Non-pertinence de la politique économique ? Niveau, distribution et volatilité de la prospérité en France et en Allemagne depuis 1945
p. 267-286
Note de l’éditeur
Note 1 : Article traduit de l’allemand par Jean-Léon Muller.
Texte intégral
Introduction
1Exception française, Sonderweg allemand, d’un côté du Rhin comme de l’autre, une part importante de l’historiographie a eu recours à des grilles d’interprétation nationales pour décrire l’évolution économique des deux pays après la Seconde Guerre mondiale. Cela n’a rien d’exceptionnel pour des historiens qui considèrent l’établissement de singularités comme un de leurs atouts et se démarquent ainsi des sciences sociales où l’on recherche à l’inverse des déterminismes généraux et structurels. Dans cet article, nous comparerons les diverses conceptions de la politique économique ainsi que l’évolution économique de la France et de l’Allemagne après 1944-1945. Ce faisant, nous nous efforcerons de combiner les points forts propres aux approches historiques et à celles des sciences sociales, afin de dégager les causes des évolutions économiques dans une optique, d’une part aussi générale que possible et, de l’autre, aussi spécifique que nécessaire.
2L’évolution économique de l’Allemagne de l’Ouest après 1948 est le plus souvent associée à des termes clés comme Währungsreform (réforme monétaire), Deutsche Mark, Wirtschaftswunder (miracle économique) et Soziale Marktwirtschaft (économie sociale de marché). Le dernier d’entre eux est considéré par nombre d’économistes et d’historiens comme une recette spécifiquement allemande du succès socio-économique, laquelle aurait permis la prospérité sans précédent de la société allemande d’après-guerre. La propagation de ce modèle a connu son point culminant dans les années 1980 et au début des années 1990, quand il fut présenté aux États en transition d’Europe centre-orientale comme l’exemple à suivre. En France aussi, en particulier dans les années 1980, on observa avec attention l’évolution de l’Allemagne. Dans son livre paru en 1991 sous le titre Capitalisme contre capitalisme2, Michel Albert, ancien commissaire général au Plan, louait le modèle allemand et recommandait à ses compatriotes d’adopter le « capitalisme rhénan » et non le modèle anglo-saxon du capitalisme sans frein.
3Or, un peu plus d’un quart de siècle auparavant, les rôles étaient inversés. Les institutions françaises de planification étatique de l’économie, dans lesquelles des hauts fonctionnaires comme Michel Albert faisaient carrière, éveillaient un intérêt croissant en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays, y compris les États-Unis. Dans le sillage d’une confiance keynésienne dans le plan, le modèle français de la planification économique, auquel on attribuait la fulgurante croissance économique de la France des années 1960, apparaissait comme un exemple porteur d’avenir3. Même si, dans la seconde moitié des années 1960, la planification n’avait plus qu’une importance négligeable et fut de fait abandonnée au cours de la décennie suivante, l’État continua, en matière économique, à jouer en France un rôle plus visible qu’en Allemagne.
4Mais quand les historiens de l’économie commencèrent dans les années 1990 à étudier dans une perspective comparatiste l’âge d’or européen des « Trente Glorieuses », qui avaient suivi la Seconde Guerre mondiale, il apparut que la France et l’Allemagne, en dépit de politiques économiques de conception fort différente, avaient présenté une évolution économique très semblable4. Ce constat valait encore plus pour l’évolution allant du premier choc pétrolier de 1973-1974 à la réunification allemande, en 1990. Quand des approches très différentes en matière économique aboutissent à des résultats très comparables, ne peut-on faire le constat de la non-pertinence des politiques économiques5 ?
5Afin d’examiner cette question, nous commencerons, en première partie, par récapituler brièvement les principaux éléments des conceptions nationales en termes de politique économique, à savoir la planification et l’économie sociale de marché. Dans la partie suivante, nous confronterons les résultats réels ou présumés des politiques choisies. Cette confrontation ne se limitera pas aux habituels indices de prospérité comme le produit intérieur brut (PIB) par habitant, mais inclura aussi l’indice de développement humain (IDH), la distribution des revenus, le taux de chômage et l’évolution de l’indice des prix à la consommation. Dans la troisième partie, nous replacerons ces résultats dans un contexte européen plus général et présenterons les deux schémas explicatifs dominants, évoqués dans les recherches les plus récentes comme étant à l’origine de cette évolution économique. Enfin, dans notre conclusion, nous tenterons une synthèse avant de proposer de nouvelles voies de recherche.
