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Vices de procédures et vertus de la réforme : le cas de la Beauce Incendie-Travailleurs Français (1921-1934)

p. 111-126


Texte intégral

1« Affaire bien dirigée. Conseil d’Administration composé de personnes de notre contrée, très honorables. Semble prospérer. Inspire confiance1. » Un employé de l’agence du Crédit lyonnais du Mans écrit ainsi en 1904 à la direction des études financières de la banque, qui passe pour être la mieux renseignée de la place de Paris. Il parle de La Beauce (incendie) et des Travailleurs Français (accidents), de modestes compagnies françaises d’assurances mutuelles nées à Chartres à la fin du xixsiècle. Ces sociétés juridiquement indépendantes (une relevant de la branche incendie et l’autre de la branche accidents) sont économiquement très liées et apparemment gérées en « bon père de famille ». En 1921, pourtant, La Beauce Incendie manque de faire faillite en raison de graves vices de procédures d’analyse des risques. L’échec, l’insuccès de gestion, débouche sur la quasi-faillite de l’entreprise. Il entretient d’emblée un rapport complexe avec l’histoire de la firme : il solde donc le passé, sanctionne le présent et handicape (a priori) l’avenir.

2L’échec entraîne-t-il la société dans une spirale d’échecs ou constitue-t-il paradoxalement un choc salutaire pour repenser la gestion ? Nous nous proposons, à la manière d’un médecin, d’analyser l’échec à travers la microhistoire de La Beauce Incendie et des Travailleurs Français. Nous restaurerons donc les trois stades de l’échec : la maladie déclarée ou les symptômes immédiats de l’échec, le tableau clinique ou la pathologie de l’échec, la thérapie ou le protocole de guérison, avant d’établir un diagnostic final qui envisagera les risques de récidive.

I. La maladie déclarée : l’échec de La Beauce Incendie en 1921

3La Beauce sort de la Grande Guerre sans trop de dommages apparents. Le commissaire censeur Fresneau en mesure la « réserve » de 1918 : « 480 477 F. Le bas de laine de La Beauce. Les mailles m’en paraissent bien fragiles pour le gros magot qu’elles contiennent2… ». Comme la solvabilité a provisoirement retrouvé son niveau d’avant 1914, le président du conseil Lelong annonce qu’« une bonification de 10 % [en faveur des sociétaires] sera faite sur l’exercice 19183 ». Il y a pourtant des ombres au tableau. Dès l’exercice 1919, l’inflation s’additionne à la sinistralité pour peser sur les résultats, qui fondent à 4,5 % des cotisations de l’année. Le censeur note :

« Les frais généraux ont naturellement subi les conséquences de la vie chère et nos employés ont reçu leur part légitime dans les relèvements de traitements qui s’imposaient4. »

4En 1920, les sinistres absorbent près de la totalité des cotisations. Le résultat correct s’explique par le relèvement des tarifs ainsi que la réassurance, qui prend en charge « tout ce qui dépasse la moitié des cotisations », soit plus de 80 % des sinistres de 19205, ce qui fait dire au commissaire censeur que la réassurance est la « sauvegarde des assurés » et la « [garantie … de] l’équilibre de nos budgets6 ». Fresneau ne croyait pas si bien dire, car 1921 constitue une année noire. La société a précisément pu assumer ce pic de sinistralité d’environ 200 % des cotisations grâce à la réassurance. Il constate :

« nos 500 000 F de réserves sont anéanties […] les reliquats dont la perception […] n’offre aucun doute, laisseraient libres de toutes charges la réserve statutaire de 50 000 F7 ».

5Le directeur Courtial doit s’expliquer. Deux « sinistres considérables », celui de l’usine « Kécheur frères, industriels à Laigle » et celui de « Wangernez, négociants en lin à Etrépagny » pèsent plus de 80 % de la charge annuelle des sinistres et absorbent 160 % des cotisations de l’exercice8. Ces deux gros risques industriels auraient dû être massivement réassurés. Or ces « risques avaient été conservés en entier (ou à peu près) et n’avaient pas été déclarés au réassureur global de notre portefeuille, ni aux réassureurs partiels9 ». Courtial expose honnêtement les vices de procédure d’acceptation. Le risque avait certes été mis « en commun avec la Générale, Le Phénix et la Mutuelle du Mans », puis adossé à deux contrats de réassurance. Cette couverture intervient donc en dehors des coassurances, qui permettent à la société apéritrice de partager le risque. Le réassureur global est « la MACL [qui] […] garantit le remboursement intégral de l’ensemble des indemnités dépassant la moitié de notre encaissement annuel en primes » : il s’agit donc d’un traité de réassurance en excédents de pertes. Le réassureur partiel est la société suisse La Zürich. Concernant le sinistre Kécheur, « l’avenant d’augmentation d’après-guerre n’[…]avait pas été déclaré ». Cela révèle que les compagnies prenaient en compte la dévalorisation des capitaux déclarés du fait de l’inflation.

