Liaisons dangereuses. Les relations économiques franco-allemandes à l’ère de la mondialisation
p. 309-324
Texte intégral
1Des deux côtés du Rhin, les responsables politiques aiment à présenter les relations économiques franco-allemandes comme un modèle de coopération bilatérale. « Pour l’essentiel », déclarait par exemple le président de la République Jacques Chirac lors de sa visite en Allemagne à l’été 2000, « l’Allemagne est le premier partenaire de la France et la France, le premier partenaire de l’Allemagne. »1 Cette remarque est exacte, aujourd’hui encore, comme le montre l’analyse des échanges commerciaux entre l’Allemagne et la France. Le recul du commerce de marchandises est une conséquence des changements profonds qui ont marqué l’économie mondiale et qui ne sont pas restés sans effet sur les relations économiques franco-allemandes. À l’ère de la mondialisation, ces dernières subissent le poids des politiques économiques nationales, qui sont dans le meilleur des cas différentes, mais aussi souvent opposées. Les divergences d’appréciations apparues dans les deux pays autour de l’OPA lancée sur Aventis, entreprise franco-allemande modèle, en sont l’illustration. Cet exemple laisse entrevoir les grandes lignes d’une politique industrielle française qui, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mettra les relations bilatérales à rude épreuve.
I. Un tournant dans les échanges
2Depuis les années 1960, la France est le premier partenaire commercial de l’Allemagne. En 1961-1962, la France a succédé aux Pays-Bas en tant que premier pays importateur de marchandises allemandes.2 Et, pour la première fois en 1968-1969, l’Allemagne a importé plus de marchandises de France que des États-Unis d’Amérique.3 Cette situation s’est maintenue au-delà de l’an 2000. En 2005, les échanges bilatéraux de marchandises représentaient 130 milliards d’euros.4 Ces chiffres impressionnants ne doivent toutefois pas masquer le fait qu’au cours de la dernière décennie, le commerce mondial a connu une croissance encore plus forte. Tandis que le commerce extérieur allemand doublait entre 1995 et 2005, les échanges avec la France ne progressaient que de moitié.5 Il n’est pas surprenant que la part de la France dans le commerce extérieur allemand ait reculé pendant cette période. En 2003, elle est repassée sous la barre des dix pour cent pour la première fois depuis 1962. Parallèlement, on a enregistré une croissance des échanges avec l’Europe, c’est-à-dire l’Union européenne – avec la Communauté européenne avant 1993 et avec la Communauté économique européenne avant 1967 – comme le montre le graphique ci-dessous. Cette évolution du commerce extérieur allemand est imputable non seulement à l’« élargissement » de l’Europe intégrée6, mais également aux améliorations structurelles des possibilités d’échanges en Europe et dans le monde.
3Ce phénomène, qui se révèle profitable avant tout pour le commerce mondial, est communément décrit sous le terme de « mondialisation », au sens d’un mouvement d’intégration de l’économie mondiale. Il est apparu au plus tard dans les années 1980 et s’est accentué au cours de la décennie suivante7. Une des conséquences a été l’augmentation considérable de la somme des investissements directs. Les investissements de l’Allemagne dans le monde sont passés de 200 milliards d’euros à peine au milieu des années 1990 à quelque 700 milliards d’euros en 20018. Avec 200 milliards d’euros environ, les investissements français à l’étranger avaient déjà atteint leur niveau le plus élevé en 2000.
4Ce graphique montre très bien l’augmentation vertigineuse de la somme des investissements directs (en noir) autour du passage à l’an 2000. L’augmentation a été moins forte pour les investissements allemands en Europe (en gris foncé) et en France (en gris clair). Tous ces milliards sont allés notamment dans les opérations de fusion : le constructeur automobile Daimler-Benz fusionne en 1998 avec l’entreprise Chrysler, son concurrent aux États-Unis, la Deutsche Bank fait l’acquisition de la Bankers Trust et l’entreprise allemande Dasa cherche à fusionner avec British Aerospace.9 Cette vague touche également la branche pharmaceutique, qui voit naître avec Aventis l’une des entreprises franco-allemandes les plus réussies.
