L’électrotechnique et le socialisme municipal en Allemagne et en France avant 1914
p. 79-111
Note de l’auteur
Le présent texte est une version augmentée et annotée de ma communication orale. L’exposé qui suit repose sur des travaux de recherche comparée consacrés aux débuts de l’électrification municipale en Allemagne et en France avant 1914, que j’ai pu récemment mener, notamment grâce à une bourse de l’Institut historique allemand de Paris. L’approche comparée a été complétée par l’analyse des transferts.
Texte intégral
1Paul d’Estournelles de Constant, l’un des grands pionniers à œuvrer en faveur d’une entente franco-allemande et d’une Europe unie, attribuait dès 1905 à l’électricité une influence éminemment politique. Selon lui, l’Union européenne découlait logiquement du progrès, le progrès moral ne pouvant rester indéfiniment à la traîne du progrès matériel. Les peuples ne pouvaient se rapprocher tout en continuant à s’ignorer et se haïr. « L’Union européenne est un résultat de la découverte de la vapeur et de l’électricité »2.
2Il est vrai que grâce au chemin de fer et au bateau à vapeur, au télégraphe électrique et au téléphone, les distances entre les hommes s’étaient amenuisées, mais ces progrès les avaient-ils rapprochés pour autant ? Paul d’Estournelles avait peut-être de l’électricité une vision plus riche encore. Quoi qu’il en soit, il avait l’expérience de son utilisation pratique et connaissait donc ses ressources. Il siégeait depuis 1904 au conseil d’administration de Secteur Clichy, l’une des principales sociétés de distribution d’électricité à Paris3 et occupa par la suite des fonctions analogues dans des filiales de celle-ci4. Au sein de ces sociétés, il était bien placé pour observer la coopération internationale, Secteur Clichy étant une entreprise quasiment internationale de par la présence de financiers suisses et la participation de Siemens & Halske, par l’intermédiaire de la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (SACM).
3Quel rôle joua donc l’électricité dans les relations franco-allemandes, marquées par un va-et-vient permanent entre confrontation et coopération ?
4L’électricité, technique de référence moderne de la fin du XIXe siècle, jouissait, au-delà de son importance économique, d’un grand prestige tenant principalement au fait que cette technique et ses applications devaient bien davantage à des travaux intellectuels qu’à la répartition plus ou moins hasardeuse de ressources naturelles.
5Accomplir des travaux spécifiques dans ce domaine pouvait contribuer à raffermir le sentiment national français mis à mal par la défaite de Sedan. L’Exposition universelle de 1878 avait déjà servi ce dessein et consolidé la réputation de « ville lumière » de la capitale, au sens propre comme au figuré5.
6L’exposé qui va suivre met l’accent moins sur le détail des évolutions techniques que sur les contacts scientifiques, lesquels furent non seulement à l’origine des relations mutuelles, mais revêtirent au départ une importance supérieure encore à celle des relations économiques, bien que s’en distinguant difficilement durant la phase initiale. Nous aborderons également la question des activités directes des entreprises et du commerce, au sens strict des relations économiques. Pour finir, nous mettrons en parallèle ces transferts de grande ampleur et les transferts culturels ou institutionnels que l’on pourrait qualifier de négatifs, c’est-à-dire manqués, à travers la question de l’établissement public communal.
7Dès 1850, Werner Siemens en personne s’était rendu à Paris, plein d’espoir, pour présenter à l’Académie ses découvertes. Désireux de renforcer sa réputation scientifique, il souhaitait obtenir, comme il l’a écrit dans ses mémoires, « un examen public, par des membres éminents de la première institution scientifique du monde, de ses premiers travaux dans le domaine du télégraphe »6.
8Il participa aux expositions universelles de 1855 et 1867, y fut membre du jury et entra en relation plus approfondie avec l’administration des télégraphes française. Napoléon III le nomma chevalier de la Légion d’honneur, distinction qui ne parvint toutefois pas à le consoler du manque de succès commercial. Ce fait, ainsi que les tensions politiques croissantes entre la France et l’Allemagne, qui culminèrent lors de la guerre de 1870-1871, entraîna un refroidissement sensible des relations. Ce dernier se fit sentir en premier lieu à l’occasion du litige avec Zénobe Gramme, constructeur belge établi à Paris, et sa société, au sujet de la priorité de l’invention de la dynamo. Ces dissensions d’ordre apparemment scientifique masquaient en réalité des intérêts économiques bien réels.
9Parallèlement aux expositions universelles7, les expositions d’électrotechnique internationales, qui furent la plupart du temps associées à des congrès scientifiques, devinrent les lieux de rencontre les plus importants dans le cadre des relations technico-scientifiques de la fin du XIXe siècle8. Dans un contexte de tensions entre nationalisme et universalisme d’une part, de fragmentation de la science et de mouvement de synthèse d’autre part, ces lieux de rencontre étaient un élément constitutif de l’internationale scientifique en train d’éclore9.
10L’exposition internationale d’électricité de Paris en 1881 fut la première de toute une série de manifestations similaires. On y présenta pour la première fois l’éventail complet des différentes applications de la nouvelle technique, la place centrale revenant incontestablement à l’éclairage électrique. Pour les relations franco-allemandes, cette manifestation revêtait une importance particulière à plus d’un titre. Après l’absence de participation de l’Allemagne, pour des raisons politiques, à l’Exposition universelle de 1878, elle témoignait d’abord d’une détente significative dans les relations entre deux puissances. La participation massive de l’Allemagne doit certainement également être interprétée comme une tentative de réparer les dommages politiques10. Pour la première fois depuis 1867, se présentait la possibilité directe d’une rencontre dans le domaine technico-scientifique.
11En 1879, un groupe de personnes d’origines diverses, toutes désireuses de contribuer au développement de l’électricité, s’était constitué à Paris pour fonder la revue La Lumière Électrique. Rapidement, il fut possible de convaincre le ministre compétent, Adolphe Cochery, de s’associer au projet d’organiser une exposition. Ce dernier y vit une excellente occasion, non seulement de mettre en avant les compétences de son ministère dans ce domaine, mais aussi de souligner le rôle majeur de la France dans cette nouvelle technique en plein développement.
12Alors que le congrès était un évènement officiel placé sous l’égide du gouvernement, l’exposition faisait la part belle à l’initiative privée. L’investissement, public et privé, résolument engagé en vue d’une présentation grandiose de la nouvelle technique, sans équivalent en Allemagne, devrait avoir largement incité les dirigeants du Reich à décider rapidement de participer à cet évènement. C’est l’approbation de Bismarck lui-même qui fut décisive, alors que von Stephan, le secrétaire d’État compétent, et à sa suite Siemens, s’étaient d’abord montrés réticents.
13Après la France et la Belgique et devant la Grande-Bretagne, l’Allemagne représentait la troisième nation en nombre d’exposants. Les participants allemands étaient présents dans toute leur diversité et tous ceux qui comptaient en Allemagne dans le domaine de l’électrotechnique étaient représentés à Paris en 188111, ménageant ainsi aux visiteurs l’occasion de se faire une bonne idée de l’état de développement de l’électrotechnique en Allemagne.
14Les machines et appareils exposés par Siemens suscitèrent, du simple fait de leur nombre, un grand intérêt auprès des visiteurs français12. Le principal objet de curiosité était sans conteste le tramway électrique, que Siemens avait réussi à construire, non sans mal, et qui circulait entre la place de la Concorde et l’entrée est du pavillon d’exposition. Avec l’éclairage électrique et les transmissions téléphoniques réalisées depuis l’Opéra et le théâtre, il constituait l’une des principales attractions de l’exposition, sans aucun doute la plus populaire auprès du grand public13. La contribution allemande à l’histoire des sciences à l’occasion de cette exposition bénéficia également d’une grande reconnaissance.
15De manière globale, on retiendra que l’exposition de Paris offrit aux professionnels français l’occasion de regarder davantage qu’auparavant vers l’Allemagne. Du point de vue allemand, l’exposition et le congrès donnèrent lieu à de nombreux contacts, dont deux devaient s’avérer particulièrement importants.
16Oskar von Miller, qui travaillait dans les services du génie civil du royaume de Bavière, s’était fait déléguer à Paris comme commissaire bavarois afin de s’informer officiellement des possibilités d’utiliser les forces hydrauliques bavaroises pour la production d’électricité. Il s’intéressait davantage encore au transport de l’énergie électrique qu’à l’éclairage électrique. Le système présenté par Marcel Deprez le frappa par sa simplicité et l’amena à inviter l’année suivante le technicien français à venir réaliser des expérimentations à Munich. De même que l’exposition de Paris lui servit de modèle et lui donna l’impulsion pour créer une exposition similaire à Munich, la collection du Conservatoire national des Arts et Métiers, qu’il visita dans le cadre de ses recherches, lui inspira la création du Deutsches Museum14. Ces deux exemples représentent deux cas d’importants transferts scientifiques et culturels.
17Un autre visiteur allemand était l’ingénieur et entrepreneur berlinois Emil Rathenau, en quête de nouveaux secteurs d’activité. Il découvrit à Paris le système de l’éclairage électrique à incandescence, présenté pour la première fois en Europe par Thomas Alva Edison. Convaincu des perspectives de développement exceptionnelles qu’offrait cette technique nouvelle, il entra en relation avec Thomas Edison dans le but de commercialiser son invention en Allemagne. C’est ainsi que l’exposition de Paris fut à l’origine de l’entreprise qui, vingt ans après seulement, devait devenir sous le nom d’AEG l’une des entreprises les plus importantes de l’industrie électrotechnique en Allemagne mais aussi dans le monde entier.
