Les relations bancaires franco-allemandes (1900‑1970) : admiration, guerre économique et coopération de voisinage
p. 357-382
Texte intégral
Introduction
1Plus qu’une narration des relations interbancaires franco-allemandes – qui supposerait une véritable thèse en soi –, notre propos se veut un essai visant à scruter la relation psychologique entre les places française et allemande, c’est-à-dire la perception des banques allemandes par les observateurs français ; un « modèle allemand » les a fascinés et stimulés tout à la fois, comme si la vieille France bancaire se sentait sans cesse bousculée par la résurgence du dynamisme entrepreneurial allemand renouant à plusieurs reprises avec l’esprit du Gründerzeit. Dans un second temps, notre communication entend déterminer en quoi l’affrontement géopolitique a pu nuire au déploiement des relations bancaires entre les deux économies et leurs places financières. Enfin, elle montrera comment cette relation de tension a été généralement surmontée par les forces profondes de la coopération entre les outils tertiaires reliant les deux économies : il s’agira d’évaluer « la nécessité » d’intégration bancaire au même titre que des historiens ont retracé les modalités d’intégration industrielle. Pour chacun de ces thèmes, notre appréciation se déploiera suivant un mode chronologique classique (Belle Époque, entre-deux-guerres, années 1939-1945, années 1950-1960, années 1970), mais avec un questionnement tenant compte de l’apport des archives nouvellement consultées et des ouvrages d’histoire d’entreprise et d’histoire financière et bancaire publiés depuis une quinzaine d’années.
1. Les banques allemandes, figures fantasmatiques du modèle allemand
2Comme pour l’industrie, les relations bancaires franco-allemandes sont entachées de défiance, car, de façon récurrente, les milieux d’affaires français se sont inquiétés de la toute-puissance supposée des maisons germaniques et en particulier de leur capacité d’offensive en soutien des entreprises de leur pays. Ils arguent de l’existence d’une sorte de « pacte » informel entre celles-ci et leur (s) banquier (s) pour en faire un avantage compétitif ; à chaque époque d’inquiétude sur le « déclin » français ou l’érosion de l’esprit d’entreprise, des patrons, des journalistes ou des essayistes mettent en valeur les pratiques des banques allemandes et leur plus grande ouverture aux besoins des sociétés clientes. À l’inverse, les banquiers français sont souvent soupçonnés, voire accusés, de rechigner à accorder suffisamment leur confiance aux firmes clientes, de serrer les crédits dès qu’ils ressentent le souffle d’une récession, de se cantonner dans des prêts à court terme, de ne pas tenir compte des besoins en capitaux longs des sociétés, etc. Une sorte de « modèle bancaire allemand » s’est constituée ainsi dans les mentalités de l’opinion éclairée française – l’on sait que la perception des faits, leur interprétation en « croyance » est plus forte que leur réalité.
A. La prise de conscience des avantages comparatifs allemands dans le domaine bancaire dans les années 1900‑1910
3Ce n’est pas tant que l’on réfléchisse aux causes de la défaite de 1871 ; mais l’on s’interroge au tournant du XXe siècle sur les causes de la puissance économique allemande, et nombre de voyageurs d’affaires ou d’experts repèrent parmi elles la montée en puissance des grandes banques (Grossbanken) qui ont structuré les places rhénanes (Francfort, Cologne) et berlinoise, grâce au mouvement de concentration et à l’accumulation de capital1 ; les observateurs oublient certes la force des maisons de banque traditionnelles (Privatbanken) et celle des banques locales ; et ils cèdent à la croyance que la France serait sous-équipée au point de vue bancaire alors que d’autres experts soulignent les avantages des milliers de banques locales pour soutenir les PME. Mais ces contradictions sont balayées par les dérives de la « perception ». Ainsi, sur la base du dépouillement de correspondances ou de rapports rédigés par des représentants du monde des affaires, donc de leur perception en direct de ce qu’ils ressentaient, Raymond Poidevin2 surtout et d’autres historiens à propos de tels ou tels région ou secteur, ont noté les plaintes des négociants et exportateurs français sur l’absence ou de la faiblesse des implantations bancaires françaises dans certaines contrées, en particulier en Europe du Sud, balkanique et danubienne (Italie, Roumanie, etc.), en Amérique latine, où la présence bancaire allemande serait vigoureuse (Deutsche Überseebank dès 1886, Banco Aleman Transatlantico, Banco de Chile y Alemania, Banco Brasileiro Alemão) alors que la Banque franco-brésilienne s’est rapidement effondrée… L’on sait aussi que l’État, dans les années 1890, doit quasiment contraindre la Banque de l’Indochine à s’extraire de son fief (et de sa quasirente) cochinchinois pour partir à la conquête des marchés du Sud-Est asiatique et de Chine, où la Deutsch-Asiatische Bank viendrait bousculer les positions acquises des leaders britanniques HSBC et Chartered. Bref, les banquiers allemands, notamment derrière la Deutsche Bank, seraient beaucoup plus pugnaces3 que les Français, plus soucieux de s’impliquer dans le fameux triptyque banque-industrie-diplomatie4 ou tout au moins dans le diptyque banque-industrie – et Jacques Thobie a évoqué plusieurs expressions de ces craintes à propos de la compétition franco-germanique dans l’Empire ottoman.
4Les enjeux de la Première Guerre mondiale attisent les craintes, rancœurs et espoirs des milieux d’affaires et des experts à propos de la supériorité bancaire prêtée à l’Allemagne. Rétrospectivement, ils attribuent une partie de la responsabilité de l’invasion de l’été 1914 et de la force des industries de guerre allemandes aux vertus du système bancaire allemand, aux liens étroits entre banque et industrie, entre grande banque et grande industrie. Un livre clé symbolise ces débats, Les méthodes allemandes d’expansion économique5, quand, avec le concours de plusieurs chambres de commerce tant françaises que franco-étrangères, il dresse le bilan des erreurs stratégiques de la France à la Belle Époque, et donc relève les avantages compétitifs allemands : « La banque allemande, le commerce allemand, les lignes allemandes de navigation, les services allemands d’information tendaient à enserrer le globe d’un inextricable réseau »6 dans le cadre d’une « germanisation du monde ». Même si l’emphase domine souvent, une fois de plus, c’est la perception de l’existence réelle ou imaginée d’un « système économique » allemand qui fascine les observateurs proches des milieux d’affaires – bien que les patrons qu’ils représentent auraient certainement rechigné à confier toutes leurs opérations bancaires à un seul établissement et à s’insérer outre-mer dans un système organisationnel privilégiant les compagnies de services françaises, comme le souligne d’ailleurs le livre : « L’Allemand a le besoin et le soin du groupement […]. Nous dirons, en langage moderne, que l’Allemand a le tempérament syndical. »7
5Et le chapitre 3, « Les banques et le crédit », insiste, comme un autre livre8 paru en 1915, sur le modèle bancaire germanique, fondé sur l’héritage du « crédit mobilier » et donc sur la « banque universelle »9 ou la « banque mixte », vanté par un fort courant des milieux d’affaires français de part et d’autre de la guerre (d’où la création de la BFCI puis de la BNC10), mais surtout sur ce que l’auteur appelle des « communautés d’intérêts (Interessengemeinschaften) » qui fédèrent des banques nationales et des banques régionales d’une part, et ces groupes bancaires et des industries – « Chacune des grandes banques est, à l’heure actuelle, comme l’âme financière de tout un ensemble d’entreprises. »11 – et qui accordent un volume massivement supérieur à celui distribué par les grands établissements français et surtout les octroient sur des durées bien plus longues, en fait du crédit à moyen terme, honni en France au nom du risque de « crédit en commandite », au cœur de débats qui traversent de nombreuses décennies12.
« Les banques allemandes, allant au rebours de l’évolution qui distingue de plus en plus les fonctions pour mieux séparer les risques, ont confondu tous les genres d’activité financière […]. Cette organisation a mis aux mains de l’industrie allemande et du commerce allemand un instrument de diffusion d’une puissance incomparable. »13
6Enfin, la hantise des experts français est la forte présence des banques allemandes sur les marchés ultramarins car elles se considèrent investies de la mission d’épauler les exportations de leur pays14. Le livre consacre vingt pages à cette « fusion de plus en plus complète de la Weltpolitik et de la politique d’affaires »15, l’un des leviers de l’impérialisme économique allemand16 et en tout cas de la « prospérité nationale »17.
