CNRS-industrie : un mariage de raison
p. 85-98
Texte intégral
Introduction
1Mariage ? L’expression, il faut bien le confesser, est devenue banale pour présenter les liens complexes qui peuvent se nouer entre deux acteurs, politiques, économiques, sociaux, scientifiques ou autres. Elle a ainsi largement pénétré le monde de l’entreprise, où l’on n’hésite plus à célébrer des mariages fastueux, par exemple pour sceller le rapprochement de la Caisse d’épargne et de la Banque populaire, ou encore d’Alcatel et de Lucent – le mariage n’étant pas toujours un long fleuve tranquille. À tout prendre, l’expression paraît aussi la moins mauvaise pour qualifier les relations qui se sont établies, depuis près de 70 ans, entre le CNRS et l’industrie. Mais encore convient-il de s’entendre, avant de dérouler ces quelques décennies, sur les parties et la nature de cet hymen.
2Les parties, tout d’abord. D’un côté, le CNRS pris dans sa globalité, avec ses personnels, ses laboratoires et ses services centraux. De l’autre, l’industrie, entendue elle aussi dans son acception large, sans chercher à distinguer celle qui serait de haute technologie et celle qui ne le serait pas. Ce n’est pas là ambition démesurée d’auteur, mais prise en compte de la réalité historique des rapports. En effet, la préoccupation du CNRS pour l’industrie n’est pas le propre d’un service ou d’un laboratoire, mais concerne tout l’organisme. Idem pour l’établissement des relations industrielles : le CNRS n’a jamais établi de segmentation entre des entreprises réputées high-tech et d’autres qui auraient été regroupées sous des appellations différentes – pourquoi pas middle-tech, low-tech, voire no-tech ? D’autant plus que, le high d’hier risquant fort de devenir le low de demain, il aurait été nécessaire de réévaluer régulièrement le classement et de laisser sur le bord du chemin des entreprises qui ont pourtant aidé à façonner la politique industrielle de l’établissement.
3Venons-en à la nature. Mariage d’amour ? Certainement pas : à de très rares exceptions près, ce n’est pas la passion qui a conduit le CNRS dans les bras de l’industrie, ni l’industrie dans ceux du CNRS. Mariage d’argent ? Pas davantage : si, de part et d’autre, les intérêts ont toujours existé, ils ne prennent pas, à de très rares exceptions près là encore, le caractère vil, immédiat et bassement matériel qui marque ce type d’union. Reste le mariage de raison. Comment le caractériser ? De prime abord, il ne paraît pas évident. Peu de sentiments, au moins au début – ils viendront, espère-t-on toujours, avec le temps. Du temps, justement, à revendre. Et surtout des intérêts plus profonds, plus élaborés, et des préoccupations partagées, qu’elles soient ponctuelles ou pérennes. Sans oublier l’alternance de lunes de miel et de brusques avis de tempête, qui est le propre de tous les couples. On touche alors au but : tous ces éléments figurent au cœur d’une histoire conjugale qui débute dans les années 1930, lorsque s’écrit la genèse du CNRS.
« Une forme nouvelle d’art et de beauté »
4Un constat ressort d’entrée de jeu : l’industrie est la grande absente de cette genèse. Au fil de la décennie 1930, à mesure qu’avance la réflexion, que se déroulent les débats, que se mettent en place les structures qui déboucheront sur la création du CNRS le 19 octobre 1939, aucun espace ne lui est offert dans les échanges multiples qui se tiennent alors. Sans doute les pouvoirs publics, qui soutiennent ponctuellement le projet d’organisation de la recherche scientifique en France, sont-ils conscients de ses retombées pour l’économie nationale. Sans doute aussi certains des scientifiques rangés derrière le physicien Jean Perrin, le père fondateur consacré du CNRS, ont-ils eu l’intuition de ses répercussions positives. Mais ni cette conscience ni cette intuition n’ont clairement été exprimées à l’époque. Bien au contraire : le CNRS semble presque avoir été conçu par opposition à l’industrie, telle une cité idéale que Jean Perrin aurait voulu protéger de toute interférence.
5Le 1er mars 1938, devant ses collègues réunis au sein du Conseil supérieur de la recherche, le prix Nobel de physique évoque les efforts accomplis et annonce les décisions à venir. Le Conseil a vu le jour en 1933, une caisse nationale (la CNRS) a été créée en 1935, un service central a été instauré au ministère de l’Éducation nationale en 1936. L’étape suivante consisterait à tous les regrouper au sein d’un organisme unique dont la création commence à être évoquée à ce moment-là. Dans son long discours, Jean Perrin ne prononce qu’une seule fois le mot « industrie1 ». Et il résonne dans sa bouche comme le nom d’une terre lointaine vers laquelle il faudrait exiler ceux qui ne trouveraient pas leur place au sein du nouveau paysage scientifique qui se met en place : dans les cas « où les aptitudes des jeunes gens mis à l’épreuve se révéleraient décidément différentes de celles qui seraient ici nécessaires, et après un délai raisonnable, ils devraient accepter de se diriger vers d’autres activités, par exemple vers l’industrie2 ».
