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Pour une autre histoire économique de la France d’Ancien Régime

p. 19-34


Texte intégral

1En 1986, alors qu’il présentait la situation de l’Histoire moderne dans L’état des sciences sociales en France1, Jean Boutier déclarait : « l'histoire économique est actuellement portée disparue. » Deux ans plus tard, cette science n’apparaissait pas dans le recueil dirigé par Jacques Le Goff sur La nouvelle histoire2 alors qu’y figuraient l’histoire des mentalités, l’histoire de la culture matérielle, l’histoire immédiate, l’histoire des marginaux et l’histoire de l’imaginaire. Sans être aussi sévères, d’autres historiens ont montré, depuis, la nette éclipse de ce type d’histoire. Pour Alain Plessis, depuis les années 1970, « son importance a sensiblement diminué, et ce recul paraît toucher surtout les travaux concernant l’histoire économique3 ». Pour Guy Thuillier, « l’histoire économique de 1950 était plus hardie, plus entreprenante que celle que nous voyons aujourd’hui, qui paraît frileuse, timorée, incertaine4 ». Ces appréciations générales sont parfaitement corroborées par les données universitaires provinciales. Entre 1970 et 1992, 8 % des sujets de maîtrise d’histoire déposés à la faculté de géographie, histoire, histoire de l’art, tourisme de l’Université Lumière Lyon 2 concernaient l’économie quand 12 % s’intéressaient aux faits religieux, 13 % à la vie politique et 67 % à la société. Depuis une dizaine d’années, sans qu’il soit spectaculaire, un certain redressement s’opère. En 2001-2002, dans le DEA d’histoire moderne et contemporaine de la même Université que supporte, entre autres centres de recherche, le Centre Pierre Léon d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 8 sujets (20 %) sur les 40 nouvellement déposés relèvent de l’histoire économique, 8 de l’histoire politique, 3 de l’histoire des sciences, 10 de l’histoire sociale et 11 de l’histoire culturelle.

2Plusieurs causes expliquent ce déclin : l’ampleur de la moisson réalisée depuis la création des Annales d’histoire économique et sociale par Marc Bloch et Lucien Febvre, puis sous la houlette de Fernand Braudel et Ernest Labrousse ; l’inadaptation des modernistes français à l’évolution de la discipline vers l’histoire quantitative de Jean Marczewski ou la New Economic History américaine ; l’inadéquation, à partir des années 1980, des présupposés plus ou moins marxistes de l’histoire économique de l’époque ; l’émergence de nouvelles problématiques très séduisantes pour de jeunes chercheurs ; l’évolution de la conception de l’histoire ; la rapidité des nouvelles thèses.

3Moins triomphante que dans les années 1970, l'histoire économique demeure cependant dans P historiographie française. Peut-être est-il alors temps de faire un nouveau point sur sa situation, de relier ce qui se fait ici ou là, de réfléchir aux moyens de la valoriser et de faire émerger des thèmes « porteurs ». C’est pourquoi je proposerai aujourd’hui trois voies. Ne reniant pas mes origines, je militerai pour un retour de l’histoire économique. M’appuyant sur l’intérêt actuel pour ce qui est concret, petit, déviant et marginal, je suggèrerai un retournement des perspectives d’études. Utilisant mon expérience d’enseignante, je souhaiterai la mise en place d’outils la facilitant et incitant à la tenter.

POUR UN RETOUR DE L’HISTOIRE ÉCONOMIQUE

4Préconiser un retour de l’histoire économique n’est pas reconnaître son entière faillite. Tout n’a pas sombré, bien au contraire. Si les quatre piliers qui la composaient autrefois — la macro-économie, la description de la conjoncture, les différents types de crises et l’étude systématique d’une région — n’intéressent plus guère les jeunes chercheurs, il n’en va pas de même d’autres secteurs. L’environnement5, l’agriculture6, l’artisanat rural7, l’industrie8, le commerce9, les idées économiques10, la réglementation économique et ses agents11, les acteurs de l’entreprise12 ne les laissent pas indifférents. Le Comité pour l’histoire économique et financière n’est d’ailleurs pas en manque d’ouvrages dans ce domaine.

5L’histoire économique est également convoquée quand il s’agit d’expliquer certains événements socio-politiques. Comment comprendre, dans la France du xviie siècle, les révoltes frumentaires si l’on ignore l’inégalité des récoltes due à l’insuffisance des terres cultivées, aux techniques utilisées, aux rigueurs du climat, à la réglementation de la circulation des denrées, notamment des grains, et la spéculation sur les biens alimentaires13 ? Comment, dans le Lyon du xviiie siècle, analyser les révoltes de 1744 et de 1786 sans connaître l’importance de la soierie dans la ville, la prospérité qu’elle y apporte, l’organisation du travail, la subordination des maîtres aux négociants et la diversité des rémunérations versées pour un travail identique14 ? Comment expliquer le refus du paiement des tailles et des taxes indirectes dans la France du début du xviie siècle si l’on ne connaît pas le « tour de vis fiscal » opéré par l’État pour conduire la guerre de Trente Ans15 ?