B. La fascination du modèle bancaire allemand : la fascination exercée par les Grossbanken
7Ensuite, au-delà l’obsession de la victoire immédiate, surgit surtout celle de la construction de la victoire du temps de paix ; Georges-Henri Soutou18 a analysé les souhaits des milieux d’affaires à propos de la guerre économique à mener contre l’Allemagne après la guerre. Il s’agit alors de s’interroger plus finement sur les contours d’un « modèle bancaire français » qui permettrait d’imiter l’efficacité du supposé modèle allemand. C’est tout l’enjeu de ce que l’on appelle alors « l’expansion commerciale »19, et les banques doivent en être partie prenante tout autant que les armements maritimes ou le négoce afin de contenir le réveil allemand sur tous les fronts commerciaux ultramarins ou européens. La renaissance du crédit en Allemagne20 s’étonne ainsi de la rapidité du redémarrage économique allemand après la crise de 1923-1924 ; au-delà de l’apport de capitaux étrangers, c’est « la politique des banques de crédit » qui stimule la croissance, et notamment le soutien qu’elles apportent à la « rationalisation », aux fusions de firmes, aux Konzern, donc en soutenant la cristallisation d’un capitalisme fort ; le chapitre « La puissance des banques »21 relate en fait des activités bancaires (à la Danat Bank, à la Disconto-Gesellschaft) relevant de la banque d’affaires (organisation et accompagnement des fusions, des réorganisations d’entreprise, prises de participation, centralisation légale des droits de vote des actionnaires, et donc soutien apporté aux conseils d’administration des firmes clientes) et conclut par un élément clé, « l’interdépendance » des banques et des entreprises22 – en un reproche implicite aux banques françaises, puisque les fameux « établissements de crédit » nationaux sont sans cesse soumis aux reproches des milieux d’affaires régionaux concernant leur (soi-disant ?) politique de restriction des crédits, accusation qu’on retrouve pendant chaque récession…
8Ajoutons que l’ouvrage rappelle aussi le rôle des Caisses d’épargne23, des coopératives bancaires et des institutions publiques, sur cette décentralisation relative de l’économie du crédit allemande, thème qu’abordent les experts français à l’occasion des débats autour d’un projet de libéralisation des statuts des Caisses d’épargne en 1890 et surtout lors du retour de l’Alsace-Lorraine à la France en 1918 quand l’on songe à étendre à « la France de l’intérieur » la possibilité dont disposent les Caisses d’épargne rhénanes d’accorder des crédits, ce qui est rejeté au nom de la nécessaire préservation des économies des épargnants ; et seules les caisses de Crédit agricole (1894-1899) et les Banques populaires (1917) sont instituées sur le modèle des Raiffeisen et des Volksbanken germano-danubiennes, mais avec un démarrage qui reste cahoteux dans l’entre-deux-guerres pour beaucoup de ces jeunes banques.
9D’ultimes considérations portent sur le rôle respectif des banques centrales dans chaque pays, puisqu’un courant d’expression critique nourrit sans cesse des reproches contre la Banque de France, toujours accusée de se cantonner dans le soutien du crédit à court terme et de replier son refinancement au moindre retournement conjoncturel, alors que la Reichsbank serait plus généreuse et surtout plus constante24. Il faudrait une thèse à elle seule pour soupeser les différences entre perception et réalité à ce sujet, alors que la Reischbank a souvent contribué à attirer la vigilance des banques vis-à-vis de leurs contraintes de liquidité.
10Modèle et mythe25 se confondent donc dans la perception des experts dont on discerne l’opinion courante, quand joue la perception d’une puissance bancaire à la fois positive, car bienfaisante, et négative, car inquiétante ; la schizophrénie des observateurs et experts français est alors à son comble car, tout en mettant en valeur l’utilité de la puissance bancaire allemande, les mêmes dénoncent souvent la concentration bancaire en France aux dépens des banques régionales et locales, jugées plus proches des entreprises clientes. Certes, les opuscules publiés par des experts ou des publicistes souvent proches des milieux d’affaires, les articles présentés dans des journaux parfois soumis à l’influence des groupes de représentation d’intérêts, ou les déclarations des hommes d’affaires ne préjugent pas de la « popularité » ou de l’impact de telles positions ou conceptions. Mais ces écrits sont représentatifs d’un courant de pensée qui trouve à s’épancher au sein des circuits d’influence de l’appareil économique d’État et des milieux politiques, et l’on ne peut en rejeter les effets sous prétexte de leur faible diffusion. D’autre part, les historiens ont débattu de thèmes identiques à propos d’une comparaison entre l’efficacité respective des banques britanniques et des banques allemandes26, comme quoi la France n’a pas été le seul pays à ressentir un sentiment d’infériorité ou à vivre une réelle infériorité dans ce domaine… Quoi qu’il en soit, cette analyse de la perception d’un modèle bancaire allemand indique qu’un certain « modèle bancaire allemand » existe bel et bien dans les schémas de pensée d’un certain nombre d’acteurs de la vie économique et politique. Cela pourrait contribuer à expliquer la vigueur d’un état de tension dès lors que les banques françaises se seraient senties dans une position d’infériorité par rapport à leurs homologues d’outre-Rhin ; elles auraient pu nourrir quelque réticence à collaborer très avant avec des maisons jugées trop puissantes.
11Enfin, il faudrait procéder à un dépouillement systématique de la presse économique et des magazines pour reconstituer la perception qu’ont entretenue les milieux d’affaires et les experts de la puissance allemande dans les années 1950-1970 et percer « les secrets de la réussite des entreprises allemandes »27. Il est vrai que la renaissance28 rapide des banques, après leur démantèlement, l’influence du charismatique « bon docteur Abs » à la tête de la Deutsche Bank29, la poussée des tours bancaires au cœur de Francfort, consacrée grande place européenne30, et la structuration de nouveaux ensembles banque-industrie ont relancé l’idée d’un modèle allemand, fort de ses réseaux (entre les conseils d’administration) et de ses liens capitalistiques (avec la constitution de gros portefeuilles financiers après que les Grossbanken et les compagnies d’assurance se sont engagées dans l’achat de participations importantes dans les entreprises industrielles et tertiaires, du milieu des années 1950 aux années 1990-2000)31. La conjonction du « miracle allemand » et du mark fort a contribué à la perception par les Français de banques allemande fortes – donc encore le thème du Bankenmacht32. C’est bien cette conception d’un modèle allemand efficace qui incite l’équipe du ministre des Finances Michel Debré à lancer la réforme de déspécialisation relative des banques françaises en 1966-1968 et à initier la constitution de champions français (fusion du CNEP et de la BNCI dans la BNP, réforme du Crédit agricole, relance stratégique du Crédit lyonnais et de la Société générale) : la France relève implicitement le défi allemand pour structurer le capitalisme français au cœur du jeune Marché commun – mais elle tarde (jusqu’au milieu des années 1980) à renforcer en même temps les institutions locales clés des banques coopératives et des caisses d’épargne…
II. La guerre bancaire franco-allemande
12Cela dit, malgré ces mythes et ces fantasmes, nourris par les sempiternels complexe d’infériorité et peur du déclin français, peu de terrains deviennent de réels « champs de bataille » de la compétition interbancaire franco-allemande car la concurrence s’exerce de façon discrète dans la vie quotidienne des affaires.
A. Les banques enjeu nationaliste (dans les années 1890‑1910) ?
13L’on sait combien s’est affûtée la guerre bancaire en Russie33, où des pôles d’influence se sont constitués (par exemple, autour de la Banque russo-chinoise puis de la Banque russo-asiatique34 pour les Français, et de la Banque commerciale de Saint-Pétersbourg pour les Allemands, dont le fameux Rothstein, dirigeant de la banque et tête de turc des banquiers français, car soupçonné d’exercer une influence trop forte au sein de l’appareil d’État tsariste). L’on sait également combien la rivalité s’est déployée dans les États danubiens35 et balkaniques déjà existants36 et surtout dans l’Empire ottoman37, dans le commerce mais aussi, de façon symbolique, dans les chemins de fer, de 1889 (Chemins de fer d’Anatolie créée par la Deutsche Bank et la Dresdner Bank) à l’aventure du Bagdadbahn lancée en 1903 et poursuivie sur les chantiers allemands jusqu’en 1918.
14À Londres même, la Deutsche Bank38 affrontait directement les succursales ou filiales de plusieurs banques françaises, en particulier pour obtenir des parts des tranches des émissions de titres organisées par les merchant banks – chaque établissement entretenant des réseaux relationnels propices à des partenariats ponctuels ou réguliers avec les chefs de file ; mais les banquiers allemands étaient aussi partie prenante du marché de compensation des lettres de change circulant à travers le monde et dénouées sur Londres, et in fine des opérations de change elles-mêmes sur devises ou métal précieux ; or le payement de l’indemnité de la défaite à l’Allemagne avait « pompé » une bonne partie des avoirs liquides internationaux accumulés par la France depuis des décennies – puisqu’une large quantité des opérations de règlement avait été effectuée par le biais du transfert via Londres de créances sous forme de lettres de change ; la place parisienne avait donc dû remonter la pente sur le marché interbancaire international pour refaire le terrain gagné par Berlin, Francfort ou Hambourg. Or, sur Londres, des banquiers allemands bénéficiaient d’un relatif avantage comparatif : si les Rothschild du Main et les Rothschild de la Seine pouvaient tous deux compter sur les Rothschild de la Tamise39, plusieurs maisons de banque germaniques bénéficiaient de liens privilégiés avec des merchant bankers venus jadis des contrées germaniques, notamment Schröders40, Kleinwort et Benson41, dans la bonne vieille tradition hanséatique… L’on comprend que, au cœur de la City également, l’affrontement ait dû être âpre42 – et que la puissance financière allemande se soit affirmée43.
