Les Finances dans les tranchées
p. 123-140
Texte intégral
1Peut-être avez-vous remarqué, en pénétrant dans la cour de Bercy, sur la gauche, une imposante stèle de marbre noir ? Il s’agit du monument aux morts à l’administration centrale des Finances, et plus de 100 noms y sont gravés en lettres d’or pour le seul premier conflit mondial. Il en existe un autre, au 7e étage du bâtiment Vauban, dédié aux 19 inspecteurs des Finances « morts pour la France » entre 1914 et 1918. Ce qui est aisément observable au cœur du ministère l’est également, de façon plus discrète et souvent moins aisément repérable, dans les services dits « déconcentrés », présents dans tous les départements français.
2Ces monuments apparaissent comme la manifestation tangible de l’engagement de la « Maison Finances » au cours de la Première Guerre mondiale. De fait, ses agents, quels que soient leurs fonctions, leur grade ou leur lieu d’exercice, ont été, comme des millions d’autres Français en âge de combattre, mobilisés, incorporés, envoyés au front sur tous les terrains d’action que la France a connus en 52 mois de conflit.
3On se propose donc de suivre, de l’annonce de la mobilisation jusque dans les tranchées, le parcours de quelques-uns de ces fonctionnaires des Finances. Les sources disponibles permettent pour partie de partager avec eux les vicissitudes de la vie militaire, les dangers de l’attaque portée ou subie, les douleurs de la blessure, la mort, enfin, pour certains. Cette étude s’appuie sur un premier corpus nominatif de quelque 200 noms repérés dans les listes constituées au lendemain du conflit1, systématiquement complété par les informations recueillies sur le site Mémoire des hommes du SHD2 (les morts, donc). Cette cohorte rassemble les « 96 » agents de l’Administration centrale, 19 inspecteurs des Finances, 88 fonctionnaires de quatre grands services déconcentrés – les Contributions directes et indirectes, l’Enregistrement & les Domaines et les Douanes – de trois départements – le Nord, l’Yonne et l’Ille-et-Vilaine – choisis pour leur localisation géographique plus ou moins éloignée du front et leurs pertes différentielles au cours de la Première Guerre mondiale, départements dont on a également mobilisé les archives départementales3.
4Au lendemain du conflit, les modalités de retour à la vie civile et de réinsertion des anciens combattants, mutilés en premier lieu, dans l’Administration sont également scrutées, alors que les lois assurent un emploi réservé aux invalides de guerre. Un second corpus, plus qualitatif, d’une cinquantaine de noms est mobilisé à cet effet.
5C’est donc le conflit et ses suites qui seront ainsi présentés et analysés, vus des Finances, en insistant successivement sur les modalités de mobilisation de cette véritable armée que sont les fonctionnaires financiers, sur leur comportement, les conditions de leur engagement et leurs conséquences sur les effectifs, avant d’examiner la façon dont le ministère fait face aux enjeux, administratifs et humains, de l’immédiat après-guerre.
I. Mobiliser l’armée des Finances
6Cet objectif, prioritaire pour un pays qui entre en guerre, impose en premier lieu de connaître le nombre de fonctionnaires, et, parmi eux, ceux qui sont mobilisables. Cette « revue d’effectifs » se trouve cependant contrariée par la difficulté qu’ont les contemporains, et par ricochet les historiens, à compter les agents des Finances : les chiffres sont rares et, lorsqu’ils sont disponibles, ils demeurent incomplets, imprécis ou contradictoires.
7En ce qui concerne l’administration centrale des Finances, on dispose d’un Annuaire des Finances pour 1914 qui fixe le nombre maximum d’agents à 815, allant des emplois supérieurs (1 directeur général, 4 directeurs, 3 sous-directeurs) aux agents subalternes (113 rédacteurs ou stagiaires, 126 expéditionnaires, 208 agents matériel), en passant par les cadres intermédiaires (103 rédacteurs principaux, 3 expéditionnaires spéciaux, 113 expéditionnaires principaux)4. En revanche, selon Alain Darbel et Dominique Schnapper, cette même Administration centrale comptait, en cette même année 1914, 852 agents (hors huissiers, garçons de bureau et personnel de service), dont 238 agents relevant des « administrations financières5 ». Un même flou entoure le périmètre du ministère dans son ensemble. D’après le Rapport Bokanowski, on compte, au 1er juillet 1914, 50 705 agents (48 923 titulaires et 1 782 auxiliaires), auxquels il faut ajouter 20 355 ouvriers, soit au total 71 060 agents6. Or, d’après les états ministériels fournis chaque année au Parlement entre 1906 et 1912, les effectifs du ministère étaient alors de 116 312 à 120 959. La différence s’explique, d’après Lucien March, par la prise en considération d’environ 50 000 receveurs buralistes et débitants de tabac dans les effectifs du ministère7.
8Au-delà d’un illusoire décompte à l’unité près, retenons que les Finances occupent plusieurs dizaines de milliers d’employés et que la structure des emplois est fortement pyramidale. Sur ces bases et en tenant compte du fait qu’environ 40 % de la population masculine adulte a été mobilisée au cours de la Première Guerre mondiale, on peut estimer à un peu plus de 20 000 le nombre des agents des Finances appelés sous les drapeaux au cours du conflit. Dès lors qu’un régiment d’infanterie compte 3 400 hommes dans son effectif, les Finances auraient fourni l’équivalent d’environ 6 régiments, soit une division et demie.
