Permanences et mutations dans le développement des réseaux de données (années 1960-1990)
p. 265-279
Texte intégral
Introduction
1L’histoire des réseaux de données ne doit pas être vue qu’à l’aune du succès d’Internet. En effet, dans les années 1960-1990, des voies parallèles sont possibles et explorées, des réseaux locaux, nationaux, européens ou internationaux bâtis, dont le monde des télécommunications est un acteur majeur. En France, l’ambition du réseau Transpac et du RNIS peut se lire autant en termes de qualité de service que de réactivité face aux évolutions techniques et sociales. Du souci de l’après-rattrapage téléphonique dans les années 1970 à la volonté de supporter des services variés et de mener une politique compétitive, tout en répondant aux exigences du service public, les acteurs de cette (ces) histoire(s) ont dû tenir compte des exigences propres au monde des télécommunications et des défis suscités par des évolutions externes, pour proposer des solutions novatrices. Il s’agit donc de retracer les « horizons d’attente » et « champs d’expérience1 » du monde des télécommunications françaises depuis les interrogations sur sa place dans le « mariage du téléphone et de l’ordinateur » jusqu’aux réseaux numériques des années 1990. En trente ans, les télécommunicants français se distinguent par la mise en place d’infrastructures qui ont impliqué des changements tant techniques qu’institutionnels, articulant ambitions nationales et internationales dans un jeu complexe d’acteurs qui nuance la vision d’un corps autarcique.
I. Penser et dessiner la convergence
2Les transmissions de données ne sont qu’un des aspects de l’intérêt que portent les télécommunicants au couplage des télécommunications et de l’informatique dès les années 1950. La convergence qui se dessine les invite à penser leur rôle dans le champ de la téléinformatique et, dès les années 1960, les solutions envisagées marient pragmatisme (solution analogique dans le réseau Caducée) et ambitions (réseau entièrement numérique).
A. Vers le couplage des techniques des télécommunications et de l’informatique
3Le Centre national d’études des télécommunications ne s’intéresse que timidement à l’informatique. C’est sous la direction de Pierre Marzin, avec l’entrée de l’électronique dans les techniques de communication, qu’est créée la RME (Recherches sur les machines électroniques) en 19572. Alors qu’AT&T annonce qu’elle maîtrise la technologie de la commutation électronique, P. Marzin ne conçoit pas l’avance américaine (ou le retard français) comme une fatalité et confie les recherches à Louis-Joseph Libois qui vient de la transmission, premier domaine des télécommunications numérisé avec le MIC3. Entre une solution « spatiale » a priori plus simple et la solution « temporelle » plus numérique4, L.-J. Libois refuse de choisir et mène les études dans ces deux directions.
4En 1958, le département RME décide de réunir les premiers résultats dans un ordinateur expérimental. L’absence de solution existante satisfaisante pousse les télécommunicants à réaliser leurs propres systèmes en temps réel : Antinéa commence à exécuter des programmes en 19605. Après les premières réalisations en technique spatiale, les recherches privilégient rapidement le temporel. En 1970, le central Platon6 entre en service à Perros-Guirec. Premier commutateur temporel au monde desservant les abonnés du réseau public, il offre au CNET une réelle avance sur ses concurrents.
5Ces succès ouvrent de nouvelles perspectives, alors que déjà les télécommunicants cherchent la solution optimale pour l’édification de services de transmission de données : intégration de ces services dans le réseau téléphonique traditionnel ou édification d’un réseau distinct ?
6La numérisation du réseau téléphonique national, objectif pour 1980, doit permettre de faciliter les échanges de données, possibles dès 1963 sur le réseau téléphonique commuté, avec toutes les difficultés inhérentes à l’utilisation d’une infrastructure au départ analogique.
B. De l’infrastructure de pénurie à une politique volontariste : Caducée et Hermès
7Dans les années 1970, le premier souci des télécommunicants est de faire face à la « crise du téléphone » et à l’image désastreuse du « 22 à Asnières ». En liaison avec l’accroissement du montant des crédits d’investissement, un effort important est entrepris. Le plan d’accroissement des lignes principales (plan Delta LP) prévoit un triplement du nombre de lignes téléphoniques entre 1974 et 1982. Le Premier ministre Georges Pompidou se fait l’écho de la demande sociale en téléphones7 et les crédits augmentent dès 1967. Le rattrapage téléphonique n’est pourtant pas pensé sans son corollaire, « l’après-rattrapage téléphonique », qui pourrait en partie reposer sur la téléinformatique.
8Dès 1963-1964, le réseau téléphonique commuté et le télex8 sont ouverts au transport des données et il existe aussi des liaisons spécialisées. La qualité est médiocre, car à ses débuts la téléinformatique utilise pour les transmissions des éléments destinés à des techniques plus anciennes. Toutefois, les télécommunicants commencent à prendre conscience de l’importance de définir une politique téléinformatique : l’augmentation quantitative et qualitative de la demande est prévisible, même si les besoins téléinformatiques en 1973 ne représentent que 2 % du trafic téléphonique. Il faut d’autres moyens que le réseau téléphonique, peu adapté en raison de la difficulté d’obtention des lignes, de l’encombrement ou du prix du modem.
