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La politique européenne de Thatcher (1979‑1990). L’itinéraire d’un libéralisateur frustré ?

p. 165-181


Texte intégral

1Madame Thatcher n’est pas une proeuropéenne instinctive. Culturellement, elle se trouve mal à l’aise parmi ses homologues continentaux. Elle ne parle pas aisément de langues étrangères. Elle avait très peu voyagé en Europe continentale avant de devenir Premier ministre (ou depuis 1990). Pour elle, les moments forts du Royaume-Uni sont ceux de la résistance de son pays aux menaces venant du continent européen, soit seul, soit aux côtés de ses alliés anglophones. Ceci explique, en partie, son discours de 1999 dans lequel elle a déclaré que « in my lifetime all our problems have come from mainland Europe and all the solutions have come from the English-speaking nations of the world that have kept law-abiding liberty alive for the future »1. La liberté d’expression dans ce discours reflète, sans doute, l’absence de contraintes dont bénéficie une politicienne à la retraite. Mais les sentiments de base furent tout aussi présents en 1979 quand elle arriva au numéro 10 Downing Street, qu’en 1989 au sommet de ses propres batailles contre les « problèmes » européens ou encore qu’en 1999.

2Cette méfiance à l’égard de l’Europe devient encore plus frappante si on l’oppose aux rapports que Madame Thatcher a très vite établis avec le public et les dirigeants nord-américains. À Washington ou peut-être encore plus dans l’Amérique profonde, elle est à son aise et est appréciée comme elle ne l’a jamais été en France, en Allemagne ou en Italie – ses multiples interventions depuis 1990 sur le « lecture circuit » nord-américain en sont la preuve. L’étroit rapport personnel qu’elle noua avec le président Reagan et l’absence de liens personnels comparables entre Thatcher et les leaders européens de l’époque sont donc tout à fait en conformité avec ses attitudes envers les pays en question et ses goûts politiques et culturels.

3De plus, le style de la politique menée par Thatcher s’accorde très mal avec les réalités de la politique intérieure de la Communauté européenne. La « Dame de fer » préfère soit les conversations bilatérales, soit le débat parlementaire, car dans les deux cas de figure, elle peut tirer le maximum d’avantages de sa forte personnalité et de sa maîtrise indéniable de la complexité des dossiers. En revanche, elle n’aime pas les négociations multilatérales, la lente recherche d’un consensus, ni les multiples compromis qui caractérisent la politique communautaire2. Elle se méfie des diplomates – y compris ceux qui représentent le Royaume-Uni – et a bien peu de tolérance pour les lenteurs des sommets européens, et bien peu de respect pour les petits États, partenaires obligatoires au niveau des Dix (et en suite des Douze). Ni Bruxelles, ni les multiples rendez-vous des leaders européens ne constituaient donc son terrain de chasse préféré3.

4En outre, Thatcher était aussi très consciente que l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté européenne avait été la grande cause et le grand succès de son prédécesseur comme leader du Parti conservateur, Edward Heath. Les relations entre ces deux personnalités étaient très mauvaises – l’ancien Premier ministre n’avait jamais oublié que Thatcher était la grande bénéficiaire de son limogeage en 1975 – et Thatcher a donc eu intérêt à prendre ses distances à l’égard de ce qui fut le seul héritage visible de l’époque de Heath. Cela ne veut pas dire nécessairement qu’elle se sentit obligée de se défaire du projet de son rival ; mais les mauvaises relations entre Thatcher et Heath constituèrent une raison supplémentaire pour ne pas montrer trop d’enthousiasme pour le rôle de l’Angleterre à l’intérieur de la CEE.

5Malgré tous ces facteurs qui, dès 1979, encouragèrent Thatcher à adopter une approche assez négative envers la construction européenne, cette communication va essayer de montrer que la politique européenne du leader britannique ne fut pas entièrement destructrice. Bien au contraire, il y a eu de nombreux moments où l’Angleterre de Thatcher a cherché à utiliser, en sa faveur, le processus d’intégration européenne et s’est associée pleinement à ses partenaires continentaux dans les efforts pour dépasser l’eurosclérose de cette période jusqu’en 1985. L’historien américain, John Gillingham exagère sans doute en décrivant l’ancien Premier ministre anglais comme une des grandes forces créatrices de l’histoire de la construction européenne (et une des seules à ne pas tomber dans les erreurs dirigistes qu’il déplore), mais il est certainement vrai qu’un jugement de Thatcher qui va au-delà des stéréotypes s’impose4. Ce chapitre va donc essayer de décrire les aspects les plus positifs de l’approche de la Dame de fer avant d’expliquer pourquoi c’est finalement un héritage eurosceptique qu’elle laisse à ses successeurs.