I. La planification en France et l’économie sociale de marché en République fédérale d’Allemagne
6En France, la planification étatique de l’économie repose sur une longue tradition qui remonte à Colbert. Quand, en 1944, le pays était à nouveau en mesure de mener sa propre politique économique, la crise mondiale des années 1930 avait détruit la confiance dans les capacités auto-régénératrices du système capitaliste. L’économie planifiée soviétique, la social-démocratie suédoise et le New Deal américain ont été cités comme modèle des planificateurs français des années 1940. En d’autres termes, « la planification était une idée de gauche »6. Les tenants du plan justifièrent d’un point de vue théorique la nécessité d’une planification étatique des investissements en affirmant que le système des prix n’était plus un mécanisme satisfaisant d’allocation des ressources pour le capital en tant que facteur de production. La part de plus en plus élevée des coûts fixes dans les investissements, du fait de la rationalisation, rendait particulièrement coûteuses les corrections secondaires à des erreurs de décisions, à l’échelle de l’entreprise. Dotées en principe de moyens adaptés, les instances étatiques étaient mieux à même d’évaluer la rentabilité des investissements, surtout si ces derniers étaient planifiés au niveau central pour toute l’économie. La planification était donc plus qualifiée que le marché pour opérer l’allocation des capitaux. La meilleure coordination offerte par les plans d’investissement et de production, devait, espérait-on, assurer une croissance économique plus stable, plus soutenue et plus durable7.
7Mais la mise en pratique de la planification précéda sa justification théorique. Elle commença par un programme limité d’investissement financé par le fonds du plan Marshall. Le premier plan, dirigé par Jean Monnet, comprenait déjà des objectifs de production, en plus des investissements. De 1947 à 1975, six plans furent arrêtés, en général pour une durée de cinq ans. Mais les derniers furent largement insignifiants d’un point de vue économique8.
8La véritable importance économique qu’il convient d’attribuer à ces plans a été peu étudiée. Un point essentiel tient au fait que les objectifs étaient contraignants pour les seules entreprises publiques et non pour le secteur privé. Mais comme le marché des capitaux était fortement réglementé par le gouvernement, dans les années 1950, un certain rôle d’entraînement du plan ne saurait être nié9. Avec le temps, les directives quantitatives perdirent en importance, le plan se transformant de plus en plus en une ligne directrice sans caractère contraignant. Toutefois, en 1967, 60 % des entreprises prétendaient toujours orienter leur décision d’investissement « de près ou de loin » en fonction des consignes de l’État, le sens exact de cette formulation n’étant pas précisé10.
9La conception allemande de l’économie sociale de marché doit aussi être interprétée comme une réaction aux fractures économiques de l’entre-deux-guerres. Lancé en 1947 par l’économiste Alfred Müller-Armack, le concept fut repris seulement en 1949, et non sans réticence, par Ludwig Erhard, considéré en Allemagne comme le père du miracle économique. Erhard défendait un ordre économique et social de nature libérale, dont la seule différence avec la conception classique tenait au rôle actif attribué à l’État pour contrer tout enjeu de pouvoir en économie et conserver ainsi à la concurrence son rôle de force d’entraînement du progrès économique (ordolibéralisme). C’était là pour Erhard la meilleure façon d’assurer le bien-être de tous et donc, aussi, des plus modestes. De ce point de vue, l’expression « économie sociale de marché » était pour lui un pléonasme. Müller-Armack préconisait à l’inverse une politique sociale active, pour autant que sa mise en œuvre restât « compatible avec le marché »11.
10S’il existait donc dès l’origine deux variantes de l’économie sociale de marché (concurrence pour Erhard, concurrence et redistribution pour Müller-Armack), le concept a connu un glissement de sens au fil du temps, si bien qu’il englobe aujourd’hui une troisième composante, le corporatisme, autrement dit l’implication dans la politique économique et sociale de formations disposant d’un monopole (organisations patronales, corporations d’artisans, syndicats, etc.)12. Cette situation ne manque pas d’une certaine ironie, Erhard et Müller-Armack ayant précisément voulu éviter tout enjeu de pouvoir dans l’économie. Le « capitalisme rhénan » que Michel Albert recommanda aux Français n’aurait donc certainement pas été approuvé par Erhard et Müller-Armack.
11Ces éléments de nature corporatiste ayant gagné en influence dès les débuts de la République fédérale, il est sans aucun doute exagéré de présenter l’Allemagne des deux décennies qui suivirent 1949 « comme le pays modèle du néolibéralisme »13. Cela est d’autant plus vrai quand on se souvient combien de temps les prix réglementés par l’État furent défendus pour des secteurs importants, combien fortes furent les subventions accordées aux branches structurellement fragiles et avec quelle réticence fut adoptée la loi contre la limitation de la concurrence de 195714. Tout comme pour la planification, les conséquences et l’influence réelle du concept d’économie sociale de marché sur la politique économique restent difficiles à établir.
