damonte & Boelens, 2019 ; Prieto, 2016b ; Rasmussen, 2015 ; Usón et al., 2017].
10Dans toute l’Amérique latine, les petits agriculteurs sont confrontés à la dépossession de leurs eaux de surface (rivières, lacs et sources) au profit de l’agriculture produisant des denrées destinées à l’exportation [Borgias, 2018 ; Jaramillo, 2019 ; Martínez-Alier, 2002 ; Stensrud, 2019 ; Veldwisch et al., 2018]. De plus, les familles pauvres sont progressivement privées de l’eau à laquelle elles avaient accès en raison de la baisse des niveaux des nappes phréatiques. Dans cette course vers les profondeurs des eaux souterraines, seuls ceux qui peuvent assumer le coût des dispositifs de pompage puissants accèdent aux ressources. De telles activités sont souvent encouragées par des politiques nationales soutenant « l’utilisation productive de l’eau » et les investissements dans ces infrastructures par les entreprises privées jugées « efficientes ». C’est par exemple le cas au Pérou dans la vallée d’Ica, aux sols fertiles, située à proximité de Lima, où les précipitations sont proches de zéro. Les eaux souterraines sont la principale ressource des milliers de petits agriculteurs et la vallée a toujours représenté le « panier alimentaire » de la mégapole et de ses environs. Cependant, pendant deux décennies, l’aquifère a été dramatiquement surexploité : la nappe phréatique s’affaisse de près d’un mètre par an [Cárdenas Panduro, 2012]. Grâce au soutien massif du gouvernement et des financements publics, les nouvelles entreprises agroexportatrices ont acquis la plupart des terres de la vallée pour produire des cultures d’exportation consommant beaucoup d’eau, telles que les asperges, le raisin et divers légumes [Damonte, 2019 ; Oré, 2011]. Depuis, les petits et moyens agriculteurs sont marginalisés et leurs puits, à sec. Ils ne peuvent rivaliser avec les puissantes technologies de pompage de l’eau des grands propriétaires. Les entreprises agroexportatrices représentent 0,1 % des usagers et concentrent 36 % des ressources en eau. Les petits exploitants représentent 71 % des usagers et n’ont accès qu’à 9 % de l’eau [Cárdenas Panduro, 2012 ; Damonte & Boelens, 2019].
11L’invasion des territoires hydrosociaux locaux par les industries extractives est l’autre phénomène amplifiant cet accès inégal aux ressources en eau. Dans de nombreuses régions d’Amérique latine, les sociétés minières s’approprient les eaux en amont des bassins hydrographiques, détournant et polluant ainsi les flux dont dépendent les petits producteurs et les communautés autochtones [Li, 2015 ; Rasmussen, 2015 ; Urkidi & Walter, 2011 ; Valladares & Boelens, 2019a]. En achetant des droits sur l’eau et grâce à leur forte présence dans la région, les sociétés minières prennent de facto en charge la gouvernance et le contrôle de l’eau [Budds, 2010 ; Sosa Landeo & Zwarteveen, 2011 ; Stoltenborg & Boelens, 2016 ; Wagner, 2019a, 2019b]. De même, dans de nombreux endroits, les industries extractives d’hydrocarbures maîtrisent le contrôle territorial de l’eau [Lu et al., 2017 ; Valladares & Boelens, 2017, 2019b]. Comme Bebbington, Humphreys et Bury le montrent, dans la région amazonienne d’Équateur, environ la moitié de la superficie totale est attribuée en concessions à des sociétés pétrolières. Dans le pays voisin, au Pérou, c’est pire : environ les trois quarts de la région amazonienne sont attribués ou loués aux entreprises transnationales d’hydrocarbures [Bebbington et al., 2010, p. 309-311]. Plus généralement, les industries extractives absorbent les eaux par la mise en place de nouveaux projets miniers, d’hydrocarbures, d’agroexportation et d’hydroélectricité associés. Ces projets impliquent des interventions hydrauliques et des transformations hydroterritoriales à grande échelle, contaminant ou asséchant les régions en aval [Rodríguez-de-Francisco et al., 2019 ; Yacoub et al., 2015].
12Autre pratique d’expropriation visible (et souvent violente) : la soif des grandes villes et des industries assouvie aux dépens des petits propriétaires ruraux, et ce, dans de nombreuses régions du monde. Allouer aux villes et aux industries des ressources en eau supérieures n’est pas nécessairement inéquitable, mais ce choix résulte souvent de jeux de pouvoir politico-économiques [Hommes et al., 2019a]. Il s’agit d’un processus mondial : Duarte-Abadía et Boelens [2019] montrent comment les usagers ruraux andalous souffrent de pénuries en raison de l’accaparement de l’eau par les résidences de tourisme de luxe et les terrains de golf de Málaga, situation similaire à celle analysée par Martín et Larsimont [2016] à Mendoza. De nombreux groupes de petits producteurs perdent ainsi leurs droits sur l’eau. Comme l’expliquent Ioris [2016] pour le cas de Lima, ou Goldman et Narayan [2019] pour celui de Bangalore, dans le monde entier, ces projets de transfert d’eau du rural vers l’urbain – dits d’accès à l’eau « pour tous » – profitent en priorité aux quartiers des élites urbaines [Hommes et al., 2019b].
Jeux politiques autour de la reconnaissance et de la participation
13Les injustices hydriques associent, de façon complexe et paradoxale, les enjeux autour de la distribution de l’eau à ceux de la reconnaissance culturelle et de la représentation politique. La discrimination culturelle, ethnique ou de genre non seulement produit des exclusions et des souffrances, mais constitue le fondement, implicite ou explicite, d’une attribution de droits à certains plutôt qu’à d’autres. L’exclusion de la prise de décision peut se fonder sur la caste, le sexe ou l’ethnicité. Toutefois, elle est bien souvent moins directe et dissimulée par exemple dans des normes sur le fonctionnement et l’entretien des systèmes de gestion de l’eau ou dans la définition d’une conduite appropriée pour accéder à l’eau et l’utiliser [Roth et al., 2005 ; Zwarteveen & Boelens, 2014].
14Dans la gestion quotidienne de l’eau, l’existence et la pratique généralisées d’un pluralisme juridique et institutionnel constituent des faits majeurs. On les retrouve dans la gestion quotidienne de l’eau : les droits, les normes, les principes et les autorités, ayant des origines et des formes de légitimation différentes, coexistent et interagissent sur un même territoire de contrôle de l’eau. Les institutions locales constituent un mélange dynamique de règles, de principes et de formes organisationnelles provenant de diverses sources réglementaires. Dans de nombreux cas, elles combinent des règles locales, nationales et internationales, et mêlent les normes autochtones, coloniales et actuelles. Ces « droits vivants » défendent souvent les normes et les pratiques non commerciales. Cependant, lorsque cela est nécessaire, ils intègrent stratégiquement les mécanismes de marché, mais pour atteindre le contrôle collectif de l’eau.
15En ce qui concerne la reconnaissance, cette diversité normative des systèmes hydro-territoriaux, fondée sur des contextes particuliers, pose un énorme problème aux bureaucrates de l’eau, aux planificateurs, et aux entreprises agroexportatrices et minières. L’existence de plusieurs autorités, d’usagers de l’eau disposant d’une autonomie territoriale et de réglementations communautaires interdisant le transfert de l’eau à des entreprises externes, complique la domination de l’État ou la mise en place de mécanismes de marché. Ces derniers ont besoin d’un terrain de jeu uniforme. Dans la pratique plurielle normative, cela génère de profonds conflits dans la définition de la source de légitimité, d’autorité et la réglementation. La définition des mécanismes d’acquisition des droits sur l’eau, les principes d’allocation et les règles de gestion qui doivent être considérés comme légitimes, font souvent partie intégrante des luttes pour l’eau. Les modalités locales d’accès, de distribution et de régulation de l’usage de l’eau, y compris les pratiques autochtones, ne sont souvent pas conformes aux dispositions légales et politiques officielles. La « reconnaissance » et la « participation » deviennent des stratégies tacites pour les adapter. Ainsi, la politique de reconnaissance est souvent un piège majeur. Par définition, la reconnaissance et la participation institutionnelle impliquent de définir et de créer des institutions d’accès, de propriété et de contrôle de l’eau. Elle établit des hiérarchies particulières entre les « reconnaissants » et les « reconnus », entre les « autorisateurs » et les « autorisés » – c’est-à-dire entre les bureaucrates, les agents officiels, les experts et les groupes dominants, d’une part, les groupes subalternes tels que les petits exploitants et les familles paysannes et autochtones, de l’autre.
