Conclusions
p. 233-251
Plan détaillé
Texte intégral
1Au terme de ces huit études, on ne peut, on le sait bien, tirer de conclusions que provisoires. La difficulté en paraît accrue dans le cas présent, tant il est vrai que François Bloch-Lainé a été souvent sollicité par les historiens depuis plus de vingt ans et a tenu, à plusieurs occasions, à écrire lui-même ou en dialogue avec ceux-ci l’histoire des épisodes auxquels il a pu participer. Mais le double souci des quatre historiennes et six historiens ici réunis d’aborder sa vie et sa carrière par ses multiples facettes à l’aide de sources souvent inédites a, semble-t-il, permis de prendre quelque distance avec les discours déjà tenus, et ainsi de compléter, nuancer et quelque peu retoucher l’image que lui et nous autres historien(ne)s avions construite de son vivant. Tou(te)s ont tenté de faire œuvre d’histoire critique, au sens noble du terme, là où d’ailleurs François Bloch-Lainé attendait des historien(ne)s qu’ils fassent honnêtement leur travail.
2On s’attachera à parcourir de nouveau les relations entretenues entre François Bloch-Lainé et les historiens, puis on s’attardera sur ses apports spécifiques relatifs à quelques questions majeures propres à l’histoire du xxe siècle, avant de s’interroger sur sa trajectoire, tout à la fois figure emblématique d’une génération, mais, dans le même temps, personnalité à bien des égards singulière.
I. FRANÇOIS BLOCH-LAINÉ ET LES HISTORIENS
3Il s’est établi un dialogue de plus de deux décennies entre François Bloch-Lainé et quasiment deux générations successives d’historiens. En 1966, il a déjà été confrontéw à l’histoire, à travers l’élaboration de l’ouvrage collectif rédigé par Roger Priouret pour le cent cinquantième anniversaire de l’établissement qu’il dirigeait depuis treize années, la Caisse des dépôts. Dans une postface, certes politique, il n’hésitait pas à inscrire sa réflexion dans l’histoire longue d’un siècle et demi de finances publiques et privées1.
4Mais le dialogue véritable avec les historiens de profession commence en 1978. Plus exactement peu après la publication de Profession : fonctionnaire, lorsque la curiosité scientifique de Jean Bouvier est alertée par les analyses de l’auteur sur « le tournant français des années 1940, sur ce passage du malthusianisme à l’expansion qui a renouvelé le bail des responsables de nos entreprises alors qu’il semblait devoir le dénoncer, parce qu’il les a décidés à temps au changement nécessaire2 ». Ce dernier propose alors à François Bloch-Lainé de réfléchir à ce qui deviendra, avec le concours de l’Institut d’études politiques de Paris et la Fondation nationale des sciences politiques, le colloque de décembre 1981, inédit, sur « la modernisation de la France de 1944 à 1952 », pour lequel tous deux ont présenté une contribution conjointe et dialoguée sur « l’État et l’investissement de 1947 à 1952 »3. De ce dialogue alors amorcé, puis complété et approfondi ensuite, naît, cinq années plus tard, leur commun ouvrage, La France restaurée, 1944-1954. Dialogue sur les choix d’une modernisation4. Jean Bouvier y propose aux réactions du témoin-acteur les analyses des historiens, dont la sienne, sur ce passage des années maudites de la Dépression et de la guerre à l’amorce de la Grande Croissance, et sur le rôle des responsables, administratifs et politiques, dans ce processus : « restauration », « récupération », « renaissance » ? François Bloch-Lainé, tout en reconnaissant combien les désillusions de la Libération ont pu prendre pour certains contemporains les traits d’une « restauration », au sens sociopolitique utilisé par Claude Bourdet dans ses Mémoires, opte in fine plutôt pour la « récupération » ou la « renaissance » d’une société revigorée.
5On peut suivre alors les principaux jalons d’une cohabitation qui n’a plus cessé. 1983-1985 : témoignages et réflexions lors des deux colloques sur le Plan et la planification organisés à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP)5. 1988 : préparation et conclusion du colloque Pierre Mendès France et l’économie, auquel Jean Bouvier, disparu peu auparavant, devait participer6. Témoignage et dialogue dans Vichy et les Français en 19907. 1989-1991 : juré de notre thèse et préfacier de l’ouvrage qui en est issu sur la « conversion » des financiers publics des années 1930 et 19408. 1992-1994 : participation active au groupe de travail sur l’histoire du Trésor réuni au Comité pour l’histoire économique et financière. 1995-1996 : dialogue avec Claude Gruson, précédé de nombreuses discussions, dont la mise en forme par Pascale Gruson conduit à la publication de Hauts Fonctionnaires sous l’Occupation9.