9Les premiers à répondre à l’appel du drapeau sont sans conteste les douaniers, en raison même de leur organisation en temps de paix. Dès le 2 août 1914, l’Administration des Finances procède à l’« appel à l’activité des hommes […] désignés en temps de paix pour constituer les unités de douaniers […] et ayant reçu en conséquence une affectation spéciale ». Il s’agit là d’un système institutionnalisé à partir de 1831, actif en 1870-1871, réorganisé pour la dernière fois en 1890 et prévoyant la création de « bataillons actifs » et de « bataillons de forteresse » encadrés par les gradés des douanes, qui deviennent commandants, capitaines ou lieutenants. Au total, les douaniers fournissent en quelques jours 11 bataillons et 2 compagnies actives, ainsi que 4 bataillons, 4 compagnies et 1 section de forteresse. Le tout représente environ 200 officiers et 8 000 hommes, soit près de 40 % des douaniers de terrain.
10Ce corps militaire des Douanes est maintenu jusqu’à la fin 1914, avant d’être progressivement dissous et fusionné dans les unités combattantes : en avril 1915, disparition du statut d’affecté spécial des douaniers et agents des classes 1905 à 1910 (jusqu’à 30 ans), appelés à rejoindre leur arme d’origine, celle du Service national ; en juin, les officiers des classes postérieures à 1896 (jusqu’à 40 ans) sont à leur tour rayés de l’affectation spéciale ; en juillet, les agents des classes 1903-1904 sont à leur tour mis à disposition de l’armée, mesure étendue en septembre à tous les agents des classes postérieures à 1892 (jusqu’à 45 ans)8.
11La mesure touche aussi les fonctionnaires des Finances en charge de l’assiette ou de la collecte des Contributions directes, ainsi que la Comptabilité publique, à travers la mobilisation progressive du personnel des perceptions et trésoreries, lesquelles se trouvent rapidement confrontées à un manque criant de personnel9. Dans les départements, plus de la moitié des contrôleurs sont ainsi mobilisés. Le cas de la Haute-Garonne est à cet égard tout à fait représentatif : dès la fin de l’été 1914, de nombreux agents des Finances, en particulier les agents des recettes des Finances et des trésoreries générales sont mobilisés. Pour compenser les départs, les chefs de service de la trésorerie demeurent en poste, même s’ils sont réservistes de l’armée d’active, et il faut attendre le 21 août 1914 pour que le colonel commandant le bureau de recrutement du Toulouse, conformément aux instructions du ministre des Finances du 31 mars 1912, adresse la liste des fondés de pouvoir et autres commis titulaires de la Trésorerie et des recettes des Finances de Haute-Garonne pour les inscrire au Tableau B, considérant que les services de la recette et des paiements ne peuvent être interrompus10. Pour autant, la majorité des agents ainsi maintenus ont plus de 50 ans, et n’auraient de toute façon pas été immédiatement mobilisés.
12La mesure touche donc l’ensemble des corps, à l’exception des fonctionnaires et agents qui, en cas de mobilisation, sont autorisés à ne pas rejoindre immédiatement quand ils n’appartiennent pas à la réserve de l’armée active, en application des mesures portées au Tableau B de la loi du 21 mars 190511. Cela concerne plus largement l’ensemble des agents jusqu’aux chefs de bureau à l’Administration centrale, les trésoriers-payeurs généraux, receveurs particuliers, percepteurs et 1 fondé de pouvoir par trésorerie générale par département, jusqu’aux contrôleurs rédacteurs dans les Contributions directes, aux conservateurs des hypothèques dans l’Enregistrement & Domaines, aux sous-inspecteurs dans les Douanes et aux receveurs buralistes dans les Contributions indirectes. Au total, ce sont plusieurs centaines à milliers de personnes qui échappent à la mobilisation générale de 1914 et, par voie de conséquence, aux grandes batailles meurtrières du début du conflit, avant d’être progressivement intégrées dans les cadres lorsque le conflit s’installe.
13Parmi les corps ainsi, au moins temporairement, épargnés, on trouve enfin l’Inspection des Finances, dont les membres sont placés « en indisponibilité » s’ils ont le rang de soldat ou de sous-officier, « hors-cadre » s’ils sont officiers de réserve. Les voilà donc en capacité d’échapper à la mobilisation, du moins pour un temps, ce qui ne les empêche pas de devancer l’appel et de s’engager, puisque sur les 97 inspecteurs en activité au déclenchement du conflit, 58 sont effectivement mobilisés (60 %), même si ce n’est pas toujours dans des unités combattantes12.
II. Les Finances dans la guerre
14Une fois la guerre installée dans la durée, les combattants issus des services financiers ne se distinguent plus des autres mobilisés, qu’il s’agisse de l’âge, des lieux d’engagement ou du comportement général. Ce sont avant tout des soldats tous âges : sur les 153 décédés dont la date de naissance est connue, près de la moitié (48 %) est née dans les années 1880, ils ont donc entre 25 et 35 ans lors du déclenchement du conflit ; 21 % sont nés dans les années 1870 et 31 % dans les années 1890. Le plus âgé, Albert Grassot, expéditionnaire à l’Administration centrale des Finances, est né en 1863 et meurt à 53 ans ; le plus jeune, Jean Dollé, classeur émargeur à l’Administration centrale, est né en 1898 et décède à 19 ans.
