Précédent Suivant

L’Association des ingénieurs des Télécommunications (AIT) : une éphémère histoire de famille

p. 107-118


Texte intégral

Préambule

1Cet article a une ambition limitée : l’auteur n’est pas historien, mais propose modestement d’apporter un témoignage documenté. De nombreux documents ont été consultés mais, malheureusement, il n’a pas été possible de localiser les archives de l’AIT, Association des ingénieurs des Télécommunications !

2Il s’agit d’un témoignage personnel qui ne peut être considéré comme une position officielle de l’AIT.

3Il s’agit très clairement d’un sujet ethnocentré : le propos n’est pas d’aborder les réalisations des ingénieurs des Télécommunications (IGT), traitées par ailleurs, mais de s’intéresser aux actions et réactions de la collectivité des IGT vue comme une famille, représentée par son association amicale, l’AIT.

Une histoire brève

4Pourquoi ce titre « une éphémère histoire » ? Même si la présentation est faite dans le cadre du bicentenaire du corps des mines, le corps des ingénieurs des télécommunications aura formellement existé seulement un peu plus d’une centaine d’années : la création formelle du corps date du 17 janvier 1902 ; la fusion Mines-Télécoms a été effective début 2009.

5L’évolution des effectifs du corps des IGT est résumée par le graphique 1 ci-après : on peut constater que jusqu’aux années 1920, les effectifs du corps ont plafonné à une quarantaine de personnes.

6Avec un premier décollage après la loi de 1923 et le démarrage de la radiodiffusion géré par les PTT, le corps n’a réellement pris son essor que dans les années 1960.

7Cette croissance aura coïncidé avec les Trente Glorieuses et l’explosion des besoins et moyens de communication. On notera donc en particulier que les effectifs du corps seront passés de 200 en 1940 à plus de 1 200 en 2000. De famille confidentielle, le corps sera devenu un « grand » corps, au moins par ses effectifs…

Graphique 1. Effectifs du corps des IGT

Image 1.png

L’image et le positionnement du corps

8Au début des années 1960, le célèbre « 22 à Asnières » symbolisait l’état de sous-développement du téléphone en France. Cela ne pouvait que déteindre négativement sur l’image du corps.

9Vingt ans après, cette image, symbolisée par le tout puissant directeur général des Télécoms1 de l’époque (Gérard Théry) était associée aux réalisations en cours :

  • le rattrapage du retard téléphonique en bonne voie ;

  • France Télécom premier investisseur de France ;

  • le lancement des programmes télématiques (Transpac, Minitel, monétique, etc.) ;

  • les grands programmes de R&D du CNET ;

  • les restructurations industrielles et les priorités à l’exportation ;

  • et, last but not least, France Télécom était devenu la source de financement des grands programmes de politique industrielle (filière électronique, plan câble, espace, etc.).

10Comme les autres corps techniques, ce corps a eu plusieurs modes de recrutement : le recrutement à l’X (puis à l’ENS), le concours interne (personnels en service aux PTT, recrutés sur concours interne, et suivant le cursus des X à l’ENST), l’examen (filière réservée à des personnels en service aux PTT, remarqués par leurs compétences et qualités, recrutés après une épreuve ad hoc). Le recrutement via l’X était majoritaire (2/3 des effectifs).

11En 1940 le corps jouait très clairement dans la « 2division ». La transformation d’image, en vingt ans, a entraîné une amélioration significative de l’attractivité du corps à la sortie de l’X, comme le montre le graphique 2.

Graphique 2. Fourchette des rangs de recrutement des IGT à la sortie de l’X

Image 2.png

Source : Thierry Vedel, La naissance d’un grand corps.

Les temps forts de l’AIT

12L’AIT a formellement été créée en 1913. Comme déjà indiqué, cette présentation pèche par l’incapacité d’accéder aux archives anciennes (avant 1940).

13Sans risque de se tromper, on peut dire que l’AIT ressemble aux innombrables amicales associées aux quelque 600 corps de l’administration, créées pour traiter des intérêts de leurs membres… sans oublier l’inévitable pincée de corporatisme propre à ce type d’association.

14Il est plus intéressant de se pencher sur les grandes périodes de l’AIT et de ses préoccupations spécifiques.