« Or malgré cette omission, La Zürich consentit à payer, en plus de sa part (68 773 F) résultant de la première police, une seconde part (80 552 F) qui lui serait incombée si l’avenant lui avait été passé dans les conditions de la police primitive. »

6Mieux : pour le risque Wangernez, qui « n’a pas pu être réassuré comme il aurait dû l’être », La Zürich verse « 166 000 F qu’[…]elle ne nous devait manifestement pas », soit tout de même 41 % du coût du sinistre. Si La Beauce bénéficie du soutien inespéré de cette société suisse « digne d’éloges », la MACL s’est logiquement refusée « à prendre en charge le montant de ces sinistres sur des risques en charge qui ne lui avaient pas été déclarés10 ». En définitive, la réassurance éponge 45 % de ces deux sinistres industriels, soit 37 % de la charge annuelle des sinistres11. Les Travailleurs Français avancent quant à eux « 598 000 F qui permirent à notre société de faire honneur à sa réputation passée en réglant immédiatement des graves sinistres sans réaliser ces valeurs qui nous restent encore en portefeuille ». La Beauce a donc eu la chance de voir un réassureur intervenir au-delà des termes du contrat et d’être associée à une société accidents saine qui a pu, en l’occurrence, lui céder 10 % de ses réserves12. C’est là le deus ex machina qui permet sans doute à La Beauce de ne jamais succomber à l’échec.

7La chance minimise l’échec sans le supprimer. Échec de l’acceptation, échec de la surveillance, échec de la réassurance. Le directeur Courtial a omis de céder l’équivalent de 90 % de ces gros risques industriels, oubliant de transmettre l’avenant de revalorisation pour l’un, d’avertir les réassureurs de l’existence même du contrat pour l’autre ! Courtial explique l’échec par la désorganisation liée à la masse de contrats destinés à être revalorisés dans l’immédiat après-guerre. L’avenant du contrat Kécheur avait par exemple bien été signé, comme il s’en justifie auprès de La Zürich :

« Ce risque devait être assuré en supplément […] L’assurance avait été doublée, la réassurance devait aussi être doublée. Et c’est ce que j’ai annoncé à mon Conseil d’Administration. Je l’avais annoncé. On me l’avait dit. On me l’avait écrit. Seulement … on ne l’avait pas fait. […] Et pourquoi ? Après la guerre et à partir du moment de l’armistice, ça a été partout en France, dans toutes les Compagnies, une fièvre d’augmentations, de majorations d’assurances […] Il y avait partout pénurie de personnel. La guerre en avait tant pris. Devant l’impossibilité de la tâche, qu’a-t-on fait ici et sans doute aussi ailleurs ? On a cru devoir suspendre la réassurance ! La réassurance des affaires anciennes et renouvelées… au moins ! Et ne pouvant tout faire tout seul, je me suis, moi aussi, laissé entraîner par le torrent13. »

8Devant un afflux d’avenants à traiter en plus des dossiers habituels, le directeur reconnaît qu’il a été submergé et a différé la mise à jour de la réassurance. En 1921, La Beauce traite environ 4 500 nouvelles polices par an. En 1921, La Beauce Incendie essuie le pic de sinistralité le plus important de son histoire avec celui de 1880. Le réassureur global, la MACL, intervient à la hauteur de ce qu’il connaissait et Pepin Lehalleur, son directeur, s’en justifie : « Nous sommes donc obligés de nous en tenir à la situation qui nous était faite par les applications régulières14. » La Zürich va au-delà de ses engagements écrits, « [s’]inspirant uniquement de l’esprit d’entière confiance qui caractérise nos relations15 ». La réassurance endosse donc plus du tiers de la charge totale des sinistres de l’année, et sauve La Beauce Incendie de la faillite, avec l’appui décisif des Travailleurs Français, qui lui avancent environ 600 000 francs (valeur 1921) : de quoi dédommager rapidement pour attester du sérieux de l’assureur. L’échec de 1921 a mis au jour des dysfonctionnements structurels. Le conseil d’administration va donc rechercher très vite les origines de l’échec pour le comprendre et tenter de le dépasser.

II. Le tableau clinique de l’échec de La Beauce incendie

9Dès 1924, Courtial convainc le conseil de fonctionner à l’échelle nationale :

« [Les] opérations directes de [La Beauce] s’effectuent dans le département d’Eure-et-Loir et les départements limitrophes et dans la Seine. Elles peuvent s’étendre à toute la France. »

10C’est déjà une réponse à l’échec : dilater la mutualité en s’appuyant sur les grands nombres. La remise à plat des procédures est pourtant l’œuvre d’un homme « neuf », Raymond Senly. Officiellement, sa tâche commence après la mort de Courtial en 1928, sept ans après l’échec16. Dans ces années-là, Senly est directeur général de la Caisse syndicale d’assurance mutuelle des forges de France17 et administrateur de diverses sociétés. C’est un professionnel reconnu : de 1924 à 1925, il est membre de la Commission préparant le projet de loi sur le contrat d’assurance du 13 juillet 193018. On sait qu’il devait partager sa vie professionnelle entre Paris, où il habite 5 rue de Lasteyrie dans le XVIe arrondissement19, et le château de Bouglainval, près de Chartres20. Une photographie de lui, sans date, a été conservée. Vêtu d’un complet trois-pièces anthracite à fines rayures blanches, il porte une cravate sombre à pois clair au nœud irréprochable qui est la seule marque de fantaisie qu’il s’autorise. Mince, cheveux et moustache finement taillés, il correspond au portrait de « chef incontesté21 » que fit de lui Georges Hornung à son décès en décembre 1949. Hornung insiste sur la gestion humaine qu’initia Senly, « très averti dans la recherche et la formation de ses collaborateurs22 ».

