Chapitre II.
L’analyse de la demande
p. 17-30
Texte intégral
1La demande en histoire économique peut avoir des formes diverses1 ; on peut distinguer :
une demande sociale : le corps social cherche à savoir d’où il vient (demande de mémoire), les professionnels cherchent ou recherchent leurs origines (les ingénieurs d’une entreprise métallurgique veulent savoir comment leur métier s’exerçait autrefois, quelles ont été les « révolutions » techniques et commerciales, comment on gérait jadis une grande forge) ;
une demande politique : on veut savoir comment les rapports entre l’entreprise et l’État ont évolué, comment on en est arrivé à monter un système de contrôle de l’économie compliqué et jugé parfois oppressif, comment on est arrivé à un niveau si élevé de pression fiscale ; on veut saisir le jeu des intérêts politiques, des idéologies, des crises de la société ;
une demande proprement technique : l’historien a de plus en plus besoin d’outils de travail, d’inventaires, de guides, de bibliographies, de recueils de documents ; l’histoire économique est une histoire fortement « technique », et on doit créer les outils nécessaires, car l’historien hésite à s’y engager ou ne donne que des travaux de moindre valeur ;
une demande future, non encore formulée, imprévisible ; plus le taux d’innovation d’une discipline ou sous-discipline est élevé, plus cette demande non exprimée est importante ; on doit donc anticiper la demande, spéculer sur cette demande future, « immergée », non dite2.
2À l’évidence il n’est pas aisé de réfléchir à ces demandes, à leur économie, à leurs exigences, aux moyens de les satisfaire. Une des approches possibles est de dresser l’arbre de la demande, c’est-à-dire d’inventorier les champs de recherche et de dénombrer les secteurs ou sous-secteurs que l’on pourrait explorer3. L’arbre de la demande doit permettre d’affiner le questionnaire, d’évaluer ce qui doit être traité en priorité4, de déterminer ce qu’il ne faut pas oublier, négliger ou dissimuler, ce qu’il faut chercher à comprendre, même si au départ on n’a pas apparemment les sources nécessaires5, et de repérer les points particuliers où la demande paraît trop faible ou inexistante (par exemple l’histoire des commissaires aux comptes ou l’histoire de la corruption). On possède ainsi une grille de recherche qui incite à prendre en compte des secteurs délaissés, méprisés, jugés trop techniques (par exemple l’histoire de l’actuariat) ou trop difficiles (l’histoire de l’image de l’entrepreneur et de l’entreprise) : on évite ainsi une conception trop restrictive, trop mutilée des choses.
3L’exercice est arbitraire, mais il a des avantages certains, il permet de saisir ce qui mériterait d’être exploré (nous l’avons déjà mené pour la demande en histoire administrative6, en histoire des retraites)7. Mais la difficulté est considérable en histoire économique et financière : car elle englobe dans la pratique toutes les activités de production et de distribution des richesses, rien ne lui échappe, pas même la formation des ingénieurs ou la rêverie de l’inventeur...
4I. Un moyen simple est de demander aux bibliographes leur manière de décomposer le champ de recherche : ainsi la Bibliographie annuelle de l’histoire de France8 répartit en neuf sequentiae la production de l’histoire économique :
Agriculture. Élevage. Viticulture. Pêches et marais salants. Forêts.
Industrie. Mines. Carrières. Industries métallurgiques. Industries textiles. Mégisserie. Papier. Terre cuite. Industries chimiques. Industries alimentaires. Électricité. Biographies d’industriels.
Commerce.
Transports. Routes. Voies d’eau. Mer. Chemins de fer. Aviation civile. Postes et télécommunications.
Techniques et mesures. Techniques rurales. Techniques artisanales. Techniques industrielles. Poids et mesures. Biographies d’ingénieurs.
Monnaie.
Prix.
Banque et crédit.
Doctrines économiques.
5Mais la Bibliographie ajoute, au titre de l’histoire des institutions, les finances publiques et au titre de l’histoire sociale, les assurances sociales et la sécurité sociale, l’évaluation des fortunes et du niveau de vie9... C’est là une vue peut-être trop limitée, fixiste des choses10.
6II. Prenons une autre méthode de dénombrement en partant de la description des fonctions du ministère de l’Économie et des Finances dans les années 1960-1980. L’arbre de la demande est plus complexe : on s’apercevra rapidement qu’il y a là beaucoup de secteurs d’histoire trop négligés à l’habitude par les historiens économistes, sans doute parce qu’ils sont trop proches de l’histoire de la bureaucratie :
Trésor et crédit.