I. Thatcher et la question du budget européen

6Durant ses premières années au pouvoir, Thatcher fut obligée de contrôler ses attitudes négatives à l’égard de la construction européenne pour toute une série de raisons. Tout d’abord, la construction européenne resta une cause populaire dans son parti et parmi les milieux d’affaires britanniques qui financèrent les conservateurs. Le remplacement de Heath par Thatcher en 1975 n’avait pas marqué la fin de la période pendant laquelle le parti du centre doit mériter pleinement sa réputation d’être « le parti de l’Europe » dans le contexte politique anglais. Dans le premier gouvernement de Thatcher, il y avait donc beaucoup d’hommes politiques de poids qui étaient connus pour leurs sentiments favorables envers la construction européenne. C’était le cas de Peter Carrington – le Foreign Secretary –, de Geoffrey Howe, le chancelier de l’Échiquier, de William Whitelaw, le Deputy Prime Minister, et de Francis Pym, le ministre de Défense5. Il est aussi vrai que beaucoup de membres des tories de la génération suivante se sentirent plus Européens que Thatcher elle-même : Nigel Lawson, Michael Heseltine, Douglas Hurd et Leon Brittan allaient tous démontrer à maintes reprises leur attachement à l’idée de « Britain in Europe » dans la décennie suivante. Il convient aussi de constater que les milieux d’affaires britanniques étaient presque unanimement en faveur de la construction européenne. Les plaintes de la Confederation of British Industry (CBI) ou de l’Institute of Directors (IOD) portèrent sur le manque d’activités européennes et non sur le fait qu’il y en avait trop. Même un leader fort comme Thatcher aurait donc hésité avant d’adopter une position sur la construction européenne trop éloignée des normes et des attentes de la plupart de ses proches politiques et de ceux qui financèrent son parti. Ceci était d’autant plus vrai dans la période entre 1979 et 1982 (c’est-à-dire avant la victoire des Malouines) quand Thatcher a dû faire face à une crise économique profonde et un taux de popularité assez bas.

7Au cours de cette période, Thatcher avait aussi des raisons plus positives de se montrer favorable à l’égard de l’Europe. L’une est liée à la guerre froide, car le Premier ministre britannique comprit les avantages d’une certaine solidarité entre les pays de l’Ouest européen au moment où le rapport entre les superpuissances devenait de plus en plus mauvais et où les pressions soviétiques sur l’Europe semblaient s’accroître. Au début des années 1980, l’Angleterre était donc en faveur d’une coordination plus étroite entre les États membres de la CEE dans le domaine de la politique étrangère, minimisant ainsi le risque de voir un ou plusieurs de ses partenaires agir d’une façon maladroite envers le Bloc oriental6. Et cette même solidarité politique devint encore plus appréciable en 1982 quand l’Angleterre se trouva soudainement plongée dans une guerre inattendue avec l’Argentine à propos des îles Falkland. Les pays membres de la CEE restèrent assez solidement derrière la position anglaise dans ce conflit. Le deuxième avantage potentiel de l’Europe que Thatcher reconnut, c’est celui d’un terrain possible pour une poussée libérale contre les entraves au commerce international. En 1981-1983, sur fond de crise économique assez généralisée en Europe, le temps n’était pas mûr pour lancer de grandes initiatives économiques à Bruxelles. Mais les Britanniques reconnurent que le traité de Rome offrait déjà un certain obstacle à une dérive protectionniste trop grande et pourrait servir comme véhicule de libéralisation dès que le climat économique s’améliorerait7.

8Il y avait aussi des avantages à tirer d’une position modérée envers la CEE du point de vue de la politique intérieure. Au début de la période Thatcher, le Parti travailliste s’orienta de plus en plus à gauche et s’opposa carrément à la construction européenne. Sous le leadership de Michael Foot, le Labour contesta ainsi les élections de 1983 sur une plateforme de retrait immédiat de l’Angleterre de la CEE. En même temps, plusieurs anciens membres proeuropéens du parti travailliste se réunirent derrière le leadership de Roy Jenkins, l’ancien président de la Commission européenne, pour former un nouveau parti centriste, le Social Democratic Party (SDP)8. Ceci favorisa une politique proeuropéenne qui dépassa largement les habitudes britanniques et, selon les sondages, les attitudes de la majorité des Anglais. Dans ces circonstances, Thatcher put positionner son parti comme le seul parti proposant une politique « saine » envers l’Europe et utiliser les questions européennes comme arguments montrant l’extrémisme des travaillistes en particulier.

9Dès son arrivée au pouvoir, Thatcher apprécia aussi de pouvoir se servir de l’Europe comme terrain sur lequel elle pouvait démontrer sa force politique et sa capacité à défendre les intérêts du Royaume-Uni. Ce calcul était au cœur de l’approche du nouveau Premier ministre sur la question de la contribution britannique au budget de la CEE – la célèbre BBQ (c’est-à-dire soit la British Budgetary Question, soit la Bloody British Question)9. La controverse à propos de la somme que les Anglais versent au budget communautaire n’est pas nouvelle. Depuis les années 1960, il était bien connu que la combinaison des règles financières de la Politique Agricole Commune (PAC), du nombre restreint d’agriculteurs anglais, des habitudes britanniques d’acheter une grande partie des denrées agricoles aux pays extérieurs à la CEE allaient certainement conduire à un versement massif (et probablement excessif) de la part des Anglais à la caisse commune10. Plusieurs gouvernements britanniques avaient déjà tenté de résoudre ce problème, notamment le gouvernement travailliste de Harold Wilson lors de la renégociation du traité d’adhésion en 197411. Mais la manière dont Madame Thatcher a agi pour la conquête de cet objectif bien établi était toute nouvelle.