6François Bloch-Lainé, on le sait, aimait la compagnie des historiens. Non pas pour que ceux-ci valorisent ou a fortiori célèbrent son action. Il n’avait guère besoin d’eux pour cela. Mais pour l’aider à mieux assurer ce qu’il appelait l’« utilité sociale des survivants », et notamment à réfléchir aux erreurs commises dans le passé en matière de politique financière, économique ou monétaire afin de transmettre quelques enseignements aux éventuels successeurs. Il savait d’emblée reconnaître les spécificités des points de vue de l’historien et de l’acteur de l’histoire qui, ne raisonnant pas à la même aune, rendent compte de manière distincte des réalités identiques. Son attente à l’égard des historiens n’était d’ailleurs pas mince : « Les historiens, proposait-il dans la préface mentionnée plus haut, ne rendent vraiment service aux décideurs qu’en bardant les annales de théorie10. »
7Alors que, en 1989-1991, j’avais repris à mon compte l’opposition – qui rejoint celle qui sépare acteurs et historiens – proposée par Jean Bouvier entre l’histoire « froide » et l’histoire « chaude » à propos des années 1940-1944, il signalait, dans la même préface, être « impressionné » par cette distinction : « Les héros de l’histoire chaude sont peu conscients de l’histoire froide. Bien troublante est, en effet, la question de la lucidité – immédiate ou à retardement – de ceux qui font ou croient faire l’événement11. »
8Ce n’était en rien la reprise de la métaphore de Fabrice del Dongo à Waterloo, car lui n’était pas un intrus égaré sur le champ de bataille, mais bel et bien un acteur majeur d’une certaine histoire en train de se faire. C’est bien plutôt l’expression de la difficulté, mais aussi de l’intérêt, toujours manifesté par lui, de comprendre autrement, en changeant d’échelle, sur une durée plus longue ou avec des dimensions plus vastes, les événements auxquels il avait pu participer, mais dont il n’avait pas la faiblesse de croire que cela l’autorisait ipso facto à en tirer seul toutes les significations. Il avait eu d’ailleurs, chemin faisant, l’occasion de constater que l’histoire écrite a posteriori pouvait, en changeant de focale, s’écarter quelque peu de celle qu’il avait vécue ou cru vivre à chaud.
9Sur plusieurs points, François Bloch-Lainé a ainsi honnêtement confié que son esprit avait été alerté par les historiens afin de rectifier certaines idées reçues : sur le fait que la France, contrairement aux affirmations rapides et récurrentes des hauts fonctionnaires de sa génération sur le « passage de Méline à Monnet » – suivant la formule de son ami Claude Gruson – n’avait pas été unanimement malthusienne avant 1945 ; que certaines des innovations de l’après-guerre avaient pu être conçues, mûries ou préparées pendant ou avant la guerre ; et que les renouvellements de l’après-guerre n’ont pas empêché certains retours en arrière, même si, au fond, la « récupération » semblait l’emporter sur la « restauration ». Ajoutons même qu’il n’était pas indifférent à l’analyse selon laquelle la poignée de hauts fonctionnaires qui, comme lui, s’étaient ralliés à la Résistance et s’étaient « convertis » à des pratiques financières novatrices avaient ainsi, quoique ou parce que minoritaires, contribué à effacer quelque peu le discrédit qui frappait les élites publiques dans l’immédiat après-Libération, et ainsi à assurer leur « récupération »12.
10Mais tout cela est désormais bien connu.
11Certes, chacun dans ce dialogue conservait son rôle et ses outils propres d’analyse, mais le point de rencontre incontestable était le souci commun de donner du sens à une histoire qui – ce n’est pas le cas chez tous les acteurs-témoins – était conçue de part et d’autre comme débordant l’expérience ou la perception des décideurs, fussent-ils remarquables. Dès 1966, François Bloch-Lainé indiquait avec une certaine humilité, à propos de son propre rôle à la tête de la Caisse des dépôts : « Les hommes ne peuvent jamais faire que ce que les circonstances autorisent13. » Phrase à laquelle les historiens peuvent souscrire sans sourciller et par laquelle le débat peut s’engager sur de bonnes bases à propos des marges de manœuvre, nécessairement limitées, des décideurs publics.
II. FRANÇOIS BLOCH-LAINÉ ET L’HISTOIRE DU SECOND XXE SIÈCLE
12Les huit contributions qu’on vient de lire élargissent singulièrement l’horizon où l’on a parfois limité l’action de François Bloch-Lainé. La part de sa carrière la mieux connue jusque-là, et la plus étudiée, correspond aux années où il a exercé son autorité sur la direction du Trésor. Mais on a vu que, en amont et en aval, il a été amené à exercer bien d’autres fonctions et à côtoyer des acteurs sociaux et politiques de nature fort diverse. Et sa trajectoire au travers d’institutions, d’établissements et de pratiques multiples nous éclaire sur certains pans essentiels de l’histoire de l’économie et de la société françaises de ce second xxe siècle.
13Par commodité, on distinguera successivement ses apports quant à l’histoire des relations entre État et économie, puis à celle de l’entreprise, enfin à celle des associations et de la démocratie.
L’État et l’économie
14À un certain stade du développement du capitalisme en France et des institutions politiques lors des trois décennies – des années 1950 aux années 1980 – qui parcourent les deux républiques, les pratiques et réflexions de François Bloch-Lainé nous éclairent sur les relations complexes qui se sont tissées, souvent de longue date, entre État et économie. Celui-ci se prononce continûment pour une action raisonnée des autorités politiques et administratives à un moment où l’État dispose encore de nombreux leviers monétaires, économiques et financiers pour assurer l’« expansion », comme on avait coutume de dire dans les années 1950 et 1960. Action pas seulement de l’appareil central, mais aussi de ses satellites – la Caisse des dépôts, à cet égard, apparaît comme l’un des plus puissants – et des divers relais de l’État qui s’interposent entre les pouvoirs publics et les citoyens. Seule cette action est garante, à ses yeux, du bon usage de l’argent public et privé.
