Introduction à la deuxième partie
p. 171-174
Texte intégral
1Le coût officiel de la guerre d'Indochine - c'est-à-dire l'ensemble des dépenses militaires liées au conflit - est à peu près connu du côté français (France, États associés, États-Unis), même si les différentes sources n'en donnent pas tout à fait la même répartition annuelle1 : environ 3 000 milliards de francs 1954. Il reste par contre un mystère pour « l'autre côté » (Viet Minh, ou RDV et ses alliés). Mais les choses ne sont pas pour autant aussi tranchées : à Paris, d'une part, les sources reviennent périodiquement sur la difficulté d'évaluer vraiment le coût financier du conflit, une partie de celui-ci demeurant cachée ; et il n'est, d'autre part, pas complètement impossible de mesurer en termes économique et financier l'effort de guerre du Viet Minh, ou du moins de rassembler quelques indications significatives sur le sujet.
2L'évaluation apparaît en tout cas nécessaire, dans tous les domaines et sur l'ensemble du théâtre d'opération. L'analyse des dépenses en constitue le premier volet : qu'est-ce qui a coûté cher dans le conflit, et combien ? Quelles dépenses indirectes, aussi, la guerre a-t-elle généré ? Face à elles, il a bien sûr fallu des ressources : ce sera le second volet. Comment financer ces dépenses ? Comment supporter des charges sans cesse croissantes et, surtout, qui pouvait le faire ? Vue sous cet angle, la gestion du conflit par la France, à travers un organigramme aussi complexe que confus, constituera une troisième étape.
3L'évaluation du coût de la guerre, à défaut d'être toujours définitive, apparaît enfin, on l'a dit, comme une évaluation de la guerre elle-même. Si le caractère fragmentaire et discontinu des sources empêche l'évaluation chiffrée d'être absolue, le type d'analyse adopté fournit en revanche un éclairage original sur la guerre d'Indochine. Il donne à connaître une masse d'informations variées sur le conflit au quotidien, les raisons des choix tactiques ou stratégiques des chefs, les hommes et leur comportement, le non-dit de la guerre aussi. Le bon sens populaire sait depuis longtemps que l'argent est le nerf de la guerre : il pourrait bien en être aussi le révélateur.
Notes de bas de page
1 Les principales sources proposant une évolution chronologique du cout de la guerre sont le rapport Bousch du Conseil de la République, du 25 mars 1954, et le tableau récapitulatif de la direction des Services financiers et des Programmes du ministère de la Défense nationale, de mai 1954. La ventilation annuelle de ces deux sources diffère, le premier traitant de crédits et le second de dépenses, mais le montant total des chiffres en jeu est identique - a 0,002 % près... Voir annexes 22 et 24.
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