11Raymond Senly est ainsi installé par Georges Hornung, le nouveau patron des deux sociétés d’assurance : brasseur à Chartres, administrateur depuis 1923, président du conseil depuis 1928. L’échec de La Beauce Incendie coïncide ainsi avec un renouvellement profond du conseil. Au premier personnel de notabilités rurales, reflet de La Beauce Incendie à l’activité désormais marginale, succèdent des industriels représentatifs du sociétariat des TF Accidents. Albert Gougis, industriel à Auneau, devient administrateur en 1919, Émile Damoiseau, industriel aussi, en 1925, Georges Hornung en 1923, Paul Gaucheron-Gourdin, « administrateur Directeur de la SA des Fonderies Forges et Ateliers Charles Gourdin23 » en 1929, André Watrelot, « administrateur délégué des Malteries franco-belges24 » en 1936, Paul Lemaire, industriel à Ivry-la-Bataille en 1939 – sans parler de Senly, lui-même très proche de l’industrie métallurgique. C’est donc Hornung qui donne un blanc-seing à Senly, après la mort de Courtial en février 1928,25 pour tirer les leçons de l’échec de 1921.

12En janvier 1930, Senly remet un Rapport sur le fonctionnement de la société Les Travailleurs Français et sur les modifications à apporter à son administration, un audit décapant26. L’original disparu, nous en avons de bons extraits dans une source de deuxième main assez sûre, le dernier volume d’une étude interne de 1957 rédigée (ou en tout cas signée) par Jean Estorges, directeur adjoint des TF dès les années trente27. Le texte est divisé en deux parties : « 1° L’organisation actuelle et ses lacunes. 2° L’organisation rationnelle qu’il y aurait lieu, à mon avis d’adopter. » La première partie permet de comprendre l’organisation interne des TF. Senly étiquette les causes profondes de l’échec de 1921 : la confusion des tâches, l’absence de communication d’un service à l’autre, la perte de temps. Son but est que les dossiers et l’information circulent rapidement, selon le « principe en vertu duquel une pièce doit toujours suivre une voie rotative et ne jamais faire de mouvement en sens inverse28 ». Pour cela, il faut casser l’« individualisme administratif qui ignore systématiquement le service voisin29 » et respecter de nouvelles procédures. Senly veut une entreprise des temps modernes, selon des idées empruntées à Taylor et, sans doute, à son expérience de dirigeant industriel, tandis que s’installe une première société de l’information. Certes, le récit de l’échec est intéressé et tend à exagérer les erreurs de la direction antérieure. Un récit documenté, cependant.

13Senly montre que les méthodes n’ont pas accompagné la croissance d’une entreprise qui traite environ 40 000 déclarations de sinistres, gère plus de 100 000 clients en 1918, pour émettre plus de 200 000 contrats en 193130. Les « questions relatives à la résiliation des polices, aux dénonciations et aux désistements, aux négociations relatives à l’annulation de ces derniers et à la reprise des affaires sont traitées par un Service Spécial totalement indépendant de la Production31 », dont il devrait pourtant dépendre. Le « Chef du Contentieux n’a pas la gestion matérielle ou financière des dossiers qui restent “en subsistance” au service des “Sinistres”32 ». Ce sont pourtant les dossiers les plus graves, donc les plus coûteux, qui supposeraient un suivi particulier. Le service de comptabilité « doit être ramené à ses fonctions normales qui consistent à n’avoir qu’un rôle essentiellement passif, c’est-à-dire à enregistrer sur ses livres les opérations sociales », ce qui n’est pas le cas. À titre d’exemple, c’est « le siège social qui dresse [les comptes de dépenses et recettes des Agents] par les soins du Service de la Comptabilité et qui les expédie aux Agents pour que ceux-ci les vérifient. On peut se demander si ce n’est pas le monde à l’envers. La Comptabilité assume ainsi en tout cas pour le compte des Agents un travail considérable qui complique singulièrement sa tâche33 ». Or « les règles administratives […] obligent ceux qui les appliquent à faire un travail matériel qui constitue un contrôle automatique […] [et] constituent des éléments de sécurité indispensables34 ». Mais « pas plus à l’arrivée qu’au départ le sous-directeur ne prend connaissance du courrier35 ». Senly relève quantité de laisser-aller.

14Ainsi des contrats :

« Le contrôle par traits de plume de la rentrée des polices envoyées aux agences [font que] […] les Agents ou les assurés peuvent conserver indéfiniment des contrats qui engagent la société sans que celle-ci connaisse leur sort définitif36. »

15L’échec de La Beauce en 1921 aurait pu arriver aux TF puisqu’« Avis est donné au Réassureur des affaires susceptibles de réassurance au vu de la proposition acceptée, et ce, sans attendre le retour de la police régularisée37. » Raymond Senly conclut :

« les méthodes instituées par M. Courtial ont pu suffire de son temps […] au cours de ces dernières années, le chiffre des affaires s’est accru, le portefeuille amplifié, les sinistres plus nombreux, la clientèle peut-être plus exigeante et les agents moins diligents […] l’administration de M. Courtial se trouvait débordée38 ».

16Rédigé à l’initiative de l’industriel Hornung, ce rapport reconstitue la pathologie de l’échec. Or ce tableau clinique constitue d’autant plus un tournant dans l’histoire de l’entreprise qu’il débouche sur un protocole de soins visant à prévenir de nouveaux échecs de gestion.