15Par ailleurs, la politique d’entente menée par les banques – que nous analyserons plus bas – suscite des réticences. D’une part, face au « patriotisme bancaire » qui consisterait à privilégier les prêts aux entreprises françaises en France même et les émissions de titres destinées à ces mêmes sociétés, se déploie la dénonciation systématique du « cosmopolitisme bancaire », en un thème bien connu, activé par des débats dans la presse et l’édition pendant la première décennie du XXe siècle. D’autre part, ces reproches auraient été attisés, comme dans bien des secteurs, par le nationalisme ambiant, le climat de revanche, les pressions de l’opinion publique et surtout des groupes de pression unissant milieux d’affaires et milieux politiques pour freiner toute coopération franco-allemande : elle serait supposée jouer surtout en faveur des firmes allemandes dès lors qu’on admet comme axiome la supériorité des banques allemandes, qui ne manqueraient pas de faire tourner à leur profit toute entente bancaire. Les retombées de la poussée nationaliste s’expriment ainsi bien évidemment lors du durcissement des années 1910-1914, quand le courant « patriote » ou « ligne-bleue-des-Vosges » incite les milieux d’affaires à accentuer la guerre économique et bancaire et donc à rétrécir les voies de la collaboration transfrontalière. C’est alors que des dirigeants de banque jugés « cosmopolites » (car suisses ou autrichiens) doivent se retirer ou amoindrir leur influence (par exemple Émile Ullmann44, l’un des dirigeants du CNEP) ou se retirer de certains conseils d’administration ; et que les pressions de la politique et de la diplomatie poincaristes (en 1912-1914) contraignent les banques à replier quelque peu leurs partenariats d’affaires courantes avec leurs consœurs germaniques et austro-hongroises – tandis que des articles de presse accusent certaines maisons de banque de trop représenter les intérêts allemands sur la place parisienne, en chevaux de Troie d’un rival économique qui a osé prendre le contrôle de la modeste banque parisienne Allard en 1910 (par le biais de la Dresdner Bank), comme s’il fallait ériger des contre-feux à cette offensive supposée. Poidevin relève que le repli des flux vers l’Allemagne par le biais des établissements français prend corps en avril 1911 :
« Bien que les taux soient très rémunérateurs, les banques parisiennes s’abstiennent de placer leurs capitaux à court terme sur le marché allemand : à partir d’août 1911, les placements français se font très rares en Allemagne ; nul doute que l’aggravation de la tension internationale ait été la raison principale d’une telle abstention. »45
B. La banque levier de la contre-offensive face au réveil allemand (dans l’entre‑deux‑guerres)
16Ce n’est guère l’offensive éphémère de la Banque nationale de crédit dans la Rhénanie sous influence française qui marque l’histoire bancaire franco-allemande : à la demande des autorités, en effet, elle a monté en 1923 le Comptoir d’escompte des pays rhénans pour gérer la circulation des fonds suscitée par les armées d’occupation et éventuellement soutenir le projet « rattachiste » ; mais, quand la situation géopolitique s’apaise, elle ne parvient guère et ne souhaite pas en faire le levier d’une banque régionale germano-française, fonction déjà assurée par la Sogenal ; et elle vend cet actif à un investisseur allemand.
17La guerre économique et bancaire s’exprime à l’échelle européenne, et non par une percée en Allemagne même. Un cas d’étude spécifique apparaît d’abord à propos de la re-délimitation de certaines sphères d’influence : un enjeu discret concerne ainsi la Banque internationale du Luxembourg, créée dès le milieu du XIXe siècle par les maisons de banque germaniques (dont Oppenheim) et qui est peu ou prou détournée de l’influence allemande en 1919 grâce au rôle actif joué désormais dans son refinancement et à son Conseil par la Banque de l’Union parisienne et la Banque de Bruxelles : « Nous sommes ici uniquement dans le but de remplacer les éléments allemands que vous avez fait sortir vous-même de votre Conseil »46, déclarent les deux représentants de la BUP…
18Quand se conçoit l’enjeu de la guerre économique qui sous-tend une sorte de « paix armée » franco-allemande, l’on comprend l’enjeu que représente la création d’institutions semi-publiques par les autorités françaises, que ce soient le Crédit national et surtout la Banque nationale française pour le commerce extérieur, dans le cadre d’une stratégie véritablement « à l’allemande », car appuyée sur les foires en France, la participation aux foires à l’étranger, les conseillers commerciaux, la BNFCE et enfin relayée par « l’organisation du crédit pour l’expansion économique » :
« Avant la guerre […], en regard de l’ancienne et solide organisation des banques anglaises, du rapide développement des banques allemandes, la France ne possédait aucun organisme bancaire spécialisé dans les affaires de commerce extérieur. Nos grands établissements de crédit avaient bien à l’étranger quelques comptoirs ; mais, étant essentiellement des banques de dépôts, il leur était impossible d’immobiliser, sous forme d’avances à long terme largement consenties, leurs ressources principales47 ».
19Cela explique le rôle de la BNFCE comme levier de ces financements, relayée par les services de renseignements activés par l’assurance-crédit48 (1927-1928) et la création de la Banque française d’acceptations en 1929, tandis que se créent les premiers organismes de crédit à moyen terme49. Le monde des affaires et le monde politique espèrent alors édifier en quelques années une architecture de soutien du commerce extérieur qui reproduirait les circuits de financement allemands.
20La notion de banque proche de l’industrie, soutenant les firmes par des prêts ou des capitaux longs, impliquée dans des prises de participation ou le montage de projets, bref, celui d’une banque d’affaires plus dynamique, est à nouveau vantée dans les années 1920 (comme dans les pensées saint-simoniennes des années 1820-1850), et la Banque industrielle de Chine en est un exemple symbolique pour court-circuiter une Banque de l’Indochine jugée trop molle, en particulier sur des marchés chinois où l’on estime que la force allemande serait gommée par la perte des concessions et des positions d’avant 1914. Dans le cadre d’une vaste guerre interbancaire50, l’offensive des banques d’affaires françaises en Europe centrale, orientale (avec la création de banques sœurs ou filiales, dans les « pays successeurs » issus de l’ex-empire autrichien – par exemple par la banque-relais de Paribas, la Banque des pays d’Europe centrale, l’ex-Länderbank)51 et balkanique52 (Grèce, Bulgarie, notamment) et en Turquie (avec la poussée du capital français dans la Banque impériale ottomane) est ainsi destinée à édifier des contre-feux à la contre-offensive allemande, une fois la crise d’après-guerre surmontée. Alors, une esquisse de « modèle allemand » est logiquement déployée par les milieux d’affaires français, en une mobilisation cohérente des banquiers, des industriels et des négociants-commissionnaires. C’est à un « marquage » systématique que se livrent les banques françaises et allemandes (mais aussi britanniques et, souvent, belges et néerlandaises) au cœur du jeu des affaires en Europe centrale et orientale et en Asie.
21Le match est parfois feutré ou discret quand les intérêts financiers et bancaires allemands se coulent dans l’anonymat des pays neutres ; de part et d’autre de la Première Guerre mondiale, l’on sait comment des investisseurs allemands (dans le cadre du fameux diptyque banque-industrie) sont passés par la Belgique53 ou la Suisse (et parfois par le Canada) pour conduire des offensives dans les domaines des industries électrotechniques afin de contourner les susceptibilités antiallemandes dans tel ou tel pays ; c’était de bonne guerre. Pourtant, des corps à corps se sont produits ponctuellement dans les années 1920, quand, en profitant de la dépréciation du franc (en 1922-1926), des investisseurs sous influence germanique et appuyés par des banques germano-néerlando-belges (Mendelssohn et Mannheimer, entre autres) auraient tenté d’acquérir des positions dans le capital de certaines entreprises françaises (Charbonnages de Liévin, d’où une contre-offensive de la Banque de l’union parisienne et de De Wendel), en particulier des banques ; des mouvements d’achat se seraient produits sur le Crédit lyonnais. Que ce soient des fantasmes ou que de telles initiatives aient été secrètement esquissées, les banquiers organisent la défense des sociétés menacées et font voter par leurs assemblées générales l’institution d’actions de fidélité, bénéficiant d’un double droit de vote en cas de détention durable et réservées à des actionnaires nominatifs choisis (un peu selon le statut adopté chez le Suisse Nestlé). La fermeture du « cercle de chariots » contre d’éventuels ou réels prédateurs exprime bien l’antigermanisme à fleur de peau qui prédomine à cette époque.
22Il faut avouer que le « match interbancaire » est finalement perdu par les banques françaises puisque celles-ci doivent concéder la vente forcée ou même parfois l’abandon de nombre d’actifs détenus en Europe centrale et orientale une fois que l’emprise du conquérant nazi s’affirme dans ces contrées en 19371940, que ce soit en Tchécoslovaquie, en Roumanie54 ou, encore, en 1941, en Yougoslavie (vente des Mines de Bor par la banque Mirabaud). Le rapport de force est alors devenu trop inégal, et, dans plusieurs cas, la Deutsche Bank récupère des actifs intéressants. C’est d’ailleurs parfois pour anticiper sur de tels prélèvements que, dans le cadre de la collaboration et des mesures antisémites en 1941-1943, les autorités du régime de Vichy préfèrent accélérer la mise sous séquestre des actifs possédés par des familles israélites dans des banques (Rothschild, Lazard) plutôt que de les voir glisser entre les mains d’intérêts allemands.
