État des sources sur la première guerre mondiale conservées par le service des Archives historiques de HSBC France
p. 251-255
Plan détaillé
Texte intégral
1Les Archives historiques de HSBC France sont constituées des fonds d’archives hérités d’établissements composant le groupe Crédit commercial de France (CCF). Celui-ci fut acquis en 2000 par le groupe HSBC et devint sa filiale française sous le nom de HSBC France en 2005. Les fonds conservés sont essentiellement ceux du CCF, de la Banque Hervet, de l’Union de banques à Paris (UBP), de la Banque de Picardie et enfin de la Banque de Mulhouse.
2Les sources de la première guerre mondiale sont principalement des documents sociaux et des dossiers de direction du CCF ainsi que les pièces rassemblées dans une collection intitulée « Grande Guerre » ; s’y ajoutent quelques éléments issus des fonds de la Banque de Mulhouse, de la Banque de Picardie et de l’UBP.
I. Fonds CCF
3Le Crédit commercial de France, héritier de la Banque suisse et française (BSF), est créé en 1894. Dans un contexte favorable à l’essor du système bancaire et au développement des activités industrielles, la BSF connut une croissance rapide. Elle s’engage dans les secteurs novateurs de l’époque : industrie électrique, cinéma, téléphone, construction automobile, produits chimiques et industrie textile. À la veille de la guerre, cet établissement parisien élargit son réseau et s’implante à Lille et à Tourcoing. En 1917, elle fusionne avec deux banques provinciales : une société lyonnaise, la Maison Aynard & fils, et la Caisse de crédit de Nice. La nouvelle dimension de la maison et le contexte patriotique de l’époque incitent à un changement dénomination sociale : la BSF devient le Crédit commercial de France.
II. Documents sociaux et de direction
4La collection des registres de procès-verbaux des assemblées générales, du conseil d’administration, des différents comités de direction et les rapports annuels peuvent être mis à la disposition des chercheurs. Ils permettent d’appréhender, en détail, le fonctionnement et l’activité de l’établissement pendant la guerre, les crédits aux entreprises, les dons aux œuvres, etc.
5Certains dossiers suivis par les administrateurs Benjamin Rossier et Henri Gunther ont été conservés, notamment celui relatif à la négociation d’un crédit (Brown Brothers & Co) aux États-Unis par Albert Rossier (1915), les dossiers relatifs aux fusions et aux absorptions de la Caisse de crédit de Nice (1916‑1917), de la Maison Aynard & fils (1916‑1917) et de la Banque de Bordeaux (1918‑1919), ainsi qu’une étude sur l’éventualité d’une implantation à Dantzig (1921‑1922). Seuls quelques rares dossiers sur les crédits aux entreprises, le plus souvent postérieurs au conflit, nous sont parvenus.
III. Dossiers de personnel
6Plusieurs centaines de dossiers du personnel (20 mètres linéaires) ont été conservées pour la région Sud-Ouest sur la période fin xixe siècle-années 1960. Ces dossiers renferment lettres d’embauche, photographies, états de service et feuilles de notation. La carrière de certains employés débuta à la Banque de Bordeaux, acquise par le CCF en 1919. De nombreuses femmes ont été recrutées pour pallier le manque d’effectifs masculins partis au front. Une partie d’entre elles quitteront l’établissement au cours des années 1920.
IV. Succursales, correspondance
7L’unique registre de correspondance qui nous soit parvenu est celui de l’agence de Tourcoing pour la période 1913‑1922. Il est constitué par le double des lettres adressées à la direction parisienne du CCF et par les études et les notes du directeur de l’agence. Ce registre est riche d’enseignements sur la situation des villes de Tourcoing et de Lille pendant le conflit, les crédits accordés aux entreprises, les effectifs et la rémunération du personnel.
V. Collection « Grande Guerre »
8À l’occasion du centenaire du CCF, en 1994, un ensemble de documents très visuels ont été rassemblés. Ils sont identifiés aujourd’hui sous l’expression collection « Grande Guerre ». Sur le financement du conflit, on trouvera des certificats de dépôts d’or pour la Défense nationale, un bel ensemble d’une soixantaine d’affiches et de 25 cartes postales invitant à souscrire aux emprunts (toutes banques, 1915‑1921), deux affichettes pour le versement d’or (1915‑1916) et des bons du trésor.
9Si les procès-verbaux du conseil d’administration évoquent la mobilisation du personnel masculin, certaines pièces pourront utilement les compléter : les livrets À nos mobilisés publiés entre 1915 et 1918 permettaient aux employés de la banque d’avoir des nouvelles de leurs collègues mobilisés en les informant de leurs faits d’armes ou de leur décès, quelques lettres d’employés ou de parents d’employés mobilisés à la direction de la banque (1918) et enfin la plaque commémorative des employés décédés en 1914‑1918.