6Filons encore un peu la métaphore : le CNRS, tel qu’il se dessine à traits successifs, n’est pas destiné au mariage. Il est conçu à l’image de Galaad le pur, un chevalier immaculé au service de la science et engagé dans une quête qui, dans la bouche fleurie de Jean Perrin, n’a rien à envier à celle du Graal, puisqu’elle ne vise rien de moins qu’à « élargir l’esprit humain en créant une forme nouvelle d’Art et de Beauté ». Autant dire que l’union est mal engagée, car le noble paladin CNRS n’est pas près d’accepter de ternir sa blanche armure dans le cambouis de l’industrie. Mais qu’en est-il, précisément, de cette dernière ? Le constat est sans appel : elle n’attend rien de l’organisation de la recherche scientifique qui se met en place. Si aucun industriel n’a jamais été convié à rejoindre les assemblées de savants qui se réunissent au fil des années 1930, aucun d’entre eux n’a jamais exprimé la volonté de les rejoindre. L’épée de Tristan gît ainsi entre les deux amants et les sépare d’un rempart que rien ne paraît pouvoir altérer… sauf la dure réalité qui aura tôt fait de le mettre à bas, en amenant le CNRS à moins de lyrisme et plus de raison, et l’industrie à moins d’indifférence et plus d’attentes.
Mobilisation et substitution…
7Le CNRS voit le jour six semaines après l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne nazie. Une mission essentielle lui est confiée : assurer la « mobilisation scientifique » du pays en vue d’un conflit qui s’annonce total3. L’établissement se trouve ainsi confronté à une tout autre croisade, dans laquelle l’Art et la Beauté ne sont plus à l’ordre du jour. Son personnel, un millier de chercheurs et de techniciens à l’époque, travaille en priorité avec les militaires, afin d’améliorer l’équipement, l’alimentation ou le soin des troupes. Le Centre doit aussi apprendre à gérer des brevets, ceux qu’il prend dès le mois d’octobre 1939, de même que ceux qui lui ont été confiés à sa création. Et, parmi ces derniers, certains pèsent d’un poids tout particulier sur les épaules du jeune établissement. Tel ce document daté du 1er mai 1939, et qui débute par ces mots : « On sait que l’absorption d’un neutron par un noyau d’uranium peut provoquer la rupture de ce dernier avec dégagement d’énergie et émission de nouveaux neutrons4… ». Ou cet autre, qui décrit trois jours plus tard l’utilisation de cette réaction potentiellement explosive pour « la constitution d’engins de guerre5 ». Réacteur nucléaire, bombe atomique : le CNRS conserve dans ses tiroirs, pendant cette période particulière de la « drôle de guerre », les actes de baptême d’une ère nouvelle.
8Point de relations industrielles, en somme, en 1939-1940, mais des preuves évidentes que le Centre ne pourra pas rester cette tour d’ivoire que ses pères fondateurs ont espéré construire. Et la suite ne fait que confirmer cette évolution : après la débâcle, de plus en plus de Français se tournent vers le CNRS pour tenter de remédier, au moins partiellement, aux difficultés qui découlent de l’Occupation. Les agriculteurs sont les premiers, dès la fin de l’année 1940. Puis viennent les industriels, avec des demandes très précises pour faire face aux nécessités du moment, qui se conjuguent toutes avec un mot arrivé dans les fourgons de l’occupant : ersatz. Ersatz pour l’automobile, avec le remplacement du caoutchouc des pneus ; ersatz pour le bâtiment, avec la mise au point de nouveaux matériaux pour l’isolation de maisons que les Français ont de plus en plus de mal à chauffer ; ersatz pour toutes les industries énergétiques, alors que la majeure partie du charbon et de l’électricité prend le chemin de l’Allemagne. Ce ne sont pas les secrets de l’alpha et de l’oméga que les scientifiques sont invités à découvrir, mais des solutions pratiques aux problèmes techniques qui se posent alors. Un exemple ? La mise au point d’un « isolant pour remplacer l’émail sur les fils de cuivre6 », une question examinée à partir de l’année 1942, en réponse à un rapport que Charles Jacob, le directeur du CNRS, vient de recevoir du comité d’organisation de la construction électrique et selon lequel « l’idée de faire appel pour la recherche scientifique de ces études au Centre national de la recherche scientifique apparaît naturelle7 ».
