Chapitre I.
Les rapports avec les autres histoires
p. 5-15
Texte intégral
1Il n’est pas facile de décrire les rapports de l’histoire économique et des autres histoires. À l’évidence le domaine de l’histoire économique est si vaste, ses limites si incertaines, qu’elle a besoin de l’appui des autres histoires, de leurs méthodes, de leur manière de connaître ; elles ont des traditions solides, presqu’une doctrine, et on voit bien ce que l’histoire de la bureaucratie, par exemple, peut apporter à l’histoire de l’économie, et ce que cette dernière peut apporter à l’histoire de la bureaucratie. Ce sont des échanges croisés qui mériteraient d’être explorés1, car ils permettraient d’aller plus loin dans la connaissance des realia, de lire différemment les archives, parfois de découvrir des sources nouvelles2, d’éclairer certains aspects méconnus des pratiques de l’entreprise ou de la bureaucratie économique. Nous voudrions esquisser un tableau des histoires sur lesquelles doit s’appuyer l’histoire économique : nous ne donnons par force que des indications sommaires3.
2I. Histoire politique : les liens sont étroits entre l’histoire économique et les mutations politiques et sociales : les libertés politiques sont liées nécessairement aux libertés économiques, à la liberté de produire et de négocier, et l’impôt finance les charges du corps politique4.
3II. Histoire sociale : l’histoire sociale dépend étroitement des transformations économiques, l’armature médicale et hospitalière est liée à la production de richesses, la protection sociale et son financement dépendent du développement de l’économie5.
4III. Histoire des techniques : l’historien de l’économie doit être au courant des subtilités et des méandres de l’histoire des techniques (ce sont les innovations techniques qui provoquent in principio la croissance économique), et il est amené à entrer dans le détail des « révolutions » techniques – le chemin de fer, l’électricité, l’informatique – , des crises qu’elles provoquent, et même à publier les documents sur les innovations techniques quand il en trouve : c’est une histoire à taux d’innovation très élevé, qui entraîne nécessairement l’histoire économique6.
5IV. Histoire démographique : la population est un des fondements de l’histoire économique, elle « explique » plus ou moins la naissance ou la décroissance de l’économie, et son fléchissement – avec les phénomènes conjoints d’immigration et de vieillissement7 – peut entraîner des troubles notables, et même le déclin d’une économie.
6V. Histoire de l’État : l’État a toujours eu en charge la direction de l’économie – même au XVIIIe siècle – par le biais de la monnaie, de la fiscalité, de la dépense publique8, des subventions et des marchés d’État9, et c’est lui qui fixe les règles du jeu (douanes10, droit des sociétés, droit commercial...).
7VI. Histoire de la bureaucratie : les liens sont étroits entre l’histoire de la bureaucratie et l’histoire de l’État, l’administration économique entend contrôler – au nom de l’intérêt général – l’économie, peser sur les choix des politiques, sur les producteurs (le prix du pain a été longtemps fixé autoritairement), et l’économie dirigée a été érigée en doctrine pendant près de trente ans... L’historien de l’économie est obligé de s’intéresser de près à l’histoire de la bureaucratie et à ses règles du jeu particulières11.
8VII. Histoire du droit : elle permet de bien saisir dans le détail les règles qui fixent le cadre permanent des activités de l’entreprise : droit commercial, droit des sociétés, droit fiscal, droit bancaire, « droit économique », droit social, droit de la concurrence, droit des assurances, droit des marchés publics ; négliger l’aspect juridique des questions fragilise très souvent la valeur des travaux (comment lire concrètement les documents sur la chute d’une entreprise si l’on ignore le droit des faillites ?). L’économie certes ne se réduit pas au droit, mais on doit bien connaître les outils juridiques de l’entreprise12.
9VIII. Histoire judiciaire : l’historien économiste ne peut négliger les sources judiciaires13, le rôle des tribunaux de commerce, des tribunaux judiciaires, les évolutions jurisprudentielles qui, avec un certain décalage, suivent les mutations économiques, ou encore le rôle du Conseil d’État en matière de tutelle des sociétés anonymes ou de jugé des entreprises publiques14.