II. Aventis – ou de l’influence de la politique sur l’économie
5L’aventure franco-allemande débute en 1999 avec la fusion de Hoechst AG et de Rhône-Poulenc. Ce qui, à l’époque, allait devenir le premier groupe d’agrochimie et le deuxième groupe pharmaceutique au monde, est la réponse de Jürgen Dormann au phénomène de mondialisation de l’économie mondiale apparu dans les années 80. Après avoir pris les rênes de Hoechst en 1994, il démantèle ce qu’il appelle lui-même le « bazar » qui avait été créé en 186310. Sa devise : « dérouiller » et « dégeler ». Après l’assainissement du portefeuille et l’adaptation des capacités, il ne reste des activités de Hoechst AG que le secteur des « sciences de la vie », c’est-à-dire les branches pharmaceutique et phytosanitaire et la santé animale11, tout ce qu’apportera Jürgen Dormann lors de la fusion avec Rhône-Poulenc fin 1999. Cette société par actions, fondée en 1961, poursuivait les activités de la Société des usines chimiques Rhône-Poulenc (SUCRP) née en 1928 de la fusion des Établissements Poulenc Frères et de la Société chimique des usines du Rhône. Les origines de ces entreprises remontent – comme celles de Hoechst AG – au XIXe siècle, au tout début de la synthèse des composés organiques. Nationalisée en 1982 par le gouvernement français, la société Rhône-Poulenc va faire l’objet d’une réorganisation, à l’instar de l’ensemble de la branche. La restructuration imposée par Jean-René Fourtou en 1986 conduit, après une re-privatisation du groupe en 1993, à la fusion avec Hoechst AG, qui s’était positionnée de la même manière.12
6Dès le début, Aventis est considérée comme une entreprise franco-allemande modèle, dont le siège est établi, symboliquement, aux portes de Strasbourg. Ainsi, « des entreprises de pointe se sont volontairement unies sur notre continent pour avoir la force de s’imposer à un échelon mondial », se félicitait Gerhard Schröder, à l’époque chancelier fédéral, lors d’un discours prononcé devant l’Assemblée nationale le 30 novembre 199913. Le fait que, dans cette expérience, l’entente ne soit pas toujours parfaite ne parvient que rarement aux oreilles du public14. Ce dernier peut d’autant mieux suivre l’évolution stratégique de l’aventure. Conçu comme groupe industriel des sciences de la vie, le nº 1 de l’agrochimie et nº 2 de la pharmacie dans le monde abandonne sa branche « agrochimie » deux ans seulement après sa création, en 2001.15 Jürgen Dormann, qui passe pour un « aventurier » parmi les dirigeants de groupes allemands, souhaite à l’avenir recentrer les activités d’Aventis uniquement sur le secteur pharmaceutique. Quelques produits vedettes, les fameux « blockbusters », doivent générer des profits élevés et garantir la rentabilité de l’entreprise. Mais – soit ces produits arrivent trop tard sur le marché, ou bien trop tôt – la tactique de la « voie étroite » est rapidement abandonnée16. Cela est encore accéléré par la crise que traverse la branche pharmaceutique à la suite du krack boursier de 2001. Soudain, l’aventure n’a plus l’envergure souhaitée, la capitalisation boursière d’Aventis à hauteur de 51,7 milliards de dollars représente tout juste le quart de celle de Pfizer, qui se chiffre à 225,3 milliards.17 « La taille ne fait pas tout », fait observer le dirigeant de Novartis, Daniel Vasella, qui a initié la vague des grandes fusions avec l’union de Ciba-Geigy et Sandoz en 1996, « mais elle est essentielle si l’on veut être compétitif ».18
7Si Aventis connaît initialement le succès (progression de l’action de près de 50 % en 2000, un an après la fusion), celui-ci ne perdure pas. Tandis qu’en 2002 son chiffre d’affaires passe de 15,6 milliards à 20,6 milliards d’euros et son bénéfice après impôt de 1,5 milliard à 2 milliards d’euros, le groupe doit revoir ses prévisions à la baisse pour 2003, ce qui entraîne une brève chute du cours de plus de trois pour cent. Les « blockbusters » (l’antiallergique « Allegra », l’antithrombotique « Lovenox » et l’anticancéreux « Taxotere ») ne se vendent plus en Amérique, et les nouveaux médicaments ne semblent pas convaincre le marché, du moins les investisseurs.19 La forte concurrence, qui sévit au niveau mondial et le risque, surtout en Europe, de se retrouver piégé par les coûts et les prix ne semblent conduire qu’à de nouvelles fusions, qui font l’objet de spéculations dès 2001. Au printemps 2003, ces dernières se répercutent sur le cours de l’action Aventis, qui avait déjà atteint son point le plus bas. Les rumeurs d’OPA profitent également aux acquéreurs potentiels, comme Sanofi-Synthélabo.20 Finalement, le 26 janvier 2004, l’entreprise française fait connaître ses intentions et ce concurrent qui, bien que deux fois plus petit, enregistre des profits bien supérieurs, fait une offre qui ne plaît pas du tout à l’objet de sa convoitise.
