Chapitre IX. La déception d’une attente libérale à l’extérieur
p. 267-283
Texte intégral
1La direction par le gouvernement Blum de la monnaie et du commerce extérieur s’oriente, à partir de l’automne 1936, vers des perspectives libérales et antiprotectionnistes, ouvertes par la dévaluation du franc et l’Accord tripartite de septembre. Certains experts, tels Jacques Rueff ou Emmanuel Mönick, agissent pour accentuer cette orientation et la compléter par de plus vastes arrangements internationaux. Les gouvernants, de leur côté, ont manifesté la volonté de compléter cette politique monétaire et commerciale libérale par d’importants accords diplomatiques. Mais les résultats d’une telle politique se trouvent largement suspendus à la stratégie internationale des deux grandes puissances (financières, monétaires, commerciales et diplomatiques) anglo-saxonnes, et, tout particulièrement, de Washington.
I. LA DÉCEPTION D’UNE ATTENTE MONÉTAIRE : LA DÉVALUATION ET SES ENJEUX
1. Vincent Auriol « s’est enfin rendu à l’évidence ».
2Le 19 août 1936 — jour de la désignation des directeurs de la Banque de France — les sorties d’or reprennent avec vigueur. Dès cette date, Charles Carriguel annonce que le franc ne pourra plus tenir1. Ainsi, la crise monétaire, assoupie à la fin de juin, se ravive, avant même la décision allemande d’allongement du service militaire et l’annonce française du programme de réarmement2. Le 3 septembre, le point de rupture semble proche, et le 4, Vincent Auriol « s’est enfin rendu à l’évidence », en réunissant autour de lui Cochran, Baumgartner et Rueff3. Le ministre présente un projet d’accord de préstabilisation tripartite, à étendre ensuite à la Suisse et aux Pays-Bas, ... « combinaison de paix monétaire internationale pouvant conduire à la paix économique mondiale »4. C’était la reprise du plan de juin, lui-même fondé sur les analyses antérieures de la SFIO d’« une véritable paix économique et monétaire ». En fait, le texte proposé n’est guère précis. Il y est seulement question de trois points :
- L’engagement de Londres et de Washington de tenir la livre et le dollar, lors de la dévaluation du franc.
- « Un accord de préstabilisation fixant de nouveaux rapports monétaires (...) compte tenu du niveau mondial des prix », prévoyant une « étroite collaboration », avec comme objectif final le « retour général à l’étalon-or international ».
- Une concertation, afin de « rendre possible une action immédiate et vigoureuse au vu de la réduction des obstacles aux échanges »5.
3La copie du projet est, sur les conseils de Henry Morgenthau, répétés par Cochran, transmise simultanément à Washington et à Londres. La réponse du secrétaire du Trésor américain rejette la portion du texte faisant référence au retour à l’étalon-or, et n’accepte qu’une déclaration favorable à une stabilisation de fait6. Les réticences de Londres à l’égard d’un accord « qui diminuerait son indépendance d’action » sont encore plus grandes. Neville Chamberlain ne veut pas aller au-delà des assurances formulées en juillet7. Il semble, d’après les télégrammes transmis par Cochran à Morgenthau, que Wilfrid Baumgartner, comme Emmanuel Mönick en juin, n’était lui-même guère convaincu par le projet de « paix économique » de son ministre. D’après l’attaché financier américain, son rôle a été de convaincre Vincent Auriol que les réponses anglaise et américaine constituaient une base suffisante pour faire admettre à l’opinion la dévaluation française comme un élément de la paix monétaire internationale8. Le ministre français doit également renoncer à un accord signé par les trois chefs de gouvernement et ministres des Finances, et se contenter de trois déclarations simultanées, selon la proposition de Morgenthau9. Le taux de dévaluation, quoique inférieur à celui de la livre en 1931 (40 %), ou du dollar en 1934 (41 %), est compris entre 25 % (49 mg d’or) et 34 % (43 mg d’or), par rapport aux 65,5 mg d’or du franc Poincaré. La résistance de Chamberlain est particulièrement rude, quant au taux et à la référence à un retour éventuel à l’étalon-or. Même si la livre ne se retrouve pas au niveau de 100 francs, comme souhaité, la nouvelle parité (105 à 120 francs) n’en est guère éloignée.
2. « Paix monétaire » ou « pas vers la stabilité des changes » ?
4L’« Accord tripartite » — ainsi qu’il fut couramment désigné — consiste en fait dans un engagement de consultation mutuelle entre fonds d’égalisation des changes, afin de maintenir une certaine stabilité entre les trois monnaies, malgré la disparition de leur convertibilité. Ce n’est donc pas la « paix monétaire », souhaitée par les dirigeants socialistes. Est-ce pour autant, selon les termes de la déclaration de Henry Morgenthau : « ... un pas vers la stabilité des changes, éliminant les spéculateurs internationaux et plaçant les mouvements d’or entre les mains des gouvernements »10. Les monnaies du Bloc-or imitent le franc peu après, mais il n’y a pas de retour à l’étalon-or avec parités fixes (le franc et le franc suisse oscillent entre deux parités, la lire et le florin n’ont aucune parité). Désormais, cependant, l’or tend à maintenir l’équilibre entre la plupart des devises des pays développés. Et le 13 octobre, H. Morgenthau annonce que le Trésor américain vendra l’or au cours fixe de trente-cinq dollars l’once, niveau qui restera le sien pendant trente-cinq ans11. En France, la dévaluation est présentée par les dirigeants socialistes comme un élément de la paix économique : « Les États-Unis, l’Angleterre et la France déclarent au monde la paix économique et monétaire », proclame Le Populaire12. L’exposé des motifs du projet affirme : « Les grandes démocraties ont été seules à maintenir la libre circulation des marchandises et des capitaux »13. Et Léon Blum, dans son discours à la Chambre, le 28 septembre, annonce que 1’« arrangement international » conclu permet de ... « compléter les résultats (...) obtenus (...) par le reflux des capitaux extérieurs, par la reprise de l’exportation, par le rajustement des prix et, avant tout, par la paix économique »14.