16Une vision universaliste qui agrège la « reconnaissance » et la « participation » à la « distribution », sans examiner leurs caractéristiques spécifiques et sans considérer les pouvoirs de normalisation qui les sous-tendent, peut être très dommageable dans le soutien des initiatives en faveur d’une plus grande justice hydrique. Ainsi, la proposition politique promue au niveau mondial sur la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) accorde une grande importance à la reconnaissance et à la participation multipartites. Toutefois, en pratique, celles-ci sont souvent utilisées pour légitimer les « décisions participatives » prises par les experts de l’eau ou les organisations technocratiques, avec des répercussions conséquentes sur la distribution de l’eau. La plupart des stratégies de GIRE restent en effet strictement modernistes et centrées sur l’intervention. Elles se fondent sur un modèle de développement reposant sur le marché capitaliste, la construction d’infrastructures à grande échelle ainsi que la formalisation et l’uniformisation (« reconnaissance ») de divers droits sur l’eau, afin que la ressource puisse être transférable à divers usages et usagers. Toutefois, suivant ces recettes mondiales, le triangle « participation-reconnaissance-distribution » est interprété pour correspondre aux trois ingrédients de base des recettes néolibérales, si populaires dans le monde des décideurs : la prise de décision décentralisée (participation multipartite), les droits de propriété privée (reconnaissance des droits des usagers) et les marchés (pour une redistribution équitable et efficiente).
L’idéologie de l’égalité
17Les réflexions de l’éminent consultant et penseur politique de la Banque mondiale, Hernando de Soto, illustrent ce subtil jeu de pouvoir que constitue l’imbrication entre participation, reconnaissance et redistribution. De Soto prône la « participation des pauvres » en « reconnaissant leurs droits de propriété extralégaux », suggérant que cela conduira à une « redistribution » et au bien-être général. Les droits de propriété extralégaux, tels que les droits sur l’eau définis localement, ne sont connus que des acteurs locaux et ne peuvent être échangés. Par conséquent, soutient-il, « ceux-ci doivent être imbriqués dans un système unique d’où les principes généraux du droit peuvent être extraits » [De Soto, 2000, p. 162]. Hernando de Soto affirme qu’aider les pays en développement à construire des systèmes de propriété formels qui intègrent tous les habitants, constitue la mission civilisatrice des nations avancées et des institutions universitaires. Selon lui, les propriétaires extralégaux veulent être reconnus et intégrer ce nouveau système, ce qui les libère de leurs relations de propriété collective incertaines. Ils souhaiteraient rejoindre le jeu gagnant-gagnant (win-win ) du capitalisme populaire. La stratégie de « participation, intégration, et reconnaissance des droits et des cultures locaux » selon de Soto fait appel aux notions de bon sens, de justice et d’égalité. Le fondement caché, cependant, est celui de la destruction active de l’altérité. De Soto postule que « la propriété privée est l’institution d’intégration sociale et politique la plus importante, le véhicule pour amener les masses à respecter la loi et l’ordre et à préserver le statu quo » [de Soto, 2000, p. 196]. Il préconise l’étude du pluralisme des droits locaux, afin de les inclure dans le système de propriété formelle uniforme qui soutient l’économie moderne du marché des propriétés privées.
18Par le passé, les stratégies de pouvoir étaient basées sur la force, l’inégalité et l’exclusion des gens ordinaires. Les idéologies modernes sur l’égalité ont changé le visage du pouvoir : il faut désormais séduire et inclure les « autres », pour les rendre égaux. De fait, dans les politiques modernes de l’eau, tout le monde est potentiellement égal et devrait être égal. Cependant, la gouvernance de l’eau montre que cette idéologie de « l’égalité entre tous » n’est pas utilisée pour abolir la distribution inégale de la propriété de l’eau en Amérique latine ou pour que cesse l’accaparement des ressources en eau qui a caractérisé le continent. Rendre les usagers de l’eau égaux signifie en fait supprimer leur déviance par rapport aux règles, aux normes et aux droits formels. Le modèle de référence pour « être égal » repose sur des normes de classe, de genre et de culture, et sur les intérêts d’une puissante minorité. Pourtant, l’image véhiculée à son propos est celle d’un cadre de justice neutre, défini par le droit. Les politiques modernes de l’eau imposent subtilement l’« égalisation » et la « commensuration » [Boelens, 2015b].
L’alignement sur les territoires hydrosociaux dominants
19Cet « impératif d’égalité » permet de mesurer la façon dont les « autres » dévient du modèle [Foucault, 1975]. Par conséquent, les appels contemporains à l’inclusion et les processus participatifs des parties prenantes doivent être traités avec prudence. De fait, la plupart des politiques modernes de l’eau cherchent à « normaliser » des personnes, selon des normes et des modèles définis par des acteurs exogènes. Ainsi, les discours politiques sur l’eau, tels que le néolibéralisme le formule, supposent non seulement l’existence de valeurs et de règles de validité universelle, mais contribuent activement à les établir et les appliquer au niveau local [Achterhuis et al., 2010]. La production de connaissances, de disciplines et de vérités sur l’eau – et la manière dont elles participent à la configuration de systèmes, de règles et de technologies – cherche à aligner les personnes, les mentalités, les identités et les ressources locales avec les intérêts et les mondes de l’eau imaginés par les centres dominants du pouvoir, nationaux et mondiaux [Andolina, 2012 ; Budds & Hinojosa, 2012 ; Swyngedouw, 2015 ; Swyngedouw & Boelens, 2018 ; Yates et al., 2017].
20Les projets modernistes de développement hydrique révèlent comment, en Amérique latine, les nouvelles formes de gouvernement instaurées, par le biais du contrôle de l’eau, induisent une restructuration de l’espace et du territoire de l’eau ; une transformation des règles et des autorités ; une réorientation du travail et de la production ; de nouvelles normes et valeurs ; et une réorganisation des personnes dans un contexte de gouvernance de l’eau nouveau, impulsé depuis l’extérieur. Bon nombre des schémas qui sous-tendent ces projets de développement hydrique – au-delà de la simple installation d’une nouvelle technologie hydraulique – introduisent de nouvelles hiérarchies dans la gestion des ressources ou des services d’eau commercialisés (ou privatisés), et de nouveaux cadres juridiques hostiles à la survie de groupes d’usagers territoriaux de l’eau [Roa-Garcia, 2014 ; Ulloa, 2019 ; Valladares & Boelens, 2017]. Les normes ancrées dans ces nouveaux schémas hydrauliques-organisationnels-légaux (comme les systèmes d’irrigation et d’eau potable, les projets de bassins hydrographiques, les programmes de paiement pour les services environnementaux, etc.), bien que subtilement formulées en termes de progrès et d’inclusion, excluent souvent les connaissances, l’action et l’autorité des usagers [Andersen, 2019 ; Dupuits, 2019 ; García & Bodin, 2019 ; Deutsch Lynch, 2012, 2019]. Les nouvelles politiques GIRE et les réseaux Nexus, associés à l’autorité nationale étatique, aux marchés capitalistes et aux entreprises, modifient les systèmes locaux de contrôle de l’eau pour établir ce que l’on appelle les « cadres rationnels d’ordre de l’eau » [Duarte-Abadía et al., 2015 ; Hommes et al., 2016 ; Menga & Swyngedouw, 2018]. En d’autres termes, ces projets socio-hydriques dominants (re)configurent fondamentalement les territoires hydrosociaux. Boelens et al. [2016, p. 2] conceptualisent la notion de « territoire hydrosocial » comme
« […] l’imaginaire et la matérialisation socio-environnementale, contestés, d’un réseau multiscalaire ancré spatialement dans lequel les êtres humains, les flux d’eau, les relations écologiques, les infrastructures hydrauliques, les moyens financiers, les systèmes juridico-administratifs et les institutions et pratiques culturelles sont définis, alignés et mobilisés de manière interactive à travers des systèmes de croyances épistémologiques, des hiérarchies politiques et des discours naturalisants. »
21Gouverner et gouvernementaliser les territoires n’est donc pas seulement une « affaire sociale ». Les projets de reterritorialisation modernistes supposent des efforts pour incorporer les connaissances dominantes, les principes, les normes sociopolitiques et morales, et les relations hydroculturelles dans des infrastructures matérielles, des artefacts et des réseaux technologiques [Boelens, 2014]. Cela signifie qu’ils impliquent la « moralisation » des infrastructures (hydro)territoriales. À l’aide des stratégies de gouvernementalité, « […] les configurations hydrosociales dominantes réduisent généralement la souveraineté locale et créent un ordre politique qui rend ces espaces locaux compréhensibles, exploitables et contrôlables » [Hommes et al., 2016, p. 11]. De fait, les régimes dominants de pouvoir/connaissance hydrique produisent de nouvelles (et toujours controversées) matérialités sociales et symboliques [Aubriot et al., 2017 ; Baez Ullberg, 2019 ; Foucault, 1991, 2007 ; Hommes et al., 2019b].