C. La résurgence de la compétition bancaire franco-allemande dans les années 1950‑1970
23Une analyse des confrontations entre banques françaises et allemandes manque encore pour les années 1950-1970. Il est vrai que les nécessités de la reconstruction et de la modernisation imposent aux deux pays la mobilisation de leurs ressources au profit de leur marché intérieur et qu’une sorte de gentlemen’s agreement implicite – dû aux spécificités réglementaires et aux coutumes de chaque pays – incite les banquiers européens à éviter de venir prospecter en direct les marchés voisins, sauf sur des niches spécifiques. L’on voit mal, dans l’immédiat après-guerre, des enseignes allemandes venir prospecter des entreprises en France même. L’affrontement se déploie par conséquent à l’international ; mais le « modèle allemand » a désormais été copié peu ou prou par la France, où le système bancaire s’est diversifié et structuré, avec notamment plusieurs établissements tournés vers les crédits à moyen et long termes55, la poussée de banques d’affaires puissantes (Paribas56, Banque de l’union parisienne57) et conquérantes (Banque de l’Indochine58, Banque de Suez et de l’Union des mines59, Banque de l’Union européenne, etc.), et la mobilisation d’institutions parapubliques orientées vers le soutien du commerce extérieur (Banque française pour le commerce extérieur, COFACE pour l’assurance-crédit à l’exportation) ; cette architecture de la place parisienne explique son dynamisme à l’international60.
24Il faudrait éplucher l’ensemble des dossiers des opérations de crédit pour dresser la liste des affrontements des banques françaises et allemandes sur ces marchés internationaux. Il est clair toutefois que le diptyque banque-industrie fonctionne à pleine vapeur à propos des « grands projets » ou des « financements structurés » en devises (notamment en eurodollars) quand les firmes se battent pour vendre des biens d’équipement d’envergure et des usines clés en mains aux pays émergents, ainsi qu’aux pays socialistes : les banques se retrouvent aux côtés de leur (s) partenaire (s) nationaux pour déployer leur savoir-faire en crédits exports, puis aussi en « crédits acheteurs », et des pools de prêteurs mobilisent souvent la communauté bancaire nationale pour en partager le risque. Mais il faudrait scruter des cas d’étude industriels pour pouvoir apprécier l’intensité de la confrontation franco-allemande (au même titre que les autres confrontations binationales, d’ailleurs). Le seul cas que nous avons nous-même scruté, celui d’affaires franco-soviétiques61, indique la mêlée des banques de tous pays, et donc la combativité des maisons françaises et allemandes : une concurrence discrète s’exerce incontestablement, pour les grands crédits ou pour les flux de capitaux durables.
III. Concurrence et coopération : des banques rivales unies par le bon sens
25Cependant, résumer l’histoire bancaire franco-allemande à des fantasmes et à des combats relèverait de l’histoire-fiction à grand spectacle : en effet, la proximité géographique et surtout économique des deux pays a favorisé nombre d’occasions de partenariat entre les places bancaires et une tendance à l’intégration des aires d’activité l’a souvent emporté sur l’érection de fortifications à la Vauban…
A. La multiplication des occasions de partenariat en plein cœur des tensions nationalistes (des années 1880 à 1914)
26La coopération bancaire était « naturelle », d’abord par le jeu des compensations monétaires et interbancaires à l’échelle européenne, qui requièrent l’entretien de réseaux de correspondants sur toutes les places marchandes. Le déroulement de l’opération de paiement de l’indemnité de défaite française, où les liens noués par Bleichröder62 sur la place parisienne avaient été efficaces, les liens de concurrence et de partenariat tout à la fois entre les maisons André et Oppenheim pour les affaires de bons du Trésor égyptien63 avaient révélé l’interaction entre les deux mondes bancaires, au-delà des barrières géopolitiques. De façon moins spectaculaire, le quotidien du négoce nourrit des occasions d’opérations bancaires franco-allemandes, pour épauler notamment les ventes d’arachides de l’empire français sur la place de Hambourg, l’achat de bois du Nord de la Baltique, le fonctionnement quotidien de l’économie métallurgique de l’aire rhénane et de la Sarre (charbon, fer, semi-produits, etc.) et pour accompagner les exportations de vins et spiritueux français en Allemagne, en particulier les bordeaux pour lesquels l’Allemagne devient le premier débouché dans les années 1930. Enfin, la multiplication des transferts de technologie, en direct ou par le biais des filiales belges, canadiennes et suisses – et nous renvoyons aux travaux d’Albert Broder64, Peter Hertner65 et Luciano Segreto66 –, a certainement provoqué des transferts de fonds (pour l’achat de brevets ou le paiement de redevances sur brevets) par le biais de succursales, filiales ou partenaires bancaires.
27Cependant, Poidevin67 a aussi relaté l’importance des placements à court terme de fonds par les grandes banques françaises sur les places allemandes, des prêts liquides destinés à alimenter les banques allemandes en liquidités, dont elles auraient été souvent demandeuses faute d’une collecte de dépôts suffisante et à cause de la rapidité et de l’ampleur de la croissance des besoins des firmes clientes et en mal de trésorerie.
« L’escompte des traites et leur renouvellement à échéance sont les opérations les plus pratiquées ; les banques parisiennes achètent chaque jour du papier commercial allemand. Elles consentent également des prêts momentanés au moyen d’acceptations et peuvent acheter du change à trois mois sur Berlin. Soucieux d’éviter les risques dus aux fluctuations des cours du change, les établissements parisiens préfèrent bien souvent le système des pensions ou escompte à change assuré. Naturellement, ils consentent aussi des avances sur garantie et des prêts en compte courant […]. Il est permis de penser que les capitaux engagés représentaient, bon an mal an, environ un milliard de francs jusqu’en 1911. »68
« De l’été 1898 au début de l’année 1900, la demande est considérable en Allemagne et les capitaux français s’y déversent […]. Pendant un an, jusqu’en été 1901, des capitaux français repartent pour l’Allemagne, attirés par des taux très élevés. Malgré la crise, les banques parisiennes ont placé alors des sommes considérables […]. Dès la fin de 1901, les banques françaises reprennent leurs placements […]. De 1902 au début de 1905, à nouveau, les capitaux français prennent fréquemment le chemin des places allemandes. Les périodes de pointe se situent en juin 1903 (hausse du taux de l’escompte de la Reichsbank) et pendant le deuxième semestre de 1904 (nouveau renchérissement de l’escompte). »69
28Des replis se succèdent (récession allemande de 1901, tensions diplomatiques en 1905-1906), mais « la signature de l’Acte d’Algésiras est suivie, dès le mois de mai 1906, d’un retour des capitaux français ; une fois encore, ils contribuent à soulager un marché allemand en situation difficile. Le monde de la Bourse de Francfort pense même que “l’aide” des banques parisiennes permet à l’Allemagne d’échapper à un krach en 1906 […]. Au printemps 1907, les capitaux français se placent largement en Allemagne […]. De manière brève, en février-mars 1908, puis largement de décembre 1908 à avril 1911, ils reprennent le chemin de l’Allemagne »70 avant un repli désormais durable. Cette situation créditrice est donc révélée soudain quand les autorités françaises exigent qu’on y mette un terme, car les banques auraient dû rapatrier ces fonds en quelques mois, en abandonnant des positions d’affaires intéressantes sur le marché allemand… Pourtant, les contacts sont poursuivis, mais toujours de façon discrète, voire indirecte. La Société générale elle-même, alors la deuxième banque française, utilise ainsi sa filiale belge, la Société française de banque et de dépôts, pour œuvrer en Allemagne, où la SFBD a ouvert une agence à Berlin dès le début du siècle. Rappelons que la maison mère dispose d’une filiale en Allemagne même, la Sogenal, qui a repris ses agences alsaciennes71 en 1881 et qui, ensuite, s’est érigée en banque régionale allemande à l’échelle de la Rhénanie72.
B. La relance des occasions de partenariat en plein cœur des tensions nationalistes (pendant les années 1920‑1930)
29Plus tard, après la Première Guerre mondiale, même quand le nationalisme s’exacerbe, au cœur des années 1920, des maisons de banque allemandes et françaises poursuivent leurs relations d’affaires : Oppenheim, de Cologne, maintient ses liens historiques avec ses correspondants parisiens et obtient des facilités pour les besoins de sa clientèle73. Plusieurs maisons allemandes (comme Mendelssohn) passent d’ailleurs par Anvers et Bruxelles pour accéder à des crédits sur ces places, où sont actives des banques françaises (Paribas, notamment, et, nous l’avons dit, la Société générale par le biais de la SFBD), et l’on peut supposer que la place bruxelloise a été un point de rencontre « neutralisé » pour l’ensemble des banquiers d’Europe du Nord-Ouest. Il est clair que la maison Thalmann qui se crée à Paris en 1929 (avec Richard Thalmann et Georges Mendelssohn) est fortement liée à des intérêts germano-belgo-américains à la maison Ladenburg de Francfort, établie également sur New York dans Ladenburg & Thalmann : cette résurgence du « cosmopolitisme » bancaire s’appuie sur le métier d’investissements mobiliers, car la place parisienne s’inscrit dans les schémas de déploiement des petites investment banks tournées vers la gestion d’actifs ; et Thalmann, en prenant le contrôle de la Société générale financière de placements dès 1928, affirme l’attraction exercée par Paris après le redressement monétaire – avant le repli imposé par la crise et la dissolution effectuée en 1936.
