Une intégration marchande ? Des juifs d’Avignon entre Bordeaux et Paris au siècle des Lumières
p. 37-45
Texte intégral
1Les destinées marchandes des juifs d’Avignon sont souvent erratiques1. La famille Dalpuget, installée à Bordeaux durant la première moitié du xviiie siècle, puis à Paris dans la seconde, subit des revers cinglants : faillite de sa maison d’armement maritime en 1750, vif rejet de la part des corporations qui, vers 1770, lui dénient l’inclusion dans le commerce de la capitale. Ce déplacement, synonyme de retour à la vente au détail après le commerce en gros, constitue une adaptation par la descension sociale à ces infortunes. L’échec contraint les protagonistes à exploiter leurs réseaux relationnels de manière à poursuivre une activité. La persistance des liens professionnels invite alors paradoxalement à décrire leur relégation apparente comme une forme d’intégration réussie en insistant sur les relations de juifs « ordinaires » avec leur environnement extracommunautaire2. La notion d’échec perd de sa pertinence si l’on accepte de regarder les choses sous un angle plus social qu’économique.
I. Un double échec
2Comme d’autres Avignonnais, les Dalpuget arrivent à Bordeaux à la fin du xviie siècle3. Initialement fripiers ou détaillants en soie, une production importante du Comtat, ils se démarquent en armant pour les Antilles. Dans les années 1740, Jacob Dalpuget et son gendre et neveu Emmanuel Dalpuget affrètent trois vaisseaux (Le Royal David, Le Prophète Samuel et La Famille de Jacob), pour neuf voyages. Des juifs de la ville, ils sont les seuls Avignonnais à y parvenir4. Les difficultés à rapatrier les fonds, au début de la guerre de Sept Ans, et la malhonnêteté d’un capitaine les acculent au dépôt de bilan en 1750. Ils chiffrent leurs pertes à près de 600 000 lt5. « Pour se mettre en état » de rembourser ces dettes (qui, en 1752, après réductions, ne se montent plus qu’à 150 000 lt), ils se replient sur la vente au détail, et parce qu’ils détiennent d’importants stocks de soieries dispersés dans le royaume, et parce qu’ils n’avaient jamais abandonné ce créneau6. Mais Bordeaux et la Guyenne leur sont fermées, du fait de l’hostilité conjuguée des marchands chrétiens et de la communauté judéo-ibérique. Les nouveaux chrétiens portugais, installés à Bordeaux depuis le xvie siècle et reconnus comme juifs en 1723, rechignent en effet à inclure les Avignonnais et les Allemands dans leur privilège collectif. En outre, la teneur même du brevet particulier dont jouissent les Dalpuget, octroyé par l’intendant en 1749, les contraint à se limiter au négoce de gros et à la banque. Cette permission exceptionnelle entérine paradoxalement l’échec de l’élargissement de leur commerce aux environs, et les force à aller tenter leur chance ailleurs7.