18En Allemagne, les évènements parisiens suscitèrent un large écho, non seulement dans la presse spécialisée, mais également dans les quotidiens15, dont les articles ne semblent pas toujours avoir témoigné de connaissances techniques approfondies16. Les spécialistes récusaient les considérations inspirées par des sentiments d’arrogance chauvine17, bien que celle-ci ne fût finalement qu’un réflexe issu de la concurrence entre les nations, qui se manifestait à l’occasion de l’exposition, en dépit des assurances sans cesse réitérées selon lesquelles le progrès des sciences et des techniques contribuerait à rapprocher les peuples.
19Cette croyance était indubitablement répandue, et le commissaire allemand ne s’en réclamait pas seulement par courtoisie diplomatique en levant son verre pour remercier le ministre français. L’exposition avait fait naître un charme auquel même des visiteurs plutôt objectifs, comme Oskar von Miller, avaient du mal à résister. Se souvenant de l’exposition, ce dernier écrivait vingt-cinq ans après :
« Tout ce que les savants et les spécialistes avaient inventé et mis au point dans le domaine de l’électricité avant l’exposition de Paris, tout ce qui n’était connu et reconnu avant cette date que dans les cercles professionnels les plus étroits, fut pour la première fois révélé au monde entier en 1881 et le monde entier se laissa enchanter par ces merveilles insoupçonnées dont on peinait encore à mesurer la portée »18.
20Emil du Bois-Reymond, francophile ne s’interdisant pas parfois la critique, résuma ainsi ses impressions devant l’Académie de Berlin :
« Le spectacle incomparable auquel Paris a invité le monde cultivé l’automne dernier n’a pas seulement montré que la science continue d’exercer sa force unificatrice en dépit des divisions qui existent entre les peuples, mais il a en même temps enseigné, mieux que tous les mots, que si le développement éblouissant de la technique à l’époque moderne affaiblit le sens de la science pure, il compense par ailleurs au centuple ce dommage… Perdu dans ses pensées, on parcourait […] le palais enchanteur des Champs-Élysées, baigné de lumière et traversé de mécanismes électriques à la vitesse de l’éclair »19.
21L’exposition permettait, pour la première fois, de comparer les travaux des grandes nations industrielles dans le domaine de la nouvelle technique. Mais, malgré toute la rhétorique pacifique, elle était aussi « le lieu d’une confrontation sans merci »20. Il était encore possible de donner au grand public le sentiment que la France demeurait le champion incontesté dans le domaine du développement scientifique et technique21. La France restait également une référence grâce à certaines de ses réalisations techniques. En témoigne le voyage à Paris et Marseille entrepris en 1882 par l’inspecteur de l’éclairage Volbehr, de Hambourg, pour s’y informer de l’état de l’éclairage public électrique22.
22Cela ne doit toutefois pas occulter le fait que, dans le domaine de la valorisation commerciale de la nouvelle technique, la France était déjà devancée par l’Angleterre et l’Allemagne. Les industriels directement concernés en étaient conscients. Hippolyte Fontaine, qui avait fondé en 1879 la Chambre syndicale de l’électricité, organisation représentant la jeune industrie électrique, déclarait en décembre 1881 :
« L’exposition universelle d’électricité a été, pour les adhérents de la Chambre syndicale, un véritable champ de bataille où il fallut combattre concurrent contre concurrent, puis se grouper pour faire triompher le drapeau national »23.
23Cet affrontement fut également quelque peu perceptible lors du congrès. Se réunirent des universitaires et d’autres savants avant tout, conformément au caractère purement scientifique et plutôt théorique des débats, mais aussi des représentants des administrations étatiques des télégraphes.
24Parmi les diverses questions débattues, la plus importante et aussi la plus controversée était sans conteste celle des mesures électriques et de la détermination des unités correspondantes. Alors que les négociations semblaient d’abord quasiment vouées à l’échec, William Thomson (Lord Kelvin) parvint, avec l’aide du frère de Werner Siemens, William, à faire évoluer la position des Allemands, dont le principal représentant en particulier, Hermann von Helmholtz, approuva clairement le compromis qui s’était dégagé24. Malgré cette divergence de vues, la rencontre des savants se déroula dans un contexte globalement très harmonieux.
25En résumé, l’importance de l’exposition et du congrès comme lieux de rencontre, de comparaison et de conflit ne saurait être assez soulignée. Des contacts scientifiques et techniques, mais aussi économiques, prirent naissance, qui devaient s’avérer d’une importance primordiale dans les années qui suivirent. À cet égard, c’est davantage une coopération qu’un affrontement entre les deux pays qui sembla d’abord s’esquisser.
26Dès l’année suivante, l’exposition organisée au Glaspalast de Munich offrit l’occasion d’une nouvelle rencontre de l’électrotechnique entre les deux nations. De par sa taille même, l’exposition de Munich ne pouvait soutenir la comparaison avec celle de Paris. Emil Rathenau profita de l’absence de la société Siemens pour assurer au pied levé avec sa société d’étude l’éclairage à incandescence de l’exposition. Officiellement, le nom commercial de l’ancêtre d’AEG était encore Société électrique Edison de Paris25. La France était véritablement représentée par la Compagnie du chemin de fer du Nord et par Gaston Planté, le pionnier de la technique de l’accumulateur26.
27Mais les essais de transport de courant électrique entrepris par Marcel Duprez entre Miesbach et Munich constituèrent sans doute la contribution française majeure. Lors de l’exposition de Paris, l’ingénieur français avait fasciné son collègue bavarois avec ses recherches sur le transport d’énergie électrique à grande distance à l’aide de tensions élevées. L’expérimentation était initialement prévue sur une distance de 4 km seulement et devait être conduite par la société parisienne Sautter, Lemonnier & Co. Toutefois, après deux mois de préparatifs, celle-ci se trouva de manière imprévue dans l’impossibilité de prendre part à l’exposition. Devant la menace d’un fiasco, Oskar von Miller s’adressa directement à Marcel Deprez, qui doutait lui-même de la faisabilité pratique de l’expérience. Dans ce contexte, Cornelius Herz, éditeur de la revue La Lumière Électrique et promoteur zélé de l’électricité, entra en scène en proposant d’assurer le financement de l’essai, au nom de sa revue et du baron Alphonse de Rothschild, au cas où Deprez accepterait de le réaliser. Ce dernier se déclara prêt à fournir deux dynamos et se rendit à Munich spécialement pour l’expérience le 25 septembre 188227. Même si cette expérience fit l’objet d’évaluations divergentes en raison de la destruction prématurée du générateur, elle suscita un vif intérêt chez les spécialistes.
28Les évènements de Munich reçurent des commentaires très positifs dans la presse française spécialisée. Parmi les participants directs sembla se développer le sentiment d’assister à une sorte d’alliance scientifique franco-bavaroise28. Un hommage appuyé fut rendu à l’importance de l’électrotechnique bavaroise, dont on prit la défense contre l’animosité de Berlin.
29Munich fut pour l’électrotechnique française la seule et unique occasion de se présenter en nombre significatif en Allemagne. La perspective de coopération franco-allemande esquissée à Munich ne trouva pas de prolongement. Les hésitations des autorités françaises, principalement, avaient permis à Munich de devenir le théâtre de la première grande expérimentation de transport d’énergie électrique. De même, la sympathie dont jouissait la Bavière en France, ce qui n’était pas le cas en Prusse, avait certainement simplifié la situation. Toutefois, les choses en restèrent là. Deprez, qui ne voulait plus travailler à l’étranger, rejeta l’offre de renouveler ultérieurement les essais de Miesbach29.
30Après Munich, les seules rencontres des représentants de l’électrotechnique allemande et française au cours des années qui suivirent eurent lieu en terrain neutre, par exemple à Vienne. Les spécialistes français ne participèrent majoritairement pas à la grande exposition de Francfort en 1891. Il fallut attendre l’Exposition universelle de 1900 pour que les deux nations se rencontrent à nouveau.
31Il apparut rapidement que l’Allemagne, loin de vouloir boycotter l’Exposition universelle de 1900, ambitionnait au contraire de s’y présenter de la plus belle manière. Pour l’industrie électrotechnique allemande, l’Exposition universelle constituait un défi majeur, dans la mesure où l’électricité devait cette fois clairement accéder au rang de technique déterminante. Les participants allemands ne se limitèrent pas à la seule présentation de leurs réalisations30, mais prirent largement part à l’alimentation électrique de l’exposition. Vingt ans à peine après sa première apparition en France, l’industrie électrotechnique allemande se présenta à son meilleur niveau économique et technique, bien que l’horizon commençât à s’assombrir. Les professionnels, et plus encore le grand public français, se montrèrent très impressionnés par la puissance industrielle du voisin allemand31. L’étonnement se mêlait toutefois aussi à des craintes quand la contribution allemande était qualifiée de « Sedan commercial »32.
32Les transferts de savoir écrit par le biais de l’introduction de la littérature étrangère prirent toute leur valeur au cours du XIXe siècle quand les sciences s’internationalisèrent. Dans le domaine de la science de l’électricité, théorique et appliquée, qui était considérée comme une branche de la physique, les organes de publication et les canaux de transmission de la physique pouvaient être utilisés. Les revues spécialisées de renom étaient largement lues dans les deux pays. La publication en langue originale dans les périodiques français d’articles d’auteurs allemands ou germanophones était toutefois l’exception, leurs homologues français étant encore plus rarement publiés dans les revues allemandes.
33Les transferts de savoir de la France vers l’Allemagne étaient, dans la mesure où ils empruntaient le canal de la traduction, bien moins marqués que dans le sens inverse, et connurent leur apogée au début de l’électrification. On retiendra cependant que c’est d’abord l’Allemagne qui profita de l’afflux de savoirs pratiques33 et surtout théoriques34. Dans l’autre sens, on recense entre 1880 et la Première Guerre mondiale à peine une cinquantaine de traductions d’ouvrages allemands en français35, les ouvrages concernés étant, de manière notable, fréquemment consacrés à l’électrotechnique.
