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III – Le provisoire

p. 251-259


Texte intégral

1Doit-on parler du provisoire dans le métier de l’historien ? Apparemment il vit dans le provisoire, il ne peut avoir que des jugements « provisoires », des hypothèses « provisoires » et les résultats d’une recherche sont nécessairement « provisoires ». C’est là une sorte de fatum de l’historien : aucune connaissance n’a de valeur autre que « provisoire »1, le définitif n’est qu’une rêverie, une naïveté de jeunesse. Plus on avance en âge, plus on aperçoit l’importance de ce provisoire qu’on a trop négligé. Mais on a peine à parler du « provisoire », quand on l’évoque devant des jeunes, on crée quelque malaise2, on entre dans une zone floue, indéterminée de l’officium de l’historien. Mais nous croyons nécessaire d’apporter quelques réflexions sur ce provisoire qui est quasi subversif, car la conscience du provisoire incite l’historien à modifier son jeu3.

I. Qu’est-ce que le provisoire ?

2L’historien vit dans le provisoire, le précaire : il ne peut arriver jamais qu’à montrer des choses « à titre provisoire », qu’à donner un savoir provisoire, passager, il vit sur un provisoire qui dure jusqu’à son dernier jour. L’idée d’échapper au provisoire est une naïveté : personne ne peut croire qu’un travail soit « définitif », les jurys de thèse le rappellent souvent, non sans ironie, au candidat (« Vous avez bien défriché ce sujet, mais c’est un travail provisoire, d’autres viendront après vous, ne jugez pas trop vite, méfiez-vous de ces affirmations imprudentes, de ces jugements définitifs qui sont douteux, personne ne peut être assuré de rien, ne surestimez pas votre travail... »), mais ils sont rarement entendus4.

3On ne parle guère de ce temps provisoire qui a des formes multiples : pourtant les perspectives reculent sans cesse, on cesse de croire qu’on puisse avoir des idées autres que provisoires, les hypothèses de travail s’effondrent, on en bâtit d’autres tout aussi provisoires ; on suspend son jugement « à titre provisoire »5, on met en doute tout ce qu’on croit savoir (ou ce que les autres ont cru savoir), on multiplie les zones d’ombre, on étend le champ du non-connu, du douteux, de l’indéterminé, on vit dans l’instable, le transitoire, le provisoire : sur trente ou quarante ans, on prend l’habitude du provisoire, qui devient « durable », c’est une manière de voir qui gouverne les pensées (on finit par ne réfléchir qu’« à titre provisoire »)6 ; on sait qu’on bâtit des châteaux de sable, que tôt ou tard l’obsolescence atteint nécessairement tous les travaux... Mais on parle rarement de cette expérience du transitoire, c’est un sujet tabou, car le « provisoire » est sans fin et on n’aime pas parler de ce qui touche de près ou de loin à la mort.

II. Formes

4Si on réfléchit bien au jeu de provisoire, on s’aperçoit qu’il envahit tout : il gouverne la recherche, le faire et le conclure, l’écriture, les intuitions informelles et les « produits », nécessairement voués à l’obsolescence. Rien n’échappe à ce provisoire qui s’insinue, se dilate, détruit le certain, le stable, le fixe, les préjugés, qui oblige à tout mettre en doute et montre la fragilité des apparences. Ce provisoire finit par s’installer dans la durée7 : personne n’échappe au provisoire – usque ad mortem (la mort donne seule le certain).

5Le provisoire est chose qui se définit fort mal : c’est un entre-deux, un intervalle de temps dont on a une conscience floue ; rappelons ses formes apparentes :

  1. c’est ce qui est entrevu, entr’aperçu, qui parfois échappe au regard ;
  2. il ne peut être confondu avec l’instant passé ;
  3. il englobe ce qui n’est pas encore advenu et qui peut-être ne sera jamais : on ne peut préjuger de sa durée, par construction incertaine ;
  4. c’est un passage fugitif, transitoire, mais le provisoire peut se prolonger indéfiniment ;
  5. c’est ce qui est destiné à être remplacé, mais « probablement » (rien n’est certain).