10IX. Histoire militaire : l’historien de l’économie doit s’intéresser aux dépenses militaires, à la production d’armements, aux arsenaux, notamment de la Marine, aux progrès techniques soutenus par les ingénieurs militaires, il doit s’attacher aussi aux méthodes de l’économie de guerre, à la définition d’objectifs de défense nationale et d’indépendance politique (par exemple pour l’industrie pétrolière, l’industrie aéronautique, la politique nucléaire)15 : c’est un secteur d’histoire encore mal exploré.
11X. Histoire diplomatique : l’historien de la diplomatie traite souvent de sujets économiques importants : par exemple les traités de commerce (et les règles de libre échange), la négociation d’emprunts d’États étrangers, les fournitures d’armements, mais aussi les tentatives d’unification des règles du jeu (par exemple l’Union monétaire latine), la construction d’une union économique européenne : l’histoire des relations économiques extérieures16 relève à la fois de l’histoire diplomatique et de l’histoire économique, mais c’est une histoire souvent difficile, car elle dépend pour partie des sources diplomatiques étrangères.
12XI. Histoire de l’Outre-Mer : on ne peut négliger l’histoire de l’Outre-Mer – depuis le XVIIIe siècle – avec ses règles du jeu particulières, juridiques, économiques, monétaires, sociales, ses spéculations17 ; et on ne peut laisser dans l’ombre l’histoire économique de l’Afrique du Nord jusqu’en 1956-1962, qui est très riche.
13XII. Histoire religieuse : l’historien économique peut s’attacher aux querelles sur le taux d’intérêt, l’usure et le juste prix, au poids économique de l’Église (avant 1789 et après 1789), à la vision « religieuse » de l’entreprise (le patronat catholique, le patronat protestant), aux thèses corporatistes et à l’influence de la doctrine de l’Église sur le législateur : c’est un domaine encore mal connu18.
14XIII. Histoire du quotidien : l’historien ne saurait négliger la vie quotidienne de l’entreprise – la forge, le tissage –, le vécu de l’entrepreneur, de l’ingénieur, de l’ouvrier, le rôle des choses ordinaires de la vie19 ; l’histoire du quotidien – qui s’intéresse aux choses sans importance : l’eau, l’air, le geste, le matériau, les signaux, la rêverie20 – peut changer le regard de l’historien, l’inciter à étudier de plus près les realia.
15XIV. Histoire du temps : c’est une histoire encore non reconnue, mais qui touche à des ressorts importants du jeu économique21 : le temps de la spéculation, le temps du banquier, le temps vécu du patron, le temps de l’ingénieur, le temps de l’ouvrier – jusqu’au temps de l’assureur, au temps de l’actuaire, au temps court de l’inventeur, au temps du comptable qui calcule les amortissements. Les usages du temps, la gestion du temps, les calculs du temps appartiennent au gibier de l’historien : mais c’est une histoire très difficile, qui exige de la patience, de la ténacité en raison de la pauvreté apparente des sources22.
16XV. Histoire des techniques actuarielles (et du calcul des probabilités) : on est là au fondement de l’histoire des assurances, de la gestion des risques, mais on touche aussi à des phénomènes massifs comme les retraites ou les mathématiques boursières.
17XVI. Histoire de la comptabilité : cette histoire est par force très liée à l’histoire économique (l’historien devrait avoir de bonnes notions de comptabilité), elle retrace des évolutions capitales dans la gestion de l’entreprise (par exemple le calcul des amortissements et des durées de vie des équipements, les inventaires et la comptabilité des stocks), et la comptabilité nationale permet, en principe, de prendre les décisions économiques et financières de manière rationnelle. Mais c’est une histoire très « technique » qui n’en est encore qu’à ses débuts.
18XVII. Histoire des doctrines économiques23 : le lien est étroit entre les théories économiques, les « idéologies » et les mutations de l’économie ; les influences, les décalages, les heurts entre doctrines, le soutien de l’opinion, les positions des partis politiques, méritent des analyses « en profondeur », mais rappelons que souvent les « doctrines » ne sont que des « reflets » de situations économiques ; on ne doit pas surestimer leur incidence sur les évolutions économiques et inventer des causalités fictives ni dans un sens ni dans l’autre24.