9Les études sont lancées au CNET, sous la direction d’Alain Profit, qui développe un réseau spécialement dédié aux transmissions de données, Caducée, solution d’attente à base de lignes existantes analogiques, avant l’aboutissement d’Hermès. Le projet est étudié dans les six premiers mois de 19699 et ouvre en 1972. Les voies de transmission sont des circuits téléphoniques 4 fils de qualité supérieure qui autorisent des débits de 9 600 bits/seconde. La facturation se fait en fonction du trafic réel (contrairement aux liaisons spécialisées permanentes et à leur coût fixe quel qu’en soit l’usage). Caducée ne dispose au départ que d’un autocommutateur à Paris, mais couvre, grâce à des concentrateurs dans les principales villes de province, la totalité du territoire métropolitain. Il peut donc satisfaire les besoins à court terme des utilisateurs de la téléinformatique ayant un trafic journalier peu important (inférieur à 3 heures/jour), en leur offrant un moyen de communication rapide à des conditions économiquement avantageuses.
10Mais le grand projet des télécommunicants est le réseau Hermès, dont le nom est certainement apparu avant celui de Caducée10 (dans la mythologie le caducée est un des attributs d’Hermès). Il doit intégrer la modulation par impulsion et codage et des commutateurs temporels et conduire dès 1980 à un réseau intégré de téléinformatique, alliant les techniques les plus avancées11. Hermès n’aboutira pas comme tel, mais reste un ancêtre du réseau numérique à intégration de services. Il donne l’occasion à Rémi Després, qui travaille au sein du Groupement informatique et transmission de données (ITD), de développer des recherches sur la commutation de paquets.
C. La voie de la commutation de paquets : de RCP à Transpac
11Les études menées sous le titre d’Hermès vont suivre deux voies parallèles, tout comme l’équipe de L.-J. Libois avait choisi d’étudier simultanément la commutation spatiale et temporelle. En effet, le CNET a connaissance des projets de l’Arpa12 et du British Post Office grâce à Antoine Jousset, représentant de l’administration au CCITT13. Ceux-ci rompent avec la commutation de circuits (employée dans Caducée) et s’engagent dans la voie des paquets pour faire circuler les données, un choix promis à une longévité certaine (protocole TCP/IP de l’Internet). Parmi les événements qui accélèrent ce choix, alors techniquement risqué, il faut évoquer le projet Cyclades, réseau à commutation de paquets lancé par les informaticiens de l’Institut de recherche en informatique et en automatique dès 1971, et la pression du Gercip. Groupement d’étude en vue de la réalisation d’un réseau de commutation de données interprofessionnel, cette association de grands utilisateurs des télécommunications menace en effet de créer son propre réseau si la DGT ne le fait pas. Le groupement ITD va dès 1970 œuvrer à l’inclusion de commutateurs de paquets dans Hermès14. La création du CCETT15 en 1972 est l’occasion de doter cette équipe, sous la responsabilité de Rémi Després, de moyens pour développer le projet RCP à Rennes.
12Il est encore au stade expérimental quand, au congrès de l’Afcet de 1973, un futur réseau public à commutation de paquets est annoncé par Hubert Germain, ministre des PTT et Louis-Joseph Libois, directeur général des Télécommunications. Ouvert en 1978, Transpac n’attend pas le trafic Minitel pour connaître une croissance, dont témoigne le nombre des accès directs commerciaux à ce réseau, au départ au service des entreprises16. Transpac va suivre les évolutions du monde des télécommunications : à partir de 1991, les liaisons utilisées sont des liaisons numériques Transmic, et le réseau Transpac s’interconnecte au RNIS.
D. Le réseau numérique à intégration de service
13De nature différente du réseau Transpac puisqu’il ne vise pas exclusivement la transmission de données, mais doit couvrir parole, texte, données, images et, pour reprendre l’expression de l’Écho des recherches, offrir « un bain de jouvence au plus vieux service, le téléphone17 », le RNIS illustre un autre aspect de la convergence entre informatique et télécommunications, dans lequel la recherche française s’affirme comme pionnière, avec l’ouverture d’un premier réseau local dans les Côtes-d’Armor fin 1987 puis son extension progressive, alors que les services proposés prennent le nom de Numéris. Fin 1990, Numéris est disponible sur l’ensemble du territoire métropolitain. Il vise essentiellement la clientèle professionnelle qui peut bénéficier d’une variété de services, au nombre desquels la téléphonie, la télécopie, la visiophonie, au moyen de terminaux spécifiques ou par le biais des stations de travail et micro-ordinateurs dont certains sont pré-équipés pour supporter les services RNIS, d’autres nécessitant des adaptateurs de terminaux18. Ce volontarisme, dans un cadre législatif modifié, puisque la loi du 2 juillet 1990 a créé France Télécom, ne s’affirme plus dans le contexte monopolistique antérieur qui a marqué l’identité du monde des télécommunications. Toutefois il faut se garder de considérer cette « identité » d’avant 1990 comme figée : les changements techniques ont accompagné, provoqué ou traduit l’évolution d’une « culture télécom », qui est loin d’être statique et s’inscrit, elle aussi, entre permanences et mutations.