II. Conséquences économiques et sociales
12Que dire des conséquences de ces concepts en matière macroéconomique ? Les attentes des planificateurs français en termes de croissance économique soutenue et de hausse du niveau de vie ont-elles été satisfaites ? Ou est-ce le modèle allemand concurrent, celui d’une économie de marché, pour l’essentiel non-régulée, qui s’est révélé plus efficace ?
13La figure ci-contre montre l’évolution de l’indice classique de mesure du niveau de vie, le PIB réel par habitant. Immédiatement avant la Première Guerre mondiale, le niveau de vie était sensiblement le même en France et en Allemagne, tout comme en 1929, dernière année « normale » avant la dépression mondiale. Les deux pays réagirent ensuite de façon très différente à la crise. Tandis que la France conserva longtemps l’étalon-or, au grand désavantage de son économie, à partir de 1933, sous le régime national-socialiste, l’Allemagne se détacha de façon croissante du marché mondial et connut une forte croissance financée par la dette15. Après la Seconde Guerre mondiale, les deux États bénéficièrent d’une forte reprise économique qui commença en France dès 1946 et, en Allemagne, en 1948. La croissance française fut d’abord, il est vrai, comparativement plus modérée, si bien que l’Allemagne dépassa la France dès 1955. Mais, à dater environ de 1958, une très forte croissance commença en France, si bien que dans les années 1960, elle rattrapa la croissance allemande. De 1967 jusqu’à la réunification allemande de 1990, et même au-delà, le PIB par habitant connut une évolution parallèle dans les deux pays, avec en outre des valeurs quasi identiques du volume de travail16. La planification semble toutefois s’être approchée d’un de ses objectifs. De 1948 à 1974, les variations de la croissance économique française furent moins marquées que celle de l’Allemagne de l’Ouest et, par la suite, la France continua à présenter des oscillations de croissance légèrement plus faibles17.
14Dans ce tableau, le niveau de référence fixé à 100 est celui des États-Unis. Comme le montrent les chiffres des années « normales » de référence du XXe siècle – 1913, 1929, 1960, 1975 et 1985 – le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique et la Suisse, voisins de l’Allemagne et de la France, avaient un niveau de vie comparable à celui de ces deux pays. Pendant tout le XXe siècle, la prospérité matérielle de ces six États a donc été presque identique, hormis les ruptures des deux conflits mondiaux, les difficiles années 1930 et l’immédiat après Seconde Guerre mondiale.
15Mais le PIB par habitant n’est pas la seule mesure reflétant le niveau de vie. Depuis 1990, afin de mesurer la qualité de vie, l’ONU utilise, outre le PIB, un indice de développement humain (IDH). Ce dernier tient bien sûr compte du PIB mais fait aussi intervenir l’espérance de vie et l’accès à l’éducation. C’est en particulier ce dernier critère qui rend cet indice compatible avec les réflexions du prix Nobel d’économie Amartya Sen. Pour ce dernier, la répartition de l’espérance de vie a aussi une grande importance dans la qualité de vie18. L’indice de développement humain (la variable IDH) montre ici un parallèle frappant entre l’évolution française et allemande.
16Même si le niveau de vie moyen – évalué par le biais du PIB ou de l’IDH – est à n’en pas douter une composante importante de la qualité de vie, d’autres aspects jouent également un rôle. Il convient d’abord de penser à la distribution des revenus et, en second lieu, à des facteurs reflétant l’insécurité matérielle, en particulier le chômage et la variation de l’indice des prix.
17Pour comparer la distribution des revenus, il convient de préciser comment l’on évalue les revenus sur lesquels doit porter la comparaison. Dans une économie de marché libre idéale, chacun dispose du revenu qu’il a obtenu sur le marché, à savoir le revenu primaire. Celui qui n’est pas en mesure d’exercer une activité, ou dont le revenu n’atteint pas le niveau de subsistance, dépend de l’aide des autres. C’est pourquoi, dans toute économie de marché, existent des mécanismes de redistribution qui rendent la répartition des revenus moins inégale. Après prélèvement des impôts directs et transferts (sous la forme de prestations sociales) on obtient le revenu secondaire ou disponible, que les ménages peuvent effectivement utiliser pour leur consommation ou leur épargne.
18Le tableau 3 illustre la distribution secondaire des revenus à l’aide de deux indices de répartition communément utilisés, le coefficient de Gini et le taux P90/P50. Ce dernier se définit comme le rapport entre P90 – revenu marquant la limite entre les 90 % des bénéficiaires de revenus gagnant moins que cette somme et les 10 % gagnant plus – et le revenu médian P50. Afin d’interpréter les résultats, il suffit de savoir que, pour les deux indices, plus le chiffre final est élevé, plus l’inégalité des revenus disponibles est forte. La détermination de ces indices nécessitant d’importantes enquêtes statistiques, dans la plupart des États, ils ne sont disponibles sous une forme permettant des comparaisons internationales que depuis les années 1970.