6L’économie est également utile pour appréhender certaines évolutions dans le domaine de la culture matérielle. Le succès de « la culture des apparences » vestimentaires mis en évidence par Daniel Roche16, n’est-il pas aussi celui de la production de plus en plus importante des toiles peintes, des étoffes de coton et des soieries, des chimistes qui imaginent des colorants artificiels, des teinturiers qui juxtaposent les rayures, les carreaux et les fleurs sur des tissus qui explosent de couleurs, des mécaniciens qui créent les métiers propres à l’indiennage, des merciers qui vendent dentelles, rubans, aiguillettes, bretelles, ceintures, boucles et boutons, des tisserands, des dentellières, des tailleurs, des couturières, des cordonniers, des chapeliers, des gantiers, des fourreurs, des perruquiers, des éventaillistes, des lingères et de bien d’autres encore qui fabriquent ce dont on ne peut plus se passer. La diffusion — toute relative — de l’hygiène au xviiie siècle passe par la multiplication des lignes d’eau, des tuyaux de fonte, la généralisation des lavabos, des baignoires de tôle et des bidets17, donc par la diffusion des techniques et des métiers qui les mettent en pratique. Pour que tous mangent, en France, du bon pain blanc, il faut que, dans l’École gratuite de boulangerie créée à Paris en 1782 puis en province où ils se rendent, Cadet de Vaux et Parmentier se livrent à des expériences sur la chimie de la farine, les principes de la nutrition, la fermentation, les pains de céréales diverses et les méthodes de cuisson. Il faut aussi savoir produire du bon blé, le moudre dans de bonnes conditions, fabriquer des fours, utiliser de la bonne eau, un bon levain, le vendre dans sa boutique, le livrer ou le diffuser sur les marchés. Un bon boulanger dépend donc de scientifiques, d’agriculteurs, de meuniers, de bûcherons, de commis, de porteuses, de vendeuses et de marchands de toutes sortes qui lui apportent ce dont il a besoin18.

7Certaines données économiques peuvent aussi apporter des éléments d’explication pour des faits en apparence strictement culturels. Au milieu du xviie siècle, Lyon se tourne vers son passé et suscite nombre d’ouvrages historiques exaltant son ancienne grandeur19. La ville est alors en pleine reconversion économique ; la splendeur des foires et le grand commerce international ne sont plus qu’un souvenir. Ancienne capitale économique du monde, elle n’est plus qu’une ville de province. N’est-il pas normal qu’elle se replie sur un passé qui la valorise ?

8Ces ouvrages d’histoire économique récemment parus, l’explication par l’économie qu’on retrouve dans d’autres ne doivent pourtant pas tromper. À l’ordinaire, chaque type d’histoire fonctionne indépendamment l’un de l’autre. Il est rare qu’un tenant de l’histoire culturelle ou religieuse se demande dans quelles conditions techniques, économiques et financières sont produits les livres, pamphlets ou images dont il analyse les idées et même qui les émet et les fabrique. Certaines études présentant des milieux sociaux paraissent complétement déconnectées des activités qui les font vivre. Enfin, une autre histoire globalisante est en train de naître, celle du tout politique20 ou du tout culturel.

9On ne peut être d’accord. S’il faut naturellement faire place à d’autres analyses pour comprendre l’Ancien régime, on ne peut écarter systématiquement l’histoire de l’économie. L’école française d’histoire économique a toujours allié l’économie, le politique et les réalités sociales. Cette démarche paraît toujours d’actualité et particulièrement raisonnable : en mesurant, par exemple, l’importance des sommes que les élites sociales de la France d’Ancien Régime ont prélevé — comme elles en avaient politiquement le droit accordé par la monarchie — sous forme de rentes diverses sur les paysans et consacré à l’achat d’offices, aux placements dans les affaires financières de l’État (comme le Roi le souhaitait) et à l’acquisition de produits de luxe, on peut comptabiliser ce qui n’a pas été engagé dans des investissements productifs et a freiné l’essor de l’économie française. Ce principe posé, il paraît néanmoins nécessaire de modifier les objets et les méthodes de l’histoire économique.

D’AUTRES PERSPECTIVES POUR L’HISTOIRE ÉCONOMIQUE DE L’ANCIEN RÉGIME

10À ce point de l’exposé, on pourrait se contenter d’énumérer tous les secteurs de l’économie française qui n’ont pas fait l’objet d’études approfondies : pour les manufactures, tout ce qui n’est pas le textile et le xvie siècle particulièrement délaissé ; pour le commerce et la banque, le xviie siècle ; pour l’industrie, la consommation plutôt que la production, etc. Ce n’est cependant pas la voie qui sera choisie ici, puisque c’est à un changement total de perspective que je souhaiterais inviter.

11Dans les années 1960-1970, rien n’était trop ambitieux pour les pères fondateurs de l’histoire économique pour lesquels j’ai beaucoup de respect. Retraçaient-ils la vie économique d’une région ? Par delà ces morceaux de France, ils tiraient des leçons pour l’ensemble du royaume : on a ainsi longtemps vécu sur la suprématie des crises frumentaires. L’hexagone quasi systématiquement quadrillé, quinze historiens dirigés par Fernand Braudel et Ernest Labrousse21 décrivent la France entière dans les 7 volumes de l'Histoire économique et sociale de la France de 1450 à nos jours parue entre 1970 et 1982. Alors que sa publication n’est pas achevée, cette somme est relayée par les six tomes de l'Histoire économique du monde mise en œuvre par Pierre Léon22. De son côté, Fernand Braudel reconstitue l’histoire du capitalisme mondial entre le xve et le xviiie siècle23. Comme on pense alors que la société s’organise en fonction de l’économie, les années suivantes voient fleurir de vastes synthèses sur la France rurale24 et la France urbaine25 qui font naturellement place aux économies et aux techniques qui s’y développent.