II. Une logique monopolistique et volontariste ?
« On ne peut analyser le développement de la télématique en France sans évoquer le rôle central joué en la matière par l’administration des Télécommunications. La politique de la DGT, de toute évidence, se définit comme une politique extrêmement volontariste. Bien entendu, cette stratégie s’appuie sur la position de monopole de l’administration française des Télécommunications19. »
14Si le volontarisme de la DGT est insuffisant pour expliquer le développement de la téléinformatique en France, dès les années 1960, la question du monopole, celle du service public et de la qualité de service ou encore la relation aux usagers sont des questionnements déterminants qui sous-tendent le lancement des réalisations.
A. S’imposer dans le champ de la téléinformatique : la question du monopole
15Un article de la Revue des télécommunications de janvier 1973 envisage la rencontre des télécommunications et de l’informatique sous deux angles20 : l’apport des télécommunications à l’informatique, avec l’interconnexion des ordinateurs, puis l’apport de l’informatique aux télécommunications avec les recherches sur la commutation temporelle ou la gestion des télécommunications. C’est tant la place respective que chacun des deux domaines doit occuper vis-à-vis de l’autre que ses propres limites qui soulèvent des questions. Les lignes représentent une part importante du fonctionnement d’un réseau de données. Cependant, reconnaître le poids des télécommunications dans la mise en place du réseau ne signifie pas reconnaître celui des télécommunicants dans sa mise en œuvre.
16La direction des Affaires commerciales, financières et internationales, issue des réformes de 1971 au sein de la DGT, note en 1972 que pour la téléinformatique « des options fondamentales doivent être prises concernant le rôle qu’entend jouer l’administration21 ». Toutes les hypothèses sont envisagées, d’un rôle minimal (les PTT seraient alors « fournisseurs de lignes » abandonnant aux clients ou aux informaticiens une part prédominante de responsabilités dans la conception de leurs réseaux) à la possibilité pour l’administration « d’assumer son monopole dans un sens plus dynamique en intervenant directement dans la définition et la mise en œuvre des grands systèmes informatiques auxquels elle confère de ce fait un véritable caractère de service public22 ». Les PTT envisagent éventuellement la fourniture de services, tels que le calcul à domicile, la gestion des stocks, les banques de données. Il ne s’agit plus de répondre aux besoins au fur et à mesure qu’ils se manifestent, sans vision à long terme. Toutefois, leur position n’est pas acquise, alors que se développent des liaisons spécialisées et réseaux professionnels qui échappent à leur contrôle.
17Les clients les plus importants de la téléinformatique utilisent en effet des liaisons spécialisées, empruntées à l’infrastructure générale des télécommunications : créées sur demande ou prélevées sur le parc existant de façon à établir des liaisons permanentes (non commutées) entre deux points, elles sont mises à la disposition exclusive d’un utilisateur. Elles permettent donc une liaison directe permanente, mais avec un seul correspondant et en un seul lieu. Les télécommunicants ne détiennent pas la gestion du réseau et ne sont même pas à l’origine de sa création.
18Lorsque se développe la commutation de paquets, les grands utilisateurs (la Société générale, EDF, ou Saint-Gobain) étudient, au sein du Gercip animé par Pierre Lhermitte, la possibilité de louer des lignes aux PTT et de faire leur propre réseau23, inquiétant en cela l’administration, qui craint que cela ne porte atteinte à son rôle et au monopole. La mise en place d’un réseau comme celui de la Sita24 ne peut que renforcer cette inquiétude. La vocation de cette infrastructure est d’offrir un réseau international permettant aux compagnies aériennes d’établir les liaisons grandes distances requises pour leurs systèmes de téléinformatique (de réservation en particulier), sans avoir à supporter les charges des lignes privées. Coopérative sans but lucratif dont les déficits sont couverts par les compagnies actionnaires, son intérêt réside dans la mise à disposition du réseau à des tarifs très inférieurs à ceux pratiqués par les PTT pour les lignes louées. En cela, le réseau menace les intérêts des télécommunicants et leur monopole. Un haut fonctionnaire du British Post Office qualifie la Sita de « monument à notre incompétence25 ».