10La campagne menée par le leader anglais commença par une déclaration à Luxembourg en octobre 1979 : « I cannot play Sister Bountiful to the Community »12. Mais, au cours de plusieurs réunions au sommet, la franchise et le manque de diplomatie manifestés par Thatcher furent très mal reçus par ses homologues. Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing en particulier furent très critiques. Le premier se vit contraint de faire semblant de s’endormir au milieu d’un des monologues thatchériens, le deuxième se sentit obligé d’appeler sa voiture pour quitter tôt et publiquement le Conseil européen de Dublin13. Tous les diplomates du Foreign Office furent aussi choqués et certains ministres britanniques essayèrent, avec des méthodes plus traditionnelles, d’obtenir le même résultat14. La position de Jenkins, à tête de la Commission européenne pendant la première période de la croisade de Thatcher, devint très délicate. De plus, le dossier budgétaire domina les discussions européennes pendant plusieurs années, entravant ainsi tout espoir de relance européenne. Ce ne fut qu’au sommet de Fontainebleau, en juin 1984, que l’affaire fut finalement réglée au moyen d’un abattement de la contribution britannique – la célèbre « British rebate ».

11Vu avec un certain recul historique ce comportement de « fille d’épicier » – formule utilisée par un des participants du sommet de Dublin n’a pas vraiment porté préjudice à la position de Thatcher15. Il est vrai que ses rapports avec Schmidt et Giscard eurent à en souffrir. Mais tous deux quittèrent le pouvoir assez tôt après. Ses relations avec les nouveaux poids lourds de l’Europe occidentale – François Mitterrand et Helmut Kohl – furent beaucoup moins touchées. Le président français reçut même un certain crédit auprès de Thatcher du fait de ses efforts pour résoudre le problème pendant la présidence française dans la première moitié de 1984 – efforts qui furent finalement couronnés de succès au sommet de Fontainebleau. En s’investissant autant au niveau européen, le Premier ministre anglais montra qu’elle était engagée dans le processus de la construction européenne. Cela créa une certaine attente parmi ses interlocuteurs continentaux qui pensèrent qu’une fois résolu le problème budgétaire, l’Angleterre adopterait une attitude plus constructive à l’égard d’une éventuelle relance européenne. Ce n’est donc pas une coïncidence que ce fut précisément à Fontainebleau en juin 1984 que les Britanniques firent circuler un document du Foreign Office, Europe – The Future, qui contenait des idées en vue de développer de nouveaux efforts européens dans la coordination des politiques étrangères, dans la politique environnementale, et, dans la création d’un vrai marché unique débarrassé de toutes les multiples barrières non tarifaires16. Un peu comme l’expérience de Mitterrand après le changement de cap économique de 1982-1983, un sévère problème européen, une fois résolu, devint une puissante raison supplémentaire pour pousser en avant la construction européenne justifiant ainsi les sacrifices et les efforts du passé. La résolution du BBQ inaugura donc la période la plus positive de la diplomatie thatchérienne envers l’Europe17.

II. Madame Thatcher, le marché unique et la relance de 1985

12Thatcher ne fut certainement pas la seule créatrice de l’idée du marché unique européen. L’idée d’éliminer les obstacles qui empêchaient la réalisation de l’union douanière – grand succès européen des années 1960 –, de redécouvrir l’élan libéralisateur de la jeune CEE circulait parmi les industriels, la Commission et les partis de centre droit à travers l’Europe depuis la fin de la décennie précédente18. Étant donné le sentiment très répandu en Angleterre que l’Europe communautaire était l’affaire des autres, était une réalité continentale à laquelle le Royaume-Uni avait dû s’adapter mais qui restait fondamentalement un processus dominé et mené par les Français et les Allemands, cette situation dans laquelle Londres se trouva de figurer dans le groupe de tête d’une nouvelle étape européenne fut la bienvenue. Ce fut donc important pour Thatcher de tirer le maximum de profit de cette situation presque sans précédent19.

13Il y eut aussi toute une série de raisons plus pragmatiques qui expliquent l’enthousiasme de Thatcher pour « the single market project » ou « the 1992 project ». Le libéralisme commercial fut, après tout, une cause qui restait chère à beaucoup de politiques, de financiers et de fonctionnaires britanniques – même si depuis 1931 les Anglais ont eu plus de succès en le prêchant qu’en le pratiquant. Dans les années 1980, ce processus promettait d’apporter des gains considérables à la partie la plus compétitive de l’économie britannique, c’est-à-dire le secteur financier et celui des services20. La City était en train de préparer un processus de libéralisation interne – le célèbre big bang de 1986 — qui la rendit encore plus optimiste à l’égard de ses chances dans un marché européen libéralisé21. Des gains possibles dans les secteurs jusqu’ici les moins touchés par l’intégration européenne peuvent donc compenser le manque de compétitivité d’une grande partie de l’industrie manufacturière anglaise depuis 1973.

14Politiquement, ce fut aussi utile pour le gouvernement britannique de montrer à ses citoyens et électeurs que la construction européenne n’est pas seulement la PAC – qui fut très mal perçue par la majorité des Anglais et qui coûta des sommes importantes à l’Échiquier britannique — mais aussi un projet qui peut apporter des bénéfices majeurs à l’économie. Les prévisions optimistes du rapport Cecchini furent donc utilisées pour promettre la croissance économique dont Heath avait beaucoup parlé à l’époque où le Royaume-Uni prit sa place dans la Communauté, croissance qui n’arriva jamais. Ceci fut d’autant plus le cas que le nouvel objectif choisi par la Communauté put être présenté (au public anglais du moins) comme le thatchérisme au niveau européen. Finalement, le sous-entendu de nombreuses déclarations gouvernementales de l’époque semblait être : l’Europe nous copie au lieu de nous obliger à prendre des décisions que nous n’aimons point et qui nous coûtent cher. La crédibilité de ce nouvel optimisme anglais à propos de la construction européenne fut renforcée par le fait que l’architecte principal du projet de marché unique au niveau de la Commission européenne, Arthur Cockfield22, était Anglais, et ancien conseiller de Thatcher. Pendant une brève période, entre 1985 et 1986, Londres eut donc l’impression de mener l’Europe, au lieu de la suivre faute de mieux, comme cela avait été le cas pour les deux décennies précédentes.

