Introduction
p. 1-2
Plan détaillé
Texte intégral
1Je suis entré à l’Insee en mars 1962 comme vacataire au salaire de 540 francs par mois. J’avais vingt-trois ans et j’arrivais d’Algérie où je venais d’être libéré de mes obligations militaires. Mon cursus scolaire et universitaire était vide ; malgré quelques années passées au lycée Claude-Fauriel de Saint-Étienne, je n’avais ni bac, ni BEPC1, ni même certificat d’études. J’entrai à l’Insee grâce à Jean, mon frère aîné, qui y travaillait depuis quelques années. J’allais y passer plus de quarante ans et prendre ma retraite avec le grade d’administrateur hors classe, ayant quand même raté la dernière marche, celle de l’accès à l’Inspection générale. Je dois bien sûr – pas de fausse modestie – cette belle ascension à mes mérites, mais pas seulement ; je pense que si j’étais entré dans la vie active dix ans plus tard, mes chances d’arriver à ce niveau en auraient été fortement amoindries. En 1962, en effet, on était à peu près au milieu de cette période de notre histoire que l’on a appelée les Trente Glorieuses, plus précisément au moment où, notamment avec l’arrivée de l’informatique, s’amorçait une mutation technologique qui allait supprimer massivement des emplois peu qualifiés pour les remplacer par d’autres qui l’étaient davantage. Or, il y avait bien peu de diplômés sur le marché du travail. La proportion d’élèves accédant au lycée, ou même au collège, était faible ; la promotion interne jouait à plein et, sur le marché du travail, l’absence de diplôme n’était pas un obstacle dès lors que l’on manifestait a minima les qualités attendues pour le poste à pourvoir. J’ai d’autant plus profité de cette circonstance que je me suis, dès le début de ma carrière, orienté vers l’informatique, discipline dans laquelle il n’y avait alors aucun diplômé. Mon parcours s’inscrit dans celui d’une génération qui a bénéficié d’opportunités depuis longtemps disparues, d’où le titre de ce mémoire.
2Mon entrée à l’Insee marqua, après le long intermède du service militaire, près de deux ans et demi en ce temps de guerre d’Algérie, une rupture complète et définitive avec mon existence d’enfant et d’adolescent, existence que je crois utile de retracer brièvement avant de passer au récit de ma vie de fonctionnaire de l’Insee.
3Note : Relater sa vie professionnelle, c’est inévitablement parler de ceux avec qui l’on a travaillé et, tout aussi inévitablement, ce que l’on a à en dire n’est pas flatteur pour tous. Il y a donc, dans ce qui suit, quelques jugements peu amènes. J’ai évité de nommer ceux qui en sont l’objet, désignés par un pronom indéfini ou identifiés par une initiale.
Notes de bas de page
1 BEPC : brevet d’études du premier cycle [N.D.E.].
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