III. La thérapie : une réforme taylorienne pour prévenir l’échec

17Pour mesurer les mutations des TF Beauce des années trente, nous disposons de sources variées : bilans, assemblées générales et conseils, plans incomplets du nouveau siège, statuts, extraits du rapport initial de Senly de 1932 repris par l’étude interne d’un cadre39. Il s’inspire de Taylor, dont The Principes of Scientific Management influence alors le patronat français40. Mais on possède très peu de renseignements précis. On ne sait presque rien des machines qui devaient accompagner cette modernisation, « le téléphone, la machine à écrire, les machines à reproduire les documents, la machine à calculer, les machines comptables, […] les machines à statistique41 ». On ne sait pas non plus si cette transformation s’est doublée d’une « mise en place de systèmes de rémunérations horaires et au rendement comme c’est le cas à la Compagnie d’assurances Le Phénix à la fin des années 192042 ». Senly refait, quoi qu’il en soit, l’organigramme, divise le travail (les services passent de 5 à 18), embauche des personnels, exige un nouveau siège social. En 1930, le président du conseil Hornung justifie la réforme de l’organisation du travail :

« L’extension de nos affaires, l’accroissement de notre portefeuille financier, le développement de notre réseau d’agents, l’obligation de moderniser nos méthodes de production, de comptabilité et de règlement, nécessite actuellement la concentration de l’autorité entre les mains d’une personne particulièrement compétente […] Raymond Senly […] a consenti à s’imposer cette tâche pendant deux ans […] Nous l’avons chargé de procéder à la réorganisation administrative intérieure et extérieure de notre société43. »

18Dans son rapport de 1932 destiné aux seuls membres du conseil44, Senly affiche sa confiance dans la rationalisation du processus productif. La direction doit « concevoir, décider, coordonner, contrôler45 ». Le travail est divisé. Les « attributions de chaque service et dans chaque service de chaque section » ont été « [restreintes] à des opérations de même nature de manière à permettre le travail en série et la spécialisation des capacités de chacun46 ». Il faut accroître la productivité et garantir la sécurité des opérations. La « mécanisation […] à grand rendement » permet de « remplacer le plus possible la main-d’œuvre subalterne47 ». En retour, il faut « décider rapidement », répondre « au jour le jour » et « organiser le travail » sans que « ne soient jamais faites d’heures supplémentaires48 ». Le travail doit être fait in situ selon l’enveloppe horaire initiale. Emporter à son domicile du travail de bureau pour le terminer était une pratique du xixe siècle encore (très ?) usitée49. La direction opère également des « contrôles » sur les « [engagements] » et la comptabilité « active ». Enfin, des « conseillers techniques, l’un juridique, l’autre médical » sont adjoints à la direction avec « rôle consultatif50 ».

Tableau 1. Le nouvel organigramme des Travailleurs Français en 193251

Dénomination du service

« par ordre d’urgence »

Attribution

1. Production

Production

2. Émissions

Polices, Sinistres, Quittances

3. Sinistres Loi

4. Sinistres Droit commun

5. Contrôle

6. Gestion centrale

Recouvrement

7. Caisse

8. Recouvrements spéciaux

9. Comptabilité

10. Titres

Mouvements Valeurs mobilières, immobilières, Prêts : Achat, Vente et Contrôle. Baux.

11. Finances

12. Travaux et Approvisionnements

13. Immeubles

14. Matériel

15. Statistiques et Réassurance

16. Courrier et Correspondance

17. Personnel

18. Inspection et Agences

Inspecteurs, Agences, Service central Inspection et Agences

19Le nouvel organigramme est étoffé (cf. tableau 1). Cela suppose une embauche de personnels qualifiés. Dans son rapport de 1930, Senly note :

« j’ai été frappé du grand âge d’un certain nombre d’[employés …] parmi lesquels beaucoup de retraités […]. Le rendement d’un personnel âgé est toujours de qualité médiocre52 ».

20Senly veut attirer des « cadres » moyennant « l’obligation d’offrir des rémunérations plus élevées que la moyenne53 ». Son leitmotiv : « des cadres, des manœuvres, des machines54 ». De fait, les effectifs doublent presque, passant de 170 à 300 personnes environ de 1928 à 1934 – dont 11 seulement travaillaient à La Beauce il est vrai55. Pour expliquer de tels investissements, il faut se souvenir que Les Travailleurs Français accidents épaulent La Beauce Incendie depuis le début… La mécanisation est améliorée : la société compte en 1928 « six à huit machines à écrire […] [et] un duplicateur Gestener56 ». Mais l’analyse du risque (acceptation, tarification) demeure un travail individuel : l’expérience de l’échec ? En 1939, le traitement des affaires reste long. Le commissaire contrôleur du ministère du Travail prend ainsi 30 dossiers au hasard parmi « le registre des graves » accidentés du travail : il s’écoule deux à neuf mois entre la date de l’accident et la « date à laquelle ces renseignements sont parvenus à la société57 ». Enfin, en 1934, un « Règlement de Prévoyance en faveur des personnels des TF/Beauce58 » est promulgué. Il garantit une retraite par une double contribution de l’employé – 2 à 4 % du salaire59 – et de l’employeur « versées par ce dernier à la Caisse Nationale des Retraites pour la vieillesse en vue de constituer au bénéficiaire une rente différée à l’âge de 65 ans60 », voire 60 ans « par dérogation » (article 22). Une contrepartie non-salariale « paternaliste » au productivisme, en somme.