10Dans cette collection figure également une série rare de 48 cartes postales représentant les blessés, le personnel soignant et les techniques médicales de l’hôpital auxiliaire du 20 bis, rue La Fayette à Paris (vers 1917). Cet hôpital, géré par l’Union des femmes de France, est ouvert dans les locaux du CCF et financé par celui-ci entre 1914 et 1917.
11Enfin, on trouvera 12 billets de nécessité émis par différentes chambres de commerce (1915‑1922) et un calendrier publicitaire de la Banque suisse et française de 1914.
VI. Fonds Banque de Picardie
12La Banque de Picardie est issue du rapprochement de plusieurs établissements dont les origines remontent au milieu du xixe siècle : les banques Brière, Mélinot et Mercier. La Caisse commerciale de l’arrondissement de Compiègne Léon Brière & Cie avait pour objet le financement des opérations commerciales des entreprises locales, industrielles et agricoles. Seul établissement financier de la région, elle exerçait également les activités de banque de dépôt. La région picarde, un des principaux théâtres du conflit, paya un lourd tribut à la guerre : villes occupées et rasées, campagnes dévastées, activité économique très affectée. Les archives de la Banque Brière sont détruites en partie pendant l’offensive allemande de l’Aisne en 1918. Le chercheur pourra néanmoins consulter sur cette période les procès-verbaux des assemblées générales depuis 1910, les comptes rendus d’opérations, des registres de comptes clients, des certificats de versement d’or pour la Défense nationale et enfin des titres de créances et de dommages de guerre.
VII. Fonds banque de Mulhouse
13Le rattachement de l’Alsace-Lorraine à la Prusse en 1870 entrave les relations financières de ce territoire avec la France. Dans ce contexte naissent des établissements régionaux dont l’objet est de financer le commerce et l’industrie alsaciens-lorrains. La Banque de Mulhouse est fondée en 1871. Elle devient rapidement une véritable banque commerciale et ouvre de nombreuses succursales dans l’Est, mais aussi à Paris et au Havre. Le conflit mondial paralyse ses activités, qui reprennent pour un temps de la vigueur après 1918. Néanmoins, la banque se fragilise au cours des années 1920 et elle est absorbée par le CCF en 1928.
14Ses archives ont été déposées entre 1989 et 2010 au Centre rhénan d’archives et de recherches économiques. Depuis 2010, elles font de nouveau partie intégrante des collections de HSBC France.
15Les documents sociaux suivants sont librement communicables : procès-verbaux d’assemblée générale (1885‑1928) et rapports annuels (1873‑1928). On citera notamment dans la comptabilité les situations comparatives (1872‑1926), les bilans généraux (1909‑1928), les registres d’opérations des succursales (1920‑1921) et les registres de titres de la clientèle (1881‑1929). Enfin, on pourra consulter avec profit le dossier relatif au changement de dénomination de la banque en Bank von Mülhausen (1914‑1915), celui des créances sur l’Allemagne, incluant le procès des novations portées devant le Tribunal mixte franco-allemand (1919‑1941), et enfin celui sur l’emploi des mutilés de guerre (1928‑1938).
VIII. Fonds Union de banques à Paris
16L’Union de banques à Paris est le fruit de la fusion en 1935 de trois établissements : la Banque mutuelle d’études et de crédits, la Banque de Suède et de Paris et la Banque argentine et française.
17Cette dernière, née en 1909 dans le but de faciliter les opérations entre les deux pays, est la filiale de la Banque française du Rio de la Plata. Quelques années après sa création, elle est l’un des principaux acteurs du commerce avec l’Argentine et bénéficie de l’économie florissante outre-Atlantique. Dans les années 1920, la santé de la banque, dépendante du commerce extérieur, se fragilise. Elle subit de plein fouet la crise de 1929.
18Sur cet établissement, on pourra consulter les registres des procès-verbaux du conseil d’administration et des assemblées générales, qui renferment des informations relatives aux relations économiques avec l’Argentine, au placement des emprunts argentins et aux crédits accordés aux entreprises travaillant avec ce pays (1909‑1935).
19Les archives sont consultables sur rendez-vous à l’adresse suivante :
Archives historiques de HSBC France
15, rue Vernet 75008 Paris
Courriel : histoire@hsbc.fr
Auteur
Stéphanie Billonneau est responsable des Archives historiques de HSBC France. Titulaire d’un master 2 d’histoire moderne de l’université Paris Diderot-Paris 7 et d’un master 2 d’archivistique, elle a réalisé différentes missions au sein du Service historique de la Défense, de la Bibliothèque de l’Institut de France et des Archives de l’Assemblée nationale avant d’entrer chez HSBC France en 2001.
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