5Il précise que les mesures de « reflation » de juin-juillet n’ont pas suffi, pour une triple raison : une ponction trop faible sur la thésaurisation, des troubles extérieurs, qui précipitent la décision d’un « vaste et coûteux programme d’armements », une pression sur le franc entretenue par des campagnes de panique. Il rappelle combien, en juin, furent fortes les incitations à la dévaluation, et révèle que les discussions, effectivement engagées le 6 juin avec les puissances anglo-saxonnes, n’avaient qu’un rôle d’information, au cas où la dévaluation, officiellement rejetée, serait devenue inévitable.
6Plusieurs auteurs ont formulé, à propos de la dévaluation, des critiques, principalement à l’égard de sa date tardive et de son taux, inférieur à celui de la dépréciation de la livre et du dollar15. On a vu que si Léon Blum et Vincent Auriol ne dévaluent pas en juin, ce n’est ni par ignorance, ni par préjugé, ni même par hostilité personnelle. Ils sont tenus par leurs engagements antérieurs et par la détermination anti-dévaluationniste de leurs alliés et, parmi eux, les communistes. Or, Léon Blum souligne, à plusieurs reprises, combien la division au sein du Front populaire peut lui être fatale16. Quant au taux, il a été proposé par les services de la rue de Rivoli, mais ces derniers savent, au moins depuis deux ans, que Chamberlain ne tolérera pas une dévaluation d’un ordre de grandeur équivalent à celui de la livre en 1931. Et, depuis plusieurs mois, Henry Morgenthau évoque l’éventualité d’une dévaluation du franc d’environ 25 à 30 %17. S’il existe une pression anglo-saxonne, elle n’a pas besoin d’être explicite à ce moment. Les experts français ont pris la mesure des rapports de forces : la France ne peut plus, comme en 1928, décider en toute liberté de sa dévaluation18.
3. Le rôle des experts : pressions et convergences.
7D’autres spécialistes ont insisté sur le fait que le gouvernement aurait, en la matière, subi la pression des experts, et en particulier celle d’Emmanuel Mönick19. Il est incontestable que ce dernier, dès juin, comme Wilfrid Baumgartner en septembre, pousse à la signature rapide d’un accord, même limité, avec les puissances anglo-saxonnes. Mais Léon Blum et Vincent Auriol ne sont pas sans avis sur la question. Ce que nous avons appelé le plan Auriol, énoncé le 6 juin en présence de Cochran, était une proposition proprement socialiste, mûrie parmi les dirigeants de la SFIO, les années précédentes. Le caractère quelque peu grandiose d’un grand accord international de stabilisation monétaire et de décontingentement commercial ne lui donnait guère de chances d’aboutir à bref délai, malgré des convergences évidentes avec les vues de Henry Morgenthau, comme celles de Cordell Hull : l’obstacle essentiel se trouvait à Londres. Il bénéficiait d’autant moins de possibilités de réussir, que les experts français, comme Mönick ou Baumgartner, ont très peu pris la peine de le défendre auprès de leurs interlocuteurs anglo-saxons. En ce sens, la haute administration n’a guère aidé, pour ne pas dire davantage, les responsables politiques. C’était néanmoins l’un des moyens, aux yeux de socialistes comme Léon Blum, Vincent Auriol, Charles Spinasse ou Robert Marjolin, d’atténuer des facteurs aggravants de la crise, et d’œuvrer pour la paix.
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8Bien que beaucoup plus limitée que le plan Auriol, la déclaration tripartite de septembre 1936 a ceci de commun avec lui qu’elle rétablit le contact entre les grandes monnaies d’Europe et le dollar, qu’elle provoque la fin du Bloc-or, qu’elle entraîne aussi une stabilisation de fait entre les devises occidentales, et atténue la balkanisation monétaire. Sans obtenir des engagements précis, le gouvernement a toutefois évité la « dévaluation unilatérale », qu’il redoutait comme ses prédécesseurs. Il était d’autant plus enclin à écouter le conseil des experts que, en septembre, il n’avait plus guère le loisir de ne pas se « rendre à l’évidence » et que la dévaluation de l’automne pouvait, dans l’esprit des responsables, utilement compléter la reflation de l’été. Et, même si l’alignement monétaire n’est pas assorti de mesures autres que la collaboration entre les fonds d’égalisation des changes, le gouvernement essaie de l’agrémenter de mesures commerciales.
II. LA DÉCEPTION D’UNE ATTENTE COMMERCIALE
1. « Une contribution bénévole à la détente internationale ».
9Le Comité d’étude pour l’adaptation du régime douanier, créé par le décret-loi du 8 août 1935, avait tenu près d’une quarantaine de séances, sous la présidence de Charles Rist. Dans son rapport, il était précisé qu’une stabilisation monétaire devait précéder tout décontingentement. Le 2 octobre 1936, le gouvernement adopte par décrets les propositions formulées par le comité quelques jours plus tôt, en supprimant ou suspendant le quart des contingents, en abaissant les droits de douane de quinze à vingt pour cent sur les produits non contingentés, et les taxes de licence de vingt pour cent sur les articles contingentés20. Ces mesures « d’une immense portée », selon Georges Boris21, n’ont guère été remarquées par les historiens, en partie du fait qu’elles furent sans lendemain, et rapportées dès la formation du gouvernement Chautemps en juin 1937, mais également parce que leurs effets apparaissent ambigus.