3La migration des Dalpuget vers Paris ne relève cependant pas d’un choix individuel : en juillet 1759, lorsque six familles avignonnaises reçoivent des lettres patentes leur accordant le séjour à Bordeaux, et qui fonctionnent comme des lettres de naturalité, plusieurs chefs de maison y résident déjà : huit hommes signent à Paris l’accord de répartition des prélèvements nécessaires pour acquitter les 60 000 lt d’aumônes exigées en échange8. Si le document royal insiste sur les droits des patrimoines, qui échappent à la saisie, les requérants ont sollicité l’alignement sur les Portugais comme une grâce de nature commerciale. C’est ce que rappelle le préambule qui reprend la teneur de leur supplique :
« Quelques choses qu’ils ayent pû faire depuis, à la faveur desdits brevets [particuliers], pour faire fructifier leur commerce, il s’est par là trouvé si restraint et si borné qu’ils ont eu la douleur de le voir diminuer successivement, surtout depuis les circonstances de la guerre ; et au point que pour en prévenir l’entière ruine, ils sont dans la nécessité de nous supplier de vouloir bien leur concéder les mêmes droits et privilèges dont jouissent les marchands portugais ou nouveaux chrétiens. »
4L’installation parisienne s’effectue à partir du milieu des années 1740. Les Avignonnais se glissent dans les interstices du système corporatif : les marchandises s’abritent dans l’enclos du Temple pour éviter les saisies par les gardes des communautés, les individus résidant dans des hôtels vers la rue de Seine9. L’ampleur de leurs affaires les différencie de simples colporteurs. Ils sont grossistes, intermédiaires entre les fabricants de soie et les tailleurs et fripiers de la capitale. S’ils n’ont pas renoncé à vendre en province, sur place ou par correspondance, c’est sans grand succès : en 1755, Emmanuel (?) Dalpuget doit quitter Brest sous la pression des marchands du cru, dont le syndic lui rachète ses marchandises à bas prix et embauche son commis10. Mais grâce au marché parisien, leurs affaires sont suffisamment florissantes pour leur permettre de remplir avant 1770 leurs obligations vis-à-vis de leurs créanciers (150 000 lt de dette consolidée en 1752). Elles ne les autorisent pourtant plus à afficher le train de vie qui allait avec leur participation au grand négoce (dans les années 1740, les dépenses d’entretien des quatre sociétaires atteignaient 17 000 lt par an). La société contractée en 1768 entre Moïse Dalpuget et ses cousins n’a pour capital qu’une vingtaine de milliers de livres ; celle de ses frères Abraham et Benjamin se situe au même niveau11. Leur sort se complique toutefois quand les Dalpuget cherchent à entrer dans les corporations. En 1767, la monarchie vend des brevets valant maîtrise dans les corps de métier des villes du royaume. À Paris, ils sont cinq juifs avignonnais à en profiter pour s’établir merciers, dont Moïse Dalpuget. En dépit des lettres patentes de 1759 dont plusieurs bénéficient, ils invoquent la clause d’ouverture aux étrangers. Mais ils se heurtent à une vive résistance des Six Corps, le regroupement des principales communautés marchandes de la capitale, victorieux en 177712. Au lendemain de la réforme Turgot, le principe de l’exclusion des juifs est réaffirmé, ce qui peut surprendre, la mercerie étant assez ouverte dans son recrutement13. Reste qu’à défaut d’être reçus et inscrits, ils ont payé tous les droits.
5Ces deux échecs à s’insérer officiellement dans un corps (la nation portugaise/les merciers) n’empêchent pourtant pas les Dalpuget de commercer presque comme ils l’entendent. Cette liberté de négocier, si elle fait occasionnellement appel à la protection aristocratique, ne repose plus sur un privilège particulier. Elle provient plutôt de leur inscription dans les nœuds des pratiques marchandes, aux côtés et en collaboration avec ces mêmes individus qui, en corps, les rejettent.
II. Commerce et relations sociales
6La maîtrise des mécanismes du crédit et des délais de paiement indispensables aux commerçants nécessite la confiance de leurs partenaires. En effet, leurs entreprises n’empruntent guère. Les épouses sont pratiquement les seules créancières hypothécaires. Leur expansion comme armateur reposait non sur des emprunts de capitaux à long terme, comme les rentes constituées, mais sur des billets à court ou moyen terme, dont la circulation est rapide, les changements de mains nombreux, le coût élevé : en 1750, les Dalpuget chiffrent à 270 000 lt les pertes d’escompte et de courtage à Paris et Bordeaux en quatre années14. C’est surtout la confiance des fournisseurs qui a permis l’accroissement de leurs affaires. Les stocks des Avignonnais de Bordeaux ne dépassaient pas les 10 000 lt en 173415. Mais en 1750, les avances des fabricants de soieries aux Dalpuget avoisinent les 500 000 lt (330 000 à Lyon, 100 000 à Nîmes et 80 000 à Tours)16. Ils sont sans doute parvenus à écouler ces marchandises car, en 1761, leurs stocks ne valent plus que 25 000 lt (un quart de l’actif net). Cette aptitude marchande justifie que, malgré tout, la confiance des fabricants se manifeste encore dans les années 1760 et 1770, par des prix ou des conditions de règlement avantageux. La manufacture royale des Andelys, aux prix élevés, livre sans ciller les Avignonnais, qui ne dissimulent pas leur qualité de juifs17. Même après la faillite de 1750, les achats sont considérables : plusieurs centaines de milliers de livres par an selon l’une des branches Dalpuget18. C’est d’autant plus remarquable que leurs fortunes personnelles, hors négoce, sont modestes : les dots des épouses sont faibles (1 500 à 5 000 lt), les patrimoines essentiellement mobiliers, même si la situation change à la veille de la Révolution.