15À cette fin, il a soutenu que l’administration traditionnelle, celle des Finances et des ministères techniques, pouvait jouer un rôle bénéfique. Sous une double condition : être fortement rénovée de l’intérieur, ainsi qu’il s’est employé à proposer de multiples projets au sein de ce vaste chantier de la « réforme de l’État »14 ; et se trouver aiguillonnée par de nouvelles « administrations de mission », dont l’une des plus utiles a été le Commissariat général au Plan, institution propre à assurer doublement le relais avec la société civile, à travers le contrôle des représentants des grandes forces sociales dans les commissions de modernisation et celui des parlementaires des assemblées.
16La polémique suscitée par l’arrivée d’Antoine Pinay Rue de Rivoli en 1952, puis une certaine vulgate transmise à sa suite ont présenté François Bloch-Lainé comme un « fiscalo-dirigiste ». Plusieurs des contributions qu’on vient de lire montrent, même à propos de son passage à la direction du Trésor, que la question apparaît plus complexe, et d’ailleurs de ce fait plus intéressante. Si on prête, comme on a tenté de le faire, attention aux décisions, pratiques et réflexions de François Bloch-Lainé sur la longue durée, on peut, semble-t-il, en tirer un triple enseignement.
17D’abord, le débat idéologique sur le « plus » ou « moins d’État » – qui, assurément, n’est déjà pas neuf en 1950 – ne le passionne guère et, surtout, se trouve fortement décalé, déphasé par rapport aux pratiques effectives des hauts fonctionnaires ou des hommes politiques en charge des affaires économiques et financières, qui se retrouvent soumis à de multiples contraintes rétrécissant ainsi d’autant leur marge de manœuvre politique. François Bloch-Lainé ne s’est jamais, ni naguère, ni récemment, montré un partisan systématique du « plus d’État », pas même lorsqu’il était directeur du Trésor au plus fort du financement public massif des grands investissements économiques, en 1948-1949. Il a abordé la question sous trois angles distincts.
18En premier lieu, l’important à ses yeux porte bien davantage sur l’usage final des capitaux passant par la sphère publique. Il n’a jamais pensé que la propriété – publique, en l’occurrence – du capital pouvait déterminer a priori la justesse de ses usages, voire a fortiori la justice. D’où d’ailleurs ses réserves, contemporaines et postérieures, à l’égard des nationalisations, en particulier bancaires, de l’année 1945. Il a toujours pensé que l’État disposait de leviers suffisants pour orienter la politique du crédit sans s’embarrasser d’acquérir le capital des grandes banques de dépôts.
19Mais loin d’avoir freiné une évolution vers des formes de financement plus orthodoxes, François Bloch-Lainé l’a plutôt accompagnée tout en tenant compte des contraintes du moment. « Par suite des circonstances générales et des hasards de ma propre carrière, confie-t-il en 1969 alors qu’il dirige le Crédit lyonnais, il se trouve que certains problèmes de financement se sont déplacés, en même temps que moi15. » De la fin des années 1940 à celle des années 1960, il est vrai que les marchés de l’argent se sont développés de telle manière qu’on est passé du financement direct des investissements par le Trésor à celui des investissements « débudgétisés » par des organismes parapublics comme la Caisse des dépôts, puis à la prise en charge par le secteur bancaire concurrentiel. La trajectoire nous éclaire effectivement sur la dynamique d’ensemble des modes dominants de financement, pour lesquels François Bloch-Lainé se trouvait à chaque étape au bon poste d’observation et d’action.
20Ensuite, avant même la période de « débudgétisation » des années 1950, il préconise parfois le « faire faire » plus que le « faire », et récuse l’opposition radicale entre État et marché, dès le moment où des institutions publiques comme le Trésor, la Caisse des dépôts ou le Plan agissent bien dans les deux territoires sans nécessairement franchir une frontière bien tracée.
21Enfin, il récuse à juste raison le fait qu’il y aurait adéquation mécanique entre la gauche politique et l’engagement économique accru de l’État, ou, de manière symétrique, la droite et le désengagement. Le maximum du financement public des investissements de base, on l’a dit, est bel et bien atteint en 1948-1949, alors que Maurice Petsche – sans doute le ministre des Finances situé le plus à droite depuis 1945 et au-delà – siège Rue de Rivoli. Et, plus largement, on sait que le secteur nationalisé, en particulier dans l’énergie et principalement le pétrole, n’a cessé de croître, par le développement de filiales, du temps des majorités composées de la droite et des gaullistes jusqu’en 198116.
22Second apport, François Bloch-Lainé insiste fréquemment sur plusieurs des facteurs qui viennent limiter la marge de manœuvre des décideurs et ainsi tempérer l’appréciation qu’on peut porter sur leur action. Il souligne à plusieurs reprises la comoedia constituée par les jeux de rôles occupés par les responsables des divers segments de l’appareil économique et financier de l’État, qui restreignent d’autant la latitude des acteurs. La nécessité d’affirmation de sa fonction ou de son territoire s’impose le plus souvent comme première exigence au directeur d’un service ou d’un établissement. De surcroît, beaucoup de débats s’avèrent fortement tributaires de l’inertie même de décisions antérieures – notamment la mise en route de grands programmes à moyen ou long terme de structures lourdes – qui souvent ne laissent à la décision qu’un résidu peu significatif. Ainsi, entre la logique fonctionnelle et la logique de l’amont, les décideurs se trouvent bel et bien placés sous une double contrainte, dont il convient en bonne méthode de donner la mesure. Il en est ainsi par exemple, selon lui, de la lutte qui souvent se déroule essentiellement sur un théâtre d’ombres, entre le Pape et l’Empereur – entendons, à la suite de Wilfrid Baumgartner, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque de France –, à propos de la politique monétaire sous la IVe République, pour laquelle « la tradition voulait que chacun des personnages de la tragi-comédie restât dans sa fonction rituelle »17.
