Introduction générale
p. 1-36
Texte intégral
1« La France, en matière d’agriculture, a-t-elle suivi une ligne de conduite que l’on puisse appeler une politique. Quand est-on autorisé à dire qu’une nation a conçu, suivi et dirigé une politique ? » Telle est l’interrogation que pose Michel Augé-Laribé en ouverture de sa synthèse sur la politique agricole sous la IIIe République, qu’il publie en 19501. La réponse qui suit est négative, car le professeur et ancien syndicaliste constate :
« Faiblesse des études fondamentales, manque de méthode, dispersion et pauvreté des observations individuelles, prédominance des préoccupations d’immédiate actualité, inquiétude excessive des conséquences parlementaires, insuffisance d’une direction d’ensemble, inertie et timidité, telles sont les fautes principales que l’on pourra signaler dans les efforts faits par l’agriculture pour améliorer sa situation2 ».
2Au-delà de ce jugement porté par un bon connaisseur de la question, il faut considérer que l’on connaît assez mal cette politique publique menée entre 1880 et 1940. Or c’est durant cette période que s’élaborent certains instruments de la politique française d’organisation des marchés agricoles. Créé en 1936 par le gouvernement de Front populaire après plusieurs années de travaux législatifs contradictoires, l’Office national interprofessionnel du blé (ONIB) connaît un destin institutionnel original : malgré de vives contestations, l’Office est maintenu durant la Seconde Guerre mondiale (il devient en 1940 l’Office national interprofessionnel des céréales, ONIC) et conservé à la Libération, puis sous les IVe et Ve Républiques.
I. Une institution pour réguler un marché agricole en crise
3Les travaux de recherche sur cette institution sont très peu nombreux3 et la difficulté de mobiliser des archives et des sources ne constitue qu’une part de l’explication. Il faut en effet faire le constat que la question du marché du blé au xxe siècle n’a pas intéressé les historiens, contrairement aux siècles plus anciens. Il existe certes des synthèses, mais qui s’inscrivent dans des démarches scientifiques différentes4. Des publications reprennent toujours les mêmes citations qui vantent, avec le géographe Vidal de la Blache, la « plante de civilisation5 ». Mais on ne dispose pas pour l’époque contemporaine de l’équivalent des études portant sur les temps modernes.
4L’ampleur des débats à la fois entre économistes et sur le plan politique explique les nombreux travaux d’historiens sur le blé et le pain, avec au premier titre ceux de Steven L. Kaplan6. L’historien américain a montré que l’objectif de l’État en France s’apparente à un paradoxe, une « quadrature du cercle, un cocktail de Sully et de Colbert, de Turgot et de Necker, de Roland et de Robespierre : le bon (plutôt haut) prix du blé et le bas prix du pain7 ». Le débat intellectuel de la fin du xviiie siècle est symbolisé par le texte polémique de l’abbé Galiani, Dialogues sur le commerce des blés, publié en 1770, qui rappelle entre autres :
« le blé peut être regardé comme une production du sol, et sous cette vue, il appartient au commerce et à la législation économique. Ensuite il peut et doit en même temps être regardé comme la matière de première nécessité et le premier soin dans l’ordre civil des sociétés, et sous ce point de vue il appartient à la politique et à la raison d’État8 ».
5Le débat n’est pas qu’intellectuel puisque se jouent déjà les réponses de la puissance publique aux mobilisations des populations. C’est à partir des émeutes de subsistance que l’historien anglais Edward P. Thompson a formé la notion d’« économie morale de la foule9 ». C’est aussi, dans le cadre de la Révolution française, les fameuses lois du « maximum » en 1793, puis les dispositions du Code pénal contre l’accaparement et la spéculation.
6On doit remarquer avec Dominique Margairaz et Philippe Minard qu’« une même opération, taxer, revêt des significations fort différentes, d’une part selon les acteurs considérés : la foule insurgée, les élites soucieuses d’un certain ordre social ; d’autre part, selon les contextes. Les mêmes acteurs ne l’investissent pas nécessairement, selon les époques, du même contenu. Bref, la taxation peut relever d’économies intellectuelles fort variées10 ». Le blé et les céréales constituent dans la longue durée un problème politique, mais les conditions de ce problème varient dans le temps. Certes, des éléments de continuité existent au xixe siècle avec la persistance de violences frumentaires11 comme de débats entre économistes, et quelques études proposent des approches sur de longues durées12. La prise en compte des enjeux commerciaux et financiers participe à un réexamen de ces crises, longtemps vues dans un schéma trop mécaniste en lien avec la démographie par une lecture de certains travaux d’Ernest Labrousse13. La question de l’intégration des marchés et de la dispersion des prix du blé en France au xviiie et au xixe reste encore débattue14. L’unification du marché est pour une large part réalisée au xxe siècle et, sauf dans le cas des guerres, le rôle du transport ne tient pas une place importante dans la variation des prix.
7Si accaparement et spéculation sont des questions largement posées au xviiie siècle, elles se transforment au siècle suivant avec l’importance de l’article 419 du Code pénal, qui hérite de l’Ancien Régime, via le droit révolutionnaire, le délit d’accaparement des biens15. Le développement des marchés à terme à partir de 1885, comme l’a montré l’historien Alessandro Stanziani, ne se fait pas sans de nombreuses difficultés, et les débats sont importants avant 191416. Au xxe siècle, les formes du commerce des céréales se transforment. Le point est bien noté dans la grande synthèse consacrée à l’Histoire de la France rurale, qui constate que « le règne du marchand de grain se termine17 ».
8Si le marché du blé au xviiie et au xixe siècle en France est mieux connu qu’au xxe siècle, c’est aussi parce que l’histoire rurale et les autres sciences sociales qui traitent du même objet se sont donné d’autres questions prioritaires. Certes, quelques travaux de juristes proposaient des synthèses sur le rôle de l’État et les politiques agricoles18, mais les historiens étaient surtout préoccupés de la question du rapport des paysans à la République19. Sur les deux conflits mondiaux, l’historiographie reste limitée et la plupart des travaux se réfèrent à des ouvrages assurément remarquables, mais anciens et écrits par des témoins et acteurs de cette histoire20.
9Des synthèses récentes ont essayé de prendre en compte le renouvellement de l’histoire rurale21. La sociologie et la science politique étaient aussi d’abord préoccupées par la question des rapports du monde paysan à la politique22, en y ajoutant la question de la modernisation de l’agriculture française, ce qui explique une concentration des travaux sur l’après-Seconde Guerre mondiale23. L’un des intérêts, entre autres, de ces travaux est qu’ils ont mis l’accent sur le paysage, moins simple qu’il n’y paraît, du syndicalisme agricole français. Les coauteurs du volume consacré au xxe siècle de l’Histoire de la France rurale ont raison de noter :
« si la division du mouvement professionnel paysan persiste dans l’entre-deux-guerres, c’est parce que les forces qui le contrôlent et l’animent n’ont pas une vision identique de l’organisation sociale à la campagne et dans la société globale. La similitude des langages masque l’existence de plusieurs idéologies agrariennes qui se concurrencent et qui ne sont pas réductibles l’une à l’autre24 ».
10Cette confrontation aux mobilisations syndicales et associatives du monde agricole oblige à complexifier le processus d’élaboration de la politique du blé et conduit à refuser une vision naïve qui voudrait que la loi, sous la IIIe République, soit le « pur produit » du Parlement. Sans même poser la question du corporatisme, qui devient majeure avec l’Occupation, il faut bien considérer que le syndicalisme agricole mais aussi les meuniers ou les négociants pèsent sur les décisions politiques durant cette période. Ils interagissent pour l’application des lois successives, et comprendre cette dimension est essentiel dans cette recherche. On essaye par exemple, autour de la question des fraudes à la loi du 10 juillet 1933 qui instaure un prix minimum, d’illustrer l’idée énoncée par l’historienne Claire Lemercier de « prendre le juridique et le politique au sérieux, de ne pas considérer comme acquise l’élaboration d’une loi en réponse à un problème, encore moins l’application de cette loi25 ». La première moitié du xxe siècle constitue un moment méconnu où la diversité des situations politiques permet de proposer des analyses neuves sur cette manière d’élaborer une politique publique – de la conception à l’application.
11La création d’un office du blé à l’été 1936 n’a rien d’évident. Certes le projet est porté par les socialistes depuis une dizaine d’années (plus longtemps même si l’on pense à Jaurès), mais d’autres formes institutionnelles étaient possibles. Le terme même d’office pour caractériser une institution publique est juridiquement assez flou. Pour en donner un exemple, on peut se référer à la tentative du ministère de l’Agriculture de Jean Hennessy, qui, en 1929, propose de créer un office du blé, mais distinct des ambitions socialistes. Un fonctionnaire de son ministère note, en marge de l’article du quotidien qui relaye cette annonce, le commentaire suivant :
« Quand un gouvernement ne peut résoudre une question, il réunissait jadis une commission. Il crée maintenant un office, ayant l’autonomie financière et la personnalité civile sur lequel il n’a plus d’action et qui vogue au gré de ses dirigeants et en particulier de son directeur. Ne vaudrait-il pas mieux s’appuyer sur tout ce qui existe et le doter des moyens nécessaires ? En personnel, en matériel, en locaux. Un office ne se comprend – et encore – que pour une régie à forme industrielle ou commerciale – non point un organe de documentation qui devrait rester aux ordres directs du ministre et de ses directeurs. Un office n’est pas responsable devant le Parlement. Or par une ancienne anomalie, le ministre ne peut agir sur les offices autonomes qu’en refusant d’approuver leurs budgets [c’est-à-dire] en les empêchant de fonctionner. Il ne peut les corriger qu’en les étranglant. À quand après l’office du blé, celui du vin, de la betterave, des chevaux, des bœufs, des moutons ? Aimez-vous les offices ? On en mettra partout26. »
12Tout ne devait donc pas conduire à la création d’un Office du blé en 1936, « solution idéale » d’un vieux problème qui expliquerait la permanence dans le temps de l’institution. Au contraire, c’est la souplesse et les incertitudes entourant la création de cet office qui en ont garanti sans doute, pour une part, la pérennité. D’autres offices agricoles auraient pu être créés et ne l’ont pas été. Dans cette logique, l’étude de cette institution est ainsi une manière privilégiée27 de questionner l’élaboration et l’application d’une législation organisant un marché dans une logique où la politique publique menée est déterminée à la fois par l’État et par des acteurs aux intérêts divergents.
13Au cours de cette période, le blé n’est pas qu’un problème français mais un enjeu mondial. Depuis la seconde moitié du xixe siècle, le blé est au cœur du commerce international et l’objet de nombreuses mesures protectionnistes28. Le choc de la crise des années trente est, sur ce marché, considérable, car elle se produit dans une conjoncture de surproduction à l’échelle mondiale. Les négociations internationales pour arriver à un accord global connaissent des succès limités. Si le marché du blé se prête à des analyses transnationales, il faut noter que les études historiques sur ce point restent rares.
14L’objectif de cette étude n’a pas été de proposer une comparaison entre les politiques du blé de différents pays. Si quelques travaux comparatifs existent et ont le mérite de proposer des pistes de recherche intéressantes29, ils mobilisent souvent des données de « seconde main ». De plus, ils n’intègrent que peu la circulation des expériences de régulation et l’aspect d’histoire croisée des marchés agricoles. Signalons aussi que si le marché du blé en France oblige à s’interroger sur le fonctionnement de l’empire colonial français, cette dimension reste à la marge de notre recherche. D’abord, parce que les débats et politiques étudiés y font peu référence, ensuite pour des raisons archivistiques ; enfin, car c’est une dimension pauvre d’une historiographie coloniale renouvelée30.
15Consacrer cette recherche au blé et non à l’ensemble des produits agricoles mérite une explication31. La centralité de la production de cette céréale dans l’agriculture française tout comme le soin particulier que consacrent les hommes politiques à la régulation de son marché sous la IIIe République sont des éléments de réponse. Mais il faut aussi considérer l’état de l’historiographie sur le sujet, celle-ci étant particulièrement inégale suivant les produits. Si le blé reste méconnu pour le xxe siècle, c’est aussi le cas du lait, de la viande, des fruits et légumes ou de la betterave32. Un marché agricole est par contre bien étudié : celui du vin. Au-delà des travaux des géographes sur les espaces de production, des recherches issues des différentes sciences sociales ont consacré des études à la IIIe République33, en particulier pour l’analyse des politiques menées par le Parlement34. Si certains travaux concernent l’histoire du vin dans la longue durée, il faut noter de nouvelles approches scientifiques qui s’intéressent à la fois aux régulations juridiques et institutionnelles du marché35.
II. Les « agrariens »
16La formule, qui donne son titre au livre de Pierre Barral en 1968 est restée célèbre, mais elle ne doit pas faire croire qu’il s’agit d’un bloc regroupant des acteurs qui seraient tous d’accord sur la politique agricole à mener. Au contraire, durant la IIIe République, derrière l’unanimisme trop apparent de la défense du monde agricole français, des divisions profondes existent et s’expriment tout à la fois politiquement et syndicalement. L’organisation des politiques agricoles a été symbolisée par l’autonomisation du ministère de l’Agriculture par le décret du 14 novembre 188136, et c’est le décret du 18 février 1882 qui organise le ministère et son administration centrale en regroupant différents services37. Ces services sont installés au 78 de la rue de Varenne et au 244 du boulevard Saint-Germain. Parmi les services extérieurs, l’inspection générale, bien étudiée par Edgar Leblanc, reste organisée par un arrêté de 187838. C’est la montée en puissance du Crédit agricole qui oblige par la suite à réformer l’organisation du ministère. Le contexte est celui de la conquête des campagnes par la République39. Les républicains tiennent parfois encore des discours ambigus envers le monde rural, souvent considéré comme soutien du régime impérial honni40.