7Inversement, revendre aux détaillants suppose de leur part à la fois de démarcher des acheteurs et de leur faire crédit, ce qui se révèle parfois un mauvais calcul. En 1780, Moïse Dalpuget livre pour 15 000 lt de vêtements à un noble du Poitou, sans parvenir à se faire payer avant son décès en 1787. Le démarchage des particuliers passe par la possibilité de se désigner comme marchand dans l’espace urbain. Les Avignonnais tendent de fait à délaisser la rive gauche pour le cœur négociant de la capitale, autour des Halles (les paroisses de Saint-Merry, Saint-Eustache et Saint-Germain-l’Auxerrois). Surtout, ils donnent à voir leur activité par des enseignes, même s’ils n’ont pas de vitrine : sur la porte cochère de son immeuble, Moïse Dalpuget place un panneau Au protecteur du commerce19. La question de la réputation est donc aussi cruciale pour eux que pour d’autres. La confiance dont leurs pairs les honorent est invoquée dans toutes les suppliques adressées à l’intendance et au ministère. La défendre, au besoin contre ses proches, constitue un enjeu vital. En 1766, David Naquet, « négociant juif de Carpentras », n’hésite pas à porter plainte contre Isaac Dalpuget, qui l’a accusé en plein café et devant témoins d’avoir volé 30 000 lt à son patron. Il explique que ces insultes tendent à le perdre de réputation et crédit20.
8Plus généralement, rien ne les empêche non plus d’agir à l’instar des autres en sollicitant des tribunaux la condamnation de leurs débiteurs, voire en les faisant enfermer, qu’ils soient chrétiens ou juifs. Un Bordelais en fait l’amère expérience, car Moise Dalpuget, ayant obtenu en 1776 sentence du consulat de Paris, le fait maintenir dans les geôles du For-l’Évêque en guise de contrainte par corps21. Au besoin, ils obtiennent la saisie réelle des revenus d’un office ou d’une terre pour se faire payer22. L’absence d’appartenance aux communautés autrement que sous la forme de la microcommunauté volontaire de 1759 ne les empêche donc pas de jouir en pratique de droits assez comparables à ceux des incorporés. Sans doute faut-il voir dans cette relative égalité un effet du travail de la catégorie d’étranger sur la pratique juridique commerciale23. Mais on peut aussi penser que les collectivités professionnelles ont d’autres buts que la régulation du marché du travail ou la gestion d’un monopole. Car la mise à l’écart institutionnelle des Dalpuget n’empêche en rien une insertion sociale qu’on peut qualifier d’intégration.
III. Un échec intégrateur ?
9Les Dalpuget nouent des liens étroits avec les acteurs de la soie, pour la plupart des merciers. La concurrence sectorielle engendre plus de soutiens que d’ennemis. C’est ce que montre leur proximité avec des marchands importants, Jacques Bourjot (1705-1788) et Jean-Baptiste Buffault (†1792). Le premier fournit les maisons royales et conseille le Contrôle général. Avec ses proches, membres actifs de la notabilité janséniste, il parraine entre 1760 et 1780 les conversions de plusieurs Dalpuget. La famille du second, devenu l’homme d’affaires de Mme du Barry, en loge d’autres24. Ces liens renforcent le soutien du procureur général du Parlement de Paris et atténuent les conséquences de l’hostilité des Six Corps. Ces solidarités expliquent le rétablissement des Dalpuget, qui se passent d’une protection institutionnelle, arme ordinaire des faibles. Elles tendent même à se substituer partiellement aux liens communautaires juifs. Contrairement au schéma attendu, les difficultés n’entraînent pas un repli vers le réseau des autres outsiders mais un rapprochement avec les insiders du même secteur25.