34Les récits de voyage recensant les observations de professionnels français lors de leurs visites en Allemagne constituent une forme particulière de transfert de savoir par écrit. Ceux de la fin du XIXe siècle traitaient principalement de la question de la distribution publique36. Par la suite, l’électrification de l’industrie et, en particulier, le secteur minier et métallurgique retinrent l’attention des spécialistes français37.
35Les relations scientifiques et techniques franco-allemandes dans le domaine de l’électricité n’étaient globalement certes pas aussi tendues que le lien franco-allemand d’une manière générale. Ces relations, entretenues dans le cadre d’une nouvelle communauté scientifique de l’électrotechnique à vocation internationale, se caractérisaient à l’origine encore fortement par des rencontres de personnes et des échanges réciproques. Si, au début encore, les questions théoriques étaient au cœur des échanges, l’intérêt français se concentra ensuite sur le savoir-faire pratique de la technique allemande. En matière théorique, dès le début du XXe siècle, les regards se tournèrent bien davantage vers les États-Unis. Le transfert de savoir en provenance d’Allemagne s’opéra largement par le biais de la traduction de littérature spécialisée, tout en allant de pair avec la percée de l’industrie allemande sur le marché français. Dans ce transfert de connaissances pratiques, qui ne doit assurément pas être sous-estimé, les questions économiques liées à l’électricité ne jouèrent aucun rôle ou presque.
36Il est notoire que les relations économiques au sens étroit du terme se caractérisaient avant 1914 par une disparité très forte en ce qui concerne les investissements directs de chacun des deux partenaires dans le pays voisin38. Cette situation générale se reflète également de manière marquée dans le secteur de l’électrotechnique. Bien que la France ait été à la pointe de la technique et en dépit de l’abondance des capitaux, l’industrie électrotechnique française ne parvint pas, même de manière élémentaire, à prendre pied en Allemagne. À l’époque des applications en courant faible, on ne trouvait déjà aucun produit français ou presque sur le marché allemand. Les fournisseurs présents dans le secteur des télécommunications électriques étaient presque tous originaires d’Allemagne.
37Après l’arrivée de la technique des courants forts, la situation sembla d’abord évoluer, les entrepreneurs français ayant été les premiers à être en mesure de commercialiser leurs produits. Dès 1873, la première dynamo de Gramme fit son apparition en Allemagne. La ville de Mulhouse, alors intégrée au Reich allemand, dans laquelle était établie la première usine à disposer d’un éclairage électrique, devait servir de tremplin pour accéder au marché allemand. L’ingénieur russe Jablochkoff, établi à Paris, tenta également de prendre pied sur le marché allemand à l’aide de sa bougie électrique et s’associa dans ce but à la société Siemens & Halske. Toutefois, pour cette dernière, cette alliance était purement tactique39. Il s’agissait, d’une part, d’empêcher la diffusion des dynamos de Gramme sur le marché allemand et, d’autre part, de ne pas gêner l’établissement en France de sa propre filiale. Cependant, après la commercialisation de ses propres lampes à arc, Siemens rompit rapidement l’association.
38La société Le Carbone fut la seule entreprise électrotechnique française qui parvint à conquérir une large part du marché allemand de la fourniture de balais de charbon40. La Compagnie générale d’électricité, fondée en 1898, l’une des principales entreprises électrotechniques françaises, sonda également le marché allemand et édifia en 1901 une ligne de trolleybus à Eberswalde, près de Berlin. Néanmoins, les grands espoirs fondés sur cette technique furent déçus.
39La faible présence de produits français sur le marché allemand était probablement imputable en premier lieu à la présence de concurrents locaux de taille. En particulier en ce qui concerne les dynamos, les produits français se heurtèrent immédiatement à la concurrence forte de la société Siemens & Halske, qui n’hésita pas à enregistrer des pertes pour arracher un marché à Gramme. À vrai dire, les Français ne saisirent pour ainsi dire pas les occasions qui leur furent offertes de se présenter aux expositions ; ce qui était peut-être aussi un signe de leur faiblesse. L’espoir placé dans un « boom » de l’éclairage en France avait, en effet, été rapidement déçu, comme l’illustre l’exemple des sociétés Edison.
40Le succès de la présentation du système d’éclairage d’Edison lors de l’exposition internationale d’électricité de Paris en 1881, et le soutien financier obtenu sans difficulté à cette occasion, firent de la France le point de départ le plus approprié pour la conquête du marché européen41. Edison renvoya Rathenau, qui souhaitait lancer l’ampoule à incandescence sur le marché allemand, vers le groupe de sociétés Edison parisiennes qu’il avait créé, et qui était placé sous la direction de la Compagnie Continentale Edison. Ce groupe s’était déjà intéressé au marché allemand, en finançant par exemple des articles sur l’ampoule Edison, publiés dans la presse allemande.
41Les accords conclus en 1882 avec la société d’études fondée par Rathenau montrent clairement la volonté de Paris de garder dans une large mesure la main sur ces activités. Cette stratégie supposait toutefois que les sociétés parisiennes soient fortes sur le plan économique, ce qui nécessitait, en priorité, une activité prospère sur leur propre marché, mais cette stratégie était basée sur un marché européen calqué sur le marché américain et sous-estimait indubitablement les nationalismes économiques. En effet, en Allemagne comme en Italie, on n’était guère disposé à se soumettre aussi facilement aux sociétés parisiennes.42
42Les succès rencontrés dans ces deux pays et les faiblesses des entreprises parisiennes expliquent pourquoi les activités Edison tombèrent rapidement aux mains d’entreprises nationales ; le krach de l’Union générale, banque d’affaires parisienne, masqua la création définitive de ces entreprises à l’hiver 1881-1882 et ne renforça certainement pas non plus la confiance, encore très limitée, des investisseurs dans l’électricité43, même si l’on ne peut pas aller jusqu’à parler d’un manque durable de capitaux. Le manque de succès commercial du groupe français Edison semble plutôt refléter les difficultés rencontrées par l’industrie électrique du pays de manière générale. Citons en premier lieu l’étroitesse du marché sur lequel Edison ne put s’implanter autant qu’il l’espérait. Vinrent s’y ajouter des problèmes internes à l’entreprise, dans laquelle les mentalités américaines et françaises ne faisaient pas bon ménage.44 La négligence et l’incompétence des sociétés Edison parisiennes avaient été critiquées dès 1882 par les Allemands également. Néanmoins, la société Edison allemande vit le jour en 1883, et la Continentale y exerça une influence non négligeable. La société Siemens & Halske ayant elle aussi fait l’acquisition de licences des brevets Edison, une grande partie de l’industrie électrotechnique allemande dépendait depuis 1883 dans certains secteurs, au moins indirectement, d’une société française. En dépit des frictions constantes qui en résultèrent, la filiale allemande connut un tel développement qu’elle fut en mesure, en 1887, de rompre ses liens contractuels avec sa société mère, pour devenir la société AEG, qui est donc née pour ainsi dire au bord de la Seine. Elle revint dans une certaine mesure à ses origines une décennie plus tard en rachetant à la banque Rothschild45 du savoir-faire, des brevets sur le courant alternatif de Hutin-Leblanc.
43Si AEG s’était jusqu’ici abstenue d’intervenir directement en France, préférant de loin développer ses activités sous licence, l’entreprise se décida, à l’approche également de l’Exposition universelle de 1900, à être représentée ouvertement en France. À cette fin, elle créa la Société française d’Électricité AEG qui exerça principalement des activités de distribution46, en introduisant en particulier la nouvelle lampe Nernst sur le marché français. Pour cette opération, dont AEG attendait, pour ainsi dire, une révolution du secteur de l’éclairage, une alliance fut conclue avec Rothschild. En dépit d’une vaste opération de promotion, cette activité n’approcha jamais le seuil de rentabilité. Cet échec s’explique en premier lieu par les problèmes techniques rencontrés avec la lampe elle-même et sa fabrication, encore accentués par les difficultés constantes de communication et de coordination entre Berlin et le site de production de Saint-Ouen. AEG n’était apparemment pas en mesure de tenir au courant la société française sur le plan technique. De plus, il n’était pas toujours possible d’obtenir la livraison en quantité suffisante des produits semi-finis de la qualité requise. Les manières parfois rudes d’Emil Rathenau avec ses partenaires français avaient elles aussi un impact négatif. À cela s’ajoutait une connaissance insuffisante du marché français. Le succès limité de la société s’explique également par le nombre relativement faible de réseaux électriques à haute tension en France. La lampe Nernst avait été conçue, et fabriquée dans un premier temps, pour des tensions de 200-250 V. Les lampes développées pour une tension de 110 V étaient destinées spécifiquement au marché français. Toutefois, les avantages de cette lampe s’en trouvèrent limités. Rapidement, la lampe à filament métallique vint concurrencer la lampe Nernst qui se retrouva, d’abord cantonnée à des niches, puis tout à fait exclue du marché ; ce qui mit un terme à l’existence du groupe en 1910.
44Encore plus déterminant que les pertes financières fut certainement l’échec d’une coopération technique et économique durable avec un partenaire français. C’est pourquoi AEG modifia par la suite sa stratégie vis-à-vis de la France. Tout d’abord, elle renforça son appareil commercial dans le pays. Grâce à une vaste campagne de publicité qui culmina à partir de 1911 dans sa propre revue, et à la participation régulière à des expositions, AEG passa à l’offensive. Dans le cadre de la délimitation des intérêts respectifs d’AEG et de la société américaine General Electric Company au niveau mondial, une répartition du marché avait également été effectuée pour la France en 1904. À la suite de ces accords, la filiale française d’AEG bénéficia d’une augmentation de capital qui lui conféra une assise plus large et lui permit de reprendre l’ensemble de l’activité d’installation après la résiliation du contrat de licence qui avait été passé avec l’entreprise de construction mécanique Fives-Lille. La Compagnie française pour l’Exploitation des procédés Thomson-Houston reçut une participation de 45 % dans la Société Française AEG avec laquelle le principe d’un échange mutuel de brevets et d’expérience fut par ailleurs adopté. AEG limitait l’activité de sa filiale française à la vente de ses produits sur le territoire français, laquelle permit tout de même de réaliser, avant le début de la Première Guerre mondiale, un chiffre d’affaires d’une dizaine de millions de francs. À la suite de l’accord passé entre ces deux sociétés, Ernest Thurnauer, directeur général de la CFTH, devint membre du conseil de surveillance de la société AEG en 1904 et le resta jusqu’au début de la guerre.