10Une partie de la presse financière et technique critique le gouvernement d’avoir ainsi gâché une monnaie d’échange contre des avantages éventuels, lors de négociations commerciales. Il s’agit, dans l’esprit des dirigeants et, en particulier de Charles Spinasse, d’une sorte de « contribution bénévole à la détente internationale »22. Et, quelques jours plus tard, à la tribune de la SDN, le ministre de l’Économie nationale, au nom de la délégation française, dénonce « la politique de protection ». Selon lui, les mesures de l’accord tripartite seraient vaines,
11... « si elles ne devaient pas avoir pour contrepartie la disparition progressive et rapide de toutes les entraves qui paralysent le commerce international : contrôle des changes, restrictions quantitatives aux importations — si elles ne permettaient pas de restaurer l’ordre dans les relations économiques, d’améliorer le niveau de vie des peuples et de développer la prospérité du monde »23.
12Le ministre socialiste énonce ainsi un credo libéral, conforme à ses idées d’avant 1936, manifestant ainsi que l’accord tripartite n’était pas seulement, dans son esprit, un subtil habillage (le fameux « dressing », que E. Mönick avait évoqué auprès de Roosevelt en juin) de la dévaluation, mais le prélude à une démobilisation bénéfique. Le 17 juillet 1936, lors d’une séance du Conseil national économique, il a déjà affirmé :
13« Vouloir maintenir une monnaie par un contrôle des changes, c’est s’obliger à l’isolement économique, c’est abandonner pour une apparence de stabilité les réalités de l’échange international et l’augmentation de bien-être qu’il apporte aux populations qui n’en refusent pas le bienfait »24. Pour la première fois depuis le torpillage de la Conférence de Londres en 1933, l’occasion paraît favorable, pour assortir la relative stabilité des changes ainsi obtenue, de conversations sur les décontingentements et la démobilisation douanière. Mais le geste unilatéral de la France ne peut, à lui seul, lever des réticences, en Grande-Bretagne comme aux États-Unis.
14Plusieurs spécialistes démontrent, dès la parution des décrets du 2 octobre, que les mesures adoptées ont en fait plutôt tendance à renforcer qu’à diminuer la protection du marché intérieur. Parmi la liste des contingents supprimés, plusieurs n’étaient pas entièrement utilisés, et une autre partie ne le sera plus, car l’accroissement de protection par la dévaluation l’emporte sur la réduction de vingt pour cent de la taxe de licence25. Quant à la réduction des droits sur les produits non contingentés, elle est de vingt pour cent au maximum (les vingt pour cent portent sur le taux antérieur des droits), alors que le surplus de protection, du fait de la dévaluation, peut être évalué à environ trente pour cent — y compris les droits (les trente pour cent portant sur les prix eux-mêmes)26. Dans une certaine mesure, la dévaluation représente donc un surcroît de protection, malgré les initiatives du 2 octobre. Des techniciens soulignent la contradiction qui consiste à ne pas lever totalement des mesures protectionnistes, suscitées antérieurement par un taux de change défavorable, au moment même où leur raison d’être disparaît. Cela explique, en partie, le faible enthousiasme international à l’égard des initiatives françaises, somme toute guère audacieuses.
2. Une initiative libérale de Jacques Rueff, en accord avec Charles Spinasse.
15Jacques Rueff, encore directeur-adjoint du Mouvement général des Fonds, essaie de trouver un accueil favorable auprès de Washington. Le 30 octobre, l’ambassadeur William Bullitt signale à Cordell Hull que Rueff, à la différence de E. Labonne, directeur des Affaires économiques au Quai d’Orsay, est persuadé que le Gouvernement français cherche à travailler, en accord avec Londres et Washington, à une réduction générale des restrictions au commerce international27. Il précise que ce dernier s’est entendu avec Charles Rist et Charles Spinasse, pour essayer d’aboutir à un accord avec la Grande Bretagne et les États-Unis, afin de diminuer les quotas, les limitations et les droits pour tous les pays acceptant de réduire les restrictions aux échanges. Le contenu des déclarations, citées plus haut, du ministre de l’Économie nationale explique son entente avec les deux experts, connus pour leurs idées libérales28. Jacques Rueff a fait part à l’ambassadeur américain de son souci d’accompagner l’accord monétaire d’un programme de libération des échanges, avant même que le gouvernement ne l’adopte (mais ce qui, selon lui, ne devait pas poser de difficultés majeures)29. Cordell Hull se montre intéressé par les projets français. Cependant, il réclame des propositions concrètes, et suggère des contacts officieux entre Daniel J. Reagan, attaché commercial à l’ambassade américaine à Paris, et Charles Spinasse30. Un mois plus tard, Bullitt rapporte que, lors de ces conversations officieuses, les propositions françaises se sont limitées à la libération de contingentements jugés mineurs31. Cependant, Charles Spinasse persiste à manifester publiquement les velléités antiprotectionnistes de la France. En présence de Léon Blum, le 9 décembre, lors de la réception de l’Accueil français, il déclare : « Nous désirons vivement favoriser les échanges extérieurs, les rétablir sur des bases normales et saines. La France est un pays de civilisation ouverte sur toutes les mers du monde. Ce serait renier son passé, méconnaître son avenir que de ne pas vouloir la faire rentrer dans le courant de la vie internationale »32. Et, reprenant les analyses socialistes sur la « paix indivisible », il conclut : « En rétablissant la paix monétaire, qui est le fondement de la paix économique, peut-être réussirons-nous à réaliser les conditions de la paix tout court »33.