10C’est que les différentes communautés juives du royaume ne sont guère portées à l’entraide. Les Portugais, bien qu’hébergeant en pratique, mais à leur corps défendant, les Avignonnais sous leur privilège, à Paris comme à Bordeaux, les méprisent. Descendants de la tribu de Juda, ils ne sauraient se mêler « aux enfants de Jacob, connus sous le nom de Tudesques, Italiens ou Avignonnais26 ». Par ailleurs, les rapports des Avignonnais de Paris avec les carrières sont fortement distendus. Depuis les années 1720, ils en sont fiscalement désolidarisés27. En 1759, les six familles privilégiées ont même songé à surtaxer leurs compatriotes lors des foires28. Même les rapports liés à la soie se sont faits ténus. Lyon a en effet étouffé la production comtadine depuis les années 1710. Et quand elle redémarre après 1735, elle s’oriente vers des étoffes de moindre qualité qui n’intéressent guère les Dalpuget29. En 1780, sur une fourniture de plus de 15 000 lt, les florences avignonnaises ne représentent que 800 lt. Tout le reste est formé de satins et de tissus d’or et d’argent. De sorte que les échanges de marchandises entre juifs de Provence et de Paris sont réduits. Dans le bilan d’Israël Ravel, ancien facteur des Dalpuget, en 1776, ils pèsent moins de 4 % des créances30.
11À l’opposé, les signes d’intégration dans la société parisienne sont légion. Comme le montre la plainte de 1766, les hommes fréquentent les cafés, et y jouent, les théâtres et l’opéra : en novembre 1770, une actrice est arrêtée à Bruxelles avec un Dalpuget. C’est bien ce qui agace l’inspecteur chargé de leur surveillance, lequel s’acharne à leur reprocher le port de la perruque ou de l’épée. Ces frasques de « petits-maîtres » renvoient à un partage de normes, l’acculturation remontant au moins au séjour bordelais31. Trace plus tangible encore de l’intégration : Moïse Dalpuget a manifestement eu deux filles naturelles, mariées avec des merciers établis, tandis que ses frères vivent en concubinage avec des chrétiennes32. Seul le mariage leur est inaccessible autrement qu’avec une coreligionnaire. Ces déviances traduisent l’indifférenciation culturelle, à défaut de cultuelle. Car, pour la plupart, ils restent croyants, voire pratiquants. Du moins les rabbins de passage ne trouvent-ils pas grand-chose à leur reprocher. Il n’y a pas que les juifs de cour pour s’approprier les codes de la société des gentils33. Preuve, au moins pour les contemporains, de leur admission au partage des ressources locales, le statut de propriétaire immobilier atteint par Moïse Dalpuget. Ce n’est pas rien dans la capitale où la propriété est très concentrée : moins de 5 % des ménages y possèdent leur logement34. Or Moïse détient un immeuble rue Saint-Denis, une maison à Massy et exploite des échoppes de fripiers devant le Louvre. Et s’il ne tient pas lui-même de magasin, c’est qu’il recourt à un vrai mercier, son « gendre » (Antoine-Gervais Desnost, marchand rue Tirechappe, non loin de chez lui).
12Les échecs plus ou moins violents qui rythment le parcours des Dalpuget ont des effets sociaux inattendus. S’il est difficile d’évaluer ce qu’elle représente pour eux, on peut approcher les gains concrets qu’ils tirent de leur déchéance relative dans la hiérarchie du négoce. Exclus des quais de Bordeaux, rejetés des communautés marchandes, ils participent à titre individuel et familial à de nombreux réseaux commerciaux. En retournant le raisonnement vers les notions mobilisées par l’historien pour évaluer ces trajectoires, on peut en proposer une autre lecture qu’une déploration larmoyante. La situation de détaillant aisé constitue un moyen non seulement d’existence mais aussi d’intégration : le négoce élargit l’espace des relations, notamment par la réinsertion dans des circuits locaux ou nationaux. Les déplacements qu’elle implique permettent également d’échapper aux discriminations qui frappent les juifs à Avignon et, dans une moindre mesure, les Avignonnais à Bordeaux, en expérimentant un affranchissement anticipé du carcan des carrières35. À l’opposé d’une logique de clôture, les Avignonnais jouissent de l’entièreté de l’espace parisien. De leur point de vue, on peut penser que cette liberté constitue un succès.
