Apprendre de l’Allemagne ? Les scientifiques et industriels français de la chimie et l’Allemagne entre 1871 et 1914
p. 113-129
Texte intégral
Introduction
1En 1914, les ouvrages de Victor Cambon périodiquement réédités1 rappellent sous une forme aisément accessible au public le hiatus qui règne entre la puissance de l’industrie de la chimie organique allemande et l’état de faiblesse dans laquelle elle se trouve en France. Évoquant l’industrie chimique allemande, il l’écrit : « L’organisation de ces affaires représente le summum de perfection qui puisse être atteint dans l’industrie du triple point de vue technique, commercial et patronal2 ».
2La description qu’il fait des usines Bayer à Leverkusen est remplie d’admiration devant l’organisation technico-scientifique, spatiale et sociale de cette entreprise :
« Leverkusen dépasse toutes les conceptions que l’on peut se faire d’un établissement industriel. […] C’est un rectangle d’environ 1 km sur 2 km et demi, dont le grand côté borde la rive droite, à une dizaine de kilomètres au nord de Cologne. Dans l’intérieur du rectangle, sont tracées trois divisions ; qu’on imagine un drapeau français dont le Rhin serait la hampe ; dans la bande bleue, on a logé la grande industrie chimique : acide sulfurique (par procédé de contact), acide chlorhydrique, acide nitrique, etc. ; dans la bande blanche, la préparation initiale des colorants ; dans la bande rouge, leur terminaison3 ».
3Le rappel des chiffres illustrant la puissance de cette entreprise, les 203 chimistes, les 4 000 brevets déposés depuis sa création, le capital de 45 millions de francs et les dividendes distribués – 11, 25 millions en 1908 – contribuent à illustrer la toute-puissance des usines Bayer.
4La période des années 1870 et 1914 est une période importante pour la chimie française. D’un point de vue économique, les années 1870-1871 marquent une rupture. La principale firme française de colorants, la Fuchsine4, est liquidée en 1870. Les autres entreprises françaises de chimie organique ne retrouveront jamais son lustre. Les banques qui ont beaucoup perdu dans cette faillite – notamment le Crédit lyonnais – se détournent pour un long moment de cette branche. Déjà, dès les années 1860, les principaux fabricants de colorants avaient pris la fuite à l’étranger, effrayés par le monopole qu’avait établi la Fuchsine sur le secteur5. Par ailleurs, le traité de Francfort qui accorde la « clause de la nation la plus favorisée » à l’Allemagne fragilise les maigres positions françaises qui demeuraient à l’abri des protections douanières.
5Pour autant, le choc et l’ampleur de la défaite vont pousser au sursaut. La République renaissante élabore une politique scolaire et universitaire ambitieuse dont le but est double : ancrer la République dans les cœurs et les esprits, rénover les savoirs pour soutenir la comparaison avec l’Allemagne. La science chimique française va profiter de cet élan. Pourtant, nous apercevons un double paradoxe : comment apprendre de l’Allemagne alors que l’industrie chimique est une industrie stratégique, une industrie de la puissance ? Comment contribuer à la fécondation de l’industrie par l’université alors que les deux mondes s’ignorent et connaissent des dynamiques différentes ? Deux stratégies successives vont émerger : la première est celle de la transposition du modèle universitaire allemand dans les années 1870 à 1900. Devant les limites de cette première méthode, une autre stratégie se met en place. Elle est à la rencontre des intérêts des industriels et de ceux des universitaires. Elle est faite d’évitement et de collaboration avec les firmes allemandes.
I. L’improbable transposition du modèle allemand (1870‑1900)
A. Une réforme universitaire
1. Une proclamation lancinante
6La victoire de l’Allemagne apparaît comme étant la victoire de « l’instituteur prussien ». C’est par la modification profonde du système universitaire français que viendra la renaissance de la plus grande France6. La chimie française n’échappe pas à ce mouvement de rénovation intellectuelle.
7À plus de vingt ans d’écart, deux rapports révèlent pourtant la même faiblesse de l’industrie chimique. Celle-ci est mise en lumière par le rapport, demandé par le ministère du Commerce et de l’Agriculture, à Charles Lauth suite à l’Exposition universelle de Paris de 1878. Il propose alors un certain nombre de mesures pour remédier à cet état de fait7, notamment une modification du système éducatif et une institutionnalisation de l’enseignement des sciences appliquées. Dans un autre rapport présenté par le Albin Haller à l’occasion de l’Exposition universelle internationale de Paris en 1900, celui-ci s’interroge tout aussi longuement sur les insuffisances de l’industrie chimique française. La comparaison qu’il dresse avec l’industrie chimique allemande lui donne l’occasion d’un véritable réquisitoire sur les « causes d’infériorité de quelques-unes de nos industries chimiques »8.
8Les insuffisances pointées sont nombreuses. Elles vont de l’insuffisance de la documentation scientifique des entreprises au manque d’organisation de la branche en passant par la faiblesse de la recherche. Les flèches les plus redoutables d’Albin Haller sont toutefois réservées à son corps d’origine, les professeurs d’université. Il oppose la souplesse de l’organisation académique allemande à l’esprit régnant en France où :
« l’enseignement supérieur [est] en quelque sorte monopolisé par nos grands établissements de la capitale, dont l’unique but est de former des fonctionnaires, et [où] nos savants se querellent sur des questions de doctrine et d’école ».