8L’offre publique d’achat, perçue comme « hostile », soulève un vent de protestation des deux côtés du Rhin. « Battez-vous ! » lance un magazine d’informations à Gerhard Schröder.21 Le chancelier fédéral, qui salue « par principe la coopération entre les entreprises françaises et allemandes parce qu’ensemble elles sont plus fortes sur le marché mondial », concède, à l’issue d’une rencontre avec le président français Jacques Chirac à Genshagen, que « ce genre d’événement devrait se faire sur le modèle amical… ». Du reste, les deux hommes politiques considèrent que cette affaire relève de la sphère privée et qu’elle échappe aux gouvernements.22 Et pourtant ! Lorsque Aventis propose un « chevalier blanc » en la personne du dirigeant du géant de la pharmacie Novartis, Daniel Vasella, et que celui-ci fait entrevoir une reprise « amicale » par le groupe suisse à un prix plus élevé, le gouvernement français s’immisce bel et bien dans l’affaire. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, insiste sur les « intérêts nationaux » de son pays, faisant valoir que « la construction d’un grand groupe pharmaceutique européen profondément ancré, profondément aussi marqué par les relations franco-allemandes est stratégique pour la France ».23 Ces « relations franco-allemandes », qu’il ne manque pas d’évoquer, ne vont toutefois pas jouer de rôle dans la suite de l’affaire. Sans détour, le gouvernement français fait pression24, organise une rencontre des parties contractantes25 et obtient une augmentation de l’offre d’achat, qui atteint alors 55 milliards d’euros26, ce qui correspond à la somme de 56 milliards d’euros prévue initialement par Novartis. Le 25 avril 2004, le conseil de surveillance d’Aventis accepte l’offre de Sanofi. Les Français obtiennent ainsi le marché et les Suisses restent les mains vides, malgré une offre plus alléchante.27
9Tandis que le gouvernement français se félicite ouvertement du résultat de l’opération, le gouvernement fédéral s’abstient de tout commentaire, laissant simplement filtrer28 qu’il s’agit d’une décision des entreprises, qui n’appelle donc pas de commentaires de la part de la Chancellerie. Des rumeurs justifient ce « silence frappant » par la tentative de Siemens de prendre une participation dans la société Alstom.29 Mais, en coulisse, le gouvernement fédéral invite à plusieurs reprises le gouvernement français à faire preuve de « neutralité » dans ce type d’affaires. Le ministre allemand de l’économie, Wolfgang Clément, menace même de conséquences fâcheuses si Paris poursuit sa politique interventionniste. La politique industrielle, qui froisse les alliés de la France, est également mise à l’ordre du jour du troisième conseil des ministres franco-allemands, qui se tient en mai 2004 à Paris. Alors que le président Jacques Chirac se montre ouvert à la critique allemande, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et le ministre de l’Économie et des Finances, Nicolas Sarkozy, défendent la politique interventionniste de l’État : le gouvernement doit promouvoir la constitution de « champions nationaux et européens » afin de profiter des possibilités offertes par le marché et de garantir les emplois. C’est ainsi que Jacques Chirac et ses ministres envisagent une rencontre « avant la fin de ce mois » à Berlin, pour discuter des conceptions de la France et de l’Allemagne en matière de politique industrielle qui, si elles ne sont pas opposées, sont à tout le moins différentes.30 La crise d’Alstom incite tout d’abord la France à accélérer les choses. Le groupe français, spécialiste des infrastructures d’énergie et de transport ferroviaire, frôle le dépôt de bilan et ne peut être sauvé sans l’aide de l’État. Le commissaire européen à la Concurrence, Mario Monti, autorise le sauvetage sous réserve que l’entreprise cède sa branche « turbines » à Areva et la technique ferroviaire à Siemens.31 Le plan de cessions avait été approuvé en mai 2004 aussi bien par le président Jacques Chirac que par le ministre de l’Économie et des Finances, Nicolas Sarkozy.32 Si cela se solde finalement par un échec, comme l’OPA lancée par Sanofi sur Aventis, c’est la conséquence de ce curieux mélange de libéralisme et d’interventionnisme qui caractérise la politique menée par le « super ministre » français.33 Nicolas Sarkozy incarne en quelque sorte cet antagonisme franco-allemand en matière de politique industrielle, que même les chefs d’État et de gouvernement n’ont pu surmonter. Ainsi, le chancelier fédéral Gerhard Schröder et le président Jacques Chirac annoncent, à l’issue d’une rencontre informelle dans le cadre du processus de Blaesheim le 14 juin 2004 à Aix-la-Chapelle, la création d’un groupe franco-allemand réunissant des industriels des deux pays pour parler de questions de politique industrielle.34 Ainsi naît le sommet sur la politique industrielle auquel participent des entrepreneurs des deux pays à l’automne 2004, sous la direction de Gerhard Cromme (Krupp) et de Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain). Le « groupe de travail », qui se met à l’œuvre sous le mot d’ordre « coopération économique », va se consacrer aux échanges bilatéraux.35 Des projets sont présentés au printemps 2005 et approuvés dans le cadre du conseil des ministres franco-allemand du 26 avril 2005 à Paris. L’objectif est de développer, sous l’impulsion de l’État, la coopération franco-allemande dans différents domaines de la recherche.36 La définition de cette coopération par des industriels ne doit pas masquer l’incapacité des dirigeants politiques à faire concorder leurs approches en matière de politique industrielle. En ce sens, le groupe de travail répond, à la demande des dirigeants politiques, à l’opposition traditionnelle entre l’Allemagne et la France en matière de politique industrielle, sous la forme de projets bilatéraux.37