17Les titulaires successifs du portefeuille de la rue de Varenne sous la IIIe République composent un portrait de groupe assez contrasté. Augé-Laribé, pour critiquer leur faible action, le résume ainsi :
« Sur les 40 personnalités qui, du 14 novembre 1881, date de la création du ministère de l’Agriculture comme ministère séparé, au 12 juillet 1940, date du premier ministère de la Révolution nationale, ont occupé le fauteuil de la rue de Varenne, on relève 16 avocats, 2 avoués, 5 médecins, 1 ou 2 agriculteurs, 4 ou 5 professeurs des grandes écoles d’agriculture et anciens fonctionnaires du ministère, quelques commerçants de produits agricoles, des journalistes et un ancien coureur cycliste41. »
18La liste présentée tourne au réquisitoire et comporte une petite dose de mauvaise foi, car elle ne dit rien de la durée des fonctions ni de leur investissement par un titulaire.
19Parmi les défauts du ministère, Augé-Laribé lui reproche d’être « subordonné » : « Il est né mineur et il l’est resté42. » Cette subordination s’exprime d’après lui dans le rapport au ministère des Finances : « Toutes ces observations sur l’insuffisance des moyens mis au service de l’agriculture retombent toujours sur le ministère des Finances où personne n’a jamais rien compris à l’importance économique de l’agriculture43. »
20Parmi les difficultés de cette politique se pose la question des statistiques agricoles. Augé-Laribé dresse un réquisitoire sévère au milieu des années vingt en constatant :
« l’insuffisance de la documentation dont [il pouvait] disposer. Les phénomènes économiques de l’agriculture ne se passent pas sous les yeux des statisticiens ; ils ne commencent à être saisis par eux que lorsqu’ils ont perdu leur caractère proprement agricole pour prendre celui de faits commerciaux, quand ils appartiennent non plus à l’économie rurale mais à l’économie urbaine. On est ainsi amené à commettre l’erreur de confondre les prix de gros avec les prix agricoles. On a des cours du blé à la bourse du commerce, mais on ne sait pas quel est exactement l’écart entre ces cours et les prix réellement payés aux producteurs ; il varie d’ailleurs avec les régions suivant que leurs récoltes sont excédentaires ou déficitaires par rapport aux besoins de leur consommation. […] Les statistiques que publie le ministère de l’Agriculture sont établies par des fonctionnaires qui ne sont pas budgétairement pourvus de moyens d’observation satisfaisants et qui n’ont pas tous été préparés à observer les faits économiques suivant des méthodes scientifiques. […] ; il est nécessaire de ne pas perdre une occasion de rappeler au parlement français qu’il est impossible d’administrer utilement, si administrer c’est prévoir, impossible aussi de tracer le plan d’une politique agricole et d’en contrôler l’exécution quand on ne dispose pas d’une documentation abondante et exacte. Les économies que l’ont fait actuellement sur les frais, pourtant minimes, d’établissement et de publication des statistiques agricoles sont des économies mal placées44 ».
21La revendication de statistiques pour mener des politiques économiques est alors en France une antienne45.
22Les mises en garde d’Augé-Laribé sont à écouter, car elles signalent un problème pour l’historien :
« Les prix eux-mêmes nous sont mal connus. Beaucoup de ventes se font en dehors des marchés ou sur des marchés où les cours ne sont pas constatés. Les cours enregistrés dans les bourses du commerce sont souvent difficiles à utiliser parce qu’on ne connaît pas l’importance des transactions qui y sont réalisées, et en tout cas ils ne s’appliquent pas exactement aux prix reçus par les agriculteurs. […] Ces prix, soumis à l’influence du marché mondial, varient au cours de l’année, parfois avec une assez grande amplitude. […] Les prix moyens que nous allons relever dans les statistiques agricoles ne sont que des indications sans garanties. D’ailleurs ces prix varient parfois, sans qu’on puisse donner aucune explication de ces variations, suivant les documents qu’on utilise, alors que ces documents sont publiés par un même ministère46. »
23De 1880 à 1940, il est bien des manières différentes de défendre la paysannerie française. Les diatribes de Jean Jaurès contre Jules Méline durant la décennie 1890 en sont une bonne preuve47. Les questions agricoles mobilisent les socialistes français sous la IIIe République48. Elles ne sont certes pas au cœur de la doctrine de la SFIO, mais quelques parlementaires49 se spécialisent sur le sujet et se montrent très actifs, tels Adéodat Compère-Morel50, puis Georges Monnet51. Après la Première Guerre mondiale, un communisme rural se construit en se différenciant du socialisme52.
24Dans une même catégorie peu flatteuse de « démagogie agraire »53, Augé-Laribé place les socialistes et les mouvements de « défense paysanne » de l’entre-deux-guerres. Il faut rappeler l’existence du « parti agraire », fondé par Gabriel Fleurant, un professeur de collège dans l’Oise qui se fait appeler « Fleurant-Agricola » et lance, à la fin des années vingt, un journal, La Voix de la Terre. Présentant des candidats aux législatives de 1932, ce parti n’a qu’un élu. Au-delà de l’agitation médiatique entretenue, il ne faut pas en majorer l’importance. Certes, la manifestation de Chartres, en janvier 1933, avec la « prise » de la préfecture54, marque les esprits, mais il convient de ne pas se laisser entraîner par les plaidoyers pro domo ni par les seules archives de police. L’« Office central » de Landerneau en Bretagne a symbolisé l’alliance du syndicalisme agricole et d’une droite très conservatrice55. Avec des archives inédites, l’historien David Bensoussan a pu souligner l’ampleur du projet politique et social porté par la droite catholique bretonne sous la IIIe République56.
25Henri d’Halluin, dit « Henri Dorgères » est une figure de tribun rural qui a intéressé les historiens, tant il cristallisait par sa trajectoire la question d’un éventuel fascisme rural français57. Né dans le Nord, Dorgères est journaliste et commence à mobiliser les agriculteurs dans l’ouest de la France, en 1928, contre les assurances sociales, puis sous la forme de comités de défense paysanne, dotés d’un « bras armé » : les fameuses « chemises vertes ». Les disparités régionales restent très importantes, et le soutien des notables conservateurs est une clef importante des quelques succès locaux. Le Front paysan regroupe ces mouvements et trouve une part de sa dynamique en réaction aux conséquences pour l’agriculture de la politique de déflation menée à partir de décembre 1934.
26Mais au-delà de ces mobilisations plus ou moins extrémistes, le ministère de l’Agriculture est souvent entre les mains de modérés ou de radicaux – Isabel Boussard parle pour la IIIe République d’un « fief radical58 ». Henri Queuille en est le meilleur symbole, puisqu’il détient le record de longévité au ministère : entre 1924 et 1940, il est dix fois ministre rue de Varenne, pour une durée cumulée de près de sept ans59. Le médecin radical corrézien fort pondéré a su se faire apprécier.
27Les mobilisations parlementaires et partisanes ne résument pas les acteurs des politiques agricoles. La question du syndicalisme agricole est aussi particulièrement complexe durant la IIIe République. Comme cela a déjà été bien montré, il ne faut pas se laisser piéger par les « faux-semblants de l’unité60 » souvent proclamée dans les discours, mais qui cache un monde associatif complexe, évolutif et divisé. Installée rue d’Athènes à Paris, la Société nationale des agriculteurs de France se structure en 186761. Un de leurs dirigeants, en 1909, révèle leur idéologie :
« [les paysans] ont compris qu’il fallait pour les administrer avec désintéressement et les diriger avec intelligence des hommes offrant des garanties d’instruction et d’indépendance […], ces guides naturels que les circonstances ou le découragement avaient un instant écartés de leurs traditions de dévouement et de patronage. De leur côté, les propriétaires, ramenés dans leurs terres par la perte d’une carrière, par l’éloignement des fonctions publiques, par les difficultés de la vie […] ont senti à leur tour que leur situation privilégiée leur créait des devoirs particuliers et ils sont rentrés dans leur rôle social62 ».
28La « rue d’Athènes » connaît cependant une lente érosion, accélérée au cours des années trente avec la transformation des équilibres du syndicalisme agricole français.
29Face à elle, Gambetta encourage la création, en 1880, de la Société nationale d’encouragement à l’agriculture, dont Augé-Laribé écrit qu’« en face de la société des ducs et des marquis, elle a été la société des anciens et futurs ministres63 ». La Société d’encouragement aide à la structuration des associations agricoles républicaines en regroupant coopératives, caisses régionales de Crédit agricole, syndicats et mutuelles dans une Fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricole (FNMCA), qui s’installe « boulevard Saint-Germain » à Paris.
30Des syndicats locaux se forment dans les années 1880 et se développent par la suite, pour certains à une large échelle régionale64, dont l’Union du sud-est des syndicats agricoles65, mouvement conservateur fondé par des élites catholiques – l’un de ses leaders dans la Drôme, Gailhard-Bancel, organise un « contre-centenaire de la Révolution66 » en 1888. Ces syndicats régionaux se placent dans l’orbite de la « rue d’Athènes ». Après l’échec d’une ligue agricole, c’est la création, dans le cadre de la loi du 21 mars 1884, de l’Union centrale des syndicats agricoles en 1886, qui siège aussi rue d’Athènes67. Les chambres d’agriculture sont un des éléments de débat sur la représentation du monde agricole68. Créées par la loi du 20 mars 1851, non appliquée et remplacée par un décret-loi du 25 mars 1882, elles sont ensuite en sommeil, malgré des projets successifs (1884, 1900), avant les lois du 25 octobre 1919 et du 3 janvier 1924.
31Par ailleurs, même s’ils sont toujours restés minoritaires, il convient de ne pas oublier les syndicats, qui mobilisent les ouvriers agricoles et « utilisent contre le patronat agricole les moyens d’action du syndicalisme révolutionnaire69 ». Les tentatives socialistes et communistes de syndicalisme agricole sont quant à elles restées limitées, même si le Front populaire aide quelque peu à leur essor avec la Confédération nationale paysanne pour les socialistes et la Confédération nationale des paysans travailleurs pour les communistes70.
32Après la Première Guerre mondiale, un congrès de l’agriculture française se tient le 30 juin 1919, car, comme le note Augé-Laribé qui en est alors un des acteurs : « L’union sacrée du temps de guerre avait rendu possible un rapprochement, même une communauté d’action des associations agricoles qui auparavant s’opposaient71. » La Confédération nationale des associations agricoles (CNAA) est ainsi formée. Mais elle porte bien son nom de confédération, car les associations qui en sont membres tiennent chacune à leur personnalité, et la CNAA reste une organisation dénuée de moyens, dont la disparition tardive ne doit pas cacher le rapide échec.
33Les années vingt sont aussi celles du développement d’un syndicalisme spécialisé par produit. Un nouveau mouvement syndical prend de l’essor et change le paysage du syndicalisme agricole français avec l’essor de l’UNSA. Un commentateur la présente comme la « branche vigoureuse, jadis détachée comme rejeton “fougueux” du tronc ancestral : la Société des Agriculteurs de France72 ». L’UNSA a profité de la perte de vitesse de « la rue d’Athènes », renforcée par la crise de sa caisse de Crédit agricole73. Réuni contre la politique du Front populaire, le congrès de Caen, en mai 1937, est présenté comme « l’acte symbolique de la “refondation” du syndicalisme agricole entreprise par les équipes dirigeantes de l’UNSA. Grand-messe professionnelle et corporatiste, préparé avec soin, il regroupe plus de 1 500 délégués venus de tout le pays74 ». Lors de ce congrès, Jacques Le Roy Ladurie, secrétaire général de l’UNSA75, s’enflamme contre le marxisme ; Hervé de Guébriant se fait l’apôtre du corporatisme76 ; la thématique majeure est alors celle d’une « France [qui] trahit ses paysans77 » ; le délégué général Rémy Goussault fait l’éloge du « fait paysan » et de cette nouvelle mobilisation syndicale78.
34Enfin, sur un autre plan, il faut signaler le développement progressif des coopératives agricoles et du Crédit agricole. Si l’on met à part les coopératives laitières, fromagères et viticoles, la plupart des coopératives sont liées à des organisations syndicales79. La structuration du Crédit agricole relève alors nettement des réseaux politiques radicaux80.
III. Acteurs et enjeux du marché du blé
35Dans le cadre de cette politique agricole, le blé occupe une place à part pour deux raisons : il est l’élément majoritaire de la production française81 et il est lié à l’enjeu du pain, élément de base de l’alimentation du pays. Ses différents acteurs sont cependant mal connus, même si l’on perçoit vite les intérêts opposés entre producteurs, négociants, meuniers, boulangers et consommateurs. Avant la Première Guerre mondiale, deux questions cristallisent les débats : le protectionnisme douanier très développé et très critiqué d’une part, l’organisation de la bourse du commerce d’autre part. Le marché du blé subit comme les autres produits agricoles la crise multiforme ouverte dans les années 1880, mais avec quelques spécificités liées aux transformations du négoce et à l’arrivée des blés de nouveaux pays exportateurs.