9Au contraire, les différents États allemands redoublent alors de rivalité pour faire édifier des instituts et des laboratoires de chimie à grands frais, capables d’accueillir de nombreux étudiants, comme « l’Institut de chimie de Wurzbourg, en Bavière, à la construction duquel on a consacré 802 500 francs et où il y a de la place pour 148 étudiants ».9 Pour autant, les années 1880 témoignent de la part de la République d’un investissement considérable dans l’enseignement supérieur.
2. Des créations d’écoles spécialisées
10La période qui suit la défaite de la France, puis l’installation de la IIIe République est marquée par de nombreuses créations d’écoles scientifiques spécialisées dans la chimie. Ainsi, en 1882 est créée l’École de Physique et de Chimie industrielle de Paris, puis l’Institut chimique de Nancy en 1887 et l’Institut de Chimie de Lille en 1900. Mais, de façon paradoxale, ces écoles ne sont pas toujours insérées dans un tissu d’entreprises chimiques très vivaces. La région de Nancy est, certes, une région où il existe une chimie minérale puissante autour de l’exploitation du sel et de la fabrication de la soude, mais la chimie organique en reste assez largement absente. Son installation dans cette ville répond assez largement à des buts stratégiques : concurrencer l’Université de Strasbourg désormais en terre allemande et qui dispose de crédits importants de la part du Reich. Mais la défaite va contribuer à la stérilisation de l’école de chimie française, la plus brillante, celle de Mulhouse.
3. Une stérilisation : l’École de Chimie de Mulhouse
11Rétrogradée au rang d’école municipale par l’occupant, l’École de Chimie de Mulhouse ne renaît que le 30 janvier 187810. Emilio Noelting a fourni la réponse à la question de savoir quels étaient les fondements de la décision allemande :
« On se demandera sans doute pourquoi les thèses ont toutes été présentées aux universités suisses et françaises, quand celle de Strasbourg était à proximité et paraissait toute indiquée. La raison en est que les Allemands n’ont jamais voulu reconnaître à l’École de Chimie fondée par la Société industrielle, administrée par elle et par la ville et échappant à leur influence directe, le caractère d’un établissement d’instruction supérieur, susceptible de faire admettre les thèses de ses élèves à une université allemande. Cet ostracisme ne nous a d’ailleurs pas empêchés de faire du bon travail… »11.
12Signe de la volonté de faire rentrer cette école dans le rang, l’allemand y est rendu obligatoire comme langue d’enseignement en 188812. 83 thèses – de chimie organique – sont donc soutenues en Suisse et marginalement en France après 190913.
Tableau 1. Thèses de doctorat soutenues par les élèves de l’École de Chimie de Mulhouse entre 1881 et 191414
Lieu | Nombre | Périodes | Type de thèses |
Zurich | 11 | 1881-1909 | Doctorat ès-sciences |
Bâle | 51 | 1887-1914 | Doctorat ès-sciences |
Berne | 3 | 1897 | Doctorat ès-sciences |
Fribourg | 2 | 1907 | Doctorat ès-sciences |
Neufchâtel | 1 | 1914 | Doctorat ès-sciences |
Genève | 1 | 1912 | Doctorat ès sciences |
Grenoble | 3 | 1909-1912 | Doctorat ès-sciences |
Toulouse | 10 | 1910-14 | Thèse d’université |
Lyon | 1 | 1910 | Doctorat ès sciences |
Total | 83 |
13Création d’institutions d’enseignement, mais fuite des élèves, serait-on tenté de dire. Cependant la critique la plus acerbe faite par Albin Haller porte sur la fermeture du milieu universitaire. À quelques exceptions près, les savants « se drapent dans leur manteau de science pure et dédaignent l’application »15. Puis, il poursuit et pointe les responsabilités d’une façon extrêmement précise :
« À ce fait que l’État, dispensateur de la science, aboutit fatalement à l’uniformité, il faut ajouter qu’il n’est jamais anonyme. Par la force des choses, il devient le prête-nom de hautes personnalités scientifiques qui ont une doctrine et un système. Ce système, dont ils ont reconnu et préconisé l’excellence, ils sont portés à le défendre contre les nouveaux venus qui le battent en brèche et en dénoncent les points faibles et les fissures […]. Tel grand nom en arrive à régenter la chimie, tel autre la physique, un troisième à faire de son domaine de la littérature et de la philosophie. C’est l’histoire de tous les régimes d’État16. […] Il semblera peut-être excessif d’attribuer à une question de pure doctrine une influence aussi prépondérante sur l’évolution de l’industrie […]. La partie de la science chimique qui, en France, s’est trouvée entravée dans son développement alors qu’en Allemagne, elle marchait à pas de géants, c’est la chimie organique. La chimie minérale, peu influencée par les questions de doctrine, fut au contraire, toujours en faveur dans notre pays […]. Seule, l’industrie de la chimie organique, celle qui est directement inspirée par les théories auxquelles nous faisons allusion, est languissante dans notre pays, alors qu’elle est arrivée à son complet épanouissement en Allemagne ».17
14Cette charge est une attaque à peine voilée contre celui qui incarne alors la chimie universitaire, Marcelin Berthelot.