III. Le « patriotisme économique » ou la politique industrielle comme outil de la politique sociale
10La France est considérée comme le berceau de la politique industrielle,38 dont l’origine remonte à l’époque de l’Absolutisme. La politique menée par Jean-Baptiste Colbert, qui visait à augmenter les recettes de Louis XIV grâce au développement économique du pays, sert aujourd’hui encore de modèle pour la politique industrielle française. Si la justification, les destinataires ainsi que les méthodes ont évolué au fil du temps, l’initiateur est resté le même : l’État qui doit promouvoir le développement économique du pays afin de garantir la place de ce dernier dans le monde, d’accroître le bien-être de ses citoyens et bien d’autres choses encore.39 Aujourd’hui, la politique industrielle française doit empêcher la « désindustrialisation » et les « délocalisations » et, par conséquent, préserver la France des effets négatifs de la mondialisation.40 L’interdépendance croissante des économies dans le monde est considérée, outre Rhin, en premier lieu comme une chose négative, depuis le pamphlet de Viviane Forrester sur « l’horreur économique ».41 Le contexte explique les « accents nationalistes » du gouvernement français42 qui ont accompagné les débats autour de l’OPA lancée sur Aventis au printemps 2004. Ils préfiguraient ce « patriotisme économique », prôné par le Premier ministre, Dominique de Villepin, à l’été 2005.43 La raison en était la tentative d’OPA du groupe italien Enel sur le distributeur français Suez, et la rumeur selon laquelle Pepsi-Cola voulait acheter Danone. « Il n’en est pas question ! » Cette déclaration patriotique du gouvernement français est suivie de faits concrets : à l’été 2005, est votée une loi destinée à protéger Renault qui contraint l’auteur d’une OPA à inclure dans son offre les filiales étrangères de la société visée. Ainsi, Nissan ne pouvait plus avaler Renault, et Suez, Lagardère ou LVMH devenaient de trop gros poissons.44 Finalement, par un décret pris fin 2005, onze « secteurs stratégiques de l’économie » sont placés sous la protection de l’État.45 Le tableau suivant présente, outre les secteurs protégés, des exemples d’entreprises susceptibles d’être protégées conformément à ce décret.
11Quiconque souhaite lancer une OPA sur une entreprise française relevant de l’un des secteurs susmentionnés est désormais soumise à une procédure d’autorisation.46 Le « patriotisme économique » vise avant tout à mener une politique de l’emploi avec des outils relevant de la politique industrielle : les emplois, mais également les capacités de recherche et développement doivent être conservés sur le territoire national. À cette fin, il convient de créer des « champions nationaux », voire, en cas de besoin, lorsque les résistances sur le vieux continent deviennent trop importantes, des champions « européens », implantés dans chacun des pays concernés, de manière à garantir les emplois et le savoir-faire dans des « secteurs stratégiques ».47 Les seuls à croire que cette politique « néomercantile » permettra de venir à bout de la « mondialisation » sont les responsables politiques et les populations concernées. Les économistes considèrent quant à eux que cette approche est « plus que dépassée » eu égard à l’« européanisation » et à l’« internationalisation » des entreprises allemandes comme des entreprises françaises.48 Hormis le fait que les sociétés par actions, en particulier les françaises avec leur degré élevé de diversification financière, peuvent difficilement se protéger contre les prises de contrôle, à moins que les règles générales de l’économie ne soient totalement réécrites par les responsables politiques, les entreprises n’obéissent à aucune logique politique dans le long terme. Ce n’est pas sans raison que Louis Gallois, dirigeant du groupe Airbus alors en crise, exigeait, face aux difficultés résultant de l’origine politique de la société mère, qu’EADS/Airbus devienne une « entreprise normale ».49 Pour rappel : EADS voit le jour en 1999 avec la fusion de la Deutsche Aerospace AG, la Dasa, au sein de laquelle le chef de Daimler, Edzard Reuter, concentre les activités liées à l’aérospatiale et à l’armement du groupe, et de la société Aérospatiale Matra, fusion qui ne sera finalisée qu’à l’été 2000 avec l’arrivée d’un troisième membre, l’entreprise espagnole Casa (Construcciones Aeronáuticas, SA). Le projet européen Airbus avait « décollé » dès 1970, mais c’est en 2001 qu’EADS le prend sous son aile. L’entreprise pâtit de sa direction bicéphale franco-allemande, qui ne fonctionne à vrai dire que dans les périodes fastes. À la moindre difficulté, deux « camps » apparaissent, et ce pas uniquement à la tête de l’entreprise, qui s’opposent plus qu’ils ne coopèrent.50
Tableau 1. Secteurs « stratégiques » de l’économie française
Secteurs stratégiques | Exemples d’entreprise |
Sécurité | Safran, Thalès |
Biotechnologies/production d’antidotes | Sanofi‑Aventis, Transgène |
Casinos, hôtellerie | Accor |
Défense, armement | Dassault Aviation |
Télécommunications | Alcatel |
Sécurité informatique | Thalès |
Industries du nucléaire | Areva |