45En 1909, cette coopération s’intensifia encore avec la création d’une société commune pour le financement d’activités en France et à l’étranger47. Si AEG n’intervenait pas directement dans cette société, elle y était représentée par ses sociétés de participation financière internationales. La coopération avec un partenaire compétent et performant sur le territoire français devait se révéler être la stratégie la plus efficace adoptée par AEG en France.
46L’autre géant de l’industrie électrique allemande, Siemens, avait lui aussi vécu des expériences comparables. Si, dans un premier temps, seules des livraisons vers la France avaient été envisagées, un engagement direct en France fut par la suite nécessaire en raison des évolutions intervenues dans le domaine de la technique des courants forts. En raison du succès commercial des dynamos de Gramme en association avec la bougie électrique de Jablochkoff, il devint urgent d’agir. Si elle ne voulait pas laisser le champ totalement libre à la concurrence française, Siemens & Halske devait avoir une activité de production sur le territoire français, ce qui de surcroît était exigé par le droit des brevets. Cette activité pouvait être exercée par une filiale, une possibilité que les frères Siemens avaient déjà envisagée sérieusement à la fin de l’année 187748. Une autre option consistait à céder les brevets à une entreprise française ; pour cette opération, la société Jablochkoff fut considérée au début comme un partenaire approprié49. Ainsi, l’établissement de cette société sur le marché allemand et, inversement, celui de Siemens & Halske en France furent-ils étroitement liés, ce qui ne facilita pas la décision quant à la méthode à adopter50.
47En 1878, l’option retenue fut celle d’une société de production Siemens établie en France. La société Siemens Frères fut créée depuis Londres, officiellement sous la forme d’une filiale51. Grâce à ce « manteau anglais », les Allemands espéraient apaiser le ressentiment existant en France à leur égard52. Plusieurs raisons expliquent qu’en dépit d’un bon démarrage, l’entreprise n’obtint aucun succès commercial. Le nationalisme économique sans cesse souligné en France joua certainement un rôle, un peu exagéré, dans l’histoire de la maison Siemens. Ce nationalisme n’était pas dirigé uniquement contre les entreprises allemandes et doit être considéré comme un trait caractéristique du marché français. Il aurait fallu, pour en tenir compte et obtenir de bons résultats, adopter une stratégie appropriée. Le fait que la société n’y parvint pas, ou du moins pas encore à cette époque, était également révélateur des incontestables problèmes d’organisation de la maison Siemens53. L’échec de l’entreprise s’expliqua bien plus par l’absence d’engagement et peut-être par le manque de qualification du personnel de direction à Paris et aussi, tout simplement, par le peu de dynamisme du marché français. Ce dernier était tout simplement trop petit pour accueillir toutes les entreprises qui se bousculaient pour y entrer.
48Pour la défense de Werner Siemens, il convient de reconnaître que le projet de s’allier à une grande entreprise française, solidement établie, s’est révélé par la suite être une très bonne stratégie. L’initiative de ce rapprochement viendra toutefois du côté français, et plus exactement du côté alsacien54. Avec la SACM, filiale française de la société Elsässische Maschinenbaugesellschaft établie à Mulhouse et Graffenstaden, une coopération fut mise en place à partir de 1887 dans certaines installations, et déboucha en 1889 sur la création d’une entreprise commune à Belfort. Cette dernière rencontra un franc succès et parvint même à participer à l’alimentation en courant électrique de Paris. L’arrêt de cette entreprise franco-allemande, pourtant performante, dès 1904 ne fut pas imputable au partenaire français mais aux changements intervenus au sein de Siemens & Halske. Dans le cadre des opérations de fusion au sein de l’industrie électrique allemande, la société Siemens & Halske avait fusionné en partie avec Schuckert-Werke, ce qui impliquait le transfert de l’activité en France à la filiale de cette société, la CGE de Creil. Après un début difficile, la société profita bientôt de l’essor de l’électrification en France et réalisa en 1913 un chiffre d’affaires de 5,7 millions de francs. En raison de l’électrification imminente des grandes lignes de chemin de fer, Siemens jugea opportun de s’associer à un partenaire français puissant pour le matériel roulant. La société Schneider et Cie qui avait perdu son premier partenaire allemand, Lahmeyer, à la suite de la fusion de ce dernier avec AEG, était tout indiquée pour jouer ce rôle. L’association du « Krupp français » avec Siemens, qui se concrétisa avec la création de la Société des applications de l’électricité à la traction en 1912, peut, à première vue, sembler être une « alliance contre nature »55. Ce rapprochement stratégique de deux entreprises de même niveau semble pourtant avoir eu de belles perspectives d’avenir car l’électrification des lignes ferroviaires principales s’annonçait comme un marché particulièrement porteur.
49On peut y voir également un changement de la stratégie de la maison Siemens ou plutôt le retour à une stratégie qui avait fait ses preuves. La vague de fusions sur le marché allemand avait contraint Siemens à effectuer, bon gré mal gré, un investissement direct dans la société CGE de Creil56, bien que le rapprochement avec la SACM ait été positif. S’associer avec Schneider offrait la possibilité de se libérer à moyen terme des investissements directs. La guerre n’a pas permis de concrétiser davantage ces débuts prometteurs d’une coopération franco-allemande57.
50Dans l’ensemble, l’engagement direct des entreprises électrotechniques allemandes en France peut être qualifié de timide. Il était en tout état de cause bien moins important que celui des entreprises concurrentes américaines et suisses58. Une première tentative infructueuse fut suivie d’un début difficile dans les années 1890, qui fut occulté par la vague de fusions sur le marché allemand. Vinrent s’y ajouter des problèmes de gestion ainsi qu’une mauvaise appréciation des marchés. Il aurait probablement été plus efficace, d’un point de vue global, de s’associer à des entreprises françaises performantes. Pourtant, avant la guerre, les principales entreprises allemandes étaient présentes directement sur le marché français. Avec 68 entreprises sous séquestre, le secteur allemand de l’électricité se plaçait au troisième rang, derrière la construction mécanique et la chimie59. Un engagement plus marqué semblait en outre tout à fait possible, en particulier de la part de la maison Siemens. Les exportations vers la France jouèrent toutefois incontestablement un plus grand rôle dans le positionnement de l’industrie allemande sur le marché français.
1. Échanges internationaux de produits électrotechniques
51En dépit du rôle de pionnier de la France et de travaux scientifiques et techniques de bonne qualité, l’industrie électrotechnique française ne fut pas à même d’acquérir une position forte en matière d’exportations. C’était vrai de manière générale, mais aussi plus particulièrement par rapport à l’Allemagne60. En 1913, la part de l’Allemagne dans le marché mondial des produits électrotechniques représentait 46,4 %, celle de la France seulement 4,2 %61.
52Comme le montre le graphique 1, le commerce français de biens électrotechniques enregistra, sauf dans un cas, des excédents d’importations faibles jusqu’à la fin du XIXe siècle. Pour 1899 et 1900, on constate une augmentation vertigineuse de ces excédents, imputable à la demande très forte occasionnée par l’Exposition universelle. Une fois ce pic de demande satisfait, les importations retombèrent, en valeur, jusqu’au niveau qui était le leur au milieu des années 90. Les exportations augmentèrent au contraire de manière bien plus constante, conduisant, certaines années, à des excédents. Avec la brusque augmentation des importations en 1908, la tendance s’inversa de nouveau, avant que les importations et les exportations ne se stabilisent quasiment au même niveau avant le début de la guerre.
53Quelle fut la part de l’Allemagne dans le commerce extérieur français ? En l’absence de données exhaustives, les échanges de produits électrotechniques entre les deux pays ne peuvent être quantifiés qu’à partir du début du XXe siècle62.
54L’évolution des exportations allemandes vers la France est, globalement, le reflet de l’ensemble des importations françaises. Le pic du début fut suivi d’une chute vertigineuse, représentant un recul de 75 % en l’espace de deux ans. À partir de 1905, les exportations augmentèrent de nouveau rapidement, dépassant dès 1906 leur niveau de 1900. Cette hausse considérable s’accompagne d’une augmentation de la part de l’Allemagne dans l’ensemble des importations françaises. En 1909, l’Allemagne était déjà le premier fournisseur de la France, représentant 50,2 % de ses importations, devant la Suisse (24,7 %)63. Jusqu’au début de la guerre, cette valeur a continué d’augmenter jusqu’à atteindre plus des deux tiers des importations françaises64. À cet égard, la hausse enregistrée en 1913 est particulièrement spectaculaire. Elle est toutefois due pour l’essentiel à une refonte des statistiques du commerce. Cette augmentation permit à la France de faire un grand bond en avant dans la liste des pays destinataires des exportations allemandes. Si en 1907 elle n’était encore qu’en douzième position, elle vit sa part doubler jusqu’en 1913, ce qui lui permit de se hisser au septième rang65.
55Sur l’ensemble de cette période, les principaux produits allemands exportés étaient les machines électriques. Avec l’amorce de la reprise de l’électrification en France, ces exportations allemandes augmentèrent, dépassant rapidement celles de la Suisse. Toutefois, leur part était en recul dans un éventail de marchandises en train de se diversifier notablement. Les exportations de lampes à incandescence connurent une forte augmentation, l’Allemagne représentant de loin le plus important fournisseur de la France. Et sa position était encore plus forte en matière d’exportation de charbons électriques66.