B. L’instrumentalisation par le nationalisme du débat intellectuel
1. Le rôle de Marcelin Berthelot
15Marcelin Berthelot exerce son empire sur la chimie organique française en tant que discipline intellectuelle des années 1860 à 1907. L’une des particularités de sa carrière universitaire est d’avoir été nommé, et non élu par ses pairs, quel que soit le régime en place. Né en 1827, il est licencié ès-sciences à 22 ans puis docteur ès-sciences à 27 et docteur ès-pharmacie à 31 ans. Il est nommé professeur de chimie organique à l’École de Pharmacie en 1859, puis il est de nouveau nommé, par décision impériale, professeur de chimie organique au Collège de France en 1865. Il est reçu à l’Académie des Sciences en 1873, dans la section de physique et non celle de chimie, où il a essuyé plusieurs échecs. Par ailleurs, il poursuit une carrière au sein des corps de contrôle de l’administration : en 1876, il est nommé Inspecteur général de l’Enseignement supérieur et la même année membre du Conseil supérieur des Beaux-Arts. En 1879, il est élu président de la Commission des substances explosives, puis membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique en 1880. À travers ses postes, il modèle les programmes universitaires, joue un rôle primordial dans l’avalisation des nominations universitaires. Enfin, élu sénateur inamovible en 1881, sa carrière connaît la consécration avec sa nomination au poste de ministre de l’Instruction publique dans le cabinet Goblet en décembre 1886 et de ministre des Affaires étrangères dans celui de Léon Bourgeois en novembre 189518. Pouvoir universitaire et pouvoir politique se complètent.
16L’originalité de M. Berthelot tient dans le refus de la théorie atomiste considérée comme science allemande. Il ne participe pas au congrès de Karlsruhe19 en 1860 qui pose les bases scientifiques de cette théorie, préférant la théorie équivalentiste. À contre-courant de l’évolution scientifique internationale, il joue un rôle fondamental dans l’élaboration d’une « science nationale ».
2. Querelles scientifiques et nationalisme
17À l’École polytechnique, l’enseignement de la chimie n’occupe qu’une place restreinte par rapport aux mathématiques. En 1912-13, à l’École polytechnique, G. Darzens est mis en cause par un répétiteur, M. Gautier, pour avoir reconnu la puissance de l’industrie de la chimie organique allemande. Ce dernier est soutenu par M. Kleine, directeur de l’École des Ponts et Chaussées, qui déclare :
« Je persiste à croire que M. Darzens accorde d’une façon quasi-permanente la supériorité à la science allemande et il doit être surveillé à cet égard par le directeur des études. D’autre part, comme directeur des Ponts, je regrette la tendance à développer la chimie organique aux dépens de la chimie minérale20 ».
18La plainte est enterrée par le conseil de perfectionnement qui reconnaît la qualité et l’honnêteté de son cours, le directeur des études concluant :
« Je l’ai averti et l’ai prié instamment de ne jamais omettre de maintenir un certain équilibre entre la supériorité de la méthode allemande et les éclairs du génie français ».
19À travers ces dernières remarques, on voit combien la question de la chimie est teintée d’honneur national, surtout quand le rival est allemand et quand l’école où est soulevée cette question est l’École polytechnique. Cet incident est aussi révélateur de l’instrumentalisation des querelles intellectuelles et nationalistes au profit de rivalités de personnes au sein d’une institution universitaire. Peut-on pour autant dire que l’influence de Marcelin Berthelot a contribué à stériliser la science chimique française ? Cette hypothèse reste à démontrer, même si plus de la moitié des professeurs d’université français de chimie ont fait une thèse sous sa direction. Il faudrait alors reprendre l’ensemble de leurs publications et analyser leur évolution. Certains ont rompu leurs attaches. Nous verrons le cas avec Auguste Béhal, professeur à l’École de Pharmacie de Paris, mais aussi découvreur du camphre synthétique qu’il met au point suite à un congé de cinq ans de l’Université. Une autre des difficultés de la chimie française vient, d’un point de vue industriel, de la faiblesse de ses relations avec l’industrie chimique la plus puissante du monde, l’industrie chimique allemande.
C. La fermeture des entreprises allemandes
1. La protection de la science allemande
20La protection de la science allemande passe par deux moyens. Les entreprises allemandes refusent le plus souvent, même s’il y a quelques exceptions, d’accueillir des chercheurs ou des ingénieurs français. Elles refusent également de céder leurs brevets. René-Paul Duchemin est l’un des deux ingénieurs français à avoir travaillé dans les usines allemandes de la Badische Aniline à Ludwigshafen. Selon une lettre d’Eugène Kuhlmann au professeur Albin Haller, « ce dernier a été signalé comme particulièrement au courant et capable de fournir les plans désirés », en ce qui concerne la remise en route de la production d’aniline21 en 1914. C’est aussi le cas d’Ernest Fourneau qui est au tournant du siècle un des chercheurs les plus prometteurs de l’Institut Pasteur puis des Établissements Poulenc. Âgé de 25 ans, il reçoit le conseil de M. Meslans d’aller se perfectionner en Allemagne, ce qu’il fait en partant à Heidelberg suivre l’enseignement de Gottermann et de Curtius, puis à Berlin sous la direction d’Emil Fischer et enfin à Munich avec Willstätter22.