15Ils sont ensuite présents sur tous les fronts, et en premier lieu le front occidental : parmi les départements de décès les plus fréquemment cités, on retrouve sans grande surprise la Meuse (et donc Verdun ; 35 soit 17,5 %), la Marne (24), la Somme (15) ou encore l’Aisne (13). Mais certains périssent en Lorraine et en Alsace, en Belgique ou encore en Allemagne, alors que d’autres enfin sont mobilisés sur le front d’Orient (les « Jardiniers de Salonique » raillés par Clemenceau). C’est par exemple le cas de Jules Tropez Moracchini, préposé des Contributions indirectes dans le Nord, lieutenant au 58e RI colonial, mort dans les Dardanelles en 1915 ; de Constant Gustave Grattard, homme d’équipe au ministère des Finances, caporal au 260e RI, tué à l’ennemi à Monastir (Serbie) en 1917 ; ou encore de Pierre Lantaires, commis d’ordre et de comptabilité au ministère des Finances, lieutenant au 7e hussards, « tué par une balle en service commandé » à Larissa (Grèce) en 1917.
16Ces combattants proviennent de toutes les armes et sont de tous grades. Certes, comme le montrent les deux tableaux suivants, l’infanterie et les hommes du rang sont surreprésentés, mais cela reflète avant tout la composition de l’armée française de l’époque, ses besoins également, tout autant que la structure sociale et professionnelle des Finances. Au total, ce sont 130 unités combattantes différentes qui sont ainsi recensées : régiments d’infanterie, de zouaves ou d’infanterie coloniale, de cavalerie (dragons, hussards et autres spahis marocains) ou d’artillerie (selon les cas lourde, à pied ou de campagne). Les armes savantes sont moins bien représentées, ne serait-ce que parce qu’elles requièrent des compétences spécifiques qui demeurent rares et socialement minoritaires. Ainsi, les 4 inspecteurs des Finances anciens élèves de l’École polytechnique se retrouvent logiquement versés dans le génie (1) et l’artillerie (les 3 autres, l’un d’eux devenant par la suite aviateur).
Arme | ACF | IF | Contrib. directes | Contrib. indirectes | Total | ||||
Nord | Yonne | Ille-et-V. | Nord | Yonne | Ille-et-V. | ||||
Infanterie | 89 | 13 | 2 | 3 | 1 | 33 | 9 | 11 | 161 |
Artillerie | 4 | 2 | 1 | 1 | 8 | ||||
Cavalerie | 3 | 1 | 4 | ||||||
Génie | 1 | 1 | 2 | ||||||
Aviation | 2 | 2 | |||||||
Autres | 3 | 1 | 4 | ||||||
Total | 100 | 19 | 2 | 3 | 2 | 34 | 10 | 11 | 181 |
17Les simples soldats représentent plus du tiers des recensés (36 %), mais la répartition par grades indique que les sous-officiers sont à peine moins nombreux (30 %), de même que les officiers (33 %). Une analyse complémentaire montre en revanche la surreprésentation des cadres subalternes à intermédiaires (du caporal au lieutenant ; 57 %), proches de la troupe, partageant son quotidien et ses risques.
Grades | ACF | IF | Contrib. directes | Contrib. indirectes | Total | ||||
Nord | Yonne | Ille-et-V. | Nord | Yonne | Ille-et-V. | ||||
Soldat | 49 | 1 | 1 | 7 | 3 | 4 | 65 | ||
Caporal | 11 | 1 | 8 | 1 | 1 | 22 | |||
Sergent | 8 | 2 | 2 | 1 | 10 | 2 | 3 | 28 | |
Adjudant | 1 | 1 | 2 | 1 | 5 | ||||
Sous-lieut. | 11 | 3 | 1 | 3 | 2 | 2 | 22 | ||
Lieutenant | 14 | 8 | 2 | 1 | 1 | 26 | |||
Capitaine | 5 | 1 | 2 | 8 | |||||
Commandant | 1 | 3 | 4 | ||||||
Total | 100 | 18 | 2 | 3 | 2 | 34 | 10 | 11 | 180 |
18Les agents des Finances figurent enfin parmi les héros décorés, la plupart à titre posthume cependant. Ils sont selon les cas titulaires de la médaille militaire, créée en 1852 et qui distingue les non officiers, de la croix de guerre, créée le 2 avril 1915 et décernée pour conduite exceptionnelle au front, ou encore de la Légion d’honneur13.
19L’Administration des Douanes compte ainsi parmi ses disparus 1 officier et 72 chevaliers de la Légion d’honneur (dont 5 pour le Nord), 123 médaillés militaires (dont 2 pour le Nord), ainsi que 1 233 titulaires de la croix de guerre (dont 19 pour le Nord)14. C’est le cas de Sévère Amand Trigot, incorporé au 1er RI en 1914, caporal en 1919, décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec palmes, distingué par 2 citations pour blessures, dans la Somme en 1916 et en Belgique en 191715. Les agents des Contributions directes ne sont pas en reste, avec 2 chevaliers de la Légion d’honneur et 57 titulaires de la croix de guerre, dont 1 dans chacun des 3 départements test. Parmi eux, André Lerévérend, contrôleur de 2e classe à Cambrai et capitaine au 161e RI, porté disparu en 1917, décoré de la Légion d’honneur et de la croix de guerre à titre posthume16. Enfin, sur les 58 inspecteurs des Finances mobilisés lors du conflit, 32 se voient accorder une décoration.