22La politique territoriale s’exprime lors de la rencontre entre divers groupes d’intérêt aux objectifs économiques, culturels et politico-géographiques divergents. Afin de renforcer leurs revendications spécifiques en matière de contrôle de l’eau, ces acteurs recomposent de façon continue le réseau hydraulique du territoire, les cadres culturels de référence et les relations politico-économiques. Ces dernières années, de nombreuses études, en Amérique latine et sur d’autres continents, ont interrogé le concept de « territoire hydrosocial » à partir d’observations empiriques. Elles ont mis en lumière les projets, toujours controversés, imaginant et impactant le territoire, et montré comment le pouvoir se matérialise et se trouve contesté à chaque fois de manière différente.
23Ces travaux soulèvent des questions fondamentales : comment l’ordre socionaturel est-il produit (et contesté) à travers le contrôle des ressources en eau, des infrastructures, des investissements, des connaissances, de la vérité et, en dernière instance, par les usagers et les autorités de l’eau ? Comment les projets de « gouvernementalité » [Foucault, 1991] tentent-ils de modifier l’organisation de différents mondes de l’eau et de plaquer l’homme, la nature et la pensée sur les territoires hydrosociaux dominants ? Mais aussi, comment les personnes défient-elles et « remoralisent-elles » ces systèmes techno-politiques hydriques pour créer leurs propres sociétés de l’eau ? Comment des configurations opposées et se chevauchant façonnent-elles le « pluralisme territorial » ? [Boelens & Gelles, 2005 ; Duarte-Abadía et al., 2019 ; Hidalgo-Bastidas & Boelens, 2019b ; Hoogesteger et al., 2016]
Territoires hydrosociaux alternatifs
24S’intéresser à la pluralité culturelle et à la complexité des droits sur l’eau suppose d’effectuer un changement d’orientation. Au-delà de l’attention exclusive portée aux structures formelles, il s’agit de s’intéresser désormais à la manière dont les droits sur l’eau et les formes de gouvernance sont produits, reproduits et transformés, dans des contextes écologiques et culturels spécifiques. Cette approche considère le rapport quotidien des personnes aux lois (formelles et informelles) définies au niveau local. Elle prend aussi en compte l’utilisation des lois par ces personnes, celles-ci constituant des ressources cruciales pour construire leurs aspirations et leurs luttes quotidiennes [Roth et al., 2005]. Dans ces luttes, les cultures hydriques réinventent les règles, les identités et les traditions de manière continue. Les collectifs et les fédérations d’usagers de l’eau savent que leur existence dépend de la défense de leurs droits et des espaces où ils élaborent les normes. Ils continueront à créer des « non-conformités » et des « complexités », en même temps qu’ils tentent de conquérir la représentation et de réaliser des changements dans la politique, les projets d’intervention et le réseau institutionnel de l’État.
25Les études sur les luttes pour l’eau accordent souvent une attention particulière aux conflits visibles. Cependant, les actions sociales quotidiennes peuvent être beaucoup plus influentes [Johnston, 2018 ; Poma & Gravante, 2015 ; Villamayor-Tomas & García-López, 2018]. Les populations et les groupes de défense et de gestion de l’eau diffusent des réseaux informels, pour la plupart invisibles, qui défient activement la domination. Ces « contre-courants » permettent d’agir à des échelles politiques plus larges et forment des réseaux translocaux. La création de ces territoires hydrosociaux, ancrés dans la sphère locale, occupe une place centrale au sein de l’action collective déployée dans de nombreux lieux et espaces de contrôle de l’eau, attribuant des sens (nouveaux) locaux aux termes « eau », « territoire », « droits » et « identité ». En tant que rhizomes, ces formes d’hydroterritorialité sont reliées par des voies souterraines et opèrent au-dessus et en dessous de la surface, ce qui rend difficile leur compréhension, leur maîtrise et leur appropriation par l’appareil officiel et les autres pouvoirs dominants [Boelens, 2008, 2011, 2015b].
26Les communautés et les villageois qui utilisent l’eau intègrent le local au global et le global au local. Les conflits liés à l’eau soulèvent des contradictions et impliquent le déploiement d’actions transnationales [Dupuits, 2019]. Dans de nombreuses régions, les organisations de base créent des fédérations multipartites pour lutter contre la néolibéralisation de l’eau et sa pollution, les effets négatifs des barrages, la séparation des droits sur l’eau du pouvoir de décision des habitants, et contre les politiques et les actes qui attaquent le pluralisme juridique, le polycentrisme et l’intégrité de leurs territoires [Duarte-Abadía et al., 2019 ; Hidalgo-Bastidas & Boelens, 2019b ; Hoogesteger & Verzijl, 2015 ; Merlinsky, 2016 ; Romano, 2017 ; Sanchis-Ibor et al., 2017 ; Ulloa, 2019]. Ces réseaux montrent également que les communautés étatiques, scientifiques et politiques ne sont pas monolithiques. De nombreux employés de l’État, professionnels et scientifiques, se battent « de l’intérieur », formant des alliances avec des groupes d’usagers de l’eau pour saisir les opportunités à plus grande échelle et coproduire des territoires hydrosociaux alternatifs.
Une compréhension relationnelle et engagée de la justice hydrique
27Les luttes pour l’eau constituent des conflits sur les ressources et pour la légitimité, pour le droit d’exister en tant que communauté détenant un contrôle sur l’eau et la capacité de définir la nature des problèmes et des solutions hydriques. En reliant les luttes matérielles aux luttes politico-culturelles, les communautés d’usagers de l’eau affectées exigent à la fois le droit à l’égalité et le droit à la différence : elles tendent à combiner leur lutte contre une distribution très inégale des ressources avec leurs demandes d’une plus grande autonomie et de participation à la gestion de l’eau. En d’autres termes, le lien intime entre les personnes, l’eau, l’espace et l’identité conduit à une fusion des luttes pour l’accès matériel et le contrôle des systèmes d’utilisation de l’eau (justice distributive) avec la lutte pour la défense écologique des quartiers et des territoires (intégrité socioécologique), comme avec les batailles pour obtenir le droit de définir culturellement et d’organiser politiquement les territoires hydrosociaux (justice culturelle et représentative). Par conséquent, pour comprendre la notion de « justice hydrique enracinée », il est nécessaire de se détacher des théories descriptives et universalistes, qui prescrivent ce que devrait être la justice, pour se centrer sur la compréhension de la manière dont les personnes sur le terrain vivent et définissent la justice. Comprendre l’incorporation d’idéaux particuliers de justice, la manière dont ils sont constitués par des pratiques sociales, nécessite une approche ancrée sur le terrain, argumentée, comparative et diachronique.