21Une autre stratégie d’acquisition de la science allemande serait de rentrer en contact avec les industriels allemands de la chimie et de négocier l’achat de brevets. Cette stratégie rencontre ses limites. Peu avant la guerre, Saint-Gobain se montre intéressée par l’acquisition du brevet Haber-Bosch de fabrication d’ammoniaque synthétique23. En 1913, la firme allemande BASF oppose un refus définitif. Les entreprises allemandes de leur côté ne restent pas inactives dans la conquête du marché français.
2. L’implantation des entreprises allemandes en France
22Les entreprises allemandes prennent le contrôle à la fin du XIXe siècle de plusieurs entreprises françaises. Celles-ci deviennent des usines de finition en France destinées à tourner la législation douanière. Tandis que les produits « intermédiaires » nécessaires à la fabrication des colorants ne sont taxés qu’à hauteur de 15 francs les 100 kilos, les colorants subissent une taxation de 100 francs pour 100 kilos. Ainsi, dès 1881, Hoechst achète la Compagnie parisienne des couleurs d’aniline puis, deux ans plus tard, la fabrique de Coupier à Tremblay près de Creil. Bayer s’est installée à Flers près de Douai en 1882 et la BASF dans la région lyonnaise à Neuville sur Saône.24 Puis en 1885, l’entreprise L. Cassella acquière la Manufacture lyonnaise de matières colorantes à Gerland, un quartier de Lyon. Enfin, pour se sauver de la faillite, la Société chimique des usines du Rhône (SCUR) doit accepter en 1900 la prise de participation d’un groupe allemand.
23Ainsi, au tournant du siècle, tant les stratégies universitaires que les stratégies d’entreprise françaises ont montré leurs limites. Ces insuffisances proviennent peut-être d’une compréhension principalement fonctionnelle de ce que pourrait être l’amélioration d’un système de recherche appliquée. Imiter les institutions, acheter les brevets ne peut tenir lieu de stratégie à long terme. Les nouvelles initiatives françaises vont venir à la fois de la prise de conscience du retard national, mais surtout de la compréhension de la recherche comme étant avant tout un système d’interactions.
II. Stratégies d’évitement et de coopération au tournant du siècle (1900‑1914)
A. Les stratégies informelles : stratégie de copie et d’évitement
1. Brevets et copie des brevets
24L’industrie de la chimie organique allemande a pris une dimension considérable au début du XXe siècle. Elle domine le marché mondial de la chimie organique à 85 %, elle stupéfait par son inventivité que l’on peut jauger à travers la prise de brevets.
Tableau 2. Produits nouveaux lancés dans le domaine des matières colorantes : France et Allemagne (1858‑1890)25
Années | Produits allemands | Produits français |
1858 | 0 | 17 |
1869 | 43 | 15 |
1880 | 162 | 6 |
1890 | 328 | 16 |
Tableau 3. Brevets déposés par les compagnies françaises et allemandes de chimie organique (1910‑1913)26
Compagnies allemandes | Compagnies françaises27 | ||||||
Bayer | BASF | Meister, | Griesheim | SA. Matières | Ets | SCUR | |
1910 | 76 | 33 | 27 | 19 | - | 6 | 3 |
1911 | 66 | 37 | 30 | 12 | - | 6 | 1 |
1912 | 61 | 47 | 23 | 20 | - | 3 | 0 |
1913 | 32 | 23 | 15 | 19 | - | 2 | 2 |
Total par firme | 235 | 140 | 95 | 70 | 0 | 17 | 6 |
25Certes, Sophie Chauveau a souligné combien il fallait prendre cette source avec circonspection28. Toutefois, le brevet reste bien le niveau fondamental d’analyse de l’industrie chimique. Ne pouvant résister à la pression allemande, les entreprises françaises vont tourner la difficulté et éviter le domaine des colorants pour se concentrer sur celui des produits pharmaceutiques qui, en fonction de la législation du 5 juillet 1844 et du décret du 3 mai 185029 sur les produits pharmaceutiques et les médicaments, ne peuvent être brevetés.
26Le succès de la Société chimique des usines du Rhône vient de sa capacité à utiliser des sous-produits entrant dans la fabrication des colorants et à les protéger par une politique d’accord ou de secret bien gardé plutôt que d’affrontement avec les concurrents étrangers. L’examen de ses principales productions, saccharine, vanilline, acide salicylique, spécialités pharmaceutiques, révèle des passerelles entre les différents produits. L’acide salicylique est présent dans la fabrication de colorants, notamment dans la fabrication de certains colorants azoïques (jaune anthracène, vert diamine) et de certains dérivés du triphénylméthane (violet au chrome)30. Prosper Monnet, l’un des fondateurs de la SCUR en 1895, indique la marche à suivre :
« Quand nous ferons l’installation, nous trouverons un autre nom, afin que les ouvriers ne colportent pas au-dehors la nature des produits nouveaux que nous fabriquons. On pourrait l’appeler acide phtalique ».