9Une précision s’impose : les comités d’organisation (CO), qui existent pour chaque branche industrielle, sont une création de l’État de Vichy. Étroitement soumis à sa tutelle, placés sous la direction des patrons présentés comme « les plus compétents » – en réalité, les plus fidèles au régime –, ils sont chargés de recenser les entreprises, de dresser les programmes de production, de répartir les matières premières, de fixer les salaires, les horaires et les prix, etc. C’est à leur initiative que se nouent les premiers liens entre le CNRS et l’industrie, au point de créer parfois des laboratoires communs – un centre d’essai du CO des industries automobiles est ainsi installé sur le site du CNRS à Meudon-Bellevue en 19438. En somme, la mise en place de ces premiers échanges, sous la loi des nécessités, témoigne de la rapidité avec laquelle les relations entre le CNRS et l’industrie, absentes du projet originel d’organisation de la recherche scientifique, sont devenues « naturelles » tant aux yeux des chercheurs que de leurs partenaires industriels. Certes, l’État, au travers de ses CO, a joué un rôle de stimulant de ces liens initiaux. Néanmoins il convient de ne pas oublier les contacts plus informels, établis au niveau des laboratoires, qui ont par exemple laissé des traces éparses dans des archives conservées à Orsay (laboratoire Aimé Cotton), à Orléans (laboratoire d’aérothermique) ou à Marseille (laboratoire de mécanique et d’acoustique).
CNRS-industrie : un partenariat
10La Libération voit un relâchement de ces liens. La faute aux industriels ? Peut-être. C’est en tout cas l’opinion que défend Paul Langevin en attirant dès le mois de juin 1945 l’attention du conseil d’administration du CNRS « sur la tendance actuelle des industriels, notamment de ceux de l’Automobile, qui sont enclins à considérer que la recherche scientifique est un luxe qu’on ne peut pas s’offrir actuellement9 ». Dans la foulée, mandat est donné à la direction du Centre, assumée par Frédéric Joliot-Curie, avec l’aide de son adjoint Georges Teissier, d’« intervenir auprès du ministère de la Production industrielle, afin que les milieux industriels soient informés du rôle efficace que peut et doit jouer le CNRS dans le rééquipement du pays et sa reconstruction économique ». Le retournement est remarquable : voilà que le Centre lui-même réclame des relations plus suivies. L’explication la plus évidente à cette évolution réside dans l’intime conviction de ses responsables du rôle que peut jouer l’établissement dans le redressement du pays. Utiles, les scientifiques le seraient même davantage que les politiques selon Frédéric Joliot-Curie en septembre 1944 : « Si une bombe tombait ici [au CNRS] et nous détruisait, ce serait plus grave que si elle tombait sur un gouvernement. On retrouverait immédiatement des membres pour ce gouvernement, mais on ne retrouverait pas immédiatement les hommes capables de créer et de travailler10 ».
11Évidemment, la revendication – parfois politiquement incorrecte – de cette utilité, de même que la volonté d’établir des liens plus solides avec les industriels qui en est le corollaire, n’est pas tout à fait désintéressée. La crainte est grande en effet, dans la communauté savante au lendemain de la guerre, de voir la recherche sacrifiée sur l’autel de la reconstruction. Les besoins du pays sont tels que la science pourrait très bien se trouver reléguée au rang de variable d’ajustement. Les premiers signaux ne sont d’ailleurs guère encourageants : la recherche est absente du plan de modernisation et d’équipement de la France préparé par Jean Monnet. Dans un manifeste, Frédéric Joliot-Curie, désormais pour le CEA, et Georges Teissier, qui a pris sa succession au CNRS, alertent l’opinion sur « un oubli du plan Monnet11 ». Ils y rappellent une vérité évidente : faute d’un équilibre entre les dépenses de recherche et la puissance industrielle d’un pays, celui-ci est condamné à s’appauvrir et à devenir une « colonie de l’étranger ». L’union de la recherche et de l’industrie se trouve ainsi défendue par les deux principaux représentants de la communauté savante de l’après-guerre.
12Comment cette préoccupation se traduit-elle concrètement au sein du CNRS ? Tout d’abord, par un encouragement des laboratoires à maintenir et, si possible, à approfondir les liens noués pendant l’Occupation. Ensuite, par un appel direct aux entrepreneurs. Car un autre problème se pose à cette époque, que seule une collaboration efficace des industriels et des scientifiques pourrait permettre de résoudre : celui de la fourniture du matériel scientifique dont le CNRS a besoin au sortir de la guerre. Une des solutions consiste à le faire venir de l’étranger, soit par confiscation – en Allemagne, dans la zone française d’occupation – soit par achat – aux États-Unis, notamment, par l’intermédiaire de la fondation Rockefeller à laquelle Frédéric Joliot-Curie s’adresse dès février 1946 en déplorant que « le peu de matériel qui nous reste est, à quelques exceptions près, démodé et désuet12 ». Mais un tel recours ne peut être que ponctuel, le plus important étant d’encourager l’industrie à reprendre le travail. La direction du Centre prend alors l’initiative de contacter certaines entreprises pour répondre aux besoins de ses laboratoires. C’est le cas, dès 1945, de la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF), « une société privée qui poursuit la mise au point d’un appareil scientifique très important, le microscope électronique », à laquelle le CNRS propose même « d’apporter un appui financier13 ». De la même manière, en 1947, le CNRS s’adresse à « la société Logabax pour l’étude et la construction d’une machine universelle à calculer14 ». Autre exemple, dans un domaine différent : la mise au point par Saint-Gobain du miroir du grand télescope de l’observatoire de Haute-Provence, dont « tous les accessoires, y compris les spectrographes, qui représentent au total plus de 50 % du prix de revient de l’appareil, seront fournis par l’industrie française15 ».