28Dans le monde de la politique et de la gouvernance de l’eau, les modèles libéraux, socialistes ou néolibéraux d’« égalité » ont tendance à refléter le miroir élitiste, capitaliste ou expert de la société de l’eau dominante, ignorant les intérêts et les points de vue des paysans, des peuples autochtones et des femmes. Au-delà des modèles abstraits déshumanisés, mais aussi au-delà du romantisme localisé, il est urgent d’explorer les sources de l’injustice hydrique, les visions locales de l’équité et les répercussions des lois formelles et des politiques de justice sur les êtres humains et les écosystèmes. De fait, comprendre la justice hydrique suppose d’adopter une approche relationnelle et contextuelle [Perreault, 2014 ; Roth et al., 2005 ; Zwarteveen & Boelens, 2014].
29Identifier, comprendre et agir en faveur de la justice hydrique demande de se concentrer à la fois sur l’accaparement brutal de l’eau et sur les formes de souffrance dissimulées derrière le lien moderniste entre science et politique. Cela implique d’associer des actions de terrain, des universitaires, des activistes et des politiques. Une approche critique du pluralisme de la justice hydrique s’abstient d’universaliser les contre-discours, les affirmations et les concepts. Toutefois, elle n’est pas non plus relativiste, puisqu’elle exige une articulation critique et un pont entre les contextes et les différences [Schlosberg, 2004]. Par conséquent, nous pouvons comprendre la « justice hydrique » comme
« l’effort social et universitaire pour explorer de manière critique la production de connaissances sur l’eau, l’allocation de l’eau et la gouvernance de l’eau, et combiner les luttes contre les formes de dépossession matérielle, la discrimination culturelle, l’exclusion politique et la destruction écologique liées à l’eau, enracinée dans des contextes spécifiques » [Boelens, 2015a, p. 34].
30Des sociétés hydriques plus justes – territoires hydrosociaux alternatifs – ne peuvent être conçues par des scientifiques ou des responsables politiques. Elles sont le résultat de l’entrelacement des connaissances interculturelles sur l’eau et des pressions sociales venues d’en bas. La recherche et l’action invitent donc les acteurs à mettre en lumière de multiples vérités et cosmovisions, et à cocréer des connaissances transdisciplinaires sur la compréhension, la transformation et la distribution de la nature. L’effort consiste à explorer les liens entre les différentes manières de voir et de lutter pour la justice hydrique. Il suppose un engagement critique avec les mouvements sociaux liés à l’eau, les sociétés locales dépossédées et, progressivement, sur le terrain, la formulation interactive et la construction d’ordres hydrosociaux alternatifs.
Conclusion
31Les discours et les politiques dominants présentent les problèmes politiques liés à l’eau, tels que l’accumulation, la pollution, la méconnaissance et l’exclusion, comme s’il ne s’agissait que de problèmes techniques et de gestion, comme si les « problèmes naturels » pouvaient être résolus à l’aide de connaissances d’experts universelles et objectives. Ils nient les structures de pouvoir, l’histoire, la culture, le contexte socioenvironnemental et la nature politique, culturelle et idéologique des connaissances qu’ils utilisent et promeuvent. Dans les mondes contemporains des politiques de l’eau, les techniques de gouvernance « participatives et égalitaires », destinées à inclure, contrôler et contenir les collectifs d’usagers de l’eau, ne remplacent pas l’imposition brutale, mais, dans de nombreux cas, la complètent. La plupart des instituts d’expertise sur l’eau sont convaincus qu’il est moralement nécessaire de lutter contre l’utilisation irrationnelle de l’eau et de faire en sorte que tous parlent la même langue. Aujourd’hui, « rationaliser l’utilisation locale de l’eau, les droits et les organisations » est devenu une mission visant à remplacer les relations communautaires, la législation locale, les connaissances et l’éthique. Elle est souvent concomitante avec des pratiques d’accaparement.
32Le manque de fonctionnalité pratique de la plupart des modèles conventionnels de politique de l’eau et leurs soutiens aux injustices hydriques ne semblent pas affaiblir leur force. La non-adaptation des politiques de l’eau à la réalité locale n’est pas considérée comme une preuve de leur incapacité, puisque leur objectif n’est pas de s’adapter aux territoires hydrosociaux locaux, mais de les transformer et de les contrôler. Les configurations hydrosociales locales sont considérées comme des systèmes échappant à la justice et au contrôle.
33Les injustices hydriques s’expriment de multiples façons, de l’accaparement de l’eau à grande échelle à la reconnaissance erronée des droits, des normes et des organisations locales de l’eau, en passant par l’exclusion des groupes d’usagers de la prise de décision. Dans ce contexte de politiques de l’eau où l’injustice est souvent qualifiée de justice, et l’irrationalité définie comme rationelle, il est essentiel d’interroger ce qui est rationnel. Alors que la plupart des études sur la justice hydrique se concentrent sur l’accaparement de l’eau à grande échelle, il est urgent de se concentrer, en particulier, sur les multiples formes invisibles et quotidiennes d’invasion des territoires hydrosociaux locaux. Les conflits pour l’eau sont liés à la quantité et à la qualité de l’eau disponible, mais aussi aux représentations, aux valeurs, aux vérités et aux connaissances, y compris les conflits d’autorité et de légitimité, qui s’étendent aux enjeux culturels, territoriaux et identitaires. Dans de nombreux cas d’injustices et de conflits liés à l’eau, les drames et les injustices hydriques ne sont pas commis de façon intentionnelle. Au contraire, les interventions sont souvent moralistes, rationnelles, axées sur le développement et, comme le dit le langage politique actuel, « pro-pauvres ».
34Les notions de « justice » ou d’« équité » dans le contrôle et la gouvernance de l’eau sont dissimulées dans des règles, des catégories ou des codes de conduite culturels spécifiques qui ont tendance à rester incontestés et à échapper à un examen critique, car elles font appel à ce qui est considéré comme « normal », « vrai » ou « naturel ». Il est essentiel d’exposer et d’examiner ces « régimes de vérité » et ces « projets de gouvernementalité » pour comprendre et remettre en question les injustices hydriques. Les idées importantes à ce sujet proviennent des protestations et des actions revendicatives, venues « d’en bas », qui suggèrent que des façons alternatives de comprendre et de construire les territoires hydrosociaux sont possibles et nécessaires.
35Le lien intime entre les personnes, l’eau, le territoire et l’identité, fusionne les luttes pour l’accès matériel et le contrôle des systèmes d’utilisation de l’eau, avec celles pour définir culturellement et organiser politiquement ces systèmes socionaturels. Par conséquent, la recherche et l’action centrées sur la justice hydrique se doivent de développer une approche transdisciplinaire et multiscalaire qui soit liée aux réalités, aux questions, aux besoins et aux opportunités de ceux qui subissent l’injustice hydrique. Elles visent à construire des territoires hydrosociaux alternatifs.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Achterhuis Hans, Boelens Rutgerd & Zwarteveen Margreet, « Water Property Relations and Modern Policy Regimes: Neoliberal Utopia and the Disempowerment of Collective Action », in Boelens Rutgerd, Getches David & Guevara-Gil Armando, Out of the Mainstream. Water Rights, Politics and Identity, Londres, Earthscan, 2010, p. 27-55.
Andersen Astrid O., « Assembling commons and commodities : the peruvian water law between ideology and matserialisation », Water Alternatives, vol. 12, n° 2, 2019, p. 470-487.
Andolina Robert, « The Values of Water : Development Cultures and Indigenous Cultures in Highlands Ecuador », Latin American Research Review, vol. 47, n° 2, 2012, p. 3-26. DOI : 10.1353/lar.2012.0015
10.1353/lar.2012.0015 :Arroyo Aline & Boelens Rutgerd (dir.), « Aguas robadas. Despojo hídrico y movilización social », Justicia hídrica, Lima, IEP & Quito, Abya-Yala, 2013.
Aubriot Olivia, Fernandez Sara, Trottier Julie & Fustec Klervi, « Water technology, knowledge and power. Addressing them simultaneously », WIREs Water, vol. 5, n° 1, 2017. DOI : 10.1002/wat2.1261
10.1002/wat2.1261 :Babidge Sally, « Sustaining ignorance : the uncertainties of groundwater and its extraction in the Salar de Atacama, northern Chile », Journal of the Royal Anthropoligical Institute, vol. 25, n° 1, 2019, p. 83-102. DOI : 10.1111/1467-9655.12965
10.1111/1467-9655.12965 :Baez Ullberg Susann, « Making the Megaproject : Water Infrastructure and Hydrocracy at the Public-Private Interface in Peru », Water Alternatives, vol. 12, n° 3, 2019, p. 503-520.