12Depuis longtemps, cependant, cette méthode est remise en question. Certaines critiques touchent à la diversité des objets d’étude. Comment, par exemple, dans une France rurale aussi diverse, peut-on penser qu’un été pluvieux, néfaste à la céréaliculture, l’est aussi pour les prairies normandes ? Les crises de la France du Nord ne sont pas celles de la France de l’Ouest et de la Basse Provence26. Les orages de la fin de l’été sont désastreux pour la vigne et sans effet pour les céréales déjà coupées. D’autres reviennent sur les méthodes mises en œuvre, notamment l’utilisation des prix pour déterminer les conjonctures. Quand la vulgate était de dire que la hausse des prix caractérisait la prospérité d’une période tandis que leur baisse indiquait les difficultés, Michel Morineau reprenait ces propositions du strict point de vue de l’usager. Des prix qui baissent intéressent les gens du peuple, surtout en période de diminution de population : ils consacrent moins d’argent à l’achat des vivres alors que les salaires résistent27. Jean Bouvier adoptait la même position : « Les consommateurs et les vendeurs n’ont pas les mêmes points de vue au sujet des hausses des prix28. »

13M’appuyant sur ces critiques et sur l’évolution de la recherche et des chercheurs ces dernières années, je propose d’orienter l’histoire économique vers des objets soit plus réduits et plus concrets soit moins visibles. Dans les recherches micro-économiques, cinq domaines pourraient être envisagés. En premier lieu, il faudrait multiplier les monographies d’exploitations agricoles, d’entreprises artisanales ou manufacturières29, de maisons de commerce et de boutiques30, de banques et de services de roulage et de voyage. Quelles étaient leurs dimensions ? Qu’y faisait-on ? Avec quelles techniques ? Avec quel personnel ? Qu’y consommait-on ? Qu’y vendait-on ? Pour quel revenu ? Terriers, compoix, cadastres, enquêtes administratives31, matrices de la contribution foncière de l’époque révolutionnaire, inventaires après décès, baux, comptabilités seigneuriales, conventuelles, hospitalières, artisanales, commerciales, lettres de voiture, obligations, cédules, reconnaissances de dettes, lettres de change et autres papiers de commerce, faillites, contraventions, procès retrouvés dans les archives publiques ou les archives privées peuvent être, pour ce faire, facilement mobilisés. Les enjeux de telles recherches sont loin d'être seulement pointillistes. Elles permettent aussi de mesurer l’impact de la taille des exploitations ou des entreprises sur l’innovation, la productivité et l’efficacité économiques, d’établir des hiérarchies, de déterminer les flux et les stocks, ce qui permet d’opérer « une pesée globale » du potentiel productif des campagnes et des villes.

14Un autre domaine d’observation pourrait être, en second lieu, les travaux publics, particulièrement en milieu urbain. Il faudrait alors scruter les mutations de propriétés, l’édification des maisons particulières, des bâtiments publics ou des communautés religieuses, leurs prix, les donneurs d’ordres individuels ou collectifs, les exécutants (architectes et maçons), le devenir de ces habitations (locations, entretien, ventes). Les archives du centième denier — chères à Gérard Béaur32 —, les prix-faits de construction et de réparations, les associations de promoteurs, les baux et les contrats de vente, les ouvrages de droit qu’on retrouve dans les archives publiques ou privées et dans les bibliothèques sont de bonne prise pour ce type d’étude. On pourrait procéder par ilôt33, par quartier ou par propriétaire34. Là encore, on dépasserait aisément le cadre de la monographie, comme le prouve l’ouvrage d’Anne-Sophie Condette-Marcant35, pour déboucher sur les marchés fonciers et locatifs dans toute leur diversité, les différentes techniques de construction, l’évolution du parcellaire construit et la spéculation foncière et mobilière.

15Les relations des villes et des campagnes peuvent être, en troisième lieu, appréhendées localement de diverses manières. La proto-industrialisation révélée par Franck Mendels36 montre les relations de travail existant entre les hommes et les femmes des deux secteurs. Pour débusquer les fabriques rurales travaillant sous les ordres des négociants urbains37, le chercheur doit mobiliser les registres paroissiaux, les sources fiscales, les documents notariés et les comptabilités rurales. L’acquisition de terres par les bourgeoisies urbaines, telle que l’a décrite Josette Garnier en Forez38, peut aisément être dépistée à partir des actes notariés ou du centième denier. La vente des surplus agricoles ou de denrées spécifiques sur les marchés ou dans les boutiques des cités, le recours aux banquiers urbains plutôt qu’aux prêteurs proches39 introduisent déjà dans le système des réseaux de vente et de relations.