23Cependant – troisième face de la question – François Bloch-Lainé croît dans un État impartial, apte à arbitrer d’autant plus que les ressources sont rares et les forces du marché inorganisées ou insuffisantes. L’État peut ainsi agir comme une force subsidiaire. Mais, pour ce faire, l’État doit multiplier les structures de concertation, internes à l’administration – comme la Commission des investissements ou le Conseil du FDES – et externes – comme les commissions de modernisation du Plan, incluant experts, patrons et syndicalistes. Il reconnaît sans doute les mérites du marché et les lourdeurs de l’État, mais pas en toute circonstance. Certes, il insiste, dans ses derniers textes en particulier, sur le fait que le droit administratif et la Comptabilité publique peuvent fréquemment gêner l’innovation18. Mais il pense également que les hauts fonctionnaires peuvent et doivent manifester des qualités spécifiques pour assurer le « bon usage de l’argent », qui ne peuvent être identiques à celles qui s’avèrent nécessaires pour exercer le « commerce de l’argent »19.
24Sans doute ces réflexions sont-elles propres à une société et une économie qui sont celles des trois décennies qui séparent la fin de la Seconde Guerre des turbulences de l’orée des années 1980. À une époque où en France les marchés – monétaire, financier, hypothécaire… – s’avèrent insuffisamment constitués ou affaiblis, où il existe encore une relative fermeture des frontières, en particulier pour les mouvements de capitaux, et où une forte croissance repose sur ce que certains économistes ont dénommé, pour l’opposer à une « économie de marché », une « économie d’endettement ». Mais, grâce au Plan, à la Comptabilité nationale, il était possible de fixer un horizon explicite à moyen terme sur lequel les partenaires sociaux pouvaient établir des « conventions bien délibérées », formule soigneusement choisie par François Bloch-Lainé pour caractériser ainsi le consensus social tissé autour de la croissance, de la productivité et des grands équipements sociaux qu’il appelait de ses vœux. À cet égard, je l’ai entendu, trente années plus tard, déplorer encore l’échec de la « politique des revenus », sorte de « troisième voie » qui aurait, selon lui, heureusement parachevé les orientations du IVe Plan dans la première moitié des années 1960 et amorcé un véritable pacte social autour de la croissance d’alors. Dès l’élaboration du Ve Plan, ces perspectives se sont éloignées, et cela de manière durable dans un monde qui lui-même se transformait.
25On aura sans doute constaté dans cet ouvrage la part, somme toute faible, consacrée à des analyses relatives au parcours de François Bloch-Lainé en rapport avec les questions internationales.
26Néanmoins, l’étude de sa mission en Indochine en 1945-1946 laisse bien entrevoir les tensions qui s’exercent chez lui entre la volonté modernisatrice et réformatrice, qui témoigne de cet état d’esprit de la Libération, et, d’autre part, son souci de respecter la tâche qui lui a été confiée de rétablir la souveraineté monétaire et financière de la France20. Plusieurs années plus tard, son ouvrage, alors remarqué et bien connu aujourd’hui, sur la zone franc témoigne d’une étape supplémentaire dans ses réflexions en vue de réformer les relations entre l’Union française et la métropole à un moment – 1954 – où la puissance coloniale de la France apparaît ébranlée en Indochine et bientôt en Afrique du Nord.
27On n’a pas non plus repris ici sa pratique et ses analyses à l’égard de la puissance financière américaine lors des années du plan Marshall (1947-1952) – qui correspondent exactement à la durée de sa responsabilité à la tête de la direction du Trésor – tant cet épisode apparaît désormais étudié sous ses multiples aspects dans plusieurs publications. Plus neuves en revanche apparaissent ses réflexions sur son souci de tisser des liens entre banques européennes de dépôts alors qu’il dirige le Crédit lyonnais.
28Mais il est vrai que, sur l’ensemble de son parcours professionnel et militant, les questions nationales ont occupé la plus grande part. Trace sans doute, on l’a vu, de la force encore majeure du cadre national et du poids de l’État dans l’économie et le système monétaire et financier.
L’entreprise
29Dans l’ouvrage qu’il publie en 1963, Pour une réforme de l’entreprise, François Bloch-Lainé, non sans convergence avec Michel Rocard, Jacques Delors ou Jean Ripert, manifeste alors le souci d’associer dans l’entreprise le capital, le savoir et le travail. En guise, une fois encore, de troisième voie sous le signe du partage. On comprend que le général de Gaulle ait cru, lors de la célébration du cent cinquantenaire de la Caisse des dépôts en octobre 1966, y reconnaître des éléments de l’« association » telle que lui-même l’entendait alors.