Baud Michiel, Boelens Rutgerd & Damonte Gerardo, « Presentación. Nuevos capitalismos y transformaciones territoriales en la Región Andina », Estudios Atacameños, n° 63, 2019, p. 195-208. DOI : 10.22199/issn.0718-1043-2019-0033
10.22199/issn.0718-10431043-20192019-0033 :Bebbington Anthony, Humphreys Denise & Bury Jeffrey, « Federating and Defending : Water, Territory and Extraction in the Andes », in Boelens Rutgerd, Getches David & Guevara Gil Armando, Out of the Mainstream. Water Rights, Politics and Identity, Londres, Earthscan, 2010, p. 307-327.
Beckner Sydney, Jepson Wendy, Brannstrom Christian & Tracy John, « “The San Antonio River Doesn’t Start in San Antonio, It Now Starts in Burleson County” : Stakeholder Perspectives on a Groundwater Transfer Project in Texas », Society & Natural Resources, vol. 32, n° 11, 2019. DOI : 10.1080/08941920.2019.1648709
10.1080/08941920.2019.1648709 :Boelens Rutgerd, « Water rights arenas in the Andes. Upscaling the defense networks to localize water control », Water Alternatives, vol. 1, n° 1, 2008, p. 48-65.
Boelens Rutgerd, « Luchas y defensas escondidas. Pluralismo legal y cultural como una práctica de resistencia activa y creativa en la gestión local del agua en los Andes », Anuario de estudios americanos, vol. 68, n° 2, 2011, p. 673-703.
Boelens Rutgerd, « Cultural politics and the hydrosocial cycle : water, power and identity in the andean highlands », Geoforum, vol. 57, 2014, p. 234-247. DOI : 10.1016/j.geoforum.2013.02.008
10.1016/j.geoforum.2013.02.008 :Boelens Rutgerd, Water Justice in Latin America : The Politics of Difference, Equality, and Indifference, Amsterdam, CEDLA et Université d’Amsterdam, 2015a.
Boelens Rutgerd, Water, Power and Identity. The Cultural Politics of Water in the Andes, Londres & Washington DC, Routledge, 2015b.
Boelens Rutgerd & Gelles Paul H., « Cultural Politics, Communal Resistance and Identity in Andean Irrigation Development », Bulletin of Latin American Research, vol. 24, n° 3, 2005, p. 311-327.
Boelens Rutgerd, Hoogesteger Jaime, Swyngedouw Erik, Vos Jeroen & Wester Philipus, « Hydrosocial territories : a political ecology perspective », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 1-14. DOI : 10.1080/02508060.2016.1134898
10.1080/02508060.2016.1134898 :Boelens Rutgerd, Perreault Tom & Vos Jeroen (dir.), Water Justice, Cambridge, Cambridge University Press, 2018.
Borgias Sophia L., « “Subsidizing the State” : the political ecology and legal geography of social movements in chilean water governance », Geoforum, n° 95, 2018, p. 87-101. DOI : 10.1016/j.geoforum.2018.06.017
10.1016/j.geoforum.2018.06.017 :Budds Jessica, « Water Rights, Mining and Indigenous Groups in Chile’s Atacama », BOELENS Rutgerd, GETCHES David & GUEVARA-GIL Armando, Out of the Mainstream. Water Rights, Politics and Identity, Londres, Earthscan, 2010, p. 197-211.
Budds Jessica & Hinojosa Leonith, « Las industrias extractivas y los paisajes hídricos en transición en los países andinos », in Isch Edgar, Boelens Rutgerd& Peña Francisco (dir.), Agua, Injusticia y Conflictos, Cusco, CBC, 2012, p. 45-62.
Cárdenas PANDURO Aldo I., « La carrera hacia el fondo. La acumulación de agua subterránea por empresas agro-exportadoras en Ica, Perú » Wageningue, mémoire de master, université de Wageningue, 2012. https://edepot.wur.nl/222566
Castro José Esteban, « Agua y gobernabilidad : entre la ideología neoliberal y la memoria histórica », Cuadernos del CENDES, vol. 22, n° 59, 2005, p. 1-21.
Castro José Esteban, « Poverty and citizenship : Sociological perspectives on water services and public-private participation », Geoforum, vol. 38, n° 5, 2007, p. 756-771. DOI : 10.1016/j.geoforum.2005.12.006
10.1016/j.geoforum.2005.12.006 :Castro José Esteban, « Presentación », Anuario de Estudios Americanos, vol. 66, n° 2, 2009, p. 15-22.
Castro Fábio de, Hogenboom Barbara & Baud Michiel, Environmental Governance in Latin America, New York, Palgrave Macmillan, 2016.
10.1007/978-1-137-50572-9 :Damonte Gerardo H., « The constitution of hydrosocial power : agribusiness and water scarcity in Ica, Peru », Ecology and Society, vol. 24, n° 2, 2019, p. 21. DOI :10.5751/ES-10873-240221
10.5751/ES-1087310873-240221 :Damonte Gerardo H. & Boelens Rutgerd, « Hydrosocial territories, agro-export and water scarcity : capitalist territorial transformations and water governance in Peru’s coastal valleys », Water International, vol. 44, n° 2, 2019, p. 205-222. DOI : 10.1080/02508060.2018.1556869
10.1080/02508060.2018.1556869 :De Soto Hernando, The Mystery of Capital. Why Capitalism Triumphs in the West and Fails Everywhere Else, New York, Basic Books, 2000.
DEUTSCH Lynch Barbara, « Vulnerabilities, competition and rights in a context of climate change toward equitable water governance in Peru’s Rio Santa Valley », Global Environmental Change, vol. 22, n° 2, 2012, p. 364-373. DOI : 10.1016/j.gloenvcha.2012.02.002
10.1016/j.gloenvcha.2012.02.002 :DEUTSCH Lynch Barbara, « What Hirschman’s Hiding Hand Hid in San Lorenzo and Chixoy », Water, vol. 11, n° 3, 2019, p. 415. DOI 10.3390/w11030415
10.3390/w11030415 :Duarte-Abadía Bibiana & Boelens Rutgerd, « Disputes over territorial boundaries and diverging valuation languages. The Santurban hydrosocial highlands territory in Colombia », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 15-36. DOI : 10.1080/02508060.2016.1117271
10.1080/02508060.2016.1117271 :Duarte-Abadía Bibiana & Boelens Rutgerd, « Colonizing rural waters. The politics of hydro-territorial transformation in the Guadalhorce Valley, Málaga, Spain », Water International, vol. 44, n° 2, 2019, p. 148-168. DOI : 10.1080/02508060.2019.1578080
10.1080/02508060.2019.1578080 :Duarte-Abadía Bibiana, Boelens Rutgerd & Du PrÉ Lucas, « Mobilizing water actors and bodies of knowledge. The multi-scalar movement against the Río Grande dam in Málaga, Spain », Water, vol. 11, n° 3, 2019, p. 410. DOI : 10.3390/w11030410
10.3390/w11030410 :Duarte-Abadía Bibiana, Boelens Rutgerd & Roa-Avendaño Tatiana, « Hydropower, Encroachment and the Repatterning of Hydrosocial Territory. The Case of Hidrosogamoso in Colombia », Human Organization, vol. 74, n° 3, 2015, p. 243–254. DOI : 10.17730/0018-7259-74.3.243
10.17730/0018-72597259-74.3.243 :Dupuits Emilie, « Water community networks and the appropriation of neoliberal practices : social technology, depoliticization, and resistance », Ecology and Society, vol. 24, n° 2, 2019, p. 20. DOI : 10.5751/ES-10857-240220
10.5751/ES-1085710857-240220 :Escobar Arturo, Territories of Difference. Place, Movements, Life, Redes, Durham, Duke University Press, 2008.
10.2307/j.ctv1198wg2 :ESCOBAR Arturo, Designs for the Pluriverse, Durham, Duke University Press, 2018.
10.1215/9780822371816 :Foucault Michel, Discipline and Punish. The Birth of the Prison, New York, Vintage, 1975.