12Ce que l’on observe de plus en plus fréquemment dans les multinationales est devenu monnaie courante au niveau de la politique économique, et plus particulièrement de la politique industrielle. Ainsi, depuis la fin des années 1980, les États-Unis ont mis en place une commission chargée de contrôler les investissements directs étrangers via l’acquisition ou la prise de contrôle d’entreprises américaines par des investisseurs étrangers. Les questions liées à la sécurité nationale figurent au premier plan.51 Dans la « course des nations », on constate aussi en République fédérale un appel de plus en plus marqué en faveur d’une « solide politique de défense des intérêts ». « Nous devons renforcer le soutien aux branches que nous ne pouvons-nous permettre de perdre au cours des 10, 20 prochaines années », affirme par exemple le dirigeant de McKinsey (Allemagne), tout en mettant en garde contre une « course aux blocages et réglementations réciproques ».52 Sa politique industrielle repose sur la recherche de « secteurs-clés », pour lesquels il convient de supprimer de manière systématique les désavantages concurrentiels et ceux liés au lieu d’implantation. Cette approche moderne de Frank Mattern est traduite par les responsables politiques dans des termes plutôt traditionnels, comme le montre l’exemple d’Airbus. À l’issue d’une rencontre avec la chancelière fédérale Angela Merkel le 23 février 2007, le président Jacques Chirac déclare que dans « l’affaire Airbus », la situation de l’entreprise « exigeait de mettre en œuvre un certain nombre de réformes » qui devaient « être définies et appliquées par l’entreprise elle-même ». Néanmoins, des « principes simples » comme la « solidarité » et l’« équité » devaient être pris en compte. En clair : un partage équitable des efforts, pas de licenciements secs et pas de suppression de sites sans « compensations ».53
13Voilà pour ce qui est de la liberté d’entreprendre au sein d’une entreprise européenne qui, naturellement, représente un cas particulier. Il n’empêche qu’une politique se réclamant du « patriotisme économique » transforme les coopérations franco-allemandes en liaisons dangereuses. En effet, « dans certains cas, les entreprises françaises doivent être défendues », comme le déclare Éric Woerth, ministre du Budget de Nicolas Sarkozy. Si l’État ne doit pas « intervenir de manière systématique », il y a « certaines situations » dans lesquelles il peut se voir confier la mission de « renforcer les entreprises industrielles ». Il ne précise toutefois pas à quel moment la France doit intervenir.54 Lors du ballottage avec la candidate socialiste Ségolène Royal, qui fait figure de Jeanne d’Arc des pauvres, des étrangers et autres défavorisés55, Nicolas Sarkozy laisse libre cours à sa veine sociale : « Je veux dire à tous les Français qui ont peur de l’avenir, qui se sentent fragiles, vulnérables, qui trouvent la vie de plus en plus lourde, de plus en plus dure, que je veux les protéger ».56 Les Français l’ont élu, avec une nette majorité, sixième président de la Ve République. Dès sa prise de fonctions en mai 2007, ce « touche-à-tout » imprime son rythme dans tous les domaines, ou presque, de la vie politique.57 Il réussit ainsi avec Angela Merkel à mettre en œuvre une réforme de la direction d’EADS/Airbus, et ce de manière consensuelle.58 En définitive, pour le président, l’amitié franco-allemande est « sacrée ».59 Mais, comme le montre le différend sur la prise de contrôle d’Aventis, ce « protectionniste libéral »60 n’est pas exempt de pensées hérétiques. « Nous devons protéger nos marchés et nos entreprises », souligne-t-il. Il rejette les critiques à l’encontre de sa politique industrielle, les qualifiant d’« ultralibérales ». « Nous devons être capables de faire autant pour nous protéger que ce que font les autres. » L’Europe doit se défendre comme les autres.61 Dans ce contexte, la politique industrielle pourrait bien, à l’ère de la mondialisation, devenir le lieu d’affrontement de la France et de l’Allemagne, d’autant qu’entre-temps, le gouvernement fédéral s’est engagé lui aussi dans une réflexion sur les entreprises allemandes et leur protection.62 Le « nationalisme économique » allemand s’appelle « strategische Standortpolitik im 21. Jahrhundert », que l’on peut traduire par la stratégie de défense des intérêts économiques et industriels nationaux au XXIe siècle.63 Cette politique accorde au ministère fédéral de l’Économie un droit de contrôle dès lors qu’une entreprise étrangère détient une participation supérieure à 25 % dans une entreprise allemande. Si la sécurité ou l’ordre public devaient être menacés en Allemagne, ladite participation pourrait être interdite conformément au projet de loi modifiant la loi sur les relations économiques extérieures (Außenwirtschaftsgesetz).64 Ce « nouveau protectionnisme » (Otto Graf Lambsdorf) ne manquera pas de raviver le dualisme franco-allemand.65 Au plus tard en janvier 2009, une décision devra être prise sur la participation du groupe Siemens dans la filiale réacteurs d’Areva.66 Tandis que les Allemands veulent au moins conserver leur participation, les Français verraient leur départ d’un bon œil.67 Il est peu probable, à l’ère de la mondialisation, que Paris renonce à imposer ses intérêts en matière de politique industrielle. Mais, dans ce domaine, Berlin ne cèdera plus ; le pourrait-il d’ailleurs ? Une façon de désamorcer ce conflit bilatéral est de traiter le thème de la politique énergétique dans le contexte européen : un dossier explosif de plus pour la présidence française de l’Union européenne au second semestre 2008.68
Notes de bas de page
1 http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/discours_et_declarations/2000/juin/allocution_du_-president_de_la_republique_devant_le_bundesverband_der_deutschen_industrie_en_allemagne.1175.html.