16Les activités économiques étant exercées par des hommes dans le cadre de métiers il paraît opportun, surtout après les travaux de Steven Kaplan40, d’observer, en quatrième lieu, leurs règlements, leur comptabilité et leur organisation interne, l’objectif étant ici de mesurer l’importance de l’oligarchie, la main mise de familles sur tel ou tel métier, l’ouverture ou le malthusianisme de la profession, l’impact des règlements sur la fabrication et la fréquence des contraventions. Les archives communales renferment tous les documents nécessaires. S’y ajoutent les archives judiciaires des sénéchaussées voire des parlements et naturellement celles des inspecteurs des manufactures.

17Le poids réel des idées économiques dominantes — mercantilisme, libéralisme, physiocratie — dans les élites et a fortiori dans les classes populaires reste à mesurer de la même manière qu’André Burguière avait observé autrefois la diffusion des Lumières41. Il y aurait donc lieu de lire les innombrables discours et lettres des intendants, des gouverneurs, des municipalités, des députés des États provinciaux, des assemblées provinciales, des évêques, des curés et autres autorités pour apprécier avec précision ce qui était compris des théories en vigueur et la manière dont elles étaient appliquées.

18À côté de cette « micro-storia économique », pour être plus novatrice, je proposerai aux jeunes chercheurs d’explorer l’imprévisible, le caché et le condamné. L’imprévisible, c’est la fortune de Jacques Gattu. Ce mendiant lyonnais renversé par la charrette d’un porteur de fumier, sur son lieu de travail, le 5 décembre 1766 à 6 heures 30, détenait, dans différents contenants, en divers lieux de l’unique pièce de son habitation et chez sa voisine, 1 061 livres 10 sols 9 deniers42. Son cas ne manque pas d’interroger sur la possibilité de s’enrichir en ne travaillant pas. C’est toute la problématique actuellement étudiée par certains économistes des modalités économiques de l’exclusion. Maintenir un lien financier reposant sur la confiance est considéré comme essentiel car il structure l’appartenance à la société. Il y aurait donc lieu de voir comment, sous l’Ancien régime, vivent les pauvres et les chômeurs et sous quelles formes et quelles modalités se déploie l’économie d’assistance.

19Le caché, ce sont les métaux précieux que l’on thésaurise sous diverses formes : trésors enfouis au fond des jardins ou dans quelques endroits secrets de son appartement ; argenterie ostentatoire des couverts, des assiettes, des plats et autres aiguières exposés aux yeux des visiteurs ou disposés sur les tables de fête ; bijoux des maîtres et maîtresses de maison qu’on hérite de sa famille, qu’on apporte en dot, qu’on offre, qu’on porte ; étoffes d’or et d’argent utilisées par la riche noblesse et par l’Église pour les vêtements et ornements sacerdotaux. En l’absence de banques, ils constituent, avec les objets d’art, les bibliothèques, les maisons, les domaines et les prêts, une forme primitive d’épargne, la plus facilement et la plus généralement utilisée : à Lyon, en 1780, sur les 80 inventaires après décès qui ont été rédigés par les scribes de la sénéchaussée, seuls 14 n’en possèdent pas ; 65,15 % des autres détiennent des bijoux ; 60,60 % de l’argenterie ; 37,36 % de l’argent43. On s’en défait au fur et à mesure de ses besoins ou dans des circonstances précises, décri de la monnaie ou circonstances politiques, ainsi à Lyon après le siège de 179344. Cette problématique, que Fernand Braudel appelait déjà de ses vœux, n’a toujours pas trouvé preneur global. Gageons que le passage à l’euro et le retour des francs à la Banque de France suscitera des vocations locales. La présence quasi générale de cette thésaurisation ne peut que conduire à remettre en question les idées que l’on avait jusqu’à présent sur la circulation des monnaies soi-disant limitée aux urbains et aux catégories sociales les plus élevées. Le colloque sur L’argent des villages45 et les travaux de Jérôme Jambu46 montrent qu’elles circulent partout.

20Le condamné, c’est tout ce qui relève de la fraude, de la corruption, de la malversation, du jeu, du vol, du recel et de la revente. Ces infractions sont réalisées par des individus fort divers — on rencontre de nombreux nobles parmi les fabricants de fausse monnaie — agissant seuls ou en groupes provisoires ou organisés, en utilisant des techniques et des réseaux variés, pour des revenus dont on ignore (à quelques exceptions près) pratiquement tout. Parmi ces délinquances, celles des « cols blancs » (notaires, officiers, élus divers), celles qui éclosent dans les familles (ainsi les usurpations d’hoirie) et toutes celles qui relèveraient aujourd’hui du « blanchiment d’argent sale » devraient être particulièrement étudiées. Mais toutes ont leur intérêt. Même si la justice ne les poursuit pas systématiquement, on retrouve dans les archives judiciaires, de nombreux procès où les plaintes des victimes et les dépositions des témoins sont aussi riches d’enseignements que les réponses des délinquants ou les interrogatoires et les sentences des juges47. Ainsi se dévoile toute une économie souterraine dont il convient de vérifier si elle se distingue réellement de celle qui est licite.

21Ces quelques suggestions ne prétendent pas épuiser toutes les problématiques possibles en matière d’histoire économique. On pourrait en trouver bien d’autres. Il suffit d’avoir dit, je pense, qu’elles doivent être plus modestes et plus concrètes que par le passé et plus ancrées sur les problèmes de notre temps. Le plus important, cependant, n’est sans doute pas là. Pour mener à bien ces recherches, il est nécessaire de transmettre des outils aux nouveaux chercheurs.