10.4324/9781003320609 :FOUCAULT Michel, « Governmentality », in Burchell Graham, Gordon Colin & Miller Peter (dir.), The Foucault Effect : Studies in Governmentality, Chicago, University of Chicago Press, 1991, p. 87-104.
FOUCAULT Michel, Security, Territory, Population, New York, Picador, 2007.
Fraser Nancy, « Rethinking recognition », New Left Review, n° 3, 2000, p. 107-120.
Galeano Eduardo, « Noticias de los nadies », El País, Madrid, 26 janvier 1996. [En ligne] https://elpais.com/diario/1996/01/27/opinion/822697209_850215.html
García MANCILLA María & Bodin Örjan, « Participatory Water Basin Councils in Peru and Brazil : Expert discourses as means and barriers to inclusion », Global Environment Change, vol. 55, 2019, p. 139-148. DOI : 10.1016/j.gloenvcha.2019.02.005
10.1016/j.gloenvcha.2019.02.005 :Gaybor SECAIRA Antonio, « Acumulación en el campo y despojo del agua en el Ecuador », in Boelens Rutgerd, Cremers Leontien & Zwarteveen Margreet (dir.), Justicia hídrica : acumulación, conflicto y acción social, Lima, IEP, 2011, p. 195-208.
Goldman Michael & Narayan Devika, « Water crisis through the analytic of urban transformation : a study of Bangalore’s hydrosocial regimes », Water International, vol. 44, n° 2, 2019, p. 94-113. DOI : 10.1080/02508060.2019.1578078
10.1080/02508060.2019.1578078 :Hidalgo-Bastidas Juan Pablo & Boelens Rutgerd, « The political construction and fixing of water overabundance : rural-urban flood risk politics in coastal Ecuador », Water International, vol. 44, n° 2, 2019a, p. 169–187. DOI : 10.1080/02508060.2019.1573560
10.1080/02508060.2019.1573560 :Hidalgo-Bastidas Juan Pablo & Boelens Rutgerd, « Hydraulic order and the politics of the governed : The Baba Dam in coastal Ecuador », Water, vol. 11, n° 3, 2019b, p. 409. DOI : 10.3390/w11030409
10.3390/w11030409 :Hidalgo-Bastidas Juan Pablo, Boelens Rutgerd & Isch Edgar, « Hydroterritorial Configuration and Confrontation. The Daule-Peripa Multipurpose Hydraulic Scheme in Coastal Ecuador », Latin American Research Review, vol. 53, n° 3, 2018, p. 517-534. DOI : 10.25222/larr.362
10.25222/larr.362 :Hidalgo Juan Pablo, Boelens Rutgerd & Vos Jeroen, « De-colonizing water. Dispossession, water insecurity, and indigenous claims for resources, authority, and territory », Water History, n° 9, 2017, p. 67-85. DOI : 10.1007/s12685-016-0186-6
10.1007/s12685-016016-01860186-6 :Hommes Lena & Boelens Rutgerd, « Urbanizing rural waters. Rural-urban water transfers and the reconfiguration of hydrosocial territories in Lima », Political Geography, n° 57, 2017, p. 71-80. DOI : 10.1016/j.polgeo.2016.12.002
10.1016/j.polgeo.2016.12.002 :Hommes Lena & Boelens Rutgerd, « From natural flow to “working river” : hydropower development, modernity and socio-territorial transformations in Lima’s Rímac watershed », Journal of Historical Geography, n° 62, 2018, p. 85-95. DOI : 10.1016/j.jhg.2018.04.001
10.1016/j.jhg.2018.04.001 :Hommes Lena, Boelens Rutgerd & Maat Harro, « Contested hydro-social territories and disputed water governance. Truggles and competing claims over the Ilisu dam development in southeastern Turkey », Geoforum, vol. 71, 2016, p. 9-20. DOI : 10.1016/j.geoforum.2016.02.015
10.1016/j.geoforum.2016.02.015 :Hommes Lena, Boelens Rutgerd, Harris Leila M. & Veldwisch Gert Jan, « Rural–urban water struggles : urbanizing hydrosocial territories and evolving connections, discourses and identities », Water International, vol. 44, n° 2, 2019a, p. 81-94. DOI : 10.1080/02508060.2019.1583311
10.1080/02508060.2019.1583311 :Hommes Lena, Boelens Rutgerd, Bleeker Sonja, Stoltenborg Didi, Duarte-Abadía Bibiana & Vos Jeroen, « Water governmentalities. The shaping of hydrosocial territories, water transfers and rural-urban subjects in Latin America », Environment and Planning E : Nature and Space, vol. 3, n° 2, 2019b, p. 399-422. DOI :10.1177/2514848619886255
10.1177/2514848619886255 :Hoogendam Paul, « Hydrosocial territories in the context of diverse and changing ruralities. The case of Cochabamba’s drinking water provision over time », Water International, vol. 44, n° 2, 2019, p. 129-147. DOI : 10.1080/02508060.2019.1551711
10.1080/02508060.2019.1551711 :Hoogesteger Jaime & Verzijl Andres, « Grassroots scalar politics : Insights from peasant water struggles in the Ecuadorian and Peruvian Andes », Geoforum, n° 62, 2015, p. 13-23. DOI : 10.1016/j.geoforum.2015.03.013
10.1016/j.geoforum.2015.03.013 :Hoogesteger Jaime, Boelens Rutgerd & Baud Michiel, « Territorial pluralism : water users’ multi-scalar struggles against state ordering in Ecuador’s highlands », Water International, vol. 4, n° 1, 2016, p. 91-106. DOI : 10.1080/02508060.2016.1130910
10.1080/02508060.2016.1130910 :Hulshof Mieke & Vos Jeroen, « Diverging realities. How frames, values and water management are interwoven in the Albufera de Valencia wetland, Spain », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 107-124. DOI : 10.1080/02508060.2016.1136454
10.1080/02508060.2016.1136454 :Ioris Antonio A. R., « Water scarcity and the exclusionary city : the struggle for water justice in Lima, Peru », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 125-139. DOI : 10.1080/02508060.2016.1124515
10.1080/02508060.2016.1124515 :Jaramillo Elise T., « Fluid kinship. Race, power, and the hydrosocial order of water flow along New Mexico’s acequias », Environment and Planning D : Society and Space, vol. 38, n° 4, 2019, p. 718-735. DOI : 10.1177/0263775819879719
10.1177/0263775819879719 :Johnston Barbara Rose, « Large-scale dam development and counter movements. Water justice struggles around Guatemala’s Chixoy dam », in Boelens Rutgerd, Perreault Tom & Vos Jeroen (dir.), Water Justice, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 169-186. DOI : 10.1017/9781316831847.011
10.1017/9781316831847.011 :Larsimont Robin & MartÍn Facundo, « De viejas postales y nuevos paisajes. Noticias sobre aguas y agronegocios », in Morales Orlando Gabriel (dir.), Vitivinicultura y celebraciones vendímiales. Notas de divulgación científica del INCIHUSA, Mendoza, INCIHUSA, n° 1, 2018, p. 126-129.
Leff Enrique, « Political ecology : a latin american perspective », Desenvolvimento e Meio Ambiente, vol. 35, 2015, p. 29-64. DOI : 10.5380/dma.v35i0.44381
10.5380/dma.v35i0.44381 :Li Fabiana, Unearthing Conflict : Corporate Mining, Activism, and Expertise in Peru, Durham & Londres, Duke University Press, 2015.
10.2307/j.ctv1220j3f :Lu Flora, Valdivia Gabriela & Silva Néstor L., Oil, Revolution, and Indigenous Citizenship in Ecuadorian Amazonia, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2017.
Martín Facundo & Larsimont Robin, « Agua, poder y desigualdad socioespacial. Un nuevo ciclo hidrosocial en Mendoza, Argentina (1990-2015) », in Merlinsky Gabriela (dir.), Cartografías del conflicto ambiental en Argentina 2, Buenos Aires, Fundación CICCUS, 2016, p. 31-56.
Martínez-Alier Joan, The Environmentalism of the Poor, Cheltenham, Edward Elgar, 2002.