« Soustraire, dans la mesure du possible, la fixation des cours du blé aux caprices de la spéculation, et, sans prétendre supprimer tout intermédiaire, écarter les influences étrangères au véritable commerce, tel est le but du Congrès82. »
36Ainsi s’exprime Alfred Paisant au congrès de la vente du blé tenu à Versailles en juin 1900. Dans ces mêmes années, un commentateur du marché du blé conclut :
« De l’ensemble des faits que nous venons d’exposer se dégagent trois causes principales de la mévente des blés : 1° Nous sommes mal renseignés et sur notre production et sur les prix pratiqués dans les marchés, et ainsi nous ne pouvons régler ni nos importations ni la répartition de nos produits sur l’ensemble du territoire – d’où l’instabilité des cours par manque d’équilibre entre l’offre et la demande. 2° L’instabilité des cours est particulièrement aggravée, les prix sont avilis et les agriculteurs mis dans l’impossibilité de profiter de la hausse : a. Par le mécanisme de l’admission temporaire et le trafic des acquits-à-caution, b. Par le jeu des marchés fictifs. 3° Les agriculteurs isolés sont pressés de vendre immédiatement leur récolte : ils en encombrent le marché tous au même moment, d’où baisse inévitable des prix. Les intermédiaires seuls profitent des hausses qui se produisent ensuite. Double cause d’appauvrissement pour l’agriculteur : il ne vend jamais cher son blé, et achète toujours cher son pain83. »
37Avant les années trente, le stockage des grains reste encore limité à des magasins, et le développement des silos est à venir84. Le monde des marchands de grains, négociants et courtiers n’a pas fait l’objet d’études historiques pour la première moitié du xxe siècle, alors qu’ils se transforment nettement. Un rapport du conseil national économique en 1933 indique par exemple :
« Jusqu’à une époque récente, les principaux opérateurs étaient les négociants en grains, qui ramassaient le blé dans les campagnes lors de la Saint Michel, le stockaient et passaient avec la meunerie des marchés à livrer sur plusieurs mois. Leur bénéfice était constitué par la différence entre le cours “culture” auquel ils achetaient et le cours “commerce” auquel ils revendaient. Aujourd’hui, beaucoup d’opérations se font par l’entremise des courtiers, intermédiaires habituels entre acheteurs et vendeurs. Sur le marché de Paris, les courtiers assermentés établissent une cote officielle qui exprime en prix de blé disponible, rendu à Paris et d’un poids spécifique déterminé, les prix établis pour des blés vendus dans des conditions variables85. »
38L’évolution de la profession meunière n’est pas non plus bien connue. On dispose d’éléments partiels, souvent liés à l’archéologie industrielle86. Après la Première Guerre mondiale, la mutation majeure est la constitution de groupes et d’installations nouvelles et gigantesques avec les grands moulins de Pantin87 et ceux de Paris88. Des modifications se produisent aussi en province et sont redoublées avec la crise des années trente89. Les mutations techniques conduisent à une surcapacité d’écrasement et à une forte transformation de la profession90. Le monde de la boulangerie française reste quant à lui tributaire des taxes nombreuses sur le pain91. Les variations de la consommation de pain commencent alors à être un objet de polémiques92.
39Enfin, il faut signaler le large débat, au tournant des xixe et xxe siècles, sur les warrants agricoles qui touchent à la question de l’organisation du marché du blé par la capacité de financement. L’idée consiste à pouvoir offrir une garantie réelle pour recourir au crédit. La loi de 1898, même révisée en 1906, reste cependant un échec malgré de longues discussions parlementaires. En effet, l’idée était de gager les produits mobiliers des exploitations agricoles, et notamment les récoltes demeurées sur les terres ; or, les emprunteurs manquent de confiance devant une telle procédure, et la Banque de France se montre réservée face au réescompte des warrants agricoles93.
40Dès les années 1880, certaines voix se font entendre pour ne pas penser l’avenir de la production agricole qu’à travers les tarifs douaniers94. Il n’en reste pas moins qu’avant la Première Guerre mondiale, le protectionnisme constitue bien le principal instrument de politique agricole95. Les recherches historiques les plus récentes sur le protectionnisme se sont surtout intéressées à la première moitié du xixe siècle et peu aux tarifs douaniers de la fin du siècle96. Le tarif Méline est une pièce majeure de la législation économique du xixe siècle, tenu par un historien pour « une part de la loi économique fondamentale de la IIIe République97 ». Les études ont été nombreuses à s’intéresser à la préparation du tarif français, et surtout à ses conséquences pour l’agriculture et l’économie dans son ensemble98. L’histoire de la politique française s’inscrit alors dans une dynamique mondiale99.
41Le débat sur le protectionnisme et le pain cher est relancé au début du xxe siècle avec la préparation de la révision du tarif et des débats entre économistes. À cette occasion, un économiste libéral dénonce la situation :
« Les économistes ont dit encore qu’on ne pouvait s’arrêter dans la protection, et qu’elle était un engrenage sans fin, qu’en excitant artificiellement la production intérieure, elle amènerait la baisse des prix des produits protégés, et pourrait même conduire à l’avilissement. C’est ce qui est arrivé dans plusieurs cas. La protection frappe d’abord plus ou moins durement les consommateurs, puis elle devient inefficace pour les producteurs qui alors sollicitent une protection nouvelle. Les protectionnistes n’ont pas à se glorifier de ce que les prix ont baissé malgré la protection. Ce qu’ils avaient promis, ce n’était pas des bas prix, c’était des hauts prix ; ce qu’ils promettent encore à leurs clients, ce sont des hauts prix. Quoi qu’ils puissent dire, leur politique passée était la politique du pain cher ; si le pain n’est pas cher, c’est parce que leur système a fait à cet égard faillite. Leur politique présente est encore la politique du pain cher ; sinon elle n’existerait pas100. »
42Au-delà des débats entre économistes sur le protectionnisme, c’est bien l’enjeu de l’arbitrage politique sur le prix du pain et le prix du blé qui est déterminant durant cette période, élément structurant des enjeux qui marquent les politiques agricoles françaises.
« Les mêmes passions agrariennes, le même désir de juguler la Bourse des marchandises dans l’espoir de mettre un terme à la baisse des produits agricoles, se sont d’ailleurs manifestées en France vers la même époque qu’en Allemagne. C’est à cet ordre d’idées et de sentiments qu’il faut attribuer les projets parlementaires […]. Mais quoique ces travaux […] fussent des œuvres considérables […] aucun d’eux ne put jamais venir en discussion devant les Chambres101. »
43Ainsi s’exprime dans sa thèse de droit l’un des bons connaisseurs du dossier avant la Première Guerre mondiale. La Bourse de commerce de Paris102 est en effet au cœur de nombreux débats qui mettent en cause le monde agricole et celui du négoce. Une même problématique s’applique aux États-Unis avec la fameuse spéculation sur les blés en 1898 à Chicago103. Le débat en France traverse en fait tout le xixe siècle et concerne les définitions même de la spéculation et de l’accaparement104.
44Le bâtiment de la rue du Louvre qui accueille la Bourse de commerce est inauguré le 24 septembre 1889, après avoir été réclamé depuis 1880 par les négociants. Il transforme le vieux bâtiment de la halle au blé construit en 1762105. Les marchés à terme avaient été autorisés par la loi du 25 mars 1885. Cette mise en garde de 1889 se retrouve au tournant du siècle, et le débat est alors international106. La liste des reproches contre les bourses de commerce est longue : un effet dépressif du marché à terme, l’influence des spéculateurs sur le prix des marchandises, l’assimilation des marchés devant se résoudre par le paiement de différences à des actes de jeu, la passion du jeu dans les classes les plus diverses de la société, l’insuffisante définition de la qualité des marchandises livrables et livrées sur le marché à terme, l’abus dans la commission de bourse, la fixation de cours inexacts. Pour les projets de réforme, l’un des soucis majeurs est bien de savoir « comment écarter les joueurs107 » ; l’autre est celui de l’éventuelle présence de représentants d’agriculteurs au syndicat des commerçants en blé.
45De manière notable, les débats parlementaires des années 1896-1898 montrent déjà la puissance des soutiens du monde agricole. Alors que les prix du blé varient nettement, la question du prix du pain est aussi posée. Comme le résume une brochure cosignée par un député et un avocat : « Les gros agriculteurs lui ont reproché la dépréciation qui atteignit leurs produits de 1875 à 1896 : depuis la reprise des cours, on lui impute, au nom des consommateurs, la cherté croissante de la vie108. »
46La Chambre déclare l’urgence sur certaines propositions de loi et crée une commission spéciale sur le sujet, dont le rapport arrive trop tard pour être discuté avant la fin de la législature ; en 1898, la nouvelle Chambre déclare également l’urgence sur une proposition de loi redéposée109. Mais la discussion parlementaire est bloquée110. Des krachs sur les sucres en 1905 amènent le ministre du Commerce à nommer une commission extraparlementaire, mais qui ne fut pas réunie111 ! Les spéculations sur le sucre en 1910 font à nouveau scandale112, et cette fois-ci la commission extraparlementaire est réunie et tient 23 séances entre le 28 octobre 1910 et le 19 décembre 1911113. On reproche à la Bourse de commerce de « fabriquer de la misère114 ». Aucune grande loi n’est votée, mais des articles de la loi de finances et un décret de juin 1913 réforment lentement son fonctionnement115. Le nouveau système progressivement mis en place durant les années 1911-1913 n’est finalement quasiment pas appliqué, car le marché est fermé à la déclaration de guerre, rouvert progressivement en 1921 et seulement en 1924 pour les blés116. Les projets de réforme de la Bourse du commerce se poursuivent et sont portés par différentes parties du spectre politique117. Certes, à l’inverse, on trouve toujours des défenseurs pour souligner :
« le Marché à terme est un élément de pondération des prix qui évite tous les excès, il est la représentation aussi effective que possible de la loi de l’offre et de la demande, puisque les ordres qui y parviennent arrivent de toutes les régions du pays et que les affaires auxquelles ces ordres donnent lieu se traitent à des cours forcément nivelés, au vu et au su de tout le monde118 ».
47Juste avant la guerre, la question du blé est liée à la question du prix du pain et à la thématique de la vie chère119. Une crise de vie chère éclate autour de 1910-1911, avec une campagne de presse en 1910 et des émeutes, surtout dans les départements du Nord, en 1911120. Cette crise est mal connue et a été en priorité analysée sous l’angle syndical121. Elle pose la question de l’organisation des consommateurs122. À l’été 1912, une nouvelle crise du blé suscite des débats politiques. Un rapport de l’Office de renseignements agricoles du ministère de l’Agriculture reconnaît :
« la crise de la “Vie chère”, qui figure depuis quelques années au premier rang des phénomènes de la vie économique mondiale, a provoqué, au cours des deux dernières années les vives appréhensions de la masse des consommateurs et surtout celles de la classe ouvrière123 ».
48Parmi les multiples causes de cette « vie chère » que liste ce rapport, il est noté :
« les hauts cours pratiqués sur le marché du blé en France depuis près de deux années ont soulevé les vives protestations de la classe ouvrière, qui a facilement admis la thèse d’après laquelle l’agriculture et le régime douanier actuel sont considérés comme seuls responsables de la situation présente124 ».
IV. Un nouveau rôle pour l’État en guerre
49Les importants renouvellements historiographiques qui ont eu lieu ces vingt dernières années sur l’histoire de la Première Guerre mondiale ont laissé un peu à la marge les questions économiques et sociales125. Ainsi, on doit se référer à des travaux anciens pour parler de l’agriculture126. Sur la question des blés, la période est cependant importante et pour plusieurs raisons : les crises de « vie chère » et la question du ravitaillement se posent en de nouveaux termes et oblige l’État à intervenir directement sur les marchés. Le spécialiste des Finances publiques Gaston Jèze note ainsi :
« le bouleversement économique causé par la guerre a entraîné fatalement la constitution de services publics nouveaux : en particulier, les services du ravitaillement de la population civile (blé, sucre, viande, etc.) ; l’État est devenu un acheteur unique sur tous les marchés du monde, pour revendre à la population civile127 ».
50D’après les statistiques de douane, la France importe de grandes quantités de blés durant le conflit.
51Dans cette situation tendue, la Première Guerre mondiale apporte de nouvelles ruptures pour la culture et le commerce du blé. D’un point de vue administratif, l’organisation du ravitaillement pendant la guerre est rattachée à différents ministères128. Ces postes sont tenus respectivement par Joseph Thierry, Édouard Herriot, Maurice Viollette129, Maurice Long, Victor Boret130, Joseph Noulens, Ernest Vilgrain131 et Robert Thoumyre. Mais l’administration du Ravitaillement connaît des continuités de ses responsables. En novembre 1917, quand les socialistes attaquent le gouvernement, l’un d’entre eux, Lucien Voilin, déclare à la Chambre :
« M. le ministre nous répond à chaque instant que tel ou tel fait ne s’est pas passé, que telle ou telle mesure n’a pas été prise sous son ministère. Quant à nous, il nous importe peu de savoir quel est le ministre en fonctions : nous savons très bien que ce qui reste en fonctions, c’est l’administration et les chefs de ces services. Nous pouvons bien dire publiquement qu’à la tête de l’administration du ravitaillement, depuis trois ans, il y a toujours M. Chapsal ; que c’est lui qui depuis trois ans est le véritable ministre du Ravitaillement. Ces directeurs et chefs de service des grandes administrations sont les véritables responsables de l’anarchie où nous sommes132. »
52Augé-Laribé explique la logique générale de la politique menée pour le blé :
« Une considération a dominé notre politique agricole pendant toute la première partie de la guerre, celle d’épargner aux consommateurs une sensible élévation des cours. En particulier on a voulu avec ténacité maintenir immuable le prix du pain. Sa qualité a été modifiée, on y a introduit toutes sortes de succédanés, on en a limité la consommation, on a interdit la vente du pain de fantaisie et imposé celle du pain rassis, on l’a vendu à perte aux frais de l’État, mais son prix n’a presque pas bougé. Le ministre de l’Intérieur a été délivré des soucis que lui aurait donnés le spectre effrayant du pain cher. Cependant les difficultés dont il se débarrassait ainsi, il les a passées aux ministres de l’Agriculture, du Ravitaillement et des Finances. Il est vrai que lorsque le gouvernement s’est engagé dans cette voie, il ne pouvait prévoir jusqu’où elle le conduirait133. »
53Préfets et maires sont les organisateurs du ravitaillement, aidés par les chambres de commerce134. Mais, en 1915, la situation est plus difficile ; la loi du 16 octobre autorise la réquisition du blé et de la farine et le service du ravitaillement peut importer directement des blés. La circulaire aux préfets du 17 octobre déclare que le droit de réquisition est général et englobe les blés indigènes et les blés exotiques au prix maximum de 30 francs le quintal135. Concernant le montant de la taxe, les choses se compliquent vite, comme le note Augé-Laribé :
La loi du 29 juillet 1916 avait cru s’en tenir au prix de 33 francs ; 36 francs, avait dit le décret du 8 avril ; 50 francs ! proclame celui du 13 juillet 1917. On croirait assister à des enchères au cours d’une adjudication. […] Malheureusement, ce prix de 50 francs lui-même ne tarde pas à devenir insuffisant et on aurait pu le prévoir, puisque rien, d’autre part, n’empêche les conditions de la production d’empirer. […] Ces prix eux-mêmes devaient être encore dépassés. La hausse des prix s’étant encore aggravée après la fin de la guerre, la taxe du blé a été portée à 100 francs136. »
54Par ailleurs, la loi du 25 avril 1916 fait passer le taux d’extraction de la farine de 74 à 77 %, dépréciant ainsi nettement la qualité du pain. La loi du 29 juillet 1916 soumet les meuniers à un service d’inspection et les oblige à tenir un registre des entrées de grains et des sorties de farine, et cette même loi amène le taux de blutage de 77 à 80 %137. La loi du 20 avril 1916 permet de taxer des denrées autres que le blé, en particulier le sucre, le café, les huiles et les essences de pétrole138. La loi du 7 avril 1917 relative à la taxation du blé permet d’assouplir le système avec une taxation par décret qui dispense de la procédure législative139. Un décret du 3 août institue un carnet familial mentionnant les rations allouées à chaque personne et, à partir du 1er avril 1918, des cartes individuelles sont établies, tandis que des décrets (12 février et 2 avril 1918) réglementent la fabrication des diverses sortes de pain140.