21Pour loger nouveaux services et nouvelles recrues, il faut de la place. Dès novembre 1930, la société achète deux immeubles situés au centre-ville de Chartres61. Seule l’assise financière des Travailleurs Français autorise un tel « miracle ». Le siège social est transféré le 1er juillet 1932, même si l’ancien bâtiment est mitoyen du nouveau62. Il correspond aux normes de confort moderne des années trente : larges ouvertures, volets roulants, chauffage central, téléphone. L’assemblée générale des TF de 1934 peut alors mettre un « terme [à] la réorganisation administrative63 ». Le poste « Immeubles » de l’actif du bilan des TF est passé de 7,7 millions de francs en 1930 à 14,5 millions en 1932 : le coût du nouveau siège est donc de 6,8 millions de francs 1932, soit environ 2 millions de francs constants64. L’augmentation des frais généraux, « conséquence normale de la réorganisation des bureaux65 », selon le mot d’un commissaire censeur en 1932, est contenue à 11 % des cotisations en 193166, conformément aux engagements pris par Senly en 193067. Ce faible ratio n’intègre pas l’investissement immobilier : dès l’exercice 1932, la réserve immobilière destinée à amortir les nouveaux bureaux est ainsi dotée de 3 millions de francs68. La refonte de l’organisation du travail est donc radicale.

22La Beauce et Les Travailleurs Français étaient des sociétés rurales, dirigées par des agrariens qui pesaient un tiers des administrateurs des TF en 1914. Or les années vingt correspondent à l’entrée au conseil d’industriels emmenés par Georges Hornung, initiateur de la modernisation Senly. Les nouveaux statuts votés le 8 mai 1937 décident que les administrateurs seront communs à compter du 1er juillet 1937. Si les activités sont encore distinctes, les Travailleurs Français s’appellent désormais « Société mutuelle d’assurance et de réassurance contre les accidents et les risques de toute nature69 », ce qui s’apparente à une société IARD70. Outre Senly, sept industriels intègrent le conseil de 1919 à 1939. Or la durée moyenne des mandats est de vingt ans pour la période 1914-1963. C’est bien Georges Hornung le maître d’œuvre : administrateur en 1923, président du conseil en 1926 pour près d’un tiers de siècle. Licencié en droit, ingénieur brasseur, il dirige la brasserie Hornung, créée par son père à Chartres71.

23Selon Jean-Pierre Daviet, les brasseurs ont constitué au xixe siècle un milieu patronal dynamique et une profession surexposée aux accidents du travail72. Dans son rapport de 1937, le commissaire contrôleur du ministère du Travail dénonce pourtant un « État-Major […] important » dont « la nécessité […] ne paraît pas se faire impérieusement sentir73 ». Hornung utilise des méthodes comptables empruntées à l’industrie. Manifestement, le président du conseil a toute confiance en Senly, son alter ego conquis par les méthodes de rationalisation du travail. Symptomatiques de la nouvelle vigilance financière et d’une certaine mise au pas des agents, les bilans des années trente indiquent le poste « trésorerie à recouvrer » : 25 % des primes en 1933-193674, 15 % seulement en 193875. C’est que dès 1930, Hornung et Senly globalisent les frais de gestion, les commissions aux agents et les frais généraux du siège social, financés à raison de « 2 F par quittance76 ». Parallèlement, Hornung initie une politique méthodique de provisionnements généreux :

« Le souci constant [de sécurité amène à] procéder, à la fin de chaque exercice, à l’établissement du compte des sinistres des exercices antérieurs. Chaque année, ce compte fait ressortir un excédent bénéficiaire qui prouve que les évaluations faites antérieurement ont été très largement calculées77. »

24En 1935, l’assemblée générale décide d’affecter plus de la moitié du résultat de 1934 à une réserve spéciale destinée à « couvrir, par avance, le risque résultant des assurances automobiles78 ». Hornung refuse de céder à la « concurrence effrénée79 » sur les prix qu’exacerbe la contraction déflationniste des cotisations des années trente et réagit en proposant (imposant ?) aux agents « résistance à la baisse désordonnée des tarifs » et « épuration [du] […] portefeuille80 » : il ne s’agit pas de « faire des affaires à n’importe quel prix81 ». Parallèlement, les contrats sont réduits à cinq ans82, la hauteur des risques endossés clairement édictée en 193383 pour éviter les déboires de La Beauce Incendie en 1921.

25Dès 1932, Hornung dresse un bilan des réformes Senly. Son modèle est l’industrie, son obsession la productivité, ses outils l’investissement et l’innovation. Il souligne l’amélioration des « conditions d’établissement des polices » et l’« [accélération du] règlement des sinistres, la fonctionnalité des nouveaux locaux […] établis selon un plan rationnel qui améliorera le rendement ». Il explique le solde bénéficiaire de 1931 par cette « transformation des bureaux84 ». Hornung et ses hommes, au premier chef Senly, ont donc transformé les mutuelles provinciales en une firme taylorienne. Construction d’un nouveau siège, embauche de personnels, remise à nu de l’organisation, reprise en main du réseau85, attention à la solvabilité comme aux flux financiers : tout atteste de la refonte des méthodes de travail, associée à une gestion financière des plus prudentes.