56Les exportations françaises vers l’Allemagne n’atteignirent jamais, même de loin, le niveau des exportations allemandes. Elles en représentèrent dans le meilleur des cas 62 % (1904), mais chutèrent ensuite à un dixième environ de la valeur des importations provenant d’Allemagne. La hausse de l’excédent d’exportations allemand était imputable non seulement à l’augmentation des quantités fournies, mais aussi à un déplacement de valeurs. Alors qu’au départ, les exportations françaises par unité de quantité dépassaient en valeur les exportations allemandes, cette valeur diminua de manière continue à partir de 1909.
57Dans l’ensemble, les relations franco-allemandes dans le secteur de l’électricité n’étaient pas sous « haute tension », ce qui n’excluait pas certaines « fluctuations ». L’internationalisme, ouvertement affiché, d’une science et d’une technique en plein renouveau fit rapidement naître un esprit de concurrence. Alors que, du côté français, on reconnaissait, non sans grincer des dents, la position de leader de l’Allemagne dans l’industrie électrotechnique, mais également en matière d’électrification, on ne démordait toutefois pas de l’excellence des travaux scientifiques et techniques français, auxquels les Allemands ne pouvaient rien opposer de comparable. Ce manque de considération affligea profondément Werner Siemens tout au long de sa vie et l’industrie électrotechnique allemande se plaignit plus tard également du mépris supposé des Français à l’égard des travaux intellectuels des Allemands. L’opinion publique prit un ton nationaliste plutôt en France qu’en Allemagne dont le sentiment de supériorité allait croissant.
58Les transferts de connaissance avaient eu lieu dans un premier temps, en raison du rôle moteur de la France en matière de technologie, de la France vers l’Allemagne. À partir du début du XXe siècle, ils s’opérèrent indiscutablement en sens inverse en ce qui concerne les savoirs pratiques. À ces transferts de savoirs pratiques succédèrent de plus en plus des transferts de produits, avec la forte augmentation des exportations de biens électrotechniques allemands vers la France à partir de 1905, malgré la politique douanière protectionniste de ce pays.
59Si l’industrie électrotechnique allemande put donc tout à fait prendre pied en France, le modèle institutionnel allemand en matière de fourniture d’électricité, caractérisé par une position forte des entreprises publiques et/ou d’économie mixte, n’eut pas de succès auprès des Français. Le fait que ce modèle venait d’outre-Rhin n’était certainement pas étranger à leur réticence. Dans d’autres pays amis, tels que l’Angleterre et la Suisse, ce modèle était également répandu et l’industrie électrique française ne refusait en aucun cas de reprendre la formule mise en place par les sociétés allemandes, en déclarant toutefois qu’il s’agissait d’un instrument suisse67. La structure communale et la culture politique étant trop différentes, l’adoption du système allemand de gestion par les communes n’aurait en revanche pas été possible en France.
2. L’établissement public communal allemand – un modèle (non) applicable en France
60L’une des différences les plus frappantes entre les deux pays en matière d’électrification est l’absence quasi totale de régies communales en France, alors que ce système était relativement répandu en Allemagne et constituait même la règle dans les grandes villes et les villes de taille moyenne. Rapportée au nombre d’usines électriques, la part des installations appartenant au secteur public, c’est-à-dire en général aux communes, avait certes diminué en Allemagne entre 1890 et 1913, passant d’un tiers à un bon quart. Mais, s’agissant de la capacité de production, cette part avait augmenté de 31 % à plus de 37 %. En 1911, elle s’établissait même à 40 %. En Allemagne, le système de régie municipale était reconnu juridiquement en tant qu’élément central du service public communal et largement accepté au niveau politique68. À partir de la pratique des administrations municipales se développa une légitimation de la politique de gestion par les communes, que le conseil municipal de Leipzig résuma en 1907 de la manière suivante :
« Les usines à gaz, électriques, hydrauliques et entreprises similaires, destinées à satisfaire les besoins collectifs généraux, sont, selon l’avis prédominant, entre les mains de collectivités publiques, en particulier des communes. Il n’est pas compatible avec l’intérêt public de céder des installations de cette nature à des entreprises privées aux fins de réalisation de profits élevés au détriment de la collectivité. »69
61La situation était tout autre en France, où la régie, si elle n’était certes pas l’exception, n’était dans l’ensemble que très peu répandue70. En 1911, seul un dixième des usines électriques appartenaient à des communes. Si cette part du secteur public peut, de prime abord, sembler non négligeable, elle devient marginale quand on sait qu’il s’agissait quasiment sans exception de petites ou très petites installations71. Hormis Grenoble et Tourcoing, qui étaient d’ailleurs en réalité des sous-stations de distribution, aucune ville de plus grande taille n’était concernée.
62Si les évolutions techniques et industrielles de l’approvisionnement en électricité en Allemagne suscitaient un intérêt considérable dans les milieux spécialisés français, il n’en a en aucune façon été de même du rôle majeur joué par la gestion communale dans ce pays. L’attention portée à l’Allemagne était pour ainsi dire sélective. Totalement fascinés par le développement rapide du secteur privé de l’approvisionnement en électricité à Berlin, les Français ne remarquèrent que contraints et forcés que nombre de villes allemandes avaient par la suite pris un autre chemin72. À l’idée de la mise en place d’une gestion communale, on opposait en France des exemples tout à fait pertinents provenant d’Allemagne73. Les Français ne furent pas davantage sensibles au plaidoyer pour la gestion communale de Leopold Sonnemann74. Les partisans du système de régie restèrent l’exception et se virent contraints, à leur grand regret, de puiser leurs données chiffrées dans des exemples allemands, faute de données comparables en France75.
63Un autre obstacle à une adhésion plus forte à l’idée de gestion communale fut certainement le fort développement de ce système précisément en Allemagne. Ce n’est qu’avec les expériences positives du « socialisme municipal » enregistrées en Grande-Bretagne, économie libérale, que les réserves commencèrent à s’estomper en France76. Ce changement s’expliqua sans doute aussi par les informations techniques et économiques détaillées que le conseil municipal de Paris s’était procurées sur les usines électriques des municipalités en Allemagne et qu’il mit à la disposition d’un cercle plus large de responsables municipaux77. La municipalité de Paris entretenant une correspondance avec un grand nombre de municipalités allemandes, on put, dans la capitale française, disposer d’une image assez précise des succès et des problèmes rencontrés en matière de gestion communale en Allemagne78.
64Seuls certains membres de la gauche se prononcèrent explicitement en faveur d’une gestion communale en France79. Alors qu’à l’aube de la Première Guerre mondiale, le débat sur le « socialisme municipal » faisait l’objet de réticences moins fortes, les expériences allemandes n’étaient toutefois évoquées que de manière floue. Ni les détracteurs ni les partisans du système de régie ne se donnèrent la peine d’analyser de manière détaillée les expériences allemandes. Si les rapports français de voyages l’Allemagne ne pouvaient certes faire autrement que de rendre compte des résultats indiscutables enregistrés outre-Rhin, ces récits s’accompagnaient toujours de réserves80. Victor Cambon, dont les écrits rencontraient un grand succès, considérait les services publics allemands pour ainsi dire comme l’exemple le plus sensationnel et en même temps le plus néfaste pour les autres peuples, qui ne pouvait conduire qu’au socialisme81.
Conclusion
65En résumé, on constate que la France n’avait aucune difficulté à adopter les techniques allemandes ni à les appliquer à grande échelle. L’adoption du modèle institutionnel de la régie municipale se heurta toutefois à des obstacles insurmontables. Sur le plan objectif, le cadre juridique ainsi que les capacités organisationnelles des municipalités françaises ne rendaient que difficilement possible l’adoption d’un tel système. À cela s’ajoutait une hostilité vis-à-vis de l’entrepreneuriat public. À Clermont-Ferrand par exemple, on considérait la situation de la manière suivante :
« L’État et les communes sont de médiocres exploitants dans les entreprises qui ont un côté industriel et commercial ; une compagnie apportera toujours plus d’activité qu’une ville pour augmenter sa consommation, elle pourra accorder plus de facilités qu’un service municipal et se prêter à des combinaisons que ne peut prévoir un règlement. Malgré le zèle des employés, ceux-ci ont une tendance involontaire à se considérer comme fonctionnaires et, lorsqu’ils ont obéi au règlement, ils se croient affranchis de toute obligation ; enfin, les règlements administratifs provoquent des difficultés continuelles, surtout en ce qui concerne la comptabilité. »82
66Ces actions dirigées contre les efforts en faveur du socialisme municipal avaient pour garants la jurisprudence du Conseil d’État et la tutelle d’État exercée par les préfets. La question de savoir si et dans quelle mesure le nationalisme a joué un rôle dans les réserves exprimées contre le modèle allemand ne donne lieu qu’à des spéculations. Cet aspect semble avoir eu tout au plus une importance secondaire puisque ce modèle était largement répandu dans d’autres pays amis tels que la Grande-Bretagne et la Suisse.
67Si la fourniture publique d’électricité en Allemagne et en France prit des chemins totalement différents d’un point de vue institutionnel, une coopération croissante s’esquissa entre les entreprises du secteur électrotechnique dans les années qui précédèrent la Première Guerre mondiale, coopération qui était en nette contradiction avec les tensions croissantes qui caractérisaient les relations entre les deux pays. Les entreprises allemandes ne considéraient pas la France comme un simple marché83, elles étaient très intéressées par des activités de production dans ce pays ; de surcroît, des possibilités de coopération sur des marchés tiers se dessinaient.