20Tous les agents des Finances ne participent pourtant pas directement au conflit, voire font en sorte d’échapper aux dangers des combats. Aux yeux de la population, tous relèvent dès lors de la catégorie honnie des « embusqués », qui refusent de se soumettre à leur devoir patriotique et trouvent une « retraite sûre », un « coin tranquille » à l’abri du danger. Accablés de tous les vices, ces « lâches, inutiles, imposteurs et autres efféminés » subissent la vindicte populaire, comme l’a bien montré Ch. Ridel, qui signale également que les critères de différenciation du monde combattant font qu’on est « toujours l’embusqué de quelqu’un17 ».
21En somme, derrière la condamnation globalisante, il convient sans doute de distinguer les situations particulières. Certains ont, semble-t-il, trouvé une « planque » à l’arrière, à l’image de Louis Rivet, rédacteur à l’Administration centrale, soldat au 26e bataillon de chasseurs, mais qui se voit bientôt détaché aux ateliers de fabrication de Vincennes, ce qui ne l’empêche pas de décéder de maladie en 1918.
22D’autres sont bien envoyés au front, mais relèvent d’unités non combattantes, comme l’Intendance ou la Trésorerie aux armées. La première est un corps formé d’intendants généraux et militaires (comme officiers), en charge du soutien et de l’appui logistique aux forces combattantes, par leur approvisionnement, la gestion des stocks de fournitures et autres « subsistances » militaires. Ce sont également eux qui ordonnent et vérifient les dépenses des corps de troupe. On retrouve parmi eux l’inspecteur des Finances Barbat du Closel, mobilisé en août 1914, attaché à l’Intendance du 13e corps d’armée et mort aux Armées de maladie dans l’Oise en 1915.
23La seconde, dont les attributions sont précisées par le décret du 2 septembre 1914 relatif au service de Trésorerie et des Postes aux armées18, est essentiellement en charge de la solde, ainsi que des administrations militaires de l’Alsace (1914-1918) et de la comptabilité (1914-1920). Son organisation est clairement hiérarchique, avec un payeur général comptable et un payeur général au QG de chaque armée, un payeur principal au QG de chaque corps d’armée, un payeur particulier au QG de chaque division, enfin des agents et sous-agents. En raison de ses attributions, on y retrouve logiquement d’anciens fonctionnaires financiers, recrutés pour leurs compétences. C’est le cas d’André Emmanuel Gresset, rédacteur principal à l’Administration centrale des Finances, incorporé comme payeur adjoint de 2e classe à la Trésorerie aux armées et mort en 1919 des suites d’une maladie contractée à l’Armée d’Orient, ou encore d’Alfred Joseph Miginiac, rédacteur à l’Administration centrale des Finances, incorporé comme sous-lieutenant au Trésor et Postes aux armées, et quant à lui mort en 1915 à l’hôpital militaire de Troyes d’une hémorragie interne suite à une fracture des côtes survenue en service commandé. On le voit, ces unités non-combattantes ne sont pas pour autant sans risque, et si ces trois poilus financiers n’ont pas été « tués à l’ennemi », ils n’en sont pas moins morts pour la France.
24Reste que la mobilisation, progressivement « générale », des agents des Finances désorganise profondément le service à l’arrière et impose des aménagements dans l’organisation du personnel, au quotidien comme dans la durée. Les percepteurs restés en poste sont par exemple rapidement confrontés à un élargissement de leurs fonctions : recouvrement des impôts directs, recueil des souscriptions aux bons de la défense nationale, versement des allocations et primes aux combattants et à leurs familles19. Il faut également remplacer les agents mobilisés par des mobilisés non combattants, parfois peu au fait des pratiques administratives ou aux compétences financières limitées, et qu’il faut former avec plus ou moins de succès.
25C’est ce qu’on peut observer dans le département de l’Yonne. Le 7 décembre 1915, le trésorier-payeur général indique au préfet qu’il dispose du concours permanent de 2 auxiliaires et de 6 militaires blessés, mis à disposition par le ministère de la Guerre pour le service de l’Emprunt : « or les 6 hommes ci-dessus [les 2 auxiliaires et 4 convalescents] vont m’être enlevés [alors qu’]ils commencent à être dressés à leur besogne spéciale. S’ils partent […], il faudra recommencer à faire de nouvelles éducations20 ». Au 1er avril 1916, l’« État des militaires mis à la disposition des administrations civiles » du département ne compte que 4 noms, respectivement ancien employé de recettes, comptable de commerce, employé de banque et agent général d’assurances dans le civil, employés pour les premiers comme secrétaires à la Recette des Finances de Sens, comme comptables à la Trésorerie générale pour les derniers.
26Enfin, pour pallier l’absence de ses agents, l’Administration recourt également à des personnels jusque-là faiblement représentés en son sein. En janvier 1916, Louis Peigné, président de la Société d’enseignement commercial et directeur d’une école professant la sténodactylographie, la comptabilité et l’arithmétique commerciale, ainsi que des langues vivantes (dont l’espéranto), propose ainsi son aide à la trésorerie générale d’Auxerre :
« J’ai l’honneur de vous informer que s’il est donné suite au projet de M. le ministre de la Guerre en ce qui concerne le remplacement par des femmes d’un certain nombre de secrétaires, je puis mettre à la disposition de vos services (Subdivision militaire) des jeunes filles élèves des cours commerciaux, présentant toutes les garanties de savoir et d’honorabilité. »
III. La Victoire endeuillée21
27Au terme du conflit, le bilan s’impose et il se révèle très lourd. Selon un décompte « final » établi en 1922, ce sont au total 3 907 agents des Finances qui sont morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale22. Ce chiffre relève pourtant d’une définition extensive du périmètre du ministère des Finances, englobant – outre l’Imprimerie nationale, les Manufactures de l’État et ses Laboratoires – la Cour des comptes et la Caisse des dépôts et consignations23. Si l’on s’en tient au « cœur de métier » des Finances (Inspection incluse), restent tout de même 3 360 noms, soit 86 % du total. La comparaison avec l’évaluation initiale des quelque 20 000 mobilisés fait apparaître un taux de perte de 18-20 %.