30Enfin, tout comme les merchant banks britanniques, les banques françaises participent (comme avant 1914) à l’octroi de crédits à court terme à leurs consœurs allemandes qui importent certes des capitaux américains, mais pompent aussi beaucoup de prêts on call londoniens et parisiens. De même, surtout quand le contrôle des exportations de capitaux est levé en janvier 1928 et surtout, dès janvier 1927, quand la stabilisation du franc (de facto en décembre 1926) procure à la place parisienne une surabondance de capitaux importés, elles accordent des crédits pour des reports sur devises (dollars) à bon taux d’intérêt74 et pratiquent donc aussi des opérations de change. Tout à coup, quand l’Allemagne devient illiquide, voire insolvable, et négocie les accords de standstill (septembre 1931, pour le premier75) qui gèlent les créances, la position fortement créditrice des merchant banks et des banques françaises est mise au jour… Les premières immobilisent ainsi des capitaux énormes jusqu’aux règlements des années 1950 ; mais les secondes doivent en sus découvrir à une opinion quelque peu scandalisée que la France, en mal de capitaux pour sa modernisation, finance le renouveau allemand… Néanmoins, la Banque de France elle-même détenait un portefeuille d’avoir en Allemagne de 132 millions de francs en juillet 193176 ; une estimation de la Banque de France précise que les banques françaises se retrouvent au troisième rang des banques créancière de l’Allemagne, avec 350 millions de marks, mais loin derrière leurs consœurs américaines (2 400 millions) et britanniques (1 800 millions) et avec une modeste part de 6,4 % des 5 500 millions de dettes allemandes vis-à-vis des banques étrangères77. La seule Société générale porte 80 millions de francs de créances sur les banques allemandes en juillet 1931 :
« Elles résultaient du non-remboursement à leurs échéances d’avances en comptes et de crédits par acceptation consentis, à l’époque, à nos principaux correspondants allemands, qui n’avaient plus eu la possibilité de se procurer les devises nécessaires, par suite des restrictions de change édictées en Allemagne. »78
31Il faut préciser toutefois qu’une partie des échanges de fonds entre les deux pays s’inscrivait dans le schéma des accords Dawes et Young – et d’ailleurs les banquiers pouvaient se côtoyer dans les discussions du processus aboutissant à ces accords, puisque les banques françaises participent à l’emprunt Dawes et que Charles Sergent, président de la Banque de l’Union parisienne, entre au conseil d’administration de la Reischbank en 1924, avant que la communauté bancaire prenne part à la mise sur pied et au fonctionnement de la Banque internationale des règlements79 à Bâle dans le cadre de la mise en œuvre du plan Young. Par ailleurs, les banques françaises géraient à leur niveau une fraction des flux de capital allemand destiné au service des obligations émises en 1925 et 1930. Elles tirent parti de leur aptitude à intervenir sur ce marché régulé pour participer aux opérations de compensation, en récupérant et en transférant l’argent liquide obtenu contre des ventes en nature (charbon, notamment) en Allemagne dans le cadre des accords bilatéraux mis en œuvre dès 1934 – qui prévoient que 15,75 % de la contre-valeur des ventes françaises en Allemagne sont destinés à l’amortissement de la dette gelée.
32Cela dit, malgré ces déboires, les relations commerciales se poursuivent80, d’abord dans le cadre des accords de compensation bilatérale81, puis pendant l’Occupation : avec l’accord (et la signature) des responsables de la direction des relations économiques extérieures, les banques françaises coopèrent (ou « collaborent », selon les points de vue82) avec leurs consœurs allemandes pour assurer les transferts de fonds entre les deux pays (argent pour les prisonniers de guerre, indemnité d’occupation, règlements des opérations entre les firmes des deux pays, etc.), voire pour monter une poignée d’entreprises où les intérêts allemands tentent de mettre la main sur des technologies françaises.
33Toujours pendant ces années 1920, mais sur un tout autre registre, celui de la gestion des firmes bancaires, un réel modèle allemand prend corps, car les banques et compagnies d’assurance germaniques ont pris quelque avance dans la rationalisation de l’organisation d’entreprise, grâce à l’assimilation de techniques américaines et surtout à l’efficacité de l’industrie électromécanique nationale. Les banquiers français effectuent ainsi de véritables pèlerinages pour découvrir et transplanter les méthodes électro-comptables déployées outre-Rhin83 dès le début des années 1920 : les réunions de découverte de la nouvelle technologie se sont effectuées le plus souvent en Allemagne. Les machines Powers ont percé fortement au sein des banques allemandes (Diskonto, Dresdner, Reichsbank) dans les années 1920 – tandis que Bull gagnait le marché de la Darmstädter. Ces établissements ont donc accumulé un capital d’expérience qui a pu servir de vivier pour leurs confrères européens, d’où le livre La « rationalisation » des banques en Allemagne84 en 1928 ou la conférence85 à Paris d’un directeur de la Dresdner Bank en 1930 :
« Un film de la Dresdner Bank, à Berlin, présenté à Nancy et à Paris, à Lille, à Lyon et à Marseille, révélait aux quatre coins de la France, dans le courant de l’année 1930, le secret du fonctionnement de ces groupes importants de machines à statistiquer. »86
34Banquiers français et allemands avaient donc de multiples occasions de se côtoyer, de débattre, de constituer une communauté d’intérêts et d’affaires, ce qui ne signifie pas pour autant que, dans les années 1930, ils aient participé à une quelconque « internationale bancaire » participant à quelque dessein d’Europe autoritaire87.
C. Les banques françaises et allemandes au cœur de l’intégration européenne (à partir des années 1950)
35De façon classique et désormais bien connue – mais sans encore de synthèse –, les banques françaises et les banques allemandes multiplient les partenariats récurrents à partir de la seconde moitié des années 1950. D’une part, elles accompagnent la croissance des échanges commerciaux bilatéraux ; d’autre part, elles épaulent l’implantation des firmes allemandes en France, qui rouvrent des filiales et ont donc besoin d’appuis bancaires sur la place parisienne ; l’intégration européenne accélère le processus de redéploiement des débouchés des firmes françaises aux dépens du marché colonial et le processus de mise en place des complémentarités bi- et multilatérales au sein du nouvel ensemble commercial ouest-européen, d’où notamment la multiplication des implantations directes dans chacun des deux pays français et allemand – et J.-F. Eck88 a bien retracé les prestations délivrées par les banques allemandes aux sociétés françaises (Air liquide, Saint-Gobain, etc.) s’implantant outre-Rhin.
36En France même, un cadre dirigeant de la Banque de l’union parisienne, Auguste Avon, directeur du département Étranger depuis 1948, quand elle a absorbé la filiale parisienne de la Banque belge pour l’étranger, réussit, en pionnier, à discerner l’intérêt de prospecter le marché en cours d’émergence que constituent les filiales allemandes :
« Avon connaissait personnellement les dirigeants de nombreuses banques étrangères, tels que le Dr Abs, président de la Deutsche Bank, et il avait des relations très cordiales et amicales avec les présidents ou directeurs généraux de sociétés industrielles, notamment […] allemandes, comme Bayer et Höchst. Son nom était une référence. »89
37À partir de 1959, la BUP devient le partenaire de nombreuses entreprises allemandes en tant que banque de crédit ; Bayer (avec 82 millions de francs) et Hoechst (81,1 millions) se classent en 1973 aux douzième et treizième rangs pour les encours de crédits à la BUP. Celle-ci se constitue une clientèle fidèle pour des crédits en devises (BASF, Henschel, Krupp, Lufthansa, Röchling, Siemens, etc.). La BUP devient enfin dans les années 1960 le banquier chef de file pour les opérations bancaires et financières de plusieurs compagnies, telles les sociétés chimiques Bayer, BASF et Hoechst, qui percent alors en France ; elle dirige ainsi l’introduction sur la Bourse de Paris des actions Bayer en 1959 et Hoechst en 1973.
38Comme l’a montré dans plusieurs études le spécialiste de l’histoire de l’européanisation des banques françaises, Éric Bussière (passim), la place parisienne renoue rapidement avec sa tradition d’intégration européenne90. D’un côté, des relations bilatérales sont nouées entre le Crédit lyonnais et Commerzbank et entre la BNP et la Dresdner Bank, essentiellement pour des opérations transfrontalières. D’un autre côté, ces mêmes banques et d’autres participent aux grands syndicats interbancaires qui se multiplient pour émettre les obligations publiques ou privées sur l’euromarché émergent, à partir du tournant des années 1960. Enfin, pour être plus efficaces, ces banques s’associent dans les « banques consortiales » qui sont de quasi-banques d’affaires européennes où elles se construisent un capital de compétence en banque de financement et d’investissement à l’échelle européenne pendant une quinzaine d’années91, jusqu’à ce que leur portefeuille de savoir-faire ait été suffisamment consolidé pour leur permettre de voguer ensuite chacune de façon indépendante et d’établir leur propre équipe d’investment banking sur la place de Londres92. La BNP et Dresdner Bank sont ainsi membres de la Société financière internationale créée en 1967 (avec Barclays, ABN, etc.) ; la Société générale et la Deutsche Bank appartiennent à L’EBIC (European Banks International Company), fondée en juillet 1967 – quand Deutsche Bank préfère suspendre les discussions menées jusqu’alors avec le Crédit lyonnais93 –, et que le Crédit commercial de France côtoie la Berliner Handels-Gesellschaft-Frankfurter Bank dans Inter-Alpha. Le Crédit lyonnais patiente quelques mois, puis il conclut un accord avec la Commerzbank le 14 octobre 1970 pour :
« mettre en commun des moyens d’action fondamentaux, commerciaux ou fonctionnels, au bénéfice de la clientèle des entreprises et des particuliers [afin de] monter collectivement au profit des sociétés multinationales des opérations de financement adaptées à leurs besoins »94.