2 Cf. Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 1962, Stuttgart, Mayence, Kohlhammer, [1962], p. 331 (Annuaire statistique de la République fédérale d’Allemagne).
3 Cf. Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 1963, Stuttgart, Mayence, Kohlhammer, [1963], p. 298 et Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 1970, Stuttgart, Mayence, Kohlhammer, 1970, p. 282.
4 Cf. Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 2006, Wiesbaden, Statistisches Bundesamt, 2006, p. 471.
5 Cf. Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 2006, Wiesbaden, Statistisches Bundesamt, 2006, p. 458 : si le commerce extérieur allemand représentait 722,85 milliards d’euros en 1995, il atteignait déjà 1 400 milliards d’euros en 2005, ayant ainsi doublé en l’espace d’une décennie. Sur la même période, les échanges commerciaux avec la France passent de 82,29 milliards à 132,74 milliards d’euros, ce qui représente un recul relatif.
6 Sont entrés dans la Communauté européenne, en 1973, la Grande-Bretagne, le Danemark et l’Irlande, en 1981, la Grèce et, en 1986, le Portugal et l’Espagne. La Finlande, l’Autriche et la Suède ont adhéré à l’Union européenne en 1995, laquelle a été élargie en 2004 à dix États d’Europe centrale et orientale.
7 Sur la notion de mondialisation, cf. Weltgeschichte seit der Aufklärung, Leipzig, Mannheim, Brockhaus, 2006, p. 475 sq.
8 Cf. Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 1997, Stuttgart, Metzler-Poeschel, 1997, p. 705 : en 1995, les investissements directs de l’Allemagne à l’étranger s’élevaient à 375 829 milliards de marks. Pour 2001, voir Statistisches Jahrbuch für die Bundesrepublik Deutschland 2003, p. 690.
9 Cf. Der Spiegel, 30 novembre 1998, p. 94 sqq.
10 Der Spiegel, 9 mars 1998, p. 102. Sur l’histoire de « Farbwerke Hoechst Aktiengesellschaft vormals Meister Lucius & Brüning » (Farbwerke Hoechst Aktiengesellschaft, anciennement Meister Lucius & Brüning), cf. Wolfgang Metternich, Die Chronik der Farbwerke Hoechst – Eine deutsche Unternehmensgeschichte, Frankfurt am Main, Histocom, 2005. Pour plus de détails, cf. Ernst Bäumler, Die Rotfabriker. Familiengeschichte eines Weltunternehmens, München, Zürich, Piper, 1988 et, sur l’histoire de la branche, du même auteur, Farben, Formeln, Forscher. Hoechst und die Geschichte der industriellen Chemie in Deutschland, München, Zürich, Piper, 1989.
11 Der Spiegel, 19 janvier 1998, p. 89 et Der Spiegel, 23 novembre 1998, p. 118.
12 Sur l’histoire de Rhône-Poulenc, cf. l’ouvrage de référence de Pierre Cayez, Rhône-Poulenc. Contribution à l’étude d’un groupe industriel, Paris, Colin, Masson, 1988. Sur l’histoire de l’entreprise jusque dans les années quatre-vingt-dix, cf. Innover pour la vie. Rhône-Poulenc 1895-1995, Fabienne Gambrelle, Paris, Michel, 1995. Perspectives intéressantes exposées dans l’ouvrage de François Quarré, Rhône-Poulenc, ma vie, Paris, Economica, 1988.
13 Discours prononcé par le chancelier fédéral Gerhard Schröder devant l’Assemblée nationale à Paris, dans http://archiv.bundesregierung.de/bpaexport/rede/47/11747/multi.htm.
14 Die Zeit, nº 24/2004.
15 Der Spiegel, 25 décembre 2000, p. 82.
16 Der Spiegel, 25 décembre 2000, p. 83 sq.
17 Der Spiegel, 24 juin 2002, p. 87.
18 Der Spiegel, 29 septembre 2003, p. 110.
19 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 6 février 2003, p. 15.
20 Cf. Der Spiegel, 26 janvier 2004, p. 53 et 9 février 2004, p. 94. L’entreprise est née seulement en 1999 de la fusion de Sanofi et de Synthélabo. Cette dernière est le fruit du rapprochement de deux laboratoires dont les origines remontent au XIXe siècle. En 1980 et 1992, deux autres laboratoires ont rejoint le groupe, qui est contrôlé depuis 1973 par L’Oréal. Pour plus de détails sur l’histoire de Synthélabo, cf. Michèle Ruffat, 175 ans d’industrie pharmaceutique française. Histoire de Synthélabo, Paris, Éditions La Decouverte, 1996.
21 Der Spiegel, 2 février 2004, p. 22.
22 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 10 février 2004, p. 16.
23 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 mars 2004, p. 16.
24 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 mars 2004, p. 15.
25 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 24 avril 2004, p. 15.
26 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 avril 2004, p. 1.
27 Novartis voulait proposer 56 Mrd d’euros pour Aventis, tandis que Sanofi envisageait dans un premier temps de payer uniquement 48 Mrd d’euros, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 24 avril 2004, p. 15.