IV. Les vertus de l’échec

26Quel diagnostic final poser sur le corps économique malade de La Beauce et des Travailleurs Français, frappés par le virus de l’échec en 1921 ? L’analyse régressive des symptômes de l’échec révèle des dysfonctionnements qui reflètent l’obsolescence des procédures, élément essentiel de l’économie de l’assurance. L’échec précipite donc la nécessaire réforme des protocoles et la modernisation d’un « groupe » d’assurances. Il coïncide aussi avec une réflexion sur la taille du marché (du département à la France) et avec la prise de pouvoir, au sein du conseil, d’industriels. Ces derniers recrutent un nouveau directeur, Raymond Senly, qui a carte blanche pour enquêter sur la gestion passée. La radiographie de l’échec de son prédécesseur débouche sur une réforme radicale du travail de bureau selon les préceptes tayloriens. Audit, remise à plat, réforme et investissements : tels sont les principes de la mue qu’il impose à l’entreprise. Or les lourds investissements ne pèsent pas sur les frais généraux puisque ces compagnies multiplient par deux à deux et demi leur volume de cotisations (en francs constants) de 1913 à 1938. L’appui sans faille des Travailleurs Français, qui opèrent sur un marché accidents du travail relativement épargné par la conjoncture, y est sans doute pour beaucoup. Les autorités du Contrôle leur délivrent d’ailleurs un beau satisfecit pour l’exercice 1935 : « La position financière des TF est donc exceptionnellement forte et ses réserves libres […] lui permettent de constituer son cautionnement sans emprunt86. » Et la situation demeure encore très « saine » en 1937 et 193887. S’il ne faut pas, sans doute, succomber à la success story, force est de constater que tous les indicateurs révélés par les sources internes (bilans) et externes (presse professionnelle, rapports du Contrôle) sont au vert à la fin des années trente. L’emménagement dans le nouveau siège en 1932 consacre la mutation des Travailleurs Français/Beauce, qui ont décidé d’épouser les temps modernes. L’échec a finalement accéléré la modernisation de l’entreprise. Les vices de procédure ont donc paradoxalement révélé leurs vertus.

Notes de bas de page

1  Archives historiques du Crédit lyonnais, direction des études financières, boîte n° 41 039, courrier de l’agence Crédit lyonnais du Mans en date du 11 mars 1904 au siège central.

2  Rapport du commissaire censeur Fresneau à l’assemblée générale de La Beauce Incendie du 14 juin 1919.

3  Assemblée générale de La Beauce Incendie du 14 juin 1919.

4  Le commissaire censeur Fresneau à l’assemblée générale de La Beauce Incendie du 12 juin 1920.

5  « Nos sociétés de réassurance : 379 685 francs de sinistres en cours de règlement » sur un total de 456 410 francs – soit 80 % – selon le président du conseil Lelong à l’assemblée générale de La Beauce Incendie du 4 juin 1921. Les tarifs sont relevés de 0,08 à 0,13 % des cotisations de 1919 à 1920, selon le ratio primes sur valeurs assurées.

6  Le commissaire censeur Fresneau à l’assemblée générale de La Beauce Incendie du 4 juin 1921.

7  Assemblée générale de La Beauce Incendie du 27 mai 1922.

8  Le sinistre Kécheur coûte 297 296 francs, le sinistre Wangernez 568 889 francs, soit 866 182 francs ou 82 % des sinistres et 160 % des cotisations de 1921. Assemblée générale de La Beauce Incendie du 27 mai 1922.

9  L’ensemble des citations suivantes provient de l’assemblée générale de La Beauce Incendie du 27 mai 1922.

10  Le commissaire censeur Fresneau à l’assemblée générale annuelle de La Beauce Incendie du 27 mai 1922.

11  391 026 francs sur 866 182 francs liés à ces deux gros sinistres industriels sont pris en charge par les réassureurs, soit 45 %.

12  Les TF prêtèrent 598 000 francs, tandis que ses réserves s’élevaient en 1921 à 6 617 537 francs.

13  Lettre de Courtial à La Zürich du 10 octobre 1921, citée au conseil d’administration de La Beauce Incendie du 22 octobre 1921.

14  Lettre de Pepin Lehalleur, directeur de la MACL, à Courtial, conseil d’administration de La Beauce Incendie du 31 décembre 1921.

15  Lettre de La Zürich à Courtial en réponse à sa lettre du 10 octobre 1921, conseil d’administration de La Beauce Incendie du 31 décembre 1921.

16Étude documentaire et technique sur La Beauce et les TF, 1914-1928, juin 1956, étude interne ronéotée, p. 7.

17  Senly y siège à côté d’un Maurice de Wendel, maître des forges à Joeuf, de Turckeim, patron de Dietrich, de Lente, président de l’Union des industries minières et métallurgiques à partir de 1937, ou encore de Forgeron, diplômé de l’Institut des actuaires. Voir les rapports publics annuels imprimés de la Caisse syndicale d’assurance mutuelle des forges de France contre les accidents du travail de 1933 à 1945, archives historiques du Crédit lyonnais, boîte DEEF n° 43627 et Danièle Fraboulet, Quand les patrons s’organisent. Stratégies et pratiques de l’Union des industries métallurgiques et minières 1900-1950, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2007.

18  Ancey et Sicot, p. 8.

19  SAEF, carton B 41 426, Contrôle TF 1936-1946, lettre de Senly au ministre des Finances du 17 juin 1944.

20  Rapports publics imprimés des TF des années trente et suivantes.

21  Conseil d’administration des TF IARD du 15 décembre 1949.

22  Conseil d’administration des TF IARD du 15 décembre 1949.

23  Assemblée générale de La Beauce Incendie du 9 juin 1929.

24  Les malteries franco-belges « possèdent une usine dans le Nord, une en Belgique, une en Seine-et-Oise et une à Pithiviers ». Assemblée générale de La Beauce Incendie du 9 mai 1936.