55Le décret du 31 juillet 1917 constitue un office central des céréales et un comité central de la meunerie. Comme l’écrit un docteur en droit à propos de l’État : « Il devint monopoleur141 ». Des offices départementaux des céréales sont aussi créés, dans lesquels siègent, outre le préfet, un ou plusieurs négociants en grains, un meunier, des membres du conseil général, un officier du service de l’intendance, un médecin hygiéniste, un boulanger et un représentant d’une société coopérative. Dans chaque office, un bureau permanent est la cheville ouvrière de l’administration. Par ailleurs, avec le décret du 3 août 1917 réglementant le régime de la boulangerie et la consommation du pain, Maurice Viollette se donne un instrument pour le rationnement142. Une autre étape est franchie avec la loi du 10 février 1918, qui donne de larges pouvoirs à Clemenceau, puisque des décrets peuvent, pendant la durée de la guerre et pendant les six mois suivant la fin des hostilités, « réglementer ou suspendre, en vue d’assurer le ravitaillement national, la production, la fabrication, la circulation, la vente, la mise en vente, la détention ou la consommation des denrées servant à l’alimentation de l’homme et des animaux ».
56Analysant la politique poursuivie en matière de contrôle du blé, un fonctionnaire écrit :
« L’ensemble de ces mesures représente, si l’on peut dire, le type le plus parfait de l’étatisme. C’est la mainmise complète de l’État sur la production, la fabrication et la consommation. […] C’est une révolution économique, c’est – disons le mot – du socialisme. Les mots ont-ils d’ailleurs aujourd’hui le même sens qu’avant la guerre ? Cette expérience très nette d’étatisme a été pleinement justifiée par les circonstances exceptionnelles nées de la guerre143. »
57L’ampleur des dispositifs légaux conduit un auteur à publier un guide pratique de cette législation pour s’y repérer, inaugurant d’une pratique qui est une constante par la suite pour se désenchevêtrer de textes toujours plus touffus144.
58À partir des archives parlementaires, l’historienne Fabienne Bock souligne :
« l’importance réelle et symbolique du blé, à une époque où le pain reste l’aliment de base, se combine avec la méfiance envers les “gros” – minotiers et importateurs de céréales en l’occurrence – et avec l’antisémitisme latent qui lui est lié, pour faire des contrats passés avec la maison Louis-Dreyfus, d’une part, avec l’administrateur-délégué des Grands Moulins de Créteil, Lucien Baumann, d’autre part, le sujet de nombreuses controverses145 ».
59Les approvisionnements en blé se font alors avec des préoccupations tout à la fois géopolitiques et financières, comme le montrent les achats à la Russie ou à l’Argentine146. Ces contrats internationaux ne semblent pas toujours se faire dans la facilité. Ainsi, la maison Louis-Dreyfus est violemment mise en cause dans la presse et répond de ses actions du début de la guerre devant la commission des marchés de la Chambre des députés147. Ce commerce international des céréales durant le conflit se fait dans un contexte marqué par la guerre économique, le blocus148 et des négociations interalliées pour les approvisionnements. C’est le ministre du Commerce Étienne Clémentel qui est actif sur ce dossier et qui s’en fera l’historien149. Une conférence se tient en juin 1916, les négociations reprennent et aboutissent en fin d’année, avant de nouvelles négociations à l’automne 1917. Un Wheat Executive est créé le 29 novembre 1916150.
V. La difficile démobilisation
60À la sortie de la guerre, le débat sur la vie chère reprend en mobilisant le monde ouvrier à Paris comme en province151 et également à l’échelle européenne. La question est aussi un objet de réflexion pour les économistes152. Ces émeutes se traduisent dans des mesures comme la loi contre la spéculation illicite sur les loyers153. Augé-Laribé décrit le lent démantèlement des dispositifs de la guerre et constate :
« parmi les trop belles illusions que firent naître les cloches de la victoire chantant dans tous les clochers, bien des consommateurs et des producteurs accueillirent ingénument l’espoir que les restrictions, les réglementations, toutes les tracasseries administratives du ravitaillement allaient cesser d’un jour à l’autre154 ».
61Il souligne qu’avec l’arrivée au ministère de Noulens en juillet 1919, « les difficultés du ravitaillement alimentaire se présentent sous un nouvel aspect. Si l’on ne craint plus la disette depuis que l’on peut de nouveau faire appel à l’étranger, les consommateurs considèrent avec effroi la crue quotidienne des prix. La concurrence ne s’établit pas, tous les commerçants abusent de l’affolement qu’ils entretiennent dans leur clientèle et annoncent de nouvelles hausses. La réouverture du marché international a pour conséquence de faire constater la dépréciation de la monnaie dont on ne s’était presque pas aperçu au cours de la guerre. Désormais les journaux vont ouvrir une rubrique de la vie chère à laquelle la matière ne manquera pas155 ».
62Augé-Laribé précise encore que la loi du 9 août 1920 relative à l’alimentation nationale en pain maintient le principe des achats amiables, ou à leur défaut des réquisitions par les préfets pour le blé. Le décret du 12 août fixe le prix du quintal à 100 francs :
« Cent francs le quintal de blé ! Ce prix, qui n’avait jamais été enregistré depuis que l’on établit des statistiques agricoles, a naturellement provoqué de furieuses protestations dans les milieux où l’on défend l’intérêt des consommateurs sans se préoccuper de rendre justice aux producteurs. On l’a trouvé exagéré. On a cru qu’il s’expliquait surtout par le désir du ministre de l’Agriculture de poursuivre enfin une politique d’encouragement à la production. En réalité, il correspondait à peine à l’accroissement énorme des prix de revient156. »
63Après délibération du Conseil des ministres, est créée par décret du 19 février 1920 une commission centrale d’études relatives au coût de la vie qui dépend du ministère du Travail (statistique générale de la France et service d’observation des prix)157.
64D’un point de vue législatif, les dispositifs se succèdent dans la première moitié des années vingt158. Le projet de loi relatif à l’alimentation nationale en pain présenté par les ministres du Commerce et de l’Industrie, des Finances et de l’Agriculture en juin 1920 aboutit au vote de la loi du 9 août159. Cette loi et celle du 5 mai 1921 rétablissent la liberté commerciale et la libre circulation des céréales et des farines à l’intérieur du territoire160. Un docteur en droit sait gré au « gouvernement d’avoir refusé de rétablir la liberté au cours de l’année 1920, car la hausse formidable du marché extérieur aurait eu une répercussion trop forte sur le marché national, étant donné le gros déficit de notre production à cette époque. Une hausse aussi forte et surtout aussi brusque aurait pu avoir de fâcheuses conséquences sur la paix sociale, surtout à ce moment où les partis révolutionnaires faisaient de si violents efforts pour la troubler161 ». Le grand propriétaire de Vogüé publie un article dans lequel il déclare que l’« on ne peut pas sérieusement prétendre que les agriculteurs soient responsables du renchérissement de la vie162 ». Le débat se poursuit aussi dans les pages de la Revue politique et parlementaire, où se répondent différents acteurs du marché du blé163.
65Le président du Conseil, Raymond Poincaré, nomme Henry Chéron comme ministre de l’Agriculture en janvier 1922, et si celui-ci défend les agriculteurs et l’augmentation des prix, il est vite surnommé « Chéron vie chère164 ». Une proposition de loi déposée en octobre 1921165 est pour partie reprise par le gouvernement dans un projet de loi du 16 février 1922 « réglant les pouvoirs des préfets en matière de taxation de certaines denrées alimentaires ». La meunerie réagit vivement à ces mobilisations parlementaires qui l’accusent de favoriser la vie chère, s’estimant victime innocente de ces attaques. L’Association nationale de la meunerie française publie même une brochure en décembre 1922 pour réfuter les accusations portées contre la meunerie166. Le projet est adopté par la Chambre en décembre 1922, puis par le Sénat en août 1924. Ainsi, la loi du 31 août 1924 règle les conditions de la fixation du prix limite des produits de la mouture du blé en donnant ce rôle au préfet et à une commission consultative167.
66La chambre de commerce de Paris se saisit du dossier à l’automne 1924 et, sous la plume de son spécialiste de ces questions, fait entendre une voix nettement libérale168. Le rapport de Pierre Fournier pose les enjeux qui sont ceux des années vingt pour le blé et le pain :
« La préoccupation constante des pouvoirs publics pendant et depuis la guerre a été de ne pas laisser la question du pain quotidien prendre, au regard de la masse des consommateurs, une tournure que certains, par trop intéressés parfois, prétendent devoir devenir tragique. Nous sommes persuadés que si on dégageait la question du pain des conceptions parasites qui l’encombrent ou la déforment, la solution en serait, sinon aisée, tout au moins plus facile. Mais, à l’heure actuelle, la position du débat est la suivante : d’une part, le gouvernement tient à avoir, pour les consommateurs, le pain à bon marché ; mais, d’autre part, il tient tout autant à avoir, pour contenter les cultivateurs, le blé cher. »
67Rappelant les mesures prises, il note, sévère :
« Malgré, et peut-être à cause de cette réglementation touffue, aucun succès ne couronna les efforts des pouvoirs publics, et le blé et le pain subirent la loi inéluctable : les prix ont marqué une constante ascension. […] Jamais, dans le passé, les contraintes imposées au commerce n’ont fait baisser le prix du pain ; nous sommes persuadés qu’il en sera de même à l’heure actuelle et les “partisans du pain cher” ne sont pas ceux qui critiquent les mesures inefficaces du législateur, mais bien au contraire ceux qui les lui imposent. »
68Dans ce contexte, se tient en janvier 1923 la « semaine nationale du blé169 », une initiative patronnée par les ministres de l’Agriculture et du Commerce, par l’Association nationale d’expansion économique et par les organes s’occupant du commerce extérieur. Son objectif est de « rechercher les moyens de produire en France (avec le complément de l’Afrique du nord) tout le blé nécessaire à la consommation ménagère et aux usages industriels, puis de faire apparaître (par des études communes entre producteurs, techniciens, meuniers, boulangers) les meilleurs blés susceptibles de répondre aux diverses exigences du marché national170 ».
69Georges Lefebvre donne, dans la Revue politique et parlementaire, un court résumé de son rapport général, dans lequel il explique :
« dans une question qui touche à plusieurs professions, elle institue une discussion à la fois pratique et scientifique entre tous les intéressés. […] Il faut bien constater que l’une des raisons de notre infériorité c’est que tous ces intérêts se sont jusqu’à présent combattus au lieu de s’entraider. De la désunion naît la faiblesse171 ».
70Le ton est ambitieux et au-delà de produire assez pour la consommation nationale, l’objectif est de pouvoir exporter. Lefebvre déclare : « Nous pouvons devenir le grenier de l’Europe occidentale172. » Au-delà des grands discours, un comité central du blé et du pain est créé après cette semaine nationale du blé, mais dont l’activité nous reste assez méconnue173. Avec de tels projets productivistes, la situation pouvait risquer de devenir difficile en cas de surproduction française jumelée avec une crise mondiale.
71La crise du ravitaillement durant la Première Guerre mondiale et les types d’intervention de l’État sont déterminants pour comprendre certains débats des années trente et de la Seconde Guerre mondiale174. Le membre du Conseil d’État Roland Maspétiol note, dans sa synthèse sur la France rurale, que « la Première Guerre mondiale donne naissance à un ordre nouveau, précipite des évolutions qui se dessinaient, modifie les équilibres internes de la nation et le rapport des productions agricoles entre les continents175 ». La phase de démobilisation est certaine, mais avec la crise de la vie chère, les institutions du ravitaillement mettent du temps à disparaître. Il est certain que, pour les questions agricoles, le conflit mondial a permis l’expérimentation de toute une série de mesures que le pouvoir politique (parlementaire, exécutif et administratif) a l’occasion de réutiliser durant l’entre-deux-guerres. Cette modification de la politique agricole se fait de plus à partir des années vingt, dans un moment où le paysage du syndicalisme agricole français se modifie, et où, progressivement, les acteurs du marché du blé eux aussi évoluent. Certes, les débats sur le protectionnisme douanier et sur la bourse de commerce se prolongent et s’enveniment même durant l’entre-deux-guerres, mais la transformation de la meunerie et la mobilisation des céréaliers marquent des évolutions majeures qui ont des conséquences sur les politiques menées.