15La grande affaire de l’AIT aura été, dans les années 1960 et 1970, la lutte pour sortir le téléphone du sous-développement aussi bien par des actions de lobbying auprès de l’opinion et des milieux influents que pour peser sur l’évolution des structures inadaptées des PTT.

16Les IGT avaient déjà eu l’occasion de s’exprimer sur les problèmes d’organisation qui ont débouché sur la loi de 1923 sur le budget annexe des PTT en contribuant au rapport Fayol. L’entretien de Georges Clavaud, interrogé par Patrice Carré sur l’AIT des années 19502, rappelle que l’AIT, à la fin des années 1950 était encore très timide et avait peu de poids.

17La situation était bloquée comme le rappelle Bernard Esambert sur les relations avec les postiers, les structures du ministère et FO :

« Il fallait donc casser ce mécanisme diabolique, qui empêchait d’affecter au téléphone les moyens dont il avait besoin, et la façon la plus radicale d’y arriver, c’était de supprimer le secrétaire général, dont la principale fonction était justement d’organiser cette dérivation des cash-flows. Il y avait un lobby – je parle toujours avec la franchise qu’a exigée de nous Pierre Messmer – qui avait l’habitude de propulser l’un des siens à la tête du secrétariat général des PTT et qui ne l’entendait pas de cette oreille. L’idée d’un office des Télécommunications est née à l’époque et elle a d’ailleurs été fortement soutenue par Valéry Giscard d’Estaing. Elle s’est heurtée à de fortes oppositions des syndicats et notamment de FO et d’André Bergeron. »

18Ce secrétaire général (Ivan Cabanne) avait traité le président de l’AIT, Charles Boutonnet, de « fellagha » (à replacer dans le contexte de 1962) à l’issue d’un séminaire avec les administrateurs des PTT dédié aux problèmes de structures.

19Il ne faut pas oublier une autre « colonisation », à savoir vis-à-vis du ministère des Finances qui n’a jamais permis au budget annexe de 1923 de réellement fonctionner.

20Les actions de l’AIT prirent de multiples formes :

  • édition de brochures « de combat » pour expliquer les causes du sous-développement et préconiser les solutions (autonomie financière et opérationnelle) ;

  • actions de lobbying auprès des milieux d’influence (Plan, Datar) facilitées par le détachement d’IGT ;

  • grignotage sur le terrain des DRT pour s’émanciper de l’organisation départementale de la Poste.

21À partir des années 1980, cette bataille étant en voie d’être gagnée, le corps a commencé à se préoccuper de son image et de son expansion hors France Télécom.

22La création de France Télécom dans le cadre de la dérégulation a accéléré l’évolution vers un corps se détachant progressivement de l’opérateur, demandant une véritable gestion indépendante et une promotion du « produit IGT », tout en recherchant difficilement un nouveau positionnement.

23Quelques brochures de communication éditées par l’AIT illustrent cette évolution.

24En 1965, la brochure éditée par l’AIT était un instrument de combat, destinée à sensibiliser les divers milieux économiques sur les moyens nécessaires pour sortir du sous-développement téléphonique :

  • autonomie financière ;

  • organisation séparée de la Poste ;

  • la prise de position sans ambiguïté en faveur d’une séparation fonctionnelle et financière d’avec la Poste a été considérée comme une agression par les instances du ministère, les administrateurs des PTT et les organisations syndicales.

251976 a été l’occasion de célébrer le centenaire du téléphone (avec moult festivités promotionnelles internationales organisées par la DGT). L’AIT a édité sa brochure 1976 en pleine accélération du ∆LP, avec plusieurs messages :

  • historique du sous-développement ;

  • optimisme sur le rattrapage ;

  • promotion de l’entreprise publique (avec une adhésion de facto vis-à-vis du management musclé de la DGT) ;

  • faire connaître le rôle des IGT.

26En 1980, le programme du rattrapage était en bonne voie ; la DGT par ailleurs était très engagée sur plusieurs actions majeures :

  • la politique industrielle et l’export ;

  • le lancement de la télématique (Transpac, Minitel, monétique, satellites, etc.).

27L’AIT a pris conscience de l’intérêt de « surfer » sur ces succès pour faire la « promotion de l’IGT » en construisant une image dépassant le seul domaine de la DGT. Il s’agissait déjà de s’intéresser à l’essaimage des IGT hors de la DGT.