Notes de bas de page
1 René Moulinas, Les Juifs du pape en France. Les communautés d’Avignon et du Comtat Venaissin aux xviie et xviiie siècles, Toulouse, Privat, 1981.
2 Todd M. Endelman, Broadening jewish history. Toward a social history of ordinary Jews, Oxford, Oxford University Press, 2010.
3 Michel Lange, « Les Dalpuget, une famille juive à Paris au xviiie siècle », Gen Ami, 48, juin 2009, p. 12-16 ; Gérard Nahon, Juifs et judaïsme à Bordeaux, Bordeaux, Mollat, 2003, p. 101 et 105-108.
4 Jean Cavignac, « Les armements des israélites bordelais pour les colonies au milieu du xviiie siècle », Actes de l’Académie Montesquieu, 4, 1986-1987. En 1736, Jacob Dalpuget père et Emmanuel Dalpuget s’associent verbalement ; en 1741, ils intègrent Jacob Dalpuget, frère d’Emmanuel, puis, en 1742, Josué Petit, un autre gendre de Jacob père. Au cours des années 1760, les enfants d’Emmanuel s’autonomisent et la société unique disparaît.
5 AD 33, 6B 1383, enquête menée par l’amirauté contre le capitaine du Royal David pour un voyage à La Martinique débuté en août 1746. D’après les Dalpuget et les officiers, Martin Rivière aurait puisé dans les fonds de ses armateurs pour éponger ses dettes de jeu, changé les marques de ballots de café, mis en danger un navire peu armé en courant sur tous les vaisseaux rencontrés et, enfin, quitté le bord avec les livres dans l’estuaire avant l’arrivée à Bordeaux.
6 AN, Minutier central, étude XXIV, 775, 30 juin 1761, inv. après décès de Jacob Dalpuget.
7 BNF, F-23672 (611), Arrêt du Parlement qui défend aux juifs de s’établir à la Rochelle à perpétuité ou pour un tems, 22 août 1729, rendu sur plainte des marchands drapiers de mars 1729 ; AD 33, C 1092, n. c. : en 1734, David et Lion Petit et leur beau-frère Salon Dalpuget arpentent la Saintonge pendant 18 mois, prennent à ferme un domaine, puis regagnent Bordeaux vers 1745.
8 Lettres patentes en faveur des juifs ou nouveaux chrétiens avignonois, établis à Bordeaux, enregistrées au Parlement de Bordeaux le 14 juillet 1759 ; AN, MC, XLIII, 20 juillet 1759, convention. Peter Sahlins, « Fictions of a Catholic France: The Naturalization of Foreigners, 1685-1787 », Representations, 47, 1994, p. 85-110.
9 Outre les travaux de Léon Kahn (dont Les juifs de Paris au xviiie siècle d’après les archives de la lieutenance générale de Police à la Bastille, Paris, Durlacher, 1894), voir Didier Bensadon, « L’implantation de familles juives à Paris au xviiie siècle d’après les archives de la police parisienne », Archives juives, 28/2, 1995, p. 92-94 ; André Burguière, « Groupe d’immigrants ou minorité religieuse ? Les juifs à Paris au xviiie siècle », Le migrant : France, terre de migrations internes. France, terre d’immigration, Aurillac, 1986, p. 183-200. Sur les espaces privilégiés : Alain Thillay, Le faubourg Saint-Antoine et ses faux ouvriers. La liberté du travail à Paris aux xviie et xviiie siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2002.
10 Henri Sée, « Note sur le commerce des juifs en Bretagne au xviiie siècle », Revue des études juives, 80, 1925, p. 170-178.