13En somme, cette période voit l’établissement d’un nouveau type de liens, revendiqués et stimulés par le CNRS : il n’y a plus seulement la prise en compte d’une demande industrielle par une offre scientifique, mais aussi celle d’une demande scientifique par une offre industrielle. Besoins croisés, attentes réciproques, échanges bilatéraux : le CNRS et l’industrie sont clairement devenus des partenaires. Certes, une telle situation n’est pas une garantie contre les échecs : lorsque l’établissement signe le contrat Logabax en 1947, pour la mise au point d’une machine à calculer mécanique, les travaux sont tués dans l’œuf par la révolution informatique qui débute aux États-Unis avec l’invention du transistor au sein des Bell Labs. Il n’empêche, dans les relations qu’ils établissent, le CNRS et l’industrie jouent désormais souvent à gagnant-gagnant, parfois à perdant-perdant, mais jamais à gagnant-perdant. Et c’est bien là l’essentiel pour deux associés.
Inventions, brevets, contrats et exploitation
14Pour que ces liens, établis tantôt au niveau des laboratoires, tantôt à celui de l’administration centrale, prennent une tournure plus formelle, la direction générale du CNRS, assumée alors par le physicien Gaston Dupouy, décide de mettre en place le 10 juillet 1954 un « service des inventions » regroupant trois bureaux : celui de la commission des inventions, celui des brevets et celui des contrats et de l’exploitation. Un « service des brevets » existait certes depuis 1939, mais il n’avait de service que le nom : il s’agissait bien plus d’une pièce d’archivage où étaient conservés les précieux documents, dont les fameux brevets sur l’énergie atomique, que le Centre avait accepté de céder au CEA peu après sa création16. En 1954, le terme de « bureaux » est lui aussi trompeur : les témoins se souviennent davantage que l’ensemble du service occupait une pièce de quelques mètres carrés située au siège parisien du CNRS, quai Anatole France. Toutefois, en prenant acte des accords passés au niveau des laboratoires et en en rendant compte dans les rapports d’activité du CNRS, ce service s’avère très précieux aux historiens : il offre chaque année, jusqu’à sa disparition en 1967, une synthèse des relations de l’organisme avec les industriels.
15Plusieurs éléments ressortent de l’analyse de ces documents. Tout d’abord, certaines disciplines tirent leur épingle du jeu. C’est le cas de la chimie, dont les laboratoires constituent le fer de lance des relations industrielles du CNRS – une tendance historique lourde. La liste des entreprises associées permet d’en prendre la mesure : Pechiney est la première, dans le domaine du « greffage des polymères17 ». Puis viennent successivement Saint-Gobain, surtout pour la branche chimie du groupe, et la société des usines chimiques Rhône-Poulenc, qui deviendra Rhône-Poulenc SA au début des années 1960. Le constat est le même pour les partenaires étrangers, avec en particulier Dow Chemical pour les États-Unis, Monsanto et l’Imperial Chemical Industry pour la Grande-Bretagne. La seconde information qui ressort concerne précisément le poids relatif des entreprises françaises et étrangères. Jusqu’en 1959, le CNRS enregistre une vingtaine de contrats en moyenne chaque année, avec, en part de leur valeur globale, entre les deux tiers et les trois quarts pour ceux avec l’étranger et seulement un quart à un tiers pour ceux engageant des entreprises françaises. Les relations industrielles du Centre sont donc majoritairement internationales, à une époque où sa politique internationale n’en est pourtant encore qu’à ses tout premiers balbutiements.
16Enfin, à l’origine de ces contrats figurent les noms des « grands patrons » du CNRS de l’époque, c’est-à-dire ceux des directeurs des quelques grands ensembles scientifiques que compte alors l’établissement à Paris et, de plus en plus, en province. Charles Sadron pour le Centre de recherche sur les macromolécules (CRM) de Strasbourg, Louis Néel pour le Laboratoire d’électrostatique et de physique du métal (LEPM) de Grenoble18, Marcel Roubault pour le Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (CRPG) de Nancy figurent parmi les « seigneurs » du CNRS des années 1950 et 1960. Leurs pratiques constituent le reflet d’une époque : ils prennent eux-mêmes toutes les décisions, président à tous les projets, nouent toutes les relations au sein de leurs fiefs. Autant dire que, à Grenoble par exemple, où l’« on pense industrie19 », Louis Néel a lui-même mené les négociations avec les représentants d’entreprises telles qu’Ugine, sans attendre l’avis du service des inventions du quai Anatole France. C’est avec de telles initiatives, émanant des laboratoires, que s’étoffe alors le tissu des relations industrielles du CNRS, selon un mouvement de bottom-up dont l’ampleur va imposer une nouvelle réflexion stratégique au sein de l’organisme.