6Cet intervalle de temps est très ambigu, on ne peut ni prévoir ce qui se passera, ni marquer un terme ad quem (une vie, au fond, n’est faite que de provisoire)8.

7En histoire, le jeu du provisoire est cruel : on connaît les plaintes de l’historien : « On n’en a jamais fini, je ne suis assuré de rien, je m’aperçois, à peine le livre fait, de toutes ses imperfections, de mes ignorances, de mes faiblesses, il faudrait tout refaire ». C’est une chaîne sans fin, tout est in principio inachevé9, tout est douteux, incertain : on ne peut travailler, produire qu’à titre provisoire. Et la règle cartésienne de la nécessité de suspendre son jugement incarne bien ce provisoire qui règne en maître, qui montre les illusions de tout savoir, l’imperfection de toute « manière de connaître » ; on ne saisit que du sable, on ne peut atteindre l’argile, rien n’est acquis définitivement. « Celui qui croit connaître, se moque saint Paul, ne connaît pas encore la manière de connaître »10 : tout est instable, l’historien ne peut jouir d’aucune certitude.

8Il faut bien voir que le jeu du provisoire présente certains risques : il peut conduire à un scepticisme médiocre, à une indifférence dangereuse (rien n’a d’importance, on est fasciné par l’instabilité du jeu), et même à une sorte de dégoût de l’histoire lors des petites crises de la cinquantaine ou de la soixantaine11 (à quoi bon ces travaux inutiles, voués à l’obsolescence ?).

III. Conséquences

9Il n’est pas facile de raisonner sur le provisoire, on a peur de ce qu’on va découvrir en tirant un fil de la pelote de laine. Examinons les conséquences apparentes.

10Première conséquence : on n’aime guère parler du provisoire, car c’est un provisoire long, qui s’allonge sans cesse : une recherche dure 10, 15 ans et ne peut aboutir qu’à des résultats « provisoires » ; on voit bien, par derrière le provisoire, le jeu de l’obsolescence, qui détruit toute chose jugée définitive, qui ruine toute espérance de survie12, le jeu de la mort, qui annule tout (le « provisoire » dure jusqu’à la mort du joueur). C’est peut-être pour des esprits jeunes désespérant, mais on peut trouver dans cette incertitude, cette ambiguïté du provisoire quelque plaisir (on échappe au déjà-connu, au déjà-jugé, au déterminé, on entre dans le jeu du probable13, on nargue les certitudes du naïf, du croyant, et il y a un plaisir subtil à penser « à titre provisoire »)14.

11Deuxième conséquence : le provisoire règle le jeu de l’ historien – jusqu’à sa mort, et à la mort de l’œuvre –, mais on préfère ne pas en parler aux jeunes, il y a une contradiction entre le métier de professeur, qui croit enseigner le vrai, et le jeu du provisoire, qui détruit toute certitude, toute fixité, qui montre la mobilité des choses ; il est malaisé de marquer dans un cours qu’on ne sait que des choses douteuses, à titre provisoire, on est presque contraint d’affirmer, de donner des idées, des certitudes (même si on les sait « fausses », douteuses). Un historien ne travaille que sur du « probable », son œuvre est transitoire in principio : mais on ne l’avoue pas, on dissimule, on triche constamment, on masque le transitoire, qui rappelle la mort du joueur (peu de professeurs disent ouvertement que l’histoire n’est qu’un jeu, à somme nulle)15.

12Troisième conséquence : pour échapper à cette oppression du provisoire, du transitoire, on cherche des compensations, des contrepoids : on affirme arbitrairement l’existence de choses durables, on bâtit des systèmes, on construit des « lois », des régularités, on croit au certain, on veut enseigner la vérité : c’est-à-dire qu’on se trompe volontairement, et qu’on trompe son lecteur ; ce sont là des mensonges dangereux, mais fort répandus. Quand on dresse le bilan final, enfin de partie, on s’aperçoit brutalement de l’ampleur de ces mensonges : lors de la reddition des comptes, on découvre qu’on n’a à son actif que des valeurs fictives, qu’on n’a été qu’un serviteur infidèle16.