19XVIII. Histoire de l’éducation : l’historien économique doit s’intéresser à la formation du capital intellectuel d’une population25, au capital de connaissances des ingénieurs ou des ouvriers, aux formations commerciales ou professionnelles (les écoles de commerce, l’enseignement technique, l’apprentissage des artisans), au coût de ces formations : le capital intellectuel est un des facteurs de la croissance économique, mais il est souvent difficile à l’historien de saisir ses variations, sinon de façon grossière. Mais l’histoire de l’éducation peut apporter beaucoup à l’historien de l’économie.
20XIX. Histoire de la recherche : elle peut donner des indications précieuses à l’historien de l’économie, les applications de la recherche permettent de saisir les innovations techniques, leur diffusion dans les entreprises, et l’histoire des laboratoires de recherche pure et appliquée, de la formation des chercheurs, du rôle de l’État et des entreprises dans l’orientation et le financement de la recherche mérite, dans chaque secteur, d’être étudiée attentivement26.
21XX. Histoire philosophique : on ne saurait séparer l’histoire des théories économiques, des idéologies libérales et socialistes, de l’évolution des doctrines philosophiques : Saint-Simon et Comte appartiennent à l’histoire de la philosophie et leurs disciples ont joué un rôle considérable dans la construction de l’économie, on aurait tort d’oublier cet arrière-plan philosophique (le kantisme universitaire a formé des générations d’ingénieurs et de juristes)27.
22XXI. Histoire des femmes : c’est une histoire en rapide développement, et elle peut apporter beaucoup à l’historien économiste en l’obligeant à s’intéresser à la ménagère, au travail des domestiques28, au travail à domicile, à l’ouvrière – et à la surintendante d’usine –, à l’employée de bureau et à l’arrivée des femmes depuis trente ans dans l’encadrement des entreprises29.
23XXII. Histoire littéraire : on doit chercher à saisir la représentation de l’entrepreneur, du boursier, du capitaliste, du spéculateur – et de l’ingénieur – – dans les romans, les pièces de théâtre30, et Pierre Hamp, André Maurois31, comme Jules Romains peuvent aider l’historien à comprendre certains mécanismes psychologiques importants.
24XXIII. Histoire de l’art : rappelons la rareté relative en peinture et gravure des représentations des ateliers d’usines, par exemple pour les forges, et la nécessité d’étudier l’architecture industrielle – jusqu’aux centrales nucléaires...
25XXIV. Histoire des archives : l’histoire de la collecte des archives d’État, de la sauvegarde des archives d’entreprises et de laboratoires et des archives privées, permet de mieux saisir les lacunes des sources : le souci de protéger les archives d’entreprise est très récent (il date des années 1950) et les résistances ont été nombreuses, on ne sait encore bien fixer des règles efficaces pour sauvegarder les archives de l’impôt sur les sociétés, et il n’existe pas encore de politique systématique de collecte d’archives privées d’ingénieurs32...
26XXV. Histoire de l’histoire33 : elle devrait permettre de comprendre les variations de l’histoire économique – qui ne s’est développée qu’après 1880, sous l’influence allemande –, le rôle des « écoles », l’influence de « patrons » comme Simiand et Labrousse, le développement tardif de l’histoire des entreprises (après 1970 ?), les liens trop étroits entre histoire économique et doctrines politiques et sociales (ce qui a entraîné de singulières confusions et dérives), les lacunes actuelles de l’histoire économique34 : c’est une histoire qui serait très fructueuse à entreprendre.
27Assurément on trouve d’autres histoires qui ont des rapports non négligeables avec l’histoire économique (par exemple l’histoire de la presse35, ou l’histoire des modes d’écriture36 ou l’histoire de l’immatériel37 ou l’histoire de l’informatique38...). Mais on voit par ces quelques exemples que l’histoire économique et financière ne peut vivre isolée, repliée sur elle-même et qu’elle a besoin des méthodes, des archives, des connaissances spéciales des autres histoires39 ; cet enrichissement mutuel devrait faire l’objet de colloques de méthode40 qui permettent d’élargir la vision des chercheurs et de poser des questions neuves (on voit très bien ce que pourrait apporter un colloque sur histoire religieuse et histoire économique, qui chercherait à analyser les connexions et à confronter les sources et les méthodes d’analyse)41.