3. Les Anglo-saxons se dérobent.
16Pendant ce temps, le Foreign Office transmet un mémorandum au Département d’État, dans lequel il manifeste son souci de ne pas s’engager34. Et lorsque, à la fin de l’année 1936, Laboulaye demande, de la part du gouvernement français, un échange de notes au sujet de la réduction conjointe des contingentements et de barrières douanières, il essuie également un refus américain35. Au début de 1937, Paul Bastid, ministre du Commerce, déplore auprès de Bullitt, l’absence de discussions complémentaires sur l’abaissement des barrières douanières36. Léon Blum, et surtout Charles Spinasse, nourrissaient parallèlement de grands espoirs autour de 1’« enquête », confiée en mars, par Londres et Paris, à Paul Van Zeeland, ancien chef du Gouvernement belge, sur la « possibilité d’obtenir une réduction générale des mesures de contingentements et autres obstacles au commerce international », afin de donner effet à la déclaration tripartite du 25 septembre 193637.Le Département d’État manifeste également de l’intérêt pour cette enquête et envoie un émissaire, Norman Davis, sous couvert de la participation à une conférence sur le marché du sucre. Or, le 11 avril, le ministre français de l’Économie nationale se rend à Londres, où il rencontre Frederik Leith-Rooth et Lord Runciman, ainsi que Norman Davis. Mais il confie à ce dernier qu’il n’y a pas d’espoir d’entamer le protectionnisme, « tant que l’Allemagne persiste dans le dumping qui oblige la France à maintenir des contingents de protection » Les deux hommes conviennent d’ailleurs que le préalable à tout accord économique est un règlement politique, qui puisse apporter une détente en Europe. Au total, la politique allemande, dans laquelle Schacht exerce désormais un rôle décroissant, empêche en grande partie de compléter l’accord tripartite par des arrangements économiques, qui auraient pu, selon les dirigeants français, faire bénéficier la France de la reprise civile mondiale. Et, de toute façon, l’hostilité de Chamberlain à des négociations avec Paris et Washington, ainsi que les réticences de Cordell Hull, inquiet de l’attitude britannique et guère assuré de l’approbation de l’opinion américaine à l’égard d’une politique de libéralisme commercial — qu’il souhaite pourtant depuis 1933 — compromettaient tout pas en avant. Dès lors, les services de René Massigli au Quai d’Orsay émettent, en avril, de sérieuses réserves sur une poursuite de la démobilisation, amorcée en octobre, si elle ne s’accompagne pas de contreparties : « la France consent de véritables sacrifices en faveur de l’échangisme (...) Accentuer cet échangisme dans le même sens, et sans contreparties substantielles pour elle, entraîne le risque de déficit nouveau et serait de nature à émouvoir profondément l’opinion française »38.
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17Les attentes d’une grande négociation commerciale complétant l’accord de septembre 1936 ont donc été rapidement déçues. Les dirigeants socialistes n’ont pu mettre en œuvre leurs projets de « paix économique et monétaire ». D’autre part, les initiatives de libération commerciale du gouvernement français sont critiquées de plus en plus nettement, en particulier par une fraction des radicaux — notamment au Sénat — déjà mécontents de la dévaluation. Ces critiques ne font que refléter les inquiétudes de certaines couches sociales, notamment paysannes. Et le ministre radical du Commerce, Paul Bastid, pourtant appuyé par Pierre Mendès France dans son rapport sur la politique économique et financière au Congrès radical de Biarritz, est ouvertement mis en cause par une bruyante minorité lors des débats39.
III. L’ATTENTE DÉÇUE D’UN PLAN ROOSEVELT POUR LA PAIX
18Les initiatives françaises s’imbriquent dans les discussions entre les trois signataires de l’accord monétaire, au sujet d’un éventuel « achat de la paix ». On sait que René Girauit a mis en évidence l’existence d’un « plan Mönick », présenté à William Bullitt par l’attaché financier à Londres, le 22 novembre, et révélé au Quai d’Orsay seulement un mois plus tard. Il propose une initiative de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, notamment la création de compagnies commerciales et financières, destinées à régulariser les cours des matières premières : ce serait le prix à payer afin d’« acheter la paix pour ne pas intervenir militairement »40. De manière plus précise, Mönick affirme que la bonne méthode serait un plan américain s’imposant à toute l’Europe : « Cet ordre ne peut être imposé à l’Europe que de l’extérieur »41. René Girauit y voit l’amorce d’un « plan d’ensemble de la stratégie anglo-saxonne », alors que, pour Jean-Baptiste Duroselle, il s’agit d’une proposition sans lendemain, qui n’a véritablement été acceptée ni par Washington, ni par Londres, ni même par Paris42. L’examen des documents français et américains nous conduit à une troisième interprétation, quelque peu différente.
1. À la fin de 1936 : des rumeurs convergentes.
19Tout d’abord, les propositions d’Emmanuel Mönick ne sont pas originales. Leur importance résulte de l’influence que l’attaché financier à Londres exerce sur les responsables politiques. Mais, en France, en cette fin d’année 1936, de multiples côtés, il est fait allusion aux liens qui pourraient exister entre des négociations internationales économiques et financières, et un apaisement de la tension internationale, accrue depuis le mois de mars par la remilitarisation de la Rhénanie, et encore aggravée depuis juillet par la guerre d’Espagne. Dans des milieux très divers (techniciens, financiers, hauts fonctionnaires, syndicalistes, intellectuels pacifistes), on évoque, en des termes d’ailleurs fort variés, les possibilités offertes par la stabilisation relative des trois grandes monnaies, pour envisager des accords économiques, financiers ou coloniaux, qui offriraient certains avantages à l’Allemagne, et permettraient ainsi d’envisager l’économie de la course aux armements43. Mais la plupart de ces analyses en restent à des vœux formulés de manière peu précise. Ainsi, Roger Auboin explique, à la fin de décembre : « l’accord tripartite peut avoir de l’influence sur la politique internationale s’il ouvre la voie à de plus vastes arrangements sur le plan économique et commercial (...) pour entraîner l’adhésion des pays qui s’obstinent à s’enfermer dans un isolationnisme désastreux pour eux-mêmes et pour les autres »44.