19Ces chiffres montrent que les revenus disponibles ont été et restent répartis de façon bien plus inégalitaire en France qu’en Allemagne. Le rapprochement apparent de 1990 à 2000 est seulement lié au fait que, les revenus est-allemands étant inférieurs à ceux de l’Ouest, l’inégalité de répartition s’est accrue dans l’Allemagne réunifiée par rapport à l’ancienne Allemagne fédérale. D’un point de vue international, la France et l’Allemagne se situent aujourd’hui plutôt dans une tranche moyenne et même au bas de cette dernière, les deux pays n’ayant pas suivi la tendance à plus grande dispersion des revenus observée avant tout dans les pays anglo-saxons (thatchérisme et reaganomics).
20Deux chiffres restent, pour leur part, lourds de sens dans la perception collective : le chômage et l’évolution des prix. Dans ce domaine, et à l’inverse du niveau de revenu, des différences conséquentes distinguent la France de l’Allemagne. La figure 2 illustre le chômage dans les deux pays depuis 1950. Après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à la construction du mur en 1961, l’Allemagne de l’Ouest a dû absorber l’afflux de plus de 12 millions de réfugiés et d’expulsés. Le processus d’intégration de ces nouveaux arrivants dans le marché du travail se prolongea jusqu’à la fin des années 1950. Mais, à partir de 1960, le taux de chômage en Allemagne de l’Ouest resta toujours en dessous des niveaux de la France. Même après la réunification et la prise en compte du chômage en ex-Allemagne de l’Est, les taux allemands sont restés légèrement en dessous des taux français.
21L’évolution des prix (figure 3) se présente aussi de façon peu avantageuse pour la France. De 1957 à la réunification allemande en 1990, les consommateurs français ont été confrontés à des taux d’inflation sensiblement plus élevés. L’évolution parallèle des prix français et allemands, constatée depuis, est imputable à la montée en force de l’intégration monétaire. Le Système monétaire européen (1979-1998) fut dès l’origine dominé par la Bundesbank qui, grâce aux taux de change fixes prévus par lui (dans la limite de marges de fluctuation), est parvenu à imposer sa politique anti-inflationniste aux autres pays d’Europe, dont la France.
22En définitive, on peut retenir qu’en dépit de conceptions fort différentes en matière de politique économique, l’évolution des économies française et allemande témoigne d’un étonnant parallélisme, au regard du principal indicateur de niveau de vie, le PIB par habitant. Depuis 1967, le niveau de vie est sensiblement le même dans les deux pays et la réunification n’a provoqué qu’une différence de courte durée.
23Les contrastes se trouvent bien plus dans la répartition du niveau de vie. Ainsi, depuis 1960, le chômage a été plus élevé en France qu’en Allemagne. Les deux pays ayant par ailleurs conservé un niveau de prospérité comparable, la productivité des actifs français a dû être supérieure, hypothèse que les données semblent confirmer, au moins empiriquement19. Cette division de la société française entre, d’une part, des actifs hautement productifs et, de l’autre, de très nombreux chômeurs, se retrouve dans la répartition des revenus. Même si l’on tient compte de la redistribution opérée par l’État, les différences de revenu sont sensiblement plus marquées en France qu’en Allemagne. L’image d’une société à deux vitesses, évoquée par nombre d’observateurs – celui qui a un emploi est protégé, alors que beaucoup d’autres ne trouvent pas d’emploi – apparaît d’autant plus nettement en comparaison de la situation allemande. C’est pourquoi nombre d’observateurs étrangers ont manifesté leur étonnement quand, au printemps 2006, le contrat première embauche (CPE) du Premier ministre Dominique de Villepin a été tenu en échec précisément par ceux qui auraient dû en bénéficier20. L’évolution des prix s’est, elle aussi, montrée sensiblement plus volatile en France qu’en Allemagne. Si la France se sent ou s’est sentie inférieure à l’Allemagne du point de vue de son développement économique, cela n’est en rien justifié par son niveau de vie mais bien plutôt par la répartition et la volatilité de ce dernier.
III. Reconstruction et catching-up
24Comme l’ont déjà montré les tableaux, le taux de croissance élevé de l’après Seconde Guerre mondiale est un phénomène partagé par la plupart des économies nationales de l’ouest et du nord de l’Europe. Dans la littérature économique, on invoque avant tout deux concepts pour expliquer ce phénomène : la reconstruction et le catching-up.