30On dénote chez François Bloch-Lainé le souci de faire ainsi converger quelque peu l’entreprise publique, sous la condition que celle-ci soit dotée d’une autonomie accrue, précédant en cela les orientations du rapport Nora – de peu postérieur –, et l’entreprise privée, elle-même réformée dans le sens d’un plus grand partage des bénéfices et d’un contrôle accru de ses dirigeants. Sans toutefois accorder un grand crédit aux sociétés d’économie mixte, qui, il l’a répété à maintes reprises, avaient tendance à cumuler les inconvénients des deux systèmes. De même que la société dans son ensemble, à l’échelle macro-économique, trouvait dans le Plan un horizon de convergence entre grandes forces sociales, de même l’entreprise, à l’échelle micro-économique, devait fournir le lieu d’accords concrets plus limités, néanmoins tout aussi utiles, entre actionnaires, dirigeants, cadres et salariés. On a pu le constater dans sa propre pratique de dirigeant d’une entreprise, certes nationalisée, comme le Crédit lyonnais21.
31Sans doute, lors de leur publication, ces réflexions font-elles quelque peu figure de wishful thinking, et la troisième voie ainsi proposée à l’aube des années 1960 se trouvait assez largement en porte à faux avec les convictions dominantes des forces patronales, syndicales – à l’exception de la fraction Reconstruction de la CFTC, puis de la CFDT – et politiques, malgré des soutiens de qualité mais minoritaires, allant des gaullistes réformateurs aux mendésistes et à la seconde gauche.
32De plus, on a pu percevoir que, dans sa pratique au Trésor, à la Caisse des dépôts ou au Crédit lyonnais, François Bloch-Lainé a pu envisager diversement la place de l’entreprise, et ce non sans souplesse. En particulier, par la coopération entre entreprises privées, publiques et semi-publiques – telle qu’elle a pu se développer largement autour des filiales de la CDC –, mais aussi, on a pu le constater, par des formes différenciées et souples de financement des entreprises nationalisées22, comme dans le cas de Renault notamment23.
33En outre, François Bloch-Lainé a le plus souvent fait l’éloge, en matière d’entreprise, de la grande dimension et des économies d’échelle, par rejet, on l’a dit, de l’apologie du « petit » ou du « moyen », si répandue chez les hommes politiques ou les hauts fonctionnaires, voire les entrepreneurs des années 1930. Mais aussi par souci de voir grand, afin de disposer de la force de frappe financière suffisante dans des domaines où les concurrents étrangers n’hésitaient pas, eux, à défendre les firmes de grande taille, tout particulièrement dans le domaine des assurances ou de la prévoyance24. On jugera de la pertinence actuelle du propos.
L’association et la démocratie
34De manière neuve dans cet ouvrage, on a pu mesurer, archives à l’appui, combien, sur l’ensemble de sa vie personnelle et publique, François Bloch-Lainé a manifesté un attachement continu au monde associatif. Certes, les temps forts de ces liens se manifestent aux deux pôles de sa vie25. Le christianisme social et le scoutisme des années 1920 dans sa jeunesse. Et, dans les années 1980 et 1990, à la suite de Nationaliser l’État, à l’heure d’une retraite précoce, la présidence de nombreuses fondations et de l’UNIOPSS, fédérant l’intervention du secteur privé non commercial dans le domaine de la santé et de l’action sociale.
35Mais, dans l’intervalle, et en particulier lors de son long mandat à la tête de la Caisse des dépôts (1953-1967), il a également manifesté son intérêt en créant plusieurs associations en rapport avec ses services, en particulier pour le logement social, l’équipement du territoire, ou encore les Villages Vacances Famille (VVF) et l’aide aux familles des cités nouvelles. Et, de surcroît, la CDC elle-même a assuré durant ces années des subventions à de multiples associations de nature fort diverse. On repère ainsi une nette continuité dans les idées sur le sujet, d’ailleurs réaffirmées avec force dans les derniers écrits.
36Pour lui, l’association représente un élément constitutif de la démocratie, sorte de troisième pôle qui n’est ni l’État, ni l’entreprise. Incarnation de ce tiers secteur, l’association est destinée à assurer des formes de solidarités complémentaires de celles, sans doute plus massives mais aussi plus rigides, assurées par la puissance publique – toujours selon un principe de subsidiarité – en groupant des intérêts intermédiaires, évitant ainsi de laisser l’individu isolé face à l’État. Les associations présentent les avantages de la souplesse des avant-gardes légères et des contrats entre personnes, afin que « les choses utiles socialement se fassent26 ». Celles-ci s’organisent en dehors des fonctionnaires et des marchands, en ne se fondant ni sur le droit public, ni sur le droit commercial : une autre forme de troisième voie !
37Mais François Bloch-Lainé, en particulier au soir de sa vie, ne masquait pas les difficultés, dans une société où les marchands et les fonctionnaires peuvent néanmoins, selon les activités, peser lourd, de faire vivre des associations où, de surcroît, se côtoient parfois non sans tension des salariés et des bénévoles. Difficultés à la fois en termes d’efficacité et d’éthique qu’en toute lucidité il ne cherche pas à masquer…
III. FRANÇOIS BLOCH-LAINÉ, FIGURE EMBLÉMATIQUE, MAIS ORIGINALE D’UNE GÉNÉRATION SINGULIÈRE DE HAUTS FONCTIONNAIRES
La figure emblématique d’une génération singulière
38François Bloch-Lainé prend place dans ce troisième quart du xxe siècle parmi ces hauts fonctionnaires nés peu avant ou peu après la Première Guerre mondiale, qui ont cumulé sur trois décennies après 1945 de hautes responsabilités administratives en matière économique et financière, et dont quelques-uns seulement sont devenus des hommes politiques. Mentionnons, pour se limiter à ceux qu’il a lui-même cités, Guillaume Guindey, Roger Goetze, Pierre-Paul Schweitzer, Paul Delouvrier, Michel Debré, Claude Gruson, Pierre Guillaumat, André Ségalat.