19Aussi, en 1973, l’annonce par L.-J. Libois d’un projet de réseau public répond à plusieurs pressions et motivations : faire face à la demande des grands comptes, au développement de réseaux professionnels pour lesquels les PTT ne sont que fournisseurs de lignes, se positionner sur un secteur prometteur, proposer une voie pour l’après-rattrapage téléphonique.
B. Un développement guidé par l’offre ou par la demande ?
« La demande existait, on ne savait pas très bien sous quelle forme, mais il y avait une pression, il y avait eu un rapport Lhermitte qui doit dater du plan Calcul26, de 1969, quelque chose comme cela, qui annonçait qu’il y
aurait à brève échéance 50 000 clients de transmission de données en France27. »
20Si le volontarisme de la DGT est souvent mis en avant, il convient de souligner qu’une demande professionnelle s’exprime, que les télécommunicants ont du mal à satisfaire, alors que « l’action des services des PTT avait essentiellement porté sur la satisfaction des besoins au fur et à mesure qu’ils s’exprimaient28 ». En particulier, l’administration a des difficultés à appréhender les besoins des petites entreprises. Elle fait toutefois le pari de ce marché en ouvrant Transpac. En proposant en 1978 une desserte nationale et une tarification indépendante de la distance, elle s’affirme comme un acteur central des transmissions de données et mise sur la réalisation d’une société, remplissant toutefois une mission de service public : le réseau Transpac doit offrir la possibilité à d’autres clients que les grandes entreprises ou administrations d’accéder plus largement à des transmissions de données, et ce avec des performances satisfaisantes et un coût abordable. La structure de tarification de Transpac diffère de celle des réseaux existants (Caducée, Télex…) :
l’utilisation du réseau est principalement taxée en fonction du volume de données transmises ;
l’abonnement et taxes d’utilisation sont indépendants de la situation géographique des utilisateurs29.
21Ainsi, les petits utilisateurs se retrouvent dans une situation d’égalité par rapport aux plus « gros » et les utilisateurs très décentralisés n’ont rien à envier à ceux qui sont plus proches du centre de traitement.
22L’administration assure ainsi le passage d’une offre restreinte et élitiste à une offre plus large, qui a pour préalable une réflexion sur la tarification. Un autre souci est la qualité de service.
C. Gestion du trafic et qualité de service : des enjeux prioritaires
23Alors que la demande du marché a été, jusqu’alors, plutôt suivie que précédée, la mise en place de Caducée à partir de 1969 a aussi pour but « d’obtenir le maximum de renseignements sur la structure du trafic téléinformatique afin d’orienter au mieux les études sur les futurs réseaux30 » et permet à l’administration de se confronter aux problèmes de la tarification. Elle est mise face à l’exigence des clients, notamment en termes de délais, alors qu’en 1974 les premiers utilisateurs tels Shell française ou Usinor se plaignent des retards31. Les raisons en sont des difficultés techniques : les essais de taxation se poursuivent depuis plus d’un an, il y a une insuffisance de matériels et les délais de fabrication se révèlent plus longs que prévus.
24Le souci de la gestion et de la qualité de service est une constante dans la politique des télécommunicants à partir des années 1970. Il détermine leurs choix techniques : l’usage des circuits virtuels plutôt que des datagrammes dans Transpac repose en partie sur cette préoccupation. Alors que le réseau à commutation de paquets Cyclades, développé à partir de 1971 à l’Iria, fait le choix des datagrammes, les télécommunicants écartent ce qu’ils appellent le best effort32. Ce mode de circulation des données dans le réseau, selon un routage adaptatif, ne leur paraît pas satisfaisant dans l’optique d’un réseau commercial : la qualité de service n’est pas garantie. Alain Profit résume cette réticence : « C’est un souci de gestionnaire de réseau public, destiné à un grand nombre. C’est pourquoi les télécommunications se sont toujours accrochées aux circuits virtuels33 », qui seront au cœur des choix techniques effectués pour le réseau public Transpac34. Si cette culture « point à point » a pu être l’objet de critiques de la part du monde informatique, elle est encore plus affirmée dans le RNIS. Celui-ci repose sur la commutation de circuits et le service de la prospective et des études économiques s’interroge sur son avenir dès 1988 dans un dossier SPES de juillet 1988 intitulé « Remous dans la confluence Informatique/Télécommunications. Le RNIS à la recherche de son identité » : Alain Lelu y préconise un RNIS asynchrone temporel et un télescopage de générations, de la « flexibilité » et il souligne les limites du RNIS pour la transmission de données35.