25L’illustration de ces deux concepts a recours à un modèle simple, tiré de la macroéconomie. La figure 4 nous présente la courbe des possibilités de production. Dans un souci de simplification, on part de l’hypothèse qu’une économie nationale donnée ne peut produire que deux biens de consommation x et y, dans des quantités reportées ici sur les deux axes. Avec les facteurs de production disponibles – travail, capital et capital immatériel (savoir-faire, etc.) – l’économie en question ne peut produire de façon simultanée que des quantités maximales des biens x et y, qui sont visualisées par la courbe. Supposons que l’économie considérée opte pour la combinaison A, c’est-à-dire mobilise la totalité de ses facteurs de production en faveur du bien y. Si elle souhaite produire aussi un peu du bien x, elle doit transférer en faveur de x des facteurs de production mobilisés pour y. Elle ne peut donc produire le bien x qu’en diminuant la production du bien y. Les quantités maximales produites selon les différentes répartitions possibles entre x et y sont figurées par la courbe. Avec la technologie disponible, toute combinaison en dehors de la courbe est impossible.
26Supposons à présent qu’à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’une guerre, la production en équilibre d’une économie nationale, figurée par le point B1, rétrograde au niveau B0. La thèse de la reconstruction, dont les principes ont déjà été décrits par l’économiste britannique John Stuart Mill21, soutient que, grâce à ses réserves en capital immatériel, l’économie considérée atteindra à nouveau le point B1 en à peine quelques années.
27Dans une situation d’équilibre prolongé, une telle économie croîtra lentement, le capital immatériel augmentant peu à peu et se traduisant en termes de progrès technique et d’organisation. Avec les mêmes réserves de travail et de capital, des quantités plus importantes des biens x et y sont alors produites. D’un point de vue graphique, cela se traduit par un glissement de la courbe vers le haut. Mais, selon le concept du catching-up, ce progrès technique et économique est nettement plus simple et plus rapide quand il existe un leader technologique de niveau international, rôle joué par les États-Unis, depuis environ la fin du XIXe siècle. En imitant la technologie la plus avancée, les autres États peuvent s’arrimer au pays leader. Aussi longtemps qu’ils ne l’ont pas rejoint du point de vue technologique, ils présenteront des taux de croissance supérieurs à la moyenne, car il est plus simple d’imiter que d’innover. Cela se traduit graphiquement par un glissement rapide de la courbe de transformation vers le haut. Plus l’économie considérée se rapproche du leader technologique, plus le taux de croissance diminue (points B2, B3 et B4), tandis que les niveaux de vie convergent.
28Ces deux concepts ont ceci de séduisant qu’ils peuvent non seulement expliquer l’évolution de la France et de l’Allemagne après 1945, mais aussi celle d’autres pays développés. C’est ce que traduit la figure 5. On y a reporté, en ordonnées, les taux d’accroissement du PIB réel par habitant de différents pays, depuis la valeur plancher du PIB, observée vers 1945 ou peu de temps après, jusqu’à sa valeur de 1960. En abscisses, figurent le niveau plancher des PIB réels par habitant classés par rapport à une base 100, représentant le PIB réel par habitant des États-Unis à la même date. Ainsi, en 1945, la France disposait d’un PIB par habitant équivalent à 26 % de celui des États-Unis. Le pays fut donc en mesure, jusqu’en 1960, d’afficher un taux de croissance moyen de 7,4 % par an, alors que, de 1947 à 1960, la croissance des États-Unis était en moyenne de 1,7 % par an. Pour l’Allemagne, les valeurs correspondantes s’établissaient à 30 % du PIB américain (1947) et 8,4 % de croissance par an.
29La figure 5 montre en outre que cette corrélation peut être généralisée à une bonne partie de l’Europe. Les pays particulièrement touchés par la guerre enregistrèrent, après 1945, une fulgurante croissance de rattrapage, oscillant de sept à neuf pour cent par an. Ce fut la situation des vaincus, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, auxquels on peut adjoindre le Japon, comme pays non-européen, mais aussi celle de la France et des Pays-Bas, qui avaient eu à subir d’importants dommages de guerre et un régime d’occupation comparativement dur. Les pays moins touchés par la guerre et notamment certains pays neutres connurent une croissance moyenne bien plus modeste de 3 à 4 %, juste au-dessus de celle des pays anglo-saxons et de la Suisse. Parmi les pays observés, le taux de croissance le plus faible a été celui des États-Unis, le leader technologique.