17Une autre évolution majeure concourt à cette réflexion : l’essor industriel français qui accompagne l’installation de la Ve République. Les contrats industriels signés par l’établissement, d’une vingtaine par an à la fin des années 1950, passent à plus d’une quarantaine en 1962 et à plus d’une soixantaine dès 1964. Surtout, alors qu’en 1959, 25 % des contrats sont encore conclus avec des industriels français et 75 % avec des étrangers, la proportion des contrats français passe à 70 % en 1961 et à 80 % en 1966, tandis que la valeur globale des accords décuple pendant la même période. C’est dire l’inadaptation du service des brevets dans ce nouveau contexte et la nécessité, rapidement repérée par le directeur général du CNRS Pierre Jacquinot, d’impulser un rythme nouveau en dotant l’établissement d’un « bulldozer20 ».
Le ressort de la valorisation
18Ce bulldozer commence à être évoqué en juin 1966, sous l’appellation d’« INVAR21 ». Avant d’en présenter les rouages, il faut dire quelques mots du contexte de sa mise en place au sein du CNRS. 1966 est en effet une année de grandes réformes pour l’organisme. Sa direction, dont la structure a peu évolué depuis 1939, est renforcée : le directeur général est désormais assisté de six directeurs scientifiques, un pour chacune des grandes disciplines, et d’un directeur administratif et financier. Une évolution nécessaire, puisque les effectifs du CNRS ont décuplé en 25 ans, franchissant la barre des 10 000 en 1964, une croissance qui s’accélère encore au fil des années 1960 à la faveur des budgets octroyés par l’État gaullien22. De plus, l’année 1966 voit la naissance d’un nouveau type de structures, les laboratoires associés, qui scellent un autre mariage de raison, celui du Centre et de l’Université. Enfin, le train de réformes prévoit la possibilité pour le CNRS de créer des instituts nationaux afin de mieux structurer ses efforts dans certaines disciplines nécessitant une coordination des moyens – la physique nucléaire et l’astronomie.
19Toutefois, le premier institut national mis sur pied par le CNRS ne répond pas aux besoins d’une discipline particulière, mais à la nécessité d’accompagner chacune d’entre elles dans une démarche que l’on commence à qualifier de « valorisation ». D’où l’INVAR, c’est-à-dire l’Institut national de valorisation de la recherche. De quoi s’agit-il précisément ? D’une structure visant à « améliorer le rendement économique des fonds publics investis dans la recherche en contribuant à une exploitation optimale et à la constitution d’un portefeuille de brevets23 ». Cet institut n’a qu’un seul défaut : son nom. L’invar est un alliage de fer et de nickel utilisé dans l’horlogerie pour la fabrication des ressorts. Les responsables du CNRS, connaissant leurs chercheurs, craignent donc de voir l’image du nouvel institut ternie par des jeux de mots douteux. En outre « institut », cela ne plaît pas au secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale, qui préfère l’appellation d’« agence », à ses yeux plus dynamique, plus volontaire et, pour tout dire, plus anglo-saxonne – même les gaullistes s’y laissent parfois prendre… Au final, c’est donc une ANVAR qui voit le jour, sous la forme d’un établissement public à caractère industriel et commercial24.
20Puisqu’il est question de l’attraction exercée par les États-Unis, autant le dire tout de go : cette réflexion menée au sein du CNRS place la France loin devant son voisin d’outre-Atlantique, où les questions relatives à la valorisation de la recherche publique ne seront abordées de front qu’à la faveur du Bayh-Dole Act de 198025. Visionnaire, l’idée l’est assurément en ce milieu des années 1960, au point de faire long feu au CNRS : séduit, le ministère de l’Industrie met rapidement la main sur ce nouvel outil. Il n’empêche que le débat autour de la valorisation industrielle de la recherche est désormais ouvert partout au sein de l’établissement et, coïncidence surprenante, il prend même de l’ampleur au lendemain des événements de 1968. Pour Hubert Curien, nouveau directeur général, il faut alors penser le CNRS comme une « entreprise de recherche26 ». Pierre Creyssel, son directeur administratif et financier, souhaite pour sa part appliquer des méthodes de « management27 ». « Si la recherche fondamentale est un devoir national et même un service public, financé en tant que tel par des fonds publics, note également le responsable des contrats de l’ANVAR, la collaboration recherche-industrie, par le jeu des contrats, est un processus à encourager et à développer28 ».