39Les deux maisons deviennent dans le même temps membres du club bancaire Europartners. Et la BUP conclut un accord de coopération en 1972 avec la Bayerische Vereinsbank, la Vereinsbank Hamburg et la Bankhaus Friedrich Simms, maintenu par le Crédit du Nord quand il fusionne avec la BUP en 1974.
40Même si ces coopérations ne constituent qu’une étape de transit dans l’apprentissage des métiers et des pratiques de l’investment banking international et bien que l’individualisme prévale à nouveau à partir des années 1980 – car il eût fallu certainement passer à des rapprochements plus affirmés –, ils signifient bien que le temps des autarcies, rivalités ou réticences stériles n’est plus de mise et que l’européanisation ouvre la voie à des collaborations pragmatiques où le couple bancaire franco-allemand trouve sa place.
Conclusion
41Réalisme, pragmatisme ou cynisme (selon le vieil adage : « business as usual ») sont autant de leviers de l’interpénétration des activités des banques allemandes et françaises. Quels que soient les impératifs du « patriotisme économique » ou industriel, quelles que soient les récurrences des tensions géopolitiques entre les deux pays et les rivalités entre les grandes entreprises, deux facteurs rendent « nécessaire » la coopération interbancaire transfrontalière : la complémentarité entre les économies des deux pays (dont l’outre-mer français) dans le cadre de la division internationale du travail qui multiplie les occasions de flux d’argent ; l’insertion dans le système multilatéral d’échanges de biens, et donc de règlements de devises – malgré la longue période de propension aux accords bilatéraux de compensation dans les années 1930-1940, voire encore pendant la première moitié des années 1950 pour certains produits – qui explique l’intensité et la pluralité des pôles d’échange d’argent entre les deux pays, en direct et surtout par le biais des places internationales, tant continentales que britanniques. Il faudrait des recherches précises et systématiques pour mesurer ces flux, en s’appuyant sur les archives bancaires… En tout cas, l’économie bancaire, elle aussi, est un champ de rencontre et de coopération entre les banquiers français et allemands qui, tout comme les négociants et les industriels, disposent de multiples occasions de discussion, voire de partenariat. C’est d’ailleurs cette proximité – variable selon les époques et la conjoncture – qui permet aux experts français d’apprécier l’efficacité relative du « modèle bancaire allemand », bien que la perception de sa force relève parfois du fantasme ou du mythe, puisque, on le sait bien, la force des banques d’un pays repose d’abord sur la capacité d’innovation, de production et de négoce de ce pays – mais le débat sur ce thème traverse le monde des économistes et des historiens avec de une telle acuité que cette communication ne saurait trancher à ce propos…
Notes de bas de page
1 Cf. Volker Wellhöner, Grossbanken und Grossindustrie im Kaiserreich, Göttingen, 1989. Le thème avait déjà suscité l’étude de Margaret Wittkowski, Grossbanken und Grossindustrie in Deutschland, 1924-1931, Tampere, 1937.
2 Raymond Poidevin, Finances et relations internationales, 1887-1914, Paris, Armand Colin, 1970.
3 Peter Hertner, « German banks abroad before 1914 », in Geoffrey Jones (dir.), Banks as Multinationals, Londres, Routledge, 1990. Richard Tilly, « International aspects of the development of German banking », in Rondo Cameron et V. I. Bovylin (dir.), International Banking, 1870-1914, Oxford University Press, 1991.
4 Jacques Thobie, « L’emprunt ottoman 4 % 1901-1905. Le triptyque finance-industrie-diplomatie », Relations internationales, 1974.
5 Henri Hauser, Les méthodes allemandes d’expansion économique, Paris, Armand Colin, 1915 ; 3e édition en 1916.
6 Ibid., p. 7.
7 Ibid., p. 13.
8 André Liesse, L’organisation du crédit en Allemagne et en France, Paris, 1915. Cf. aussi Charles Rist, « La préparation financière de l’Allemagne », Revue de Paris, 15 mars 1915. Raphaël-Georges Lévy, « Les banques françaises pendant la guerre », Journal des économistes, 15 août 1915.
9 Mais le débat sur le rôle bienfaisant ou non de la banque universelle a été ravivé par les économistes et les historiens ; cf. par exemple : W. Calomiris, « The costs of rejecting universal banking : American finance in the German mirror, 1870-1914 », in Naomi R. Lamoreaux et D. M. G. Raff (dir.), Coordination and Information : Historical perspectives on the Organization of Enterprise, Chicago, University of Chicago Press, 1995, p. 257-315. Michel Lescure, « The origins of universal banks in France during the nineteenth century », in D. J. Forsyth et Daniel Verdier (dir.), The Origins of National Financial Systems, London et New York, 2003. Maurice Lévy-Leboyer, « La spécialisation des établissements bancaires », in Fernand Braudel et Ernest Labrousse (dir.), Histoire économique et sociale de la France, Paris, PUF, 3, premier volume, 1976.
10 H. Bonin, La Banque nationale de crédit. Histoire de la quatrième banque de dépôts française en 1913-1932, Paris, Plage, 2002.
11 Henri Hauser, Les méthodes allemandes, p. 81.
12 H. Bonin, « Frankreich », in Hans Pohl et Gabriele Jachmich (dir.), Europäische Bankengeschichte, Frankfurt, Fritz Knapp Verlag, 1993 [trois chapitres : p. 250-262, 373-393 et 498-516].
13 Henri Hauser, Les méthodes allemandes, p. 256.
14 Ibid., p. 84-103.
15 Ibid., p. 260.
16 Paul Petit, L’impérialisme économique allemand, Paris, 1918.
17 Karl Hellferich, La prospérité nationale de l’Allemagne de 1888 à 1913, Berlin, 1914 (Deutschlands Volkswohlstand, Berlin, 1913).
18 Georges-Henri Soutou, L’or et le sang. Les buts de guerre économiques de la Première Guerre mondiale, Paris, Fayard, 1989 [cf. le chapitre XIII : « L’arme économique », p. 478-568].
19 Cf. L’expansion commerciale, nº spécial de L’Illustration économique et financière, 26 janvier 1924.
20 Georges Dernis, La renaissance du crédit en Allemagne, Paris, Presses universitaires de France, 1927.
21 Ibid., p. 91-97.
22 Cf. Gerd Hardach, « Banking and industry in Germany in the interwar period, 1919-1939 », Journal of European Economic History, p. 13-12, 1984.
23 Paul Thomes, « German savings banks as instruments of development up to the Second World War », in Youssef Cassis, Gerald Feldman et Ulf Olsson, The Evolution of Financial Institutions Markets in 20th Century Europe, Londres, Aldershot, 1995, p. 143-162.
24 Cf. H. Bonin et Dieter Lindenlaub, « Les fonctions des banques centrales et la monnaie scripturale en France et en Allemagne dans l’entre-deux-guerres », in Olivier Feiertag & Michel Margairaz (dir.), Politiques et pratiques des banques d’émission en Europe (XVIIIe-XXe siècles). Le bicentenaire de la Banque de France dans la perspective de l’identité monétaire européenne, Paris, Albin Michel, 2003, p. 475-525.
25 Sur ce thème, cf. Caroline Fohlin, « Universal banking in Pre-World War I Germany: model and myth », Explorations in Economic History, 36, 1999, p. 305-343.
26 Pour une synthèse, cf. Youssef Cassis, « Banque et industrie en Grande-Bretagne et en Allemagne, 1870-1939 », Entreprises et histoire, nº 2, 1992, p. 7-18.
27 Maurice Bommensath, Les secrets de la réussite des entreprises allemandes, Paris, Les éditions d’organisation, 1991.
28 Cf. Manfred Pohl, « Zerschlagung und Wiederaufbau der deutschen Grossbanken, 1945-1957 », Beiträge zu Wirtschaft-und Währungsfragen und zur Bankengeschichte, p. 13-31, 1975.
29 Cf. Lothar Gall, Gerald Feldman, Harold James, Carl-Ludwig Holtfrerich et Hans Büschgen, The Deutsche Bank, 1870-1995, London, Weidenfeld & Nicolson, 1995.
30 Cf. Carl-Ludwig Holtfrerich, Frankfurt as a Financial Centre, München, C. H. Beck, 1999.
31 Josef Esser, « Banken und Industrie in der Bundesrepublik Deutschland », in Karl Rohe, Gustav Schmidt et Hartmut Pogge von Strandmann (dir.), Deutschland-Grossbritannien-Europa, Bochum, 1992, p. 105-124.
32 Sur ce thème de la puissance des banquiers allemands, cf. en Allemagne même : Eberhart Czichon, Der Bankier und die Macht, Cologne, 1979. Harold Wixforth et Dieter Ziegler, « Bankenmacht: Universal banking and German industry in Historical perspective », in Youssef Cassis, Gerald Feldman et Ulf Olsson, The Evolution of Financial Institutions Markets in 20th Century Europe, Londres, Aldershot, 1995, p. 249-272.