30Cette simple présentation graphique ne permet toutefois pas de déduire de façon définitive dans quelle mesure la reconstruction et le catching-up sont des modèles explicatifs rivaux ou complémentaires. L’historien économique Rolf H. Dumke a proposé voilà quelques années une analyse approfondie de cette question, tant du point de vue théorique qu’économétrique. Il parvient à un résultat qui surprend par son caractère tranché. En prenant en compte, d’une part, les ruptures de la guerre (évaluation du potentiel de reconstruction en mesurant l’écart entre le PIB de 1948 et celui de 1938) et, de l’autre, le niveau du produit national de 1950 et la part des actifs dans l’agriculture (potentiel du catching-up), il parvient à expliquer près de 90 % de la croissance d’après-guerre pour 16 pays de l’OCDE. En définissant le concept de « miracle » économique allemand comme une simple croissance économique inexpliquée, d’après le modèle proposé par Dumke il n’en resterait plus grand-chose. De fait, le potentiel de reconstruction et de catching-up explique presque entièrement les taux de croissance enregistrés22. Ce modèle parvient aussi à des résultats acceptables pour la France. Le calcul des composantes de la croissance française selon la méthode de Dumke explique 55 % de la croissance française enregistrée de 1950 à 1980 (98 % pour l’Allemagne). Comme on pouvait s’y attendre, dans le cas français, l’importance du facteur reconstruction est moins marquée qu’en Allemagne. En France, le catching-up joua un rôle plus déterminent dans les « Trente Glorieuses ».
Conclusion
31Avec la reconstruction et le catching-up, on substitue des modèles d’explication structurels à des success stories nationales. Cela ne signifie pas pour autant que l’économie sociale de marché ou la planification n’ont eu aucun effet – qu’il soit positif ou négatif23 – sur la croissance d’après-guerre, mais leur influence fut à l’évidence moindre que celle de la reconstruction et du catching-up24.
32Toutefois, ces deux concepts de politique économique ont aussi en partie masqué des orientations économiques d’une portée essentielle. Avoir subi des dommages de guerre et présenter un retard technologique par rapport aux États-Unis n’était évidemment pas suffisant pour parvenir à une forte croissance après 1945. Moses Abramowitz a fait remarquer qu’une société devait disposer de social capabilities pour mettre à profit son potentiel de reconstruction et de catching-up25. Au nombre de ces conditions, il y a un bon niveau de formation des actifs, qui conditionne la capacité à imiter la technologie du pays leader. Mais ce facteur seul est aussi insuffisant, comme le prouve l’exemple de la Tchécoslovaquie. Ce pays hautement industrialisé et disposant d’une main-d’œuvre qualifiée bénéficiait en 1928 d’un PIB supérieur à celui d’États comme la Norvège ou l’Italie26. Mais, après 1945, il ne fut pas en mesure d’exploiter son potentiel puisqu’il se vit imposer le modèle soviétique de l’économie planifiée. La France, l’Allemagne et la plupart de leurs voisins du nord et de l’ouest de l’Europe optèrent pour une réintroduction de l’économie de marché et – sous la pression amicale des États-Unis27 – pour le retour au libre-échange, en renonçant largement aux mesures protectionnistes. Beaucoup d’autres pays ne voulurent ou ne purent pas suivre cette voie. Outre les pays socialistes d’Europe centre-orientale, il convient ici d’évoquer les pays d’Europe du sud, dont l’économie fut isolée par la politique protectionniste de leurs régimes dictatoriaux. Par la suite, ils durent pour l’essentiel renoncer à exploiter ou à développer leur social capabilities et furent distancés en termes de croissance économique.
33Mais, même en France et en Allemagne, le retour à l’économie de marché n’allait pas de soi. Au cours des années 1930 et pendant la guerre contre l’Allemagne, le système économique soviétique avait fait la preuve des capacités, même si, en France, ses défenseurs étaient souvent peu au fait de l’ampleur de son coût humain. En Allemagne aussi, après le souvenir laissé par la crise économique mondiale et ses conséquences et du fait de la pauvreté de la seconde moitié des années 1940, le retour à l’économie de marché n’avait rien d’évident. En février 1947, les chrétiens-démocrates de l’Ouest, guidés par les idées du christianisme social, préconisèrent donc une nationalisation de l’industrie lourde (programme d’Ahlen).
34La signification en termes de croissance de la planification et de l’économie sociale de marché ne doit donc pas être mesurée à l’aune de ces seuls concepts mais, ex negativo, à travers la décision essentielle du retour à une économie de marché faiblement dirigée et au libre-échange28, avec, pour ce dernier, une certaine hésitation française. L’examen rétrospectif permet donc d’affirmer qu’en France comme en Allemagne les orientations politiques essentielles étaient justifiées. Mais, tandis que la planification était effectivement une invention française, la Soziale Marktwirtschaft représentait une évolution socio-économique suivie par de nombreux pays européens après 1945, l’Allemagne étant la seule à la célébrer telle une victoire nationale. Elle a de ce fait souvent été décrite comme un instrument de rhétorique ou de marketing, utilisé avec succès pour rendre le retour à l’économie de marché plus attrayant aux yeux des Allemands les plus réticents29.