Annexe
Tableau 1. Échanges commerciaux franco-allemands de biens électrotechniques 1900‑1905 (Source : statistiques allemandes)
Tableau 2. Échanges commerciaux franco-allemands de biens électrotechniques 1906‑1913 (Sources : données allemandes)
Notes de bas de page
2 Paul d’Estournelles de Constant, « À propos du pacifisme », in : Revue des deux mondes 28 (1905), p. 915-931, 918. Voir aussi Laurent Barcelo, « Paul d’Estournelles de Constant, l’ébauche d’une politique européenne », in René Girault, Gérard Bossuat (éd.), Europe brisée, Europe retrouvée. Nouvelles réflexions sur l’unité européenne au XXe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 43-63 ; Catherine Maréchal, Arduis Constans, « Paul Henri Benjamin Balluet baron d’Estournelles de Constant de Rebecque : un homme au service de l’entente franco-allemande », in Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe 638 (1988), p. 57-77.
3 L’Industrie Électrique 13 (1904), p. 612.
4 Annuaire Paul Durand : Annuaire général des industries de l’éclairage, du chauffage et de la force motrice par le gaz et l’électricité 35 (1909). Voir aussi Alain Beltran, « Nord-Lumière (Le Triphasé) de 1898 au début des années vingt. Stratégies et développement d’un secteur de banlieue », in Fabienne Cardot (éd.), La France des Électriciens, 1880-1980, Paris, Presses universitaires de France, 1986, p. 95.
5 Le rédacteur en chef de la première revue spécialisée française évoqua dans ce contexte « la nécessité de triompher du mauvais vouloir de certaines nations jalouses », in L’électricité. Revue scientifique illustrée, 1 (1876-1878), p. 81.
6 Werner von Siemens, Lebenserinnerungen, 17e édition, Munich, Prestel, 1966, p. 104.
7 Norbert Lang, « Die Elektrotechnik an den Weltausstellungen 1851-1900 », in Ferrum. Nachrichten aus der Eisenbibliothek, Stiftung der Georg Fischer AG, Schaffhausen, 66 (1994), p. 65-74. Parmi les nombreuses études consacrées aux expositions universelles, on retiendra ici les suivantes : Willi Schmidt, « Die frühen Weltausstellungen und ihre Bedeutung für die Entwicklung der Technik », in Technikgeschichte 34 (1967), p. 164-178 ; Evelyn Kroker, Die Weltausstellungen im 19. Jahrhundert. Industrieller Leistungsnachweis, Konkurrenzverhalten und Kommunikationsfunktion unter Berücksichtigung der Montanindustrie des Ruhrgebietes zwischen 1851 und 1880, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1975 (Studien zur Naturwissenschaft, Technik und Wirtschaft im 19. Jahrhundert, 4) ; Brigitte Schroeder-Gudehus, Anne Rasmussen, Les fastes du progrès. Le guide des Expositions universelles, 1851-1992, Paris, Flammarion, 1992 ; Linda Aimone, Carlo Olmo, Les Expositions universelles 1851-1900, Paris, Belin, 1993 ; Winfried Kretschmer, Geschichte der Weltausstellungen, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1999.
8 On trouvera une liste thématique de tous les congrès dans : Les congrès internationaux de 1681 à 1899. Liste complète, Bruxelles, 1960 ; Les congrès internationaux de 1900 à 1919. Liste complète, Bruxelles, 1964. Voir aussi Anne Rasmussen, « Les congrès internationaux liés aux Expositions universelles de Paris (1867-1900) », in Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, 7 (1989), p. 23-44, ainsi que d’autres articles de ce numéro thématique.
9 Eckhardt Fuchs, Wissenschaft, « Kongreßbewegung und Weltausstellungen: Zu den Anfängen der Wissenschaftsinternationale vor dem Ersten Weltkrieg », in Comparativ, 6 (1996), p. 156-177.
10 Ilja Mieck, « Deutschland und die Pariser Weltausstellungen », in Étienne François et al. (éd.), Marianne-Germania. Deutsch-französischer Kulturtransfer im europäischen Kontext. Les transferts culturels France-Allemagne et leur contexte européen 1789-1914, vol. 1, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag, 1998 (Deutsch-Französische Kulturbibliothek, 10), p. 31-60, souligne les conséquences néfastes de l’absence de l’Allemagne pour la relation des deux États et évoque les occasions manquées, sans toutefois mentionner cette exposition.
11 Manquait toutefois à l’appel la société Schuckert. L’explication de cette absence pourrait être les lourds reproches de la presse française spécialisée contre cette société, accusée d’imitation et de contrefaçon. La Lumière Électrique 4 (1881) (cit. L. É.), p. 125-127, 271.
12 La société Siemens était représentée à la fois chez les exposants allemands et chez les exposants français et présentait les réalisations suivantes : Siemens Frères, nº 116 – Machines dynamoélectriques ; 422 – Lampes pendulums ; 853 – Chaudière à vapeur ; Siemens & Halske, 956 – Pile Siemens, à diaphragme, 963 – Machines magnéto-électriques, 975 – Boussoles des sinus, 989 – Appareils du système Morse, 1005 – Éclairage électrique à foyer, 1007 – Applications de la transmission électrique, 1020 – Machines dynamo-électriques, 1022 – Horloge électrique, 1040 – Indicateurs de niveau d’eau, 1045 – Machine à vapeur rotative, 1092 – Électro-magnétique ; également Siemens Bros., Londres, Guide de l’exposition internationale d’électricité Paris 1881 par numéros d’ordre, 1re édition, Paris 1881.
13 François Caron, Fabienne Cardot (éd.), Histoire Générale de l’Électricité en France I, Paris, Fayard, 1991, p. 28 (désormais HGEF I).
14 Walther von Miller (éd.), Oskar von Miller nach eigenen Aufzeichnungen, Reden und Briefen, Munich, Bruckmann, 1932, p. 14-17; Wilhelm Füßl, Oskar von Miller, 1855-1934. Eine Biographie, Munich, C. H. Beck, 2005, p. 40-45.
15 Les organes de presse suivants étaient représentés par leurs propres envoyés ou par des correspondants locaux : Zeitschrift für angewandte Elektricitätslehre (Oldenbourg, Munich) ; Zeitschrift für Instrumentenkunde et Elektrotechnische Zeitschrift (tous deux Springer, Berlin), Dingler’s Polytechnisches Journal et Wiedemann’s Annalen.
16 Voir par ex. les articles publiés dans la presse de Wuppertal. Fritz Dieter Erbslöh, Die frühen elektrischen Zentralanlagen in den Nachbarstädten Elberfeld und Barmen, Francfort-sur-le-Main et al., Peter Lang, 1995 (Europäische Hochschulschriften, III/661), p. 74 et suivantes.
17 En témoigne un commentaire sur un article publié dans la presse allemande, dont la teneur était que tout était copié sur les précurseurs allemands, c’est-à-dire principalement sur Siemens et Halske. Cet argument était clairement rejeté et les travaux de Gramme, surtout, étaient mis en avant. Le principe dynamo-électrique et la machine de Pacinotti pouvaient bien « être aussi anciens qu’ils le veulent, ni l’un ni l’autre n’a changé la face du monde, c’est plutôt le fait de la machine de Gramme », in Zeitschrift für angewandte Elektricitätslehre mit besonderer Berücksichtigung der Telegraphie, des elektrischen Beleuchtungswesens, der Galvanoplastik und verwandter Zweige 3 (1881), p. 381-384.
18 Ces propos furent tenus lors d’une allocution prononcée à l’occasion du 25e anniversaire de la création de la société électrotechnique de Francfort, cit. in Georg Dettmar, Die Entwicklung der Starkstromtechnik in Deutschland, 2e éd., vol. 1 : Die Anfänge bis etwa 1890, Berlin/Offenbach, VDE-Verlag, 1989 (Geschichte der Elektrotechnik, 8), p. 272 ; Walter von Miller, op. cit., 1932, p. 15. Même Werner Siemens reconnut auprès de son épouse que : « Le soir, l’exposition, avec ses centaines de lumières électriques, est très belle… », 15 septembre 1881. Friedrich Heintzenberg (éd.), Aus einem reichen Leben: Werner von Siemens in Briefen an seine Familie und an Freunde, Stuttgart, Deutsche Verlagsanstalt, 1953, p. 312.
19 Emil du Bois-Reymond, Ueber die wissenschaftlichen Zustände der Gegenwart, in : Idem, Reden, vol. 2, Leipzig, 1887, p. 448-464, 457. Il s’agissait du discours prononcé lors des cérémonies organisées pour l’anniversaire de l’empereur en 1882.
20 François Caron, Christine Berthet, « Réflexions à propos de l’exposition de Paris de 1881 », in Bulletin d’Histoire de l’Électricité 2 (1983), p. 7-18, 11.
21 H. Portevin, Les applications industrielles de l’électricité à l’exposition internationale de 1881, Reims, 1881, p. 29. Il s’agit du tiré à part d’une série d’articles parus dans l’Avenir de l’Est qui concluent en ces termes : « Et soyons fiers du rôle que la France a joué dans tous les progrès que nous admirons aujourd’hui, rôle dont l’importance est bien démontrée par la supériorité incontestable qu’ont montrée ses constructeurs et ses savants dans l’exposition universelle d’électricité. »
22 Hans-J. Teuteberg, « Anfänge kommunaler Stromversorgung – dargestellt am Beispiel Hamburgs », in Karl-Heinz Manegold (éd.), Wissenschaft, Wirtschaft und Technik. Studien zur Geschichte. Wilhelm Treue zum 60. Geburtstag, Munich, Bruckmann, 1969, p. 363-378, 372.
23 Cit. d’après HGEF I, p. 25.
24 Christine Blondel, « Négociations entre savants, industriels et administrateurs : les premiers congrès internationaux d’électricité », in Relations Internationales 62 (1990), p. 171-182 ; Girolamo Ramunni, « La naissance de la Société internationale des électriciens », in Monique Trédé (éd.), Électricité et électrification dans le monde, Paris, AHEF-PUF, 1992, p. 73-86 ; Paul Tunbridge, Lord Kelvin, his influence on electrical measurements and units, Londres, Institution of Electrical Engineers, 1992 (IEE History of technology series, 18), p. 34-40.