10.1016/j.soscij.2005.03.017 :Menga Filippo & Swyngedouw Erik, Water, Technology and the Nation-State, Londres & New York, Earthscan & Routledge, 2018.
Merlinsky María Gabriela, « Mists of the Riachuelo : River Basins and Climate Change in Buenos Aires », Latin American Perspectives, n° 43, n° 4, 2016, p. 43-55. DOI : 10.1177/0094582X15623764
10.1177/0094582X15623764 :Mills-Novoa Megan, Borgias Sophia L., CROOTOF Arica, THAPA Bhuwan, DE GRENADE Rafael & SCOTT Christopher A., « Bringing the Hydrosocial Cycle into Climate Change Adaptation Planning : Lessons from Two Andean Mountain Water Towers », Annals of the American Association of Geography, vol. 107, n° 2, 2017, p. 393-402. DOI : 10.1080/24694452.2016.1232618
10.1080/24694452.2016.1232618 :Molina Camacho Francisco, « Intergenerational dynamics and local development. Mining and the indigenous community in Chiu Chiu, El Loa Province, Chile », Geoforum, n° 75, 2016, p. 115-124. DOI : 10.1016/j.geoforum.2016.06.015
10.1016/j.geoforum.2016.06.015 :Oré María Teresa, « Las luchas por el agua en el desierto iqueño : el agua subterránea y la reconcentración de tierras y agua », in Boelens Rutgerd, Cremers Leontien & ZwarteveeN Margreet (dir.), Justicia hídrica, Lima, IEP. 2011, p. 65-78
Paerregaard Karsten, « Power in/of/as water. Revisiting the hydrologic cycle in the Peruvian Andes », WIREs Water, vol. 5, n° 2, 2017, e1270. DOI : 10.1002/wat2.1270
10.1002/wat2.1270 :Paerregaard Karsten & OBERBORBECK Andersen Astrid, « Moving beyond the commons/commodity dichotomy. The socio-political complexity of Peru’s water crisis », Water Alternatives, vol. 12, n° 2, 2019, p. 459-469.
Perramond Eric P., « Adjudicating hydrosocial territory in New Mexico », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 173-188. DOI : 10.1080/02508060.2016.1108442
10.1080/02508060.2016.1108442 :Perreault Tom, « What kind of governance for what kind of equity ? Towards a theorization of justice in water governance », Water International, vol. 39, n° 2, 2014, p. 233-245. DOI : 10.1080/02508060.2014.886843
10.1080/02508060.2014.886843 :Poma Alice & Gravante Tommaso, « Analyzing resistance from below. A proposal of analysis based on three struggles against dams in Spain and Mexico », Capitalism Nature Socialism, vol. 26, n° 1, 2015, p. 59-76. DOI : 10.1080/10455752.2014.995688
10.1080/10455752.2014.995688 :Prieto Manuel, « Bringing water markets down to Chile’s Atacama Desert », Water International, vol. 41, n° 2, 2016a, p. 191-212. DOI : 10.1080/02508060.2015.1107400
10.1080/02508060.2015.1107400 :Prieto Manuel, « Practicing costumbres and the decommodification of nature : The Chilean water markets and the Atacameño people », Geoforum, n° 77, 2016b, p. 28-39. DOI : 10.1016/j.geoforum.2016.10.004
10.1016/j.geoforum.2016.10.004 :Radonic Lucero, « Through the aqueduct and the courts. An analysis of the human right to water and indigenous water rights in Northwestern Mexico », Geoforum, n° 84, 2017, p. 151-159. DOI : 10.1016/j.geoforum.2017.06.014
10.1016/j.geoforum.2017.06.014 :Rasmussen Mattias Borg, Andean Waterways : Resource Politics in Highland Peru, Seattle, University of Washington Press, 2015.
Roa-García María Cecilia, « Equity, efficiency and sustainability in water allocation in the Andes : trade-offs in a full world », Water Alternatives, vol. 7, n° 2, 2014, p. 298-319.
Roa-García María Cecilia, « Environmental democratization and water justice in extractive frontiers of Colombia », Geoforum, n° 85, 2017, p. 58-71. DOI : 10.1016/j.geoforum.2017.07.014
10.1016/j.geoforum.2017.07.014 :Roca-Servat Denisse & Palacio Ocando Lidy, « “Sí a la vida, al agua y al territorio” : relaciones hidrosociales alternativas en Colombia », ERLACS, n° 107, 2019, p. 117-138. DOI : 10.32992/erlacs.10389
10.32992/erlacs.10389 :Rocha López Rígel, Hoogendam Paul, Vos Jeroen & Boelens Rutgerd, « Transforming hydrosocial territories and changing languages of water rights legitimation. Irrigation development in Bolivia’s Pucara watershed », Geoforum, vol. 102, 2019a, p. 202-213. DOI : 10.1016/j.geoforum.2019.04.012
10.1016/j.geoforum.2019.04.012 :Rocha-López Rígel, Boelens Rutgerd, Vos Jeroen & Rap Edwin, « Hydrosocial territories in dispute. Flows of water and power in an interbasin transfer project in Bolivia », Water Alternatives, vol. 12, n° 1, 2019b, p. 267-284.
RodrÍguez-de-Francisco Jean Carlo & Boelens Rutgerd, « PES hydrosocial territories. De-territorialization and re-patterning of water control arenas in the Andean highlands », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 140-156. DOI : 10.1080/02508060.2016.1129686
10.1080/02508060.2016.1129686 :RodrÍguez-de-Francisco Jean Carlo, Duarte-Abadia Bibiana & Boelens Rutgerd, « Payment for Ecosystem Services and the Water-Energy-Food Nexus. Securing Resource Flows for the Affluent ? », Water, vol. 11, n° 6, 2019, p. 1143. DOI : 10.3390/w11061143
10.3390/w11061143 :Romano Sarah T., « Building Capacities for Sustainable Water Governance at the Grassroots. “Organic Empowerment” and Its Implications in Nicaragua », Society & Natural Ressources, vol. 30, n° 4, 2017, p. 471-487. DOI : 10.1080/08941920.2016.1273413
10.1080/08941920.2016.1273413 :Roth Dik, Boelens Rutgerd & Zwarteveen Margreet (dir.), Liquid Relations. Contested Water Rights and Legal Complexity, New Brunswick, Rutgers University Press, 2005.
Sanchis-Ibor Carles, Boelens Rutgerd & García-Mollá Marta, « Collective irrigation reloaded. Re-collection and re-moralization of water management after privatization in Spain », Geoforum, vol. 87, 2017, p. 38-47. DOI : 10.1016/j.geoforum.2017.10.002
10.1016/j.geoforum.2017.10.002 :Schlosberg David, « Reconceiving Environmental Justice. Global Movements and Political Theories », Environmental Politics, vol. 13, n° 3, 2004, p. 517-540. DOI : 10.1080/0964401042000229025
10.1080/0964401042000229025 :Seemann Miriam, « Inclusive recognition politics and the struggle over hydrosocial territories in two bolivian highland communities », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 157-172. DOI : 10.1080/02508060.2016.1108384
10.1080/02508060.2016.1108384 :Sosa LANDEO Milagros & Zwarteveen Margreet, « Acumulación a través del despojo. La gran minería en Cajamarca », in BOELENS Rutgerd, CREMERS Leontien & ZWARTEVEEN Margreet (dir.), Justicia hídrica, Lima, IEP, 2011, p. 381-392.
Stensrud Astrid B., « The social embeddedness of hydraulic engineers in the regulation of water and infrastructure in Peru », Environmental and Planning C : Politics and Space, vol. 37, n° 7, 2019. DOI : 10.1177/2399654419866835
10.1177/2399654419866835 :Stoltenborg Didi & Boelens Rutgerd, « Disputes over land and water rights in gold mining. The case of Cerro de San Pedro, Mexico », Water International, vol. 41, n° 3, 2016, p. 447-467. DOI : 10.1080/02508060.2016.1143202
10.1080/02508060.2016.1143202 :Swyngedouw Erik, Liquid Power. Contested Hydro-Modernities in 20th Century Spain, Cambridge, MIT Press, 2015.