28En 1996, l’AIT a édité une brochure alimentée par des réflexions internes et même d’agences de communication pour redéfinir l’image et les compétences distinctives des IGT, se démarquant nettement de l’adhérence à France Télécom.

Les affaires de famille

29Par ailleurs, l’AIT a eu régulièrement à faire face à quelques questions difficiles, par exemple :

  • l’« affaire Jannès » ;

  • la « prime Marzin » ;

  • l’alternance de mai 1981 ;

  • l’avenir du corps après les réorganisations du secteur des années 1990 (création puis privatisation de France Télécom, ouverture à la concurrence, etc.).

30Au début des années 1960, un peu plus de 300 IGT étaient dispersés dans des services, avec des situations très diversifiées et assez repliés sur eux-mêmes.

31Les IGT pilotaient leurs affaires dans les grands services techniques et la R&D :

  • les LGD (lignes à grande distance) ;

  • les câbles sous-marins ;

  • les services radioélectriques ;

  • le CNET ;

  • les services d’enseignement.

32Par contre, les IGT en région souffraient de l’inefficacité due à l’organisation calquée sur la Poste. Cette dispersion contrastée peut être illustrée par deux exemples :

  • la déplorable image du téléphone symbolisée par le célèbre « 22 à Asnières » comparée à celle du CNET avec le radôme de Pleumeur-Bodou ;

  • au moment où étaient lancées les études d’avant-garde sur la commutation temporelle par Louis-Joseph Libois avec l’impulsion de Pierre Marzin, un « Que Sais-je ? » rédigé en 1964 par Raymond Croze (directeur général des Télécommunications de l’époque) et André Blanchard vantait l’automatique rural avec une vision très « rétro ».

33L’un des mérites de Pierre Marzin devenu directeur général des Télécommunications aura été de faire « bouger les lignes » en injectant du sang neuf venant du CNET pour « dépoussiérer » la DGT et décloisonner les diverses entités.

34L’AIT aura aussi été très active pour étendre à l’ensemble du corps l’attribution de la « prime Marzin », prime au mérite créée par Pierre Marzin pour les ingénieurs du CNET.

35Comme dans toute famille, les rivalités existaient dans le corps des IGT : l’affaire Jannès, certes motivée par un problème de fond (les relations avec les industriels et les surcoûts supportés par les PTT), était également due à l’inimitié avec Pierre Marzin ; Maurice-Pierre Lhermite, artisan du développement des services radio internationaux, aura certainement insufflé à la DSR des réflexes anti-CNET ayant perduré jusqu’aux années 1980. Et surtout, sans oublier la rivalité Théry-Dondoux qui aura pesé sur la vie du corps dans les années 1970 et 1980. D’une manière générale, l’AIT aura évité d’être instrumentalisée par l’un des camps lors des crises chaudes.

Les relations avec les personnels des PTT

36Bien entendu, les IGT ne représentaient que moins de 1 % de l’ensemble des personnels de France Télécom : des relations conflictuelles ou partenariales se sont développées selon les circonstances avec les diverses organisations de personnel.

37On notera en premier lieu que l’AIT a toujours considéré comme naturel (même si non statutaire) que le directeur général des Télécommunications devait être un IGT, ce qui a effectivement été le cas pendant 50 ans :

  • 1941-1951 : Charles Lange ;

  • 1951-1957 : Jean Rouvière ;

  • 1957-1967 : Raymond Croze ;

  • 1967-1971 : Pierre Marzin ;

  • 1971-1974 : Louis-Joseph Libois ;

  • 1974-1981 : Gérard Théry ;

  • 1981-1986 : Jacques Dondoux ;

  • 1986-1990 : Marcel Roulet.

38Cet état de fait n’était pas vraiment contesté par les autres catégories de cadres. L’AIT n’avait évidemment aucun poids sur ces nominations, même si ses souhaits étaient explicites !

39Les trois premiers, indépendamment de leurs qualités professionnelles, ont également dû leur nomination à leur attitude pendant la guerre. La lignée du CNET (Marzin, Libois, Dondoux) a été interrompue par Gérard Théry.