39Comme plusieurs d’entre eux, François Bloch-Lainé a pu valoriser un atout initial, à savoir la participation, tardive et limitée, on l’a vu, mais réelle, à la Résistance27. Cette expérience faisait d’eux de brillantes exceptions dans le monde administratif d’alors. Et seule cette référence, d’autant plus précieuse qu’elle était minoritaire, leur a permis une promotion accélérée et, comme en retour, une autorité de longue durée leur assurant à la fois une certaine longévité et une relative indépendance. Sans toutefois empêcher, dans le cas qui nous occupe, la disgrâce sévère trois décennies après la Libération…
40En outre, il se trouve que ces hauts responsables manifestent, sur le terrain économique et financier, un certain nombre de vues convergentes.
41Ils ont en partage une réaction négative à l’égard des principes de leurs prédécesseurs quant à l’action en matière économique et financière, principes qu’ils ont pourtant appris avant la guerre à l’École libre des sciences politiques et à la faculté de droit28. Ils substituent – non sans subir l’influence, de plus en plus explicite après 1945, de Keynes – la hantise de la stagnation, de la dépression, du chômage et de la déflation à celle de l’inflation monétaire et des déficits, transmise par leurs maîtres. La relève des financiers publics à la Libération et dans les années qui suivent fait ainsi figure de résultante d’une double transgression, celle de l’action, ou du moins de la participation résistante, et celle de la doctrine.
42Ils se reconnaissent dans un volontarisme actif, accompagné du souci de la prévision macro-économique, de la fixation de grands programmes et de grands équipements à moyen terme, de ces « structures lourdes » dont parle Claude Gruson dans son ultime ouvrage et qui impliquent de fixer un horizon29. François Fourquet en a tracé une partie de la saga dans ses Comptes de la puissance30.
43La vulgate présente souvent ces hommes comme de grands technocrates. Sans doute, au sens où la longévité de leurs fonctions leur a assuré une continuité qui a pu manquer aux hommes politiques, du moins sous la IVe République. Néanmoins, on le sait, même avant 1958, un petit nombre de responsables politiques occupent souvent les mêmes postes ministériels, dont celui de la Rue de Rivoli, ce qui vient singulièrement tempérer les effets de l’instabilité gouvernementale. Sans doute aussi, dans la mesure où ces hauts fonctionnaires ont bénéficié d’une place privilégiée dans l’élaboration et l’exécution des grands choix décisifs de développement économique et social de l’après-guerre.
44Mais il convient de retoucher quelque peu la vulgate, au moins sur deux points.
45Ces hommes ne sont pas dirigistes par principe. Pour eux, on l’a dit, le marché a sa place. Mais il est vrai que dans le domaine financier le marché a fourni des ressources longtemps insuffisantes et sans rapport avec les besoins du rattrapage de l’heure, même dans les années 1960. Et s’ils insistent sur le rôle de l’État, au nom de l’intérêt général, c’est souvent sur un mode limité ou mineur, en faveur plutôt du contrôle, de la prévision ou de l’arbitrage.
46En outre, ce sont, à tout le moins davantage que leurs prédécesseurs, des démocrates. Dans la mesure même où ils ont été marqués par le régime de Vichy qui, en faisant la part belle aux techniciens dans des fonctions politiques, a disqualifié pour longtemps la figure du technocrate, fort de sa seule compétence et indifférent au débat public ou aux implications politiques de ses actes. Pour eux, le dernier mot revient, nolens, volens, au Parlement et au gouvernement, quelle que soit l’instabilité que d’ailleurs ils ne manquent pas de déplorer, mais aussi à une forme nouvelle de démocratie, le Plan.
47François Bloch-Lainé partage la plupart des traits de ce portrait-robot. Sans doute ce portrait relève d’un temps et d’un capitalisme qui ne sont plus tout à fait les nôtres. François Bloch-Lainé, comme les responsables cités, s’est continûment montré réticent à ce qu’il nomme un « anticapitalisme de principe », contraire, à ses yeux, à l’expérience comme à l’efficacité. Mais dans ses derniers textes, il met en garde contre les effets en retour de la disparition totale de l’anticapitalisme, qui ne préserve plus la société de travers graves, tels que le pouvoir excessif des hauts dirigeants des firmes privées, qui peut se traduire par des rémunérations exagérément élevées et par l’opacité des combinaisons financières et des jeux de pouvoir31.
48À cet égard, François Bloch-Lainé apparaît emblématique d’une génération qui a connu un capitalisme à la fois suffisamment ancien mais revigoré par les réformes de l’après-guerre, tout en étant doublement tempéré par un secteur public et nationalisé fortement guidé par des intérêts collectifs et par un anticapitalisme diffusé dans la société au point de susciter des contre-pouvoirs et de freiner les abus ou les tentatives d’abus de pouvoir économique et financier.
La cohérence d’une histoire singulière au cœur d’identités multiples
49Figure emblématique de cette génération singulière, François Bloch-Lainé conserve néanmoins, semble-t-il, sur la longue durée des traits qui lui sont propres. Malgré la continuité de ses attachements, par la diversité même de ses positions et de ses pôles d’intérêt, il brouille quelque peu les pistes par rapport aux traits dominants des hauts fonctionnaires de son temps. Et bien qu’il partage nombre de convictions propres à cette génération, il manifeste aussi l’originalité d’une trajectoire personnelle.