2. Plan Mönick ou plan Blum : économie ou politique d’abord ?
20Il est établi que Léon Blum et Yvon Delbos ont entretenu William Bullitt de propositions se rapprochant au moins partiellement de celles de Mönick, avant même que celui-ci ne mette le gouvernement français au courant de la nature de ses contacts antérieurs avec l’ambassadeur américain à Paris. En effet, dans un télégramme adressé au secrétaire d’État, daté du 1er décembre 1936, William Bullitt l’informe des conversations qu’il a eues le jour même, lors d’un déjeuner avec Léon Blum45. Et, quelques jours plus tard, dans une lettre « personnelle et confidentielle » à F.-D. Roosevelt, l’ambassadeur révèle que, au cours de ce même déjeuner, Léon Blum lui a fait part de son espoir d’amorcer un mouvement de réconciliation avec l’Allemagne, « fondé sur la réduction des barrières économiques, la collaboration économique et financière et la réduction des armements »46. Le président du Conseil français a ajouté que l’aide et la collaboration américaines seraient essentielles pour ce rapprochement. Or, le mémorandum de Mönick n’est transmis au gouvernement français que trois semaines plus tard47. Léon Blum, Yvon Delbos, ainsi d’ailleurs que Georges Bonnet — auquel il est offert l’ambassade à Washington afin de l’écarter, à la mi-décembre — semblent donc avoir été convaincus par avance de l’intérêt d’une démarche convergeant avec certains aspects du plan Mönick. Toutefois, les perspectives de Léon Blum ne sont pas exactement calquées sur celles d’Emmanuel Mönick : il ne s’agit pas seulement d’« acheter la paix », mais de combiner des accords financiers et commerciaux avec des négociations sur la limitation des armements, qui demeurent essentielles dans l’esprit du dirigeant socialiste. Il trouve, quelques semaines plus tard, l’occasion de préciser cette nuance. À la mi-décembre, Georges Bonnet informe William Bullitt du résultat de ses échanges avec Léon Blum : le gouvernement français souhaite élaborer un plan, en accord avec Londres et Washington, en vue de préserver la paix pendant les prochains dix-huit mois : au-delà, le réarmement britannique sera achevé, et les responsables français pensent que l’Allemagne hésitera à attaquer la France. Ce plan comprendrait trois volets :
- « Une aide économique à l’Allemagne incluant l’abaissement des barrières au commerce international et l’accès aux matières premières ».
- « Une aide financière à l’Allemagne ».
- « Une limitation des armements »48.
21Des déclarations concordantes sont prononcées par Léon Blum et Antony Eden qui, à Bradford, évoque, le 14 décembre, la possibilité de compléter l’accord monétaire de septembre, afin de « créer les conditions internationales offrant à toutes les nations, du point de vue économique, des choix plus grands, et où elles pourront espérer améliorer leur niveau de vie »49. Le 19 janvier 1937, Léon Blum, dans son discours de Lyon — en réponse aux offres publiques de « collaboration économique » de Antony Eden, à destination de Schacht — mentionne la pression exercée par des journaux français faisant état, par avance, de propositions françaises de « conversation directe » avec l’Allemagne et de « coopération économique ». Le président du Conseil, conformément à ses perspectives de « paix indivisible », souscrit à l’idée d’une « connexion nécessaire de la coopération économique avec le règlement politique et l’organisation de la paix »50. Mais il conçoit la « connexion » dans les deux sens. Autrement dit, le préalable consiste, avec l’Allemagne, à régler le problème politique : ... « comment des accords économiques pourraient-ils se concevoir, indépendamment du règlement politique ?»51. Il manifeste une conscience aiguë du danger que pourrait représenter des avantages financiers, commerciaux ou coloniaux qui, consentis à l’Allemagne, loin de ralentir la course aux armements, lui offriraient des atouts supplémentaires pour l’accélérer52. Quelques mois plus tard, il utilise des termes analogues, lors de sa conversation avec Schacht, alors en visite à Paris : « on passera aux facilités économiques, aux fournitures de matières premières, à tous les problèmes de cette nature lorsqu’on aura acquis le sentiment que le règlement politique est possible »53. En l’absence de « règlement politique », c’est l’échec de ces « conversations directes ». Léon Blum avait son propre plan et n’a donc pas repris exactement les suggestions d’Emmanuel Mönick de novembre 1936, qui, de toute manière, reposaient largement sur l’initiative américaine, laquelle ne s’est pas manifestée.