27La procédure de protection juridique de ces produits est particulière. La SCUR ne pouvant déposer un brevet fait un dépôt du procédé auprès de la chambre des prud’hommes. En 1898, sollicitée par la firme allemande Kokswerke, la SCUR s’engage « à communiquer le procédé pour 275 000 francs avec échange de techniciens. La SCUR fabriquera 240 tonnes par an et Kokswerke 360 tonnes ».
28L’article que publie Ernest Fourneau, en 1915, dans le Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale est révélateur de cette stratégie de copie et d’évitement sciemment organisée : « Tant que la législation sur le brevet ne sera pas changée, nous pouvons et nous devons fabriquer en France les produits inventés par les étrangers » avant de mettre en garde contre les conséquences de ces pratiques pour la recherche industrielle à long terme.
« Si elle se contentait, en effet, de suivre d’un pas attardé les progrès de l’industrie rivale, elle serait vite réduite à un rôle tellement effacé, et serait tellement à la merci des volontés de son adversaire, qu’elle ne tarderait pas à disparaître […]. Il nous faut donc non seulement lutter contre l’industrie allemande existante et par conséquent nous en affranchir autant que possible […], mais encore […] créer à notre tour31 ».
29D’une certaine façon, l’industrie chimique française a développé une stratégie en « saillant-rentrant32 », celui de la compréhension d’un système technique en évolution selon le mot de Thomas P. Hughes, abandonnant à la part du feu les domaines les plus exposés, se spécialisant dans les domaines où, à partir de ces savoirs primitifs, elle avait une chance de réussir. Elle développe aussi une stratégie de collaboration entre science et industrie.
2. Les groupes informels : science et industrie
30Les Établissements Poulenc développent une stratégie tout à fait originale en France basée sur la collaboration entre entreprise privée et chimistes universitaires. Celle-ci se développe dans le Quartier latin à Paris. Elle passe tout d’abord par l’achat d’un magasin, une ancienne librairie située au 11, de la rue de Cluny – actuellement 1, place Paul Painlevé – au cœur de ce quartier, en 1882, dans le but de « fournir aux étudiants et aux professeurs les produits chimiques et les articles de verrerie dont ils avaient besoin ». Cette « division labo » est transportée plus loin en 1892, au 122, boulevard Saint-Michel, toujours dans le Quartier latin.
« Professeurs, préparateurs, chefs de travaux y passaient fréquemment […]. Marcelin Berthelot […] ne dédaignait pas de prendre lui-même au passage les produits et les appareils dont il avait besoin. Henri Moissan […] s’y approvisionnait d’électrodes et de creusets. […]. Et l’on avait aussi les visites de Charles Moureu […], de Jean Perrin alors jeune préparateur à l’École normale supérieure, de Curie, de Lipman, Branly, Becquerel, Georges Claude, etc. ».
31Cette stratégie de rencontres informelles entre universitaires et industriels de la chimie se poursuit avec la création d’un club informel, dit « La Molécule » ou « le groupe Molécule » dont nous avons peu de traces. Tout juste sait-on qu’il est formé en 1903 et qu’il tient des réunions mensuelles, rue de Poitiers, jusqu’en 1914. On y retrouve Auguste Béhal qui « dès le début de sa carrière […] avait délibérément opté pour la théorie atomique, s’écartant non sans courage de la doctrine équivalentiste âprement défendue par Berthelot » et certainement ses élèves, C. Moureu, Desgrez, Tiffeneau, Blaise et Sommelet. Encore faudrait-il y joindre, aux noms des premiers chimistes de « La Molécule », ceux de Délépine, Gabriel Bertrand, Delande, Justin Dupont, Valeur, Lemeland, Camille Poulenc, Nicolas Grillet, Billon, Choay, Frossard, Bienaimé et combien d’autres ; on remarquera, dans cette énumération, une majorité de savants qui choisirent d’illustrer plus l’industrie française que nos universités. Fourneau fut du nombre33.
32De son côté, l’Université française comprend à la fin du XIXe siècle qu’elle perd de son influence par rapport à ses concurrentes étrangères.
B. La création de la thèse d’université : l’institutionnalisation de la coopération université‑entreprise
1. Les fondements de la thèse d’université
33Le tournant du siècle est marqué par une modification importante, bien qu’insuffisamment étudiée, des cursus universitaires : la création des doctorats d’université. Celle-ci répond à une raison simple, voire unique. Discuté à la faculté des sciences de Paris, ce projet est repris par la faculté de pharmacie. L’assemblée de la faculté de pharmacie en examine les conclusions : « Dans son rapport, M. Picard invoque pour justifier les propositions de la Faculté des Sciences, diverses raisons qu’on peut résumer comme suit ». En fait, elles se limitent à une seule :
« les étrangers qui viennent travailler dans nos laboratoires subissent rarement les épreuves du doctorat actuel, soit que la thèse leur paraisse demander un travail trop long, soit plutôt qu’ils en soient détournés par les grands préliminaires que l’on exige des candidats. Il y a là pour nos universités une évidente infériorité, les étudiants étrangers préfèrent, comme cela est facile à comprendre, aller terminer leurs études dans d’autres pays […]. Les mêmes raisons peuvent être invoquées en ce qui concerne l’École de Pharmacie. […] L’École de Pharmacie se range donc à l’avis de la Faculté des Sciences et elle pense qu’il y a opportunité de créer un doctorat en pharmacie universitaire34 ».