33 René Girault, Emprunts russes et investissements français en Russie (1887-1914), Paris, Publications de la Sorbonne-Colin, 1973, rééd. Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1999.
34 H. Bonin, La Société générale en Russie, Paris, La collection historique de la Société générale, 1994, réédition en 2005.
35 Raymond Poidevin, « Les ententes et les rivalités financières franco-allemandes en Roumanie, 1900-1914 », Études danubiennes, tome IX, 2, 2e semestre 1993, nº spécial La France et la Roumanie dans les relations internationales, 1859-1914.
36 Par exemple : Raymond Poidevin, « Les intérêts financiers français et allemands en Serbie de 1895 à 1914 », Revue historique, juillet-septembre 1954, p. 10-55.
37 Jacques Thobie, Intérêts et impérialisme français dans l’Empire ottoman (1895-1914), Paris, Publications de la Sorbonne-Imprimerie nationale, 1977.
38 Manfred Pohl et Kathleen Burk, Deutsche Bank in London, 1873-1938, Munich et Zurich, Piper, 1998.
39 John McKay, « The house of Rothschild (Paris) as a multinational industrial entreprise, 1875-1914 », in Maurice Lévy-Leboyer (et alii, dir.), Multinational Enterprise in Historical Enterprise, Cambridge, Cambridge University Press, 1986, p 74-86. Sur les liens entre les maisons parisienne et viennoise, cf. Bernard Michel, Banques et banquiers en Autriche au début du XXe siècle, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1976.
40 Richard Robert, Schröders. Merchants and Bankers, London, McMillan, 1992.
41 Cf. Jehanne Wake, Kleinwort Benson. The History of Two Families in Banking, Oxford, Oxford University Press, 1997.
42 À propos de cette compétition, cf. Youssef Cassis et Éric Bussière (dir.), London and Paris as International Financial Centres in the Twentieth Century, Oxford, Oxford University Press, 2005.
43 Raymond Poidevin, « La puissance financière de l’Allemagne, 1890-1914 », Relations internationales, nº 29, printemps 1982, p. 33-64.
44 Le journal L’Action française et Léon Daudet dénoncent « les positions de l’Allemand Émile Ullmann » le 11 mai 1915 : « Monsieur le Boche déguisé en Français », « le mandataire occulte des industriels allemands ». Ullmann est alors membre du conseil d’administration du CNEP et de la Banque de l’Indochine, vice-président et directeur du CNEP, naturalisé français dès 1884 et père d’un fils alors sous les drapeaux.
45 Raymond Poidevin, « Placements et investissements français en Allemagne, 1898-1914 », in Maurice Lévy-Leboyer (dir.), La position internationale de la France. Aspects économiques et financiers, XIXe-XXe siècles, Paris, EHESS-Touzot, 1977, p. 217-225, citation p. 220.
46 Intervention de François-Marsal à l’assemblée générale de la BIL, 30 décembre 1919 ; dossier BIL, archives de la BUP. Cité par H. Bonin, La Banque de l’union parisienne. Histoire de la deuxième banque d’affaires française (1874/1904-1974), Paris, PLAGE, 2001, p. 258.
47 L’expansion commerciale, nº spécial cité, p. 20-21.
48 H. Bonin, « Aux origines de l’assurance-crédit en France (1927-1939). La création et l’essor de la SFAC et le repli de ses concurrentes », Histoire, Économie et Société, 3e trimestre 2002, nº 3, p. 341-356.
49 Cf. H. Bonin, Les banques françaises de l’entre-deux-guerres, volume 2 : Les banques & les entreprises en France dans l’entre-deux-guerres (1919-1935), Paris, Plage, 2000.
50 Alice Teichova et Philip Cottrell, International Business and Central Europe, 1918-1939, Leicester-New York, 1983.
51 Cf. Éric Bussière, « The interests of the BUP in Czechoslovakia, Hungary and the Balkans, 1919-1930 », in Philipp Cottrell et Alice Teichova (dir.), International Business and Central Europe, 1918-1939, Leicester, Leicester University Press, 1983. H. Bonin, « La Banque de l’union parisienne en Roumanie (1919-1935). Influence bancaire ou impérialisme du pauvre ? », Revue historique, nº 2/1985. Philippe Marguerat, Banque et investissement industriel : Paribas, le pétrole roumain et la politique française, 1919-1939, Droz, Genève, 1987.
52 Alain Plessis et Olivier Feiertag, « The position and role of French finance in the Balkans from the late nineteenth century until the second world war », in Kostas Kostis (dir.), Modern banking in the Balkans and West-European Capital in the Nineteenth and Twentieth Centuries, Londres, Ashgate-European Association for Banking History, 1999, p. 215-234. H. Bonin, « La Banque d’Athènes, point de jonction entre deux outre-mers bancaires (1904-1953) », Outre-Mers. Revue d’histoire, premier semestre 2001, p. 53-70.
53 Cf. Marie-Thérèse Bitsch, La Belgique entre la France et l’Allemagne, 1905-1914, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994. Éric Bussière, La France, la Belgique et l’organisation économique de l’Europe, 1918-1935, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1992.
54 Philippe Marguerat, « L’Allemagne et la Roumanie à l’automne 1938. Économie et diplomatie », Relations internationales, nº 1, mai 1974.
55 Cf. Patrick Baubeau, Arnaud Lavit d’Hautefort, Michel Lescure, Le Crédit national. Histoire publique d’une société privée, 1919-1994, Paris, J.-C. Lattès, 1994.
56 Éric Bussière, Paribas, l’Europe et le monde, 1872-1992, Anvers, Fonds Mercator, 1992.
57 Cf. H. Bonin, Indosuez. L’autre grande banque d’affaires (1975-1987), Paris, Économica, 1987. Suez. Du canal à la finance (1858-1987), Paris, Économica, 1987.
58 Marc Meuleau, Des pionniers en Extrême-Orient. La Banque de l’Indochine, 1875-1975, Paris, Fayard, 1990.
59 H. Bonin, La Banque de l’Union parisienne, op. cit., 2001.
60 Cf. H. Bonin, « Le rayonnement international des banques françaises (1900-1940) : essai d’évaluation », in Maurice Lévy-Leboyer (dir.), L’économie française dans la compétition internationale, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2006, p. 117-143.
61 H. Bonin, « Business interests versus geopolitics: the case of the Siberian pipeline in the 1980s », Business History, volume 49, nº 2, mars 2007, p. 235-254. H. Bonin, « L’émergence de la coopération industrielle, bancaire et commerciale franco-soviétique dans les années 1960 », in Maurice Vaïsse (dir.), De Gaulle et la Russie, Paris, CNRS Éditions, 2006, p. 229-252.
62 Fritz Stern, L’or et le fer. Bismarck et son banquier Bleichröder. Bismarck, Bleichröder et la construction de l’empire allemand, Paris, Fayard, 1990 (publié à New York en 1977).
63 David Landes, Banquiers et pachas. Finance internationale et impérialisme économique en Égypte, Paris, Albin Michel, 1993.
64 Cf. Albert Broder, « Banking and the electrotechnical industry in Western Europe », in Rondo Cameron et V. I. Bovykin (dir.), International Banking, 1870-1914, New York, 1991, p. 468-484. A. Broder, « L’expansion internationale de l’industrie allemande dans le dernier tiers du XIXe siècle », Relations internationales, nº 29, printemps 1982, p. 65-87.
65 Peter Hertner, « L’industrie électrotechnique allemande entre les deux guerres : à la recherche d’une position internationale perdue », Relations internationales, nº 43, automne 1985, p. 289-304. P. Hertner, « Les sociétés suisses et le développement de l’industrie électrique jusqu’à la Première Guerre mondiale », in Fabienne Cardot (dir.), Un siècle d’électricité dans le monde, 1880-1980, Paris, Association pour l’histoire de l’électricité, 1987. P. Hertner, « Technologie et capitaux allemands dans l’industrie électrotechnique française avant la Première Guerre mondiale : un premier bilan », in Michèle Merger et Dominique Barjot (dir.), Les entreprises et leurs réseaux : hommes, capitaux, techniques et pouvoirs, XIXe-XXe siècles, Paris, 1998, p. 499-521. P. Hertner et Viv Nelles, « Contrasting styles of foreign investment. A comparison of the entrepreneurship, technology and finance of German and Canadian enterprises in Barcelona electrification », Revue économique, volume 58, 1, janvier 2007, p. 191-214.
66 Luciano Segreto, « Le rôle du capital étranger dans l’industrie électrique », in Maurice Lévy-Leboyer et Henri Morsel (dir.), Histoire de l’électricité en France, II, 1919-1946, Paris, Fayard, 1994, p. 982-1019. L. Segreto, « Du “Made in Germany” au “Made in Switzerland”. Les sociétés financières suisses pour l’industrie électrique dans l’entre-deux-guerres », in Monique Trédé (dir.), Électricité et électrification dans le monde, Paris, Association pour l’histoire de l’électricité et PUF, 1992, p. 347-367. L. Segreto, « Financing the electric industry worldwide: strategy and structure of the Swiss electric holding companies, 1895-1945 », Business and Economic History, 1994, 23, p. 162-175. L. Segreto, « Le rôle des investissements suisses dans l’industrie électrique française jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale », in Monique Trédé-Boulmer (dir.), Le financement de l’industrie électrique, 1880-1980, Paris, Association pour l’histoire de l’électricité, 1994, p. 199-216.
