Liminaire
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Texte intégral
1Le 23 octobre 1999 a eu lieu au château de Sully-sur-Loire, en présence des autorités civiles, religieuses et militaires, le transfert des cendres de Maximilien de Béthune, duc de Sully, et de son épouse Rachel de Cochefilet. Leurs restes mortels se trouvent désormais au rez-de-chaussée du château, après avoir reposé pendant soixante-cinq ans dans une salle du premier étage.
2Cette cérémonie a été suivie, l’après-midi du même jour, par un colloque organisé à l’initiative de l’association des Amis du château de Sully-sur-Loire et du conseil général du département du Loiret. Cette rencontre se proposait de donner un aperçu des travaux menés depuis une vingtaine d’années sur l’un des plus grands ministres des Finances que la France ait connus. Placée sous la direction scientifique de M. Jean-Pierre Babelon, membre de l’Institut et président de la société Henri-IV, elle a permis notamment à quatre jeunes historiens (Isabelle Aristide, Pierre Quernez, Isabelle Formont, Laurent Avezou) de présenter l’apport de leurs thèses de l’École nationale des chartes (soutenues respectivement en 1988, 1994, 1995 et 1996). D’autres spécialistes ont également apporté leurs contributions. Outre MM. Jean-Pierre Babelon, auteur d’une biographie d’Henri IV (1982) et Bernard Barbiche, coauteur d’une biographie de Sully (1997), le professeur James B. Collins, de l’université de Georgetown, que des circonstances indépendantes de sa volonté avaient empêché de participer à cette journée, a bien voulu compléter le dossier ainsi réuni par un article original. Dans ses conclusions en forme de bilan, le professeur David Buisseret, de l’université du Texas, auteur lui aussi d’une biographie de Sully (1968), a fait le point des acquis et indiqué les domaines qui restent à défricher. La participation des professeurs Collins et Buisseret est un symbole de la vitalité de l’école historique anglo-saxonne spécialisée dans l’étude de la France moderne.
3C’est cet ensemble qui est ici publié : au total sept contributions dont quatre portent sur Sully lui-même en son temps et trois autres sur son héritage et sur la façon dont sa personne et son œuvre ont été perçues à travers les siècles1. Le passage dans notre histoire d’une personnalité aussi exceptionnelle – un gentilhomme formé au métier des armes et devenu ensuite un administrateur de génie – méritait en effet, et méritera encore à l’avenir, de retenir l’intérêt des chercheurs : il reste à explorer, grâce à des sources plus nombreuses qu’on ne l’imagine, à Paris et en province, bien des pistes encore insoupçonnées ou méconnues.
4Sont évoquées tout d’abord par Jean-Pierre Babelon les relations du roi et de son ministre d’après les Mémoires de ce dernier. Puis Bernard Barbiche analyse les conséquences sur la marche de l’Etat (et notamment sur le fonctionnement du département des finances) de la présence d’un protestant au gouvernement. James B. Collins, en comparant le cas de Sully à ceux de ses devanciers et de ses successeurs, met en lumière l’originalité de sa personnalité en tant que « financier ». Comblé de largesses et de bienfaits par le roi, Sully avait édifié une imposante fortune ; Isabelle Aristide présente l’un des éléments majeurs de celle-ci : les châteaux. Pierre Quernez retrace la vie de Philippe de Béthune, le frère catholique de Sully, attirant ainsi l’attention sur une situation qui n’était pas rare au début du XVIIe siècle mais qui n’a jamais fait l’objet d’une étude d’ensemble : le cas des familles religieusement partagées. Franchissant deux siècles, Isabelle Formont, en utilisant le chartrier de Sully-sur-Loire, aujourd’hui conservé aux archives départementales du Loiret, nous raconte la fin du duché-pairie érigé par Henri IV pour son ministre. Enfin Laurent Avezou analyse les avatars du mythe politique auquel la figure de Sully a donné naissance. Autant de questionnements, d’enquêtes, d’itinéraires qui témoignent de la vitalité d’un mouvement de recherche auquel l’École nationale des chartes a apporté une contribution appréciable.
Notes de bas de page
1 Cet ensemble a également été publié dans Études et documents XII, Comité pour l’histoire économique et financière de la France.
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Sully tel qu’en lui-même
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