25 Wilhelm von Beetz, Oskar von Miller, Emanuel Pfeiffer (éd.), Offizieller Bericht über die im königlichen Glaspalaste zu München 1882 unter dem Protektorate Sr. Majestät des Königs Ludwig II. von Bayern stattgehabte Internationale Elektricitäts-Ausstellung verbunden mit elektrotechnischen Versuchen, Munich, 1883, Annexe. L’exposition de la Soc. électrique Edison, de Paris « était la plus importante de tout le Glaspalast », estima la revue Zeitschrift für angewandte Elektricitätslehre mit besonderer Berücksichtigung der Telegraphie, des elektrischen Beleuchtungswesens, der Galvanoplastik und verwandter Zweige 4 (1882), p. 557-577. De nouvelles études réalisées à partir de la correspondance d’Edison confirment l’activité de Rathenau durant l’exposition. Robert Fox, « Thomas Edison’s Parisian campaign: Incandescent Lighting and the Hidden Face of Technology Transfer », in Annals of Science, 53 (1996), p. 157-193, ici p. 187.
26 Karl-Joachim Euler, « Sinsteden-Planté-Tudor: zur Geschichte des Bleiakkumulators », in Kurt Jäger (éd.), Gespeicherte Energie. Geschichte der elektrochemischen Energiespeicher, Berlin/Offenbach, VDE-Verlag, 1994, p. 11-63. En outre, Eugène de Baillehache présentait également des téléphones et des batteries.
27 Füßl, op. cit., 2005, p. 46-67.
28 Heinrich Voigt, fondateur de la société Voigt & Haeffner, aimait évoquer la soirée de clôture de l’exposition de Munich, où des cris d’allégresse saluèrent l’intervention de Marcel Deprez « célébrant » les dirigeants de l’exposition et l’électrotechnique allemande. Heinrich Voigt, Nachdenkliches und Heiteres aus den ersten Jahrzehnten der Elektrotechnik, Leipzig, R. Voigtländer, 1925, p. 83.
29 HGEF I, p. 312. Oskar von Miller assista en 1883 aux nouveaux essais de Deprez entre Creil et Paris. Walther von Miller 1932, p. 31.
30 General-Kommissar des Deutschen Reichs (éd.), Exposition Universelle de 1900. Catalogue officiel de la section allemande, Berlin 1900, p. 177-186. Georg Klingenberg, de la société AEG, était l’auteur de l’article introductif consacré à l’industrie électrotechnique allemande.
31 Anne-Claude Ambroise-Rendu, « La perception de la puissance française en 1900 : l’exemple de l’Exposition universelle dans la presse », in Pierre Milza, Raymond Poidevin (éd.), La puissance française à la Belle Époque. Mythe ou réalité ?, Bruxelles, Éditions Complexe, 1992, p. 143-157.
32 Mieck, op. cit., 1998, p. 58.
33 La présentation de l’éclairage électrique par Hippolyte Fontaine fit l’objet d’une large diffusion.
34 Voir en premier lieu les œuvres de Mascart. La bibliothèque de l’université de Fribourg par exemple possède une édition originale française des « Leçons sur l’électricité ».
35 D’après les indications de Liselotte Bihl, Karl Epting, Bibliographie französischer Übersetzungen aus dem Deutschen, 1487-1944. Bibliographie de traductions françaises d’auteurs de langue allemande, vol. 2 : Periode VI-VII (1871-1944). Index, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 1987, complétées par des références tirées des revues spécialisées et des titres correspondants, in Otto Lorenz, Catalogue général de la librairie française depuis 1840, vol. 9-27, 1886-1920. Les nouveaux tirages n’ont pas été pris en compte.
36 Voir Charles Bos, Jacques Laffargue, La distribution d’énergie électrique en Allemagne, Paris, Masson, 1899.
37 L’exposition industrielle de Düsseldorf en 1902 suscita un grand intérêt. Voir. L. É. 11 (1902), p. 270-272 ; L. É. 30 (1902), p. XLVI et suivantes et 333 et suivantes ; 31 (1902), p. II-IV, 384-397, 453-459 ; en 1910, l’administration des mines française envoya un ingénieur en chef en mission dans la Sarre et la Ruhr. Voir F. Leprince-Ringuet, « Rapport de mission en Angleterre et en Allemagne sur la distribution de l’énergie dans les régions houillères », in Annales des Mines 10, 20 (1911), p. 245-356, ici 285-351. Le rapport fut également publié séparément.
38 Raymond Poidevin, Les relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne de 1898 à 1914, 2e édition, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 727-760.
39 « Pour le moment, notre objectif est d’obtenir l’accord pour bénéficier du transfert du commerce des bougies en notre faveur en Allemagne et de faire croire à d’éventuels accords ultérieurs. » Conrad Matschoß (éd.) Werner Siemens. Ein kurzgefaßtes Lebensbild nebst einer Auswahl seiner Briefe, vol. 2, Berlin, Springer, 1916, p. 561 et suivantes. Peu de temps après la conclusion de l’accord, Werner Siemens soulignait auprès de son frère William l’importance d’avoir « obtenu le contrôle des bougies électriques à ses propres fins ». Matschoss, ibid., p. 573.
40 Georg Dettmar, Karl Humburg, Die Entwicklung der Starkstromtechnik in Deutschland, Bd. 2: von 1890 bis 1920, Berlin/Offenbach, VDE-Verlag, 1991 (Geschichte der Elektrotechnik, 9), p. 36.
41 Les débuts de la société Edison en Europe sont exposés de manière convaincante, sur la base des Edison-Papers, par Fox, op. cit., 1996, p. 184-192.
42 « Le sentiment national et l’opportunisme ont joué un rôle important dans ce processus. » Fox, ibid., p. 190.
43 Fox, ibid., p. 185.
44 HGEF I, p. 680.
45 Centre des Archives du Monde du Travail, Roubaix (CAMT) : 132 AQ 308, 4, « Société de Transmission de la Force par l’Électricité ».
46 Membres du conseil d’administration : Mamroth, Deutsch, Jordan, puis Korda en 1904 ; directeurs : Salomon, à partir de 1904 : Koch et Oppenheim ; 1908 : augmentation de capital d’une valeur nominale de 2 millions de francs ; siège de la société, dans un premier temps : 20-22, rue Richer, à partir de 1905 : 42, rue Paradis. CAMT : 65 AQ G 532, « Société Française d’Électricité A. E. G ».
47 HGEF I, p. 708 et s.
48 Lettre du 3 décembre 1877 adressée à Karl à Londres : « je crois que nous allons devoir créer une filiale à part entière à Paris car trop de choses sont laissées à l’abandon là-bas. Si la nouvelle machine à courants alternatifs, actuellement en construction, voit le jour, nous serons liés de manière relativement stable à Jablochkoff. Ils sont venus ici en personne ». Matschoss, op. cit., 1916, p. 547 et s.
49 « Peut-être la société Jablochkoff serait-elle aussi la plus appropriée pour produire nos machines à Paris ». Lettre du 13 février 1878 à William à Londres. Matschoss, ibid., p. 555 et s.
50 Lettre du 22 février 1878 à William : « Concernant la France, il s’agit avant tout de répondre à cette question fondamentale : voulons-nous fabriquer en France ou laisser tomber les brevets ? À quoi bon laisser Beustel (sic) se rapprocher avant de savoir ce qu’il va se passer ! » Siemens-Archiv : SAA 2/Li 512, « Lettres de Werner Siemens à ses frères ».
51 181, rue de la Pompe. La description faite par Albert Broder de la société, selon laquelle il s’agissait d’une centrale électrique qui aurait été revendue dès l’année suivante, est inexacte. Albert Broder, « La multinationalisation de l’industrie électrique française, 1880-1931 : causes et pratiques d’une dépendance », in Annales. Économies-Sociétés-Civilisations 39, (1984), p. 1020-1043, 1027 et rem. 33 ainsi que idem, « Multinationales et industrie électrique en France : 1880-1931. Causes et effets d’une dépendance », in Culture Technique, 17 (1987), p. 50-59, p. 53 et rem. 47.
52 Ludwig von Winterfeld, Entwicklung und Tätigkeit der Firma Siemens & Halske in den Jahren 1847-1897, phil. Diss., Kiel, 1913, p. 108.
53 Jürgen Kocka, Unternehmensverwaltung und Angestelltenschaft am Beispiel Siemens 1847-1914, Stuttgart, Klett, 1969 (Industrielle Welt, 11).
54 Peter Hertner, « Technologie et capitaux allemands dans l’industrie électrotechnique française avant la Première Guerre mondiale : un premier bilan », in Michèle Merger, Dominique Barjot (éd.), Les entreprises et leurs réseaux : hommes, capitaux, techniques et pouvoirs, XIXe-XXe siècles. Mélanges en honneur de François Caron, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1998, p. 499-521.
55 Christophe Bouneau, « La contribution des technologies étrangères à l’électrification ferroviaire de la France », in Histoire, économie et société, 12 (1993), p. 553-572, 560.
56 L’engagement de Siemens dans la CGE déboucha, de façon logique, sur une perte double car la société Schuckert, bien que sous séquestre, exerça son option de vente, ce qui coûta 3,4 millions de francs à Siemens et lui en conféra la propriété mais malheureusement pas la possession.
57 Hertner, op. cit., 1998, p. 521. Il ne semble pas vraiment justifié de parler d’un « échec cuisant », comme le fait Bouneau, op. cit., 1993, p. 590.
58 Robert Fox, « France in perspective : education, innovation and the performance in the French electrical industry, 1880-1914 », in Robert Fox, Anna Guagnini (éd.), Education, technology and industrial performance in Europe, 1850-1939, Cambridge/Paris, Cambridge University Press/Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1993, p. 201-226, surestime l’engagement des entreprises allemandes.
