Introduction à la quatrième partie
p. 207
Texte intégral
1De 1954 à 1965, l’encours des crédits à la consommation est multiplié par six en francs constants. À une période de progression limitée succède la forte hausse des années 1959-1965. Le plan de redressement Pinay-Rueff de 1958 et l’ouverture progressive des frontières résultant de la construction européenne marquent l’entrée de la France dans une phase de modernisation et de croissance sans précédent. Le PIB augmente de près de 5,5 % par an et le revenu par tête est multiplié par deux entre 1958 et 1974. Après les années de pénurie de l’immédiat après-guerre et le retour à la « normale » au début des années 1950, les années 1959-1965 inaugurent « l’ère de l’opulence », pour reprendre une expression de J. K. Galbraith1. Cette société d’abondance s’est-elle réalisée à crédit ? C’est la question, polémique, que pose un court ouvrage paru en 1966 sous la plume d’Henri Durand2. Dans leur quête grandissante « de jouir du confort sans attendre », les Français ont-ils acheté « Tout à crédit3 » ?
2Avec un endettement moyen par habitant nettement inférieur à leurs homologues anglais ou allemands, il semble que non. Dès lors, quelles sont les raisons de ce recours modéré au crédit ? Si des obstacles matériels peuvent jouer, en particulier l’accès au logement ou la fourniture suffisante d’électricité, qu’en est-il de l’accès au crédit lui-même ? Le coût de ce dernier, incriminé de façon récurrente, constitue-t-il réellement un frein pour les acheteurs qui redouteraient de s’endetter ? Ou bien l’expansion relative du crédit à la consommation en France résulte-t-elle avant tout d’une volonté persistante des autorités financières de restreindre au maximum ce « mal nécessaire » ? C’est ce qu’il convient de déterminer en analysant la nature des biens achetés et les bénéficiaires des crédits à la consommation, d’une part, et les freins établis pour prévenir un développement trop important de ces crédits, d’autre part.
Notes de bas de page
1 J. K. Galbraith, L’Ère de l’opulence, Paris, Calmann Lévy, 1968. Le chapitre XIV de l’ouvrage porte sur la vente à crédit.
2 H. Durand, L’Abondance à crédit, Paris, Le Seuil, 1966, 127 p. Notons que c’est dans la même collection, qui se fait l’écho des débats et préoccupations de l’époque, qu’est paru l’année précédente, en 1965, l’ouvrage également polémique de G. Mathieu, Peut-on loger les Français ?
3 C. P. Meslier, Tout à crédit, Paris, Livre de Poche, 1967.
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