21Cet encouragement se traduit notamment le 27 juillet 1973 par la création d’un comité des relations industrielles. Composé d’industriels et de scientifiques, il se réunit pour la première fois en octobre sous la présidence de Pierre Guillaumat, l’ancien patron de l’Union générale des pétroles. À cette nouvelle structure deux fonctions sont dévolues : celle de « tribune d’information réciproque », pour les milieux de la recherche et de l’industrie, et celle de « conseil du CNRS », avec une porte d’entrée aménagée vers la direction générale de l’organisme29. Voilà pour l’officiel. Mais il y a aussi l’officieux : le CRIN peut encourager la mise en place de groupes d’échange sectoriels, réunissant des experts et des industriels dans des « clubs » ad hoc. Ces clubs, dont les premiers portent sur l’informatique, l’électronique, le pétrole ou la chimie, formulent des propositions qui sont présentées à un comité exécutif où siègent le directeur général et les directeurs scientifiques du CNRS, le délégué général à la recherche scientifique et technique et des chefs d’entreprise. À l’issue de chacune de ses réunions, le comité suggère les actions à mener, soit au sein du CNRS, soit dans l’industrie. Il peut s’agir de développer certains sujets de recherche, de financer des actions de coopération, voire d’organiser des stages d’été pour des élèves ingénieurs dans les laboratoires du Centre – à partir de 1975, plusieurs dizaines d’élèves passent ainsi chaque année leurs vacances devant les paillasses du Centre.
Contribuer à la compétitivité de l’industrie française
22L’année 1975 voit surtout trois événements majeurs confirmer le renforcement des liens entre le CNRS et l’industrie. Le premier survient le 2 juillet. Ce jour-là, le directoire du Centre décide de créer le PIRDES, un « programme interdisciplinaire de recherche pour le développement de l’énergie solaire30 » dont les objectifs – habitat solaire, conversion de l’énergie sous forme thermodynamique ou photovoltaïque – impliquent une participation active de certaines entreprises, au premier rang desquelles figure EDF. Puis, le 29 août, le CNRS signe avec Rhône-Poulenc « une convention générale de collaboration sur programme » visant à « renforcer, notamment dans les domaines de la chimie, de la biochimie et de la biologie, une collaboration qui, jusqu’à présent, ne fut que ponctuelle et occasionnelle31 ». Enfin, le 3 novembre 1975, l’établissement se dote d’un nouveau département scientifique dédié aux sciences physiques pour l’ingénieur (SPI), dont la vocation est de « prendre en compte les besoins à long terme du secteur socio-économique32 ».
23Le contexte général, avec le choc pétrolier d’octobre 1973 et le ralentissement de l’économie, peut bien sûr être invoqué pour expliquer ces créations successives. Il faut néanmoins se méfier des interprétations trop rapides. Tout d’abord, le CNRS n’a pas attendu 1973 pour stimuler une recherche sur l’énergie solaire qui trouve son origine dès la Libération33. De la même manière, ses liens avec Rhône-Poulenc sont déjà anciens. Enfin, la reconnaissance des SPI au sein de l’établissement marque l’aboutissement d’un processus lancé dès le début de l’année 1972 par Hubert Curien et son directeur pour les sciences physiques Robert Chabbal34. En somme, l’année 1975, si importante dans l’histoire du CNRS et plus particulièrement dans celle des relations entre l’organisme et l’industrie, marque moins une rupture qu’une nouvelle étape de l’évolution de ces relations, dans laquelle le rôle de l’État reste tout d’abord limité à une reconnaissance in fine – la création du département des SPI est validée en novembre 1975 par le Conseil interministériel de la recherche scientifique et technique – puis à un accompagnement – avec l’encouragement des recherches sur le solaire et la priorité accordée par le VIIe Plan, à partir de 1976, à la physique des matériaux, au traitement de l’information, à l’énergie et à la mécanique.
24Le CNRS dispose ainsi d’outils nouveaux pour affronter une décennie 1980 qui sera placée sous le signe de la valorisation, conformément aux conclusions du colloque national de la recherche et de la technologie de janvier 1982 et aux directives de la loi d’orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France adoptée par la nouvelle majorité sortie des urnes l’année précédente. Pour coordonner ces instruments, le CNRS se dote à la fin de l’année 1982 d’une direction de la valorisation et des applications de la recherche, confiée à Jean-Jacques Duby. À travers elle, l’organisme entend contribuer de deux manières à la « compétitivité de l’industrie française » : d’une part, en résolvant les problèmes fondamentaux qui bloquent le progrès d’une technologie et, d’autre part, en alimentant l’industrie d’innovations issues de ses laboratoires35. La collaboration qui se développe dans le domaine des matériaux peut servir d’illustration, puisqu’elle voit le CNRS s’associer à Elf-Aquitaine, par exemple, demandeur d’expertise pour le comportement des matériaux – fatigue, corrosion, réaction au soudage – utilisés pour la production de pétrole, puis pour son raffinage. Ou à Saint-Gobain, dont les branches d’activité, verre plat, isolation, verre creux, fibre de renforcement, fibre-ciment, réfractaires, font un partenaire privilégié de la recherche sur les matériaux. Ou encore à Thomson-CSF, pour les semi-conducteurs et les matériaux de type isolant, et à Pechiney, avec ses produits métallurgiques destinés à des usages industriels de forte technicité. En nouant des liens avec de tels groupes industriels (alors publics), le CNRS contribue, selon Jean-Jacques Duby, « au développement technologique national à long terme36 ».