28Une analyse plus précise fait également apparaître de très fortes disparités quant au nombre des victimes de guerre selon les corps d’origine. Le différentiel des pertes est en effet manifeste selon que l’on porte son regard sur les trésoreries générales ou l’Administration centrale, alors que le cumul des chiffres des Douanes et des Contributions indirectes représente plus des deux tiers des pertes, même s’il s’agit là des deux corps comptant le plus d’agents.
Corps | Nbre | Part |
Douanes | 1 324 | 39,4 % |
Contributions indirectes | 905 | 26,9 % |
Trésoreries générales | 433 | 12,9 % |
Enregistrement & Domaines | 389 | 11,6 % |
Contributions directes | 171 | 5,1 % |
Administration centrale | 96 | 2,9 % |
Monnaies et Médailles | 23 | 0,7 % |
Inspection des Finances | 19 | 0,6 % |
Total | 3 360 | 100 % |
29Et même dans les corps à plus petits effectifs, c’est sans doute la part relative des pertes qui est finalement la plus éclairante. À l’Administration centrale, les effectifs de 1920 indiquent que sur les 239 rédacteurs d’avant-guerre, 113 sont manquants (47,3 %), de même que 69 des 179 expéditionnaires (38,5 %) et 108 des 273 auxiliaires permanents (39,5 %)24. À l’Inspection des Finances, les 19 morts pour la France représentent de leur côté 19,5 % des inspecteurs actifs en 1914 et 32,7 % de ceux qui ont été mobilisés.
30La chronologie des décès est elle aussi révélatrice de l’engagement des fonctionnaires financiers au cours du conflit, même si le tableau ci-dessous ne rassemble des données que pour 4 corps et 3 départements. Pour les raisons indiquées plus haut, l’année 1914, même si elle pèse pour près du quart des décès, n’est pas la plus meurtrière du conflit, et il faut attendre la mobilisation effectivement générale de l’« Armée des Finances », en 1915, pour que, mécaniquement, le nombre de tués augmente sensiblement pour atteindre plus du tiers des pertes en 1915. Au total, les deux premières années du conflit pèsent pour 58 % des pertes totales, alors que les suivantes sont relativement moins sanglantes. À rebours, c’est en 1916 et en 1918 que les Contributions indirectes du Nord perdent le plus d’agents, la dernière année du conflit, avec le retour à la guerre de mouvement, apparaissant d’ailleurs comme particulièrement terrible pour tous les combattants.
31Au lendemain du conflit, les Finances participent au mouvement général de célébration des héros morts pour la patrie et érigent des monuments commémoratifs. C’est le 11 mai 1922 que le ministre des Finances Lasteyrie inaugure solennellement, rue de Rivoli, deux plaques « en mosaïque de Sèvres » installées en « vis-à-vis, à droite et à gauche de la Salle d’honneur qui donne accès au cabinet du Ministre, établies à la demande de l’Association des anciens combattants et de l’ensemble des fonctionnaires des Finances25 ». Elles indiquent pour l’une la répartition des morts selon les corps d’origine, et pour l’autre la liste alphabétique des 115 fonctionnaires et agents de l’Inspection des Finances et de l’Administration centrale, « confondus, sans distinction de grade, témoignage de l’égalité devant le devoir sacré26 ».
Année | ACF | IF | Contrib. directes | Contrib. indirectes | Total | ||||
Nord | Yonne | Ille-et-V. | Nord | Yonne | Ille-et-V. | ||||
1914 | 30 | 7 | 2 | 1 | 2 | 42 | |||
1915 | 37 | 8 | 8 | 4 | 6 | 63 | |||
1916 | 10 | 1 | 10 | 2 | 23 | ||||
1917 | 10 | 1 | 1 | 1 | 1 | 5 | 19 | ||
1918 | 12 | 1 | 1 | 9 | 1 | 4 | 28 | ||
1919 | 1 | 1 | 2 | 1 | 1 | 6 | |||
Total | 100 | 19 | 2 | 3 | 2 | 34 | 10 | 11 | 181 |
32S’y ajoute, on l’a dit, le monument spécifique de l’Inspection, réalisé par le sculpteur Landowski et installé dans les locaux même du service (cf. photographie 1) : on y voit « les soldats qui passent en tenue de guerre, c’est la gloire, ce sont eux », pleurés par une femme symbolisant la douleur de la perte. Ailleurs en France, de telles plaques se retrouvent dans les locaux des administrations financières, comme à la direction départementale des douanes de Lille (cf. photographie 2) et un relevé est en cours, dans le cadre d’un projet plus large d’inventaire des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale27.
33Les pertes des Finances gagnent également à être confrontées avec celles d’autres administrations elles aussi grosses consommatrices de fonctionnaires et présentes sur l’ensemble du territoire, jusque dans chaque commune ou presque. C’est par exemple le cas de l’Instruction publique, et en son sein des enseignants, du primaire et/ou du secondaire.