34Sa spécificité est qu’il ne peut ouvrir à une carrière universitaire. Ce type de doctorat existe déjà en Suisse et en Allemagne, où il a pour fonction de former des spécialistes destinés aux entreprises. Le décret du 21 juillet 1897 officialise la possibilité pour les universités, sous la haute direction du Conseil supérieur de l’Instruction publique, de délivrer le doctorat d’université35.
2. Une nouvelle géographie universitaire
35La création de doctorats d’université permet de relancer la recherche universitaire. Les doctorats d’université délivrés par les facultés de sciences et de pharmacie se multiplient. Ce sont les facultés de pharmacie et les facultés de province qui vont se montrer les plus dynamiques. De façon quelque peu paradoxale, ce n’est pas Paris qui attire le plus, puisque la production de doctorat ès-sciences, avec une spécialité en chimie, reste sensiblement égale entre la période 1882-1898 et celle allant de 1899 à 1914. Ainsi, avec 100 thèses de sciences spécialisées en chimie soutenues sur un total de 125 pour la période 1882-1898, la faculté des sciences de Paris délivre 77 % des doctorats de chimie en France. Elle n’en délivre plus que 125 sur 472 soit 26,5 % pour la période 1899-1914, tous doctorats confondus. En province, quelques grands centres émergent pour la chimie, parfois inattendus : Grenoble (111), Lyon (56), Nancy (53). Si on individualise la production des facultés de pharmacie, Paris reprend la tête avec 71 doctorats d’université. Puis viennent Lyon avec 38 doctorats d’université soutenus et, plus loin, Nancy (11) et Montpellier (10). Ainsi, la région de Lyon et de Grenoble se singularise, dès avant la guerre, par une politique de formation extrêmement poussée avec un total de 167 thèses.
36C’est dans cette brèche que s’engouffrent les Établissements Poulenc, mais aussi la SCUR d’une façon plus marginale. Cette dernière entreprise coopère avec la faculté de pharmacie de Lyon pour le travail sur certaines molécules, notamment celle d’antipyrine. Plusieurs thèses de la faculté de pharmacie de Lyon portent sur ce produit.
37Un autre indicateur du nouveau rapport de forces qui se développe au tournant du siècle entre entreprises allemandes et entreprises françaises de la chimie se traduit par la structuration conjointe de nouveaux marchés alors en forte croissance, ceux de l’électrochimie et des gaz liquéfiés.
C. La structuration conjointe des nouveaux marchés
1. Le cas de l’industrie électrochimique
38L’industrie électrochimique française est une des premières du monde en 1914. En 1904, la création de l’entente internationale des chlorates rassemblant, sur le modèle français, les différents producteurs a permis une structuration mondiale du marché. Les Français possèdent 45 % du marché mondial, les Anglais d’United Alkaly Cy 30 %, le reste étant divisé entre les concurrents suédois, finnois, autrichiens et allemands36. Pour le marché des carbures, une organisation des marchés internationaux est décidée par l’institution d’un Syndicat international du carbure comprenant l’Allemagne, l’Autriche, la Norvège, la Suède et la Suisse et la Société commerciale française. Le but de l’accord était de réserver le marché français aux producteurs nationaux, de même que le protectorat du Maroc et les colonies, enfin de permettre l’accès à 1/3 du marché turc, tandis que la Chine devenait un marché libre. Un nouvel accord est conclu au niveau international en 1910 entre 57 usines pour « la production et la vente de carbure destiné à l’éclairage, au soudage et au chauffage »37.
2. La production de gaz rares
39En ce qui concerne les gaz rares produits par l’Air Liquide, la position internationale est encore plus favorable. Un accord est conclu entre la firme allemande Linde et l’Air Liquide en 1907. Un partage des marchés a lieu, Linde se réservant les 2/3 des marchés en Allemagne, Hongrie, Roumanie, Scandinavie et Amérique du Sud, le 1/3 étant est réservé à l’Air Liquide. Cet accord est valable pour 15 ans. H.-L. Dienel, qui a travaillé sur les archives de Linde, note le caractère de « gentleman’s agreement » entre les deux compagnies et les deux hommes : en 1909, un accord est conclu avec l’Air Liquide qui laisse le champ libre à la British Oxygen Company dans le Royaume-Uni et le Commonwealth exceptés le Canada et l’Égypte38, tandis qu’à l’occasion Georges Claude et Carl Linde discutent de leurs résultats respectifs.