15Il est vrai que, même au milieu de cette courte flambée d’enthousiasme proeuropéen de Thatcher, il y eut des moments où les hésitations et les arrière-pensées furent apparentes. Ce fut le cas au Conseil européen de Milan en juin 1985 quand le leader britannique s’opposa à l’idée de mettre en place une conférence intergouvernementale, rejetant ainsi l’idée que le programme libéralisateur convenu serait réalisable seulement par une Communauté européenne qui aurait renforcé ses institutions et accepté un usage beaucoup plus répandu des votes majoritaires. Cette prise de position de Thatcher, soutenue par les Grecs et les Danois, obligea la présidence italienne à utiliser un vote parmi les chefs d’État et de gouvernement pour la première fois depuis la création du Conseil européen en 1975. Ce vote fut emporté, sept voix contre trois, par ceux qui voulaient voir des réformes institutionnelles aboutir23. Mais le fait que les Anglais acceptèrent leur défaite avec bonne grâce et participèrent d’une façon constructive à la conférence intergouvernementale24 fut plus significatif dans le court terme que cette opposition anglaise au début des négociations qui menèrent ensuite à l’Acte unique. Ils furent même convaincus, à la fin des négociations, d’avoir pu éliminer tous les aspects dangereux du traité. Le jugement de The Economist sur l’Acte unique refléta cette confiance anglaise : « the European elephant has laboured long and hard to give birth to a mouse »25. Ceci explique pourquoi Thatcher put signer le traité sans incertitude apparente et pourquoi presque tous les députés conservateurs – y compris certains qui se présenteront plus tard comme des eurosceptiques convaincus – se sont ralliés au texte lors de sa ratification parlementaire. Les regrets à propos du comportement de ses partenaires qu’elle va exprimer dans ses mémoires – « having come to Milan in order to argue for closer cooperation I found myself being bulldozed by a majority which included a highly partisan chairman » – sont vites submergés en 1986 par le désir de voir avancer le projet de marché unique26. Mais cette certitude anglaise que le processus européen progresse dans la bonne direction va être de courte durée.

III. Thatcher et l’accélération de la construction européenne

16La différence fondamentale entre la conception de Thatcher et celle de ses partenaires européens consiste en ce que le leader anglais vit le projet de marché unique comme la fin d’un processus tandis qu’eux le considérèrent plutôt comme le début. Pour Thatcher, la priorité européenne de la deuxième moitié des années 1980 fut la réalisation des objectifs fixés par les Dix en 1985. Ceci put bien être accompagné de quelques mesures supplémentaires susceptibles de faciliter la construction d’une Europe ouverte pour le commerce. Le renforcement de l’activité de la Commission dans la politique de la concurrence fut considéré comme acceptable et même nécessaire étant donné la vague de consolidation entre les grandes entreprises européennes en réponse au projet de marché unique. Les efforts de la Commission pour exploiter le nouveau dynamisme de la Communauté européenne dans les négociations tarifaires du GATT furent aussi soutenus par les Anglais. En revanche, les idées de Kohl, de Mitterrand ou de Jacques Delors, d’utiliser ce dynamisme retrouvé pour pousser l’Europe vers de nouveaux objectifs ambitieux dans les domaines monétaire, social ou politique, furent tout à fait inacceptables pour Thatcher. La libéralisation commerciale de l’Europe fut considérée comme un projet important en soi ; ce ne fut pas, pour la Dame de fer, un tremplin pour arriver à une Europe toujours plus unifiée.

17Cette divergence de vues fondamentale a eu deux conséquences politiques importantes. La première fut de creuser un écart de plus en plus grand entre Thatcher et les autres leaders européens. Le Premier ministre britannique n’eut jamais de rapports très proches avec les principaux membres du Conseil européen. Mais la détérioration des rapports Thatcher-Kohl, Thatcher-Mitterrand, et Thatcher-Delors dans la période entre 1986 et 1990 fut très nette et aboutit à une situation où à Londres et ailleurs l’isolement presque total de l’Angleterre pendant chaque discussion sur l’avenir de l’Europe était attendu d’avance et vu comme inévitable. Dans une institution comme le Conseil européen, qui marche mieux quand les alliances et les alignements sont fluides et quand ceux qui appartiennent à la minorité lors d’une controverse, se trouvent presque toujours dans la majorité lors de la controverse suivante, l’isolement systématique d’un leader était l’indication d’un dysfonctionnement. Au sein du public et de l’élite anglaise, le combat solitaire de Thatcher contre les ambitions européennes des autres, effaça définitivement le souvenir de cette brève période quand les Anglais se sentaient parmi le groupe de tête européen, et renforça l’impression que la construction européenne était un projet mené par les autres et centré sur les intérêts des autres États. Le célèbre discours de Bruges de septembre 1988, au cours duquel Thatcher critiqua la vision de l’Europe de la Commission européenne et spécialement celle de Delors comme menaçant les réformes libérales qu’elle avait adoptées au Royaume-Uni, souligna la réapparition de cette ancienne tendance27.