D. Une évolution majeure : le tournant vers le grand public
25Si la qualité de service et la fiabilité technique sont des exigences prioritaires pour le monde des télécommunications, le réseau Transpac doit rapidement relever un autre défi en cette période « d’informatisation de la société » : en 1985, alors que le 7 mai est inaugurée la base de données nationale de l’annuaire électronique, Transpac va devenir un réseau grand public. Fin 1983, il supporte 120 000 terminaux et 3 373 000 Minitel fin 198636. Victime de son succès, il tombe en panne fin juin 1985. Un plan d’urgence avec cellule de crise est mis en place pour répondre aux utilisateurs professionnels furieux (tarif de nuit incitatif ou dérouté vers les régions les plus calmes, suspension de la distribution de Minitels, etc.). La saturation du réseau a touché les commutateurs les uns après les autres en partant d’Orléans. À partir de 1986, une extension de Transpac est donc prévue.
26Dans le même temps, il n’y a pas disparition des liaisons spécialisées (Colisée) et les recherches sont poursuivies dans la voie du numérique : pour les entreprises est ouvert Transmic, service de liaisons spécialisées numériques réservé à la transmission de données synchrones. Il n’est pas offert sur l’ensemble du territoire, son développement étant lié à la numérisation du réseau général. La numérisation est poursuivie dans les recherches sur le RNIS. D’abord pensé pour une clientèle professionnelle, à la rencontre de laquelle la DGT va en menant des enquêtes, il doit permettre de passer de la notion de « services » à celle d’« applications » professionnelles. Sa pénétration dans le grand public est nettement moins probante que pour Transpac : le réseau reste davantage adapté à la clientèle professionnelle, les coûts sont un obstacle à la diffusion. Le RNIS, en anglais ISDN, est traduit par quelques esprits malicieux par innovation subscribers don’t need.
27En même temps qu’ils réussissent avec Transpac le passage du public professionnel au grand public, les télécommunicants, d’opérateurs de réseaux, s’affirment comme acteurs de communication. Cette évolution a impliqué des changements institutionnels et une active politique nationale et internationale, garante de leur compétitivité et de l’interconnexion à d’autres réseaux.
III. Le monde des télécoms, un acteur au centre d’un réseau
28C’est à plusieurs échelles que doit être lue la politique des télécommunicants, en prenant en compte une pluralité d’acteurs sans cesse croissante, qui suscite des coopérations, des rivalités, des transferts de compétences et des débats au sein du monde des télécommunications.
A. Des évolutions internes au monde des télécommunications français
29Sans reprendre dans le détail les évolutions institutionnelles, la réforme des PTT de 1990 réclamant à elle seule une analyse particulière, il convient de souligner qu’à l’évolution des projets correspond parfois celle des organisations.
30Au départ, c’est le département Transmission qui a en charge, au CNET, la question des transmissions de données. Il a la responsabilité de l’ensemble des études théoriques et techniques relatives à la transmission des signaux téléphoniques, de signalisation, de télégraphie, d’autres données numériques, de programmes pour la radiodiffusion sonore ou la télévision.
31En 1969 est créé le Groupement informatique et transmission de données, dirigé par Alain Profit. C’est le regroupement, au sein du même département, des différents services dont les études avaient trait à la transmission de données aussi bien sur le réseau téléphonique que sur le réseau télégraphique, ainsi qu’au fac-similé. Cet effort de réorganisation correspond à la création de la sous-direction téléinformatique à la DGT en 1968 (en remplacement du service centralisateur d’études et d’informations pour les transmissions de données créé en 1967), qui témoigne de l’intérêt porté à ces recherches. En 1972, un autre tournant a lieu avec le départ de l’équipe RCP de Rémi Després au tout jeune CCETT de Rennes, sans que les responsables (Alain Profit, Philippe Picard) et les équipes changent réellement.
32Si le projet Transpac est peu touché par la création de la DAII ou la réforme du CNET de 1978-1979, l’administration, elle, connaît plusieurs transformations lors du développement de Transpac puis de la télématique : passage de la DAC (direction des Affaires commerciales) à la DACT (direction des Affaires commerciales et de la Télématique), intégration d’une politique commerciale, création de la société Transpac.
33L’Administration va devoir justifier la création d’une société externe aux PTT. Les télécommunicants craignent que leur choix de développer un réseau ne soit considéré comme sortant de leur position de fournisseurs de lignes. Ils pensent que cette voie peut être mieux acceptée par le monde de l’informatique si elle est offerte par une entreprise semi-publique contrôlée par l’État, mais agissant de façon concurrentielle vis-à-vis des sociétés de services, plutôt que par une administration titulaire d’un monopole. C’est cette raison que met en avant Norbert Ségard, secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications, lors de l’inauguration du réseau Transpac en mars 197937.