28 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 avril 2004, p. 1.
29 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 mars 2004, p. 15.
30 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 mai 2004, p. 7. Voir également Der Spiegel, 24 mai 2004, p. 80 sqq., qui porte un regard critique sur la politique industrielle du gouvernement Schröder. Der Spiegel, 10 mai 2004, p. 74.
31 Der Spiegel, 10 mai 2004, p. 74.
32 Der Spiegel, 10 mai 2004, p. 74 et 28 juin 2004, p. 103 ainsi que Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 mai 2004, p. 7.
33 Der Spiegel, 28 juin 2004, p. 102.
34 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15 juin 2004, p. 2. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 novembre 2004, p. 12.
35 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 novembre 2004, p. 12.
36 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 avril 2005, p. 15. Voir également la contribution programmatique de Gerhard Cromme, « Politique industrielle : l’action commune est possible », dans Revue des deux Mondes (2005), p. 177-186.
37 Sur l’histoire de l’antagonisme franco-allemand, cf. Henrik Uterwedde, « Y a-t-il une politique industrielle commune pour la France et l’Allemagne ? », dans Visions franco-allemandes 4 (2005), p. 2 sqq. Pour plus de détails, cf. Wolfgang Neumann et Henrik Uterwedde, Industriepolitik. Ein deutsch-französischer Vergleich, Opladen, Leske + Budrich, 1986. Dans son étude, H. Uterwedde plaide, à l’instar de la plupart de ses collègues, en faveur d’une européanisation des politiques industrielles, une méthode éprouvée permettant de pallier les différences durables par de larges compromis. Ce n’est toutefois pas une solution, comme le montre la mise en œuvre d’instruments nationaux. La France a par exemple créé une Agence de l’innovation industrielle. Naturellement, cette initiative est « ouverte à nos partenaires européens, et en particulier à nos amis allemands », comme le déclarait Jacques Chirac, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 6 janvier 2005, p. 11. L’offre concrète de coopération ne sert toutefois qu’à masquer le différend fondamental entre les deux pays.
38 Peter Oberender et Frank Daumann, Industriepolitik, München, Vahler, 1995, p. 15.
39 Le fait que la France ait mené, au XIXe siècle et au début du XXe siècle, une politique moins interventionniste que celle de l’Allemagne ou de l’Angleterre ne remet pas en question la continuité supposée de sa politique car, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle a renoué avec conviction avec ses précurseurs historiques. Un autre avis est exposé dans l’ouvrage de Timothy Smith, France in Crisis. Welfare, Inequality and Globalization since 1980, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 68 sq.
40 Dans l’ensemble, la mondialisation semble avoir pour effet de relancer la politique industrielle, cf. Berthold Busch, Renaissance der Industriepolitik ? Köln, Deutscher Instituts-Verlag, 2005.
41 Viviane Forrester, L’horreur économique, Paris, Fayard, 1996, en allemand : même auteur, Der Terror der Ökonomie, Wien, Zsolnay, 1997. Sur le rôle de la mondialisation dans la politique nationale française, cf. Timothy Smith, France in Crisis. Welfare, Inequality and Globalization since 1980, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 54-87. Cet ouvrage montre de façon convaincante comment, en France, on invoque de manière abusive la « mondialisation » comme cause externe pour expliquer les problèmes internes dans le domaine de la politique économique et sociale.
42 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 8 avril 2004, p. 20.
43 Henrik Uterwedde, « Patriotisme économique. Eine (nicht nur) französische Debatte », dans Dokumente 6 (2006), p. 16. Cette notion avait été défendue par Bernard Carayon, chargé en 2003 par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, d’effectuer une étude sur « l’intelligence économique ». Le fruit de ce travail est exposé dans l’ouvrage intitulé Patriotisme économique. De la guerre à la paix économique, Monaco, Éditions du Rocher, 2006. L’ouvrage, qui est une critique de la mondialisation empruntant à la rhétorique anti-américaine, débouche sur la proclamation d’une nouvelle ère économique. Une analyse rapide des phases protectionnistes de l’histoire économique mondiale montre qu’à l’heure du « postlibéralisme », le « patriotisme économique » ne conduit pas nécessairement à la « paix économique ».
44 Sept mois après, Dominique de Villepin annonçait la fusion de GDF, contrôlé par l’État, et de Suez. Les négociations durèrent toutefois encore un an et demi jusqu’à l’officialisation de la fusion début septembre 2007. Avant la fusion, Suez a dû céder ses activités dans les secteurs de l’eau et des déchets pour parvenir à une « fusion d’égal à égal ». L’État français détient 40 % du nouveau groupe ; pour plus de détails, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 3 septembre 2007, p. 11 et 4 septembre 2007, p. 14.
45 Henrik Uterwedde, « Patriotisme économique. Eine (nicht nur) französische Debatte », dans Dokumente 6 (2006), p. 16 sq.
46 Au cours des dernières années, sur 15 demandes par an environ, deux auraient été rejetées, d’après les données fournies dans le Frankfurter Allgemeinen Zeitung, 31 octobre 2007, p. 13.