18La deuxième conséquence politique fut que les rapports entre Thatcher et ses collègues au sein du gouvernement britannique devinrent de plus en plus difficiles. L’Europe bien sûr ne fut pas la seule source de tensions à l’intérieur du Parti conservateur. Un leader fort comme Thatcher ne peut éviter de se faire des ennemis même à l’intérieur de son propre parti. Quand un leader reste au pouvoir toute une décennie, le nombre d’ennemis à tendance à atteindre des niveaux importants. Mais, au sein des tories, les questions européennes se trouvèrent au centre de tout le débat sur les défaillances de Thatcher et donnèrent une cohérence beaucoup plus grande à ce qui aurait pu être un groupe très disparate d’opposants de la Dame de fer.

19Les attaques les plus âpres vinrent de ceux qui ne faisaient plus partie du gouvernement. Michael Heseltine, un ancien ministre qui avait démissionné en 1986 à propos de la vente d’une compagnie d’hélicoptères britannique, Westland, à une concurrente américaine et non pas à la firme européenne qu’il avait préférée, fut l’opposant le plus acharné28. Mais dans le court terme au moins, les critiques les plus importantes furent celles lancées, plus discrètement, à l’intérieur du gouvernement. Car à partir de 1987, Thatcher, se trouva obligée de débattre de sa politique européenne avec ses propres ministres. Parmi ceux qui mettaient en cause les méthodes et objectifs de Thatcher se détachaient Geoffrey Howe, le Foreign Secretary et Nigel Lawson, le Chancellor of the Exchequer. Ce fut donc les deux ministres les plus puissants du gouvernement qui exprimèrent des doutes sérieux sur la manière dont le Premier ministre poursuivait ses objectifs. En particulier, ils se demandaient si l’isolement perpétuel auquel Thatcher semblait avoir condamné son propre pays à chaque réunion européenne était vraiment le moyen le plus efficace d’avancer et de défendre les intérêts britanniques. Leurs critiques rejoignirent ainsi la constatation de plusieurs interlocuteurs continentaux de Thatcher qui notèrent que, malgré la force des prises de position initiales du Premier ministre anglais, elle avait tendance à faire des concessions importantes à trois heures du matin. L’efficacité de toute l’approche européenne de la Dame de fer était mise en question.

IV. L’Europe et la fin de Thatcher

20Dans la période finale de Thatcher deux questions dominèrent le débat anglais à propos de l’Europe : les questions monétaires et l’approche à suivre envers une Allemagne de plus en plus puissante. La première reflétait en partie l’émergence d’une discussion entre tous les États membres de la Communauté européenne sur la question de l’Union Économique et Monétaire (UEM) et sur la possibilité éventuelle d’une monnaie unique. Mais la particularité du débat anglais était que la question à long terme de la « désirabilité » et de la viabilité de l’UEM fut nettement moins controversée dans la période Thatcher que la question beaucoup plus immédiate de la participation anglaise au mécanisme de taux de change du Système Monétaire Européen (SME). La livre sterling, il faut le rappeler, avait officiellement fait partie du SME depuis 1979. Mais la monnaie britannique n’avait pas, tout au long des années 1980, participé à la partie centrale du SME, c’est-à-dire aux arrangements pour limiter ses mouvements vis-à-vis des autres devises européennes. La livre sterling avait donc flotté librement contre le deutsche mark, le franc français, ou la peseta espagnole. Déjà en 1985, les ministres de Thatcher avaient fait une tentative systématique pour changer cette réalité. En novembre, Lawson présenta au Conseil des ministres anglais un papier qui suggérait l’entrée immédiate de la livre dans l’Exchange Rate Mechanism (ERM) et rallia la majorité à son point de vue29. Ses raisons étaient moins européennes qu’économiques, car il croyait qu’en agissant ainsi il pourrait contrôler les tendances inflationnistes de l’économie britannique et gagner un élément utile et stabilisateur dans la politique économique qu’il suivait. Mais Thatcher rejeta cette option, sans pourtant convaincre Lawson et ses proches du bien-fondé de son action30. La participation anglaise à l’ERM devenait ainsi un des grands enjeux de la politique européenne britannique31.

21L’autre grande question était celle de l’Allemagne, ce qui n’était pas nouveau, bien sûr. Les craintes anglaises à propos de la puissance potentielle de l’Allemagne à l’intérieur d’une Communauté européenne remontent au moins à Harold MacMillan dans les années 1950. Mais dans la deuxième moitié de la période thatchérienne, elles acquièrent un relief tout nouveau à cause du succès de l’économie allemande, de l’influence personnelle de Kohl parmi les leaders européens, et, en 1989-1990, de la chute du mur de Berlin et de la réapparition de la question de l’unification allemande comme possibilité réelle et immédiate. Ici aussi les vues opiniâtres de Thatcher se trouvèrent de plus en plus éloignées de celles de la plupart de ses ministres, de ses homologues, et même de l’opinion courante de la classe politique anglaise. Ce sera la combinaison des controverses sur les affaires monétaires et celle sur la question allemande qui précipita en 1990 la chute de Thatcher.