25  Courtial démissionne pour raisons de santé en octobre 1927. La cessation de ses fonctions est reportée au 31 janvier 1928. Il meurt à son domicile à Chartres le 14 février 1928 à 77 ans. Source : conseil d’administration des TF du 27 octobre 1927, 7 janvier 1928.

26  Conseil d’administration des TF du 25 janvier 1930.

27  Jean Estorges, Étude documentaire et technique sur Les Travailleurs Français/La Beauce de 1928 à 1948, étude interne ronéotée, 115 p. environ, novembre 1957, p. 19-32. Jean Estorges apparaît sur l’organigramme des TF comme directeur adjoint en 1939.

28  Raymond Senly, Rapport du Vice-président délégué du Conseil d’Administration sur la réorganisation administrative de la société, juin 1932, Étude…, vol. 4, p. 22.

29Idem, p. 20.

30  Assemblée générale des TF du 28 mai 1932.

31  Raymond Senly, Rapport du Vice-président délégué du Conseil d’Administration sur la réorganisation administrative de la société, juin 1932, Étude…, vol. 4, p. 24.

32Idem, p. 26.

33Idem, p. 28.

34Idem, p. 30.

35Idem, p. 21.

36Idem, p. 24

37Idem.

38Idem, p. 31.

39  Jean Estorges, Étude documentaire et technique sur Les Travailleurs Français/La Beauce de 1928 à 1948, étude interne ronéotée, 115 p., 1957. L’auteur note p. 35 que le rapport intégral de Raymond Senly compte 82 pages.

40  « The principes of Scientific Management est traduit en 1911, puis réédité […] en 1919 et 1926. Par la suite, ce sont les frères Michelin qui prennent la tête du mouvement : les méthodes américaines de rationalisation du travail se diffusent dans le pays, surtout en 1926-1930, afin de remédier à la pénurie de main-d’œuvre. » selon Maurice Lévy-Leboyer, « Les patrons. Des héritiers aux managers », L’Histoire, 139, repris in Jacques Marseille (dir.), Puissance et faiblesses de la France industrielle, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1997, p. 367.

41  Par ordre d’entrée en scène dans les années 1920-1930, selon Delphine Gardey, La dactylographe et l’expéditionnaire : histoire des employés de bureau, 1890-1930, Paris, Belin, 2001, p. 131.

42  Delphine Gardey, La dactylographe…, op. cit., p. 134.

43  Georges Hornung, président du conseil, à l’assemblée générale des TF Accidents du 21 juin 1930.

44  « Je prie mes Collègues, auxquels ce rapport est exclusivement destiné… », Raymond Senly, Rapport du Vice-président délégué du Conseil d’Administration sur la réorganisation administrative de la société, juin 1932, Étude…, p. 37.

45Idem, p. 38.

46Idem.

47Idem.

48Idem, p. 39.

49  Vers 1928-1929 encore, « certains travaux – copie à la main des exemplaires de polices à envoyer aux Agences, préparation des quittances de cotisation, par exemple – étaient effectués en dehors du Siège Social, en “travaux supplémentaires”, comme on disait à l’époque, par des personnes pour la plupart étrangères à notre personnel et non comprises par suite dans notre effectif », rapporte Jean Estorges, Étude…, vol. 4, p. 44.

50  Raymond Senly, Rapport du Vice-président délégué du Conseil d’Administration sur la réorganisation administrative de la société, juin 1932, Étude…, vol. 4, p. 44.

51Idem, p. 40-43.

52  Raymond Senly, Rapport sur le fonctionnement de la société Les Travailleurs Français et sur les modifications à apporter à son administration, 1930, Étude…, p. 22.

53  Raymond Senly, Rapport du Vice-président délégué du Conseil d’Administration sur la réorganisation administrative de la société, juin 1932, Étude…, vol. 4, p. 32.

54  Jean Estorges : « … la fameuse formule, si souvent entendue par nous alors, “des cadres, des manœuvres, des machines”… », Étude, vol. 4, p. 43.

55Idem, p. 43.

56Idem, p. 17.

57  SAEF, Archives Trésor du ministère des Finances, Rapport du commissaire contrôleur Delatte de la Direction des assurances privées sur les opérations des TF de 1938 en date du 13 juillet 1939, carton B 41 426.

58  Ordre de service n° 68 du 16 mars 1934 de Raymond Senly.

59Règlement de prévoyance…, 16 mars 1934, article 6.

60Idem, article 4.

61  Jean Estorges, Étude…, vol. 4, p. 53.

62  Assemblée générale des TF du 28 mai 1932, 5e résolution.

63  Rapport du conseil d’administration à l’assemblée générale des TF du 12 mai 1934.

64  Assemblées cénérales des TF des 27 juin 1931 et 13 mai 1933.

65  Rapport des commissaires aux comptes à l’assemblée générale des TF du 28 mai 1932.

66  Les frais généraux pèsent environ 9,5 % des cotisations en 1930 et 1931, 11 % en 1932. Assemblées générales des TF de 1931 à 1933.