47 Lorsque, à l’été 2004, les dissonances franco-allemandes en matière de politique industrielle sont devenues trop fortes, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a laissé entrevoir au gouvernement fédéral une « coordination plus étroite ». En même temps, il a souligné le fait que les gouvernements souhaitaient créer ensemble des « champions européens », cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 8 juin 2004. La suite a montré que cette annonce n’avait pas eu d’écho.
48 Henrik Uterwedde, « Patriotisme économique. Eine (nicht nur) französische Debatte », dans Dokumente 6 (2006), p. 16.
49 Süddeutsche Zeitung, 3-4 mars 2007, p. 27.
50 Süddeutsche Zeitung, 3-4 mars 2007, p. 27.
51 Pour plus de détails, voir les explications figurant sur la page d’accueil du site Internet du Trésor américain, à l’adresse suivante : http://www.treas.gov/offices/international-affairs/exon-florio/. Une loi adoptée à l’initiative du Congrès en vue de renforcer la procédure de contrôle doit signée par le président, George Bush, voir Frankfurter Allgemeine Zeitung, 13 juillet 2007, p. 11.
52 Manager Magazin, 4/2007, p. 60-66, citations p. 62 et p. 64.
53 Point de presse conjoint du président de la République, Jacques Chirac, et de la chancelière fédérale, Angela Merkel, lors de leur rencontre informelle à Meseberg le 23 février 2007, dans Frankreich-Info, publié par le service de presse et d’information de l’ambassade de France.
54 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 avril 2007, p. 3.
55 La candidate à la présidence semble vouloir se défaire de l’image qu’elle véhicule, cf. Ségolène Royal, Ma plus belle historie, c’est vous, Paris, Grasset, 2007.
56 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 25 avril 2007, p. 3.
57 Un premier bilan est tiré dans Medard Ritzenhofen, « Nicolas hier, Sarkozy dort. Ein Präsident für alle Fälle », dans Dokumente 4 (2007), p. 4-8.
58 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 juillet 2007, p. 1 : on passe d’une structure de direction horizontale à une structure verticale : l’Allemand Rüdiger Grube devient président du conseil d’administration, le Français Louis Gallois le chef d’EADS et l’Allemand Thomas Enders le patron d’Airbus. La suppression de la structure bicéphale, caractérisée par des dysfonctionnements, a suscité l’approbation des actionnaires en particulier, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 23 octobre 2007, p. 19. La rotation aux postes-clés tous les 5 ans laisse à l’avenir également une marge de manœuvre suffisante au dualisme franco-allemand, voir Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 juillet 2007, p. 14. Pendant ce temps, Rüdiger Grube et Louis Gallois évoquent l’« esprit EADS », qui ne serait ni allemand, ni français, mais européen, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 10 décembre 2007, p. 14.
59 Citation d’après Medard Ritzenhofen, « Nicolas hier, Sarkozy dort. Ein Präsident für alle Fälle », dans Dokumente 4 (2007), p. 4-8, ici p. 8.
60 Titre de l’article de Karl-Otto Sattler dans Das Parlament, 6-13 août 2007, p. 17.
61 Süddeutsche Zeitung, 10 septembre 2007, p. 17. Le président a confirmé cette position en novembre 2007 dans un discours prononcé devant le Parlement européen à Strasbourg, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 novembre 2007, p. 8. Pour Nicolas Sarkozy, la protection des citoyens européens contre les conséquences de la mondialisation ne doit pas être interprétée comme du protectionnisme…
62 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 9 août 2007, p. 11 et 26 juin 2007, p. 11. Sur les effets polarisants de la politique industrielle, voir également Daniela Schwarzer, « Aktivist im Europäischen Salon. Sarkozy hält die EU-Partner mit seiner Interessenpolitik in Atem », dans Dokumente 4 (2007), p. 9-13, en particulier p. 12. Le fait que la Commission européenne engage des réflexions sur la protection des entreprises « européennes », non seulement place le problème du protectionnisme à un autre niveau, mais également complique la situation.
63 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 5 décembre 2007, p. 13.
64 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 novembre 2007, p. 25.
65 Otto Graf Lambsdorf, « Wider den neuen Protektionismus », in Frankfurter Allgemeine Zeitung, 27 octobre 2007, p. 11.
66 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 24 novembre 2007, p. 15.
67 Medard Ritzenhofen, « Mit eingebauter Vorfahrt. Sarkozy ist nicht zu stoppen », in Dokumente 5 (2007), p. 4-7, ici p. 5 sq.
68 Conférence de presse conjointe du président de la République, Nicolas Sarkozy, et de la chancelière fédérale, Angela Merkel, Meseberg, le 10 septembre 2007, in Frankreich-Info, publié par le service de presse et d’information de l’ambassade de France.
Auteur
Docteur en histoire. Il est collaborateur scientifique à l’Institut für Geschichte, Forschungsstelle Moderne Unternehmensgeschichte, de l’Université d’Erlangen. Directeur du Zentrum für Angewandte Geschichte. Il a notamment publié André François-Poncet als Botschafter in Berlin (1931-1938), Munich, Pariser Historische Studien, 2004, vol. l, 64
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