25Au-delà de ce champ déjà vaste des matériaux, au sein du millier de laboratoires propres ou associés au CNRS, cette contribution revêt désormais des formes infiniment diverses, expérimentées avec une foule de partenaires, parmi lesquels on pourrait encore citer Renault et Air Liquide dans le cadre d’accords signés au fil des années 1980, ainsi que Roussel-Uclaf pour le tout premier laboratoire mixte CNRS-industrie dans le domaine de la chimie de synthèse appliquée à la pharmacologie. En outre, les poids lourds de l’industrie française ne constituent pas l’horizon exclusif du Centre. De plus petites structures deviennent en effet des partenaires privilégiés, en particulier dans le cadre des groupements d’intérêt public institués par la loi de 1982. L’un des premiers GIP, instrumentation et spectrométrie, dédié à l’instrumentation scientifique, associe ainsi le CNRS à une PMI à technologie avancée, la société lilloise Dilor, pour la production de nouveaux détecteurs optiques et un « microspectrofluomètre à source laser » devant intéresser le domaine biomédical et, là encore, celui du contrôle des matériaux37.
Conclusion : d’un Nobel l’autre
26On pourrait poursuivre longtemps encore la présentation de ces relations, qui n’ont fait que se renforcer depuis une vingtaine d’années, le CNRS et ses partenaires industriels explorant sans cesse de nouvelles voies de collaboration, dans la plupart des cas à leur propre initiative, mais souvent aussi avec l’encouragement de l’État. Sans oublier, une fois encore, de ne pas céder aux charmes de la success story, car la réussite n’a pas toujours été au bout du chemin. Là aussi, les exemples ne manquent pas. Il faudrait notamment citer celui de l’énergie solaire, brisé dans son élan au milieu des années 1980 parce que le CNRS n’est pas parvenu à tenir ses promesses initiales – trop ambitieuses – de résultats, que l’industrie n’a pas suffisamment soutenu l’activité des chercheurs et que l’État a fini par sacrifier les programmes sur l’autel du nucléaire. Dans le même registre, le Centre et l’industrie française ont manqué de concert le virage des biotechnologies en ne parvenant pas à saisir à temps les formidables potentialités de ce champ émergent.
27Mais le décor est planté : celui d’une histoire complexe qui s’écrit au gré des initiatives heureuses ou malheureuses de chacun des partenaires et dont les lignes qui précèdent ne constituent qu’un trop bref survol ; celui d’un rapprochement scandé de lunes de miel et de brusques embrasements – en 1975, une partie des agents du CNRS s’est par exemple violemment opposée à la signature de la convention avec Rhône-Poulenc, qui renfermait une clause de confidentialité et interdisait donc certaines publications scientifiques –, et celui de l’apprentissage patient d’une vie conjugale qu’il ne faut contempler ni avec un optimisme béat ni avec ce défaitisme typiquement gaulois, nourri de préjugés, qui voudrait que les chercheurs du CNRS en sandalettes et les industriels en complets gris soient condamnés à ne jamais s’entendre, alors que toute l’histoire des relations entre le CNRS et l’industrie démontre le contraire. Et puisque ces préjugés ont la vie dure et résistent toujours aux analyses les plus approfondies, c’est sans doute un symbole qui permettra de mieux les dissiper : le mardi 1er mars 1938, Jean Perrin, prix Nobel de physique, défend devant ses collègues la dissociation très nette du CNRS et de l’industrie ; le lundi suivant, voit le jour Albert Fert, futur prix Nobel de physique dans un laboratoire mixte associant le CNRS à… Thalès. D’un Nobel l’autre, que de chemin parcouru !
Notes de bas de page
1 Ce discours a été publié et est conservé dans les archives de l’Académie des sciences, J. Perrin, L’organisation de la recherche en France, Paris, Hermann & Cie Éditeurs, 1938.
2 Ibid., p. 12.
3 Décret du 19 octobre 1939 organisant le Centre national de la recherche scientifique, Journal officiel de la République française, 24 octobre 1939.
4 « Dispositif de production d’énergie », brevet d’invention n° 976.541 demandé le 1er mai 1939 à 16 h 55 à Paris, ministère de l’Industrie et du Commerce.
5 « Perfectionnement aux charges explosives », brevet d’invention n° 971.324 demandé le 4 mai 1939 à 15 h 35 à Paris, ministère de l’Industrie et du Commerce.
6 Procès-verbal du conseil d’administration du CNRS, 7 octobre 1941, archives du CNRS, 940035-23.
7 « Projet de coordination entre les organisations industrielles de la construction électrique et le Centre national de la recherche scientifique », archives de l’Académie des sciences, fonds Charles Jacob, CNRS II, dossier D25.
8 Procès-verbal du conseil d’administration du CNRS, 12 octobre 1943, archives du CNRS, 940035-23. Sur les CO, cf. H. Joly (dir.), Les comités d’organisation et l’économie dirigée du régime de Vichy, Caen, Centre de recherche d’histoire quantitative, 2004.
9 Ibid., 13 juin 1945, archives du CNRS, 940035-23.
10 Procès-verbal de la réunion des comités directeurs du CNRS, 18 septembre 1944, Archives nationales, 800284-205.
11 « Un oubli du plan Monnet », La Revue internationale, n° 13, février 1947.