28On ne doit pas oublier que l’historien de l’économie doit avoir des connaissances étendues dans d’autres disciplines, qui lui donnent des méthodes d’analyse, qui élargissent son questionnaire42 ; il a besoin de l’appui d’autres techniques, d’autres modes de connaissance ; par définition cette histoire (tout comme l’histoire sociale) est interdisciplinaire. On pourrait envisager des colloques de méthode pour préciser les liens avec certaines disciplines :
29I. La psychologie, notamment la psychologie des groupes sociaux et ses applications, la psychologie du « patron »43, la psychologie de l’ingénieur, la psychologie du banquier, la psychologie de l’investisseur et la psychologie de l’entreprise (les relations internes, la hiérarchie, les méthodes de décision et de commandement, l’évaluation des cadres).
30II. La sociologie, qui peut apporter des méthodes d’analyse fort utiles44 (avec les risques d’anachronisme ou de généralisation excessive).
31III. La statistique, qui permet de « relativiser » les choses, qui, avec les méthodes de sondage, incite à mesurer le « non-mesurable », les opinions, le vécu même (par exemple le temps vécu au travail).
32IV. L’économie, qui par ses développements récents, notamment en microéconomie, en psychologie, en analyse des décisions, en sciences de la gestion, apporte des outils nouveaux à l’historien, et surtout qui suscite de multiples théories sectorielles : économie du risque, économie de l’épargne, économie boursière, économie bancaire, économie de l’information, économie de l’armement, économie de la recherche, économie du médicament, économie de l’immatériel... : on a même quelque peine à avoir une vue d’ensemble de ces multiples économies appliquées à un secteur ou à un « capital »45, qui peuvent donner des hypothèses fécondes à l’historien, s’il se tient avec soin au courant des mutations.
33V. Géographie : elle peut, dans certaines branches d’histoire économique, apporter des éclairages précieux, ses liens avec l’histoire économique sont parfois étroits (par exemple pour l’histoire des villes, l’histoire des ports, l’histoire démographique).
34VI. Droit : pour certains secteurs (par exemple l’histoire des grandes sociétés, l’histoire bancaire, l’histoire des entreprises publiques) il est indispensable que l’historien ait certaines connaissances juridiques, notamment en droit commercial et en droit administratif, qui permettent de descendre dans le détail des affaires, et qu’il se tienne au courant des mutations doctrinales récentes.
35VII. Sciences administratives : pour approfondir l’étude des administrations économiques ou des interventions de l’État, il n’est pas inutile de recourir aux méthodes des sciences administratives, qui peuvent apporter à l’historien un autre regard et allonger son questionnaire46.
36En fait aucun conseil ne peut être donné en ce domaine, tout dépend du secteur choisi : mais l’historien doit être bien conscient qu’il est obligé d’avoir des connaissances techniques dans bien d’autres disciplines que l’histoire47.
Notes de bas de page
1 Pour un exemple de ces échanges croisés on se reportera à L’histoire de l’électricité. Problèmes et méthodes, puf, 1985, qui a appliqué ce système en montrant par exemple ce que l’histoire du droit administratif apporte à l’histoire de l’électricité, et inversement. Pour un autre exemple, Histoire de l’administration française depuis 1800. Problèmes et méthodes, Droz, 1975. Mais ce sont là des colloques de méthode difficiles à monter.
2 Les autres histoires possèdent des réseaux d’archives et de sources imprimées dont on ignore en général la richesse (par exemple l’histoire de la recherche ou l’histoire de la comptabilité).
3 Chaque cas devrait être l’objet de notes de méthode expliquant les connexions et passerelles – dans les deux sens.
4 On préfère en général ne pas trop réfléchir aux liens entre la société politique et l’état de l’économie : c’est un sujet tabou (toute crise politique provoque plus ou moins une décroissance économique, une désorganisation des entreprises, un arrêt de l’innovation, un refus d’investir, une croissance des épargnes de précaution).
5 Cf. Principes de l’histoire de la protection sociale, 2003, p. 16-29.
6 Il nous manque une réflexion sur les liens de l’histoire des techniques, l’histoire des investissements, et l’histoire des personnalités créatrices (infra, p. 113) : faute de bonne théorie générale de l’histoire des techniques, on commet beaucoup d’erreurs d’interprétation (celui qui nous donnerait une bonne théorie générale des « révolutions techniques » en métallurgie et de ses sources mériterait bien de l’histoire métallurgique).