3. La hantise américaine de l’engrenage de 1917.
22Avant même ses premiers contacts avec Emmanuel Mönick, William Bullitt, dès son arrivée à l’ambassade à Paris, le 13 octobre 1936 — en provenance de l’ambassade de Moscou, qu’il laisse à Joseph Davies — signale à Roosevelt l’empressement que les dirigeants français manifestent à solliciter une intervention en faveur de la paix de la part du président américain, qui fait figure d’« homme-miracle »54 ou de « deus ex machina »55. Alors qu’il n’a pas encore reçu le premier mémorandum de Mönick, Bullitt avertit Roosevelt quant au risque d’un « fiasco similaire à celui de la Conférence économique de Londres », dans l’éventualité d’une conférence internationale insuffisamment préparée56. Et, lorsqu’il transmet le premier texte de Mönick, il accroît et précise ses mises en garde auprès du président américain. Comme l’indique Jean-Baptiste Duroselle, Emmanuel Mönick n’a pas perçu — ou n’a pas voulu percevoir — dans son compte rendu au gouvernement français, les grandes réticences de Bullitt à l’égard de son « plan »57. L’ambassadeur a clairement saisi que, sous couvert de règlement des dettes interalliées, il s’agissait d’un « vaste plan en vue d’une collaboration économique et financière des États-Unis avec l’Angleterre et la France, destiné à (nous) impliquer également dans une collaboration politique »58. Plus que la question d’« achat de la paix », William Bullitt insiste surtout sur l’engrenage fatal, par lequel les États-Unis risqueraient d’être mêlés au prochain conflit. Il conseille à F.-D. Roosevelt de n’accepter aucune « proposition de principe » : il soupçonne les Européens de vouloir, comme en 1917,... « notre argent, nos bateaux et nos soldats »59. Il se félicite — avant même la communication du plan Mönick — du non-paiement des dettes étrangères qui, par le biais du Johnson Act, empêche tout engagement financier américain en Europe, et permet ainsi d’éviter le scénario de 1917 : « thanks to the Johnson Act, the debt unpaid are proving to be considerable value to us »60... « it is better for us to remain protected from them [enormous foreign loans] by the provisions of the Johnson Act »61. Selon lui, il est préférable que les dettes ne soient pas payées, que les capitaux américains soient investis aux États-Unis, plutôt que prêtés et perdus dans une nouvelle guerre, dans laquelle ils auraient contribué, comme en 1917, à précipiter Washington. D’ailleurs, Bullitt refuse d’écouter les détails du plan de Mönick, et dissuade ce dernier d’aller voir Roosevelt à Buenos Aires, comme le suggérait Claudel. Malgré cela, Mönick évoque auprès du gouvernement français le bon accueil qu’il aurait reçu chez l’ambassadeur. Quelques jours plus tard, William Bullitt confie que les Français nourrissent « l’espoir que par une série de petits pas nous puissions finalement être impliqués comme nous le sommes devenus en 1917 »62. Dans ces conditions, le meilleur service à rendre aux Français, selon lui, est de « tuer cet espoir », afin de les préserver de déceptions ultérieures63. Et, lors de son déjeuner avec Léon Blum, le 1er décembre, l’ambassadeur américain réaffirme ce qu’il avait déjà dit peu avant à Yvon Delbos, à savoir « la détermination absolue des Etats-Unis de se tenir à l’écart non seulement de toute guerre sur le continent européen, mais de toute obligation ou engagement qui pourrait éventuellement conduire à notre implication dans une guerre »64. Deux semaines après, il répète à Georges Bonnet qu’il « n’y avait pas la moindre chance que les États-Unis participent » [au plan tripartite proposé par la France]65. Dans le télégramme qu’il envoie à Cordell Hull, il écrit que Léon Blum « a rêvé » de créer une collaboration entre les trois puissances occidentales66 : c’est dire quel pouvait être le décalage entre les attentes françaises et les préoccupations de leurs interlocuteurs. Son scepticisme isolationniste éclate encore plus clairement, lorsque Bullitt envoie secrètement et commente pour F.-D. Roosevelt le second mémorandum préparé par Emmanuel Mönick — celui qu’il transmet au gouvernement français, le 22 décembre. Il a réaffirmé à Bonnet, Delbos et Mönick que Roosevelt n’impliquerait jamais les États-Unis dans des engagements quelconques, en acceptant des propositions sous forme de principes généraux (comme celles qui sont contenues dans le plan Mönick), car « il n’y a pas de meilleure manière pour nous de commencer à nous impliquer dans la prochaine guerre que d’accepter cette proposition »67.
4. « Les États-Unis, comme Dieu, aident ceux qui s’aident eux-mêmes ».
23Le dialogue de sourds est total : tout arrangement — qu’il soit financier ou commercial — concernant l’Europe est immédiatement interprété à la lumière de l’engrenage de 1917, qu’il s’agit d’éviter. Cela ne décourage toutefois pas Emmanuel Mönick qui, en janvier 1937, rédige deux mémorandums supplémentaires — « colossaux » d’après Bullitt — où il propose la création de trusts internationaux, organisés comme la Compagnie du canal de Suez, qui faciliteraient la livraison de matières premières et l’écoulement des produits finis pour les pays qui en auraient besoin68. Outre les arguments isolationnistes déjà évoqués, William Bullitt ajoute une considération économique : il n’est guère pensable que les États-Unis fournissent des crédits à l’Allemagne et à l’Italie pour l’achat de matières premières et qu’ils leur attribuent des marchés, ce qui reviendrait à subventionner la concurrence allemande. En fait, selon lui, seules les conversations directes franco-allemandes peuvent empêcher la guerre. Et ce n’est que dans le cas où des accords paraîtraient en vue sur ce terrain, que Washington pourrait apporter son appui : « Nous devons faire clairement comprendre que les États-Unis, comme Dieu, aident ceux qui s’aident eux-mêmes »69. Les seuls domaines où Washington peut examiner son éventuelle participation à des discussions sont la réduction des barrières douanières, souhaitée notamment par Cordell Hull (dont on a vu qu’elle s’enlise à la fin de 1936), et la limitation des armements, également compromise au début de 1937. Au début de l’année 1937 d’ailleurs, la presse américaine, en particulier le New York Times, a fait mention, à la suite de la conférence interaméricaine de Buenos Aires, d’une initiative éventuelle du président Roosevelt, pour arrêter la course aux armements. Mais, à chaque demande précise, de la part des officiels français, leurs partenaires américains se dérobent : ainsi, Cordell Hull face à l’ambassadeur Georges Bonnet, le 19 mars70. Edwin Wilson (conseiller à l’ambassade américaine à Paris) auprès de Eirik Labonne, le 6 avril71, ou Norman Davis avec Charles Spinasse, à Londres cinq jours plus tard72.