DES OUTILS POUR L’HISTOIRE ÉCONOMIQUE DE L’ANCIEN RÉGIME

22Une des raisons du repli de l’histoire économique a été le peu d’implication des historiens modernistes dans les modèles économétriques48. Il n’y avait rien d’étonnant dans ce refus : dans leur majorité, les historiens français ont eu et continuent d’avoir une formation de type littéraire. Aussi voit-on aujourd’hui prospérer une science nouvelle, l’économie historique, qui est prise en charge par les économistes. Ce constat invite à une triple réflexion.

23En premier lieu, on doit remédier à la faiblesse de la formation des historiens français dans le domaine économique, juridique, mathématique et statistique. En second lieu, les historiens français de l’économie doivent cesser de travailler de manière solitaire ou entre eux. Pour réaliser une telle formation pluridisplinaire, il est nécessaire, en troisième lieu, que les enseignants et les étudiants créent des liens avec les économistes, les juristes, les sociologues et autres scientifiques étudiant l’économie, le travail, les entreprises, les administrations et autres sociétés et aillent voir fonctionner de près des entreprises ou des administrations centrées sur l’économie.

24D’autres raisons freinent actuellement l’orientation des étudiants vers une discipline dont les fondements paraissent obsolètes et les approches difficiles. Après l’effondrement des idéologies marxistes et les progrès de la sociologie, il n’est plus possible d’affirmer aujourd’hui, comme on le faisait jusque dans les années 1980, que l’agencement des sociétés est la superposition de trois niveaux déterminés verticalement (l’économie, la société et les mentalités) et décalés temporellement (le social évoluant après les transformations économiques et les mentalités une fois que la société a bougé), que les structures s’opposent à la conjoncture, que les conditions matérielles (démographie et économie) sont les uniques moteurs du changement social et que l’histoire économique permet la saisie globale du réel. Il faut donc que les historiens de l’économie réfléchissent aux principes, aux objectifs, aux champs et aux méthodes de l’histoire économique et qu’ils les énoncent clairement de manière à ce que les jeunes chercheurs sachent dans quelle voie ils s’engagent. Il faut en particulier leur montrer que l’économie n’est pas que des chiffres et des formules mathématiques qu’ils exècrent, qu’on peut aussi retrouver des structures, des mécanismes et définir leur impact sur la société.

25Tout doit être fait, par ailleurs, pour aider les jeunes chercheurs. Il est impossible actuellement de demander à un doctorant qui dispose de quatre ans pour effectuer un DEA et une thèse de passer de longs mois à se constituer un répertoire du vocabulaire spécifique de certaines techniques, pratiques ou métiers, à définir et orienter ses recherches par une bibliographie dispersée, à chercher des sources éparses et improbables, à dépouiller des sources manuscrites trop massives ou trop lacunaires. Il faut donc multiplier les outils que chacun se créait par le passé et qui sont encore trop rares. Qu’on pense, par exemple, à la formidable transmission de savoir effectuée par Marcel Lachiver dans son Dictionnaire du monde rural49. Dans un premier temps, il faudrait recenser les sources et les ouvrages dans des guides spécialisés analogues aux guides de recherches réalisés à l’initiative du Comité pour l’histoire économique et financière de la France50. Dans un deuxième temps, il conviendrait d’établir des dictionnaires des termes, des institutions, des techniques utilisés dans chaque domaine économique spécialisé comme l’ont fait par exemple Élisabeth Hardouin-Fugier, Bernard Berthod, Martine Chavent-Fusaro pour les étoffes51. On peut aussi penser à des dictionnaires de firmes mentionnant les contrats de création, les partenaires, l’importance de leurs participations, leurs domaines d’interventions, les aires géographiques sur lesquelles elles s’étendent et leurs durées, bref faire pour les entreprises du passé le même travail que Patrick Allard, Michel Beaud, Bertrand Bellon, Anne-Marie Févy et Sylvie Fienart pour celles de la fin des années 197052. Bien entendu les dictionnaires biographiques sont indispensables. On connaît le succès mérité des notices établies par Daniel Dessert pour les financiers de Louis XIV53. Des méthodes doivent être données : comment lire un budget, comment décrypter le procès-verbal d’un conseil d’administration, comment tenir compte des dévaluations de la livre, etc ? Enfin, les chercheurs devraient pouvoir accéder aux données rassemblées autrefois et maintenant difficiles d’accès comme à la littérature grise des mémoires de maîtrises et des thèses non publiées qui dorment, le plus souvent, non répertoriés, dans des bureaux d’enseignants non localisés54. L’utilisation de l’informatique aide considérablement les chercheurs dans tous ces domaines. Les banques de données bibliographiques, d’archives, d'images, de définitions, de biographies, de firmes peuvent se compléter au fur et à mesure de la collecte des informations et être accessibles, sous certaines conditions, à tout un chacun. Cette mise en commun, impensable jusque dans les années 1980, est sans doute la clé de l’avancée des connaissances et des recherches en histoire économique comme ailleurs.