Conclusion
40S’il y a bien eu aussi dans le domaine de la chimie une « crise allemande de la pensée française », sa résolution n’est pas passée par le décalque des institutions allemandes de recherche, mais au contraire par l’élaboration de relations plus subtiles : stratégie d’évitement et de copie sur des marchés jugés trop matures pour les entreprises françaises, stratégie d’entente sur des marchés émergents. Toutefois, si une nouvelle dynamique s’est mise en place à partir du début du XXe siècle, les résultats en ce qui concerne les entreprises restent encore fragiles exceptés peut-être pour l’Air Liquide et les entreprises pharmaceutiques, les Établissements Poulenc et la SCUR. Dans cette élaboration de nouvelles stratégies, l’université et l’entreprise ont coopéré, de façon officielle parfois – notamment avec la création de la thèse d’université –, de façon plus discrète souvent, passant par des contacts informels. En ce sens, ces stratégies sont conformes à ce que demandait Albin Haller, qui pensait qu’un grand pragmatisme était nécessaire. Toutefois, la déclaration de guerre à la fin du mois de juillet 1914 allait de nouveau rigidifier les positions. Si les collaborations de fait entre la France et l’Allemagne s’arrêtaient, qu’en serait-il alors de la réalité des efforts engagés depuis les débuts de la IIIe République ?
Notes de bas de page
1 Victor Cambon, Les derniers progrès de l’Allemagne, P. Roger et Cie, Paris, 1913, 276 p
2 Victor Cambon, L’Allemagne au travail, P. Roger et Cie, Paris, 1909, p. 182.
3 Ibid.
4 Jean Bouvier, Le Crédit Lyonnais de 1863 à 1882, SEVPEN, Paris, 1961, t. 1.
5 Michel Hau, L’industrialisation de l’Alsace, 1803-1939, Association des publications près les Universités de Strasbourg, Strasbourg, 1987, p. 133. M. Hau cite les cas suivants « F. Drouin, Petersen et Sickler (de Saint-Denis à Schweizerhalle en Suisse) ; F. Murin (de Bâle à Paris) ; François Poirrier et Charles-Louis Chappat (de Paris à Zurich) ; Fritz Fol et Gardy (d’Aubervilliers à Genève) ; Prosper Monnet (de Lyon à Genève) ; Bois (de Lyon à Genève) ; O. Meister (à Chemnitz) ; Jean Georges et Jean-Ulric Dolfuss (de Rouen à Chemnitz) ; Jean Feer (de Strasbourg à Bâle) ; Jean et Armand Gerbel-Keller (de Mulhouse à Bâle) ; Louis Durand (de Lyon à Genève puis à Bâle) ; Étienne Marnas (de Lyon à Bâle) ; Félix Duprey (de Calais à Bâle) et Charles Dreyfus qui fonde en Grande-Bretagne la Clayton Aniline Cy ». Il estime qu’une vingtaine des meilleurs fabricants de couleurs est partie à l’étranger dans la décennie 1860.
6 Charles Digeon, La crise allemande de la pensée française, 1870-1914, PUF, Paris, 1992, 568 p.
7 Charles Lauth, Rapport général sur l’historique et le fonctionnement de L’École Municipale de Physique et de Chimie industrielles, Paris, 1900.
8 Ministère du Commerce et de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes. Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports de Jury International. Groupe XIV. Industrie Chimique. Première Partie. Classe 87 (tome 1), Imprimerie nationale, Paris, 1902, Introduction d’A. Haller. Albin Haller est professeur de chimie organique à la Faculté des sciences de Paris.
9 Idem.
10 L’histoire de l’École de Chimie de Mulhouse, publiée à l’occasion du 25e anniversaire d’enseignement d’Émilio Noelting, 1880-1905, G. Fischbach, Strasbourg, 1905, introduction.
11 Bulletin de la SIM, LXXXVI, 49, 1920, cité in Nicole Chezeau et Jean-Michel Chezeau, « Émilio Noelting, directeur de l’École de Chimie de Mulhouse de 1880 à 1915 », Bulletin de la SIM, La chimie et l’Alsace de 1850 à 1920, nº 2, 1994.
12 Idem.
13 Les rédacteurs de L’histoire de l’École de Chimie de Mulhouse, op. cit., précisent en 1905 que « depuis 1881 elle n’a pas fourni moins de 57 docteurs […] Sur ces 57 docteurs, il y en a 33 qui sont Alsaciens, soit donc une proportion de 58 % », p. 42.
14 Tableau construit à partir de l’ouvrage publié par l’École supérieure de Chimie de Mulhouse, Recherches et travaux des professeurs et anciens élèves, 1822-1972, tome 1.
15 Ministère du Commerce et de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes. Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports de Jury International. Groupe XIV. Industrie Chimique. Première Partie. Classe 87 (tome 1)., op. cit., p. LXXXVI.
16 Idem, p. LXXVII.
17 Idem, p. LXXVIII.
18 Jean Jacques, Berthelot (1827-1907), autopsie d’un mythe, Belin, Paris, 1987, 287 p.
19 Voir Alan J. Rocke, Chemical atomism in the Nineteenth Century, From Dalton to Cannizaro, Ohio State University Press, Colombus, 1984, Chapitre 10, The Karlsruhe Nexus.
20 Arch. de l’École polytechnique, conseil de perfectionnement, séance du 8 novembre 1913.
21 École supérieure de Physique et de Chimie industrielle de la Ville de Paris, Fonds Albin Haller, carton 32. H 32-78. Lettre reçue le 7 avril 1915.
22 Société Chimique de France, Ernest Fourneau (1872-1949), sa vie, son œuvre par M. Délépine, Masson et Cie, Paris, non daté.