67  « Dans ma carrière d’assureur, j’ai tenu la main à ce que les frais généraux fussent aussi réduits que possible et j’ai eu cette préoccupation à un point tel qu’aucun organisme n’a pu rivaliser à cet égard avec les Sociétés dont j’assumais la Direction Générale, mais encore faut-il que les économies de cet ordre ne soient pas faites au détriment des affaires sociales. », in Raymond Senly, Rapport sur le fonctionnement de la société Les Travailleurs Français et sur les modifications à apporter à son administration, 1930, Étude…, vol. 4, p. 19.

68  L’assemblée générale des TF du 13 mai 1933 décide d’affecter un million de francs, sur 2,4 millions de francs, du solde créditeur de l’exercice 1932 à la « Réserve immobilière (amortissement du domaine immobilier) », désormais dotée de 3 millions de francs.

69  Assemblée générale extraordinaire des TF du 8 mai 1937.

70  IARD pour incendie, accidents et risques divers.

71  Dossier d’administrateur Hornung.

72  Jean-Pierre Daviet, « Un dynamisme français : les brasseries du xixe siècle », in Dominique Barjot et Michèle Merger (dir.), Les entreprises et leurs réseaux : hommes, capitaux, techniques et pouvoirs xixe-xxe siècles, Mélanges en l’honneur de F. Caron, Paris, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 1998, p. 775-784. Daviet note (p. 777-778) que « Les accidents du travail sont nombreux (les primes d’assurances comptent souvent pour 4,60 % des salaires). »

73  SAEF, archives Trésor du ministère des Finances, Rapport du commissaire contrôleur Delatte sur les TF en 1937, sans date, carton B 41 426, TF 1936-1946 : « La Mutuelle est dirigée, outre l’administrateur délégué, par : un Directeur Général, un Directeur, deux Directeurs Adjoints, un Sous-Directeur, un Secrétaire Général et plusieurs “conseillers techniques”. »

74  Le rapport de l’assemblée générale des TF du 12 mai 1934 note la baisse des cotisations à recouvrer et du solde débiteur des agences en raison de l’« amélioration sensible de la gestion financière des Agents généraux ».

75  27 % environ de 1933 à 1936, 23 % environ en 1937, 15 % environ en 1938, plus de 21 % à nouveau en 1939, exercice perturbé par la guerre.

76  Assemblée générale des TF du 27 juin 1931, 3résolution.

77  Hornung parle de la « nécessité de renforcer notre situation financière en prévoyant de larges amortissements », assemblée générale des TF du 29 mai 1932.

78  L’assemblée générale des TF du 11 mai 1935 décide d’affecter 1,75 million de francs à cette réserve sur un solde créditeur total de 3 211 090 francs en 1934.

79  Assemblée générale des TF du 11 mai 1935.

80  Assemblée générale des TF du 9 mai 1936.

81  Assemblée générale des TF du 11 mai 1935.

82  Réduire la durée des contrats rend le sociétaire mais aussi l’assureur plus libres de rompre, c’est-à-dire de réexaminer le risque couvert et de réévaluer si besoin le prix de la cotisation.

83  Assemblée générale extraordinaire des TF du 27 mai 1933. Titre II Contrat d’assurance. Art. 12 Plein « maximum […] sans réassurance sur un seul risque pour des assurances autres que celles de la loi de 1898 […] […] fixé à 500 000 francs ». Article 15 « Durée. 5 ans maximum avec tacite reconduction d’un an maximum ».

84  Assemblée générale des TF du 28 mai 1932.

85  Cf. Le rapport de Raymond Senly, Titre XIX « Les Agences » : « Le hasard des circonstances ayant le plus souvent établi des relations entre l’ancienne direction et des collaborateurs occasionnels, beaucoup de ceux-ci s’étaient vu attribuer en fait la qualité d’Agent sans que leur titre, non plus que leur mandat ait été clairement défini. Ceux d’entre eux qui avaient une lettre de nomination n’avaient pour la plupart pas de circonscription délimitée autrement que par une formule énonçant le lieu de leur résidence et le “Pays autour”. […] À de rares exceptions près, la gestion des agents n’était garantie par aucun cautionnement. […] les Services d’Inspection n’étaient pas organisés, les Agents n’étaient pas régulièrement surveillés et certains d’entre eux n’avaient jamais, depuis la création de leur Agence, reçu la visite d’un inspecteur de la société. » Raymond Senly, Rapport sur le fonctionnement de la société Les Travailleurs Français et sur les modifications à apporter à son administration, in Jean Estorges, Étude interne…, vol. 4, nov. 1957, p. 45-46.

86  Rapport du commissaire contrôleur Dorlanne sur les comptes des TF de 1935 daté du 16 novembre 1936, SAEF, archives Trésor du ministère des Finances, Contrôle, carton B41 426, TF 1936-1946.

87Idem, Rapport du Commissaire contrôleur Dorlanne sur l’exercice 1937 des TF, sans date : « La comparaison des bilans de 1936 et 1937 montre que les réserves libres des TF n’ont subi que de faibles variations […] les provisions libres restent élevées et la couverture des réserves obligatoires est largement assurée : la situation de la société paraît donc encore saine pour l’instant ». Rapport sur l’exercice 1938 daté du 13 juillet 1939 : « L’étude du mouvement des réserves libres en 1938 montre que celles-ci ont diminué d’environ 4 millions (dont 2 millions ont servi à compléter des réserves techniques précédemment trop justes). Toutefois les réserves libres étant encore très importantes et les réserves obligatoires très largement couvertes, la situation générale reste saine. »

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