59 Raymond Poidevin, « La peur de la concurrence allemande en France, avant 1914 », in 1914. Les psychoses de guerre ?, Rouen, Publications de l’université de Rouen, 1985, p. 77-84.
60 Albert Broder, « Le commerce extérieur des matériels électriques et électrotechniques en France de 1892 à 1939. Étude comparative avec l’Allemagne », in Fabienne Cardot (éd.), La France des Électriciens, 1880-1980, Paris, Presses universitaires de France, 1986, p. 127-159, en particulier p. 127-139 ; voir aussi Revue du Nord, 67 (1985), p. 357-388.
61 Wolfgang König, « Industrie électrique et électrification en Allemagne entre 1880 et 1945 », in Bulletin d’Histoire de l’Électricité, 32 (1998), p. 5-21, 18.
62 Ce n’est que depuis 1900 que les produits électrotechniques sont ventilés par pays destinataires dans les statistiques allemandes. Emil Kreller, Die Entwicklung der deutschen elektrotechnischen Industrie und ihre Aussichten auf dem Weltmarkt, Leipzig, Duncker & Humblot, 1903 (Staats-und sozialwissenschaftliche Forschungen, 22,3), p. 29 ; Friedrich Fasolt, Die sieben größten deutschen Elektrizitätsgesellschaften, ihre Entwicklung und Unternehmertätigkeit, phil. Diss. Heidelberg, 1904, p. 26.
63 Broder, op. cit., 1986, p. 136.
64 67 % d’après les chiffres français de l’année 1912 figurant dans le tableau 3, 75 % d’après les données allemandes pour l’année 1913 figurant dans le tableau 2a.
65 Peter Hertner, « Vom Wandel einer Unternehmensstrategie. Die deutsche Elektroindustrie in Italien vor dem Ersten Weltkrieg und in der Zwischenkriegszeit », in Harm G. Schröter, Clemens A. Wurm (éd.), Politik, Wirtschaft und internationale Beziehungen. Studien zu ihrem Verhältnis in der Zeit zwischen den Weltkriegen, Mayence, 1991, p. 139-148, 147.
66 En 1909, respectivement 87 % et 97 % ; Broder, op. cit., 1986, p. 136.
67 HGEF I, p. 767 : « Le modèle, en vérité, était germano-suisse, mais il est utile de rappeler, à ce propos, que la mise en place de l’économie électrique dans notre pays s’est faite concomitamment à la montée du nationalisme et de l’opposition croissante entre la France et l’Allemagne : tout ce qui venait d’outre-Rhin risquait donc d’être mal reçu ; par contre, à travers le filtre de la neutralité suisse, les suggestions et les auteurs de celles-ci étaient beaucoup plus acceptables. »
68 Wolfgang R. Krabbe, « Städtische Wirtschaftsbetriebe im Zeichen des » Munizipalsozialismus « Die Anfänge der Gas-und Elektrizitätswerke im 19. und frühen 20. Jahrhundert », in H. H. Blotevogel (éd.), Kommunale Leistungsverwaltung und Stadtentwicklung vom Vormärz bis zur Weimarer Republik, Köln/Wien, Böhlau, 1990, p. 117-135 ; Uwe Kühl, « Le débat sur le “socialisme municipal” en Allemagne avant 1914 et la municipalisation de l’électricité », in idem. (éd.) : Munizipalsozialismus in Europa – Le socialisme municipal en Europe, Munich, Oldenbourg, 2001 (Pariser Historische Studien, 57), p. 81-100.
69 Op. cit. Paul Weigel, Die Gemeindebetriebe der Stadt Leipzig, Leipzig, Duncker & Humblot, 1909 (Schriften des Vereins für Socialpolitik, 129,7), p. 9.
70 HGEF I, p. 499 ; Alexandre Fernandez, « La gestion des réseaux électriques par les grandes villes françaises, vers 1880 – vers 1930 », in Dieter Schott (éd.), Energie und Stadt in Europa. Von der vorindustriellen » Holznot « bis zur Ölkrise der 1970er Jahre, Stuttgart, Steiner, 1997 (VSWG, Beihefte, 135), p. 113-127 ; Émile Bouvier, Les régies municipales, Paris, Octave Doin et fils, 1910 (L’exploitation collective des services publics, 1), p. 25 ; voir aussi L. Stehelin, Essais de socialisme municipal (Thèse pour le doctorat, Université de Paris-Faculté de droit, 1901) ; Lucien Petit, « L’extension du domaine industriel des communes », in Revue politique et parlementaire, 46, 47 (1905-1906), p. 468-490, 44-64 ; Maurice Gaucheron, Études sur l’œuvre économique des municipalités (Thèse pour le doctorat, Faculté de Droit de l’Université de Paris, 1906) ; Louis Roger, Le domaine industriel des municipalités. Distributions d’eau, de gaz, d’électricité, transports en commun, (Thèse pour le doctorat, Université de Montpellier-Faculté de droit, 1901) ; Saussoy, op. cit., 1903 ; Pierre Mercier, Les exploitations municipales commerciales et industrielles en France, (Thèse pour le doctorat, Université de Paris-Faculté de droit, 1905).
71 D’après les statistiques de 1911. En général, les puissances étaient inférieures à 100 CV. Les plus grandes installations étaient celles d’Epierre (565 habitants, Savoie)/900 CV, d’Isle-sur-Tarn (3 883, Tarn)/500 CV et de Saint-Martory (1 051, Haute-Garonne)/400 CV.
72 L. É. 26 (1887), p. 499 ; L. É. 41 (1891), p. 98, 632.
73 Bulletin international de l’électricité (1888), p. 1 et s., 55 ; L’électricité. Revue scientifique illustrée 12 (1888), p. 357 ; L. É. 3 (1894), p. 461-465.
74 Elektotechnische Zeitschrift 13 (1892), p. 555-557 ; Elektotechnische Zeitschrift 15 (1894), p. 206.
75 Sciences & Commerce. Revue commerciale bi-mensuelle des applications scientifiques en France & à l’étranger. Électricité – Éclairage – Téléphonie, 1-2 (1892-1893), p. 345 et s. : « Pourquoi, dans la patrie de Léon Foucault, l’inventeur de la lumière électrique à arc, ne ferait-on pas aussi bien et mieux même qu’en Allemagne ? ».
76 L’éclairage électrique, 18 (1899), p. 5-15 ; Revue pratique de l’électricité. Chronique bimensuelle des applications électriques en France & à l’étranger. Électricité – Éclairage – Téléphonie, 8 (1898-1899), p. 91.
77 Charles Bos, Exposé au nom de la 1re Commission, à propos de la demande de prolongation des sociétés d’électricité, Paris, 1897 ; Lauriol, Mission à l’étranger en 1898 : éclairage au gaz, éclairage électrique, tramways, Paris, 1898 ; Bos/Laffargue, op. cit., 1899 ; Charles Bos, J. Laffargue, « Rapports entre les municipalités allemandes et les sociétés électriques concessionnaires », in Revue Municipale. Recueil d’études sur les questions édilitaires, 2 (1899), p. 1545-1548 ; « Notes sur les services d’électricité en Belgique et en Allemagne », in Revue Municipale. Recueil d’études sur les questions édilitaires, 3 (1900), p. 2356-2359.
78 Voir le catalogue du fonds allemand de la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris : Stéphan Gebehenne, Laura Noesser, Catalogue du fonds allemand, Paris 1999 (Les collections de la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris, 5).
79 Adrien Veber, « Le socialisme municipal », in Revue Municipale. Recueil d’études sur les questions édilitaires, 3 (1900), p. 2321-2323 ; idem, L’éclairage, Paris, H. Dunod/E. Pinat, 1906 (Bibliothèque des services publics, municipaux et départementaux).
80 Jules Huret, In Deutschland, vol. 1: Rheinland und Westfalen, Leipzig/Berlin/Paris, Grethlein, 1907; Maurice Ajam, Das deutsch-französische Wirtschafsproblem. Ein Weg zur Verständigung, Berlin, Carl Heymanns, 1914, p. 47-49.
81 Victor Cambon, L’Allemagne au travail, Paris, Pierre Roger, 1909, p. 207.
82 Ville de Clermont-Ferrand, Rapport de la commission spéciale de l’éclairage, Clermont-Ferrand, 1902, p. 6. [BN : Lk 18-3363].
83 Raymond Poidevin, « Les intérêts de l’industrie allemande en France avant 1914 », in L’industrie, facteur de transformations politiques, économiques, sociales, culturelles, Lunéville 1974 (Association interuniversitaire de l’Est, 17), p. 135-142.
Auteur
Suivi des études en histoire, géographie, sciences politiques et pédagogie dans les universités de Fribourg-en-Brisgau et de Göttingen. Il a des activités de chercheur et d’enseignant à l’Académie des sciences et à l’Institut d’histoire économique et sociale de Göttingen, ainsi qu’au séminaire d’histoire de l’Université de Fribourg. Uwe Kühl a publié, entre autres, « Anfänge städtischer Elektrifizierung in Deutschland und Frankreich », in Dieter Schott (dir.), Energie und Stadt in Europa. Von der vorindustriellen “Holznot” bis zur Ölkrise der 1970er Jahre, Stuttgart, 1997 ; « Le débat sur le socialisme municipal en Allemagne avant 1914 et la municipalisation de l’électricité », in Uwe Kühl (dir.), Der Munizipalsozialismus in Europa/Le socialisme municipal en Europe, Oldenbourg, Pariser Historische Studien, vol. 57, 2001, p. 81-100 ; « Zwischen Kooperation und Konfrontation. Die Nutzung der Wasserkräfte von Hoch- und Oberrhein in den letzten 100 Jahren », in: Jürgen Schneider (dir.), Natürliche und politische Grenzen als soziale und wirtschaftliche Herausforderung. Referate der 19. Arbeitstagung der Gesellschaft für Sozialund Wirtschaftsgeschichte, Stuttgart, 2003.
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