VI. Des sources diversifiées
72Comprendre l’élaboration de la politique agricole française et en particulier pour le blé pose un problème pour l’historien de la première moitié du xxe siècle, dès lors que les archives ministérielles conservées sont très lacunaires. Certes, la politique ne se prépare pas dans le seul ministère qui lui est dédié, et de nombreuses autres archives ont été décisives dans notre démarche de recherche. La question ici n’est pas qu’archivistique, mais a des effets historiographiques. Pour comprendre la politique du blé et les différentes lois qui la mettent en œuvre, on se confronte à la nécessité de décloisonner notre objet. Si la régulation du marché du blé sur la période s’incarne dans des lois importantes et dans une institution, elle ne s’y réduit pas. L’histoire d’une institution ne se réduit d’ailleurs pas davantage aux archives qu’elle a produites. Le caractère initial défavorable des ressources documentaires sur ce sujet oblige donc à construire l’objet d’une manière à en repérer des dimensions moins visibles mais tout aussi révélatrices. La réflexion sur l’élaboration d’une politique passe donc par la compréhension de débats intellectuels, de conflits d’intérêts, de luttes d’influences, de travail parlementaire en amont du vote des lois, puis de luttes d’interprétations, d’applications difficiles, de révisions successives en aval de la promulgation de la loi.
73D’autres fonds ministériels ont pu donner des éclairages sur certains dossiers déterminants pour la compréhension de l’application de cette politique. La présidence du Conseil, qui prend une importance réelle durant les années trente, suit aussi le dossier de près. Mais les lois sont, sous la IIIe République, surtout préparées au Parlement, et les archives des différentes commissions sont précieuses pour suivre au plus près les débats en amont des séances à la Chambre des députés ou au Sénat176. Compte tenu des enjeux financiers de cette politique du blé, les archives du ministère de l’Économie177 et celles de la Banque de France178 ont bien complété l’information du sujet. Les archives de l’Office du blé ont longtemps été un objet incertain, avant que ne soit rendue accessible la collection des procès-verbaux des différentes instances de l’Office pour ses premières années d’existence. L’échelle départementale n’a pas fait l’objet d’une enquête, même si l’on a consulté ponctuellement quelques sources.
74Peu d’archives privées ont été mobilisées. Le cas le plus important est celui de l’AGPB, mais encore ne s’agit-il que de la collection de leurs publications. L’autre gisement archivistique majeur concerne les archives de la chambre de commerce de Paris, qui ont permis une bonne compréhension des enjeux entourant la Bourse de commerce et les spéculations sur les blés. Les papiers de Pierre-Étienne Flandin, déposés à la Bibliothèque nationale, ont aidé à préciser quelques éléments. Des acteurs de premier plan des politiques agricoles n’ont hélas laissé, semble-t-il, aucun document. Enfin, des sources imprimées très nombreuses ont été mobilisées. Les différentes séries du Journal officiel de la République française constituent bien sûr un instrument privilégié pour l’histoire politique. On a également eu recours aux rapports du Conseil national économique, puis du Conseil économique, ainsi qu’au recueil des arrêts du Conseil d’État. La presse de l’époque, mais aussi et surtout les nombreuses revues et publications professionnelles ont été dépouillées, permettant de suivre au plus près les différentes tendances du syndicalisme agricole et de comprendre les oppositions entre meuniers, négociants, céréaliers, coopérateurs et boulangers. On a également consulté les publications liées à des congrès syndicaux ou politiques. De nombreux livres et articles contemporains de la période étudiée sont en outre utilisés comme source. Il faut faire, dans cette masse, une place à part aux très nombreuses thèses de droit qui touchent à notre sujet179. Documentation particulière, ces travaux sont de valeurs scientifiques très inégales, mais aident à percevoir la nature des débats juridiques et économiques sur une question à un moment donné. Leur multiplication sur un sujet est toujours un indice de l’intensité du débat, et certaines thèses peuvent proposer des analyses tout à fait remarquables, ce qui explique que l’on y fasse référence.
75Comprendre la création et le fonctionnement de l’Office du blé nécessite donc de comprendre comment on a tenté de résoudre politiquement la crise agricole en France à partir de la fin des années vingt. On l’analyse dans les trois chapitres de la première partie, consacrés respectivement au « problème du blé », aux hésitations d’une politique et à la loi du 10 juillet 1933 instaurant un prix minimum. L’expérience de l’Office du blé de 1936 à 1939 est au cœur de la seconde partie, qui s’organise en trois chapitres : l’analyse de la rupture politique voulue par le Front populaire, la mise en place d’une nouvelle administration, le devenir incertain de l’institution avec les luttes autour de la fixation du prix annuel180.
Notes de bas de page
1 M. Augé-Laribé, La politique agricole de la France de 1880 à 1940, Paris, PUF, 1950, p. 3. Sur l’auteur, cf. I. Boussard, « Michel Augé-Laribé (1876-1954) et l’économie politique rurale », Économie rurale, 248, novembre-décembre 1998, p. 4‑12.
2 M. Augé-Laribé, La politique agricole de la France…, op. cit., p. 9.
3 Cf. R. Régnaud, La politique française du blé des origines à nos jours, thèse de doctorat en sciences économiques, Université de Lyon, 1953 ; D. Margairaz, « L’office du blé, une innovation socialiste en régime capitaliste », Œconomia, Cahiers de l’ISMEA, série PE ; Histoire de la pensée économique, 4, 1985, p. 37-55 ; E. Lynch, Moissons rouges. Les Socialistes Français et la Société Paysanne durant l’entre-deux-guerres (1918-1940), Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2002 ; S. L. Kaplan, Le pain maudit. Retour sur la France des années oubliées 1945-1958, Paris, Fayard, 2008 ; et, pour une mise en perspective historiographique, cf. A. Chatriot, E. Lynch, « Introduction », in A. Chatriot, E. Leblanc, E. Lynch (dir.), Organiser les marchés agricoles. Le temps des fondateurs, des années 1930 aux années 1950, Paris, Armand Colin, 2012, p. 9-23.
4 Cf. A. Bonjean, W. J. Angus (eds.), The World Wheat Book: A History of Wheat Breeding, Londres, Paris, Intercept, Tec & Doc, 2001 ; A. Bonjean, W. J. Angus, M. van Ginkel (eds.), The World Wheat Book: A History of Wheat Breeding, vol. 2, Paris, Tec & Doc, Lavoisier, 2011.
5 Cf. M. Baumont, Le blé, Paris, Presses universitaires de France, « Que sais-je ? », 1949 [1943], p. 9.
6 S. L. Kaplan, « La tyrannie des céréales, ou petite esquisse d’une très brève histoire de la régulation dans la filière blé-farine-pain circa 1750-1960 », in A. Chatriot, E. Leblanc, E. Lynch (dir.), Organiser les marchés agricoles…, op. cit., p. 27-49.
7 S. L. Kaplan, Le pain maudit…, op. cit., p. 89.
8 Cité in M. Baumont, Le blé, op. cit., p. 60. Cf. D. Cohen, « Le débat sur le commerce du blé (1768-1775) : formes et porteurs légitimes de la rationalité en question », Révolution française.net, Études, mis en ligne le 2 décembre 2006 (http://revolution-francaise.net/2006/12/02/85-debat-commerce-ble-1768-1775-porteurs-legitimes-rationalite). Dans une autre perspective : B. E. Harcourt, The Illusion of Free Market: Punishment and the Myth of Natural Order, Cambridge, Harvard University Press, 2011.
9 E. P. Thomspon, « L’économie morale de la foule dans l’Angleterre du xviiie siècle », in F. Gauthier, G.-R. Ikni (dir.), La guerre du blé au xviiie siècle : la critique populaire contre le libéralisme au xviiie siècle, Montreuil, édition de la Passion, 1988, p. 31-91 ; traduction de « The Moral Economy of the English Crowd in the Eighteenth Century », Past & Present, 50, février 1971, p. 76-136.
10 D. Margairaz, P. Minard, « Marché des subsistances et économie morale : ce que « taxer » veut dire », Annales historiques de la Révolution française, 2008, 2, p. 53-99, p. 98.
11 N. Bourguinat, Les grains du désordre. L’État face aux violences frumentaires dans la première moitié du xixe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 2002.
12 J. Mulliez, « Du blé, « mal nécessaire ». Réflexions sur les progrès de l’agriculture de 1750 à 1850 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, XXVI, janvier-mars 1979, p. 3-47, et J. A. Miller, Mastering the Market. The State and the Grain Trade in Northern France, 1700-1860, Cambridge, Cambridge University Press, 1999.
13 N. Vivier, « Pour un réexamen des crises économiques du xixe siècle en France », Histoire & mesure, XXVI-1, 2011, p. 135-156, et « The crisis in France. À memorable crisis but not a potato crisis », in C. ó. Gráda, R. Paping, E. Vanhaute (dir.), When the potato failed. Causes and effects of the “last” European subsistence crisis, 1845-1850, Turnhout, Brepols, 2007, p. 223-245.
14 J.-M. Chevet, P. Saint-Amour, « L’intégration des marchés du blé en France aux xviiie et xixe siècles », Cahiers d’économie et sociologie rurales, 22, 1er trim. 1992, p. 151-176.
15 A. Stanziani, « Spéculation », in A. Stanziani (dir.), Dictionnaire historique de l’économie-droit xviiie-xxe siècles, Paris, LGDJ, 2007, p. 275-288.
16 A. Stanziani, « Marchés à terme, accaparement et monopoles en France, fin xviiie-1914 », in N. Levratto, A. Stanziani (dir.), Le capitalisme au futur antérieur. Crédit et spéculation en France, fin xviiie-début xxe siècles, Bruxelles, Bruylant, 2011, p. 69-105.
17 G. Duby, A. Wallon (dir.), Histoire de la France rurale, t. 4 : M. Gervais, M. Jollivet, Y. Tavernier, Depuis 1914, La Fin de la France paysanne, Paris, Le Seuil, 1992 [1977], p. 78.
18 M. Laligant, L’intervention de l’État dans le secteur agricole, Paris, LGDJ, 1970.
19 Cf. P. Barral, Les agrariens français de Méline à Pisani, Paris, Armand Colin, 1968, et R. Hubscher, « Une histoire en quête d’auteurs. Les paysans et le politique au xxe siècle », Histoire et sociétés rurales, 3, 1er semestre 1995, p. 137-149.
20 Respectivement : M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1925, et M. Cépède, Agriculture et alimentation en France Durant la IIe Guerre mondiale, Paris, éditions Marie-Thérèse Génin, 1961.
21 J.-P. Jessenne, Les campagnes françaises entre mythe et histoire (xviiie-xxie siècle), Paris, Armand Colin, 2006 ; N. Vivier, « Agriculture and economic development in France, 1870-1939 », in P. Lains, V. Pinilla (dir.), Agriculture and Economic Development in Europe since 1870, Londres, New York, Routledge, 2008, p. 210-233.
22 B. Hervieu, N. Mayer, P. Muller, F. Purseigle, J. Rémy (dir.), Les mondes agricoles en politique, Paris, Sciences-Po Les Presses, 2010, et B. Hervieu, F. Purseigle, Sociologie des mondes agricoles, Paris, Armand Colin, 2013.
23 H. Mendras, La fin des paysans, suivi d’une réflexion sur La fin des paysans vingt ans après, Le Paradou, Actes Sud, 1992 [1970] ; P. Muller, Le technocrate et le paysan. Essai sur la politique française de modernisation de l’agriculture, de 1945 à nos jours, Paris, Les Éditions ouvrières, 1984 ; C. Servolin, L’agriculture moderne, Paris, Le Seuil, 1989.
24 G. Duby, A. Wallon (dir.), Histoire de la France rurale, t. 4 : M. Gervais, M. Jollivet, Y. Tavernier, Depuis 1914, La Fin de la France paysanne, op. cit., p. 426.
25 C. Lemercier, « Des réponses à la fraude », in G. Béaur, H. Bonin, C. Lemercier (dir.), Fraude, contrefaçon et contrebande de l’Antiquité à nos jours, Genève, Droz, 2006, p. 729-734, p. 731.
26 Arch. nat., F10 2209-10, annotation manuscrite anonyme en marge d’un article titré « La question du blé » et publié dans Le Temps en septembre 1929.
27 Cf. A. Chatriot, C. Lemercier, « Institutions et histoire économique », in J.-C. Daumas (dir.), L’histoire économique en mouvement entre héritages et renouvellements, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012, p. 143-165.
28 Cf. C. Knick Harley, « Transportation, the World Wheat Trade, and the Kuznets Cycle, 1850-1913 », Explorations in Economic History, 17, 1980, p. 218-250, et G. Federico, K. G. Persson, « Market Integration and Convergence in the World Wheat Market, 1800-2000 », in T. J. Hatton, K. H. O’Rourke, A. M. Taylor (eds.), The New Comparative Economic History. Essays in Honor of Jeffrey G. Williamson, Cambridge, The MIT Press, 2007, p. 87-113.
29 Cf. D. Verdier, Democracy and International Trade. Britain, France and the United States, 1860-1990, Princeton, Princeton University Press, 1994 ; A. D. Sheingate, The Rise of the Agricultural Welfare State. Institutions and Interest Group Power in the United States, France and Japan, Princeton, Oxford, Princeton University Press, 2001.
30 Cf. W. D. Swearingen, « In Pursuit of the Granary of Rome: France’s Wheat Policy in Morocco, 1915-1931 », International Journal of Middle East Studies, 17, 3, août 1985, p. 347-363, et L. Janes, « Selling rice to wheat eaters : the colonial lobby and the promotion of Pain de riz during and after the First World War », Contemporary French Civilization, 38, 2, 2013, p. 179-200.
31 Cf. A. Stanziani, « Accaparement et spéculation sur les denrées alimentaires : au-delà de la pénurie », in M. Bruegel (dir.), Profusion et pénurie. Les hommes face à leurs besoins alimentaires, Rennes, Tours, Presses universitaires de Rennes, Presses universitaires François-Rabelais, 2009, p. 103-120.