Marché monétaire, emprunts de trésorerie, bons du Trésor.
Monnaie. Économie monétaire. Circulation monétaire. Police monétaire.
Dette publique. Caisse des dépôts.
Pensions de l’État.
Bourse et État. Les emprunts publics.
Banque de France.
Contrôle du crédit. Interventions en matière bancaire.
Banques nationalisées. Banques privées.
Assurances : assurances d’État, assurances privées, contrôle des assurances.
Loterie, jeux.
Fiscalité directe, indirecte. Histoire sociale et histoire fiscale. Contentieux fiscal.
Fiscalité et entreprises.
Fraude fiscale.
Domaine de l’État.
Services industriels (tabacs, alcools).
Cadastre.
Douanes ; protection douanière et libre échange.
Calcul économique. Prévisions économiques.
Statistiques. INSEE et autres organismes de collecte de statistiques.
Comptabilité nationale.
Techniques comptables. Comptabilité de l’État.
Financement public des investissements ; banques d’État ; fonds d’investissement.
Marchés d’État. Caisse nationale des marchés.
Dépense publique. Comptabilité publique.
Budget de l’État et des collectivités publiques (finances locales).
Contrôle des comptes, inspections, corps de contrôle.
Contrôle des dépenses engagées, contrôle d’État.
Personnel des Finances : administration centrale, services extérieurs.
Organisation du ministère, cabinet, directions, services à l’étranger. Politique de communication.
Formation des fonctionnaires. Concours. Écoles.
Méthodes de travail. Organisation et méthodes. Informatisation des tâches.
Commerce intérieur et économie dirigée :
– Contrôle des prix, histoire du service des prix.
– Politique de la concurrence, ententes.Politique des nationalisations (histoire du secteur public).
Commerce extérieur et change. Contrôle des changes. Dévaluations.
Commerce extérieur. Finances et diplomatie. Relations financières internationales.
Finances Outre-Mer. Coopération financière. Trésorerie de la Coopération. Caisse centrale de Coopération, Monnaie Outre-Mer.
Participation aux organismes internationaux.
Politique européenne. Le Secrétariat général pour les questions de coopération économique européenne.
Histoire du droit budgétaire.
Histoire du droit fiscal.
Histoire des idées sur les interventions de l’État, la dépense publique, la fiscalité, etc.
Histoire financière et monétaire de l’Afrique du Nord et des colonies.
Histoire politique des finances : le vote du Parlement, les groupes de pression.
Histoire de la presse financière et boursière (les journalistes financiers).
Histoire de l’histoire des finances publiques.
7Nous avons là un schéma très descriptif, centré sur l’administration des Finances et ses pouvoirs de tutelle de l’économie11, mais le schéma est déjà daté, car depuis quinze ans le mouvement de libéralisation de l’économie et de « privatisation » et l’intégration européenne ont sensiblement affaibli les pouvoirs de la bureaucratie économique, personne ne soutient plus l’idée de « nationalisations » massives et l’État entend vendre une partie de son patrimoine immobilier : ce qui montre que ces tentatives de dénombrement sont très provisoires, et que l’arbre de la demande varie fortement avec les temps (le contrôle des prix, qui était fort tatillon, a pratiquement disparu et rares sont ceux qui ont gardé la mémoire des subtilités de ce contrôle...)12.
8III. Tentons de construire un autre arbre de la demande en partant cette fois de l’entreprise, de ses modes de gestion et de ses rapports avec l’État ; ce qui soulève nombre de quaestiones nouvelles (étant entendu qu’elles doivent être analysées, étudiées à la fois pour le XIXe et le XXe siècles).
Les métiers de l’entreprise (le directeur des ressources humaines, le cadre commercial, le secrétaire général de société, l’ingénieur-conseil, le commissaire aux comptes, l’actuaire, le conseiller fiscal...).
La formation aux métiers de l’entreprise : les écoles commerciales, les Facultés de droit et de sciences économiques, les écoles scientifiques13, les écoles étrangères, les instituts spécialisés de perfectionnement.
Les études économiques : les services d’études des banques, le rôle des bureaux d’études privés et sociétés de conseil, les études et enquêtes statistiques, les études de marchés, les enquêtes sur les marchés étrangers.
Les assurances : le risque industriel, le risque-pays, le risque de change, le risque de développement, etc. Banques et assurances14.