34Cette décision ne va pas sans susciter des oppositions au sein du Corps : « Un rapport confidentiel sur le réseau Transpac est sur le bureau de Norbert Ségard. Rédigé par Maurice du Mesnil, directeur du réseau national, ce document serait, par certains côtés, opposé à la gestion de Transpac par une société d’économie mixte. Certaines de ses conclusions rejoindraient l’opinion des syndicats qui voient dans cette opération une atteinte au monopole38. »
35La société Transpac est vue comme un outil au service du « démantèlement du service public39 » : des critiques s’expriment en amont de l’ouverture de Transpac, mais aussi après 1978, sur la capacité de la société à assurer la permanence nécessaire à la qualité de service, « l’abandon » par l’État de ses responsabilités, la discrétion du personnel d’une société privée qui pourrait bénéficier d’informations relatives à la clientèle et au trafic, etc.40
B. Articuler ambitions nationales et internationales
36Pour la mise en place des réseaux, les télécommunicants doivent faire appel aux industriels. Au fur et à mesure des réalisations, la place accordée aux échanges avec le monde industriel et informatique croît : France Télécom, pour mettre en œuvre les services et applications dans le RNIS, a conclu des conventions et accords avec des acteurs économiques variés, avec les grandes sociétés du secteur informatique, les installateurs et sociétés de service. Outre les industriels, pour développer Transpac, la DGT s’appuie sur la SESA, dirigée par Jacques Stern, une société au positionnement original, qui occupe une position intermédiaire entre opérateur et manufacturier, sous-traitant les équipements : la complexité des réseaux implique de nouveaux partenaires. La SESA prend en charge le développement des logiciels et la maîtrise d’œuvre d’ensemble41 et réalise en deux ans un calculateur complet, un système d’interfaçage télécom, un système logiciel, sous-traite la réalisation des commutateurs à TRT, et la fabrication des cartes mémoire à TIT. Elle va en outre modifier dans l’urgence ses spécifications pour s’adapter à l’avis X25 normalisé au CCITT en 1976.
« C’était une époque où la technologie française était la plus exportée dans le Monde. SESA avait vendu son matériel en Australie, au Brésil, et aux Pays-Bas, entre autres […] Le réseau Transpac a été le plus grand réseau public de sa génération. Les clients étaient satisfaits, nous exportions, et le réseau était rentable. C’était une très belle opération économique et industrielle […] C’est important pour les télécoms de bénéficier d’un fournisseur dynamique et bien portant, qui continue à faire vivre sa technologie42. »
37La SESA va d’ailleurs valoriser son savoir-faire, puisqu’elle est choisie pour la réalisation du réseau Euronet en 1977 : ce réseau européen de téléinformatique trouve son origine dans une décision prise le 18 mars 1975 par le Conseil des ministres des Communautés européennes pour mettre en œuvre un plan d’action de trois ans dans le développement de l’information scientifique et technique. Premier réseau européen d’accès direct à l’information, il fournit à partir du 31 mars 1980, date de son ouverture commerciale, aux usagers de l’Europe communautaire disposant d’un terminal, un accès à près de 500 banques et bases de données. C’est une simple infrastructure de transport et il ne possède aucun moyen propre de traitement informatique, en dehors de ce qui est nécessaire pour la commutation et la comptabilité du réseau. Sa réalisation est confiée aux administrations des télécommunications et les Français y jouent un rôle important.
38En effet, en parallèle aux développements nationaux, le monde des télécommunications se doit d’être présent sur la scène internationale, notamment pour la normalisation, garante des interconnexions entre les différents réseaux nationaux. Celle-ci se joue au niveau européen au sein de la CEPT et au plan international au CCITT. C’est ce comité qui, en 1976, sous l’impulsion des télécommunicants français, associés aux Américains de Telenet, aux Canadiens et surtout aux Britanniques, qui ont aussi un droit de vote, en adoptant l’avis X25, assure la reconnaissance des circuits virtuels, choisis dès RCP puis Transpac par l’équipe de Rémi Després, et repris dans Euronet.
39Les Français et les Anglais sont alors des leaders dans la mise en place des réseaux de données, position confirmée aussi dans le cadre du RNIS : les Français sont les premiers au monde à mettre en service le RNIS dès 1987, trois ans après les premières étapes de normalisation au CCITT et avant les recommandations finales de 1988.
Conclusion
40L’image du monde des télécommunications qui se dégage de ces expériences et réalisations est à la fois celle du pragmatisme (solution analogique dans Caducée), du volontarisme (annonce d’un futur réseau à commutation de paquets public dès 1973), de la technicité, mais également celle de la rencontre progressive avec les usagers, qui deviennent aussi de plus en plus des clients. Service public et monopole, enjeux politiques et économiques, évolutions institutionnelles et internationales se conjuguent pour dessiner la convergence, ou en tout cas une de ses voies, autour d’un certain nombre de remises en cause et mutations mais aussi de permanences.