50Du point de vue de sa culture politique, François Bloch-Lainé n’apparaît pas isolé. Incontestablement, sur la longue durée il demeure marqué par ses premières armes dans le christianisme social et apparaît proche de la démocratie chrétienne, avec, sans doute, un glissement, tel un Pierre Mendès France – mais lui est issu de la famille laïque et radicale –, vers une coloration socialisante à partir des années 1960. Ajoutons une influence keynésienne, consolidée selon ses dires par la fréquentation de son ami Claude Gruson, dont il héberge le Service des études économiques et financières (SEEF) au Trésor à partir de 1950, ainsi qu’une expérience éphémère et commune de côtoiement du pouvoir lors du gouvernement de Pierre Mendès France.
51Dès lors, il rencontre dans plusieurs cercles des représentants de la deuxième gauche syndicale et politique avec lesquels il partage plusieurs convictions fortes. Notamment son souci de prendre appui, outre sur les politiques et équipements publics, sur les forces organisées de la société civile. Cela ne le distingue pas nécessairement de plusieurs des hauts fonctionnaires de sa génération. Au total, il a en partage avec nombre d’entre eux le fait de se montrer tout à la fois réformateur et réformiste. Réformateur, au sens où il convient d’amender les institutions et les grands équilibres de l’intérieur. Et réformiste, en ceci que les changements adéquats évitent ainsi de grands bouleversements et font l’économie des remises en cause radicales et des dégâts qui, selon lui, les accompagnent. Plus largement, il avoue, au rebours du « sectarisme de substitution brutale […], [croire] à une récupération permanente des privilégiés de la naissance grâce à des mouvements de pensée et des pratiques généreuses, loin des bonnes consciences trompeuses32 ».
52Au fond, cette « récupération » des élites, vécue concrètement dans l’effervescence de 1944, prenait, semble-t-il, pour lui une valeur généralisable, en faisant fonction de contre-poison aussi bien à la réaction conservatrice qu’à la révolution sociale.
53Trois composantes de son parcours donnent cependant à celui-ci une coloration originale au sein de la génération singulière mentionnée.
54« Mon histoire n’est significative qu’après 194433. » La Libération, on l’a dit, est pour François Bloch-Lainé l’occasion de la prise de conscience durable d’une triple défaillance des élites, manifeste parfois depuis 1930 et aggravée en 1940 : technique, du fait de l’incapacité à prendre des mesures adéquates de lutte contre la crise ; mais aussi sociale, à cause de la régression matérielle, particulièrement cruelle pour les plus démunis ; et surtout – à ses yeux – morale, du fait des accommodements avec la politique d’exclusion, particulièrement antisémite, de Vichy. Sans doute ce dernier point, qui lui est très spécifique du fait de l’ostracisme qui atteint son père, rend particulièrement aigu chez lui le sentiment de la nécessité d’une « récupération » des élites, qui passe à la fois par un double souci d’éthique et de compétence.
55Deuxième originalité, la double abstention qu’il s’est imposée : se tenir à distance des affaires privées – d’où le refus de postes dirigeants dans des banques commerciales – et de la politique, avec l’esquive, à trois reprises, du poste de ministre des Finances, pourtant proposé par le Général. Cette double abstinence est apparue à nombre de ses collègues, d’alors et d’aujourd’hui, comme un trop lourd sacrifice à supporter. Mais cela ne l’a pas empêché, on l’a vu, de manifester le souci, dans l’administration, dans l’établissement public ou dans l’entreprise nationale, d’une ouverture sur l’entreprise et l’association.
56Enfin, et c’est là probablement l’essentiel, la « signalétique » qu’il propose dans ses derniers écrits révèle des identités multiples, dont la combinaison lui appartient en propre. Il se définit lui-même comme « un bourgeois, judéo-chrétien, qui penche à gauche34 ». On a pu découvrir chez lui le souci explicitement revendiqué de combiner de manière forte l’attrait pour des ouvertures et la fidélité aux origines, ce qu’il résume d’une phrase : « On est ce qu’on est, on fait ce qu’on veut35. » Il assume sans fard ses racines bourgeoises et son appartenance à l’élite administrative, et cela d’autant mieux qu’il les pense réformables, « récupérables » sans brutalité. Cela dénote chez lui la volonté affirmée d’assurer l’association entre sa filiation et sa position dans la société avec une aptitude à agir hors des normes dont il hérite. D’où ses sympathies récurrentes pour les tentatives multiples de « troisième voie » ou de « tiers secteur ».
57Ces doubles appartenances le conduisent lui-même dans ses écrits ultimes à s’interroger sur les formes de « duplicité » – sans nuance péjorative –, ou d’« ambiguïté », ou simplement d’ambivalence qu’elles impliquent. On proposera plutôt, quant à nous, le terme de « mixité », qui semble mieux convenir. Au sens où lui-même, issu d’un mariage mixte, quoique lointain – revendiqué par l’adjonction des deux noms –, est nourri d’une culture mixte, puisant dans le christianisme social et s’ouvrant aux perspectives socialisantes de la seconde gauche. Et sa carrière se déploie en grande part sous le signe de l’économie mixte dans la période de la Caisse des dépôts ou du Crédit lyonnais, voire dans le sens de la mixité sociale lors de son retour au monde associatif.