23 J. -P. Daviet, Un destin international, la compagnie de Saint-Gobain de 1830 à 1939, Éditions des Archives contemporaines, Paris, 1988, p. 339.
24 Lutz-Fritz Haber, The Chemical Industry, 1900-1930. International growth and technological change, Oxford University Press, Oxford, 1971, p. 158.
25 François Leprieur, Les conditions de la constitution d’une discipline scientifique, la chimie organique en France, 1830-1880, thèse de 3e cycle sous la direction de Maurice Agulhon, Université Paris, 1977, 676 p. et, du même auteur, « La formation des chimistes français au XIXe siècle », La Recherche, nº 102, juillet-août 1979. Le graphique est toutefois ambigu : s’agit-il de produits commercialisés ou de brevets pris ?
26 Relevé élaboré à partir des annuaires publiés par l’Office national de la propriété industrielle, Brevets d’invention. Tables des brevets et certifications d’addition imprimés. Années 1910-1914.
27 Les autres compagnies françaises de chimie organique, notamment Mabboux et Camell, Steiner et Laroche et Julliard, ne déposent pas de brevets pour cette période.
28 Alain Beltran, Sophie Chauveau, Gabriel Galvez-Behar, Des brevets et des marques. Une histoire de la propriété industrielle, Fayard, Paris, 2001, p. 166-167 « Dès les années 1880, Bayer réoriente sa politique de brevets en multipliant les dépôts de façon à protéger ses domaines de recherche et à dissimuler le véritable objet de ses études par un “nuage de brevets”. Ce comportement révèle a contrario que le brevet est aussi un instrument d’information à caractère scientifique et technique, et qu’il peut offrir une protection insuffisante dans certaines industries. »
29 Sophie Chauveau, L’invention pharmaceutique. La pharmacie française entre l’État et la société au XXe siècle, Sanofi-Synthélabo, Paris, 1999, 720 p.
30 Arch. dep. Rhône. Fonds P. Cayez, 146 J 10. Chemise Procédés Acide salicylique.
31 Étienne Fourneau, « La fabrication des produits pharmaceutiques assurée par l’industrie française », Bulletin de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, 1915, cité in Sophie Baverey-Massat-Bourrat, « De la copie au nouveau médicament. Le laboratoire de chimie thérapeutique et Rhône-Poulenc : un réseau alternatif d’innovation », Entreprises et histoire, nº 36, 2004.
32 Thomas P. Hughes, « L’histoire comme système en évolution, » Annales, Histoire, Sciences Sociales, nº 4-5, juillet-octobre 1998, p. 840. Nous renvoyons à son étude Networks of power, Electrification in Western Society, 1880-1930, John Hopkins University Press, Baltimore and London, 1993, 474 p.
33 Arch. École de Pharmacie de Paris, Dossier personnel d’Ernest Fourneau et Jean-Albert Gautier, « Une destinée réussie, la vie bienfaisante d’Ernest Fourneau, savant et humaniste », Bulletin de Chimie Thérapeutique, mars-avril 1972, nº 2.
34 Arch. nat., AJ16 2221. Procès-verbaux du l’Assemblée de l’École de Pharmacie. Séance du 25 février 1897.
35 Harry Paul, « Apollo courts the Vulcan », Robert Fox and Georges Weisz, The organization of science and technology in France, 1808-1914, Cambridge University Press-Maison des Sciences de l’Homme, Paris-Cambridge, 1980, 355 p.
36 Anne-Catherine Robert-Hanglustaine, « Le carbure de calcium et l’acétylène, de nouveaux produits pour de nouvelles industries, 1885-1914 » in Hervé Joly, Alain. Giandou, Muriel Le Roux, André Dalmasso et Ludovic Cailluet (éd.), Des barrages, des usines et des hommes. L’industrialisation des Alpes du Nord entre ressources locales et apports extérieurs, Études offertes au professeur Henri Morsel, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, 2002, 386 p.
37 Idem.
38 Alain Jemain, Les conquérants de l’invisible, Fayard, Paris, 2005, p. 47.
Auteur
Professeur agrégé dans l’enseignement secondaire et doctorant en histoire sur « L’industrie chimique française et la Première Guerre mondiale (1914-1928) », sous la direction de Patrick Fridenson. Il a publié : « Kuhlmann at War (1914-1924) », in R. McLeod, J. A. Johnson (éd.), Frontline and Factory, Springer, 2007, p. 145-166 ; « Les miroirs de l’expérience Mendès France », in Alain Chatriot et Vincent Duclert (dir.), Le gouvernement de la recherche. Histoire d’un engagement politique, de Pierre Mendès France à Charles de Gaulle (1953-1969), Paris, La Découverte, 2006, p. 35-44 ; « Technology, Territories and Capitalism : The First World War and the Reshaping of the French Chemical Industry (1913-28) », in I. Malaquias, E. Hombourg, M. Elvira Callapez (éd.), Chemistry, Technology and Society, Proceedings of the 5th International Conference on the History of Chemistry, 6-10 septembre 2005, p. 454-466 et « Consommation et ravitaillement en France durant la Première Guerre mondiale », in Alain Chatriot, Marie- Emmanuelle Chessel et Matthew Hilton (dir.), Au nom du consommateur, Paris, La Découverte, 2004, p. 29-44.
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