7 Il nous manque une bonne théorie de l’immigration et de ses conséquences économiques (il y a une balance des coûts et des bénéfices).
8 Cf. « L’État et les finances » (avec Jean Tulard), dans Pour une histoire de la bureaucratie. 1999. p. 479-485.
9 Personne ne nous a donné encore une grande Histoire des marchés de l’État – depuis Colbert... C’est un sujet délaissé, on ne sait pourquoi, alors que les archives abondent.
10 Faut-il rappeler que nous ne possédons pas encore une bonne Histoire des tarifs douaniers depuis le XVIIIe siècle ? On se réfère toujours à un livre d’Amé bien dépassé et qui date de 1876.
11 Cf. Pour une histoire de la bureaucratie en France, 1999 et Pour une histoire de la bureaucratie II, 2001. On n’a pas encore une histoire – même brève – du cabinet des ministres des finances depuis Pouyer-Quertier et Léon Say...
12 C’est encore plus évident quand on s’intéresse à l’histoire des entreprises publiques, qui dépendent entièrement de la tutelle de l’État.
13 Elles sont souvent non négligeables (procès pour banqueroutes, faillites, conflits entre associés, querelles commerciales, procès pour ententes ou prix abusifs, disputes sur les brevets d’invention, querelles sur les concessions de mines).
14 Sur le rôle de régulateur économique du Conseil d’État, cf. les remarques de F. Monnier, « L’innovation au Conseil d’État », dans Les juridictions administratives dans le monde : France-Liban, Revue administrative, 1999, numéro spécial, p. 24-25.
15 Ce sont des dossiers qui ont souvent un aspect diplomatique non négligeable : il y a toujours plus ou moins des accords économiques et militaires conjoints dans une politique diplomatique, même au XIXe siècle (et Paul Claudel, consul en Chine, rédigeait d’admirables rapports sur l’arsenal de Fou-Tcheou...).
16 Qui s’est beaucoup développée sous l’influence de Pierre Renouvin (rappelons les thèses de R. Poidevin et R. Girault).
17 On a tort de la délaisser, alors que les sources sont fort riches, en France et dans les pays mêmes.
18 Il est difficile de faire l’histoire des doctrines économiques et corporatistes de Vichy en faisant abstraction des positions de l’Église, et un Perroux, avec ses thèses sur « l’esprit communautaire », était un bon « disciple ». Mais c’est une histoire difficile à retracer (qui nous donnera une histoire précise, et d’après les archives, des théories économiques du mrp ?).
19 Infra, chapitre XII, p. 123.
20 Cf. infra, p. 128, n. 26.
21 Cf. Pour une histoire du quotidien au XIXe siècle..., 1976, p. 205-229 (et sur les sources régionales, ibidem, p. 407-420).
22 Mais dès qu’on s’intéresse au temps, au temps vécu, aux rythmes du temps, au temps non mesuré, on trouve de multiples sources qu’on oublie à l’ordinaire de dépouiller. C’est une histoire délaissée presque volontairement par l’historien, on ne sait pourquoi (on n’a jamais fait l’histoire du temps mesuré à l’usine, de l’usage de la montre).
23 Elle est enseignée officiellement – et depuis longtemps – dans les Facultés de droit, mais trop négligée dans les Facultés de lettres (doit-on rappeler qu’on n’a pas un bon livre sur les idées économiques de Saint-Simon ? et que personne ne s’est intéressé aux idées d’un Colson, qui finit vice-président du Conseil d’Etat et qui avait un solide bon sens ?). Les lacunes en ce domaine sont singulières (nous n’avons pas encore une bonne étude sur les idées financières et bancaires de Mollien...) : il faudrait dresser une liste de ces oublis.
24 On est dans le domaine du probable. Et on doit se méfier : les idées d’un Saint-Simon étaient profondément libérales, ses disciples en ont donné une interprétation différente (cf. Témoins de l’administrations, 1967, p. 109-118).
25 Rappelons les théories d’Alain Cotta dans sa Théorie générale du capital, de la croissance et des fluctuations (1967) qui soulignait fortement les liens de la croissance et de la « connaissance ». L’histoire économique de l’éducation n’est pas encore faite, c’est un sujet trop délicat.
