Avant-propos
p. I-III
Texte intégral
1Il y a dix ans, déjà, partant du constat du mauvais état de la recherche en matière d’histoire de l’économie et des finances de l’Ancien Régime, le Comité pour l’histoire économique et financière de la France avait entrepris de lancer une première série de journées d’études pour tenter de dresser l’état de la recherche, pour essayer de dessiner une première carte des zones d’ombre et des lacunes des connaissances en ce domaine, afin d’inciter les jeunes chercheurs à s’y investir. Il s’agissait d’abord de réfléchir aux méthodes de travail et d’élaborer une sorte de bilan des enjeux intellectuels de cette forme particulière de l’histoire : Qu’est-ce que l’histoire économique et financière des xviie et xviiie siècles ? Que veut-on savoir ? Que peut-on savoir ? Que pourrait-on savoir ? Pourquoi cette histoire est-elle importante (et en quoi) ?
2À cet effet, nous avions organisé, avec Françoise Bayard, un premier colloque qui s’était tenu à Bercy les 22 et 23 février 1996, L’administration des finances sous l’Ancien Régime, qui avait eu pour ambition de poser ces questions, de faire le point sur le fonctionnement de l’administration des finances sous l’Ancien Régime, ses techniques, son personnel, la place de l’État et la nature de son intervention dans l’économie et les finances du royaume et d’inaugurer une série de journées d’études sur des thèmes particuliers, dans le dessein de proposer des sujets de recherches prometteurs aux jeunes historiens. Dans un souci de cohérence, nous avions donné la priorité aux sujets qui pourraient être repris par des équipes de recherches spécialisées :
- La circulation des marchandises dans la France de l'Ancien Régime (Bercy, 12 décembre 1997), sous la direction de Denis Woronoff, réflexion destinée à faire le point sur un thème longtemps inexploré de l’histoire économique et financière de l’ancienne France et présentant les théories de la circulation, les stratégies du négoce, les modalités administratives et institutionnelles du transport marchand et les différents moyens utilisés, notamment le flottage et le cabotage ;
- Les finances en province sous l’Ancien Régime (Bercy, 3 décembre 1998), sous la direction de Françoise Bayard, thème qui entendait mettre l’accent en priorité sur les prélèvements opérés par le système fisco-financier en province et sur les diverses ponctions réalisées par les collectivités locales (limitées aux villes et aux états provinciaux) ;
- Pourvoir les finances en province sous l'Ancien Régime (Bercy, 9 décembre 1999), sous la direction toujours de Françoise Bayard, car déjà l’État vivait de et par la province. Il s’agissait donc, d’abord, de savoir comment les impôts étaient perçus et comment ils évoluaient, puis de mieux appréhender les rouages, les pratiques et le fonctionnement des finances locales à l’aide d’études particulières et de portraits de financiers ;
- L’argent des campagnes : Échanges, monnaie, crédit dans la France rurale d'Ancien Régime (Bercy, 18 décembre 2000), sous la direction de Denis Woronoff, car contrairement à une idée reçue, la monnaie circulait dans la France d’Ancien Régime, puisque les paysans avaient besoin d’argent pour payer l’impôt royal et que les foires et marchés impliquaient des échanges... De sorte que les diverses communications de cette journée de la circulation de l’argent au xviiie siècle abordaient autant les questions de métayage que celles concernant les artisans en leurs boutiques, en passant du troc à l’écu pour finir par l’argent des transactions foncières.
3Conformément à ce qui avait été décidé à son lancement, ce premier cycle d’études s’est conclu par une journée de travail consacrée aux questions de méthode, sous le titre : Histoire institutionnelle, économique et financière : questions de méthode (xviie -xviiie siècles), qui fait l’objet de la présente publication. Car il ne s’agissait pas seulement d’établir une carte des manques de la recherche dans le domaine qui nous préoccupe, à l’aide d’exemples concrets, mais également de s’interroger sur la manière de réviser les travaux anciens, de savoir comment il est possible de repérer les taches blanches de la carte (histoire de la monnaie, aspects économiques de la paix de Munster, histoire de la banque sous Louis XIV, la comptabilité d’entreprise, la naissance du calcul économique, les méthodes de calcul actuariel, les marchés de l’État ou des collectivités locales, les méthodes de gestion des grandes compagnies et sociétés, etc.), de savoir également comment faire les repérages indispensables dans les fonds d’archives et à quelles fins, de répertorier les gîtes documentaires inexploités (correspondances diplomatiques étrangères sur la France : Angleterre, Venise, Rome, Autriche, notamment pour les périodes de crise, fonds parlementaires en province), de lancer aussi des innovations, d’initier des nouvelles méthodes de travail, de faire l’éloge du document, d’imaginer de nouvelles méthodes de raisonnement et de tenter de rompre avec les approches trop simplificatrices de l’histoire économique et financière (c’est ainsi qu’on ne peut étudier la question monétaire, sans évoquer la mauvaise monnaie, la monnaie noire, ou qu’il manque, pour l’historien de l’agriculture, une histoire de la contre-lettre, qui dément les chiffres des baux enregistrés...).
4Cette journée de méthodologie marque à la fois la fin de ce premier cycle de travaux et le début d’une nouvelle série de thèmes de recherche, car il revient bien à un Comité comme le nôtre de tenter d’élaborer un programme de travail à un horizon de dix ou quinze ans, de s’attacher à combler les trous de la recherche et à proposer aux jeunes chercheurs la palette la plus large possible des thèmes prometteurs. Mais à un tel Comité, il revient aussi de tenter de mettre en œuvre différents niveaux de recherche, de ne pas favoriser uniquement l’étude universitaire, mais de s’adresser également à l’historien non professionnel, doté d’une certaine expérience administrative ou financière et capable de mettre son expérience de spécialiste au service de l’histoire, comme de rompre avec l’histoire telle qu’elle est enseignée, notamment dans les lycées et collèges, mais aussi à l’Université, avec ses lieux communs et ses trop belles simplifications.
5C’est pourquoi Denis Woronoff et Philippe Minard proposent, le 21 juin 2004, une journée d’études consacrée à l’information économique et Françoise Bayard et Marie-Laure Legay une autre, le 3 décembre 2004, qui sera destinée à faire le point sur le problème de la perception des recettes sous l’Ancien Régime. Viendront ensuite, dans le désordre, les questions de la monnaie, de la banque, du commerce extérieur, de l’industrie métallurgique, des sociétés de commerce et de la comptabilité.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Histoire institutionnelle, économique et financière : questions de méthode (xviie-xviiie siècles)
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3