11 AN, MC, XXIV, 841, 15 septembre 1768. Dalpuget en est le commanditaire (10 000 lt), les deux frères Carcassonne apportant 11 275 lt de billets et marchandises ; ibid., 939, 24 septembre 1784, inv. après décès d’Abraham Dalpuget.
12 Henri Monin, « Les juifs de Paris à la fin de l’Ancien Régime », Revue des études juives, 23, 1891, p. 85-98. Steven L. Kaplan, La fin des corporations, Paris, Fayard, 2000, p. 114.
13 Laurence Croq, « Être et avoir, faire et pouvoir : les formes d’incorporation de la bourgeoisie parisienne de la Fronde à la Révolution », HDR, EHESS, 2009.
14 Natacha Coquery, Tenir boutique à Paris au xviiie siècle. Luxe et demi-luxe, Paris, éd. du CTHS, 2011, p. 211-260.
15 AD 33, C1092, non coté, inspection de mai 1743. La plupart vendent des habits d’occasion.
16 Ibid., non coté, mai 1743. Après un dépôt de bilan (AD 33, 7 B 416), un concordat est conclu en octobre 1750 prévoyant de ne payer que 34 % des dettes sur 18 mois. La situation s’améliorant, un avenant portant à 40 % les sommes à régler est signé le 15 février 1751. Cet accord est homologué le 5 mars 1751 par le parlement de Bordeaux. Mais l’échec d’armements postérieurs les contraint à déposer de nouveau leur bilan fin 1752 (ibid., 7 B 418). Un second concordat, conclu le 11 septembre 1752 et homologué le 27 juillet 1754, réduit de 50 % les anciennes créances déjà réduites et celles contractées depuis, tout en accordant un délai de trois ans. Olivier Le Gouic, dans Lyon et la mer, Rennes, PUR, 2011, p. 54-55, évoque l’affaire.
17 Alain Becchia, La draperie d’Elbeuf, des origines à 1870, Rouen-Le Havre, PURH, 2000, p. 58-60 ; AD 75, D4B6, 51 (doss. 3168) : bilan d’Israël Ravel l’aîné, 15 novembre 1776. Y est jointe une « facture des marchandises vendues et livrées au sieur Perpignan et Ravel, juifs », le 15 mai 1774 pour 59 211 lt prix de fabrique, cédées à 35 527 lt.
18 AD 33, C 1092, non coté. Salon Dalpuget, David Petit et Lion Petit prétendent en 1751 qu’ils font pour plus de 500 000 lt de négoce chaque année et que leur capital net excède les 200 000 lt.
19 AN, MC, X, 694, 17 juillet 1781, bail et XXIV, 957, 30 mai 1787, inv. après décès, lot 178 et papiers, cote 3.
20 AN, Y 10 780, dimanche 16 février 1766, plainte.
21 Des Essarts, Causes célèbres, curieuses et intéressantes de toutes les cours souveraines du royaume, t. 22, Paris, 1776, p. 181-199. Il s’agit sans doute d’Isaac Mendès-France : Pierre Pluchon, Nègres et juifs au xviiie siècle. Le racisme au siècle des Lumières, Paris, Tallandier, 1984, p. 15-42.
22 AD 33, 3e 35 903, 20 mai 1785, transport par Moïse Dalpuget à Jean-Louis Peyronnet, trésorier de France, d’une créance d’environ 30 000 lt sur un autre trésorier de France dont Dalpuget a fait saisir la terre et l’office.
23 Simona Cerutti, étrangers. Étude d’une condition d’incertitude dans une société d’Ancien Régime, Paris, Bayard, 2012.
24 Pierre Buffault, Une famille de bourgeois, marchands de Paris. Les Buffault, Bordeaux, Taillebourg fils, 1923. Ses neveux sont les bailleurs d’Emmanuel, puis d’Abraham et de Benjamin Dalpuget ; Louis Guéneau, « Le rôle de Paris dans les industries et le commerce de la soie et des soieries à la fin de l’Ancien Régime », Revue d’histoire moderne, I-4, 1926, p. 280-303 et I-6, p. 424-443 ; Nicolas Lyon-Caen, La Boîte à Perrette. Le jansénisme parisien au xviiie siècle, Paris, Albin Michel, 2010.