34Si les catégories retenues dans les documents disponibles ne permettent pas toujours une comparaison terme à terme, elles offrent des ordres de grandeur instructifs. Ainsi, dans l’Yonne, les tableaux réalisés en prévision de l’établissement des livres d’or des soldats morts pour la France mentionnent-ils, pour l’arrondissement de Joigny, 3 commis de perception tués pour 32 instituteurs tués et 3 disparus, et pour la ville de Migennes, 1 commis de perception et 1 instituteur tués sur un total de 83 victimes28. Dans le Morbihan, la Statistique par profession des décédés et disparus pendant la Première Guerre mondiale dressée en octobre 1919 signale que sur les 21 581 morts recensés dans le département, 91 sont des instituteurs et professeurs de l’enseignement public, auxquels il faut encore ajouter 4 instituteurs libres, à comparer aux 15 douaniers et 87 « employés d’administration » (sans plus de précision) ; dans les deux cas, le total tourne autour d’une centaine de noms, représentant moins de 0,5 % du total des pertes départementales29.
35Une fois la guerre terminée, le ministère des Finances réintègre naturellement dans leurs fonctions ses agents, devenus anciens combattants et qui aspirent à reprendre leur place30. C’est le cas d’Émile Séverin Rollin, ancien sergent-major du 43e de ligne : entré aux Douanes comme préposé à Pont-de-Warneton (Nord) en 1896, il est promu lieutenant en 1909, puis capitaine en 1913 ; maintenu en service armé de 1914 comme capitaine d’infanterie, il est évacué pour maladie en 1917 et bientôt réintégré dans les cadres31. D’autres tardent à retrouver les cadres civils de l’administration, comme Henri Albert Clamer, ancien clerc de notaire, entré aux Douanes comme préposé à Fives (Nord) en 1900 et lieutenant en 1911. Capitaine d’infanterie de 1914 à 1919, il est bien réintégré comme capitaine des Douanes en 1920, mais détaché dans le bassin de la Sarre jusqu’en 193032.
36Parallèlement, des anciens combattants intègrent les rangs des Finances, qui accueillent ainsi de nouveaux percepteurs destinés à combler les vides laissés par la guerre. C’est par exemple le cas de Gabriel Alexandre Richetta, né le 25 février 1892 à Moulins (Allier), mobilisé en 1914 et affecté à divers régiments tout au long du conflit ; en février 1916, il est à Verdun, où il est fait prisonnier ; il s’évade cinq fois, mais est repris à chaque fois et termine en camp de représailles en Allemagne. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il devient percepteur, en poste à Oiron, puis à Thouars (Deux-Sèvres) ; résistant pendant la Première Guerre mondiale, il est décapité à Cologne par les nazis en 194233.
37Parmi ces anciens combattants, ceux qui aspirent le plus vivement à trouver une place sont naturellement les quelque 390 000 mutilés et autres 1 100 000 invalides, en quête d’un avenir professionnel. L’administration des Finances se fait un devoir de prendre sa part dans ce processus, même si la stricte application de la législation ne se fait pas toujours et partout aisément. Entre 1916 et 1923, 3 textes sont en effet adoptés pour préparer l’accueil des anciens combattants : l’arrêté du 2 mars 1916 créant l’Office national des mutilés et réformés ; la loi du 17 avril 1916 instituant, au profit des anciens militaires réformés ou retraités par blessures ou d’infirmités contractées durant la guerre, des « emplois réservés » dans les administrations publiques ; cette dernière est complétée par la loi du 30 janvier 1923 sur les emplois réservés dans les administrations avec instauration d’un droit de préférence élargi à toutes les victimes de guerre34. Globalement, le bilan apparaît bien décevant en raison de l’inadéquation entre l’offre (en nombre et surtout en qualification) et la demande (en nombre comme en termes d’affectation géographique). C’est d’autant plus manifeste que les administrations tardent à se plier aux exigences légales, sous-déclarent les emplois vacants, souvent attribués à des auxiliaires, ou créent des postes hors nomenclature des emplois réservés.
38Les archives permettent cependant de retrouver la trace de certains de ces anciens combattants, en poste après-guerre : Gaston Léon Ponçot, comptable de profession, est incorporé en 1914 et sert jusqu’en 1919 ; mobilisé dans l’infanterie, blessé 3 fois, il est promu caporal, puis brigadier ; versé dans l’artillerie, il est décoré de la croix de guerre ; entré dans les douanes en 1921 à Quesnoy-sur-Deûle (Nord), il est, en 1928, « affligé de surdité provenant d’une blessure de guerre » et titulaire d’une pension militaire d’invalidité de 30 %, portée à 55 % dans les années 194035. Son collègue Eugène Alphonse Renaud, ancien mécanicien, est engagé volontaire pour la durée de la guerre le 22 août 1914, blessé le 15 juin 1915 et finalement rayé des rôles le 30 juin 1916 ; il est en effet victime de blessures multiples (un œil perdu, amputation de la cuisse droite) et devient commis des Douanes le 1er janvier 1918 ; mal noté dès 1919, il manifeste un caractère « hargneux » avec le public et « paraît aigri par ses graves infirmités résultant de blessures de guerre », selon une feuille de notation de 192036.