35La politique économique engagée en France et en Allemagne n’était donc en aucun cas dénuée de pertinence, puisque, d’un point de vue politique large, de bonnes orientations ont été prises afin de mettre les deux pays sur la voie d’une croissance rapide. Savoir dans quelle mesure la planification ou l’économie sociale de marché, en tant que concepts de politique économique, ont pu avoir un véritable effet d’entraînement sur la croissance nécessiterait un examen plus fouillé que celui développé dans cet article. Nos réflexions nous permettent tout au plus de supposer que leur effet n’a pas été très marqué. Peut-être une nouvelle recherche nous conduirait à conclure que, comme l’économie sociale de marché, la planification fut simplement un moyen pour rendre plus attrayant le retour à une variante domestiquée du capitalisme.
Notes de bas de page
2 Michel Albert, Capitalisme contre capitalisme, Paris, 1991.
3 Voir Alexander Nützenadel, « Die Bundesrepublik Deutschland, Frankreich und die Debatte über eine europäische Wirtschaftspolitik 1958-1965 », in Francia 30/3 (2003), p. 71-98, ici p. 82-83.
4 Voir Holger C. Wolf, « Post-war Germany in the European context : domestic and external determinants of growth », in Barry J. Eichengreen (dir.), Europe’s post-war recovery, Cambridge, 1995, p. 323-353, ici p. 329, 347 ; Ludger Lindlar, Das mißverstandene Wirtschaftswunder. Westdeutschland und die westeuropäische Nachkriegsprosperität, Tübingen, 1997, ici p. 33-38 ; Thomas Bittner, Das westeuropäische Wirtschaftswachstum nach dem Zweiten Weltkrieg. Eine Analyse unter besonderer Berücksichtigung der Planifikation und der Sozialen Marktwirtschaft, Münster, 2001, p. 95-123.
5 Voir Wendy Carlin, « West German growth and institutions, 1945-90 », in Nicholas Crafts et Gianni Toniolo (dir.), Economic growth in Europe since 1945, Cambridge, 1996, p. 455-497, ici p. 458.
6 Jean Fourastié et Jean-Paul Courthéoux, La Planification économique en France, Paris, 1968, p. 8. Voir aussi Jean-François Eck, La France dans la nouvelle économie mondiale, Paris, 1998, p. 66 ; Marie-Laure Djelic, Exporting the American model, Oxford, 1998, p. 99.
7 Voir Pierre Massé, « Les principes de la planification française » in Weltwirtschaftliches Archiv 92 (1964), p. 113-140, ici p. 127-131.
8 Voir Jean-François Eck, Histoire de l’économie française depuis 1945, Paris 1994, p. 12, 33, 54-55 ; Jean-Pierre Dormois, « France : the idiosyncrasies of volontarisme » in James Foreman-Peck, Giovanni Federico (dir.), European industrial policy : the twentieth-century experience, Oxford, 1998, p. 58-97, ici p. 75-82.
9 Voir Pierre Sicsic, « Charles Wyplosz, France, 1945-92 », in Nicholas Crafts, Gianni Toniolo (dir.), Economic growth in Europe since 1945, Cambridge, 1996, p. 210-239, ici p. 232-234.
10 Eck (voir nº 8), p. 32.
11 Voir Anthony J. Nicholls, Freedom with responsibility: the social market economy in Germany, 1918-1963, Oxford, 1994, p. 142-158, p. 239.
12 Voir Mark Spoerer, « Wohlstand für alle ? Soziale Marktwirtschaft », in Thomas Hertfelder, Andreas Rödder (dir.), Modell Deutschland. Erfolgsgeschichte oder Illusion ?, Göttingen, 2007, p. 28-43.
13 Voir Werner Plumpe, « Wir sind wieder wer ! » Konzept und Praxis der Sozialen Marktwirtschaft in der Rekonstruktionsphase der westdeutschen Wirtschaft », in Marie-Luise Recker, Burkhard Jellonnek, Bernd Rauls (dir.), Bilanz : 50 Jahre Bundesrepublik Deutschland, St. Ingbert, 2001, p. 237-278, ici p. 278. Voir pour une position absolument contraire Albrecht Ritschl, « Der späte Fluch des Dritten Reichs : Pfadabhängigkeiten in der Entstehung der bundesdeutschen Wirtschaftsordnung », in Perspektiven der Wirtschaftspolitik 6 (2005), p. 151-170.