26L’arrivée dans les universités d’étudiants avancés n’ayant pas eu une formation historique initiale ne peut que pousser à modifier l’enseignement, à accélérer la création des outils et à les multiplier. Aux retraités présents dès les années 1970, s’ajoutent désormais des salariés en formation continue, certains bénéficiaires de la réduction du temps de travail et d’autres qui ont fait valider leurs acquis professionnels. Pour tous, la formation aux méthodes historiques est indispensable. L’hétérogénéité de leurs horizons antérieurs oblige aussi à bien définir les objectifs et les méthodes de l’histoire économique mais s’enrichit de leurs pratiques passées dans le monde du travail. D’excellents travaux en sont issus55.

27L’histoire économique bénéficie actuellement, dans ce domaine, de trois chances. Les échanges d’étudiants et d’enseignants au sein des accords européens Socrate ou avec les autres pays du monde permettent de confronter les chercheurs à d’autres manières d’aborder la problématique. Les unités d’expérience professionnelle et les licences professionnelles mettent beaucoup plus d’étudiants que par le passé en contact avec le monde du travail. La mise en place des PAST, professionnels effectuant pendant trois ans un demi service à l’Université et l’autre dans leur entreprise permet aux étudiants de bénéficier de leurs compétences actives. L’histoire économique ne peut que gagner à ces contacts de plus en plus nombreux et de plus en plus organisés, à condition, bien entendu, que les compétences des uns et des autres soient mises en synergie56.

28Au total, la crise — réelle mais plus limitée qu’il y paraissait — qui a secoué l’histoire économique de la France d’Ancien Régime peut être salutaire si elle se recentre sur des domaines précis moins statistiques, moins sériels, moins longs à chercher et à élaborer, moins ennuyeux aussi et englobant les pratiques sociales. Mais le changement des perspectives doit nécessairement s’accompagner d’apports méthodologiques. Nombre d’ouvertures ont lieu à l’heure actuelle. Aux historiens de savoir en profiter.

Notes de bas de page

1 Marc Guillaume (s.l.d.), L’état des sciences sociales en France, La découverte, 1986, 587 p., p. 64-68.

2 Jacques Le Goff, La nouvelle histoire, Éditions Complexe, 1988, 334 p.

3 Alain Plessis, « L’histoire économique », in François Bédarida (s.l.d.) L'histoire et le métier d’historien en France 1945-1995, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 1995,438 p., p. 271-280.

4 Guy Thuillier, L’histoire en 2050, Comité pour l'histoire économique et financière de la France. 2000, 304 p., p. 71-85.

5 Andrée Corvol-Dessert, L'homme et l’arbre sous l’Ancien Régime, Économica, 1984, 757 p. ; L'homme aux bois. Histoire des relations de l’homme et de la forêt xviie-xxe siècle, Fayard, 1987, 585 p.

6 Entre autres, Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'île de France. L’ascension d’un patronat agricole ( xve-xviiie siècle), Fayard, 1994, 2e édition 1998, 1071 p. ; Annie Antoine, Fiefs et villages du Bas-Maine au xviiie siècle, Éditions régionales de l’Ouest, 1994, 539 p. ; Brigitte Maillard, Les campagnes de Touraine au xviiie siècle. Structures agraires et économie rurale, PUR, 1998, 500 p. ; Nadine Vivier, Propriété collective et identité villageoise : les biens communaux en France 1750-1914, Publications de la Sorbonne, 1998, 352 p. ; Jean-Michel Boehler, La paysannerie de la plaine d’Alsace, 1648-1789, Presses universitaires de Strasbourg, 1994, 3 volumes, 2 469 p.

7 Alain Belmont, Des ateliers au village. Les artisans ruraux en Dauphiné sous l’Ancien Régime, PUG, La pierre et l’écrit, 1998, 2 tomes, 198 et 309 p.

8 Serge Chassagne, Le coton et ses patrons, France, (1760-1840), EHESS, 1991, 733 p. ; Philippe Minard, Typographes des Lumières suivi des Anecdotes typographiques de Nicolas Contat (1762), Champ Vallon, 1989, 302 p. ; Denis Woronoff, L’industrie sidérurgique en France pendant la Révolution et l’Empire, EHESS, 1984, 592 p.

9 Dominique Margairaz, Foires et marchés dans la France pré-industrielle, EHESS, 1988, 283 p. ; Jack Thomas, Le temps des foires. Foires et marchés dans le Midi toulousain de la fin de l’Ancien Régime à 1914. Presses universitaires du Mirail, 1993, 407 p.

10 Jean-Claude Perrot. Une histoire intellectuelle de l’économie politique. xviie-xviiie siècles, EHESS, 1992, 496 p.

11 Steven Kaplan, La fin des corporations, Paris, Fayard, 2001,600 p. ; Philippe Minard, La fortune du colbertisme. État et industrie dans la France des Lumières, Fayard, 1998.

12 Serge Chassagne, Oberkampf. Un entrepreneur capitaliste au siècle des Lumières, Aubier, 1980, 349 p. ; Une femme d’affaires au xviiie siècle. La correspondance de madame de Maraise, collaboratrice d’Oberkampf, Privat, 1981, 160 p. ; Jean-Pierre Hirsch, Les deux rêves du commerce. Entreprise et institution (1780-1860), EHESS, 1991, 534 p. ; Michel Zylberberg, Une si douce domination. Les milieux d’affaires français et l’Espagne vers 1780-1808, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1993, 654 p. ; Geneviève Daridan, MM. Le Couteulx et Cie banquiers à Paris. Un clan familial dans la crise du xviiie siècle, Loysel, 1994, 334 p.