24Du côté de Bullitt, de Roosevelt ou de Hull, l’heure n’est pas à « l’achat de la paix », suspecté de conduire à terme à un engagement militaire redouté. La hantise de l’engrenage de 1917 ne rend guère les interlocuteurs disponibles : les conditions n’étaient pas réunies pour la proposition d’un plan Roosevelt ou d’un plan Hull, lointain ancêtre du futur plan Marshall, tel que Emmanuel Mönick et, avec des différences certaines, Léon Blum le « rêvaient » en novembre 1936. À Londres, les écueils, bien que d’un autre type, n’étaient pas moindres. Yvon Delbos révèle à Bullitt que, sans le « froncement de sourcil » britannique, la France aurait pu proposer des concessions coloniales à l’Allemagne73. D’une façon plus générale, il est clair pour l’ambassadeur américain que Londres, fidèle à sa politique traditionnelle, ne souhaite pas vraiment la réconciliation franco-allemande, et ne se montre pas favorable à un accord de limitation des armements, tant que son propre programme de réarmement ne sera pas achevé74.
***
CONCLUSION DU CHAPITRE IX
25Ainsi, la politique française de libéralisme monétaire et commercial se solde par des déceptions pour les gouvernants socialistes : ils escomptaient, en septembre 1936, appuyer la « reflation » sur la reprise civile de l’économie mondiale, facilitée par une stabilisation monétaire de fait, qui aurait pu se doubler d’une libération des courants commerciaux. Il est vrai que plusieurs hauts fonctionnaires — en particulier Emmanuel Mönick pour la dévaluation et la politique d’« achat de la paix » ; Jacques Rueff pour les conversations commerciales — ont pris des initiatives personnelles et exercé une influence certaine sur les responsables politiques afin de ramener la France dans le giron des grandes puissances anglo-saxonnes. Mais les dirigeants socialistes, Léon Blum et, à un moindre niveau de responsabilité, Charles Spinasse, ont été conscients de cette pression. Ils l’ont cependant acceptée dans la mesure où, pour une large part, elle convergeait avec leurs projets de « paix monétaire, économique et politique », élaborés dans la SFIO avant 1936. Leur attente libérale à l’extérieur a été toutefois déçue par les réticences de Washington et de Londres à aliéner leur liberté de manœuvre en matière monétaire et commerciale. Elle s’est en outre trouvée en porte-à-faux avec la tension internationale, accrue par la politique allemande d’autarcie et d’armement, et les réflexes isolationnistes consécutifs d’Outre-Atlantique.
26L’accroissement de l’intervention de l’État en matière monétaire et commerciale était ainsi largement contrebalancé par l’affaiblissement relatif de la monnaie et du commerce français dans les relations internationales.
Notes de bas de page
1 Cf. Saturday Evening Post, 8 avril 1939, art. cité, p. 82.
2 Robert Frank (Le prix..., op. cit., p. 136) attribue plutôt un rôle moteur à ces deux événements.
3 « Auriol had faced the facts at last », Saturday Evening Post, 8 avril 1939, art. cité, p. 84; cf. également René Girault, « Léon Blum... », art. cité, p. 99.
4 Ibid., p. 86, traduit par nous; cf. FRUS, 1936, vol. I, p. 542, télégramme du 4 septembre 1936.
5 AEF, B 21 848, d. « dévaluation du franc — Politique monétaire française 1936-1939 », projet de note aux gouvernements américain et britannique, 8 septembre 1936; copie a été remise à Cochran et Mönick, le 9 septembre.
6 Idem, d. cité, réponse américaine, 2 p.
7 Idem, d. cité, réponse britannique, 14 septembre 1936, signée du Chancelier de l’Échiquier, 2 p.
8 FRUS, 1936, vol. I, p. 548, télégramme de Cochran à Hull, n° 870, 15 septembre 1936.
9 Ibid., Morgenthau à Cochran, n° 359, 19 septembre 1936.
10 Cité in Europe Nouvelle, n° 975, 17 octobre 1936, p. 1033.
11 C’était le souhait des responsables américains de définir un niveau pour plus d’une génération.
12 Le Populaire, 26 septembre 1936.
13 Ibid., 28 septembre 1936.
14 Ibid., 30 septembre 1936.
15 Cf. Alfred Sauvy, Histoire..., op. cit., t 2; Jean-Marcel Jeanneney in Léon Blum..., op. cit., p. 207-232.
16 L’Œuvre..., op. cit., p. 452, 455 et 466.
17 Cf. supra, chapitre III.
18 Cf. Jean Bouvier et Robert Frank, « La puissance économique française », in René Girault, La puissance en Europe (1938-1940), Paris 1984, p. 170-185.
19 Cf. Robert Mossé, L’expérience..., op. cit. et René Girault, « Léon Blum..., art cité, p. 99. La démission de Baumgartner lors de la dévaluation souligne une certaine tension entre experts et gouvernants.
20 Cf. Esprit, 1er mars 1938.
21 La Lumière, 10 octobre 1936.
22 Le Populaire; 5 octobre 1936, discours radiodiffusé du 4 octobre 1936.
23 Europe Nouvelle, n° 975, 17 octobre 1936, p. 1042, discours de Ch. Spinasse à Genève; cf. également son discours du 13 août 1936.
24 Cité par Achille Dauphin-Meunier, Produire..., op. cit., p. 104. Le même auteur parle de « démobilisation unilatérale », à propos des mesures d’octobre 1936.
25 Cf. Europe Nouvelle, n° 975, 17 octobre 1936, l’article de Roger Auboin, « Le nouveau bloc-or », p. 1031-1033, et celui de Philippe Schwob, « Dévaluation et réforme douanière », p. 1035-1038.