41Au début des années 1990, alors que les télécommunicants français sont très investis dans la réflexion sur les réseaux intelligents, l’ATM et les réseaux large bande, paraît l’ouvrage Les télécommunications, dirigé par François du Castel. En conclusion, les auteurs engagent une esquisse prospective et retiennent deux scénarios : l’un de faible, l’autre de forte régulation. Entre le premier qui conduirait à la multiplication des acteurs, et le second qui verrait un équilibre entre secteur réservé et ouvert, ils notent : « Entre ces deux scénarios contrastés, la réalité des premières années 2000 sera probablement intermédiaire, à moins que d’importantes innovations ou l’intervention d’acteurs imprévus ne bouleversent les données du problème43 ». La diffusion accélérée, au tournant des années 1990, de l’Internet, grâce notamment au développement des équipements en informatique professionnelle et personnelle dans les pays de l’OCDE, à la diffusion du Web, alors que le software rendant possible cette navigation est prêt à la fin de l’année 1991, tandis que des navigateurs comme Mosaic, développé par Marc Andreessen (University of Illinois), sont en gestation, la multiplication des services offerts et des usages commerciaux bouleverse « les données du problème », question que les contributions suivantes vont éclairer.
Notes de bas de page
1 R. Koselleck, L’Expérience de l’histoire, Paris, Gallimard, 1997, 247 p.
2 P. Griset, Les réseaux de l’innovation : Pierre Marzin, 1905-1994, Paris, Cliomédia, 2005, 47 p.
3 Modulation par impulsion et codage.
4 Dans la commutation électronique spatiale, le système de commande électronique adresse des ordres à des organes de connexion mécaniques Crossbar, relais à tiges ou mini-sélecteurs et signal vocal, restant comme dans le cas de la commutation mécanique sous une forme analogique. Dans la commutation électronique temporelle, le signal vocal est traduit en informations binaires. Le signal numérique ainsi élaboré transmet aux correspondants à l’aide d’organes électroniques réalisés avec des circuits intégrés classiques. Une conversion rétablit à la sortie du commutateur le signal numérique en signal vocal.
5 Les études de programmation, lancées lors du développement d’Antinéa, produisent d’autres réalisations informatiques : des assembleurs, des compilateurs Fortran, des travaux sur la fiabilité du logiciel au début des années 1970.
6 J.-L. Revel « Le réseau intégré de commutation temporelle Platon », l’Écho des recherches, n° 60, avril 1970, p. 2-10.
7 Y. Bouvier, « Réussites et échecs de la politique dans les technologies de l’information », dans E. Bussière (dir.), Georges Pompidou face à la mutation économique de l’Occident, 1969-1974, Actes du colloque de l’Association Georges Pompidou, Paris, PUF, 2003, p. 337-346.
8 Le service télex est un service de « télédactylographie » mis à la disposition des usagers au moyen de postes d’abonnement. Ouvert en France en juillet 1946 en exploitation manuelle, il s’est développé et automatisé à partir de la mise en place du premier autocommutateur à Rouen en 1954.
9 A. Profit, A. Jousset, « Le projet Caducée », l’Écho des Recherches, n° 60, avril 1970, p. 10-18 ; A. Profit, « Caducée », Revue française des Télécommunications, n° 1, octobre 1971, p. 57-61.
10 Entretien avec Alain Profit du 4 février 2003 : « […] le collègue qui avait inventé le nom de Caducée, m’avait dit : “Je l’ai appelé Caducée car le caducée est l’arme de combat rapproché d’Hermès” ».
11 Revue des postes et télécommunications, n° 190, octobre 1971, p. 7 : « Les techniques utilisées dans Hermès ne sont autres que celles prévues pour notre futur réseau téléphonique, ce qui permet d’imaginer que, lorsque ce dernier aura fait sa mutation, le réseau de téléinformatique pourra se refondre dans un seul réseau intégré de télécommunications. Ce réseau pourra alors indifféremment acheminer des communications téléphoniques, des échanges par visiophonie, des transmissions de données, etc. ».
12 Alain Profit fait partie des membres de la délégation française qui s’est rendue aux États-Unis en 1969-1970 auprès du professeur Kleinrock, un des pionniers de la commutation de paquets.
13 Comité consultatif international télégraphique et téléphonique, instance internationale de normalisation.
14 Lannion, carton 54, Rapport d’activités du CNET, 1971.
15 Centre commun d’études de télévision et de télécommunications né de la rencontre du CNET et de TDF.
16 G. Pichon, « Les débuts du réseau public français de commutation de données par paquets : Transpac », Actes du septième colloque sur l’histoire de l’informatique et des transmissions, 16-18 novembre 2004, Éditions IRISA/INRIA-Rennes, 2004, p. 45-70 ; V. Schafer, « Évolution du nombre d’accès directs commerciaux à Transpac (1979-1985) », Flux, n° 62, 4/2005, p. 75-80.
17 F. du Castel, G. Pays, G. Brillet, « Terminaux pour l’ère du RNIS : de la parole à l’image », L’Écho des recherches, 2e trimestre 1987, p. 10.
18 F. du Castel, Les télécommunications, X. A. Descours, Berger-Levrault International, Paris, mai 1993, 799 p., p. 371 et suiv.