13 Pierre Goubert et Daniel Roche, Les Français et l’Ancien régime, Armand Colin, 1984, 2 volumes, La société et l’État, 381 p. ; Culture et société, 391 p.

14 Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au xviiie siècle, Flammarion, 1975, 374 p., p. 312-354.

15 Françoise Bayard, Le monde des financiers, Flammarion, 1988, 621 p.

16 Daniel Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement xviie-xviiie siècle, Fayard, 1989, 549 p.

17 Jean-Pierre Goubert, La conquête de l’eau, Robert Laffont, 1986, 302 p. ; Georges Vigarello, Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Le Seuil, 1985, 288 p.

18 Steven L. Kaplan, Le meilleur pain du monde. Les boulangers de Paris au xviiie siècle, Fayard, 1996, 766 p.

19 Denis Crouzet. « Écritures de l’Histoire et idéologie urbaine. Lyon au grand siècle ». État. Marine et Société. Hommage à Jean Meyer, M. Acerra, J.-P. Poussou. M. Vergé-Franceschi et A. Zysberg (éd.) Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 1995,463 p., p. 135-161.

20 Yann Lignereux, Lyon et le Roi De la « bonne ville » à l’absolutisme municipal (1594-1654), Champ Vallon, 2003, 847 p.

21 Fernand Braudel et Emest Labrousse (s.l.d.), Histoire économique et sociale de la France de 1450 à nos jours, PUF, 1970-1982.

22 Pierre Léon (s.l.d.), Histoire économique du monde, Armand Colin. 1977-1978, 6 volumes.

23 Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, xve-xviiie siècle, Colin. 3 volumes.

24 Georges Duby et Armand Wallon (s.l.d.). Histoire de la France rurale, 1975, Seuil, 5 volumes.

25 Georges Duby (s.l.d.), Histoire de la France urbaine, Seuil, 1980, 5 volumes.

26 René Baehrel, Une croissance : la Basse Provence rurale, de la fin du seizième siècle à 1789. Essai historique statistique, Paris, SEVPEN, 1961. 2 volumes, 842 et 55 p.. 2e édition. 1988.

27 Michel Morineau, « D'Amsterdam à Séville : de quelle réalité l’histoire des prix est-elle le miroir ? ». Pour une histoire économique vraie, Presses Universitaires de Lille, 1985, 512 p., p. 49-74.

28 Jean Bouvier, « Histoire sociale et histoire économique », Histoire sociale, sources et méthodes, PUF, 1965, 298 p., p. 239-256.

29 À l’imitation de Serge Chassagne. La manufacture de toiles imprimées de Tournemire-les-Angers (1752-1820), 1971, 382 p. et de Pierre Caspard, La fabrique Neuve de Cortaillod, entreprise et profit au temps de la première révolution industrielle (1752-1854), Paris, 1979, 227 p.

30 L’étude du petit commerce reste à faire même si elle est déjà amorcée. Natacha Coquery, L’Hôtel aristocratique. Le marché du luxe à Paris au xviiie siècle, Publications de la Sorbonne, 1998, 444 p. ; Daniel Roche, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation xviie-xixe siècle, Fayard, 1997, 329 p.

31 Mireille Touzery, Atlas de la généralité de Paris au xviiie siècle, un paysage retrouvé, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 1995, 175 p. Les deux intendants Bertier de Sauvigny ont souhaité se doter d’un instrument leur permettant de mieux répartir la taille dans leur généralité de Paris.

32 Gérard Béaur, Le marché foncier à la veille de la Révolution. Les mouvements de propriété beaucerons dans les régions de Maintenon et de Janville de 1761 à 1790, EHESS, 1984, 358 p.

33 Maryannick Lavigne, Inventaire monumental îlot 18. Quartier Saint-Jean. Thèse de 3e cycle, Université Lyon 2, 1973 ; « Lyon, le quartier Saint-Jean », La maison de ville à la Renaissance, Colloque de Tours, 1977, Paris 1983, p. 37-41. André Chastel et collaborateurs, Système de l’architecture urbaine. Le quartier des Halles à Paris, Paris 1977, 417 p.

34 Françoise Bayard, « Ville et campagne chez Pierre Perrachon, noble lyonnais de 1642 à 1688 », Villes et campagnes xve -xxe siècle, Colloque franco-suisse, 1977, 362 p., p. 105-131.

35 Anne-Sophie Condette-Marcant, Bâtir une généralité. Le droit des travaux publics dans la généralité d’Amiens au xviiie siècle. Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2001, 661 p.

36 Frank Mendels, « Protoindustrialization, the first place of the industrialization process », Journal of economic History, mars 1972, p. 241-261.

37 L’étude modèle est celle de Béatrix de Buffévent, L'Économie dentellière en région parisienne au xviie siècle. Société historique de Pontoise, 1984, 390 p.

38 Josette Garnier, Bourgeoisie et propriété immobilière en Forez aux xviie et xviiie siècles, Centre d’Études Foréziennes, 1982, 515 p.