22Le premier jalon sur la route qui mena à la chute de la Dame de fer fut le Conseil européen de Madrid en juin 1989. À cette occasion devaient être débattues les conclusions du comité Delors, chargé d’étudier le dossier de l’UEM et en particulier de trancher sur la question des étapes proposées par le comité pour arriver au but d’une monnaie unique. Howe et Lawson décidèrent d’utiliser l’occasion pour revisiter le dossier de l’ERM, car pendant la première étape une participation au mécanisme du taux de change était prévue pour tous les États membres. Au cours des semaines précédant le Conseil, ils rencontrèrent Thatcher à deux reprises pour exprimer leurs points de vue, menaçant de démissionner si le Premier ministre maintenait son opposition32. L’annonce de Thatcher à Madrid que l’Angleterre serait prête à participer au mécanisme de taux de change (aucune date ne fut mentionnée) fut donc une concession arrachée par ses ministres et un pas qui ne refléta pas les vraies vues de la Dame de fer. Furieuse, Thatcher se vengera le mois suivant, obligeant Howe à quitter le Foreign Office lors d’un remaniement ministériel. Howe resta dans le gouvernement – il devint Leader of the House – mais sa nouvelle position lui donna beaucoup moins d’influence sur la politique européenne de l’Angleterre. En octobre Lawson quitta, lui aussi, sa position, démissionnant pour protester contre l’influence dans les coulisses de Sir Alan Walters, un conseiller économique de Thatcher et un eurosceptique convaincu33. Howe et Lawson furent remplacés par Douglas Hurd et John Major.

23Mais la nouvelle équipe ne se montra pas beaucoup plus loyale. Ceci fut d’autant plus vrai que le jugement de Thatcher sur les questions européennes apparut de plus en plus suspect. Dans les mois qui suivirent la chute du mur de Berlin, le Premier ministre sembla se laisser emporter par ses sentiments négatifs envers l’Allemagne, exprimant publiquement des doutes et craintes à propos de l’unification qu’un leader plus sage aurait mentionnés seulement derrière des portes fermées34. Ce négativisme dépassa largement les sentiments du public anglais, car selon les sondages 70 % des Anglais étaient en faveur de la réunification allemande déjà en octobre 1989. L’obsession de plus en plus déséquilibrée de la Dame de fer concernant la menace allemande perdura jusqu’en 1990 malgré la faillite toujours plus apparente des efforts diplomatiques des Anglais pour freiner le processus de réunification. Pendant l’été 1990 des fuites en direction de la presse rendirent public un séminaire sur l’avenir de l’Allemagne que Thatcher avait organisé à Chequers, la maison de campagne des Premiers ministres anglais. Le compte rendu officiel de cette réunion (dénoncé successivement par plusieurs historiens ayant pris part aux discussions) dépeint une image très critique de la République fédérale et surtout du caractère nationaliste des Allemands35. Les mots utilisés pour le décrire furent « angst, aggressiveness, assertiveness, bullying, egotism, inferiority complex, sentimentality »36. Presque en même temps, un ministre très proche de Thatcher, Nicholas Ridley, fut obligé de quitter le gouvernement après la publication d’un article dans lequel il décriait la Communauté européenne comme « a German racket designed to take over the whole of Europe »37. Beaucoup pensaient que c’était là l’opinion de la Dame de fer et non seulement celle de son ancien ministre38.

24La démission de Ridley marqua aussi le départ d’un des rares ministres qui avait soutenu la position négative de Thatcher à propos de l’ERM. La position du Premier ministre fut donc encore plus vulnérable quand Hurd et Major retournèrent à l’attaque sur la question de la livre sterling et du mécanisme de taux de change durant l’automne 199039. Ayant perdu un ministre des Affaires étrangères et un chancelier l’année précédente, Thatcher ne pouvait pas se permettre de perdre ceux qui les avaient remplacés40. À Madrid, Thatcher avait elle-même accepté le principe de la participation anglaise, même si les modalités précises n’avaient pas été fixées. Sa position était donc plus faible que jamais. Le 5 octobre 1990, elle céda et la devise anglaise prit sa place à côté du deutsche mark, du franc français, et des autres. Mais paradoxalement cette victoire apparente pour la cause européenne en Angleterre et pour le multilatéralisme économique s’est faite d’une façon tout à fait unilatérale. Les futurs partenaires monétaires de l’Angleterre ne furent consultés ni sur le timing du geste britannique ni, fondamentalement, sur le taux de change auquel la livre faisait son entrée dans le système. Les conséquences de ce geste unilatéral apparaîtront en 1992.

25Moins d’un mois plus tard, un nouveau désaccord sur les affaires monétaires déclencha la fin des onze ans du pouvoir de Thatcher. Lors d’un Conseil européen à Rome, les Douze s’accordèrent sur la date à laquelle la deuxième étape de l’UEM commencera. Pourtant présente au sommet, Thatcher fut impuissante devant la détermination d’avancer de ses partenaires et du tandem franco-allemand en particulier41. Mais ce fut la force de sa dénonciation de l’UEM dans le débat à la Chambre des communes après son retour de Rome – et spécialement sa déclaration que la réponse anglaise au processus esquissé à Rome serait « no, no, no » – qui amenèrent Howe à quitter le gouvernement définitivement42. Le discours de démission de l’ancien Foreign Secretary endommagea fatalement la position de Thatcher. Le 13 novembre 1990, Howe l’accusa d’affaiblir, en raison de son extrémisme, la position anglaise dans les débats à propos de l’avenir de l’Europe :

« The tragedy is… that the Prime Minister’s perceived attitude towards Europe is running increasingly serious risks for the future of our nation. It risks minimising our influence and maximising our chances of being once again shut out. We have paid heavily in the past for late starts and squandered opportunities in Europe. We dare not let that happen again. If we detach ourselves completely, as a party or a nation, from the middle ground of Europe, the effects will be incalculable and very hard ever to correct »43.