Les experts : les analystes financiers, les experts des sociétés de conseils, les experts en communication, les experts des banques, les commissaires aux comptes, les professeurs d’économie, les « experts du Plan » et des syndicats professionnels, etc.
Presse et économie : les journalistes financiers et boursiers, leur rôle, leurs méthodes d’information, leurs pouvoirs ; la presse audiovisuelle ; la communication financière, les liens entre la Bourse et la presse15.
La corruption16 : les mécanismes de corruption et de fraude dans l’entreprise ; la corruption au niveau national et international ; le blanchiment d’argent ; la police de la corruption.
Les manipulations boursières et financières, les manipulations comptables, les ajustements, irrégularités et dissimulations17.
Le lobbying : l’importance des démarches de lobbies industriels ou commerciaux au niveau du Parlement, de l’administration, des institutions européennes et internationales.
Les innovations techniques : les résistances à leur diffusion ; leur capacité destructrice ; les transformations des entreprises ; le rôle des entrepreneurs, des ingénieurs pour favoriser l’innovation ; les brevets d’invention18.
Les innovations en matière d’organisation, de gestion, de contrôle. Les techniques de choix des investissements19, de rationalisation des coûts. La gestion des « ressources humaines ». Le perfectionnement des comptabilités d’entreprise, des comptabilités de prix de revient et de stocks, le pilotage des sous-traitants. Les contrôles internes, les expertises externes. Le rôle des commissaires aux comptes, des conseillers financiers.
Les techniques de prévision au niveau de l’entreprise, de la branche, au niveau national et international20. Les méthodes de prévision des crises. Le rôle des statisticiens dans l’entreprise, les calculs de débouchés, les calculs de rentabilité des investissements. Les techniques de prévision en matière boursière.
L’économie dirigée : le contrôle des prix, des investissements, le contrôle des objectifs de production. Les échecs de la « planification », les défaillances, les erreurs et excès de l’« économie dirigée ». Le maintien jusque dans les années 1990 des tendances à la direction de l’économie21.
Psychologie des entrepreneurs22, des ingénieurs, des financiers, des « commerciaux ». Les équilibres de pouvoirs à l’intérieur de l’entreprise. Les décisions d’investissement. Les rapports avec les banques. Les tendances à la « bureaucratisation » des grandes entreprises. Les liens entre les intérêts de celles-ci et les intérêts nationaux. La conquête des marchés étrangers, les investissements à l’étranger.
Le rôle des personnalités créatrices : l’entrepreneur, l’ingénieur, le financier, l’administrateur, l’économiste23.
La représentation des entrepreneurs : Chambres de commerce, fédérations professionnelles. Commissariat au Plan, Conseil économique ; le rôle « législatif » du CNPF, ses moyens d’influence ; les rapports des fédérations et syndicats professionnels avec les ministères de tutelle, conseils supérieurs et comités consultatifs. Les attitudes corporatives. Le poids politique des petites entreprises.
La représentation de l’artisanat ; les Chambres de métier ; les fédérations artisanales ; leur rôle en matière de formation ; le poids « politique » de l’artisanat ; les rapports difficiles avec le fisc.
Les influences étrangères : les modes anglaises, les influences allemandes, américaines ; la diffusion des idées de « management » dans les entreprises, dans l’administration (la RCB). Les « modèles » libéraux, les « modèles » d’économie dirigée24. L’influence des idées françaises à l’étranger.
L’image de l’économie et des finances : dans la presse, les revues, les lettres confidentielles ; dans les médias audiovisuels ; dans la presse étrangère ; dans les organismes européens et internationaux.
L’image de l’économie, de l’entreprise, de la banque et de la bourse dans la littérature et les œuvres cinématographiques ; les idées diffusées par le roman, le théâtre sur l’homme d’affaires, le boursier, l’entrepreneur (Au bonheur des dames).
Le contrôle parlementaire : contrôle du budget, enquêtes parlementaires ; le poids des commissions ; les rapports parlementaires ; les députés « experts » ; les anciens ministres des Finances.
L’élaboration des décisions économiques et financières. La « tutelle » exercée sur le ministère des Finances à partir de 1958 par le cabinet du Premier ministre et le cabinet de l’Elysée25. Les équilibres entre les directions et le cabinet des Finances, le rôle des cabinets ministériels.