19 La télématique, un marché en explosion, Axis, Ecomedia, Milan Midia, 1988, p. 15-16.
20 D. Varloot, « Informatique et télécommunications » Revue des télécommunications, janvier 1973, p. 55-59.
21 CAC, carton 19810650, n° 1, direction des Affaires commerciales, financières et internationales, 1973, Rapport d’activité pour 1972, p. 10.
22 Ibid., p. 10.
23 Entretien avec Philippe Picard du 1er février 2003 (il a été notamment directeur général de Transpac après en avoir été le chef de projet).
24 Neuf centres principaux fonctionnent en 1973 à Hong Kong, New York, Londres, Paris, Madrid, Rome, Francfort, Bruxelles, et des centres satellites dans la plupart des grandes villes.
25 CAC, 19840247, article 1, Collecte et analyse des contraintes actuelles affectant le développement de la téléinformatique, par ICS Conseils, commande de la DGT, t. I : Rapport de synthèse, décembre 1973.
26 Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, licencié ès sciences, docteur ès sciences mathématiques, Pierre Lhermitte est directeur d’Électricité de France puis conseiller pour l’informatique de M. Lauré à la Société générale en 1973. P. Lhermitte, Le pari informatique d’après une étude du conseil économique et social sur les conséquences prévisibles du développement de l’automatisation sur la gestion des entreprises, Paris, France-Empire, 1968, 349 p.
27 Entretien avec Alain Profit du 4 février 2003.
28 CAC, 19840247, article 1, Collecte et analyse des contraintes actuelles affectant le développement de la téléinformatique…, op. cit.
29 Inria, 86. 07. 007, L.-J. Libois, Aspects fondamentaux du problème des réseaux de téléinformatique, La normalisation : condition préalable à une politique de systèmes hétérogènes, juin 1977.
30 L. Guillet, M. du Mesnil, « Le réseau Caducée aujourd’hui », Revue française des Télécommunications, n° 19, avril 1976, p. 40-41.
31 CAC, carton 19810650, n° 1, Shell Française, À l’attention de M. Libois, le 5 février ; ou CAC, carton 19810650, n° 1, Abonnement Usinor, Plainte du directeur du Groupe Nord, M. Spreux, À l’attention de M. Libois, le 14 février 1974.
32 Entretien avec Rémi Després du 4 mars 2003.
33 Entretien avec Alain Profit du 4 février 2003.
34 V. Schafer, « Datagrammes et circuits virtuels : une concurrence à plusieurs échelles » Histoire, Économie & société, A. Colin, n° 2, 2007, p. 29-48.
35 SPES n° 2, juillet 1988 : « Mais le RNIS à pas de 64 Kbit/s comporte le handicap constitutif d’un échelonnement des débits par “granule” rigide de 64 Kbit/s et d’une commutation de circuits de type téléphonique, ce qui le rend a priori peu apte […] aux trafics à longue durée de communication et à “bouffées” sporadiques de données à très haut débit qui sont caractéristiques d’un monde futur de stations de travail ».
36 « Télétel : bilan 1992 », La lettre de Télétel et d’Audiotel, France Télécom, HS n° 10, juin 1993, p. 2.
37 Ivry, boîte 371, « Inauguration du réseau Transpac le 27 mars 1979 » en présence de Norbert Ségard, secrétaire d’État aux PTT et d’Yvon Le Bars, P-DG de Transpac.
38 Usine nouvelle, septembre 1978 ; CAC, 19840247, article 1, « Étude sur la gestion du réseau public de transmission de données par paquets », 31 mai 1976, adressé par M. du Mesnil (DGT) à N. Ségard (secrétaire d’État aux Postes et Télécommunications).
39 Entretien avec Philippe Picard du 1er février 2003.
40 Échange de courriers électroniques avec Guy Pichon en octobre 2003.
41 G. Pichon, « Les débuts du réseau public français de commutation de données par paquets : Transpac », Actes du septième Colloque sur l’Histoire de l’Informatique et des Transmissions, p. 53.
42 Entretien avec Rémi Després du 4 mars 2003.
43 F. du Castel (dir.), Les télécommunications, op. cit., p. 756.
Auteur
Chargée de recherche à l’Institut des sciences de la communication du CNRS, Valérie Schafer a soutenu sa thèse d’histoire contemporaine sur les réseaux de données en France (1960-1980) à Paris-Sorbonne en 2007 sous la direction du professeur Pascal Griset, parue sous le titre La France en réseaux (tome I). La rencontre des télécommunications et de l’informatique (1960-1980), 2012. Elle est un des membres fondateurs du séminaire Hiti (Histoire de l’innovation et des technologies de l’information) et membre du centre de recherche en histoire de l’innovation (Irice-CRHI) de Paris-Sorbonne. Elle a publié, en 2012, Le Minitel, l’enfance numérique de la France avec Benjamin G. Thierry.
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