13Quatrième conséquence : le jeu du provisoire a nécessairement pour l’historien une valeur spirituelle17 : le provisoire – qui rappelle par construction la fuite du temps, la mort – montre que l’on ne peut accéder à aucune certitude, qu’on est dans la main de Dieu, que rien n’est fixe, stable hors Dieu ; il faut accepter le provisoire, être docile, flexible, indifférent, on doit vivre l’instant et dans l’instant, ne tenir à rien18 ; le provisoire peut enseigner beaucoup à celui qui le comprend de l’intérieur.

IV. Règles du jeu

14Le provisoire « sans fin » est chose difficile à supporter : on n’aime guère en parler. Comment peut-on gérer au mieux ce provisoire ?

15Première règle : il faut avoir une vision nette, une volonté claire et appliquer ce qu’on entreprend avec ténacité et constance : le provisoire ne doit pas empêcher de faire, bien au contraire il doit exciter à l’excellence19.

16Deuxième règle : il faut tirer le plaisir maximal de ce provisoire ambigu, subversif ; toute certitude est détruite, ce qui paraît déjà connu, déjà jugé est sans intérêt, on est fasciné par ce nouveau provisoire inconnu, par ce dépassement incessant : on vit dans l’excitation du provisoire20.

17Troisième règle : il faut chercher à accroître le taux de provisoire en fouillant, en approfondissant, en montrant le douteux derrière l’apparent, l’incertain, l’éphémère derrière le fixe, le durable, en changeant « provisoirement » le certain en incertain : le jeu du provisoire permet une subversion intelligente, accroît l’instabilité du « savoir » (ce qu’on croit savoir n’est « connu » qu’à titre provisoire...)21.

18Quatrième règle : il faut, lors de la rédaction, éviter de laisser croire qu’on peut apporter du définitif ; on n’a à proposer que du creux, de l’incertain, du poreux, du « probable », on n’a qu’une manière de voir provisoire, éphémère. Ce qui oblige à certaines précautions formelles pour éviter de tromper le lecteur, qui trop souvent veut du « définitif »22

V. Prospective

19Il n’est pas facile d’esquisser une prospective honnête du provisoire, tant l’évolution est incertaine.

20On saisit aisément les facteurs favorables.

21Premier facteur : l’historien est ancré dans le provisoire, il voit la mobilité des perspectives, des centres d’intérêt, la variation des réputations (combien d’historiens tombent rapidement dans l’oubli...)23, il sait d’instinct qu’il n’a, et ne peut avoir, que des vues « provisoires » (les jurys de thèse le rappellent amicalement).

22Deuxième facteur : dans les vingt ou trente prochaines années on va défricher de nouveaux secteurs d’histoire, à taux d’indétermination élevé : en histoire du quotidien par exemple, en histoire du corps, de la sexualité24, en histoire psychologique25, on ne peut faire que des histoires inachevées, provisoires, transitoires ; le taux de provisoire doit croître sur le marché avec le flux incessant de ces « nouvelles nouvelles histoires », comme se moquait Braudel.

23Troisième facteur : en termes de demande il y a, certes, une demande de synthèse, d’histoire certaine : mais cette demande politique ne peut être satisfaite, personne ne peut faire de synthèse qu’à titre provisoire, avec tous les doutes, toutes les réserves nécessaires – sinon on verse dans la manipulation des esprits.

24Mais en sens inverse les facteurs défavorables sont très puissants.

25Premier obstacle : la majorité des historiens croit encore aujourd’hui à une science certaine de l’histoire, à la possibilité d’accéder à la vérité26 ; ils cherchent à livrer des travaux qu’ils jugent naïvement définitifs, l’amour-propre d’auteur aidant ; ils n’ont pas de scrupules à déclarer « définitif » ce qui est douteux, improbable, éphémère, ils n’ont souvent aucune conscience du jeu de l’obsolescence.

26Deuxième obstacle : la coutume universitaire, le métier d’enseigneur jouent contre le transitoire : on n’enseigne pas le doute, le probable, on ne montre pas le provisoire, on affirme le certain ; fort de ses fiches on dit « Voici ce qui s’est passé... », alors même que personne ne peut savoir ce qui s’est passé, que tout est incertain, douteux et que toute « connaissance » est provisoire. Et on se garde de parler aux jeunes du transitoire – qui « montre » les rapports de l’historien et de la mort.