Les « projeteurs »26 : les utopistes, les doctrinaires, les réformateurs, les administrateurs ; le rôle des projeteurs depuis le XIXe siècle dans les réformes ; les rêveries des « planificateurs » et des technocrates.
Le droit économique : ses multiples formes de droit spécialisé (le droit douanier, le droit budgétaire, le droit des ententes, le droit des assurances, le droit bancaire...) ; l’importance du droit économique européen ; le marché du droit économique ; les avocats d’affaires ; les cabinets internationaux.
L’entreprise et l’État : le rôle des bureaucraties de tutelle (Industrie, Commerce, Finances, Armées, Affaires étrangères, Agriculture) ; leurs moyens d’influence, les techniques employées (fisc, douane, crédits d’investissements, marchés d’État) ; leur capacité de nuisance ; les autorités de régulation financière ; les liens tissés entre les grandes entreprises et les grands corps de l’État ; la défense de l’intérêt général, celle des intérêts de « défense nationale » (industries d’armement, industrie pétrolière, industrie nucléaire) ; les difficultés au niveau européen de la défense d’un intérêt « national ».
La prospective économique : les débuts de la prospective, les erreurs commises27. Le rôle des services d’État (Prévision, Plan), des bureaux privés. L’utilisation des prospectives.
Les crises économiques : petites et grandes crises, les modes de gestion des crises au XIXe et au XXe siècles ; les moyens d’intervention et de régulation. Les réactions des entreprises, des branches devant les crises, prix d’ententes et cartels ; les réactions face au chômage ; les chutes de salaires.
Les crises politiques : leur incidence sur l’économie28 ; l’économie de guerre ; la politique de « nationalisation » ; le poids des partis hostiles à l’entreprise privée ; les difficultés des doctrines libérales ; les crises politiques et la menace de régression économique.
Les exigences de l’histoire européenne : c’est une histoire qu’il faudra construire un jour29 : histoire européenne par branche industrielle, segment par segment, histoire des banques, histoire des assurances, histoire du calcul économique, histoire des innovations dans l’entreprise, etc. ; or les exigences de l’histoire européenne obligeront, croyons-nous, à modifier le questionnaire dans bien des domaines et même à explorer des histoires délaissées.
Histoire de l’histoire économique : c’est une histoire qui n’est pas encore faite ; elle ne se réduit pas à l’histoire des doctrines historiques ou des idées sur l’économie ou à l’histoire des enseignements ; elle oblige à saisir les buts de guerre des historiens, leurs techniques d’érudition, leurs arrière-pensées politiques ou idéologiques, leur croyances « déterministes », leur manière de traiter l’histoire, de la manipuler30 ; on devrait examiner aussi comment cette histoire a été enseignée dans l’enseignement secondaire, quelles images elle a véhiculées (image de l’entreprise, du « progrès économique »).
9On voit bien l’importance des questions soulevées par cet arbre de la demande, très imparfait31 ; on pourrait aller plus loin, descendre dans des secteurs mal connus (l’histoire de l’opinion en matière économique à travers les sondages, l’histoire des tribunaux de commerce, et des rapports de la justice et de l’entreprise, l’histoire de la sous-traitance, l’histoire des mathématiques financières appliquées à la bourse, l’histoire de la modélisation de l’économie...), chercher à montrer des histoires qui se dessinent « en pointillé » (l’histoire des incidences de l’informatique sur les entreprises, ou l’histoire des marchés de défense nationale ou l’histoire de la « communication financière ») et nous n’avons pas inclus ici tout ce qui relève de l’agriculture ou du « niveau de vie », qui demanderaient des dénombrements particuliers32... Mais un arbre de la demande n’est dressé que pour être complété, affouillé, critiqué, assoupli.