26Neuf jours plus tard – après que Michael Heseltine, un autre proeuropéen mécontent, ait lancé sa campagne pour arracher le leadership du Parti conservateur à Thatcher, elle démissionna. Les questions européennes avaient finalement coûté le pouvoir à la Dame de fer. Elle devint ainsi le premier, et pour le moment le seul, leader britannique à perdre le pouvoir pour cause d’insuffisance proeuropéenne.

V. L’héritage de Thatcher

27Mais ce triomphe apparent de la cause européenne en Angleterre s’avéra de courte durée. Major, le successeur de Thatcher, tenta, il est vrai, de se positionner dès le début comme un « bon européen ». En mars 1991, il déclara, dans un discours à Bonn, que l’Angleterre devait toujours essayer d’être « at the heart of Europe »44. Et au sommet de Maastricht en décembre de la même année, il obtint suffisamment de concessions pour pouvoir espérer avoir satisfait aussi bien ceux de ses compatriotes qui se méfiaient encore de la construction européenne que ceux qui redoutaient par contre l’isolement total en Europe à laquelle la politique de Thatcher semblait mener45. Mais la convergence de quatre tendances séparées allait mettre fin à cette brève période de proeuropéisme serein.

28La première fut les difficultés que le traité de Maastricht rencontra, spécialement au Danemark mais aussi en France. Celles-ci encouragèrent les eurosceptiques britanniques qui avaient perdu le moral après la défaite de Thatcher46. La deuxième fut la réaction à la chute de Thatcher de la majorité des activistes du Parti conservateur, qui se montrèrent beaucoup moins agréables avec la nouvelle politique proeuropéenne de Major que les députés conservateurs. L’héritage eurosceptique de Thatcher était, en d’autres termes, beaucoup plus vivant dans le parti au niveau local que parmi les députés conservateurs à Westminster. Les députés devaient donc faire très attention à ne pas suivre trop loin la nouvelle politique du gouvernement et endommager ainsi leur position parmi les activistes conservateurs desquels ils dépendaient pour chaque élection. Troisièmement, le succès apparent de Major en obtenant un « opt-out » pour les questions sociales dans le traité de Maastricht, poussa le Parti travailliste à voter contre le traité malgré le fait que sous le leadership de Neill Kinnock d’abord et en suite de John Smith, le Labour avait abandonné son anti-européisme d’antan et se présentait généralement comme un parti tout aussi proeuropéen que les tories47. En conséquence, les votes de ratification du traité aux Communes qui auraient été très faciles si le Parti travailliste avait voté avec le gouvernement devenaient désormais très délicats. La possibilité qu’un assez grand nombre de partisans de Thatcher pourraient torpiller la ratification devenait très réelle. Quatrièmement, la grande victoire des tories proeuropéens sous Thatcher, c’est-à-dire l’entrée de la livre sterling dans le mécanisme de taux de change du SME, tourna au désastre en septembre 1992 quand la livre dut quitter l’ERM48. La dévaluation du Black Wednesday ne discrédita pas seulement la politique économique des tories (facilitant ainsi la victoire de Tony Blair cinq années plus tard) mais aussi le symbole du proeuropéanisme de Howe, Lawson, Heseltine, Hurd et Major. Les longues années de guerre civile à l’intérieur du Parti conservateur à propos de l’Europe n’allaient que commencer.

29L’héritage de Thatcher dans la politique intérieure du Royaume-Uni fut donc profondément eurosceptique. La lente dérive du Parti conservateur qui transforma progressivement « the party of Europe » des années 1960, 1970 et 1980 en un parti nettement eurosceptique qui discute actuellement la possibilité de quitter le Parti des peuples européens au Parlement européen en faveur d’une alliance avec des députés plus eurosceptiques, se fit sous le drapeau du thatchérisme et fut poussé en avant par ceux qui se déclaraient les vrais héritiers de la Dame de fer. Les positions de plus en plus extrêmes adoptées par Thatcher elle-même dans ces déclarations publiques sur l’Europe depuis 1990 ont encouragé ce processus. Mais la trajectoire de Thatcher et de ses fidèles depuis 1987 ne devrait pas cacher à l’historien les résultats beaucoup plus nuancés de la politique européenne de Thatcher pendant la plupart de ses années au pouvoir. Car entre 1979 et 1987, la Dame de fer ne fut pas l’antieuropéenne systématique qu’elle deviendra ensuite. Tout au contraire, malgré une approche musclée et pas très diplomatique de la politique européenne, elle poussa son pays vers un engagement toujours plus profond pour la construction européenne et présida sur une brève période au milieu des années 1980 quand l’Angleterre se trouva dans le groupe de tête de ceux qui voulaient construire une Europe libérale. Ce furent les prolongements politiques inattendus de cette relance européenne de 1985 et 1986 qui condamnèrent finalement Thatcher à adopter une position eurosceptique qui lui coûta le pouvoir en 1990. L’apprenti-sorcier avait perdu le contrôle d’un processus qu’il avait lui-même aidé à lancer et ne pouvait rien faire que de regarder les résultats inattendus avec des appréhensions toujours plus grandes et dénoncer la suite de ses actions initiales.

Notes de bas de page

1 The Times, 6.10.1999.

2 Elle n’aime même pas le mot « consensus », convaincu qu’il ne s’agit pas d’un vrai mot anglais, mais plutôt de quelque chose importé du français. Hugo Young, One of Us. A Biography of Mrs Thatcher, Macmillan, Londres, 1989, p. 408.