25 Anne Sophie Bruno, Les chemins de la mobilité. Migrants de Tunisie et marché du travail parisien depuis 1956, Paris, Éd. de l’EHESS, 2010, p. 187-198.
26 Isaac de Pinto au maréchal de Richelieu (1762), cité par G. Nahon, Juifs et judaïsme,
op. cit., p. 106. Sur la prise en charge des passeports, Evelyne Oliel-Grausz, « Droit et espace séfarade : Jacob Rodrigues Pereire et l’extension des privilèges. Du royaume à la nation », Archives Juives, 37, 2004/1, p. 28-46.
27 Le vice-légat d’Avignon, en 1717, a voulu les assujettir à une taxation sur place. Le Parlement de Bordeaux a annulé les saisies faites sur eux par les bailons des juifs d’Avignon, décision confirmée par le Conseil le 12 août 1726.
28 AN, MC, XLIII, 20 juillet 1759, convention : un premier accord en avril prévoyait de taxer les ventes des juifs d’Avignon à 4 % lors des foires, contre 2 % pour les transactions des Bordelais entre les foires.
29 R. Moulinas, « Industrie, conjoncture et fiscalité. La fabrique des soieries d’Avignon et les privilèges de regnicoles des habitants de cette ville à la fin du xviie siècle et au début du xviiie siècle », études d’histoire provençale, Paris, Ophrys, 1971, p. 55-136 ; J.W. Joyce, « L’industrie des soieries d’Avignon : grandeur et misère de sa dernière floraison », Provence historique, avril-juin 1954, p. 105-127.
30 AN, MC, XXIV, 912, 2 juin 1780; AD 75, D4 B6, 51 (doss. 3168), bilan du 15 novembre 1776.
31 Danièle Moatti, La société juive parisienne au 18e siècle, maîtrise, univ. Paris I, dir. Daniel Roche, 1981, p. 87 ; Léon Kahn, Les juifs de Paris au xviiie siècle, op. cit., p. 110-113.
32 AN, MC, XXIV, 957, 30 mai 1787, inv. après décès, cote 15 des papiers, no 8 : « Mde Favière souhaite le bonjour à son papa et le prie de donner 120 livres à Fanchon que l’on lui rendra le lendemain des fêtes sans faute ; c’est pour rendre à Mme Duhamel », ibid., 958, 1er juin 1787, dépôt d’un testament de 1785 : il lègue 12 000 lt à Catherine-Felicité de Baran, épouse de Blaise-Denis Favière, et autant à Marie-Catherine Giroux, épouse d’Antoine-Gervais Desnost.
33 Maurice Liber, « Un rabbin à Paris et à Versailles en 1778 », Bull. de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, 38, 1911, p. 237-253 ; Rotraud Ries, J. Friedrich Battenberg (eds), Hofjuden. Ökonomie und Interkulturalität. Die jüdische Wirtschaftselite im 18. Jahrhundert, Hambourg, Christians Verlag, 2002.
34 S. Cerutti, étrangers, op. cit., p. 106 ; Michela Barbot, « La résidence comme appartenance. Les catégories spatiales et juridiques de l’inclusion sociale dans les villes italiennes de l’Ancien Régime », Histoire urbaine, 36, mars 2013, p. 29-48, part. p. 35.
35 André Meyer, « Les Juifs d’Aix en 1808 », Actes du 87e congrès national des sociétés savantes. Section d’histoire moderne et contemporaine, Poitiers, 1962, Paris, Imp. nationale, 1963, p. 49-60 : les trois quarts des juifs quittent le Vaucluse entre 1790 et 1808.
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L’échec a-t-il des vertus économiques ?
Ce livre est cité par
- Marraud, Mathieu. (2021) L'expérience du déclassement social. France-Italie, XVIe-premier XIXe siècle. DOI: 10.4000/books.efr.8828
L’échec a-t-il des vertus économiques ?
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