10Sur chacun des segments ou des sequentiae itineris repérés on devrait :
dresser un questionnaire détaillé de façon à préciser le champ ;
recenser la masse documentaire, les gîtes d’archives, les sources imprimées ;
tenter d’établir un arbre des sous-segments pour démultiplier le tableau, définir ce qui est « le plus important »33 ;
évaluer ce qui a été écrit, de façon à saisir la part des travaux qui doivent être révisés34 ;
tenter d’évaluer l’écart entre ce que laissent apparaître les documents officiels et les pratiques réelles, celles que montrent les archives de l’entreprise ou les archives judiciaires ;
examiner comment on peut étudier une quaestio dans une monographie d’entreprise ou une étude à l’échelle d’un département, là où l’on peut le mieux saisir les choses en profondeur ou de manière concrète (l’histoire des assurances doit susciter à la fois des monographies de compagnies et des études sur une ville ou un département)35 ;
chercher à déceler les histoires que l’on n’a pas voulu faire (l’histoire des méthodes de choix des investissements, l’histoire de la corruption) ou les histoires « impossibles » (l’histoire du clandestin dans l’entreprise36, l’histoire des manipulations financières, l’histoire des faillites...), c’est-à-dire repérer des histoires qui seront peut-être un jour des histoires à naître ;
essayer de pressentir, à l’intérieur de chaque segment, ce qui pourra intéresser le plus l’historien de 2050 ou de 2080, qui aura d’autres centres d’intérêt, et de saisir quelle sera la demande future « probable » (ce qui incite à voir les problèmes par le haut)37
11Un arbre de la demande, quand on sait le compliquer, oblige à remettre en cause ses certitudes, à repérer l’étendue de ce qui échappe, de ce qui « probablement » relève du non-visible, ou du non-connaissable, on s’aperçoit de ce qui est à défricher et qui tôt ou tard sera défriché, exploré, analysé...
Notes de bas de page
1 Sur la théorie de la demande, cf. « Réflexion sur la demande en histoire », Études et documents, t. II, 1990, p. 379-386, Le marché de l’histoire (avec J. Tulard), 1994, p. 10-15.
2 C’est ce qui se passe dans les histoires à naître (infra, p. 133) où l’on finit par créer une demande (l’histoire de l’eau, en 1965, était inexistante : aujourd’hui, après des travaux de défrichement, il y a une demande formelle d’histoire de l’eau).
3 Le dénombrement est conforme à la quatrième règle du Discours de la méthode (cf. L’histoire entre le rêve et la raison, 1998, p. 353-356).
4 Par exemple quand on veut établir un programme de recherche sur l’histoire d’une branche industrielle.
5 L’expérience montre qu’il suffit souvent de poser une bonne question et on finit rapidement, avec un peu de ténacité, par trouver les sources nécessaires (par exemple pour l’histoire des ententes ou l’histoire des prix d’ordre ou l’histoire de l’actuariat).
6 Cf. Pour une histoire de la bureaucratie en France, 1999, p. 37-70. L’histoire de l’économie est fort liée à l’histoire de la bureaucratie, et on peut facilement (mutatis mutandis) transposer cette grille de recherche à l’histoire de la gestion de la grande entreprise publique ou privée : 1) formation du personnel, 2) recrutement, 3) avancement, 4) gestion du personnel. 5) traitements, 6) retraites, 7) dénombrement, 8) la part des femmes, 9) la famille, 10) la vie privée, 11) la vie au bureau, 12) le vieillissement, 13) les outils d’action, 14) le langage, 15) les instruments techniques, 16) les instruments juridiques, 17) les conflits, 18) les instruments chiffrés, 19) l’information, 20) le maintien de l’ordre juridique, comptable, financier, 21) les hauts fonctionnaires, 22) les grands corps, 23) le contrôle politique, 24) le clandestin, 25) les bureaucraties secondaires, 26) rôle du Parlement, 27) contrôle de l’opinion, 28) rôle économique, 29) image, 30) conflits internes, 31) administration et corps social, 32) syndicats, 33) presse administrative, 34) techniques de réforme, 35) désordres, 36) formalisme, 37) coûts du système, 38) temps administratif, 39) histoire de l’administration, 40) histoire de la science administrative. Ce schéma peut être utile pour étudier de façon approfondie une grande entreprise publique, ou une grande banque.
7 Cf. Les pensions de retraite des fonctionnaires au XIXe siècle, 1994, p. 161-182.
8 Bibliographie annuelle de l’histoire de France, Année 2001, 2002, p. 321-391 (1 180 références sur un total de 13 083, soit environ 9 %).
9 On notera qu’il n’y a pas de rubrique assurances (en dehors des « assurances sociales »).
10 Elle correspond à une vision assez ancienne de l’économie, fidèle aux schémas de l’économie politique du XIXe siècle.
11 On notera, chose singulière, qu’il n’existe actuellement aucun livre, aucun « Que sais-je ? » décrivant l’ensemble des fonctions du ministère des Finances dans sa configuration actuelle : ce serait pourtant un outil précieux, permettant d’aller plus loin que la lecture du Bottin administratif (la meilleure vue d’ensemble est donnée par le rapport annuel au Comité technique paritaire du ministère).