40Les relations avec les administrateurs ont déjà été évoquées pour de la période de « décolonisation » des années 1960. Ces relations se sont normalisées à partir de la fin des années 1970 pour devenir cordiales avec une amicale émulation.

41La croissance du CNET s’est largement faite grâce au recrutement massif d’ingénieurs sur contrat (non-fonctionnaires), les ACO, qui ont occupé sans problème des responsabilités hiérarchiques. Des réactions de rejet ont été plus nettes en région de la part des fonctionnaires. La promesse d’intégration des ACO, faite avant les élections de 1981, a donné lieu à d’interminables négociations sans aboutir.

42Peu d’IGT étaient adhérents aux grandes centrales syndicales, malgré les discrètes recommandations de l’AIT.

43On a déjà évoqué l’opposition frontale avec FO sur les structures des PTT dans les années 1960. La CGT avait les mêmes positions.

44Le rôle des divers syndicats dans la réforme de 1991 est évoqué dans le papier de Michel Feneyrol.

45Fusion oblige : il est bon de dire un mot des ingénieurs des Mines dans France Télécom. Après un précurseur (J.-B. Hauser, coauteur d’un pamphlet des années 1970 qui aurait pu être écrit par l’AIT3), deux directeurs ont eu un rôle éminent, Jean-Pierre Souviron puis Jean Syrota. Peu d’ingénieurs des Mines ont une carrière longue dans le secteur des télécoms et en particulier dans France Télécom. Ostracisme des IGT vis-à-vis de corps étrangers, ou difficulté d’entrer dans une entreprise à culture aussi spécialisée : le débat reste ouvert.

L’AIT et la politique

46L’AIT, comme la plupart des organisations similaires, était censée être apolitique, ce qui n’excluait pas les engagements individuels. Dès les années 1880, les ingénieurs étaient considérés par le personnel PTT, majoritairement postier, comme conservateurs du fait de leur origine sociale et du fait de leur recrutement via l’X, par comparaison avec les cadres issus du rang.

47L’attitude des IGT pendant l’Occupation n’est pas traitée dans ce colloque (indisponibilité des conférenciers pressentis). Plusieurs colloques et livres ont traité du sujet. En bref :

  • une majorité silencieuse mais globalement non collaboratrice, et même passivement résistante ;

  • comme partout, une minorité agissante dans la Résistance avec quelques grands noms : Guérin, Clavaud, Lange, Rouvière, Croze ;

  • le manque d’accès aux archives n’a pas permis de dire quoi que ce soit sur l’AIT de cette période.

48La période des quelques mois suivant mai 1981 mérite d’être citée (souvenirs personnels de l’auteur, alors président de l’AIT) : les IGT étaient considérés comme alliés objectifs du pouvoir giscardien et cela s’est traduit par un geste symbolique : le remplacement de Gérard Théry par Jacques Dondoux.

La nouvelle donne

49L’AIT a dépensé beaucoup d’énergie à tirer les conséquences de l’évolution du secteur et pour redéfinir la vocation du corps.

50Difficile de se créer une nouvelle image, malgré un passé glorieux. L’AIT a constaté que cette image était totalement liée à celle de France Télécom, avec des appréciations externes peu flatteuses.

51Il est bon également de rappeler le poids de la population des IGT dans la population des ingénieurs de l’industrie de l’IT au sens large (constructeurs télécoms et informatiques, SSII et éditeurs de logiciel, services informatiques des utilisateurs).

52L’auteur avait eu l’occasion d’évaluer cette évolution en compulsant les diverses sources (DARES, SYNTEC, GITEP, etc.) pour le compte de l’ANIF (www.anif.fr).

  • dans les années 1960, les IGT concentraient une part significative des compétences en télécoms (mais pas en informatique). À l’ère d’Internet, de la VoIP, des LAN, des smartphones, des convergences, etc., ces compétences se sont très largement diffusées.

  • en 1980, les deux tiers des IGT travaillaient dans le groupe (DGT et ses filiales comme France Câbles et Radio, Transpac, EGT, etc.).

53La réorganisation de 1991, avec la création de France Télécom a été très largement approuvée par les IGT : c’était l’aboutissement logique des revendications exprimées dès les années 1960.

54La réorganisation de 1996 et l’ouverture de la concurrence ont eu un support moins unanime des IGT.