39 Gilles Postel-Vinay, La terre et l'argent. L'agriculture et le crédit en France du xviiie siècle au début du xxe siècle. Albin Michel, 1997, 462 p. ; M. Berthe (éd.), Endettement paysan et crédit rural dans l’Europe médiévale et moderne, Flaran, Presses Universitaires du Mirail, 1998, 354 p. ; Laurence Fontaine, Gilles Postel-Vinay, Jean-Laurent Rosenthal et Paul Servais (éd.), Des personnes aux institutions. Réseaux et culture du crédit du xvie au xxe siècle en Europe, Académia Bruylant, 1997, 440 p.

40 Steven Kaplan, La fin des corporations, op. cit.

41 André Burguière, « Société et culture à Reims à la fin du xviiie siècle. La diffusion des Lumières analysée à travers les cahiers de doléances », Annales ESC, mars-avril 1967 no 2, p. 303-339.

42 Françoise Bayard, « La fortune de Jacques Gattu », Exclusion et liens financiers, rapport du Centre Walras, 1999-2000, Économica, 434 p., p. 49-54.

43 Françoise Bayard, « Épargner sous l'Ancien Régime : le cas lyonnais », Journée d’étude du 24 octobre 2001, De l’œconomie royale à l’œconomie domestique. L’Épargne sous l’Ancien Régime, Paris, (à paraître).

44 Françoise Bayard, « Thésauriser à Lyon. Église et notables à l’époque révolutionnaire », Journée d’étude du 27 octobre 2001, L’argent dans la ville, France, Espagne, xviie -xviiie siècles, Liame, Bulletin du Centre d'Histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, juillet-décembre 2001, no 8, p. 163-190.

45 Antoine Follain (éd.), L’argent des villages. Comptabilités paroissiales et communales. Fiscalité locale, Angers, 1998, Association d’Histoire des Sociétés rurales, 2000, 438 p.

46 Par exemple L’argent dans les campagnes normandes. Le pays d’Auge, 1550-1726, ADHE, 2000 ; « Thésauriser dans les campagnes à l’époque moderne », Journée d'étude De l’œconomie royale à l’œconomie domestique. L’épargne sous l’Ancien Régime (à paraître).

47 À titre d’exemple, on renvoie aux colloques organisés tous les deux ans par le Centre d’études sur les déviances et la délinquance de l'Université de Dijon qui s’est intéressé notamment à l'infrajudiciaire (s.l.d. Benoît Garnot, L’infrajudiciaire du Moyen Âge à l’époque contemporaine, EUD, 1996, 477 p.), à la petite délinquance (s.l.d. Benoît Garnot, La petite délinquance du Moyen Âge à l’époque contemporaine, EUD, 1998, 507 p.), aux victimes (s.l.d. Benoît Gamot, Les victimes, des oubliées de l’histoire ?, PUR, 2000, 535 p.) et aux témoins (s.l.d. Benoît Gamot, Les témoins devant la justice. Une histoire des statuts et des comportements, PUR, 2003, 444 p.) et à quelques ouvrages décrivant des affaires précises, particulièrement ceux de Christian Desplat, Le crime des seize. La « mourt » de l’abbé de Sauvelade (25 octobre 1663), Cairn, 2000, 210 p. et d’Annie Charnay, Paroles de voleurs. Gens de sac et de corde en pays toulousain au début du xvie siècle, Champion, 1998, 419 p.

48 Les contemporanéistes ont été moins frileux. Chacun connaît les travaux de Jean Heffer, en particulier sa thèse sur Le port de New York et le commerce extérieur américain, 1860-1900, Publications de la Sorbonne, 2e édition, 1986, 568 p., et de Maurice Lévy-Leboyer et François Bourguignon, L’économie française au xixe siècle. Analyse macroéconomique, Économica, 1985, 362 p.

49 Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Fayard, 1997 1766 p.

50 Joël Félix, Économie et finances sous l’Ancien Régime. Guide du chercheur 1523-1789, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 1994, 491 p. ; Arnaud de Maurepas, Économie et finances au xixe siècle. Guide du chercheur 1789-1870, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, 780 p.

51 Élisabeth Hardouin-Fugier, Bernard Berthod, Martine Chavent-Fusaro, Les étoffes. Dictionnaire historique, Les éditions de l’amateur, 1994, 420 p.

52 Patrick Allard, Michel Beaud, Bertrand Bellon, Anne-Marie Lévy, Sylvie Lienart, Dictionnaire des groupes industriels et financiers en France, Seuil, 1978, 367 p.

53 Daniel Dessert, Argent, pouvoir et société au Grand Siècle, Fayard, 1984, 824 p.

54 Il m'est agréable de signaler ici que toutes les maîtrises soutenues par des étudiants des membres du Centre Pierre Léon sont répertoriées, classées et placées dans un local spécifique.

55 On en veut pour preuves les travaux de Jean Clinquart, Les services extérieurs de la Ferme générale à la fin de l’Ancien Régime. L’exemple de la direction des fermes du Hainaut, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, Paris, 1995, 376 p. ; L’administration des douanes en France de 1914 à 1940, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2000, 482 p.

56 Par des voies diverses, je parviens à des conclusions assez semblables à celles de Guy Thuillier, art. cit., p. 71-85.

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