39Des cas comparables s’observent également chez les percepteurs, dès lors que près du tiers des 4 800 perceptions sont vacantes et que les Finances recrutent des intérimaires et autres soldats démobilisés, abandonnant temporairement les concours et examens au profit d’un recrutement d’agents pour des raisons exceptionnelles ou en remerciement de leur engagement militaire37. Dès avant 1914, un quota de perceptions était réservé aux sous-officiers, souvent les comptables régimentaires, par ailleurs très compétents ; la loi du 17 avril 1916 élargit le principe aux militaires grièvement blessés, mutilés, pères des familles les plus nombreuses et autres réformés. En 1922, 735 mutilés sont ainsi intégrés dans le corps des percepteurs, auxquels il faut ajouter 238 nominations d’officiers retraités. La création en 1922 d’une Association des percepteurs mutilés, complétée en 1923 par une revue intitulée Le Percepteur mutilé, rend bien compte de cette réalité désormais largement répandue au sein des Finances. À cet égard, le parcours de Marcel Mompezat en est la parfaite illustration : commis de perception dans la Vienne puis la Gironde entre 1913 et 1915, il est finalement incorporé lors des derniers mois du conflit et participe aux combats de 1918 ; grièvement blessé, il est mutilé à 55 % et multimédaillé ; réintégré dans ses fonctions financières, il reprend alors le cours d’une carrière prestigieuse qui le mène à la trésorerie générale du 16e arrondissement de Paris38.
Conclusion
40Au terme de cette étude, il convient de reconnaître la contribution notable du ministère des Finances à l’effort de guerre, en dépit des « aménagements » initiaux, destinés à maintenir la continuité du service de l’impôt. La mobilisation des agents des Finances dans les unités combattantes a été massive et, pour autant qu’on puisse en juger, leur comportement a été des plus honorables, comparable avec celui d’autres catégories de fonctionnaires.
41Pendant et a fortiori au lendemain du conflit, les Finances prennent leur part dans la réintégration et l’accueil d’anciens combattants, ce qui n’est pas sans soulever quelques difficultés. Les nouveaux venus se caractérisent par leur absence de culture administrative ou financière, et l’Inspection des Finances s’inquiète bien vite de l’augmentation du nombre de percepteurs qui tiennent mal leur caisse, voire se révèlent franchement prévaricateurs39, alors même que le conflit entraîne un ralentissement et parfois la suspension des contrôles, et que la responsabilité pécuniaire des comptables est temporairement suspendue jusqu’en mars 192040.
Notes de bas de page
1 Que soient à cet égard très chaleureusement remerciés les agents du Centre des archives économiques et financières de Savigny-le-Temple, qui ont mis à ma disposition l’ensemble des listes établies par les diverses directions du ministère.
2 Source : http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=24&titre=morts-pour-la-france-de-la-premiere-guerre-mondiale.
3 Pour une approche régionale du conflit, cf. Michaël Bourlet, Yann Lagadec et Erwann Le Gall (dir.), Petites patries dans la Grande Guerre, Rennes, PUR, 2013.
4 Paris, Berger-Levrault, 1914.
5 Alain Darbel et Dominique Schnapper Morphologie de la haute administration française, t. 2 : Le système administratif, Paris, Mouton, 1972, annexe 1, p. 180‑181.
6 Rapport nº 3160 fait au nom de la commission des Finances chargée d’examiner le projet de loi portant fixation du budget général de l’exercice 1922 par M. Maurice Bokanowski, Annexe au procès-verbal de la 2e séance du 12 juillet 1921 [déposé à la Chambre le 30 sept. 1921], tableau p. 18-19 [sur le sujet et pour une analyse du rapport, cf. la thèse d’Émilien Ruiz, Trop de fonctionnaires ? Contribution à une histoire de l’État par ses effectifs (France, 1850-1950), EHESS, 2013, p. 319-333 ; https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00863780].
7 En réalité, il ne disposait pas vraiment d’un chiffre précis et il applique 50 000 à toutes les années dont il disposait pour avoir un ordre de grandeur. Lucien March, « Contribution à la statistique des fonctionnaires », Bulletin de la SGF, t. III, fascicule 1, octobre 1913, p. 67-93 (question des buralistes des Finances p. 70-71).
8 Jean Clinquart, L’administration des Douanes en France de 1914 à 1940, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2000, p. 3 et suiv., et p. 17.
9 Nicolas Delalande, Les batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, coll. « L’Univers historique », 2011, p. 261-262.
10 Ludovic Sérée de Roch, « La guerre et l’entrée dans la modernité du système fiscal français », Études & documents, t. XI, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2002, p. 183-210.
11 « Loi nº 45 814 du 21 mars 1905 … sur le recrutement de l’Armée », Bulletin des lois de la République française, nº 2616, Paris, Impr. nat., 1905, p. 1265 et suiv.
12 On renvoie, pour plus de détails, à la communication de N. Carré de Malberg supra p. 101.
13 Charles Ridel, Les embusqués, Paris, A. Colin, 2007, p. 28-29 et 40-41 ; Bruno Cabanes, La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918-1920), Paris, Le Seuil, coll. « L’Univers historique », 2004, p. 353-355.
14 « Bilan de la Guerre. Agents des Douanes morts pour la patrie (depuis avril 1917) », Annuaire des douanes pour l’année 1919, Poitiers, Libr. adm. P. Oudin, 1919, p. VII-XXX et « Listes supplémentaires. Agents des Douanes morts pour la patrie et décorés », Annuaire des douanes pour l’année 1917, Poitiers, Libr. adm. P. Oudin, 1917, p. LXV-LIX.