27Troisième obstacle : la demande sociale et politique d’histoire exige de plus en plus des certitudes27, elle refuse le provisoire, le scepticisme, elle fait pression sur les éditeurs, les médias ; l’historien croit bien faire en cédant à ces pressions multiples, alors que son officium est bien de résister ; mais il faudrait réfléchir aux conventions du métier, aux limites du savoir – ce qui suppose de la lucidité, du courage, de la volonté28. Or il est « probable » que peu d’historiens résisteront à la pression croissante de la demande.

28On voit qu’on peut être incité au scepticisme : dans le demi-siècle à venir, l’historien moyen risque fort de ne rien comprendre au jeu du provisoire.

Conclusion

29Quelles leçons faut-il tirer de ces quelques notations ?

30Première leçon : on ne parle pas du provisoire, on a peut-être raison, car le provisoire est quelque chose de désespérant, qui peut choquer les jeunes et les moins jeunes29 : mais on n’écrit peut-être pas les mêmes choses si l’on a conscience de ce provisoire inévitable.

31Deuxième leçon : le provisoire – cet « entre-deux » – est fort riche de perceptions, de rêveries, d’intuitions, de plaisirs ; il nous ouvre un monde flexible, incertain, instable ; il nous enlève aux fausses certitudes, aux fausses vérités ; il nous montre le jeu subtil du douteux, du probable : le bon joueur peut tirer grand profit du provisoire.

32Troisième leçon : la conscience du provisoire montre la fuite du temps, elle crée nécessairement une certaine anxiété : mais elle oblige aussi à mener peut-être différemment sa recherche, à avoir d’autres buts de guerre, à être plus probabiliste dans sa manière de juger et de connaître, ce qui n’est pas inutile pour optimiser le jeu.

Notes de bas de page

1 Les scientifiques le savent bien, qui ont toujours insisté sur la mobilité des perspectives, la complexité des choses. Faut-il rappeler Claude Bernard, qui se moquait des systèmes « qui tendent à asservir l’esprit humain » ? « Quand nous faisons une théorie générale dans nos sciences, la seule chose dont nous soyons certains, c’est que toutes ces théories sont fausses, absolument parlant. Elles ne sont que des vérités partielles et provisoires... » Et une théorie est nécessairement provisoire : « (Mes théories) seront plus tard remplacées par d’autres, qui représenteront un état plus avancé de la science, et ainsi de suite » ; c’est une chaîne sans fin : toute science est imparfaite, partielle et provisoire.

2 On a beaucoup de mal même à définir le mot qui vient de providere : c’est « ce qui existe, qui se fait en attendant autre chose, qui est destiné à être remplacé » (ainsi un gouvernement provisoire). On voit la difficulté de préciser le provisoire, qui ne se confond pas avec l’éphémère, le transitoire, le passager (même s’il y a des connexions).

3 La littérature sur le sujet est nulle, on ne sait trop pourquoi (alors que l’expérience de l’historien lui montre bien l’importance du provisoire, car qu’est-ce qui est durable en histoire ?).

4 Il est rare que dans l’introduction et la conclusion le candidat marque intelligemment le caractère provisoire, partiel de son travail.

5 C’est souvent un « provisoire » qui devient permanent.

6 A la vérité, il est difficile de donner des conclusions qui ne soient pas à titre provisoire. L’historien n’est pas dans l’action : le médecin, l’administrateur donnent des conclusions à titre définitif, ils peuvent voir les résultats de leur action. Seul le juge d’appel donne sur le fond des arrêts « définitifs » – ce qui l’oblige à une plus grande modération que le juge d’instance. Dans un audit, on est prudent, on donne souvent des conclusions « provisoires » : mais un commissaire aux comptes doit bien certifier les comptes à titre définitif, sauf à faire des réserves. Une analyse du provisoire dans les divers métiers serait instructive.

7 Comme dit Balzac, « en France, le provisoire est étemel » (Les Paysans) : tout provisoire tend à s’allonger, à prendre les apparences du durable, du certain, l’intérimaire veut être titularisé.