26 Cf. Ibid. Paul Reynaud reprend la même démonstration à la Chambre.
27 FRUS, 1936, vol. II, p. 94. Bullitt à Hull, 30 octobre 1936.
28 Jacques Rueff évoque Charles Spinasse avec bienveillance dans ses Mémoires.
29 Cf. FRUS, 1936, vol. II, p. 94, télég. cité.
30 Cf. Ibid., p. 96-97, Hull à Bullitt, 3 novembre 1936.
31 Cf. Ibid., p. 97, le secrétaire d’État par intérim à Hull, 3 décembre 1936.
32 Europe Nouvelle, n° 983, 12 décembre 1936, p. 1237.
33 Ibid.
34 Cf. FRUS, 1936, vol. II, p. 97, Bullitt à Huil, 10 décembre 1936.
35 Cf. Ibid., p. 98-99, Moore à Bullitt, 30 décembre 1936.
36 Cf. Ibid., Bullitt à Hull, 15 janvier 1937.
37 DDF, 2e série (1936-1939), vol. V, 1937, n° 246, p. 396, Corbin à Léger, Londres, 11 avril 1937.
38 Ibid, n° 308, p. 501, Note de la Direction politique, 20 avril 1937. La note fait part de demandes de contingents nouveaux, par de « multiples corporations ».
39 Cf. Serge Berstein, Histoire..., op. cit., t. 2, p. 463-466 et p. 475-478.
40 DDF, 2e série (1936-1939), vol. V, 1937, n° 193, p. 320-328, Note d’Emmanuel Monick, 22 décembre 1936. Cf. René Girault, les deux articles cités.
41 Idem.
42 Cf. René Girault, « Les relations internationales... », art. cité, p. 17 et Jean-Baptiste Duroselle, La décadence..., op. cit., p. 311-314.
43 Cf. notamment Roger Auboin, « Front diplomatique et front économique », Europe Nouvelle, n° 983, 12 décembre 1936, p. 1233-1235; cf. les publications de l’Institut supérieur ouvrier de la CGT ou du CVIA.
44 Roger Auboin, « Conditions et possibilités d’une grande politique », Europe Nouvelle, n° 984, 19 décembre 1936, p. 1243 et suiv.; souligné par nous.
45 Télégramme de W. Bullitt au secrétaire d’État, 1er décembre 1936, in For the President. Personal and secret correspondence between F. D. Roosevelt and William C. Bullitt, Londres, 1913, (655 p.), p. 196-197.
46 Ibid., p. 199. J.-B. Duroselle ne signale pas l’existence de ce document.
47 Cf. DDF, 2e série (1936-1939), vol. V, 1937, n° 193, cité.
48 For the President. Personal and secret correspondence..., op. cit, p. 199-200; traduit par nous.
49 Cité in Europe Nouvelle, n° 984, 19 décembre 1936, p. 1244.
50 Le Populaire, 25 janvier 1937, discours de Lyon.
51 Ibid.
52 Léon Blum est attentif à l’aile « antifasciste » de sa majorité choquée par les allusions à une politique d’« apaisement ». La crise du CVIA, à ce même moment, reflète ces contradictions de la coalition de Front populaire.
53 DDF, 2’ série (1936-1939), vol. V, 1937, n° 470, p. 807, compte rendu de la conversation Léon Blum-Hjalmar Schacht, note rédigée par Léon Blum, avril 1937.
54 William Bullitt, in For the President..., op. cit., p. 179.
55 Ibid., p. 185.
56 Ibid., p. 179, lettre du 8 novembre 1936, 5 p.; traduit par nous.
57 Jean-Baptiste Duroselle, La décadence..., op. cit., p. 312.
58 William Bullitt à F. D. Roosevelt, 24 novembre 1936, in For the President..., op. cit., p. 185 ; traduit par nous. L’ambassadeur joint un mémorandum et les propositions de Mönick.
59 Ibid., p. 185; traduit par nous.
60 Ibid., p. 178, 28 octobre 1936, 2 p.
61 Ibid., p. 193, Bullitt au Judge Moore, 29 novembre 1936, 3 p.
62 Ibid., p. 191; traduit par nous.
63 Ibid., p. 193; traduit par nous. J.- B. Duroselle (La décadence..., op. cit., p. 312) indique que Bullitt a transmis les propositions de Mönick avec un commentaire des plus déplaisants. Et le 1er décembre 1936, Roosevelt, dans son discours de Buenos Aires, ne fait pas allusion à un tel plan. Il évoque seulement la corrélation entre politique autarcique et politique d’armement.
64 Ibid., p. 197; traduit par nous.
65 Ibid., p. 199; traduit par nous.
66 Ibid., Bullitt à Hull; traduit par nous.
67 Ibid., p. 202; traduit par nous; Bullitt à Roosevelt, 20 décembre 1936.
68 Ibid., p. 205, Bullitt à Roosevelt, Paris, 10 janvier 1937, 4 p. Il ajoute qu’il s’agit là d’un vieux projet (« old scheme »), remontant à celui de H. G. Wells en 1916. Il joint les deux mémorandums à Roosevelt.
69 Ibid., p. 206, télégramme cité; traduit par nous.
70 DDF, op. cit., 1937, p. 207, n° 312, télég. nos 314 à 321, Georges Bonnet à Yvon Delbos, Washington, 20 mars 1937.
71 Cf. Ibid, 1937, p. 355, n° 222, note de la Direction politique, 6 avril 1937.
72 Cf. Ibid., 1937, p. 396, n° 246, Corbin à Léger, Londres, 11 avril 1937.
73 William Bullitt, in For the President... op. cit, p. 201 ; traduit par nous.
74 Cf. Ibid.
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