32 Cf. la bibliographie générale en fin de volume.
33 Cf. G. Laferté, La Bourgogne et ses vins : image d’origine contrôlée, Paris, Belin, 2006.
34 J.-M. Bagnol, Le Midi viticole au Parlement, Édouard Barthe et les députés du vin de l’Hérault (années 1920-1930), Montpellier, PULM, 2010, et O. Serra, Le législateur et le marché vinicole sous la Troisième République, thèse de doctorat en droit sous la dir. de B. Gallinato-Contino, Université de Bordeaux 4, 2012.
35 F. Humbert, L’INAO de ses origines à la fin des années 1960. Genèse et évolution du système des vins d’AOC, thèse de doctorat d’histoire sous la dir. de S. Wolikow, Université de Bourgogne, 2011.
36 Cf. G. Cusson, Origines et évolution du ministère de l’Agriculture, Paris, Les Presses modernes, 1929.
37 Le cabinet du ministre, le secrétariat et la comptabilité et quatre directions : de l’agriculture, des forêts, de l’hydraulique agricole et des haras.
38 Cf. E. Leblanc, Une inspection générale au cœur du ministère de l’Agriculture 1841-2005, Les Cahiers de Palès, 5, février 2014.
39 S.-Y. Chun, « “Amis de l’agriculture” (1870-1892) ou comment rallier les campagnes à la République ? », Histoire et Sociétés Rurales, 2003, 20-2, p. 147-172.
40 C. Gaboriaux, La République en quête de citoyens. Les républicains français face au bonapartisme rural (1848-1880), Paris, Sciences-Po Les Presses, 2010, et B. Bruneteau, « Les usages de la référence paysanne dans la construction du consensus républicain en France (fin xixe-début xxe siècle) », in Histoire et politique. Mélanges offerts à Edmond Monange, Brest, Association des amis du doyen Monange, 1994, p. 273-284.
41 M. Augé-Laribé, La politique agricole de la France…, op. cit., p. 6.
42 Ibid., p. 142.
43 Ibid., p. 385. Il ajoute : « Mais il faut bien laisser une part de responsabilité au ministère de l’Agriculture lui-même. Ses ministres, sauf Tardieu, et ses directeurs ont toujours été timides, paralysés par un complexe d’infériorité, comme on disait alors. Les Messieurs des Finances prétendent que les directeurs de l’agriculture qui, lors de la préparation du budget, se battaient âprement sur des détails, ne savaient pas exiger ce qui était réellement nécessaire et démontrer l’utilité, l’efficacité, des larges dépenses qui troublaient leurs habitudes de parcimonie. »
44 M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, op. cit., p. 1 et 2.
45 Cf. B. Touchelay, P. Verheyde (dir.), La genèse de la décision. Chiffres publics, chiffres privés dans la France du xxe siècle, Pompignac près de Bordeaux, Bière, 2009.
46 M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, op. cit., p. 37, et, du même auteur, « La production agricole et la propriété foncière », Revue d’économie politique, « Annuaire 1924 », 1925, p. 232-250, p. 242.
47 Cf. A. Chatriot, Jaurès face aux paysans : une vision socialiste de l’agriculture française, Essais de la Fondation Jean Jaurès, Paris, 2012.
48 Cf. P. Barral, Les agrariens français…, op. cit., p. 141-176, et surtout E. Lynch, Moissons rouges…, op. cit.
49 Cf. E. Lynch, « Une étude de cas : les parlementaires paysans socialistes durant l’entre-deux-guerres », Parlements, 2006, 2, p. 122-136.
50 Cf. G. Candar, « Compère-Morel (1872-1941), propagandiste et expert », Recherche socialiste, 58-59, janvier-juin 2012, p. 19-28.
51 Cf. G. Monnet, « Le problème agraire et le socialisme », La Nouvelle Revue socialiste, 32, juillet-août 1930, p. 414-420.
52 J. Vigreux, « Le Parti communiste français à la campagne 1920-1964. Bilan historiographique et perspectives de recherche », Ruralia, revue en ligne, 1998-3 ; E. Lynch, « Socialistes et communistes dans l’entre-deux-guerres », Études rurales, 171-172, 2004, 3, p. 45-59, et J. Vigreux, La Faucille après le marteau. Le communisme aux champs dans l’entre-deux-guerres, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2012 ; pour ces leaders : G. Belloin, Renaud Jean, le tribun des paysans, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1993 ; J. Vigreux, Waldeck Rochet, une biographie politique, Paris, La Dispute, 2000, et P. Robin, J. Vigreux (dir.), Renaud Jean. La voix rouge des paysans, Nérac, Éditions d’Albret & Association des amis de Renaud Jean, 2012.
53 M. Augé-Laribé, La politique agricole de la France…, op. cit., p. 445-450.
54 E. Lynch, « Les campagnes du Front populaire : entre violence et politisation », in G. Morin, G. Richard (dir.), Les deux France du Front populaire, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 213-222.
55 S. Berger, Les paysans contre la politique. L’organisation rurale en Bretagne, 1911-1974, Paris, Le Seuil, 1975.
56 D. Bensoussan, Combats pour une Bretagne catholique et rurale. Les droites bretonnes dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 2006.
57 P. Ory, « Le dorgérisme, institution et discours d’une colère paysanne (1929-1939) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, XXII, avril-juin 1975, p. 168-190 ; R. O. Paxton, Le temps des chemises vertes. Révoltes paysannes et fascisme rural 1929-1939, Paris, Le Seuil, 1996 ; J.-L. Allais, « Paysans d’abord », Annales de Normandie, 47, 3, 1997, p. 243-264 ; D. Bensoussan, « Pour une analyse socio-politique du dorgérisme : l’exemple de la Bretagne », Ruralia, 2005, 16/17.
58 I. Boussard, Les agriculteurs et la République, Paris, Economica, 1990, p. 42.
59 I. Boussard, « Henri Queuille et la France rurale », in P. Delivet, G. Le Béguec (dir.), Henri Queuille et la République, Limoges, UER des lettres et sciences humaines, 1987, p. 69-115.
60 R. Hubscher, « L’illusion unitaire ou les faux-semblants du syndicalisme agricole (1884-1944) », Annales ESC, janvier-février 1993, 1, p. 110-120, p. 117.
61 P. Barral, Les agrariens français…, op. cit., p. 105-113.
62 Louis Delalande au VIIe congrès national des syndicats agricoles à Nancy en 1909, cité par P. Barral, « La terre », in J.‑F. Sirinelli (dir.), Histoire des droites, t. 3, Sensibilités, Paris, Gallimard, 1992, p. 49-69, p. 64-65.
63 M. Augé-Laribé, La politique agricole de la France…, op. cit., p. 133.
64 P. Barral, Les agrariens français…, op. cit., p. 106 et 204. Cf. aussi M. C. Cleary, Peasants, politicians and producers. The organisation of agriculture in France since 1918, Cambridge, Cambridge University Press, 1989.
65 G. Garrier, « L’Union du Sud-Est des syndicats agricoles avant 1914 », Le Mouvement social, 67, avril-juin 1969, p. 17‑38 ; B. Dumons, « Réseaux identitaires et élites agrariennes. Les administrateurs de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles (1888-1940) », in P. Cornu, J.-L. Mayaud (dir.), Au nom de la terre. Agrarisme et agrariens en France et en Europe du 19e siècle à nos jours, Paris, La Boutique de l’histoire, 2007, p. 235-255, et P. Chamard, « Les voix agricoles de la société civile. L’exemple de l’Union du Sud-Est des syndicats agricoles (1888-1914) », in J. Rowell, A.-M. Saint-Gille (dir.), La société civile organisée aux xixe et xxe siècles : perspectives allemandes et françaises, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 159-171.
66 P. Barral, Les agrariens français…, op. cit., p. 137.
67 A. Toussaint, L’Union centrale des syndicats agricoles, ses idées directrices, Paris, Payot, 1920, et A. de Marcillac, Les principes de l’organisation professionnelle agricole, Périgueux, Imprimerie Cassard, 1932.
68 C. Mora, Les Chambres d’agriculture : représentation et défense des intérêts agricoles 1924-1940, thèse de 3e cycle sous la direction de R. Rémond, Université de Bordeaux, 2 vol., 1967, et M. Atrux-Tallau, Histoire sociale d’un corps intermédiaire : l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (1924-1974), thèse de doctorat d’histoire sous la dir. de C.-I. Brelot, Université Lumière Lyon 2, 2010.
69 B. Gallinato-Contino, « La Réforme sociale et les syndicats agricoles (1881-1914) », in Histoire, Justice et Travail, Lille, Centre d’histoire judiciaire, 2005, p. 155-170, p. 170. Cf. surtout P. Gratton, Les paysans contre l’agrarisme, Paris, Maspéro, 1972, et R. Hubscher, J.-C. Farcy (dir.), La Moisson des Autres. Les salariés agricoles aux xixe et xxe siècles, Paris, Créaphis, 1996.
70 E. Lynch, « La Confédération nationale paysanne ou l’échec d’un syndicalisme agricole socialiste », Recherche socialiste, 58-59, janvier-juin 2012, p. 57-70.
71 M. Augé-Laribé, La politique agricole de la France…, op. cit., p. 441.
72 « La confédération générale de l’Agriculture », Droit social, juillet-août 1948, p. 240-246, p. 240.
73 P. Barral, Les agrariens français…, op. cit., p. 222.
74 D. Bensoussan, « L’Union nationale des syndicats agricoles (UNSA) face au Front populaire », in G. Morin, G. Richard (dir.), Les deux France du Front populaire, op. cit., p. 189-197, p. 192.
75 Fondé sur des sources nombreuses, on peut regretter le ton laudatif de X. Walter, Paysan militant Jacques Le Roy Ladurie 1925-1940, Paris, François-Xavier Guibert, 2008.
76 J. Le Roy Ladurie, H. de Guebriant, Vers une politique paysanne. Le serment du syndicalisme agricole, Congrès syndical paysan, UNSA, Caen (5-6 mai 1937), Paris, Flammarion, 1937.
77 P. Hallé, et al., La France trahit ses paysans, Paris, Flammarion, 1937.
78 R. Goussault (dir.), Syndicats paysans. Congrès syndical paysan, Caen (5-6 mai 1937), Paris, Flammarion, 1937.
79 Cf. C. Gide, Les Associations coopératives agricoles, cours sur la coopération au Collège de France, décembre 1924-mars 1925, Paris, Association pour l’enseignement de la coopération, 1925 ; M. Augé-Laribé, Syndicats et Coopératives agricoles, Paris, Armand Colin, 2e éd., 1938 ; P. Toucas-Truyen, Les coopérateurs : deux siècles de pratiques coopératives, sous la direction de M. Dreyfus, Paris, Les Éditions de l’Atelier, coll. « Jean Maitron, Dictionnaire biographique mouvement ouvrier, mouvement social », 2005 ; N. Mignemi, Coopérer pour travailler la terre, coopérer pour exploiter la terre : Itinéraires comparés des coopératives agricoles en Italie et en France dans la première moitié du vingtième siècle, thèse de doctorat d’histoire sous la dir. de G. Béaur, EHESS, 2 vol., 2012 ; S. Lefranc-Morel, Valorisation de l’histoire et du patrimoine des coopératives agricoles. L’exemple de la Loire, thèse de doctorat d’histoire sous la dir. de J. Bayon et G. Richard, Université Jean Monnet, Saint-Étienne, 2013.
80 A. Gueslin, Les origines du Crédit agricole (1840-1914), Nancy, Impr. Biallec, 1978, et Histoire des crédits agricoles, 2 vol., Paris, Economica, 1984.
81 Cf. D. Zolla, Le blé et les céréales, Paris, O. Doin et fils, 1909.
82 Société d’agriculture du département de Seine-et-Oise, Congrès de la vente du blé, Versailles, 28, 29 et 30 juin 1900, Versailles, Imprimerie Aubert, 1900, t. 1, p. 5.
83 J. Ronjat, La vente du blé, Vienne, E.-J. Savigné, imprimeur-éditeur, 1901, p. 26-27. Cf. aussi J. Viguerie, Le prix du blé, Pau, Impr. de G. Lescher-Moutoué, 1900.
84 Cf. F. Sigaut avec la collaboration de M.-C. Aubin, Les techniques de conservation des grains et leurs fonctions sociales. Recherche de technologie culturelle, MSH, CORDES, 1976 ; « Questions d’économie. À propos des politiques céréalières et de stockage », in M. Gast, F. Sigaut, C. Beutler, avec la collaboration de O. Buchsenschutz (dir.), Les techniques de conservation des grains à long terme, III, 2, Paris, CNRS, 1985, p. 597-606, et « Introduction au thème [Les silos à grains] », L’Archéologie industrielle en France, n° 28, juin 1996, p. 17-19 ; N. Loriette, Les édifices de stockage des céréales dans les grands départements céréaliers français : 1929-1969, thèse de doctorat d’histoire de l’art, sous la direction de J.-Y. Andrieux, Université de Rennes 2, 2008 ; G. Dorel-Feré (dir.), Les silos, un patrimoine à inventer (colloques, 2011), Chambéry, Université de Savoie, 2014.
85 J. Delcasse d’Huc de Monsegou, Les répartitions des denrées alimentaires, rapport présenté au Conseil national économique, Paris, Imprimerie nationale, 1933, p. 60.
86 J. Capillon, « Instruments de recherche pour une histoire de la meunerie : La Meunerie française, 1885-1940 », L’archéologie industrielle en France, 14, décembre 1986, p. 51-77.
87 N. Pierrot, P. Charpin, Minoteries appelées Grands Moulins de Pantin, Atlas du Patrimoine de la Seine-Saint-Denis, 2005, accessible en ligne ; E. Lohr, G. Michel, N. Pierrot (dir.), Les grands moulins de Pantin, l’usine et la ville, Lyon, Lieux dits, 2009.