8 Seule l’hémorragie du temps est certaine.

9 Sur l’inachèvement, cf. L’histoire entre le rêve et la raison, 1998, p. 657-664.

10 Cf. ibidem, p. 416-23.

11 Cf. ibidem, p. 204-209.

12 Ibidem, p. 145-160. Rappelons encore Claude Bernard : « Nos idées ne sont que des instruments intellectuels qui nous servent à pénétrer dans les phénomènes ; il faut les changer quand elles ont rempli leur rôle, comme on change un bistouri émoussé quand il a servi assez longtemps... » : en histoire, l’obsolescence va beaucoup plus loin.

13 Supra, p. 35.

14 Le vécu du provisoire montre bien le plaisir qu’on trouve à n’être pas engagé, à jouer « pour jouer » (et « pour bien jouer »), à bâtir des hypothèses, à construire des choses « probables » qui n’auront qu’une durée limitée : un historien prudent évite de trop s’engager, et se moque de ceux qui croient trop à ce qu’ils disent.

15 Cf. G. Thuillier. J. Tulard, Le métier d’historien, 1995, p. 121. Les historiens croient toujours qu’ils doivent chercher la vérité, qu’ils peuvent y accéder...

16 Dans un bilan de société aujourd’hui, il y a des atteintes à l’image fidèle, des annexes au bas du bilan, des « centres de risques ». Dans le bilan que l’historien dressera au jour du jugement, il y aura beaucoup d’illusions, de mensonges sur soi-même, de fausses certitudes – et de tromperies.

17 Sur l’expérience spirituelle de l’historien, cf. L’histoire..., ouv. cité, p. 251-261.

18 Saint-Cyran écrivait à la sœur Marie-Claire, qu’il ne fallait pas être trop assuré : « Les âmes qui sont à Dieu ne doivent avoir ni assurance, ni prévoyance [...]. Nous n’avons obligation de demander notre pain à Dieu, c’est-à-dire sa Grâce, que pour chaque jour, mais je voudrais le demander chaque heure. Il faut une flexibilité non pareille à l’âme chrétienne... » (Sainte-Beuve cite cette lettre dans Port-Royal, livre II, chap. I). Vivre chaque heure, ne tenir à rien, être flexible, savoir tout faire et ne rien faire : c’est là une attitude qui peut favoriser le bon joueur.

19 Le provisoire ne doit pas provoquer un scepticisme « négatif ».

20 Valéry évoquait, dans son discours à l’Académie française (Œuvres, t. I, p. 719), ce temps « qui interroge tout, qui vit de tout essayer, de tout regarder comme perfectible et donc provisoire, qui ne peut plus rien concevoir qu’à titre d’essai et de valeur de transition » : c’est presque une définition du temps « provisoire », transitoire, qui gouverne les pensées de l’historien.

21 L’historien a beaucoup de peine à l’admettre, il proteste, il dit (comme tel historien naïf), j’ai dépouillé 500 cartons, je suis sûr de ce que je dis.

22 Nul n’est tenu d’écrire un livre, se moquait Bergson : nul n’est tenu d’écrire ce qui fait plaisir au lecteur, qui veut de l’histoire résumée, ou de l’histoire pieuse (cas fréquent), qui le rassure, lui donne des repères stables.

23 L’histoire est un paysage de ruines depuis une vingtaine d’années : l’obsolescence a atteint bien des ouvrages des années 1920-1980, et combien d’historiens prennent encore au sérieux Simiand ? ou Mathiez ?

24 Songeons que les démographes abordent aujourd’hui le sujet tabou de la sexualité après 50 ans (et même après 70 ans...).

25 Cf. Pour une histoire de la bureaucratie en France, 1999, p. 141-154.

26 Notamment en histoire économique, en histoire sociale – mais aussi en histoire politique, en histoire des relations internationales, ils refusent tout ce qui est « probabilisme ».

27 Elle est liée au « politiquement correct ».

28 Les leçons de Paul Valéry n’ont pas été entendues, alors même qu’elles tendaient à réhabiliter l’officium de l’historien.

29 Il faut une bonne « doctrine » pour bien saisir, de l’intérieur, le jeu du provisoire (et, parallèlement, celui de l’obsolescence).

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