26 C’est évident quand on étudie l’histoire du médicament, mais il serait important d’étudier le rôle de la recherche en histoire de la métallurgie, depuis les premiers laboratoires de chimie métallurgique dans les grandes forges vers 1840.
27 Un patron a souvent besoin de points d’appui philosophiques (cf. J. Vauvilliers, Être patron, 1992), son volontarisme doit avoir ses « justifications », qui sont souvent religieuses. Mais c’est là une histoire difficile à saisir, sauf quand on possède un journal intime, et encore.
28 Cf. P. Guiral et G. Thuillier, La vie quotidienne des domestiques en France au XIXe siècle, 1978.
29 On trouve des femmes ingénieurs dans les laboratoires ou services d’études d’usine, dès avant 1914.
30 Faut-il rappeler La Bourse de Ponsard ?
31 Bernard Quesnay est une lecture toujours fort utile.
32 Sur ces questions d’archives, cf. L’histoire en 2050, 2000, p. 113-130 ; L’historien et le probabilisme, 2002, p. 65-75 et « La situation des archives en 1965 : le rapport Samaran », Revue administrative, 2001, p. 539 ; le rapport Samaran au Ve Plan demande qu’« un inventaire soit dressé pour les archives d’entreprise intéressant tant l’histoire économique que l’histoire des sciences et des techniques, notamment afin d’empêcher des destructions regrettables, notamment lors de fusions des sociétés ou de disparitions anciennes (...). Il serait nécessaire d’envisager la création de comités régionaux des archives scientifiques et techniques chargés de faciliter cet inventaire », mais la direction des Archives refusa alors de suivre le rapport Samaran, rien ne fut fait... Pour les archives privées d’ingénieurs, la situation est aujourd’hui des plus déplorables.
33 Cf. Les écoles historiques (avec J. Tulard), 2e éd., 1993 (Que sais-je ?, n° 2506).
34 Cf. « La crise de l’histoire économique aux XIXe et XXe siècles », Revue administrative, 1998, p. 773-780.
35 La presse financière (et boursière), la presse professionnelle (cf. infra, p. 24).
36 L’histoire du style des circulaires et instructions – dès l’Ancien Régime –, du style des rapports mériterait une étude (cf. Pour une histoire de la bureaucratie, 1999, p. 245-253). Nous avons montré la diversité des modes d’écriture concernant les ouvriers des forges (cf. Les ouvriers des forges nivernaises au XIXe siècle..., 2002, p. 614-617) et le médicament (Le médicament en Nivernais au XIXe siècle, 2004, p. 599-604).
37 Infra, p. 124.
38 Il est étonnant qu’il n’y ait pas encore un Comité d’histoire de l’informatique pour piloter les différentes recherches entreprises ici et là, tant dans l’administration que dans les entreprises.
39 Tous les historiens ne partagent pas cette thèse, ils refusent d’admettre les principes de l’histoire bureaucratique, se méfient de l’histoire des techniques, ignorent l’histoire de la comptabilité ou l’histoire de l’économie mathématique (cf. A. Zylberberg, L’économie mathématique en France, 1870-1914, 1990 et F. Etner, Histoire du calcul économique en France, 1987).
40 Sur le principe des colloques de méthode, cf. « Comment organiser un colloque de méthode ? », Revue administrative, 2000, p. 652-658.
41 Les archives privées concernant le patronat catholique et ses « pratiques sociales » sont souvent très riches, notamment dans le Nord.
42 Infra, p. 17.
43 Cf. J. Vauvilliers, Être patron, ouv. cité.
44 Par exemple en matière d’épargne, de dépenses des ménages, d’utilisation du temps, de « pratiques sociales », d’achats de logements et de résidences secondaires, etc.
45 La liste de ces nouvelles économies, qui se sont développées depuis 15 ans, mériterait d’être dressée : tout est aujourd’hui prétexte à théorie générale (jadis Charles Samaran disait : Tout est objet d’histoire).
46 Cf. F. Monnier et G. Thuillier, Vérités et fictions de la bureaucratie (à paraître).
47 Si l’on fait de l’histoire de l’armement, il faut à l’évidence, outre des connaissances de comptabilité et de gestion, une bonne compréhension des théories de l’économie de l’armement, des lumières en droit administratif (marchés publics) et en sciences administratives...
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