88 T. Biot, La meunerie en Ile-de-France de 1936 à nos jours, maîtrise d’archéologie contemporaine sous la dir. de Ph. Bruneau, Université Paris IV Sorbonne, octobre 1988, et T. Biot, La meunerie contemporaine de 1936 à 1990 : le cas de l’Ile-de-France, mémoire de DEA d’archéologie contemporaine sous la dir. de Ph. Bruneau, Université Paris IV Sorbonne, 1990, 3 tomes.
89 Cf. S. Lembré, « L’activité meunière nordiste entre campagnes et villes face à la crise des années 1930 », Revue du nord, 90, 375-376, avril-septembre 2008, p. 479-494, et « Séparer le bon grain de l’ivraie ? L’organisation patronale dans la meunerie du Nord (1914-1987) », Le Mouvement social, 250, 2015, 1, p. 81-95.
90 M. Pernot, Le contingentement des moulins, thèse de droit, Université de Paris, dactylographiée, décembre 1945.
91 Cf. A. Join-Lambert, L’organisation de la boulangerie en France, Paris, Arthur Rousseau, 1898 ; A. Griffuel, La taxe du pain, Paris, L. Larose, 1903 ; L. Legrip, Étude critique de la réglementation administrative de la boulangerie, Pont-l’Évêque, Impr. de C. Surville, 1906, et P. Courcon, Maires et boulangers. La taxe du pain, Paris, Arthur Rousseau éditeur, 1912.
92 S. L. Kaplan, Le retour du bon pain : une histoire contemporaine du pain, de ses techniques et de ses hommes, Paris, Perrin, 2002.
93 Ce point est bien montré par P. Baubeau, « Le warrant agricole (1880-1914) : objet interstitiel ou bricolage juridique ? », in N. Levratto, A. Stanziani (dir.), Le capitalisme au futur antérieur…, op. cit., p. 171-198.
94 L. Grandeau, La production agricole en France, son présent et son avenir, Paris, Berger-Levrault, 1885 (extrait des Annales de la science agronomique française et étrangère, 1884), et La production du blé en France. Ce qu’elle est, ce qu’elle devrait être, Paris, La Meunerie française, revue générale mensuelle, texte tiré à part de la conférence faite au 2e Congrès commercial et industriel des grains et farines le 20 septembre 1888.
95 Cf. A. Duval, « Rapport fait au nom de la commission de l’agriculture chargée d’examiner la proposition de loi de M. Queuille et plusieurs de ses collègues tendant à améliorer les conditions de vente des blés indigènes », Journal officiel de la République française, Documents parlementaires, Chambre des députés, 2364, séance du 7 novembre 1929 ; A. Clément, Le régime douanier des céréales et la mévente du blé, Grenoble, Imprimerie Allier Frères, 1901, A. Moras, La crise du blé, Paris, Arthur Rousseau, 1902, R. Stal, Essai sur le régime commercial des blés, Amiens, Librairie-Papeterie Poiré-Choquet, 1902, L. Goulier, Le commerce du blé et spécialement de son organisation en France, Poitiers, Imprimerie Maurice Bousrez, 1909 ; R. Paisant, L’Admission temporaire des blés et les bons d’importation en France et en Allemagne, Paris, Arthur Rousseau, 1901 ; R. Berlier, La législation douanière des céréales, Lyon, Waltener, 1900 ; J. Châle, Transformation du problème douanier relativement au blé, Paris, A. Rousseau, 1901 ; P. Maignial, De l’admission temporaire des blés, Toulouse, s.éd., 1903 ; P. Froget, De l’admission temporaire et de la mévente des blés, Paris, Marchal et Billard, 1903 ; M. Chapron, De l’admission temporaire du froment, Saumur, Imprimerie Paul Godet, 1904 ; R. Chenebeaux, L’admission temporaire dans ses rapports avec la question du blé, Bordeaux, Imprimerie Y. Cadoret, 1904 ; A. Bréant, Le Drawback et l’admission temporaire, Rennes, s.éd., 1907 et C. Merveilleux du Vignaux, La réforme de la loi de cadenas en France, Poitiers, Société française d’imprimerie, 1931.
96 J.-P. Dormois, « La “vocation agricole de la France” », Histoire & Mesure, 1996, 11, 3-4, p. 329-366 ; J.-P. Bassino, J.‑P. Dormois, « Rainfall, The Méline Tariff, and Wheat Production in Mediterranean France 1885-1914 », Australian Economic History Review, 50, 1, mars 2010, p. 23-38.
97 E. O. Golob, The Méline Tariff : French Agriculture and nationalist economy policy, New York, Columbia University Press, 1944.
98 M. S. Smith, Tariff Reform in France, 1860-1900: The Politics of Economic Interest, Ithaca, Cornell University Press, 1980, et « The Méline tariff as social protection: rhetoric or reality ? », International Review of Social History, 37, 1992, p. 230-243; H. Lebovics, The Alliance of Iron and Wheat in the Third French Republic 1860-1914. Origins of the New Conservatism, Bâton-Rouge, Louisiana State University Press, 1988.
99 G. Curien, « Rythmes du monde. Les accords économiques internationaux depuis 1860 », Annales. ESC, 1, 3, 1946, p. 219-234 ; R. Poidevin, « L’exemple du tarif douanier français de 1910 », Revue historique, 497, janvier-mars 1971, p. 47‑62 ; P. Barral, « Les groupes de pression et le tarif douanier français de 1892 », Revue d’histoire économique et sociale, 52, 3, 1974, p. 421-426 ; J. Clinquart, L’administration des douanes en France sous la Troisième République, première partie : (1871-1914), Neuilly-sur-Seine, Association pour l’histoire de l’administration des douanes, 1986, et surtout R. Aldenhoff-Hubinger, « Deux pays, deux politiques agricoles ? Le protectionnisme en France et en Allemagne (1880-1914) », Histoire et Sociétés Rurales, 23, 1er semestre 2005, p. 65-87, et Agrarpolitik und Protektionismus. Deutschland und Frankreich im Vergleich 1879-1914, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2002. Cf. aussi T. Nadau, « L’opinion et le tarif général des douanes de 1881 : les prémices du protectionnisme agricole en France », Revue du Nord. Histoire et Archéologie, LXVII, 265, avril-juin 1985, p. 331-356, repris in T. Nadau, Itinéraires marchands du goût moderne. Produits alimentaires et modernisation rurale en France et en Allemagne (1870-1940), Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2005, p. 117-150.
100 G. Schelle, « La politique du pain cher », Journal des économistes, mars 1909, p. 328-331, p. 331.
101 O. Bloch, La réforme des bourses de marchandises en France et l’organisation de ces bourses en Allemagne, Paris, Librairie nouvelle de droit et de jurisprudence Arthur Rousseau, 1912, p. 76.
102 Il existe aussi des bourses de commerce en province avec des marchés réglementés. Cf., pour une liste, M. Langlet, Les Bourses de commerce en France, Paris, Librairie technique et économique, 1937, p. 108-109.
103 Cf. les deux articles très clairs sur les mécanismes spéculatifs de H. C. Emery, « Legislation against Futures », Political Science Quarterly, 10, 1, Mar. 1895, p. 62-86, et « Futures in the Grain Market », The Economic Journal, 9, 33, mars 1899, p. 45-67. Cf. aussi B. P. Hutchinson, « Speculation in Wheat », The North American Review, 153, 419, octobre 1891, p. 414‑419. Cette spéculation est au centre du roman de F. Norris, The Pit, a story of Chicago, New York, Grosset & Dunlap, 1903 [1902].
104 Cf. A. Stanziani, « Marchés à terme, accaparement et monopoles en France, fin xviiie-1914 », in N. Levratto, A. Stanziani (dir.), Le capitalisme au futur antérieur…, op. cit., p. 69-105. Cf. aussi P. Lagneau-Ymonet, A. Riva, « Les opérations à terme à la Bourse de Paris au xixe siècle », in N. Levratto, A. Stanziani (dir.), Le capitalisme au futur antérieur…, op. cit., p. 107-142.
105 C. Bivort, Cent ans. La halle au blé en 1789, la bourse de commerce en 1889, Paris, s.d. (1889 ?), et De la Halle aux blés à la Bourse de commerce 1762-1885-1985, Paris, Délégation à l’action artistique de la Ville de Paris, 1985. Cf. A.‑E. Sayous, « Les origines du marché à terme sur marchandises », Revue économique internationale, août 1936, p. 219‑245.
106 L. Kenler, Les Bourses de commerce et l’agriculture, Paris, L. Larose, 1903, chap. VI « La lutte contre les marchés fictifs à l’étranger », p. 118-133.
107 A.-E. Sayous, « La réforme des bourses de commerce et la spéculation sur les blés et farines », Revue politique et parlementaire, 74, 10 août 1900, p. 288-313, p. 310.
108 A. de Monzie, P. Besse, La réforme des bourses du commerce. Commentaire des lois du 13 juillet 1911 et du 27 février 1912, Paris, Fournier éditeur, 1912, p. 7.
109 A. Charliat, « Une enquête sur les marchés de marchandises en France. I Les blés et farines à la bourse de commerce de Paris et la spéculation sur les grains », Revue politique et parlementaire, 77, 10 novembre 1900, p. 270-303, p. 272-273.
110 L. Kenler, Les Bourses de commerce et l’agriculture, op. cit., p. 134-160.
111 R. Villemer, La réglementation de la bourse de commerce de Paris, Paris, Librairie sociale et économique, 1939, p. 72.
112 Cf. C. Durand, L’influence des crises sur l’organisation des marchés à terme de la Bourse de commerce de Paris jusqu’en 1935, mémoire de DESS de gestion financière et fiscalité, Université Paris I, octobre 1981. Cf. aussi A. Stanziani, Rules of Exchange. French Capitalism in Comparative Perspective, Eighteenth to Early Twentieth Centuries, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 265-271.
113 Ministère du Commerce et de l’Industrie, direction des Affaires commerciales et industrielles, Commission extraparlementaire chargée d’étudier les moyens d’améliorer le fonctionnement des bourses de commerce (arrêté ministériel du 22 septembre 1910), Rapport général, procès-verbaux des séances et annexes, Paris, Imprimerie nationale, 1911.
114 J.-A. Roche, La Bourse du commerce : une usine à fabriquer de la misère : tripoteurs et ratissés, Paris, V. Retaux, 1906.
115 N. Hissung-Convert, La spéculation boursière face au droit 1799-1914, Paris, LGDJ, 2009, p. 585-586.
116 A. Richard, La défense de l’intérêt public à la Bourse de commerce…, op. cit., p. 70-73.
117 Proposition de loi déposée par Xavier Vallat le 23 juillet 1920, cité par S. Boiron, « L’action française et les juristes catholiques », Revue française d’histoire des idées politiques, 28, 2008, p. 337-367, p. 357.
118 Semaine nationale du blé, IVe Commission, Rapport de M.A. Proust, président du Syndicat général de la Bourse du commerce de Paris, Mécanisme et rôle régulateur du marché à terme de Paris, ses avantages pour la production, le commerce, l’industrie et la consommation, Paris, Impr. de Dubois et Bauer, 1923, p. 2.
119 Cf., par exemple, P. Alexis, Causes et conséquences de la crise de vie chère 1914-1920, Montpellier, Imprimerie L’Abeille, 1922, et l’étude de M. Billmann, La contestation de la taxe du pain. Essai d’étude micro-historique de quelques conflits liés à la taxe dans le département des Bouches-du-Rhône pendant les années de « vie chère » (1909-1914), mémoire de master d’histoire, IEP de Paris, juin 2014.
120 Cf. F. Macquart, La crise de la vie chère dans le Nord de la France en 1911 (Ses Causes et ses Remèdes), Lille, Imprimerie du « Réveil du Nord », 1912.
121 J.-M. Flonneau, « Crise de vie chère et mouvement syndical 1910-1914 », Le Mouvement social, 72, juillet-septembre 1970, p. 49-81, et P. R. Hanson, « The “Vie chère” Riots of 1911 : Traditional Protests in Modern Garb », Journal of social history, printemps 1998, p. 463-481. Cf. aussi A. Chatriot, M. Fontaine, « Contre la vie chère », Cahiers Jaurès, 187-188, janvier-juin 2008, p. 97-116.
122 Cf. A. Charbin, La vie chère, Lyon, Imprimerie et lithographie A. Geneste, 1912. Cf. aussi M.-E. Chessel, Consommateurs engagés à la Belle Époque. La ligue sociale d’acheteurs, Paris, Sciences-Po Les Presses, 2012.
123 Ministère de l’Agriculture, Culture, production et commerce du blé dans le monde, Paris, Imprimerie nationale, 1912, p. III, brochure conservée en Arch. nat., F10 2212.
124 Ibid., p. IV.
125 À l’exception de la question du ravitaillement de Berlin et de Paris : cf. B. J. Davis, Home Fires Burning: Food, Politics and Everyday Life in World War I Berlin, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2000 ; T. Bonzon, B. J. Davis, « Feeding the cities », in J.-L. Robert, J. Winter (dir.), Capital cities at war, London, Paris, Berlin, 1914-1919, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 305-341, et T. Bonzon, « Consumption and Total Warfare in Paris (1914-1918) », in F. Trentmann, F. Just (dir.), Food and conflict in Europe in the age of the two world wars, Basingstoke, New York, Palgrave Macmillan, 2006, p. 49-64. Enfin, dans d’autres perspectives : A. Offer, The First World War, an agrarian interpretation, Oxford, Clarendon Press, 1989, et E. Lynch, « La Première Guerre mondiale : renouvellement et mutations de l’agrarisme français », in P. Cornu, J.-L. Mayaud (dir.), Au nom de la terre…, op. cit., p. 119-134.