10.7551/mitpress/9780262029032.001.0001 :Swyngedouw Erik & Boelens Rutgerd, « “… And not a single injustice remains” : hydro-territorial colonization and techno-political transformations in Spain », in Boelens Rutgerd, Perreault Tom & Vos Jeroen (dir.), Water Justice, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 115-133. DOI : 10.1017/9781316831847.008
10.1017/9781316831847.008 :Tetreault Darcy & McCulligh Cindy, « Water Grabbing via Institutionalised Corruption in Zacatecas, Mexico », Water Alternatives, vol. 11, n° 3, 2018, p. 572-591.
Tobias Melina A., « Política del agua, controversias sociotécnicas y conflictos territoriales en el area metropolitana de Buenos Aires (2006-2015) », Quid, n° 16, 2018, p. 226-229.
Ulloa Astrid, « Perspectives of Environmental Justice from Indigenous Peoples of Latin America : A Relational Indigenous Environmental Justice », Environmental Justice, vol. 10, n° 6, 2017, p. 175-180. DOI : 10.1089/env.2017.0017
10.1089/env.2017.0017 :Ulloa Astrid, Climate Change, Cultures, Territories, Nonhumans, and Relational Knowledges in Colombia, Durham, Duke University Press, 2019.
Ulloa Astrid & Romero-Toledo Hugo (dir.), Agua y Disputas territoriales en Chile y Colombia, Bogota, Université nationale de Colombie, 2018.
Urkidi Leire & Walter Mariana, « Dimensions of environmental justice in anti-gold mining movements in Latin America », Geoforum, vol. 42, n° 6, 2011, p. 683-695. DOI : 10.1016/j.geoforum.2011.06.003
10.1016/j.geoforum.2011.06.003 :Usón Tomás J., Henríquez Cristián & Dame Juliane, « Disputed water. Competing knowledge and power asymmetries in the Yali Alto basin, Chile », Geoforum, vol. 85, 2017, p. 247-258. DOI : 10.1016/j.geoforum.2017.07.029
10.1016/j.geoforum.2017.07.029 :Valladares Carolina & Boelens Rutgerd, « Extractivism and the rights of nature. Governmentality, “convenient communities”, and epistemic pacts in Ecuador », Environmental Politics, vol. 26, n° 6, 2017, p. 1015-1034. DOI : 10.1080/09644016.2017.1338384
10.1080/09644016.2017.1338384 :Valladares Carolina & Boelens Rutgerd, « Mining for Mother Earth. Governmentalities, sacred waters and nature’s rights in Ecuador », Geoforum, vol. 100, 2019a, p. 68-79. DOI : 10.1016/j.geoforum.2019.02.009
10.1016/j.geoforum.2019.02.009 :Valladares Carolina & Boelens Rutgerd, « (Re)territorializaciones en tiempos de “Revolucion Ciudadana”. Petróleo, minerales y derechos de la naturaleza en el Ecuador », Estudios Atacameños, n° 63, 2019b, p. 301-313. DOI : 10.22199/issn.0718-1043-2019-0030
10.22199/issn.0718-10431043-20192019-0030 :Veldwisch Gert Jan, Franco Jennifer & Mehta Lyla, « Water grabbing. Practices of contestation and appropriation of water in the context of expanding global capital », in Boelens Rutgerd, Perreault Tom & Vos Jeroen (dir.), Water Justice, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 59-70.
Villamayor-Tomas Sergio & García-López Gustavo A., « Social movements as key actors in governing the commons. Evidence from community-based resource management studies », Global Environmental Change, n° 53, 2018, p. 114-126. DOI : 10.1016/j.gloenvcha.2018.09.005
10.1016/j.gloenvcha.2018.09.005 :Vos Jeroen & Hinojosa Leonith, « Virtual water trade and the contestation of hydrosocial territories », Water International, vol. 41, n° 1, 2016, p. 37-53. DOI : 10.1080/02508060.2016.1107682
10.1080/02508060.2016.1107682 :Wagner Lucrecia, « Inversiones Chinas en territorio mapuche : resistencias a la minería metalífera en Loncopué », Estudios Atacameños, n° 63, 2019a. DOI : 10.22199/issn.0718-1043-2019-0028
10.22199/issn.0718-10431043-20192019-0028 :Wagner Lucrecia, « Agricultura, cultura del oasis y megaminería en Mendoza. Debates y disputas », Mundo Agrario, vol. 20, n° 43, 2019b. DOI : 10.24215/15155994e106
10.24215/15155994e106 :Wilson Nicole J., « “Seeing water like a state ?” Indigenous water governance through Yukon First Nation self-government agreements », Geoforum, n° 104, 2019, p. 101-113. DOI : 10.1016/j.geoforum.2019.05.003
10.1016/j.geoforum.2019.05.003 :Yacoub Cristina, Duarte Bibiana & Boelens Rutgerd, Agua y Ecología política. El extractivismo en la agro-exportación, la minería y las hidroeléctricas en Latino América, Quito, Abya-Yala, 2015.
Yacoub Cristina, Vos Jeroen & Boelens Rutgerd, « Territorios hidro-sociales y minería en Cajamarca, Perú. Monitoreos ambientales como herramientas políticas », Agua y Territorio, n° 7, 2016, p. 163-175. DOI : 10.17561/at.v0i7.2971
10.17561/at.v0i7.2971 :Yates Julian S., Harris Leila M. & Wilson Nicole J., « Multiple ontologies of water. Politics, conflict and implications for governance », Environment and Planning D : Society and Space, vol. 35, n° 5, 2017, p. 797-815. DOI : 10.1177/0263775817700395
10.1177/0263775817700395 :Ženko Maja & Menga Filippo, « Linking Water Scarcity to Mental Health : Hydro-Social Interruptions in the Lake Urmia basin, Iran », Water, vol. 11, n° 5, 2019, p. 1092. DOI : 10.3390/w11051092
10.3390/w11051092 :Zwarteveen Margreet & Boelens Rutgerd , « Defining, researching and struggling for water justice. Some conceptual building blocks for research and action », Water International, vol. 39, n° 2, 2014, p. 143-158. DOI : 10.1080/02508060.2014.891168
10.1080/02508060.2014.891168 :Notes de bas de page
1 Cet article est basé en partie sur Boelens et al. [2018], Roth et al. [2005], Zwarteveen & Boelens [2014]. Il est traduit par Chloé Nicolas-Artero.
2 Pour la définition de la notion de « territoire hydrosocial », voir plus bas dans ce chapitre p. 134.
3 Voir aussi Perreault, 2014 ; Tobias, 2018 ; Ulloa & Romero-Toledo, 2018 ; Yacoub et al., 2015 ; Zwarteveen & Boelens, 2014.
Auteurs
Rutgerd Boelens est professeur et titulaire des chaires « Écologie politique de l’eau » à l’université d’Amsterdam et « Gouvernance de l’eau et justice sociale » à l’université de Wageningen. Il est également professeur invité à la PUCP au Pérou et à l’université centrale en Équateur. Ses travaux portent sur l’écologie politique, les politiques culturelles, le droit et la gestion indigène de l’eau, le pluralisme légal, la gouvernementalité, la mobilisation sociale et les territoires hydro-sociaux. Il coordonne l’alliance « Justice hydrique » (www.justiciahidrica.org) et a publié en 2018 l’ouvrage Water Justice (avec Perreault et Vos, Cambridge University Press).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La pandémie de Covid-19
Expériences américaines
Capucine Boidin, Claudia Damasceno, Marion Magnan et al. (dir.)
2022
Luttes pour l’eau dans les Amériques
Mésusages, arrangements et changements sociaux
Chloé Nicolas-Artero, Sébastien Velut, Graciela Schneier-Madanes et al. (dir.)
2022
La violencia que no cesa
Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo
Ricardo Bedoya Forno, Dorothée Delacroix, Valérie Robin Azevedo et al. (dir.)
2023
Bourdieu et les Amériques
Une internationale scientifique : genèse, pratiques et programmes de recherche
Afrânio Garcia Jr., Marie-France Garcia Parpet, Franck Poupeau et al. (dir.)
2023
Dictionnaire politique de l’Amérique latine
Marie-Hélène Sa Vilas Boas, Hélène Combes, Marie Laure Geoffray et al. (dir.)
2024