58Ces éclairages, nouveaux au moins pour partie, loin de clore les débats et de figer les traits du portrait, suscitent des questions et ouvrent sans doute des voies à explorer. Au moment de clore cet ouvrage, on comprendra sans peine que notre plus grand regret – le mot est faible – vient assurément du fait que François Bloch-Lainé n’ait pu, comme la bonne habitude en était prise depuis longtemps, nous livrer ses réactions et ainsi y être associé.
Notes de bas de page
1 François Bloch-Lainé, « Postface », in Roger Priouret, La Caisse des dépôts. Cent cinquante ans d’histoire financière, PUF, Paris, 1966, p. 421-439.
2 Idem, Profession : fonctionnaire, Le Seuil, Paris, 1976, p. 124.
3 Seule la partie du texte rédigée par Jean Bouvier a été publiée, in Jean Bouvier, L’historien sur son métier. Études économiques, xix-xxe siècles, Éd. des Archives contemporaines, Paris, 1989, p. 431-460.
4 Fayard, Paris, 1986.
5 Cf. De Monnet à Massé, Éd. du CNRS, Paris, 1985, et Planification en crises, Éd. du CNRS, Paris, 1988 (direction : Henry Rousso).
6 Odile Jacob, Paris, 1989 (direction : Michel Margairaz).
7 Fayard, Paris, 1992 (direction : Jean-Pierre Azéma, François Bédarida).
8 François Bloch-Lainé, « Préface », in Michel Margairaz, L’État, les finances et l’économie, 1932-1952. Histoire d’une conversion, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Paris, 1991, 2 vol., p. xi-xvi.
9 Odile Jacob, Paris, 1996.
10 François Bloch-Lainé, « Préface », op. cit., p. xvi.
11 François Bloch-Lainé, « Préface »…, op. cit., p. xii.
12 Ibid.
13 Idem, La Caisse…, op. cit., « Postface », op. cit., p. 435.
14 Cf., supra, la contribution de Florence Descamps.
15 François Bloch-Lainé et Roger Priouret, « Face à face avec François Bloch-Lainé », L’Expansion, juillet-août 1969, p. 125.
16 De ce point de vue, ses propos n’apparaissent guère éloignés de ceux de Jean Bouvier dans ses derniers textes. Celui-ci indiquait en 1986 que « le rôle de l’État, constant (il est la plus grande des grandes entreprises), ne mérite ni excès d’indignité, ni excès d’honneur… » (in Patrick Fridenson et André Straus (dir.), Le Capitalisme français, xixe-xxe siècles. Blocages et dynamismes d’une croissance, Fayard, Paris, 1987, p. 24 ; cf. également les pages suivantes, ainsi que les p. 31-32, introduisant la première partie, intitulée de manière explicite « L’État et l’économie, pour le meilleur et pour le pire »).
17 François Bloch-Lainé, Profession... op. cit., p. 114 ; cf. également idem et Jean Bouvier, La France restaurée, 1944-1954. Dialogue sur les choix d’une modernisation, Fayard, Paris, 1986, en particulier p. 171 sq.
18 Idem, Ce que je crois, Grasset, Paris, 1995.
19 Ibid.
20 Cf., supra, la contribution d’Hugues Tertrais.
21 Cf., supra, la contribution de Roger Nougaret et Alain Plessis.
22 Cf., supra, la contribution de Laure Quennouëlle-Corre.
23 Cf., supra, la contribution de Patrick Fridenson et Cyrille Sardais.
24 Cf., supra, notre contribution.
25 Cf., supra, la contribution de Claire Andrieu.
26 F Bloch-Lainé, Ce que je crois, op. cit.
27 Cf., supra, la contribution d’Alya Aglan.
28 Cf. F. Bloch-Lainé et C. Gruson, Hauts Fonctionnaires…, op. cit.
29 Cf. Claude Gruson, Propos d’un opposant obstiné au libéralisme mondial (1990-2000), Maison des Sciences de l’homme, Paris, 2001.
30 Encres-Recherche, Paris, 1980.
31 F. Bloch-Lainé, Ce que je crois, op. cit.
32 Ibid.
33 Ibid.
34 Ibid.
35 Ibid.
Auteur
Professeur d’histoire économique contemporaine à l’université de Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis, CNRS-IDHE (Institutions et dynamiques historiques de l’économie). Il est l’auteur de L’État, les finances et l’économie. Histoire d’une conversion (1932-1952), Comité pour l’histoire économique et financière, 1991, 2 vol. et le co-auteur (avec Dominique Larroque et Pierre Zembri) de Paris et ses transports. XIX-XXe siècles. Deux siècles de décisions pour la ville et sa région, Recherches, Paris, 2002. Il a également dirigé Banques, Banque de France et Seconde Guerre mondiale, Albin Michel, Histoire/Mission historique de la Banque de France, Paris, 2002 et co-dirigé, avec Olivier Feiertag, Politiques et pratiques des banques d’émission en Europe XVII-XXe siècles, Albin Michel, Histoire/Mission historique de la Banque de France, Paris, 2003 ; avec Alya Aglan et Philippe Verheyde, La Caisse des dépôts et consignations, la Seconde Guerre mondiale et le XXe siècle, Albin Michel, Histoire/Mission historique de la Banque de France, Paris, 2003. Enfin, il vient de diriger un numéro spécial de la Revue d’Histoire moderne et contemporaine sur « Le service public, l’économie et la République 1780-1960 », juillet-septembre 2005, 52-3.
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