55Les conséquences de ces réorganisations progressives ont été importantes sur le corps : le statut des IGT dans France Télécom, devenus salariés comme les autres, s’est banalisé. En 2009, deux tiers des IGT étaient hors de France Télécom : le corps ne pouvait plus s’identifier à France Télécom.

La gestion du corps

56Jusqu’en 1991, la gestion des IGT était pilotée par le directeur général des Télécommunications, véritable DRH du corps (aussi bien pour les affectations dans France Télécom que pour les détachements stratégiques). L’AIT était un modeste facilitateur à défaut d’être un contrepoids.

57France Télécom n’étant plus l’employeur statutaire des IGT ni l’employeur majoritaire, même si encore le plus important, l’AIT a souhaité très tôt rendre la gestion du corps indépendante de la hiérarchie de France Télécom. À l’instar de ce qui se passait depuis longtemps dans d’autres corps (Mines en particulier), ont été mis en place des outils de gestion du corps pour aller vers une évolution progressive vers une gestion autonome :

  • 1987 : nomination d’un gérant du corps ;

  • 1991 : Conseil de gestion du corps ;

  • 1994 : Conseil consultatif de gestion du corps.

58Jusqu’aux années 1990, les débouchés internes de France Télécom offraient des perspectives motivantes pour une majorité d’IGT. Traditionnellement, l’essaimage du corps dans le privé a été avant tout le résultat d’initiatives personnelles.

59Les IGT ont assuré des responsabilités variées dans l’administration, avec quelques nominations prestigieuses.

60Dans le passé, les IGT « pantouflaient » avant tout dans l’industrie des télécoms, avec très peu de créateurs d’entreprise (réussite notable de Jean Carteron, fondateur de la Steria), contrairement par exemple aux ingénieurs de l’Armement.

61Sauf Cegetel et SFR que les IGT ont contribué à créer, les opérateurs alternatifs emploient peu d’IGT (méfiance vis-à-vis d’une potentielle dépendance culturelle vis-à-vis de France Télécom ?). L’essaimage dans l’industrie s’est accéléré dans les années 2000.

Graphique 3. Évolution des employeurs des IGT (France Télécom est devenu minoritaire)

Image 3.png

Le tsunami des années 2000

62Les années 2000 ont accéléré pour le corps la perte des certitudes acquises dans les décennies précédentes :

  • l’arrivée significative de la concurrence aussi bien sur les nouveaux marchés (mobiles, ADSL) que sur le fixe ;

  • la transformation radicale du business model due à Internet et à la convergence vers le tout IP ;

  • la catastrophe financière de France Télécom de 2002.

63À partir de 2002, les IGT sont devenus très minoritaires dans le haut management de France Télécom.

Épilogue : la fusion Mines-Télécoms

64Malgré ses beaux états de service, le corps n’avait plus de raison d’être tel quel (l’encadrement d’un service public d’état monopolistique).

65Deux possibilités d’évolution :

  • dissolution dans un autre corps ;

  • disparition générale des corps.

66L’AIT a évidemment été totalement impliquée dans l’instruction du dossier d’évolution, à défaut d’être moteur de la solution choisie. De nombreux groupes de travail et des études ont été organisés (groupe Combes, rapport Dietrich, etc.) sur l’évolution possible du corps.

67À l’assemblée générale fusionnée de début 2009, Christine Lagarde a eu le mot de la fin : « Merci aux corps des Mines et des Télécoms d’avoir contribué à la réalisation de mes objectifs en faisant N-1 sur le nombre de corps de l’État ».

68Au cours de cette assemblée générale, une voix assez unanime des anciens (dont je fais partie) s’est exprimée contre le nom du nouveau corps et la disparition du mot Télécom.

69Mais l’avenir ne se construit pas avec de la nostalgie : il est à construire par les jeunes !

Notes de bas de page

1 N’avait-on pas été jusqu’à le qualifier d’ayatollah de la technologie !

2 P. Carré, « Entretien avec Georges Clavaud », Les Cahiers. Télécommunications, histoire et société, Paris, France Télécom, n° 1, 1er semestre, 1995, p. 108-123, et n° 2, 2semestre 1995, p. 85-101.

3 J.-F. Ruges, Le téléphone pour tous, Paris, Le Seuil, 1976, 144 p.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.