14 Voir, pour les subventions, Zoltán Jákli, Vom Marshallplan zum Kohlepfennig. Grundrisse der Subventionspolitik in der Bundesrepublik Deutschland 1948-1982, Opladen, 1990 ; pour les prix administrés Irmgard Zündorf, Der Preis der Marktwirtschaft : staatliche Preispolitik und Lebensstandard in Westdeutschland 1948 bis 1963, Stuttgart, 2006 ; pour la loi contre la restriction de la concurrence, Ursula Beyenburg-Weidenfeld, Wettbewerbstheorie, Wirtschaftspolitik und Mittelstandsförderung 1948-1963. Die Mittelstandspolitik im Spannungsfeld zwischen wettbewerbstheoretischem Anspruch und wirtschaftspolitischem Pragmatismus, Stuttgart, 1992, p. 174-226 ; et pour un bref récit de la politique industrielle en Allemagne Wilfried Feldenkirchen, « Germany : the intervention of interventionism », in James Foreman-Peck, Giovanni Federico (dir.), European industrial policy : The twentieth-century experience, Oxford, 1999, p. 98-123.
15 Voir, pour une perspective européenne, Charles H. Feinstein, Peter Temin, Gianni Toniolo, The European economy between the wars, Oxford, 1997, et, pour l’Allemagne, Albrecht Ritschl, « “Dancing on a Volcano” : the economic recovery and collapse of Weimar Germany, 1924-1933 », in Theo Balderston (dir.), The world economy and national economies in the interwar slump, Basingstoke, 2003, p. 105-142 ; Mark Spoerer, « Demontage eines Mythos ? Zu der Kontroverse über das nationalsozialistische "Wirtschaftswunder" », in Geschichte und Gesellschaft 31 (2005), p. 415-438.
16 Voir Nicholas Crafts, « The Human Development Index and changes in standards of living: some historical comparisons », in European Review of Economic History 1 (1997), p. 299-322, ici p. 316.
17 Les coefficients de variation des taux d’accroissements de 1948 à 1974 sont de 0,47 pour la France et de 0,71 pour l’Allemagne (1948 à 2005 : 0,77 et 1,03) ; voir aussi Sicsic, Wyplosz, France, 1945-92 (voir nº 9), p. 211-214.
18 Voir Amartya K. Sen, The Standard of Living, Cambridge, 1987.
19 Voir Lindlar, Das mißverstandene Wirtschaftswunder (voir n. 4), p. 28.
20 Voir « A tale of two Frances » et « Le climbdown », in Economist, 30 mars et 12 avril 2006.
21 Voir John Stuart Mill, Principles of political economy: with some of their applications to social philosophy, Toronto, 1965 (Londres 1848), t. 1, p. 74-75.
22 Rolf H. Dumke, « Reassessing the Wirtschaftswunder: reconstruction and postwar growth in West Germany in an international context » in Oxford Bulletin of Economics and Statistics 52 (1990), p. 451-491, ici p. 485.
23 Sicsic, Wyplosz, France, 1945-92 (voir nº 9), considèrent que la planification a retardé la croissance économique en France jusqu’au moment où le pays s’est ouvert à la compétition internationale, vers 1958.
24 Voir, pour un jugement similaire, Bittner, Das westeuropäische Wirtschaftswachstum (voir nº 4), p. 154.
25 Moses Abramowitz, « Catching up, forging ahead, and falling behind », in Journal of Economic History 46 (1986), p. 385-406.
26 Voir Angus Maddison, Monitoring the world economy, 1820-1992, Paris, OCDE, 1995, p. 194, 196 et 200.
27 Voir Helge Berger, Albrecht Ritschl, « Die Rekonstruktion der Arbeitsteilung in Europa. Eine neue Sicht des Marshallplans in Deutschland », in Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte 43 (1995), p. 473-519.
28 Voir Jean-Pierre Dormois, The French Economy in the Twentieth Century, Cambridge 2004, p. 27-42.
29 Voir Spoerer, Wohlstand für alle ?, (voir nº 12).
Auteur
Chercheur invité à l’Institut historique allemand de Paris. Il est spécialiste d’histoire économique contemporaine (histoire financière, histoire des entreprises, histoire du travail forcé pendant les première et seconde guerres mondiales). Il a soutenu sa thèse en histoire à l’Université de Bonn en 1995, puis son habilitation à l’Université Hohenheim de Stuttgart en 2003, sur la fiscalité en Prusse et au Wurtemberg de 1815 à 1913. Ses principales publications sont : Zwangsarbeit unter dem Hakenkreuz. Ausländische Zivilarbeiter, Kriegsgefangene und Häftlinge im Dritten Reich und im besetzten Europa 1939-1945, Stuttgart, DVA, 2001 ; « The Evolution of public finance in nineteenth-century Germany » in José L. Cardoso et Pedro Lains (dir.) Paying for the liberal state: the rise of public finance in nineteenth century Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2009 : « The mortality of allied prisoners of war and Belgian civilian deportees in German custody during World War War I: A reappraisal of the effects of forced labour », in Population Studies, nº 60, 2006; « Motivations, contraintes et marges de manœuvre des entreprises allemandes dans l’emploi de travailleurs forcés pendant la Seconde Guerre mondial », in Histoire, économie et société, nº 24, 2005.
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