67 Raymond Poidevin, Les relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne de 1898 à 1914, Colin, 1969, rééd., Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998.
68 Raymond Poidevin, « Placements et investissements français en Allemagne », op. cit., p. 218.
69 Ibid., p. 218-219.
70 Ibid., p. 219-220.
71 Raymond Poidevin, « Les banques alsaciennes entre la France et l’Allemagne de 1871 en 1914 », Revue d’Allemagne, octobre-décembre 1985, p. 479-489.
72 H. Bonin, « Un modèle ? La Sogenal, une banque régionale européenne (1881-2001) », in Michel Lescure et Alain Plessis (dir.), Banques locales et banques régionales en Europe au XXe siècle, Paris, Albin Michel, 2004, p. 390-410.
73 Dieter Ziegler, « German private banks and German industry, 1830-1938 », Private Banks, 1798-1998, Londres, EABH-Ashgate, 2009. M. Stürmer, et alii, Wagen und Wägen. Sal. Oppenheim jr. & Cie. Geschichte einer Bank und einer Familie, Munich, 1989. Oppenheim avait d’ailleurs participé en 1852 à la création du Crédit mobilier des frères Pereire.
74 Cf. Jean-Claude Debeir, « Le problème des exportations de capitaux français de 1919 à 1939. Substitutions et concurrences », Relations internationales, 1976, nº 6, p. 171-182.
75 Cf. Edward Bennett, Germany and the Diplomacy of the Financial Crisis in 1931, Cambridge-Mass., Harvard University Press, 1962.
76 Procès-verbal du conseil de régence de la Banque de France, 16 juillet 1931. Ces avoirs sont placés à la Reichsbank, à la Commerz- und PrivatBank, à la Darmstädter Bank, à la Deutsche & Diskonto Bank, à la Dresdner Bank, chez Mendelssohn et chez Warburg.
77 Ibid. Les banques françaises devancent leurs consœurs suisses (300 millions de marks) et hollandaises (200 millions). Nous donnons ces chiffres avec toute prudence puisqu’il s’agit de la seule source que nous mobilisons.
78 Note du 16 février 1936, département de l’Étranger, archives historiques de la Société générale. Les créances sont estimées à 67 millions de francs dans cette note. Une autre note, Engagements avec les banques allemandes, du 4 avril 1934, précise : « D’un montant global de 80 millions de francs en juillet 1931, nous réussîmes, en absorbant d’office les soldes créditeurs qu’entretenaient alors chez nous nos débiteurs, à ramener ces engagements à 72 millions de francs environ. » « Le président, faisant allusion aux difficultés financières que traversent actuellement les pays de l’Europe centrale et notamment l’Allemagne, met le Conseil au courant de la situation de la Société générale dans ces divers pays. Il précise que, depuis plusieurs mois, le directeur général, informé de la situation, a pris les mesures utiles en réduisant et même en supprimant un certain nombre de crédits précédemment ouverts aux banques allemandes et de l’Europe centrale, de sorte qu’à l’heure actuelle les engagements de la Société générale, qui n’avaient jamais atteints des chiffres élevés, se trouvent encore sensiblement diminués », procès-verbal de la séance du conseil d’administration de la Société générale, 2 juillet 1931. « Le projet d’accord de Berlin destiné à remplacer l’accord de Bâle venant à expiration le 29 février [1932] a pour objet le maintien à la disposition des débiteurs allemands pour douze mois des crédits par acceptation, par caisse ou autres, tels que ces crédits se trouvaient effectivement utilisés au 31 juillet ou au 8 octobre 1931. Seule est admise une réduction de 10 % sur les chiffres initiaux du 31 juillet ou du 8 octobre, mais à la condition seulement que cette réduction puisse être effectuée sur des montants inutilisés au 25 février 1932 […]. Les crédits ouverts par la Société générale sont des crédits par acceptation. La réduction de leur montant sur celui du 31 juillet 1931 dépasse à l’heure actuelle 25 %. La Société générale a donc un intérêt évident à ne pas signer l’accord de Berlin », ibid., 25 février 1932. Non signataire des accords de Bâle et de Berlin, la Société générale parvient à récupérer 27 millions de francs entre le 31 juillet 1931 et le 28 février 1933, soit un tiers de sa créance, alors que la signature des accords ne lui aurait permis d’en récupérer qu’un dixième… Mais elle doit adhérer à la convention de Berlin de mars 1933 et à l’accord spécial franco-allemand. Au 28 février 1934, sa créance sur les banques allemandes est tombée à 27,7 millions de francs, puis à 21,8 millions en mars 1934.
79 Gianni Toniolo (et Piet Clement), Central Bank Cooperation at the Bank of International Settlements, 1930-1973, Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
80 Jacques Marseille, « Le commerce entre la France et l’Allemagne pendant les années 1930 », in La France et l’Allemagne, 1932-1936, Paris, CNRS, 1980.
81 Sylvain Schirmann, « Le clearing franco-allemand, 1er août 1934-1er août 1935 », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, nº spécial Les relations économiques franco-allemandes au XXe siècle (Raymond Poidevin dir.), XXV-4, octobre-décembre 1993, p. 499-506.
82 Annie Lacroix-Riz, « Les grandes banques françaises de la Collaboration à l’épuration, 1940-1950. I. La collaboration bancaire », Revue d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, 1986, nº 141, p. 3-44. Annie Lacroix-Riz, Industriels et banquiers sous l’Occupation. La Collaboration économique avec le Reich et Vichy, Paris, Armand Colin, 1999. Pierre-Henri de Menthon, « Les banquiers français sous l’Occupation », Le Nouvel Économiste, nº 937, 18 mars 1994, p. 44-48.
83 H. Bonin, « The development of accounting machines in French banks from the 1920s to the 1960s », Accounting, Business & Financial History, 14-3, Novembre 2004, p. 257-276.
84 Georges Le Montréer, La « rationalisation » des banques en Allemagne, Paris, 1928.
85 Eugen Rambow, « Pourquoi et comment la Dresdner Bank a rationalisé ses services », revue Banque, novembre 1930, p. 810-813. La conférence s’accompagne de la projection d’un film documentaire présentant des services mécanisés au sein de cette banque allemande.
86 Revue Banque, décembre 1930, p. 853.
87 Cf. Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite. Les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2006.
88 Cf. Jean-François Eck, « Le rôle des banques », in Les entreprises françaises face à l’Allemagne de 1945 à la fin des années 1960, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2003, p. 169-190.
89 Témoignage oral d’un dirigeant de la BUP, in H. Bonin, La Banque de l’Union parisienne, p. 445.
90 Cf. H. Bonin, « L’intégration européenne des banques françaises (1796-1996) », in Bankhistorisches Archiv. Zeitschrift zur Bankgeschichte, 2/1996, Fritz Knapp Verlag, Frankfurt, p. 59-85.
91 Duncan Ross, « Clubs and consortia: European banking groups as strategic alliances », in Stefano Battilossi et Youssef Cassis (dir.), European Banks and the American Challenge. Competition and Cooperation in International Banking under Bretton Woods, Oxford, Oxford University Press, 2002, p. 135-160. Bernard Marois et T. Abdessemed, « Cross-border alliances in the French banking sector », International Studies of Management and Organization, 26, 1996, p. 38-58.
92 Cf. David Kynaston, City of London: A Club no more, 1945-2000, Londres, Chatto et Windus, 2001.
93 Éric Bussière, « European aspirations and market reality: Paribas, the Crédit lyonnais, and their European strategies in the 1960s and 1970s », in Stefano Battilossi et Youssef Cassis (dir.), European Banks and the American Challenge. Competition and Cooperation in International Banking under Bretton Woods, Oxford, Oxford University Press, 2002, p. 161-176.
94 Rapport annuel du Crédit lyonnais pour l’année 1970.
Auteur
Spécialiste d’histoire bancaire et d’histoire de l’entreprise tertiaire, est professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Bordeaux et à l’UMR GRHETA-Université Montesquieu-Bordeaux IV. Il a soutenu en 1995 sa thèse de doctorat d’État, dirigée par le professeur Maurice Lévy-Leboyer, sur « Les banques françaises de l’entre-deux-guerres » (Paris, PLAGE, 2000). Ses dernières publications sur le thème du colloque sont : Histoire de la Société Générale 1864-1890, Genève, Droz, 2006 ; Fraude, contrefaçon et contrebande, de l’Antiquité à nos jours, en codirection avec Gérard Béaur et Claire Lemercier, Genève, Droz, 2007 ; Adrien Marquet. Les dérives d’une ambition, Bordeaux, Paris, Vichy (1924-1955), Bordeaux, Confluences, 2007 ; L’esprit économique impérial (1830-1970). Groupes de pression et réseaux du patronat colonial en France et dans l’empire, en codirection avec Catherine Hodeir et Jean-François Klein, Paris, Publications de la SFHOM, 2008 ; Company Journals in Banks and Insurance companies: History and Recent Development, en codirection avec Lorans Tanatar Baruh, Francfort, European Association for Banking and Financial History, 2008 ; American Firms in Europe (1890-1980) Strategy, Identity, Perception and Performance, codir. avec Ferry de Goey, Genève, Droz, 2008.
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