12 Nous avons été jadis, au temps de Michel Debré, en 1966-1967, rapporteur d’une Commission sur le prix de la viande.
13 Il serait important de saisir les enseignements économiques depuis le XIXe siècle dans des Écoles techniques telles que l’École polytechnique, l’École des Mines, l’École des Ponts et Chaussées.
14 Pour une typologie des risques, cf. Encyclopédie de l’assurance, Économica, 1998, et sur le schéma de développement de l’histoire de ce secteur, infra, p. 136-141.
15 Les études sur l’histoire de la presse financière sont fort rares (cf. les remarques d’A. de Maurepas, infra, p. 66, n. 38)
16 Infra, p. 109-110.
17 Cf. A. Lohier, « Fraude et manipulation en matière comptable », M. Voile, « La statistique utilisée pour la manipulation », et « Existe-t-il des manipulations financières ? », dans La manipulation à la française, sous la dir. de P. Ricalens, Économica, 2003, p. 127-158. Une théorie des manipulations en histoire économique et financière permettrait d’allonger singulièrement le questionnaire de l’historien.
18 On est là aux limites de l’histoire des techniques : mais c’est un chapitre essentiel, trop négligé encore par la recherche, car il faut quelques connaissances techniques pour analyser ces innovations et leurs conséquences sur les coûts et les organisations.
19 On connaît l’évolution des méthodes pour EDF ou les Charbonnages, beaucoup moins dans les autres secteurs (par exemple pour les raffineries de pétrole) et nous n’avons pas encore une histoire des méthodes de recherche opérationnelle dans la grande industrie.
20 Cf. Aude Terray, Des francs-tireurs aux experts. L’organisation de la prévision économique au ministère des Finances, 1948-1968, 2002.
21 On ne peut négliger ce chapitre de l’économie dirigée : bien des réflexes de bureaucrates sont encore inspirés par ces rêveries d’une direction, ou d’une orientation de l’économie par l’Etat.
22 Cf. J. Vauvilliers, Être patron, Economica, 1992.
23 Cf. infra, p. 113.
24 Songeons à l’influence du New Deal sur quelques hauts fonctionnaires comme L.R. Franck qui voulait dès 1937 créer une ENA pour former les cadres d’une économie dirigée. Et l’influence des Comités d’organisation de Vichy a été fort longue sur les entreprises et sur l’administration.
25 Cf. Laure Quennouëlle, La direction du Trésor, 1947-1967. L’État-banquier et la croissance, 2000.
26 Sur la théorie des projeteurs, cf. Pour une histoire de la bureaucratie en France, ouv. cité, p. 229-235.
27 Aucune histoire des erreurs en matière prospective n’est écrite, ce qui est bien dommage, car ce fut le lieu parfois de manipulations (cf. M. Volle, article cité à la note 17).
28 On n’a pas encore osé faire une histoire en termes réels de la crise de 1936-1938 : ce fut une véritable rupture. L’histoire de mai 1968 n’a pas non plus été étudiée – faute d’archives accessibles – de façon approfondie.
29 Cf. infra, p. 185-197.
30 Sur la manipulation en histoire, cf. La manipulation à la française, sous la dir. de P. Ricalens, ouv. cité, p. 159-167.
31 Nous avons laissé volontairement de côté ce qui touche à la fiscalité, à la politique, au clandestin (les fraudes sur les marchés publics, les conflits entre société rivales, les féodalités internes aux entreprises).
32 Il faudrait un arbre de la demande très détaillé pour l’agriculture.
33 Nous avons ainsi détaillé les pensions de retraites des fonctionnaires (cf. note 7), les assurances privées (infra, p. 136) et pour l’histoire de la métallurgie dans une petite région, nous avons dressé un arbre de la demande (« Comment développer la recherche en histoire de la métallurgie nivernaise ? », Marteau Pilon, t. III, 1991, p. 25-29). Chacun dans son secteur doit chercher à établir un arbre de la demande aussi détaillé que possible.
34 Sur la nécessaire révision des travaux, cf. L’histoire en 2050, 2000, p. 267-271.
35 Cf. « Les sources régionales de l’histoire des assurances au XIXe siècle », Études et documents, t. II, 1990, p. 415-423.
36 Cf. infra, chapitre X, p. 107.
37 Cf. « Comment prendre un problème par le haut ? », dans L’histoire entre le rêve et la raison, 1998, p. 669-676.
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