12 Lettre de Frédéric Joliot-Curie à Warren Weaver, directeur de la division des sciences naturelles de la fondation Rockefeller, 28 février 1946, Rockefeller Archive Center, citée dans l’Histoire documentaire du CNRS, t. I, Paris, CNRS Éditions, 2005, p. 237. En réponse à cet appel du prix Nobel de chimie, la fondation octroie au CNRS une aide de 210 000 dollars pour achat de matériel scientifique.
13 Procès-verbal du conseil d’administration du CNRS, 15 février 1945, archives du CNRS, 940035-23.
14 Ibid., 6 mai 1947.
15 Ibid., 17 mars 1949.
16 La convention de transfert est examinée le 18 décembre 1947 en présence de Frédéric Joliot-Curie, haut commissaire à l’Énergie atomique, par le conseil d’administration du CNRS. Après une longue délibération due notamment aux importantes retombées financières qui sont attendues des brevets, les administrateurs du Centre approuvent finalement cette convention à l’unanimité.
17 Rapport d’activité du CNRS, 1957-1958, pour la mention d’un accord passé dès 1954.
18 Pour une excellente présentation des travaux de Louis Néel, voir D. Pestre, « Louis Néel, le magnétisme et Grenoble », Cahiers pour l’histoire du CNRS, 8, 1990. Sur Charles Sadron, voir F. Jacq, Pratiques scientifiques, formes d’organisation et représentations de la science dans la France de l’après-guerre : la « politique de la science » comme énoncé collectif (1944-1962), thèse de doctorat socio-économie de l’innovation, École des mines de Paris, 1996.
19 F. Caron, « Le dialogue entre la science et l’industrie à Grenoble », Revue pour l’histoire du CNRS, n° 2, mai 2000, p. 50.
20 Entretiens avec P. Jacquinot réalisés en avril et en mai 1987 au laboratoire Aimé Cotton par J.-F. Picard et P.-É. Mounier-Kuhn, consultables en ligne : http://picardp1.ivry.cnrs.fr/Jacquinot.htm.
21 Procès-verbal du conseil d’administration du CNRS, 28 juin 1966, archives du CNRS, 850003-2.
22 Sur décision du général de Gaulle, le budget du CNRS a doublé entre 1958 et 1960, puis enregistré une croissance de 25 % par an en moyenne jusqu’au départ du chef de l’État en 1969.
23 Rapport d’activité du CNRS, 1969, p. 9.
24 Loi n° 67-7 du 3 janvier 1967, Journal officiel, 5 janvier 1967
25 Bayh-Dole Act (University and Small Business Patent Procedures Act), December, 12, 1980, United States Code, T35, PII, chap. XVIII.
26 Rapport d’activité du CNRS, 1972, p. 5.
27 Ibid., 1970, p. 40.
28 J.-C. Combaldieu, « Recherche publique et contrats avec l’industrie », Le Courrier du CNRS, n° 3, juillet 1972, p. 59.
29 Rapport d’activité du CNRS, 1973, p. 139.
30 Procès-verbal du directoire du CNRS, 2 juillet 1975, archives du CNRS, 940035-IHTP3.
31 Rapport d’activité du CNRS, 1975, p. 107.
32 « Rapport du groupe de travail sur les sciences pour l’ingénieur », Le Courrier du CNRS, n° 9, juillet 1973, p. 3-6.
33 Voir à ce sujet D. Guthleben, « Coup de soleil au CNRS… », Revue pour l’histoire du CNRS, n° 17, été 2007, p. 36-39.
34 Pour une histoire de ce département scientifique, voir G. Ramunni, Les sciences pour l’ingénieur. Histoire du rendez-vous des sciences et de la société, Paris, CNRS Éditions, 1998.
35 J.-J. Duby, « La valorisation de la recherche : de l’usine au laboratoire…, du laboratoire à l’usine », Le Courrier du CNRS, n° 51, juin 1983, p. 74.
36 Procès-verbal du conseil d’administration du CNRS, 16 décembre 1982, p. 9, archives du CNRS 850003-14.
37 F. Wallart, « Une PMI dans un GIP », Le Courrier du CNRS, n° 61-62, juin 1983, p. 47.
Auteur
Historien, attaché scientifique au Comité pour l’histoire du CNRS. Il a soutenu sa thèse de doctorat d’histoire sur l’image des États-Unis à la télévision française à l’Université Paris I en 2007. Il a notamment rédigé l’ouvrage sur l’histoire du Centre publié à l’occasion du 70e anniversaire de l’organisme : Histoire du CNRS de 1939 à nos jours. Une ambition nationale pour la science, Paris, Armand Colin, 2009. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages sur l’histoire du Centre et, plus largement, de la recherche scientifique : Rêves de savants. Étonnantes inventions de l’entre-deux-guerres, Paris, Armand Colin, 2011 ; avec Odile Le Faou, Une course pour la vie : l’AFM et la recherche biologique et médicale, Paris, Armand Colin, 2011.
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