15 Archives départementales du Nord (désormais AD Nord), 2858 W 68.
16 Archives nationales (désormais AN), LH 1603/12 et « Agents morts au champ d’honneur pendant les guerres de 1870-1871 et de 1914-1919 », Annuaire de l’administration des Contributions directes et du cadastre, Paris, Impr. nat., 1919, p. 424-435.
17 C. Ridel, Les embusqués, op cit., p. 24-47.
18 Journal officiel du 3 septembre 1914, p. 7840-7841 – Bull. des Lois, 1914, nº 133, texte nº 7621, p. 2570, disponible sur Gallica.
19 N. Delalande, Les batailles de l’impôt, op cit., p. 261-262.
20 Archives départementales de l’Yonne (désormais AD Yonne), 7 R 173.
21 Nous empruntons le titre de cette partie à l’ouvrage de B. Cabanes, La victoire endeuillée, op cit.
22 « Agents morts au champ d’honneur pendant les guerres de 1870-1871 et de 1914-1919 », Annuaire de l’administration des Contributions directes et du cadastre, Paris, Impr. nat., 1919, p. 424-435 ; « Tableau d’honneur des agents des Contributions indirectes [morts pour la France], 1914-1919 », Annuaire de l’administration des Contributions indirectes, Poitiers, Libr. adm. P. Oudin, 1920, p. I-XII ; « Liste alphabétique des Agents titulaires victimes des deux dernières guerres. 1914-1918 », Annuaire du personnel de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre, Paris, ministère des Finances et du Budget, 1952, p. V-VIII ; « Listes supplémentaires. Agents des Douanes morts pour la patrie et décorés », Annuaire des douanes pour l’année 1917, Poitiers, Libr. adm. P. Oudin, 1917, p. LXV-LIX ; « Bilan de la Guerre. Agents des Douanes morts pour la patrie (depuis avril 1917) », Annuaire des douanes pour l’année 1919, Poitiers, Libr. adm. P. Oudin, 1919, p. VII-XXX.
23 Sur le rôle et les pertes de la première de ces deux institutions au cours du conflit, on renvoie à l’intervention de Ch. Descheemaeker, p. 159.
24 Chiffres tirés de L. Sérée de Roch, « La guerre et l’entrée dans la modernité du système fiscal français », article cité, p. 186-187.
25 « Érection de deux plaques commémoratives en l’honneur des fonctionnaires de l’administration des Finances “morts pour la France” », Bulletin de statistique et de législation comparée, mai 1922, p. 789-791.
26 Le devenir de ces deux plaques reste à ce jour inconnu. Par la suite, une grande plaque de marbre noir, indiquant également les noms des morts de la Seconde Guerre mondiale et des conflits en Afrique du Nord, a été installée à Bercy. Cf. Pierre-François Pinaud, « Un devoir de mémoire. Les agents des services extérieurs de la Comptabilité publique morts pour la France (1940-1945) », Revue du Trésor, décembre 2004, p. 747-748.
27 Il existe ainsi une plaque à la mémoire des douaniers à Chambéry, Fécamp et Nantes, mais rien à la direction régionale des Finances publiques du Nord ou à la direction départementale des Finances publiques de l’Yonne. Le projet d’inventaire est porté par le laboratoire IRHiS de l’université de Lille, avec le soutien de la Mission du Centenaire ; http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/.
28 AD Yonne, 2 R 246.
29 Archives départementales du Morbihan, R 1289. En revanche, les « cultivateurs et domestiques agricoles » sont 13 201, soit plus de 61 % du total.
30 Antoine Prost, Les anciens combattants et la société française, 1914-1939, Paris, FNSP, 1977, 3 vol.
31 Il est décoré de la Légion d’honneur le 10 octobre 1930, pour partie comme ancien combattant, d’après un article qui lui est consacré dans le Journal de Roubaix ; AD Nord, 2858 W 71 et AN, 19800035/1392/60708.
32 AD Nord, 2931 W 25. Décoré de la croix de guerre le 11 janvier 1919, il est décoré de la Légion d’honneur le 2 janvier 1928
33 Source : http://www.cnd-castille.org/index.php/annuaire/item/2541-richettagabriel-alexandre.
34 Jean-François Montes, « L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Création et actions durant l’entre-deux-guerres », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2002/1, nº 205, p. 71-83 ; Pierre Romien, « À l’origine de la réinsertion professionnelle des personnes handicapées : la prise en charge des invalides de guerre », Revue française des affaires sociales, 2005/2, nº 2, p. 229-247 ; Peggy Bette, « Reclasser les victimes de la Première Guerre mondiale : Le cas de la loi du 30 janvier 1923 sur les emplois réservés en France (1923-1939) », Amnis http://amnis.revues.org/880, 6 | 2006.
35 AD Nord, 2858 W 1.
36 AD Nord, 2858 W 6.
37 N. Delalande, Les batailles de l’impôt, op cit., p. 263, d’après le carton B 13 382 du Service des archives économiques et financières (désormais SAEF) : Note sur l’amélioration de l’assiette et de recouvrement de l’impôt, 1923.
38 SAEF, 39-885 : dossier personnel ; Journal d’un percepteur, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1992 (1re éd. 1952), introduction de F. Descamps, p. XIV-XV.
39 Cf. les cas présentés par N. Delalande, Les batailles de l’impôt, op cit., p. 264, d’après AN, BB18 2630, dossier 807A20.
40 N. Delalande, Les batailles de l’impôt, op cit., p. 263, d’après SAEF, 4A01 : rapport de l’IGF pour 1914-1915.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Finances publiques en temps de guerre, 1914-1918
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3