126 L’ouvrage de référence reste : M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, op. cit. La série de 37 volumes dont il fait partie est une source indispensable. Cf. A. Chatriot, « “Une véritable encyclopédie économique et sociale de la guerre”. Les séries de la Dotation Carnegie pour la paix internationale (1910-1940) », L’Atelier du CRH, 2. Sur notre sujet, il faut consulter C. Bloch, Bibliographie méthodique de l’histoire économique et sociale de la France pendant la guerre, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, 1925, p. 29-37, p. 52-58, p. 59-76, p. 77-79.
127 G. Jèze, Les dépenses de guerre de la France, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1926, p. 102.
128 P. Renouvin, Les formes du gouvernement de guerre, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1925, p. 149 et 151. Cf. E. Langlinay, « Consommation et ravitaillement en France durant la Première Guerre mondiale (1914-1920) », in A. Chatriot, M.-E. Chessel, M. Hilton (dir.), Au nom du consommateur. Consommation et politique en Europe et aux États-Unis au xxe siècle, Paris, La Découverte, 2004, p. 29-44 ; P. Pinot, Le contrôle du ravitaillement de la population civile, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1925, et ministère du Ravitaillement général, Recueil des lois, décrets, arrêtés, circulaires, rapports, documents intéressant le ravitaillement, Paris, Imprimerie nationale, 1917-1921, 7 vol. Cf. aussi C. Meillac, L’effort du ravitaillement français, Paris, Librairie Félix Alcan, 1921.
129 Maurice Viollette (1870-1960) est député d’Eure-et-Loir ; sur son expérience, il publie un recueil de textes officiels commentés : M. Viollette, Six mois au ministère du Ravitaillement général (mars à septembre 1917), Paris, L’Émancipatrice (imprimerie coopérative), 1917.
130 Victor Boret (1872-1952) est député, puis sénateur de la Vienne. Il est ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement du 16 novembre 1917 au 19 juillet 1919, et retrouve le ministère de l’Agriculture en 1930 et 1931.
131 Ernest Vilgrain (1880-1942) n’était pas parlementaire, se rapprochant en cela d’autres ministres et secrétaires d’État nommés durant le conflit. Il est issu d’une famille de minotiers lorrains et participe à Londres, en 1916, à la création de l’organisme interallié d’achat du blé le Wheat Executive. Il est sous-secrétaire à l’Agriculture (Ravitailllement) du 17 novembre 1917 au 20 janvier 1920. Il est célèbre pour avoir créé, au début de 1919, les « baraques Vilgrain » : des magasins installés dans des baraques militaires pour donner accès aux Parisiens à des produits alimentaires bon marché. Après son départ du gouvernement, il participe à la fondation des Grands Moulins de Paris. On lui reproche dans ce cadre quelques spéculations, cf. les rares éléments conservés en Arch. nat., BB18 6620.
132 Journal officiel de la République française, Débats parlementaires, Chambre des députés, séance du 12 novembre 1917, p. 2930. Fernand Chapsal (1862-1939) est un docteur en droit, reçu au concours de l’auditorat du Conseil d’État en décembre 1887, maître des requêtes en 1901, il est nommé directeur des Affaires commerciales et industrielles et démissionne du Palais-Royal en 1904, il a la charge du ravitaillement civil pendant la guerre. Après le conflit, il commence une carrière politique, est élu sénateur en 1921 et le reste jusqu’à sa mort, non sans avoir été un éphémère ministre de l’Agriculture entre janvier et mars 1938.
133 M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, op. cit., p. 119.
134 Cf. Archives départementales de Paris (ADP), chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), 2ETP/5/4/50 2 Cherté de la vie, lutte contre la hausse des prix, indemnités 1918-1934 et 2ETP/5/4/50 3 Prix, taxation 1899-1934.
135 M. Nigay, La taxation française du blé 1914-1919, ses conséquences, Roanne, imp. Maurice Souchier, 1921, p. 25.
136 M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, op. cit., p. 135-136.
137 M. Nigay, La taxation française du blé…, op. cit., p. 66. Le décret du 3 mai 1917 porte même le taux de blutage à 85 %.
138 J. Ledan, La détermination des prix par l’autorité publique pendant la guerre de 1914-1918, Coulommiers, Imprimerie Paul Brodard, 1919, p. 32.
139 Ibid., p. 40.
140 J. Langlois, La politique du blé en France de 1914 à 1925, Paris, Librairie moderne de droit et de jurisprudence, 1926, p. 24.
141 Ibid., p. 18.
142 A. Beaucourt, La politique du pain pendant la guerre (1914-1919), Paris, Librairie Arthur Rousseau, 1919, p. 138-139.
143 M. Miane, Le bureau permanent des céréales, Annecy, Imp. Dépollier, 1919, p. 7-8.
144 J. Carret, Le régime des céréales et de la meunerie, Paris, Imprimerie générale Lahure, 1919, avec une préface de F. Chapsal, directeur du ravitaillement. Carret commence là un travail qu’il continue et amplifie durant les années 1930.
145 F. Bock, Un parlementarisme de guerre 1914-1919, Paris, Belin, 2002, p. 222-223.
146 Commission de publication des documents diplomatiques français, Documents diplomatiques français, 1915, 1, 1er janvier-25 mai, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2002, documents 244, 249, 256 et 300.
147 F. Bock, Un parlementarisme de guerre…, op. cit., p. 227-229. Un dossier conservé à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) donne différents éléments sur cette question : [Louis-Dreyfus (affaire)] : Quatorze dépêches faussement interprétées par la censure télégraphique, s.l., 1918, 39 et 36 f. Cf. aussi : Louis-Dreyfus et Cie. Blés d’Australie : réponse au rapport de M. Victor Boret, député, communiqué par lui à la presse, à la fin d’août 1915, 1915, p. 12. Boret, qui devient ministre en 1917, est un parlementaire actif sur ces dossiers, cf. Rapport présenté à la commission du budget sur les marchés de blés… adopté par la sous-commission les 17 et 25 novembre 1915, Chambre des députés, 1915 et Rapport fait au nom de la commission chargée d’examiner les marchés conclus par l’État depuis le début de la guerre, marchés Lucien Baumann et grands moulins de Corbeil. Marchés Léon Collin, Paris, Impr. De l’Éclair, s.d., 258 p. (annexe au PV de la séance du 12 juillet 1917, 3530).
148 L’ouvrage de référence reste M. M. Farrar, Conflict and compromise : the strategy, politics and diplomacy of the French blockade, 1914-1918, La Haye, M. Nijhoff, 1974.
149 E. Clémentel, La France et la politique économique interalliée, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, 1931. Cf. J. F. Godfrey, Capitalism at War. Industrial Policy and Bureaucracy in France 1914-1918, New York, Berg, 1987, et C. Druelle-Korn, Un laboratoire réformateur : le département du Commerce en France et aux États-Unis de la Grande Guerre aux années vingt, thèse de doctorat d’histoire sous la dir. de S. Berstein, IEP de Paris, 2004.
150 Y. Decorzant, La Société des Nations et la naissance d’une conception de la régulation économique internationale, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2011, p. 130. F. M. Surface, R. L. Bland, American Food in the World War and Reconstruction Period. Operations of the Organizations Under the Direction of Herbert Hoover 1914 to 1924, Stanford, Stanford University Press, 1931, p. 186-188 et 608-609. Cf., sur cette action, P. Collinet, P. Stahl, Le ravitaillement de la France occupée, Paris, New Haven, PUF, Yale University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1928.
151 J. Barzman, « Entre l’émeute, la manifestation et la concertation : la “crise de la vie chère” de l’été 1919 au Havre », Le Mouvement social, 170, janvier-mars 1995, p. 61-84, et T. Stovall, « Du vieux et du neuf : économie morale et militantisme ouvrier dans les luttes contre la vie chère à Paris en 1919 », Le Mouvement social, 170, janvier-mars 1995, p. 85-113, et, du même auteur, Paris and the Spirit of 1919: Consumer Struggles, Transnationalism, and Revolution, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 182-237.
152 Arnauné, Colson, Delatour, Eichtal, Haussonville, Lévy, Ribot, Schelle, Souchon et Welschinger, Des causes de la cherté actuelle de la vie, Rapports et observations présentés à l’Académie des sciences morales et politiques, Paris, Félix Alcan, 1920, débats lors des séances entre mars et novembre 1919 ; G. Renard, La vie chère, Paris, G. Doin, 1921 ; C. Gide, La lutte contre la cherté et la coopération, cours sur la coopération au Collège de France décembre 1924-mars 1925, Paris, Association pour l’enseignement de la coopération, 1925.
153 A. Toulemon, R. Dupin, La spéculation illicite et le juste prix. Principes, lois, jurisprudence, critiques et réformes, Paris, G. Ficker, 1922.
154 M. Augé-Laribé, L’agriculture pendant la guerre, op. cit., p. 211.
155 Ibid., p. 213.
156 Ibid., p. 214-215.
157 Commission centrale d’études relatives au coût de la vie, Compte rendu des travaux au cours de l’année 1920, Paris, Imprimerie nationale, 1921.
158 Cf. C. Eber, A. Hot, Le blé en France, Paris, Dunod, 1938, p. 142-143.
159 Projet de loi relatif à l’alimentation nationale en pain, 998, 4 juin 1920, Journal officiel de la République française, Documents parlementaires, Chambre des députés, p. 1563.
160 J. Langlois, La politique du blé…, op. cit., p. 67, et, pour les autres dispositions législatives et réglementaires entre 1920 et 1924, p. 68-70.
161 P. Cantenot, La question du blé depuis la guerre, Paris, Les Presses modernes, 1930, p. 21.
162 Vogüé, « Les agriculteurs devant l’opinion », Le Correspondant, 25 avril 1921, p. 193-206, p. 195.
163 F. Garcin, « Blé et Pain », Revue politique et parlementaire, 320, 10 juillet 1921, p. 5-29 ; A. de Marcillac, « Blé et Pain. (Réponse à l’article de M. Garcin) », Revue politique et parlementaire, 321, 10 août 1921, p. 190-195.
164 Point rapporté dans sa notice de sénateur. Mais le propos « l’épi sauvera le franc », qui lui est prêté et souvent répété, reste impossible à « sourcer » et donc à contextualiser exactement.
165 A. Chaussy, et al., Proposition de loi tendant à autoriser les préfets à taxer les farines suivant les cours du blé, Impressions parlementaires, Chambre des députés, 3209, annexe au PV de la séance du 18 octobre 1921.
166 ADP, CCIP, 2ETP/5/4/50 3 ANMF, De la taxation des farines. Réfutation des accusations portées contre la meunerie, décembre 1922. La meunerie avait déjà publié une étude juridique pour se défendre : L. Paul-Henry, « La spéculation illicite et la Meunerie », La Meunerie française, 381, novembre 1921, p. 227-229.
167 Cf. L. Machefel, La production & le commerce des céréales. Statistique, législation douanière, réglementation intérieure, Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1926, p. 116-126, et S. Lembré, « L’apprentissage de la régulation. L’État, les professionnels et les marchés du blé, de la farine et du pain dans le nord de la France (années 1920 et 1930) », in A. Chatriot, E. Leblanc, E. Lynch (dir.), Organiser les marchés agricoles…, op. cit., p. 147-164, p. 149-150.
168 ADP, CCIP, 2ETP/1/A 100 Rapport présenté au nom de la commission des douanes et questions économiques par Pierre Fournier et dont les conclusions ont été adoptées à la séance du 17 décembre 1924.
169 Le blé. Production, industries de transformation, commerce. Compte rendu des travaux de la Semaine nationale du blé (Paris, janvier 1923), Paris, 1923.
170 À l’arrière-plan de ces débats, se trouve en effet aussi la question du travail sur les semences et la valeur des blés cultivés en France. Cf. C. Bonneuil, F. Hochereau, « Gouverner le “progrès génétique”. Biopolitique et métrologie de la construction d’un standard variétal dans la France agricole d’après-guerre », Annales HSS, 2008, 6, p. 1305-1340.
171 G. Lefebvre, « La semaine nationale du blé », Revue politique et parlementaire, 338, 10 janvier 1923, p. 161-163, p. 161.
172 Ibid., p. 163.
173 La démarche mérite cependant d’être soulignée compte tenu de son cadre interprofessionnel. Ce Comité central du blé et du pain organise pour ses dix ans un congrès dénommé « La Journée du blé et du pain », le 14 mars 1933, cf. Le blé. Dix ans de travaux du Comité central du blé et du pain 1923-1933, Paris, Comité central du blé et du pain, 1933.
174 Plusieurs thèses de droit écrites durant la Seconde Guerre mondiale reviennent sur cette première expérience de ravitaillement, cf. P. Esquilat, Le ravitaillement de la France en temps de guerre, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1941, et Ph. Choumert, L’organisation administrative et professionnelle du ravitaillement de l’État français, Paris, Librairie Arthur Rousseau, 1942.
175 R. Maspétiol, L’ordre éternel des champs. Essai sur l’histoire, l’économie et les valeurs de la paysannerie, Paris, Librairie de Médicis, 1946, p. 398.
176 Les archives des commissions sont inégales d’une commission à l’autre et suivant les assemblées. Les procès-verbaux des commissions des finances sont les plus complets. Pour la commission de l’agriculture, les séries sont lacunaires.
177 La direction générale du Mouvement des fonds dispose de quelques dossiers sur le marché du blé et le Crédit agricole.
178 La Banque de France est attentive à cette politique, compte tenu des enjeux d’escompte et de crédit. Elle a constitué une documentation sur l’Office du blé et les débats autour de son organisation et de ses réformes.
179 Cf., pour une vue d’ensemble, J.-C. Farcy, « Bibliographie des thèses de droit portant sur le monde rural (1885-1959) », Recherches contemporaines, 1, 1993, p. 109-188.
180 Le plan adopté ici est proche, mais différent de celui du manuscrit présenté dans le cadre de notre habilitation à diriger des recherches en novembre 2013. Le texte en est très nettement réduit.
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