3 Hugo Young, This Blessed Plot. Britain and Europe from Churchill to Blair, Macmillan, Londres, 1998, pp. 314-315.

4 John Gillingham, European Integration, 1950-2003. Superstate or New Market Economy?, Cambridge University Press, Cambridge, 2003, pp. 164-179.

5 John Young, Britain and European Unity 1945-1999, Macmillan, Londres, 2000, p. 130.

6 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., pp. 309-310.

7 Voir par exemple le discours de Thatcher cité dans Margaret Thatcher, The Downing St. Years, Harper Collins, Londres, 1993, p. 537.

8 Ivor Crewe et Anthony King, SDP: the Birth, Life and Death of the Social Democratic Party, Oxford University Press, Oxford, 1995.

9 Roy Jenkins, Brussels Diary 1977-1981, Collins, Londres, 1989, p. 545.

10 Ann-Christina Knudsen, « The Politics of Financing the Community and the Fate of the First British Membership Application », Journal of European Integration History, 11/2 (2005), pp. 11-30.

11 David Gowland et Arthur Turner, Reluctant Europeans. Britain and European Integration 1945-1998, Longman, Londres, 2000, pp. 184-197.

12 J. Young, Britain and European Unity, op. cit., p. 130.

13 R. Jenkins, Brussels Diary, op. cit., p. 530 ; H. Young, This Blessed Plot, op. cit., p. 314.

14 Voir par exemple, Ian Gilmour, Dancing With Dogma: Britain under Thatcherism, Simon et Schuster, Londres, 1992.

15 R. Jenkins, Brussels Diary, op. cit., p. 529.

16 J. Young, Britain and European Unity, op. cit., p. 137.

17 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., pp. 324-325.

18 Wayne Sandholtz et John Zysman, « 1992 – Recasting the European Bargain », World Politics, 42/1 (1989), pp. 95-128.

19 M. Thatcher, The Downing St. Years, op. cit., p. 556.

20 M. Thatcher, The Downing St. Years, op. cit., p. 553.

21 J. Gillingham, European Integration, op. cit., pp. 177-179.

22 Arthur Cockfield, The European Union. Creating the Single Market, Chancery Law Publishing, Chichester, 1994.

23 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., pp. 330-332.

24 M. Thatcher, The Downing St. Years, op. cit., p. 551.

25 « Europe has laboured long to produce a mouse. But the animal has a winning smile on its face, and all, including this newspaper, who want a more united Europe to succeed, will be grateful far this new nodent, however small », The Economist, 7 décembre 1985. « L’Europe n’a, certes, accouché, et dans la douleur, que d’une souris. Mais cette souris a un sourire sympathique. Tous ceux qui appellent de leurs vœux le succès d’une Europe plus unie – et ce journal en fait partie – ne pourront que se réjouir de la naissance de ce nouveau rongeur, aussi petit soit-il. »

26 M. Thatcher, Downing St. Years, op. cit., p. 550.

27 Margaret Thatcher, Britain and Europe: Text of the Prime Minister’s Speech at Bruges on 20th September 1988, Conservative Party, Londres, 1988.

28 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., pp. 370-371.

29 Nigel Lawson, The View from No. 11. Memoirs of a Tory Radical, Bantam Press, Londres, 1992, pp. 483-504.

30 M. Thatcher, The Downing St. Years, op. cit., pp. 693-698.

31 Phillip Stephens, Politics and the Pound: the Tories, the Economy and Europe, Papermac, Londres, 1997, pp. 45-51.

32 N. Lawson, The View from No. 11, op. cit., pp. 927-936 ; M. Thatcher, The Downing St. Years, op. cit., pp. 709-713, qualifie l’épisode d’« embuscade ».

33 N. Lawson, The View from No. 11, op. cit., pp. 960-968.

34 John Campbell, Margaret Thatcher, Jonathan Cape, Londres, 2003, vol. 2, pp. 632-642.

35 George Urban, Diplomacy and Disillusion at the Court of Margaret Thatcher : an Insider’s View, I.B. Tauris, Londres, 1996, pp. 118-145 et 153-159.

36 Cité par H. Young, This Blessed Plot, op. cit., p. 360.

37 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., pp. 361-362.

38 G. Urban, Diplomacy and Disillusion, op. cit., p. 153.

39 P. Stephens, Politics and the Pound, op. cit., pp. 140-167.

40 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., p. 363.

41 M. Thatcher, Downing St. Years, op. cit., pp. 764-767.

42 P. Stephens, Politics and the Pound, op. cit., pp. 180-182 ; H. Young, This Blessed Plot, op. cit., pp. 371-372.

43 Consulté en 2007 : http://en.wikipedia.org/wiki/Geoffrey_Howe_resignation_speech : « Le malheur est que, telle qu’elle est perçue par l’extérieur, l’attitude du Premier ministre vis-à-vis de l’Europe compromet de plus en plus sérieusement l’avenir de notre pays en risquant d’amenuiser notre influence et de nous placer, une nouvelle fois, en situation d’exclusion. Or, nos atermoiements et notre incapacité à saisir les occasions qui s’offraient en Europe nous ont coûté cher par le passé. Nous devons impérativement faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Les conséquences d’une marginalisation totale de notre parti ou de notre pays en Europe seraient incommensurables et très difficiles à surmonter ».

44 D. Gowland et A. Turner, Reluctant Europeans, op. cit., p. 276.

45 J. Young, Britain and European Unity, op. cit., pp. 155-157.

46 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., p. 393.

47 H. Young, This Blessed Plot, op. cit., p. 478.

48 J. Young, Britain and European Unity, op. cit., pp. 161-162.

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